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Dans la maison/1

La bibliothèque libre.
Paul Ollendorff (Tome 3p. 1-2).
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J’ai un ami !… Douceur d’avoir trouvé une âme, où se blottir au milieu de la tourmente, un abri tendre et sûr où l’on respire enfin, attendant que s’apaisent les battements d’un cœur haletant ! N’être plus seul, ne devoir plus rester armé toujours, les yeux toujours ouverts et brûlés par les veilles, jusqu’à ce que la fatigue vous livre à l’ennemi ! Avoir le cher compagnon, entre les mains duquel on a remis tout son être, — qui a remis tout son être en vos mains. Goûter enfin le repos, dormir tandis qu’il veille, veiller tandis qu’il dort. Connaître la joie de protéger celui qu’on aime et qui se confie à vous, comme un petit enfant. Connaître la joie plus grande de s’abandonner à lui, de sentir qu’il tient tous vos secrets, qu’il dispose de vous. Vieilli, usé, lassé de porter depuis tant d’années la vie, renaître jeune et frais dans le corps de l’ami, voir avec ses yeux le monde renouvelé, étreindre avec ses sens les belles choses passagères, jouir avec son cœur de la splendeur de vivre… Souffrir même avec lui… Ah ! même la souffrance est joie, pourvu qu’on soit ensemble !

J’ai un ami !… Loin de moi, près de moi, toujours en moi. Je l’ai, je suis à lui. Mon ami m’aime. Mon ami m’a. L’amour a nos âmes en une âme mêlées.