De la dentition (trad. Littré)

La bibliothèque libre.
De la dentition (trad. Littré)
Traduction par Émile Littré.
(p. 542-549).

ΠΕΡΙ ΟΔΟΝΤΟΦΥΙΗΣ.


DE LA DENTITION.


ARGUMENT.

Cet opuscule est rédigé dans la forme aphoristique, et, tout court qu’il est, il témoigne que l’auteur avait étudié, non sans fruit, l’état des enfants à la mamelle et leurs maladies.

J’y remarque la proposition 7, relative à l’influence de la fièvre pour prévenir les convulsions. Les Hippocratiques ont en divers endroits consigné des propositions analogues ; et il faut rapprocher du passage actuel l’aphorisme IV, 57 : « La fièvre qui survient dans le spasme et le tétanos dissipe la maladie, » et le texte : « Chez une femme prise de spasme après l’accouchement, il est bon que la fièvre survienne (premier Livre des Maladies, § 7). »

Il est parlé d’ulcère aux amygdales, sans fièvre, avec fièvre et toux, empêchant la déglutition, rongeant les parties (νομαὶ, νεμόμενα), présentant une toile d’araignée, causant du danger, changeant la voix quand elles se portent à la luette et que le malade guérit ; d’ulcérations à la gorge (φαρύγξ), plus graves, plus aiguës, et produisant la dyspnée. Que sont ces ulcérations ? faut-il y voir des angines pseudo-membraneuses, qui, si longtemps, ont été prises pour des angines gangreneuses ?

Séparateur

BIBLIOGRAPHIE.


MANUSCRITS.

2146 = C, 2255 = E, Cod. Serv. ap. Foes = L, Cod. Fevr. ap. Foes = Q′.


DE LA DENTITION.

1. Les enfants ayant naturellement de l’embonpoint ne tentent pas en proportion de cet embonpoint.

2. Les enfants voraces et tirant beaucoup de lait ne prennent pas de l’embonpoint en proportion.

3. Les enfants à la mamelle qui urinent beaucoup sont le moins sujets aux vomissements.

4. Ceux qui ont d’abondantes évacuations alvines et digèrent bien, jouissent d’une meilleure santé ; ceux qui ont peu d’évacuations alvines, tout en étant voraces sans prendre de l’embonpoint en proportion, sont maladifs.

5. Chez ceux qui revomissent beaucoup de matière laiteuse, le ventre se resserre.

6. Ceux qui dans la dentition vont souvent du ventre, sont moins sujets aux convulsions que ceux qui vont peu.

7. Ceux chez qui dans la dentition survient une fièvre aiguë ont rarement des convulsions.

8. Pour ceux qui dans la dentition gardent de l’embonpoint, tout en étant somnolents, il y a danger d’être pris de convulsions.

9. Les enfants qui font leurs dents en hiver, tout étant égal d’ailleurs, s’en tirent mieux.

10. Tous les enfants pris de convulsions dans la dentition ne succombent pas ; beaucoup aussi réchappent.

11. Chez les enfants qui font leurs dents avec de la toux, le travail se prolonge ; ils maigrissent davantage au moment où la pointe perce.

12. Ceux chez qui la dentition est orageuse, conduits d’une manière convenable, supportent plus facilement le travail des dents.

13. Les enfants qui, en proportion, urinent plus qu’ils n’évacuent, ont plus d’embonpoint.

14. Les enfants qui n’urinent pas en proportion, mais dont le ventre rend, dès l’origine, fréquemment des matières crues, sont maladifs.

15. Aux enfants qui dorment bien et ont de l’embonpoint il est possible de prendre beaucoup de nourriture, même qui n’est pas suffisamment digérée.

16. Les enfants qui mangent pendant l’allaitement supportent plus facilement le sevrage.

17. Les enfants qui rendent souvent des selles sanguinolentes et crues, sont la plupart du temps assoupis dans la fièvre.

18. Des ulcérations aux amygdales, survenues sans fièvre, causent moins d’inquiétudes.

19. Les enfants qui sont pris de toux en tetant ont d’ordinaire la luette trop grande.

20. Chez les enfants chez qui il se forme promptement des ulcérations rongeantes, avec persistance de la fièvre et de la toux, il est à craindre que les ulcères ne se reproduisent.

21. Les ulcères qui récidivent aux amygdales, avec les mêmes caractères, sont dangereux.

22. Chez les enfants qui ont des ulcérations considérables aux amygdales, s’ils avalent, c’est signe de salut, pour ceux surtout chez qui précédemment la déglutition était impossible.

23. Dans les ulcérations aux amygdales, rejeter par le vomissement ou évacuer par les selles beaucoup de matières bilieuses est dangereux.

24. Dans les ulcérations aux amygdales, la présence de quelque chose de semblable à une toile d’araignée n’est pas bonne.

25. Dans les ulcérations aux amygdales, l’écoulement, après les premiers temps, de phlegme par la bouche, écoulement qui n’existait pas d’abord, est utile ; pourtant il faut le faire aller ; si la rémission commence en même temps, c’est ce qu’il y a de plus favorable ; mais, quand il n’y a point d’écoulement de ce genre, il faut craindre.

26. Dans les fluxions sur les amygdales, des selles abondantes résolvent les toux sèches ; l’évacuation, par le haut, de quelque matière cuite, résout encore mieux.

27. Les ulcérations aux amygdales, restant longtemps sans accroissement, sont sans péril avant les cinq ou six jours[1].

28. Les enfants à la mamelle qui prennent beaucoup de lait sont généralement assoupis.

29. Les enfants à la mamelle qui n’ont pas d’embonpoint sont atrophiques et reprennent difficilement.

30. Les ulcérations survenant aux amygdales en été sont pires que dans les autres saisons ; car elles serpentent plus promptement.

31. Les ulcérations aux amygdales qui s’étendent à luette, changent la voix chez ceux qui réchappent.

32. Les ulcérations qui serpentent vers la gorge sont plus pénibles et plus aiguës ; elles causent la plupart du temps de la dyspnée.

fin de l’opuscule sur la dentition.
  1. Phrase fort obscure. Comment l’auteur, après avoir dit que ces ulcérations restent longtemps sans s’accroître, compte-t-il les jours ? entend-il qu’elles sont sans danger dès avant le cinquième ou le sixième jour, ou que le danger ne commence qu’après le cinquième ou le sixième jour.