D’un profond pensement j’avois si fort troublée

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D’un profond pensement j’avois si fort troublée
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier2 (p. 321-322).

XXVII

D’un profond pensement j’avois si fort troublée
L’imagination, qui toute en vous estoit,
Que mon ame à tous coups de mes lévres sortoit,
Pour estre, en me laissant, à la vostre assemblée.

J’ay cent fois la fuitive à l’hostel r’appellée,
Qu’Amour me desbauchoit : ores elle escoutoit,
Et ores sans m’ouyr le frein elle emportoit,
Comme un jeune Poulain qui court à la vollée.
La tançant, je disois, Tu te vas decevant.
Si elle nous aimoit, nous aurions plus souvent
Course, poste, message, et lettre accoustumée.
Elle a de noz chansons, et non de nous soucy.
Mon ame, sois plus fine : il nous faut tout ainsi
Qu’elle nous paist de vent, la paistre de fumée.