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De la fièvre puerpérale/De la fièvre puerpérale chez les anciens

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De la fièvre puerpérale devant l’Académie impériale de médecine de Paris
Germer Baillière (p. 9-10).


DE LA
FIÈVRE PUERPÉRALE
DEVANT
L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE DE PARIS


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Qu’est-ce que la science, si le souvenir des faits antérieurs ne vient à propos renouer le présent au passé.
(Zimmermann.)


La question de la fièvre puerpérale est vieille comme le monde, vieille comme le premier enfant !… Aussi, pour la connaître à fond, faut-il l’étudier chez les anciens et chez les modernes, en comparant les principes qui ont eu cours autrefois avec ceux qu’on agite aujourd’hui et qu’on voudrait faire prévaloir ! Tel est le but que nous allons essayer d’atteindre.

Reportons-nous en 1798 ; l’École de médecine de Paris brillait alors de tout son éclat ; elle citait avec orgueil les noms de ses professeurs, Baudelocque, Boyer, Cabanis, Chaussier, Corvisart, Deyeux, Dubois, Fourcroy, Hallé, Lallement, Percy, Pinel, Richard, Sabatier, Thouret… Et véritablement ces illustres maîtres formaient une pléiade dont l’auréole projetait de vives lumières sur les deux hémisphères. Cabanis professait l’histoire de la médecine ; Thouret professait la doctrine d’Hippocrate ; J. Sue professait la bibliographie médicale ; c’était enfin l’âge d’or du haut enseignement, des grands principes, des saines traditions et de la synthèse scientifique…

Voyons donc ce qu’on pensait à cette époque de la fièvre puerpérale, et consultons à ce sujet une thèse qui fut soutenue par un neveu de Lecat, médecin à Rouen, cette patrie des Lepecq de la Cloture, des Thouret, des Flaubert et des Blanche ! Disons d’abord un mot du récipiendaire : c’était un homme distingué et très instruit ; aussi la foule était-elle grande au grand amphithéâtre le jour où il soutint sa thèse, car, malgré le niveau de la République qui régnait alors, le diplôme de docteur était encore un titre de noblesse et la soutenance d’une thèse un acte de chevalerie. — L’argumentation, présidée par Cabanis, fut des plus vives et des plus éloquentes, et le candidat, reconnu maître, reçut le bonnet de docteur aux applaudissements de l’assemblée.

Soixante ans, se sont écoulés depuis… ; et cependant la thèse poudreuse et oubliée du Dr X. va nous servir pour dresser l’inventaire de la science en ces temps historiques vers lesquels notre génération lymphatique et distraite porte ses regards avec un si grand dédain.

Voilà, par ordre de déduction logique, les principaux corollaires de cette thèse remarquable, eu égard à tant d’ébauches prétentieuses et creuses qui paraissent de nos jours !…