De la longévité humaine et de la quantité de vie sur le globe/Avertissement de la première édition

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AVERTISSEMENT
DE LA PREMIÈRE ÉDITION

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Je touche, dans ce livre, à quelques-uns des points les plus importants de l’étude, et, si je puis ainsi parler, de la théorie de la vie.

Tous les siècles ont étudié la vie. Le nôtre commence à l’étudier sous ses grands aspects.

La question de la quantité de vie, toujours diversement représentée et également maintenue, celle de l’apparition de la vie sur le globe, celle de la fixité des espèces, celle des espèces anéanties et perdues, sont des questions toutes nouvelles.

À côté de ces questions nouvelles, j’en ai placé quelques autres, fort anciennes, mais que je crois avoir rajeunies : celle de la longévité humaine, celle de la formation de la vie, celle de la vieillesse.

J’ai rajeuni la question de la longévité humaine, en donnant un signe certain du terme de l’accroissement, et par suite une mesure précise de la durée de la vie.

À l’étude de la formation de la vie, j’ai substitué l’étude de la continuité de la vie.

La vie ne recommence pas à chaque nouvel individu : elle n’a commencé qu’une fois pour chaque espèce. À compter du premier couple créé de chaque espèce, la vie ne recommence plus ; elle se continue. Je recule le mystère, autant qu’il se peut ; et je lui marque sa place.


Quant à la vieillesse, je l’envisage ici sous ses deux côtés : le côté physique et le côté moral.

Du côté physique, je lui ouvre de grandes espérances : un siècle de vie normale, et jusqu’à deux siècles de vie extrême ; et tout cela à une simple condition, mais qui est rigoureuse : celle d’une bonne conduite, d’une existence toujours occupée, du travail, de l’étude, de la modération, de la sobriété en toutes choses.

Du côté moral, la perspective n’est pas moins belle. Que d’heureux vieillards ! et quels exemples des facultés les plus délicates et les plus nobles sans cesse perfectionnées ! Fontenelle, Voltaire, Buffon, Bossuet (s’il est permis de citer ce grand nom dans des questions purement humaines).


Je voudrais que ce livre pût apprendre à tous les hommes le respect nécessaire de la vieillesse :

Au jeune homme, qui ne s’instruira jamais plus qu’auprès des vieillards illustres ; à l’homme d’un âge mûr qui comptera bientôt, par un regret amer, le moment présent, perdu pour une action utile ; au vieillard, qui ne peut voir, sans orgueil, honoré en lui l’âge après lequel il n’en est plus d’autre en ce monde, l’âge ou l’âme se sent plus près de Dieu, l’âge saint de la vie.


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