D’un songe

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En marge d’une vieille mythologie
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II


D’un Songe


Voir enfin l’île nuancée
Où, sur un rayon d’or,
L’abeille danse et puis s’endort
Au creux d’une pensée,

Où les fleurs sont des fruits, où les
Fruits sont des fleurs, où lance
La fontaine, aux cieux constellés,
Le refrain du silence.


Aux soirs plus roses que des joues
Sous ce rideau tremblant,
Femme qu’ennuage du blanc,
Est-ce ici que tu joues ?

Un paon vient, superbe, iriser
Une flaque de lune ;
La lune donne à l’ombre brune
Un lumineux baiser.

L’eau s’étire, tourne, se moire,
Au centre des bassins.
La dame a mis la rose noire
À dormir sur ses seins…