De la fréquente Communion.../Partie 1, Chapitre 9

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Chez Antoine Vitté (p. 260-262).


Chapitre 9


que Saint Epiphane ne dit rien qui favorise cet auteur.

vous demeurez tousjours dans le mesme esgarement, ne prouvant jamais ce dont il s’agit. Mais de plus, encore que vostre façon de citer des volumes tous entiers, sans specifier aucun lieu, soit fort propre pour n’estre pas facilement convaincu d’alleguer à faux : je prendray neantmoins la hardiesse d’asseurer en cét endroit que vous vous trompez, ou que vous voulez tromper les autres, ce que j’aurois plus de peine à croire.

Vous n’avez pû prendre ce que vous rapportez de Saint Epiphane, que de la declaration de la foy, qui est à la fin de son ouvrage contre les heresies : où il ne dit autre chose, sinon (...) ; mais par ce qu’il y a dans le grec le mot de (...), qui se prend assez souvent pour l’eucharistie, un medecin alleman la traduit inconsiderément, communiones, ce que vous avez aussi-tost pris, pour un precepte de communier trois fois la semaine, en y adjoustant du vostre, que Saint Epiphane parle de son eglise en particulier.

On pourroit traiter cette question, si toutes les fois que les chrestiens s’assembloient, on leur distribuoit l’eucharistie ; mais elle n’est pas de nostre sujet, et il n’est point besoin de l’examiner icy. Car quand cela eust esté, les penitens en seroient tousjours demeurez exclus, et pour ce qui regarde les autres fidelles, il eust entierement dependu de leur liberté, de ne s’en approcher pas. Ce qui justifie bien le peu de verité qu’il y a dans vos paroles : lors que vous faites dire à Sainct Epiphane ; qu’il estoit enjoint à ceux de son eglise de communier trois fois la semaine. et pour monstrer, que vous faites force sur ce mot, d’enjoint ; qui marque precepte, et necessité, vous adjoustez ; qu’aux autres jours il n’estoit pas deffendu, comme de fait plusieurs ne laissoient pas de communier ; ce qui est une fausseté si estrange, et qui m’a tellement surpris, que je ne puis m’empescher d’en rougir pour vous, n’y ayant pas un seul mot dans Sainct Epiphane, qui puisse donner la moindre occasion de luy attribuer des choses, aux quelles il ne pensa jamais. C’est à vous à me detromper si je m’abuse, et à nous descouvrir ce secret, par lequel vous lisez dans les peres, ce que tous les autres n’y ont jamais leu.