De la langue russe dans le culte catholique/I

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I

Les provinces de l’ouest de la Russie dont nous avons à parler embrassent tout l’espace compris entre la Courlande, la Livonie, la Russie intérieure, la Galicie, la Pologne et la Prusse. Elles forment aujourd’hui neuf gouvernements qu’on peut partager en trois groupes. Le premier, ou la Lithuanie proprement dite, se compose des provinces de Kovno, Vilno et Grodno. La Russie Blanche, avec ses trois gouvernements de Vitebsk, Mohilev et Minsk, forme le second groupe, qu’on comprend parfois sous le nom de Lithuanie pris dans un sens plus large. Enfin les gouvernements de la Volhynie, de la Podolie et de Kiev, qu’on appelle la Petite-Russie on l’Ucraine polonaise, constituent le troisième groupe[1]. De grands cours d’eau servent au pays de limites naturelles, surtout de trois côtés. À l’orient, le Dnieper le sépare de l’Ucraine russe, depuis l’extrémité sud du gouvernement de Kiev jusqu’à celle de la province de Mohilev, où la frontière se détourne dans la direction de l’est et se continue vers le nord par une ligne brisée difficile à décrire. La frontière occidentale est formée par le Sbroutch, qui se déverse dans le Dniester, puis par le Boug, tributaire de la Vistule, le Narev et le Bober (affluents du Boug), et le Néman. Du côté du sud, le pays est limité par le Dniester et YahorIyk, l’autre Boug et ses affluents (Sénukha, et Kodyme), et par la rivière Vyss. Au nord coule la Duna ; mais elle n’offre qu’une frontière partielle très incomplète.

Outre ces eaux limitrophes, le pays est arrosé par une quantité de fleuves, dont les principaux se déversent dans le Dnieper ; tels sont le Pripiet (avec la Horyne, le Styr, le Sloutch, ses affluents), la Bérézina, la Soja.

Les bassins du Dnieper et du Dniester peuvent être considérés comme le pays classique et le siège par excellence des peuples russes, auxquels il faut ajouter les Slaves de Novgorod fixés autour du lac d’Ilmène et le Iong du Volkhov.

La géographie joue dans l’histoire russe un rôle très important ; elle explique en grande partie la formation des anciennes principautés russes, qui correspondaient d’ordinaire à autant de systèmes d’eau et s’y groupaient autour de quelque centre plus ou moins important.

Le sol du pays est extrêmement varié : aux sables de Vitebsk succèdent les marécages de la Polésie, et à ceux-ci la terre noire de la fertile Volhynie, où coulent le lait et le miel. La partie septentrionale est généralement assez élevée et boisée ; elle abonde en petits lacs et offre des paysages pittoresques. Au delà de Grodno, Novogrodek et Minsk, le sol s’abaisse, les collines disparaissent, et vous découvrez, à travers un voile de brouillards, une vaste contrée couverte de forêts traversées par des eaux dormantes. C’est la Polésie, immense marécage occupant tout l’espace situé entre le Boug occidental et le Dnieper sur 400 kilomètres de largeur. Commençant dans la partie sud de Grodno, il se continue sur la plus grande partie de la province de Minsk, la Volhynie septentrionale, et entame le coin nord du gouvernement de Kiev. Plus au sud, à partir de Vladimir et de Sloutsk, le sol s’élève, les forêts deviennent plus rares, les collines, — contre-forts des Carpathes, — se dressent dans toutes les directions et forment auprès du Dniester une des plus belles contrées qu’on puisse voir en Russie. C’est à travers ces trois provinces du midi que passe la ligne de la population la plus dense de l’empire russe[2]. Encore plus bas, vers le sud, le terrain s’abaisse de nouveau et va se confondre avec les steppes interminables de Kherson.

Tel est l’aspect général des provinces de l’ouest. Depuis un temps immémorial, il est habité par les Lithuaniens et les Russes, deux branches de la famille indo-européenne qui vivent l’une à côté de l’autre sans se confondre. Si vous suivez la ligne que parcourt le chemin de fer de Varsovie à Saint-Pétersbourg, en vous en écartant un peu vers l’est, sauf à passer, à certains endroits, sur la rive opposée, vous aurez tracé à peu près la limite ethnographique qui sépare les deux nationalités. Comme la nation lithuanienne était jadis répandue en toute la contrée de l’ouest, depuis la mer Baltique jusqu’aux rivages de la mer Noire, il est tout naturel d’en trouver encore aujourd’hui quelques restes disséminés en plusieurs endroits. Mais, en général, à mesure qu’ils s’éloignent de Kovno, foyer principal de la race lithuanienne, ils deviennent de plus en plus rares. Dans le gouvernement de Kovno, la population lithuanienne présente une masse compacte, dans la proportion de 80 % sur la population totale. La densité en est déjà moindre dans le gouvernement de Vilno ; elle est presque nulle dans les provinces de la Podolie et de Kiev, situées à l’extrémité opposée. On compte près de 2 millions de Lithuaniens en tout, y compris ceux qui habitent la Prusse (au nombre de 150,000)[3]. Nous donnerons plus loin des chiffres plus détaillés.

À côté des Lithuaniens demeurent, en masses également compactes, les BIancs-Russiens, et plus au sud, les Petits-Russiens, deux branches du même tronc séparées l’une de l’autre par les eaux du Pripiet. Leur nombre s’élève à peu près à 7 millions d’âmes, dont plus de 600,000 dans les gouvernements de Vilno et de Grodno, qui ne font point partie des provinces russiennes.

Je dois prévenir les lecteurs, une fois pour toutes, que les termes de Russien, Ruthène, Roussine, Roussniaque, ne sont que des formes diverses d’un même nom désignant la même nationalité et sont synonymes de Russe. Quand on parle donc des Petits-Russiens, des Blancs-Russiens, des Grands-Russiens on des Russiens tout court, on veut indiquer par là autant de variétés de la même nationalité russe. Le mot Ruthène n’est que la forme latine de Russien, comme Roussniaque en est la forme hongroise. Réserver le nom de Russe tantôt pour les habitants de la Grande-Russie seuls, tantôt pour les Slaves de la Petite-Russie et de la Russie-Blanche, en donnant aux Grands-Russes le nom de Moscovites, c’est susciter une vaine dispute de mots et introduire dans le langage usuel une regrettable confusion. Il me semble qu’après les explications données plus loin au sujet de l’origine ethnographique des Grands-Russiens, les malentendus devraient cesser pour faire place à une entente commune.

Indépendamment de deux groupes principaux de la population russe proprement dite, il en est d’autres qui leur sont bien inférieurs en nombre. Nous parlons des Grands-Russiens, disséminés, çà et là, sans former une masse compacte. Ainsi, on en trouve près de 22,000 dont les deux tiers appartiennent à la secte des starovères, au centre même de la population lithuanienne, en Samogitie.

En général, l’élément grand-russien est peu considérable. Nul dans le gouvernement de Grodno, faible dans ceux de la Petite-Russie (où il atteint le chiffre de 37,044), il arrive à Minsk à son maximum, qui ne dépasse pas 58,000. Dans sa totalité, il ne donne que 200,457 âmes, dont plus de la moitié se compose de rascolniks[4].

Ce chiffre permet de conclure que le peuple grand-russe n’a point porté à l’ouest le même génie de colonisation qu’il a manifesté dans les vastes terrains du nord-est de l’Europe. Autant sa puissance colonisatrice a été efficace au milieu des éléments ouraliens, autant elle est demeurée faible, disons mieux, nulle parmi les populations lithuaniennes et slaves de l’ouest. Tout autre fut l’action de l’élément polonais, quoiqu’il soit numériquement inférieur à l’élément letto-slave, puisqu’il n’atteint pas 2 millions[5].

En examinant la carte, vous y apercevrez, dans le coin occidental du gouvernement de Grodno, une sorte de passage enfermé entre les eaux du Néman et du Boug. Ce fut la voie principale suivie par l’immigration polonaise, non seulement parce que la nature elle-même semblait la lui indiquer, mais encore parce qu’anciennement, une partie considérable de cette contrée avait été hypothéquée aux princes de Mazovie par les seigneurs lithuaniens. C’était au commencement du XVe siècle. Depuis ce temps surtout, l’élément polonais y jeta de profondes racines et exerça son action particulièrement sur les populations russiennes du voisinage, ainsi que le témoigne leur idiome. De là, il s’étendit sur toutes les contrées russiennes en suivant deux directions principales : l’une vers le sud-est, à travers la Volhynie et la Podolie, jusqu’aux steppes de la mer Noire ; l’autre vers le nord-est, par Vilno et la Duna, jusqu’au Dnieper, dont il descendit le cours.

Cette marche de l’immigration polonaise a donné lieu à des interprétations où les passions et la fantaisie semblent parler plus que la calme raison. La chose s’explique pourtant d’une manière bien simple. Il suffit de consulter la carte et de se rappeler que la zone du milieu, couverte d’immenses marécages et de forêts (de là son nom de Polésie)[6], n’offrait rien qui pût attirer ou favoriser l’immigration. Les provinces méridionales, au contraire, étaient réputées pour leur fertilité, comme elles le sont encore de nos jours. Quant aux contrées du nord-ouest, si on ne pouvait pas dire d’elles que le lait et le miel y coulaient comme dans les terres de la Petite-Russie, elles attiraient le Polonais à cause de leur importance politique. Vilno était la capitale du grand-duché de Lithuanie, qui eut ses jours de puissance et de gloire ; il fut même un moment où ses princes étaient sur le point de saisir l’hégémonie du monde slave. La Pologne sentait bien la nécessité de s’unir à une si puissante voisine déjà agrandie par la conquête des principautés russiennes ; elle l’essaya plus d’une fois ; enfin l’union fut consommée en 1569, à Lublin, et les deux pays ne firent plus qu’un seul corps politique. Si, aujourd’hui, la Lithuanie (dans le sens large du mot) est un objet de contestation entre les Russes et les Polonais, il faut en chercher la cause surtout dans ce lien historique qui a duré pendant quatre siècles.

Ainsi s’explique la bifurcation apparente de la voie suivie par les flots de l’immigration polonaise. En réalité, ces flots, sans cesse renouvelés, ont envahi tout le pays du grand-duché lithuanien comme des principautés russiennes, quoique dans une mesure inégale, ainsi que nous venons de le dire. Si nous insistons sur ce point, c’est afin de suppléer en quelque manière à ce qui manque au modeste tracé géographique placé en tête de ce travail, et qui, nous l’avouons, ne parle pas aux yeux autant que nous l’aurions désiré.

Celui qui voudrait se rendre la chose plus sensible pourra prendre, par exemple, l’atlas de M. Erkert[7]. Il y verra, sur la première carte, chaque nationalité indiquée par une couleur distincte. Il remarquera, sur le fond vert qui représente la nationalité russe, une foule de fiches roses d’autant plus nombreuses et

plus considérables qu’elles approchent de la frontière polonaise : elles le sont, en particulier, dans les gouvernements de Grodno et de Vilno. Il en distinguera aisément comme deux traînées principales qui, en partant de ce point-là, suivent la direction sud-est et nord-est, c’est-à-dire vers Kiev et vers Vilno, et touchent à peine la zone marécageuse du milieu. La Polésie, par exemple, n’offre que quelques taches isolées, tandis qu’elles grossissent et se multiplient visiblement en Volhynie et en Podolie. Ces taches roses représentent l’élément polonais. Les Polonais ont, en effet, dans ces deux provinces, des possessions plus vastes et plus nombreuses qu’ailleurs. De la sorte, on peut suivre des yeux la marche de l’immigration polonaise et en constater le progrès. D’autre part, comme aujourd’hui les Russes appartiennent à l’Église orthodoxe, à peu d’exceptions près, tandis que les Lithuaniens et les Polonais sont pour la plupart catholiques, il s’en suit que la frontière ethnographique qui sépare ces deux nationalités de la population russienne coïncide presque avec la limite géographique des religions qu’elles professent. Quant aux protestants, il y en a plusieurs milliers parmi les Lithuaniens et les Lettons (25,753), quelques centaines parmi les Polonais (657), et, chose digne de remarque, pas un seul parmi les Russes. Nous ne dirons rien des juifs, dont le nombre, malgré son caractère sporadique, s’élève à plus de 1 million et demi ; ni des Allemands qui arrivent à peine au chiffre de 35,000. Nous ferons remarquer seulement que le nombre de ces derniers que donne Schédo-Ferroti (tabl. IV, rubrique : divers ou protestants) est évidemment exagéré.

Afin que le lecteur puisse avoir une idée générale de la population de toutes les neuf provinces, nous plaçons sous ses yeux quatre tableaux différents, dont les deux premiers sont disposés d’après les nationalités et le troisième d’après les cultes. Le premier donne, en outre, la statistique des diverses nationalités dans le royaume de Pologne, y compris les parties appartenant aujourd’hui à la Prusse et à l’Autriche, ainsi que la Courlande. Le quatrième tableau indique les mêmes nationalités et cultes dans leur rapport à la totalité des habitants. Ce dernier tableau n’étant qu’une simple reproduction de ce qui a été publié par le Comité statistique de Saint-Pétersbourg, il suffira de dire que nous l’avons emprunté à l’ouvrage intitulé : La Question polonaise, p. 92 et 94 (Paris, 1864), une des nombreuses publications que le feu baron de Fircks, plus connu sous le pseudonyme de Schédo-Ferroti, a laissées sur la Russie. Nous nous arrêterons davantage sur les travaux de MM. d’Erkert et Rittich, d’après lesquels ont été faits tous les autres tableaux et qui méritent d’être connus davantage.

Le travail de M. le colonel d’Erkert, membre de la Société géographique de Saint-Pétersbourg, eut deux éditions, dont l’une, destinée à l’étranger, a paru en français sous le titre suivant : Atlas ethnographique des provinces habitées, en totalité ou en partie, par des Polonais, avec six cartes chromolithographiées ; Saint-Pétersbourg, 1863. Dans l’édition russe, les courtes légendes ethnographiques qui accompagnaient chaque carte furent remplacées par une brochure de 72 pages in-8o, intitulée : Coup d’œil sur l’histoire et l’ethnographie des provinces occidentales de la Russie (1864) et l’atlas lui-même a reçu un titre moins polonais : c’est un simple Atlas ethnographique des provinces occidentales de la Russie et des pays voisins. Dans l’une et l’autre édition, la carte générale qui figure en premier lieu est accompagnée d’un tableau ethnographique et statistique, celui que nous avons reproduit ici même, sauf quelques légères modifications réclamées par le but du présent travail. Ajoutons que M. d’Erkert donne partout des chiffres ronds, approximatifs ; que ces chiffres se rapportent à l’année et que, pour les provinces de la Russie, ils représentent la moyenne entre les données du bureau statistique et celles du clergé paroissial. L’auteur assure avoir apporté dans ses recherches la plus grande impartialité et fait son travail dans l’intérêt de la science plutôt que de la politique. Malgré cela et malgré le ton de modération qu’il a su garder dans son commentaire, on ne saurait partager toutes les conclusions qu’il y développe. Au reste, son travail ne paraît pas avoir de caractère officiel. On ne peut en dire autant de l’atlas de M. Rittich, lieutenant-colonel de l’état-major. Fait sous la direction immédiate de M. Batuchkov, que le gouvernement avait chargé de la restauration des églises orthodoxes dans les provinces de l’ouest, il fut publié en 1864, par autorisation suprême (sic) et aux frais du ministère de l’intérieur ; il peut donc servir d’indicateur officiel. Les populations y sont disposées d’après les cultes ; l’indication des races n’y manque pas, il est vrai ; mais elles occupent une place secondaire et ne présentent aucune vue d’ensemble, ce qui nous a engagé à les réunir et à les coordonner dans un tableau séparé (no II), afin qu’on puisse le comparer à celui d’Erkert.

L’Atlas confessionnel de M. Batuchkov, nous n’hésitons pas à le déclarer, prime toutes les publications relatives au même sujet. Toutefois, nous n’attachons pas une foi absolue à ses indications ; nous les croyons, au contraire, sujettes à caution, quelque officielles qu’elles soient d’ailleurs et précisément à cause de leur caractère trop officiel. Il n’est que trop évident, en effet, que l’idée qui a présidé à la confection de cet atlas est de persuader à l’Europe occidentale que la nationalité polonaise, dans les provinces de l’ouest, n’est point aussi considérable qu’on le croit communément ; qu’on a grand tort, par conséquent, de les décorer du nom de polonaises. Si M. d’Erkert n’a pas réussi à être à l’abri d’un pareil reproche, M. Batuchkov l’évitera bien moins assurément. En attendant que ses calculs soient rectifiés par d’autres données, son atlas sera d’un précieux secours pour la science ethnographique[8].

  1. Voir la carte ci-jointe, où chaque groupe est marqué d’une couleur distincte.
  2. En Podolie, par exemple, le nombre d’habitants par mille carré s’élève à 2.178 d’après les uns (V. le tableau ethnogr., n° 1) ; et d’après les autres à 2,268. Ce dernier chiffre, qui paraît plus exact, n’est dépassé que dans le gouvernement de Moscou, le plus populeux de tous, où il arrive à 3,499 (V. Buschen, Bevölkerung des russischen Kaiserreichs, p. 62. Gotha, 1862).
  3. Sous le nom de Lithuaniens on comprend aussi les Lettons, qui habitent la Courlande et la partie nord-ouest du gouvernement de Vitebsk.
  4. D’après M. Ritlich, il y en aurait 105,399.
  5. Voir les tableaux n° I et II.
  6. Liess veut dire en russe forêt. À l’heure qu’il est, une commission est chargée d’explorer tous les terrains marécageux et d’étudier les moyens de les dessécher. Déjà elle a fait le nivellement des marécages qui longent le Pripiet dans le gouvernement de Minsk et dans une partie de la Volhynie, sur une étendue de 6,500 verstes carrées. On croit leur dessèchement très possible, dès qu’on pourra en canaliser les eaux ; l’industrie et la population de ces provinces ne tarderont pas alors à entrer dans la voie du progrès, après des siècles de stagnation. Aujourd’hui, par exemple, dans le gouvernement de Minsk, qui égale en étendue les trois gouvernements de Moscou, de Kalouga et de Toula pris ensemble, il y a, en moyenne, 684 habitants sur une lieue carrée ; et dans le district de Mozyr, le plus marécageux de tous, on n’en compte que 287, tandis qu’on les évalue à 1,547 par lieue carrée dans les districts situés en dehors du rayon des marécages, et à 2,770 dans l’intérieur de la Russie.
  7. Il en sera question plus loin.
  8. En voici le contenu. En tête de l’atlas qui a le format d’un folio maximo figure un tableau synchronistique (sic) des anciennes principautés russes, dressé dans le but de rendre visible cette vérité incontestable (aux yeux de M. Batuchkov), à savoir que les provinces occidentales sont bien réellement russes. Les diverses souverainetés dont ce pays a successivement dépendu sont indiquées par autant de couleurs diverses : le vert représente la domination russe, le jaune celle de la Lituanie, le rose indique le règne de la Pologne. Pour rendre ce tableau et la carte générale accessibles aux étrangers, le texte a été publié aussi en français. — Chaque carte spéciale se compose de deux parties dont l’une représente en dessin chromolithographié les localités et le nombre des habitants de la province d’après les cultes ; l’autre indique la population de chaque paroisse. L’élément catholique est figuré par la couleur rose, les orthodoxes par le vert, les protestants par le bleu ; enfin la couleur brune indique les mahométans. Les starovères n’en ont aucune ; mais ils figurent dans les tableaux ajoutés à la marge. Une carte générale réunit les neuf gouvernements et est suivie d’un tableau statistique contenant la totalité de la population de chacun d’eux d’après les cultes, ainsi que le rapport numérique de la population orthodoxe à celle des autres confessions.
    C’est cette carte qui a servi de modèle à la nôtre, quant aux choses principales, bien entendu, et moins l’indication de la limite qui sépare sur l’original les nationalités lithuanienne et russe. Cette limite recule considérablement la frontière administrative et officielle, dans la direction de l’ouest. Ainsi, dans le gouvernement de Grodno, elle la fait presque toucher à la Pologne ; elle diminue de près d’un tiers celui de Vilno, n’offrant en compensation de toutes ces pertes que le coin nord-ouest de la province de Vitebsk. Il nous a paru suffisant d’indiquer la division officielle. Quant aux deux tableaux (no II et III) qui proviennent de la même source, la forme seule et la distribution des données qu’ils contiennent viennent de nous ; le fond appartient aux auteurs de l’Atlas confessionnel.