De la Présence et de l’Action du Saint-Esprit dans l’Église/Chapitre 16

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J. Marc Aurel, Imprimeur-libraire (p. 127-163).

CHAPITRE XVI.

DU CHAPITRE XVIe DE M. WOLFF, OÙ CET AUTEUR PRÉTEND ÉTABLIR, PAR 23 RAISONS, QUE LES DONS DU SAINT-ESPRIT ONT TOUS CESSÉ.

L’auteur commence sa démonstration par une confession assez importante ; c’est que l’existence des dons, à côté du ministère, est impossible ; à côté du moins, d’un ministère tel que M. Wolff le veut. Pour que son ministère existe, il faut que les dons aient absolument cessé. Je le crois : c’est sur ce point le système papiste, c’est-à-dire un ministère qui a l’autorité de Dieu, ayant vocation de lui sans dépendre du Saint-Esprit, ni découler de son énergie ; ni participer à ses dons ; et cela est tellement vrai que, s’il y avait des dons, il ne pourrait plus subsister. Il est important de bien saisir cette position. La base de toute la brochure, c’est l’incompatibilité absolue du ministère, (selon le système de M. Wolff et de son parti), et l’existence de l’énergie et des dons du Saint-Esprit. — Oui, l’auteur le dit p. 69 : « Prétendre à l’existence actuelle des dons, c’est établir à côté du ministère un pouvoir rival qui l’entrave, qui l’énerve, et qui, en se mettant au-dessus de lui, finit ou par le tuer, ou par le forcer à se jeter dans le despotisme clérical pour maintenir son rang et sa dignité. » Quelle confession ! Au moins peut-on bénir Dieu de ce qu’il a forcé nos adversaires à avouer ainsi la vérité quant à leur système. Il faut exclure le Saint-Esprit ! C’est ce qui m’a décidé sur ce point il y a bien des années ; mais je ne m’attendais pas à en trouver un aveu public.

L’auteur veut éviter de soulever tout le monde contre lui en admettant l’exhortation fraternelle ; mais cette ressource, la Parole la lui ôte ; car l’exhortation est un don selon la Parole (un χαρισμα). Rom. XII, 6-8.

Ce sujet, qui est très-important, vaut la peine d’être examiné un peu à fond.

La source de l’erreur sur les dons, selon M. Wolff, p. 70, 1o, vient de ce que l’on a confondu le don du Saint-Esprit avec les dons ou les grâces du Saint-Esprit.

J’admets la différence qui existe entre le don du Saint-Esprit, et les dons du Saint-Esprit, mais pas du tout pour les raisons que donne M. Wolff ; raisons qui me paraissent fausses et contradictoires, et qui renversent tout l’enseignement de la Parole de Dieu sur ce sujet. Quand on parle du don du Saint Esprit, c’est le Saint-Esprit lui-même qui est donnée : l’expression elle-même ne se trouve qu’une seule fois directement dans la Parole ; cependant il y est fait allusion ailleurs. Quand on parle des dons du Saint-Esprit, on parle de ce que le Saint-Esprit a donné. — Comme, par exemple, 1 Cor. XII, 8 : « Car à l’un est donnée par l’Esprit la Parole de sagesse, et à l’autre par le même Esprit la Parole de connaissance, etc. » Évidemment ce sont là des dons du Saint-Esprit, et non pas le don du Saint-Esprit, c’est-à-dire le Saint-Esprit donné. Mais M. Wolff confond tout cela.

J’admets que χαρισμα s’emploie pour les dons que donnait le Saint-Esprit ; mais ce mot s’emploie d’une manière beaucoup plus générale : aussi M. Wolff se contredit lui-même en disant exclusivement, comme nous le verrons ; mais nous en parlerons plus tard. Qu’il suffise pour un moment que j’admette l’emploi du mot χαρισμα non comme le seul mot employé pour des dons, mais quand il s’agit des dons ; ces dons sont les dons du Saint-Esprit.

Voyons maintenant ce qui nous manque absolument selon le système de M. Wolff, qui veut que les dons n’existent plus ; examinons dans ce but, les choses auxquelles ce mot s’applique dans la Parole.

Dans le chap. XII aux Rom. nous trouvons l’énumération suivante : prophétie, ministère ou service, enseignement, exhortation, présidence, exercice de miséricorde. Je m’arrête là, parce que dans ce qui suit, la grâce pratique prend la place des dons, par une espèce de transition insensible. « Que la charité soit sincère : » voilà ce qui suit ; mais toutes les choses que j’ai citées sont des χαρισματα : — Ces choses n’existent plus dans l’église selon M. Wolff.

Dans la première épître aux Corinthiens XII, 8-11 , on voit que c’est par l’Esprit que sont donnés la parole de sagesse, la parole de connaissance, la foi, les dons de guérison, les miracles, la prophétie, le discernement des esprits, les langues, l’interprétation des langues : c’est l’Esprit qui opère ces choses. v. 11. Plus bas, v. 28, apôtres, prophètes, docteurs, miracles, dons de guérison, aides, gouvernements, langues ; toutes ces choses sont des dons. — En conséquence, selon M. Wolff toutes ces choses manquent à l’église.

Nous lisons, 1 Pierre IV, 10, 11 : « si quelqu’un parle, si quelqu’un sert, ou exerce le ministère. » Ces choses aussi, parler, exercer un ministère, sont des dons, des χαρισματα : en conséquence ces choses manquent, selon M. Wolff.

Que l’on ne suppose pas que je force les choses. L’auteur, p. 71, cite ces passages, à l’exception de 1 Pierre IV, 11, comme les dons qui n’existent plus : il ajoute p. 74, que « quiconque parle dans l’église, » n’a certes pas pour cela un don. » Non seulement donc il n’y a, et ne peut y avoir ni des miracles, ni des langues ; mais il ne peut y avoir non plus ni enseignement, ni ministère (ou service), ni exhortation, ni présidence, ni foi, ni gouvernement, ni parole de sagesse, ni parole de connaissance, pas plus que des apôtres ou des prophètes ; on ne peut ni parler, ni servir non plus, car si quelqu’un parle il est tenu à le faire comme un don χαρισμα. Malgré tout cela, l’on nous dit que il y quelques hommes fidèles, l’on jouit de toutes les bénédictions de l’économie !!!

Voilà en prenant les mots et les passages, selon l’interprétation de M. Wolff, l’effet de ses principes.

Mais de plus, il y a un passage où il s’agit des dons, passage que M. Wolff a omis ; c’est Éph. IV ; il est vrai que le mot χαρισμα ne s’y trouve pas ; mais ce sont également des dons, et des dons présentés sous le même caractère que 1 Cor. XII, présentés sous un rapport très-important, comme étant des membres du corps. Éph. IV. Il y a un Esprit et un corps, et Christ étant monté en haut a donné des dons aux hommes (δοματα) : apôtres, prophètes, évangélistes, docteurs et pasteurs. M. Wolff veut peut-être que ce soient des ministères, mais la Parole les appelle des dons (δοματα) et non pas des ministères. — Et il s’agit du corps qui répond à un seul Esprit (v. 4) aussi bien que dans le passage 1 Cor. XII ; l’église étant le tabernacle de Dieu par l’Esprit (Éph. II, 22). Ainsi, toujours selon M. Wolff il n’y a ni pasteurs, ni évangélistes non plus, si les dons n’existent plus. — On a beau dire qu’ils sont admis comme des ministères ; la Parole de Dieu ne nous les présente que comme des dons ; nous sommes ici non pas pour inventer un système, mais pour recevoir ce que la Parole révèle et déclare. C’est ce que M. Wolff prétend faire ; dans ce cas je lui demande dans quel passage ces choses sont présentées comme des ministères et non pas comme des dons ; sauf, ce qui est vrai et ce qu’il nie, que la Parole de Dieu présente, de la manière la plus positive, le ministère comme l’exercice d’un don. Qu’on lise, Rom. XII ; 1 Cor. XII ; Éph. IV ; et 1 Pier. IV, 10, 11, et qu’on nous dise si ces choses sont présentées comme des dons ou non : si ce sont des dons, il ne faut plus, suivant M. Wolff, les chercher aujourd’hui dans l’église, les dons ayant cessé.

Mais il y a encore quelque chose à faire remarquer sur l’emploi des mots. Premièrement le mot χαρισμα est employé très-généralement dans la Parole pour un don gratuit, comme dans Rom. V, 15, où il est employé indifféremment avec δωρεα et χαρις et δωρημα. La différence est que χαρισμα et δωρημα signifient plutôt la chose donnée ; δωρεα et χαρις, le premier la gratuité du don, comme voulant exprimer que c’est un don, et pas autre chose ; le dernier, χαρις, exprime la grâce, le principe en vertu duquel on donne gratuitement.

Il y a quelque chose de plus. M. Wolff distingue (p. 70, 1°), « le don du Saint-Esprit, que reçoit tout fidèle lorsqu’il croit, et les dons surnaturels, qui sont produits par le même Esprit. »

Quoique l’on puisse recevoir maintenant le Saint-Esprit à l’instant même où l’on croit, il est néanmoins évident que les disciples, ayant cru, n’avaient pas reçu le Saint-Esprit pendant la vie de Christ. Il est dit (Jean VII, 3, 9) : il parlait du Saint-Esprit que ceux qui croyaient en lui devaient recevoir ; et Pierre dit aux Juifs : « Repentez-vous et soyez baptisés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit.» Je suppose que c’est là recevoir le Saint-Esprit lors qu’on croit. Or, c’est là δωρεα, le don du Saint-Esprit ; mais ce mot est employé pour désigner le don du Saint-Esprit que Corneille a reçu (Act. X, 45), duquel saint Pierre dit que c’était la même chose que ce qu’eux - mêmes avaient reçu à la Pentecôte (Act. X, 47). Il est sûr que quand le Seigneur parle (Jean VII, 39) du Saint-Esprit que ceux qui croyaient devaient recevoir, car le Saint-Esprit n’était pas encore, il ne parle pas de la grâce de croire, mais de ce qui est arrivé le jour de la Pentecôte, de ce qui est arrivé à Corneille, à ceux de Samarie, de ce don duquel saint Pierre dit : « La promesse est à vous et à vos enfants, et à ceux qui sont loin, savoir, à tous ceux que le Seigneur votre Dieu appellera. » Mais, dans tous ces cas, c’était recevoir le Saint-Esprit après avoir cru. Voyez Act. II, 38 ; X, 46 ; XI, 17 ; VIII, 20.

Eh bien ! tout cela, selon M. Wolff, n’était que des dons miraculeux, des dons indépendants du don du Saint-Esprit. Peu importe que le Seigneur ait dit : « Le St-Esprit que recevraient ceux qui croyaient ; » — peu importe que saint Pierre ait dit : « Vous recevrez le don du Saint-Esprit ; » — peu importe que les Actes disent (VIII) : « Car il n’était descendu sur aucun d’eux ; » - et que Simon ait vu que l’on recevait ainsi le Saint-Esprit, que le Saint-Esprit était donné ainsi. Peu importe que Pierre l’ait appelé le don de Dieu, δωρέαν ; — peu importe que ce don soit la promesse du Père (Act. I, 4 ; II, 33), savoir, le Consolateur dont avait parlé Celui qui était maintenant monté vers le Père. (Comp. Éph. IV ; Act. II, 33 ; Jean XVI ; Luc XXIV, 49.) — Peu importe que ce Consolateur dût DEMEURER ÉTERNELLEMENT avec l’église, et que la promesse fût (Act. III) pour tous ceux que le Seigneur appellerait. Tout cela, ce n’était que des dons miraculeux et indépendants du don du Saint-Esprit, et tout par conséquent a complètement et également cessé. Ce sont les seuls pas sages qui parlent du don du Saint-Esprit, de recevoir le Saint-Esprit. Pag. 73, 15°, M. Wolff dispose des passages Act. X, 45 ; XI, 17 ; II, 4, 33, 38. — Pag. 71, 6°, il dispose de Act. VIII : tout cela, selon lui, était indépendant du don du Saint-Esprit ; c’étaient des dons miraculeux. Mais le fait est qu’il faut aussi disposer de la même manière du sceau du Saint-Esprit (Éphés. IV, 30 ; I, 13) ; car c’est le Saint-Esprit de la promesse. Voyez Act. II, 33, 38 ; I, 4 ; Luc XXIV,49.

Souvenons-nous que, quoique M. Wolff dispose de ces passages comme des dons miraculeux, ce sont les passages qui parlent du don du Saint-Esprit δωρεαν qu’il distingue (70, 7°) des dons χαρισματα, et qui aussi en même temps ne sont pas le don du Saint-Esprit, mais les dons qui ont cessé : c’est-à-dire, que tout le système est faux d’un bout à l’autre, et qu’il n’est rien que confusion. C’était le Saint-Esprit que l’on recevait, quelles que fussent les manifestations de sa présence. .

J’admets la différence entre le don du Saint-Esprit et les dons que le Saint-Esprit donnait ; mais j’affirme que ce qui a été donné à la Pentecôte, à Samarie, à Joppe, c’était le don du Saint-Esprit, qui était promis : — je l’affirme, parce que la Parole le dit dans les passages cités.

Ayant démontré la fausseté et les contradictions du système de M. Wolff, je montrerai ce que la Parole de Dieu dit sur ce sujet, sujet d’une grande importance.

Premièrement, quoique le Saint-Esprit ait agi depuis le commencement en création ; quoiqu’il ait dès-lors agi dans l’âme, qu’il ait agi dans les prophètes et en d’autres comme un être divin, comme Dieu, se servant d’eux comme de ses instruments, il n’était pas encore descendu pour prendre place et demeurer sur la terre, comme il l’a fait dans l’église. La glorification de Christ, du Fils de l’Homme, était pour cela nécessaire. Voilà ce qui est dit Jean VII, 39 ; XIV, XV, XVI ; — Luc XXIV, 49, — et au commencement des Actes, comme par exemple Act. II, 33, passage déjà cité : Christ glorifié, monté en haut, envoie de la part du Père, et le Père envoie en son nom cet autre Consolateur qui devait demeurer éternellement, l’Esprit de vérité, le Saint-Esprit. Ce Consolateur, témoin de la gloire de Christ, était le sceau de la foi à cette gloire, et le révélateur de toute la vérité. Lui-même, le Dieu d’amour et fruit de cet amour pour l’âme, le répandait dans le cœur ; c’était le Saint-Esprit lui - même qui était donné ; le Saint-Esprit qui avait été promis et qui était sceau de la foi, le sceau de celui qui croyait, Jean VII ; Éph. I, 13 ; 2 Cor. I, 21, 22. Que ce fût le Saint-Esprit lui-même qui était ainsi donné, c’est ce que démontrent les passages cités de Jean et de Luc, et leur accomplissement au commencement des Actes.

Nous avons vu que ce don devait demeurer éternellement, et qu’il était pour tous ceux que le Seigneur appellerait. Nous pouvons ajouter que nous sommes édifiés ensemble pour être le tabernacle de Dieu par l’Esprit, et que le Saint-Esprit demeure non-seulement dans l’individu, mais dans le corps ; vérité que M. Wolff a entièrement perdue de vue, sauf à nier l’unité qui en résulte. Voyez Éph. II, 21,22 ; 1 Cor. III, 9, 16 ; Éph. IV, 4.

Voyons maintenant quels sont les effets de la présence du Saint-Esprit, de ce don glorieux de Dieu.

Souvenons-nous que la Parole de Dieu ne parle du don du Saint-Esprit qu’en parlant du Consolateur, de ce qui est arrivé le jour de la Pentecôte, et de ce qui correspond à ce jour-là.

Premièrement, l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné.

Les petits enfants en Christ ont l’onction du Saint-Esprit, et connaissent toutes choses (1 Jean II). Je suppose que l’on ne niera pas que ce soit le Saint-Esprit. Nous sommes oints, scellés, et avons les arrhes du Saint-Esprit dans le cœur (1 Cor. I, 21, 22). Nous le possédons, ce Consolateur, comme l’arrhe de l’héritage ; nous sommes scellés,— nous sommes scellés pour le jour de la rédemption (Éph. I, 13 ; IV,30).

C’est un Esprit d’adoption dans nos cœurs, de sorte que nous jouissons de notre relation avec le Père (Gal. IV, 6).

Il nous donne la certitude que nous sommes en Christ (1 Jean III, 24).

Il lutte en nous contre la chair, et produit des fruits (Gal. V, 17, 22).

Il affranchit, vivifie, mortifie les actions du corps, conduit, crie : Abba, Père ; il rend lui-même témoignage que nous sommes enfants, et sympathise avec nos faiblesses (Rom. VIII).

Il nous conduit en toute vérité, nous communique ce qui est de Christ ; c’était le même qui montrait les choses à venir (Jean XVI), le Consolateur.

C’est celui et le même par lequel les apôtres ont reçu les choses spirituelles, ont pu les communiquer, et par lequel les autres les ont là-dessus discernées (1 Cor. II, 12, 15). Et ici, remarquez que c’est le même Esprit que les apôtres ont reçu pour connaître les choses de Dieu et par lesquelles d’autres les ont discernées ; c’est-à-dire, le don apostolique de révélation et de communication, et celui d’intelligence spirituelle dans le simple fidèle.

C’est le même Esprit qui unit le corps (1 Cor. XII, 13) ; nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour être un seul corps.

Voilà donc à quoi il faut renoncer, s’il faut renoncer au don du Saint-Esprit (δωρεα), celui que M. Wolff appelle don miraculeux.

Non, nous dira-t-on ; non. On nie seulement les dons miraculeux. Mais je réponds : le Saint-Esprit que nous avons reçu, le δωρεα, voilà ce que M. Wolff appelle dons miraculeux ; c’est ce qui a été donné aux cent vingt à la Pentecôte, ce qui a été donné à Corneille, etc. ; c’est celui qui donnait aux apôtres à connaître, et qui donnait aux autres à discerner la vérité ; celui qui était dans tous les fidèles, l’arrhe de l’héritage, qui était le Saint-Esprit de promesse, c’est-à-dire le don δωρεα donné à la Pentecôte.

Celui qui conduisait en toute vérité était le même que celui qui montrait les choses à venir. Le fait est que c’est le Saint-Esprit lui-même, la troisième personne de la Trinité qui est descendue du ciel, comme la seconde lors de l’incarnation de Jésus Christ. Ce qu’il fait est une autre chose qui vient à la suite du fait de sa présence. S’il répand l’amour de Dieu dans le cœur, ou s’il fait parler diverses langues, c’est toujours le même Esprit ; ou si sa présence démontre le péché du monde et la justice de Dieu, c’est toujours le Saint-Esprit lui-même qui est là, qui produit des fruits spirituels, ou qui agit de quelque manière que ce soit ; qui donne la liberté et fait abonder en espérance. Jésus-Christ lui-même a été ramené d’entre les morts par le même Esprit qui était l’Esprit de sainteté en lui ; nos corps morts seront ressuscités à cause de son Esprit qui est en nous. Rom. I, 4 ; VIII, 9, 10, 11.

L’épître aux Galates nous présente d’une manière très-distincte ce don du Saint-Esprit, qui distingue l’économie actuelle sous toutes ses formes, ses effets moraux et miraculeux. Celui qui est conduit par l’Esprit n’est plus sous la loi. Les fruits de l’Esprit sont l’amour, la foi, la paix, etc. Si on marche dans l’Esprit, on n’accomplit pas les convoitises de la chair. L’Esprit lutte contre la chair (Gal. V, 18, 22, 16). En même temps il nous est dit (III, 2) : « Vous avez reçu l’Esprit, non par les œuvres de loi, mais par l’ouïe de la foi. » Celui qui leur fournissait l’Esprit, et qui faisait des miracles parmi eux, ne le faisait pas par les œuvres de la loi, mais par l’ouïe de la foi. Christ avait subi la malédiction afin que la bénédiction d’Abraham vînt sur les Gentils, et qu’ils reçussent la promesse de l’Esprit par la foi (vers. 5, 14). Ici nous voyons clairement quel Esprit était reçu par la foi. Il n’y avait que ce même Esprit reçu par la foi qu’accompagnaient les miracles et qui était ainsi reconnu. Saint Etienne, rempli du Saint-Esprit, et ainsi rendu propre au service auquel il était appelé, rend un témoignage irrésistible, à cause de la sagesse et de l’Esprit par lequel il parlait. Était-ce un autre Esprit qui le rendait propre au service des tables (Actes VI, 3) et par lequel il confondait ses adversaires (Actes VI, 8, 10) ? ou n’est-il pas vrai que ceux qui ont bien servi acquièrent un bon degré pour eux et une grande hardiesse dans la foi qui est en Jésus-Christ ? 1 Tim. III, 13. Et si Timothée a reçu un don par l’imposition des mains, un χαρισμα (2 Tim. I, 6), il doit le ranimer, parce que Dieu ne nous a pas donné un Esprit de timidité, mais de force, de charité et de prudence : faut-il renoncer à la force, à la charité, et à la prudence aussi ? Comp. Rom. VIII, 15. Voilà ce que M. Wolff, (p. 72, 9°) met en contraste direct avec l’Esprit sanctifiant. Quand Timothée est exhorté à garder le bon dépôt, par le Saint-Esprit qui demeure en nous, s’agit-il d’autre chose que du Saint-Esprit donné, du Consolateur ? Si nous attendons par l’Esprit, Gal. V, 5, c’est par ce même Consolateur donné.

Si l’on examine l’épître aux Éphésiens, l’on voit un seul et même Esprit présenté aussi comme agissant de toutes les manières, entre autres en ce que M. Wolff déclare (p. 72, 10°) purement miraculeux, ce que du reste je ne nie pas. Il est (Éph. I, 13, 14) l’arrhe de l’héritage, le sceau de ceux qui ont cru, le Saint-Esprit de promesse. Il est l’Esprit de sagesse et de révélation dans la connaissance de Christ, vers 17. On avait, Juif et Gentil, accès en lui par Christ auprès du Père, II, 18, 22 ; ils étaient, Juifs et Gentils, édifiés ensemble pour être un tabernacle de Dieu dans l’Esprit, c’est-à-dire, que Dieu y habitait par l’Esprit, comme dans le tabernacle. — C’est le même Esprit qui a révélé le mystère aux hommes par les saints apôtres et prophètes. — C’est ce même Esprit qui fortifie dans l’homme intérieur pour que Christ y habite par la foi, III, 5, 16. — Il y a un corps et un Esprit d’unité, IV, 3, 4 ; mais à chacun est donnée la grâce selon la mesure du don de Christ (δωρεας) (mot employé pour le don du Saint-Esprit à la Pentecôte). C’est le même Esprit que l’on ne doit pas contrister, verset 30. — Il faut, v. 18, être rempli du Saint-Esprit, chantant et psalmodiant dans nos cœurs au Seigneur. Mais ici nous avons, très-probablement au moins, une action accompagnée de ce qui était miraculeux, les psaumes, hymnes et cantiques spirituels ; mais nous est-il défendu d’être rempli du Saint-Esprit, et de chanter dans nos cœurs, parce que l’acte miraculeux aurait cessé ? Car il faut en venir là. — La Parole est l’épée du Saint-Esprit ; il nous faut prier dans l’Esprit, VI, 17, 18. Ici donc l’on voit un seul et même Esprit agissant et se manifestant de toutes les manières : un Esprit dont la présence répondait à la présence de Dieu dans le tabernacle, et qui agissait en connaissance, en prière ; par la Parole, en unité, en inspirant quelquefois des psaumes et des cantiques ; mais c’est toujours le même Esprit, la personne du Saint-Esprit présent, et qui révélait la présence de Dieu dans l’église.

J’en ai assez dit pour montrer de quelle manière la Parole de Dieu parle à ce sujet ; maintenant , je peux exposer brièvement ce que la Parole de Dieu présente.

Le Saint-Esprit est venu en personne sur la terre dans l’église ; il est présent en personne : c’est quelqu’un qui peut être contristé. Il est présent de deux manières, dans l’individu et dans l’église. « Vous êtes le temple de Dieu, et le Saint-Esprit demeure en vous » (1 Cor. III, 16). — « Vos corps sont les temples du Saint-Esprit » (1 Cor. VI, 19). Il est lui-même le don (δωρεα) de Dieu, envoyé du Fils, envoyé du Père : c’est pourquoi, tout en étant Dieu, nous ne voyons pas que les prières lui soient adressées, non pas que toute louange ne soit due au Père, Fils et Saint-Esprit, mais parce qu’il est toujours censé être sur la terre comme y était le Fils ; et il ne se glorifie pas lui-même, mais il glorifie le Père et le Fils, et il est la source des Prières et des louanges au Père qui l’a donné, et au Fils qui est glorifié.

Mais, tout comme le Saint-Esprit est le don, de même aussi, comme Esprit souverain, comme Dieu, il donne, il distribue à chacun comme il le veut ; et voilà les dons, les χαρισματα : ceux-ci peuvent varier à l’infini, se dessiner, ou se modifier, et se perdre. L’on peut, dans ce sens, éteindre le Saint-Esprit en pratique, dans la manifestation de ses dons, ou mépriser l’exercice de ces mêmes dons. Mais le Saint-Esprit lui-même est là jusqu’à la fin, non pas seulement comme Esprit sanctifiant, comme si c’était quelque chose d’autre ou pour ainsi dire un autre Esprit : c’est le SAINT-ESPRIT LUI-MÊME qui fait valoir les droits de Christ, qui le représente, qui est l’autre Consolateur envoyé du Père et du Fils (et ce n’est pas seulement dans les individus, mais dans l’église) ; qui agit dans l’église en justice, mais en souverain aussi.

La manifestation de l’Esprit peut avoir lieu de telle ou telle manière ; mais c’est le Saint-Esprit qui est là , qui se manifeste. Et cette présence du Saint-Esprit était si réellement la présence de Dieu dans l’église, son tabernacle, que quand Ananias et Saphira ont voulu tromper les disciples, l’apôtre a dit : « Comment est-ce que Satan a mis dans votre cœur de mentir au Saint-Esprit ? — Tu n’a pas menti aux hommes, mais à Dieu. » Et Dieu, comme on sait, a exercé jugement comme dans sa maison, et le mari et la femme, qui s’étaient concertés pour cela, sont tombés morts.

S’agissait-il là des dons seulement, ou de la présence de Dieu dans l’église par le Saint-Esprit ? C’était en effet une des fonctions de Jésus-Christ annoncées par Jean-Baptiste, que de baptiser du Saint-Esprit ; — cela est arrivé le jour de la Pentecôte (Actes I, 5). Est-ce donc que l’église a perdu entièrement le baptême du Saint-Esprit ? C’était, selon M. Wolff, la communication des dons. C’est alors que l’église a été douée de puissance d’en-haut. Est-ce que cette puissance est entièrement perdue ! Il est très-clair qu’il ne s’agit pas seulement de dons, si tout ceci est perdu, mais de la présence du Saint-Esprit lui-même dans l’église. Et remarquez ici qu’en parlant des dons , il est dit (1 Cor. XII, 13) : « Nous avons tous été baptisés d’un même Esprit pour être un même corps, soit Juif, » etc. Nous voyons clairement, par cette expression, la manière dont les dons se rattachaient à celui qui, par sa présence, constituait l’unité de tout le corps, et l’existence de l’église comme établie ici-bas, et en effet pour toujours.

Le Saint-Esprit étant venu de Dieu, étant en même temps Dieu, l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs. — Étant envoyé du Père, c’est un Esprit d’adoption. — Esprit de Christ, il forme nos affections et notre marche d’après le modèle de Christ. Envoyé parce que le Fils de l’Homme, rejeté sur la terre, a été reçu à la droite de Dieu, il est spécialement témoin de la gloire du Fils de l’Homme, et de la grâce qui peut découler dans le monde à la suite de sa glorification. Ainsi, il vient sur toute chair, et non pas seulement sur les Juifs ; de sorte qu’ici la grâce et les dons s’identifient, dans les langues par exemple. Le Saint-Esprit déborde les limites étroites du judaïsme, et s’étendant au jugement de Babel, il révèle à toutes les nations, à chacun dans sa langue, les œuvres merveilleuses de Dieu. C’était un don, mais c’était aussi un témoignage remarquable à la grâce. Les miracles rendent le même témoignage : — ils montrent que Dieu était entré en bonté au milieu du mal, et dominait et chassait la puissance du prince de ce monde ; car c’était là l’effet de la présence du Saint-Esprit. C’était Dieu entré en grâce au milieu du monde, ayant l’église comme vase de sa puissance, et ainsi agissant dans l’homme, et y agissant en témoignage à la gloire et à la victoire de Christ homme. On voit (Actes II et IV) l’union de tout cela, et que dans l’état normal, la présence du Saint-Esprit produisait la grâce, l’unité, la puissance et la joie. Dieu était là, et le mal se cachait comme dompté devant sa présence, une présence qui, s’identifiant avec l’homme nouveau, avec le chrétien, s’occupait de l’état de choses où le péché avait plongé le vieil homme, et l’effet en était, comme à Samarie, tout naturel (quoique la malice du cœur s’y opposât) ; il y avait grande joie dans cette ville-là. Mais le but n’était pas seulement de rendre, afin que le monde crût, témoignage à la grâce de Dieu et à la victoire du Fils de l’Homme sur la puissance de Satan ; témoignage rendu, dans l’église agrégée, par la grâce souveraine, à la gloire du Fils lui-même, qui ne prenait pas à honte d’appeler ceux qui étaient sanctifiés ses frères. L’église elle-même était aussi le but. Dieu avait donné ses bien-aimés à Christ. Christ avait entrepris leur salut. Il a aimé l’église, et s’est donné pour elle, afin de la laver par le baptême d’eau par la Parole, et de se la présenter une église glorieuse, sans tache, ni ride, ni aucune chose semblable. Ainsi, il la nourrit et la chérit comme sa propre chair. Il ne s’agit pas ni de manifester ses droits et sa gloire au monde, quoique sa gloire s’y trouve, et s’y trouvera plus tard d’une manière beaucoup plus évidente, savoir quand l’église entière sera parvenue à la perfection : il ne s’agit pas non plus de l’opération de Dieu proprement dite au milieu du mal en témoignage. Il s’agit de l’affection de Christ pour l’église, et des soins qu’il prend d’elle dans sa fidélité. Il s’agit de la laver par la Parole pour se la présenter dans la gloire, et de la faire croître à tous égards pendant qu’elle est ici-bas.

De là (quoiqu’il me fasse de la peine d’être aussi didactique et méthodique sur un sujet si précieux et si rempli de force et de joie ; mais c’est pour être compris par ceux qui s’en occupent), de là il découle que le Saint-Esprit agit de trois manières :

1° Il est Dieu présent et opérant en puissance ;

2° Il manifeste, par ses opérations, la gloire du Fils de l’Homme, et ainsi les relations de Dieu en grâce avec le monde ;

3° Christ lui-même nourrit et conduit par son Esprit l’église, son corps, pour son édification en charité.

Les deux premières de ces trois choses se trouvent 1 Cor. XII. Dieu, par l’Esprit, est là en contraste avec les démons qui, comme instruments, gouvernaient et séduisaient le monde ; mais alors il s’agit de reconnaître tout premièrement Jésus et Jésus homme pour être Seigneur, — fidèle à Dieu, — vainqueur de Satan. C’est pour cela que Dieu agit dans le monde : c’est là ce qui distingue essentiellement le Saint-Esprit des démons. Personne, parlant par l’Esprit, ne peut dire anathema Jesus, ni, par un démon, dire : Seigneur Jésus. En outre, il y a diversité de dons, mais non pas plusieurs esprits, comme c’était le cas des démons, dont il y a plusieurs. Il y a un seul Esprit. Il y a diversité de services, mais un seul Seigneur, celui auquel le Saint-Esprit rendit témoignage. Il y a diversité d’opérations, mais le même Dieu, qui opère tout en tous. Ce qui était une opération de Dieu, était en même temps un don du Saint-Esprit, et un service rendu au Seigneur que cet Esprit glorifiait (Act. II, 30), et que le Dieu qui opérait avait fait Seigneur et Christ, et placé à sa droite en gloire. L’identité de l’opération de Dieu et du Saint-Esprit se trouve en comparant les versets 6 et 44. Si le Saint-Esprit agit et parle en nous, il agit et parle pour rendre témoignage à Christ Seigneur ; et ainsi il fait que celui qui parle, agit et parle comme serviteur ou ministre de Christ ; non pas comme indépendant parce qu’il a l’Esprit. C’est pourquoi l’apôtre dit : plusieurs membres sont un seul corps, et il en est ainsi de Christ, les membres sont dirigés par la tête ; la tête se sert des membres. C’est pourquoi il est appelé (2 Cor. III, 8) le ministère du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit donne le don, et l’individu ainsi rendu capable, y exerce son ministère, selon le passage de saint Pierre que nous avons déjà cité : Selon que chacun a reçu un don, qu’il l’exerce dans son ministère, ou exerce un ministère là-dedans comme bon dispensateur de la différente grâce de Dieu.

C’est pourquoi, unissant les trois choses comme dans le passage que nous considérons, l’apôtre dit (2 Cor. III, 6) : « Notre capacité vient de Dieu, qui aussi nous a rendus capables d’être ministres de la nouvelle alliance, non de lettre, mais d’esprit, etc. ; » et verset 3 : « Vous êtes l’épître de Christ, écrite par notre ministère, non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant. »

L’apôtre n’agissait-il pas dans son don d’apôtre quand il faisait cela ? Si non, je vous en prie, que faisait-il de son don ? Non, il est évident que le but du Saint-Esprit était de donner le lien de ces trois choses : l’Esprit agissant en don, l’opération de Dieu là-dedans, et le service ou ministère du Seigneur.

De plus, ce n’est pas comme des personnes dans la Trinité que tout cela nous est présenté, mais l’ordre de l’action de Dieu, du Seigneur et de l’Esprit, considéré comme agissant sur la terre. Si l’on n’avait parlé que du Seigneur et de l’Esprit, on aurait pu supposer quelque chose d’inférieur à Dieu ; car les païens étaient accoutumés à des esprits de Python, etc., et à des seigneurs en grand nombre. C’est pourquoi l’apôtre insiste sur ce qu’il n’y a qu’un seul Esprit, qui donne divers dons, et non plusieurs esprits ; un seul Seigneur qui gouvernait et était chef en tout cela, Seigneur que l’Esprit glorifiait ; enfin, il insiste sur ce que c’était Dieu lui-même, le seul vrai Dieu, qui opérait en tout cela.

Et remarquez que l’auteur lui-même attire notre attention sur l’emploi du mot dons sprituels (πνευματιϰα), 1 Cor. XII, 1, « nom qui, » dit-il, page 70, « leur est attribué exclusivement. » Il se trompe en disant exclusivement ; car le mot est employé souvent pour des choses de l’Esprit en général ; voir Rom. XV, 27 ; 1 Cor. IX, 11 ; — II, 13, où je traduirais : « communiquant les choses spirituelles par des moyens spirituels, » — ou « les choses de l’Esprit par des paroles de l’Esprit. » Mais les choses de l’Esprit ici sont les dons. Or, en traitant ces choses de l’Esprit, il parle des ministères du seul Seigneur. Comment donc dire que ces ministères n’étaient pas de ces choses de l’Esprit ?

Et ici je rappelle (ce que j’ai fait remarquer déjà en partie), savoir qu’en 1 Cor. XII, 4, 9, il s’agit, selon M. Wolff, des dons proprement dits (p. 70) : la répétition du même sujet, v. 28, est une classification du ministère (p. 50) ; et (p. 71), 1 Cor. XII, 28, est un catalogue de dons , et nous en donne cinq. Dans ce chapitre donc, comme de l’autre côté c’est Dieu qui opère, toute la beauté et la parure de Christ dans son corps sur la terre se rattachaient à la présence et à l’opération du Saint-Esprit. L’opération de Dieu , la Seigneurie de Jésus, le service du fidèle, et les dons du Saint-Esprit, s’identifiaient dans l’unité du corps, dans le service de chaque membre, dans la diversité des dons qui étaient la manifestation du Saint-Esprit. Tout cela, c’est une dissertation sur les choses de l’Esprit, les πνευματιϰα. Mais il ne faut pas penser que l’action du Saint-Esprit consistât uniquement en de nouvelles révélations ; la parole de connaissance et la parole de sagesse étaient aussi bien des dons du Saint-Esprit qu’une prophétie proprement dite. — Comme saint Paul aussi dit, ch. XIV : « Comment serai-je en profit en parlant des langues, si je ne vous parle par révélation, ou par science, ou par prophétie, ou par doctrine ? » On suppose quelquefois qu’il faut une nouvelle révélation pour que le Saint-Esprit agisse en celui qui parle, il n’en est rien. Celui qui prophétise parle aux hommes en édification , exhortation, consolation.

Nous avons vu qu’il y a un autre but, savoir la nourriture et l’accroissement de l’église. Ici donc, ce n’est plus la beauté et la parure de l’église devant le monde même par des dons du Saint-Esprit, ni l’opération de Dieu en témoignage, mais les soins que Christ prend de son propre corps, de sa chair. Éph. IV : « Il est monté en haut, et a reçu des dons (δοματα) pour les hommes. » Ici l’acte de donner, et les dons sont attachés spécialement à Christ qui, comme tête, nourrit le corps. Il ne s’agit pas de parer l’ensemble, ou d’agir en vertu des droits de Christ, mais de la relation entre le corps et le chef. C’est rassembler et nourrir l’église, et non agir par des membres de l’église, par des actes particuliers de puissance.

L’épître aux Éphésiens fournit deux grands sujets quant à l’église : la gloire à venir de l’église, chose assurée, elle jouira de la gloire dans les lieux célestes avec son Chef. En Esprit, elle y est assise en lui ; 2° Outre cela, elle est le tabernacle de Dieu en Esprit ici-bas.

Deux choses découlent de là : l’unité dans l’humilité, et l’Esprit de paix ; la grâce donnée à chacun selon la mesure du don de Christ. Mais les dons ici donnés, l’apôtre, le prophète, l’évangéliste, le pasteur et docteur, ont tous pour but la formation, l’établissement et l’édification du corps. Et il faut remarquer ici que ce sont des fonctions ou dons permanents qui sont donnés : c’est un pasteur, c’est un évangéliste ; ce n’est pas un don d’un tel caractère, donné à un individu ainsi doué de Christ monté en haut. Le pasteur lui-même, l’apôtre lui-même est le don. Christ a reçu le don étant monté en haut, et il le manifeste dans la fonction de l’individu ; et le don s’attache ici à un service continuel, et n’est pas seulement une manifestation de puissance. En 1 Cor. XII, c’est plutôt la puissance donnée pour le service, puissance qui pouvait être employée par vanité, comme cela est arrivé. Ici le membre sert par le don, qui n’agit que dans la bénédiction du corps.

J’ai parlé sur ceci plus au long ailleurs, et je ne fais que rappeler le grand principe pour l’ensemble.

En Rom. XII, l’Esprit de Dieu présente les dons (χαρισματα), pour que ceux qui les possèdent, en usent humblement, se bornent à ce qu’ils possèdent et s’occupent à cela. — 1 Pierre IV en parle pour que chacun en use en attribuant toute la gloire Dieu, reconnaissant que tout venait de lui. Quant à ce passage 1 Pier. IV, je suis d’accord avec M. Wolff qu’il s’agit d’un don ; et la traduction, « selon les oracles, » n’est pas la Parole de Dieu, mais un sens que l’on a voulu lui donner. « Si quelqu’un parle, (qu’il le fasse) comme annonçant les paroles de Dieu. » Mais on a beau dire, comme le fait M. Wolff, que ceci ne s’applique qu’à des dons, et non pas à ce que l’on dit actuellement dans l’église. La réponse est facile. Ce passage défend de parler autrement, et il le défend dans ce but : « Afin que Dieu soit glorifié en toutes choses. » L’apôtre ne permet pas que quelqu’un parle sans rapporter la chose à Dieu, et sans qu’il parle comme annonçant les paroles de Dieu. Si quelqu’un parle, qu’il parle ainsi.

Ce serait un singulier commentaire sur ce passage que de dire : Cela signifie que si quelqu’un parle par l’Esprit, alors il faut qu’il parle par l’Esprit ; autrement il peut parler tant qu’il voudra, sans s’en inquiéter ; en tant que ministre, on peut parler sans ainsi rapporter tout à Dieu.

En 1 Cor. XII, nous avons donc la présence du Saint-Esprit un dans l’église, puis l’opération de Dieu, puis les dons comme manifestation de l’Esprit.

En Éph. IV, nous avons les dons que Christ a reçus, qui s’exercent dans l’édification du corps.

En Rom. XII, nous avons tout ce que l’on fait en bien dans le service chrétien traité comme don.

Enfin, en 1 Pierre IV, nous avons l’obligation de tout attribuer ainsi à Dieu.

Maintenant, Dieu peut retirer ce qu’il veut des dons qu’il distribue comme il veut ; c’est-à-dire de ceux qui ne sont que témoignage rendu à l’église devant le monde ; mais Christ nourrit l’église selon sa fidélité, et ceci repose sur une autre base. Ceci aussi peut être affaibli, si le Saint-Esprit est contristé. Toutefois, le Saint-Esprit lui-même demeure dans l’église pour toujours.

Et ceci donne lieu à une observation importante relativement à la question de savoir si le mal est sans remède. Toute la force et l’énergie de l’église provenant de la présence du Saint-Esprit, la comparaison de ce que c’était que la manifestation du Saint-Esprit au commencement, et l’oubli de sa présence actuellement, nous fera sentir tout ce qu’il y a d’humiliant dans notre état, et comprendre la sentence de Dieu de retranchement et non de rétablissement. Mais la pensée que le Saint-Esprit demeure éternellement avec l’église, nous donne une source d’espérance illimitée, que Dieu fera tout ce qui est nécessaire pour la bénédiction de l’église dans l’état où elle est. Et comme c’est la présence de Dieu lui-même, l’on ne peut mettre des bornes à ce qu’il pourrait faire. Mais ce qu’il fera sera selon nos besoins et notre état, et non pas comme s’il ignorait, lui, l’état que la présence de son Esprit fait sentir, comme s’il n’était rien arrivé. Ainsi je crois pleinement au retranchement de l’économie à cause de la chute de l’église ; mais je ne mets point de bornes à ce que, en attendant, Dieu peut faire en grâce en vers les fidèles. Seulement, ce sera selon la vérité de leur état, et selon la foi qui le reconnaît.

Je vais maintenant suivre brièvement les remarques de M. Wolff.

Page 70, 1°. C’est M. Wolff qui se trompe : χαρισματα et πνευματιϰα ne sont pas employés exclusivement pour les dons spirituels, ainsi que nous l’avons montré en citant les passages où ces mots se trouvent. Les versions ne se sont pas trompées. L’expression le don du Saint-Esprit ne se trouve qu’une fois dans la Bible, et elle signifie tout simplement le Saint-Esprit donné. L’expression « le Saint-Esprit donné » se trouve ailleurs ; mais elle se rapporte également à l’idée de la présence du Saint-Esprit. Par exemple : Celui qui méprise (son frère), méprise non pas l’homme, mais Dieu qui aussi nous a donné son Esprit. Et par ceci nous savons qu’il demeure en nous, savoir, par l’Esprit qu’il nous a donné. Bien-aimés, ne croyez point à tout esprit, mais éprouvez les esprits s’ils sont de Dieu (1 Jean III, IV). On voit évidemment qu’il s’agit ici de l’Esprit présent, duquel on devait distinguer les mauvais esprits qui animaient les faux prophètes.

Si je consulte M. Wolff, il applique la chose dont il est question dans le passage (savoir, ce qui était donné à Pentecôte), aux dons miraculeux. Tout ce paragraphe donc est faux ; c’est M. Wolff qui confond le don et les dons.

Page 70, 2°. D’accord ; les trois quarts des dons sont perdus : — mais comment donc dire que toute la bénédiction reste à l’économie ?

Page 70, 3°. Je ne dis pas que quelques dons soient miraculeux, et que d’autres ne le soient pas ; mais la Parole distingue entre des dons qui étaient des signes de puissance au monde, et les dons qui étaient pour l’édification de l’église ; et aussi, entre les dons qui posaient le fondement, et ceux qui édifiaient là-dessus. M. Wolff l’admet. Eh bien ! voilà pourquoi quelques-uns peuvent subsister, et d’autres pas. Du reste, la Parole de Dieu appelle don (χαρισμα) tout ce en quoi le Saint-Esprit agit en bénédiction dans l’église. C’est ce que M. Wolff n’a pas remarqué du tout.

Page 71 , 4°. Encore une fois, si cette beauté, cette diversité, cet accord, comme des membres d’un corps, sont entièrement perdues, comment ne sommes-nous pas dans un état de chute et de ruine ? Cela ne se conçoit pas.

Page 74, 5°. Je trouve une variété de dons actuellement très-évidente, quoique ce ne soit pas une variété semblable à celle qui existait au commencement. Grâce à ce que le système Wolff a prévalu en pratique dans l’église, tous les dons sont confondus et leur distinction perdue ; mais il est très-facile à un homme spirituel de distinguer entre quelqu’un qui a un don pour enseigner, et celui qui a un don d’exhortation, ou celui qui a un don d’évangéliste. Du reste, le système en vogue empêche le développement des dons. Cela n’est pas étonnant, quand, « avec études, tous prêchent sans don. » (P. 94.)

Page 71, 6°. Il n’est pas dit que les disciples, à Samarie, reçurent les dons outre le don du Saint-Esprit. Il est dit qu’ils avaient été baptisés au nom du Seigneur Jésus, mais que le Saint-Esprit n’était descendu sur aucun d’eux. Rien de plus positif et de plus clair. Que le Saint-Esprit ait agi dans leur cœur pour y produire la foi par la révélation de Jésus, je ne le nie pas ; mais, dans la Parole de Dieu, cela n’est jamais appelé le don du Saint-Esprit. Il n’est pas dit un mot d’un Saint-Esprit qu’ils eussent reçu après avoir cru ; le contraire est dit expressément.

Page 72, 7°. Que les dons fussent la manifestation du Saint-Esprit, de ce don du Saint-Esprit, cela est parfaitement vrai. Cela convenu, la Parole de Dieu appelle dons du Saint-Esprit, non pas seulement des signes de puissance, mais, selon la piété et la vérité que produit la grâce, toutes les instrumentalités de bénédiction qui se trouvaient dans l’église : l’exhortation, la parole de sagesse, la parole de connaissance (1 Cor. XII, Rom. XII). C’est le manque de piété, qui ne reconnaît pas la seule vraie source de toutes ces grâces, qui a donné lieu à toutes les difficultés sur ce sujet.

Page 72, 8°, et p. 73, 14°. Je répudie la teinture néologique de Néander ; d’un autre côté, M. Wolff se trompe s’il pense qu’il n’y a aucun rapport entre les dons conférés et le vase qui les contient. Le ton de son paragraphe 14 est peu convenable. Lorsque l’homme s’en allant de sa maison, donna des dons à ses serviteurs (Matth. XXV), il leur donna des dons à chacun selon sa portée. Dieu prépare le vase, comme il y met aussi le don (Act. IX, 15 ; Gal. I). Saint Paul était un vase d’élection : il était mis à part dès le ventre de sa mère ; mais il n’avait pas encore reçu le don.

Page 72, 9°, ne demande aucune remarque ; la confusion qui s’y trouve ayant été déjà signalée, savoir, que M. Wolff parle comme s’il y avait deux dons du Saint-Esprit.

Page 72, 10°. La foi indique un don spécial, cette énergie spéciale de foi qui ne se trouve pas chez tous. Je ne vois rien qui la limite aux premiers siècles. Il y a des personnes douées de beaucoup plus de foi que d’autres. 1 Cor. XIV, 15, 16. Il parle des langues étrangères qui servaient de signes pour les infidèles, vers. 22 ; signes qui sont distingués de ce qui était pour l’édification des fidèles.

Page 73, 11°. Que veulent dire ces mots : « Le Saint-Esprit était assez miraculeux ? » Peut-on dire que Dieu est miraculeux ? qu’une personne de la Trinité est miraculeuse ? Que l’Esprit qu’ils avaient reçu agît d’une manière miraculeuse, et que cela se distinguât à bien des égards de son action sanctifiante ; c’est ce que je ne nie pas : mais c’était le même Esprit qui agissait, quoique d’une manière différente. Seulement il faut distinguer la nouvelle nature, et le Saint-Esprit qui la produit et agit en elle. L’union est intime ; mais on peut en parler séparément, car l’Esprit est Dieu. Je peux dire : « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit. » Je peux dire : « L’Esprit rend témoignage avec mon esprit. » Je peux dire, que « Celui qui sonde les cœurs sait quelle est l’intention de l’Esprit ; » et ajouter : « parce qu’il intercède pour les saints selon Dieu. »

La nouvelle nature n’est pas Dieu, elle adore Dieu. Mais Dieu s’est intimément uni à elle par le Saint-Esprit : elle demeure en Dieu, et Dieu en elle. Mais les dons les plus miraculeux, quand Dieu parlait lui-même, comme dans le cas de la prophétie, étaient assujettis à l’ordre de Dieu dans l’église, parce qu’ils étaient confiés à la responsabilité de l’homme, et qu’ils agissaient dans l’homme serviteur de Christ.

Page 73, 12°. Je crois que cet effet s’est souvent reproduit plus ou moins sensiblement.

Page 73, 13°. Je suis parfaitement d’accord que celui qui parle doit parler comme proférant les oracles de Dieu. 1 Pierre IV. Aussi m’a-t-on bien blâmé d’avoir affirmé la vérité quant à ce passage ? Mais cela étant, il faut absolument que les ministres sans dons de M. Wolff se taisent, parce que l’apôtre dit : « Si quelqu’un parle, qu’il parle ainsi, afin que Dieu soit glorifié en toutes choses. » Pas la moindre idée qu’il soit permis de parler autrement, car alors Dieu ne serait pas glorifié. Le ministère que nous propose M. Wolff est précisément la chose condamnée par ce passage.

Page 73, 15°. D’accord, le Centenier et ses amis ont reçu le Saint-Esprit comme les apôtres à la Pentecôte, mais c’est le seul don du Saint-Esprit qu’ils aient reçu. Ils n’ont pas reçu un autre Esprit sanctifiant : le Saint-Esprit avait opéré la foi, je le crois, mais ils n’avaient point reçu, ni avant, ni après, le Saint-Esprit d’une autre manière.

Page 73, 16°, et page 74, 17°. En général je suis d’accord avec ces deux paragraphes : mais le Saint-Esprit qui avait été donné, n’a pas abandonné l’église ; j’entends le Saint-Esprit donné le jour de la Pentecôte. Ici M. Wolff confond les dons et le don. Que l’administration extraordinaire de ces choses, par les mains des apôtres, ait cessé, je ne le nie pas. Que l’ordre, le témoignage, la puissance de l’église dans le monde en aient été affaiblis, et peu à peu comme détruits, je le confesse avec humiliation. Mais le Saint-Esprit qui a été donné le jour de la Pentecôte, et dont ces choses n’étaient qu’une extension, le Saint-Esprit demeure. Il est souverain, il est puissant : et les dons d’édification n’ont pas cessé. Si les dons, qui étaient des signes, ont disparu avec le siècle des apôtres, le témoignage de l’église au monde, dans sa puissance et son unité a aussi peu à peu disparu avec ces manifestations du Saint-Esprit.

Page 74, 18°. M. Wolff, nous l’avons déjà remarqué, s’est trompé complètement : discerner les esprits n’était pas régler. « Que les autres jugent, » est-il dit (1 Cor. XIV , 20), quand les dons étaient en exercice. Les règles pour l’exercice des dons sont données dans ce passage ; et il me s’agit pas du don de discerner les esprits : responsabilité du reste attachée à tout chrétien (1 Jean IV), quoiqu’il y ait eu sans doute des personnes spécialement douées pour cela.

Page 74, 19°, est une confusion extraordinaire : Premièrement les femmes avaient des dons comme les hommes ; certains dons, selon la promesse expresse de Dieu par la bouche de Joël : mais l’exercice des dons était réglé chez les hommes et chez les femmes par le Saint-Esprit, qui les avait donnés, et qui avait le droit de régler l’emploi de ce qu’Il avait confié ; c’est ce qu’Il a fait par l’autorité de saint Paul.

Page 74, 20°. L’évêque n’était qu’une charge ; mais il est demandé, comme qualité de l’évêque, un don (χαρισμα), celui d’être propre à enseigner : peut-être peut-on ajouter celui de pasteur. Mais les qualités des évêques ne touchent en rien la question des dons qui se trouvaient, selon l’auteur lui-même, à côté du ministère.

Page 75, 21° et 22°. M. Wolff y arrange les choses très-commodément, pourvu que l’on considère la puissance du Saint-Esprit comme n’étant d’aucune importance dans l’église ; cette puissance qui faisait, par exemple, que les hommes se jetaient la face en terre, et confessaient que Dieu était là ; puissance qui selon M. Wolff a entièrement cessé. La prophétie qui était en édification, consolation, exhortation, est, selon M. Wolff, perdue : cela, selon lui, explique le reste. La perte de tout cela ne fait rien ; les langues même, signe si remarquable par lequel Dieu agissait sur ceux de dehors, pour leur conversion et l’établissement du christianisme dans le monde, tout cela est perdu. Peu importe, selon M. Wolff. Quel système désolant et sans cœur, que ce système qui explique tout, et ne sent rien ! La moitié de la chrétienté envahie par l’islamisme, l’autre par le papisme, peu importe. Le protestantisme en décadence et en général incrédule ; les dons tous perdus ; c’est égal : — car, selon M. Wolff, s’il y a quelques fidèles comme dans l’économie juive, toute la bénédiction reste à l’Église ! Que la souveraine bonté de Dieu nous ait donné dans sa Parole écrite une révélation sûre et complète de ses pensées, c’est ce qui est précieux au-delà de tout ce que l’homme pourrait et saurait dire. Et dans la chute et la ruine de tout, quant à la puissance manifestée dans l’église, cela est d’une valeur, d’une sagesse à laquelle l’adoration de sa bonté est la seule vraie réponse. C’est la chaîne qui, par la vérité, nous unit à lui : c’est au-delà de tout prix : Dieu s’y est révélé. Que cette Parole soit le seul guide, comme règle écrite ; c’est à quoi on ne peut tenir trop fermement ; c’est ce qui a l’autorité de Dieu. L’on ne peut rien y ajouter ni rien en ôter. Mais est-ce que cela touche les effets de la puissance du Saint-Esprit ? Loin de là, nous avons besoin du Saint-Esprit pour comprendre même, et pour employer cette Parole. C’est du Saint-Esprit qu’elle est l’épée pour atteindre le cœur. Si les dons ne consistaient qu’en révélation et en signes pour la démontrer, il y aurait quelque chose à dire ; mais il n’en est pas ainsi. Tout ce qui se faisait dans l’Église était, nous l’avons vu, par le Saint-Esprit : et la présence du Saint-Esprit n’était nullement dans le seul but de confirmer la révélation. Il devait demeurer éternellement, et par les dons d’enseignement, d’exhortation, de sagesse, de connaissance, édifier et consoler l’Église. Du reste, dans la Parole il n’est jamais dit que les dons confirmassent le canon des Écritures ; ils confirmaient la Parole dite par la bouche de ceux que Christ avait envoyés. Des miracles ne sont pas attachés à saint Luc, à saint Marc, aux Actes, ni déclarés être le moyen de reconnaître l’inspiration de quelque livre que ce soit. Les livres saints n’ont pas eu cette confirmation extérieure. S’il en est autrement, qu’on le montre. Que la doctrine qui s’y trouve ait été confirmée quand elle était prêchée de vive voix, c’est ce dont je conviens. La garantie de l’inspiration de l’Écriture ne gît donc pas dans les dons, ni aux temps apostoliques, ni maintenant. Que les auteurs aient été inspirés, j’en conviens pleinement. Que le Saint-Esprit en soit l’auteur, tout chrétien le croit ; mais je ne sais pas où cette œuvre infiniment précieuse du Saint-Esprit est appelée l’exercice d’un don. Les Épîtres peuvent être en partie considérées comme l’exercice du don apostolique, peut-être : mais en général l’inspiration de la Parole écrite, cette œuvre du Saint-Esprit qui garde la plume et la pensée de l’écrivain, est une œuvre spéciale. Aussi il ne faut pas confondre la révélation et l’action du Saint-Esprit dans les dons. Quelquefois le Saint-Esprit parlait en révélation ; mais la plus grande partie de son action était autre que cela ; elle consistait en exhortation, enseignement, sagesse, connaissance ; choses qui ne demandaient pas de nouvelles révélations. D’ailleurs le Saint-Esprit ne conteste jamais avec lui-même. Pour ceux qui ont reçu les saintes Écritures comme inspirées, un esprit qui se refuserait à se soumettre à la Parole écrite, serait par là même, démontré être un mauvais esprit ; et tout ce qu’il chercherait à ajouter serait, par le secours du Saint-Esprit, démontré faux par la Parole, parce que la Parole est parfaite. Cela était vrai même du christianisme vis-à-vis de l’Ancien Testament : il s’appuyait sur la Parole écrite, et présentait ce qui était arrivé comme l’accomplissement de ce qui était prédit, n’enseignant nulle autre chose que ce que Moïse, la loi, et les prophètes avaient dit, et approuvant ceux qui (si c’était un apôtre qui prêchait), sondaient la Parole, pour savoir si ces choses étaient ainsi. Et le Seigneur Jésus lui-même, préféra l’autorité de la Parole écrite comme instrument à ses propres paroles : « S’ils ne croient pas ses écrits, comment croiront-ils mes paroles ? » Mais l’emploi des dons faisant usage de la Parole, l’explique, l’applique aux âmes, exhorte, parle avec sagesse, et ne fait que reconnaître la révélation en s’appuyant sur elle : mais ce sont également de véritables dons du Saint-Esprit.

Si, comme M. Wolff le fait penser, le Nouveau Testament devient inutile par les dons qui l’expliquent et l’emploient, à plus forte raison l’Ancien le devient-il par les dons apostoliques.

Page 76, 23°. Il ne s’agit pas d’être ni au niveau, ni au-dessus de la Parole. Le même Saint-Esprit qui a donné la Parole comme la vérité tout entière pour l’Église, l’emploie et l’applique par des dons qu’Il donne Lui-même.

Page 76, 23°. D’accord. Il faut que le ministre se prononce, qu’il dise que toute son espérance, pour son ministère, est dans l’absence de tout don. Si le Saint-Esprit agit, il faut qu’il abdique sa charge. Mais, quel aveu ! Est-ce que le système ministériel bannit la honte, comme il bannit l’Esprit ? Tenons au moins compte de l’aveu que le système du clergé, qui se cache sous le nom de ministère, que ce que le parti appelle le ministère, ne peut subsister qu’en niant absolument tout don du Saint-Esprit.

Que le pasteur n’ait pas reçu l’autorité de régler ou de restreindre les dons du Saint-Esprit, ce n’est que la confusion, en supposant que les dons existent ; et s’ils n’existent pas, il n’y a pas besoin de les régler. En supposant qu’ils existent, ils se trouvent tous réglés d’avance dans la Parole : témoin 1 Cor. XIV, par exemple. Quand M. Wolff dit, en parlant du pasteur, que « s’il se réserve un culte où il parle seul, il est un usurpateur, » ce n’est que jeter de la poudre aux yeux. Je comprends très bien que M. Wolff veut qu’en niant les dons, le pasteur qui n’en a point, se réserve tout ce qu’il lui plaît de s’attribuer. Ce qui n’est que de l’homme, l’homme peut le régler : mais il est très-simple, que dans l’exercice de son don, chacun est libre, sauf la discipline selon la Parole. Pour le cas où tous sont assemblés, la Parole a réglé la marche à suivre : Si quelqu’un a reçu un don, il est responsable à Christ pour l’exercice de ce don ; et la responsabilité est toujours individuelle. Si, comme évangéliste, je vais prêcher tout seul, ou si deux vont ensemble, ils n’empiètent sur les droits de qui que ce soit. Si je rassemble des personnes qui viennent pour cela, et que je les enseigne dans l’exercice de mon don, je n’empiète sur les droits de personne : chacun est libre de le faire. Si quelqu’un le fait dans un esprit de schisme, hors de l’unité de l’église, c’est un mal qui ne change rien quant au principe. Si, quand les frères sont assemblés, tous pour le service commun, je m’arroge tout, alors en effet j’empiète sur les droits du Saint-Esprit ; mais dans le cas de l’exercice individuel de mon don, je ne fais que trafiquer avec le talent que j’ai reçu ; et c’est ce que chacun doit faire pour son compte, et il le doit à Christ.

Que l’enseignement soit un don, je l’admets : que ce qui est traduit par présider soit un don, je l’admets aussi ; mais dans la Parole, cela n’est jamais appliqué à une assemblée, comme cela paraîtrait être le cas, à s’en tenir à la version française. Ce sont les dons (χαρισματα) selon Rom. XII. — Que l’administration des sacrements soit un don, c’est une rêverie de M. Wolff. J’ai déjà observé que M. Wolff ignore entièrement les principes des Quakers. Ils ont leurs anciens en charge et outre cela un ministère ; il y en a aussi parmi eux qui exercent un don avant d’être encore reconnus ministres.

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