De la Présence et de l’Action du Saint-Esprit dans l’Église/Avant-Propos

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J. Marc Aurel, Imprimeur-libraire (p. iii-viii).

AVANT-PROPOS.

Cette réponse à la brochure de M. Wolff sur le Ministère, a été écrite aussitôt après la publication de cet ouvrage. L’auteur de la réponse ayant été absent du pays pendant onze mois, le manuscrit est resté jusqu’à son retour dans les mains d’un ami. Dès-lors, des travaux d’évangélisation, et d’autres occupations plus importantes encore que la controverse, ont retardé la préparation du manuscrit pour l’impression à laquelle il est enfin livré.

Dans cet intervalle, la Société évangélique de Genève et la Société laïque du canton de Vaud, ont recommandé dans leurs rapports la brochure de M. Wolf ; de sorte que l’approbation que l’on donne à cette brochure, démontrée assez clairement par les faits, est maintenant avouée. Ceci rend ma tâche plus pénible, mais moins difficile, car je peux traiter l’écrit auquel je réponds, non pas comme celui d’un jeune étudiant qui fait, pour ainsi dire, ses premières armes, et que l’on désirerait épargner, mais comme un ouvrage sanctionné par des hommes graves, qui ont dû peser les choses, qui ont dû sentir leur propre responsabilité envers l’Église de Dieu, lorsqu’ils ont recommandé publiquement un ouvrage sur un sujet aussi sérieux que celui du Ministère. Il faut supposer qu’ils ont examiné les raisonnements et les preuves avancées comme ayant été tirées de la Parole de Dieu, et, en recommandant cet ouvrage à toute l’église, ils se sont rendus responsables de son contenu.

La Société laïque, à la vérité, se garde de prendre la responsabilité de tout le contenu de l’ouvrage ; mais, désireuse de la réfutation du système qu’elle appelle « le Plymouthisme, » elle indique la brochure de M. Wolff comme répondant à ce but. (Séance du Comité du 9 juin 1843 : Bulletin no 5, p. 155, 156).

Le rapport de la Société évangélique de Genève ne fait aucune réserve semblable ; en voici les paroles : (p. 35) « D’autres ont combattu celui-ci (le Plymouthisme) avec avantage, en particulier, un élève de notre école de théologie, dans un écrit dont les arguments scripturaires ne peuvent être ébranlés. »

L’on trouvera dans le corps de cette réponse, des inconséquences dans les sentiments que j’ai exprimés au sujet de cet ouvrage. Quelquefois mon cœur a parlé en faveur de l’auteur ; quelquefois je n’ai pas pu entièrement contenir l’indignation que j’ai éprouvée à la vue de la manière dont la Parole de notre Dieu y a été traitée.

Je les ai laissées telles qu’elles sont, ces inconséquences, parce que c’était la véritable expression de ce que j’ai éprouvé. Mais maintenant que cet ouvrage doit être regardé comme l’exposé des sentiments de la Société évangélique de Genève, ou au moins de ses conducteurs, et qu’ils ont mis leur approbation sur ces arguments en les qualifiant de scripturaires, la retenue qu’imposaient les circonstances d’un jeune homme n’a plus lieu. Envisagé comme sortant des mains d’hommes instruits, graves, pieux, d’hommes dans une position de responsabilité, d’hommes que, sous d’autres rapports, j’estime et j’aime, — cet ouvrage sortant, dis-je, de leurs mains, demande d’être mis dans son vrai jour. De ma vie (et j’ai été dans des controverses pénibles) je n’ai vu une brochure pareille. Qu’est-ce que ces Messieurs approuvent ? c’est une témérité qui biffe d’un trait de plume tout ce qui a été écrit sur le Ministère depuis le temps de Chrysostôme jusqu’à nos jours ; ce sont des contradictions des plus grossières avec soi-même, pourvu que, dans les deux cas, ces sentiments opposés servent à établir, coûte que coûte, un système que l’on aime ; c’est une incrédulité profonde sur la présence et les opérations du Saint-Esprit ; c’est un mépris de la Parole dont je n’ai pas vu le pareil en aucune controverse ; ce sont des assertions hardiment faites, quant au contenu de la Parole et quant à l’emploi des mots pour faire prévaloir les vues de l’auteur, qui, lorsque l’on examine les passages où le mot se trouve, ne sont pas soutenues par un seul exemple, et qui doivent faire foi pour ceux qui ne savent pas le grec et qui ne supposeront pas — et Dieu en soit béni ! — que l’on affirme les choses en dépit de toute vérité, et de toute bonne foi.

Tout est nivelé au système actuel dans le seul désir de dire : nous sommes riches. Le Ministère n’est pas l’exercice d’un don, il n’existe aucun don ; néanmoins, l’Église jouit de toutes ses bénédictions. — Et pourquoi toute cette incrédulité et ce manque, que dirai-je, de conscience ? C’est que, ayant trop de lumières pour cheminer à l’aise avec la mort et les erreurs qu’ils reconnaissent dans les systèmes qui les entourent, ils ont trop peu de foi pour s’affranchir d’un joug sous lequel ils gémissent dans l’œuvre qu’ils font. Ils ont pris leur parti de flatter la chair ainsi que les formes des systèmes qui les gênent, afin que ces systèmes leur prêtent la liberté de poursuivre l’œuvre qu’ils n’osent pas faire sans cela.

Quant à la brochure qui nous occupe (chacun en Jugera quand il aura lu les pages suivantes), je ne puis y voir que l’exposé public de l’incrédulité de l’Église professante de ces derniers jours ; qu’un mépris de la Parole de Dieu qui mérite d’être flétri d’une manière beaucoup plus puissante que je ne saurais le faire ; que les assertions les plus fausses qu’il est impossible d’attribuer à l’ignorance de ceux qui recommandent cet ouvrage et qui (s’il faut attribuer un tel emploi de la Parole à l’entraînement d’un esprit de parti) est un emploi qui signale d’une manière effrayante quelle est l’estime que l’on fait de la Parole quand il s’agit des intérêts d’un parti ! Ces expressions sont fortes. Je ne m’en serais pas servi s’il ne s’agissait que d’une opinion sur le Ministère, ni si ce n’étaient pas des chrétiens qui s’en fussent rendus responsables ; mais il s’agit de toute la base des espérances et de l’activité de l’Église de Dieu, et de l’autorité de sa Parole, qui sont sacrifiées sans hésitation aux intérêts et à l’orgueil d’un parti irrité. L’ennui de la controverse a presque arrêté ma plume. J’ai pensé que des pleurs conviendraient mieux qu’une réponse. Mais il y a des âmes qui ont droit aux éclaircissements nécessaires pour exposer de quelle valeur sont les assertions hardies qui caractérisent la brochure patronisée par le bureau de la Société évangélique de Genève, et de quel poids est l’autorité de ceux qui peuvent la patroniser ; et j’ai senti profondément que celui qui se sert de la Parole en se cachant sous le grec d’une manière semblable, ne mérite pas d’être ménagé, lorsqu’il nous est présenté par des hommes bien capables d’en apprécier l’emploi et les conséquences. Plus ils sont estimés et, sous bien des rapports ils méritent de l’être, plus il est nécessaire d’exposer les racines d’amertume qu’ils veulent sanctionner. Si c’était un Pierre qui se rendît coupable de ce qui entraîne les autres dans une voie de dissimulation, il importerait d’autant plus de lui résister en face.

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