De la maçonnerie parmi les chrétiens/Section 2

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De la maçonnerie parmi les chrétiens
Zechel (p. 178-190).


2me Section.
De la Maçonnerie parmi le Chretiens.

Parmi les chretiens on trouve Boetius et son beau père Symmachus nommé le venerable et Ausonius. Après eux, nous rencontrons une grande lacune dans la suite des Initiés, jusqu’à ce que nous retrouvons les mysteres de l’Ordre dans ceux des Rosecroix modelés d’apres ceux des Esséens dont ils descendoient directement. On peut avec justice leurs atribuer la Restitution de l’Ordre. Car les chanoines du St. Sepulcre qui étoient des Rosecroix fixés à Jerusalem adopterent ensuite les templiers, dont l’institut s’accomodait au but de l’ordre, c’étoit la sobriété, le secret, la pauverté, la chasteté, l’amitié jusqu’à la mort, le secours mutuel et la defense de la Religion.

Au douzieme siecle sous le regne de Baudoin roi de Jerusalem 9 gentils hommes grands amis et dans la valeur distingués, dont l’un nommé Hugues de Paganis fut le chef, s’assemblerent au lieu ou avait été le Temple de Salomon entre les 2 colonnes, s’unirent pour la defense de la religion et du St. Sepulcre aux Chanoines de Jerusalem, qui les initierent dans les grands Mystères et restituerent l’ordre sous le nom de celui des Templiers. Ils prirent l’habit blanc, auquel le Pape Honorius ajouta la croix rouge, et les institua sur la prière d’ancien Patriarche de Jerusalem comme l’ordre religieux d’après la regle de St. Bernard.

Pauvres dans le commencement et en petit nombre les Templiers crûrent en peu de tems en nombre et en richesses et firent de si hautes faites d’armes que leur grandeur et cettes actions furent bientôt connus par toute la chretienneté. Les Souverains et princes de toutes parts et particulierement ceux d’Ecosse et d’Angleterre leurs donnerent des grands biens, qu’ils employerent dans la guerre sainte en vrais chevaliers chretiens. Par la succession de tems les chevaliers accrurent si fort en puissant et en richesses qu’ils possedoient des grandes villes, des forteresses, une milice formidable et un grand nombre des sujets principalement en terre sainte ou residoit ordinairement le Gr. Maître de l’Ordre avec la plupart des chevaliers.

Mais lorsque la ville de Jerusalem et une grande partie de la palestine furent reconquise par les infideles, le siege magistral fut transferé à Chypre et enfin de la à Paris. Le Patriarche de la haute Clerisse de l’Ordre demeura à Chypre selon toutes les apparences.

Enfin l’Ordre des Templiers se conserva presque pendant deux siècles dans les plus grands lustres mais tant par le secret impenetrable sur leurs mysteres, sur leur gouvernement interieur, sur leurs forces militaires, sur leur mystere oeconomique et plus encore par leurs richesses et les connoissances sublimes qu’ils possedoient. Ils porterent tant d’Ombrages aux Souverains et particulierement au De France Philipp le Bel, qu’ils refuserent de service contre ses ennemis, qu’il obtint du Pape Clement V. leur excommunication et finalement leur destruction et abolition total. On leurs imputa les crimes les plus atroces mais on ne put rien leur prouver. Non obstant le Gr. Maitre Jacques Molay homme vertueux et d’une vie exemplaire et d’une conduite irreprochable fut brulé avec un grand nombre de chevaliers, l’ordre fut anéanti, ses biens confisqués, partie au profit des Souverains, partie fut donné aux chevaliers de St. Jean et aux chevaliers teutoniques.

Les Templiers qui echapperent au supplice abandonnerent leurs biens et se disperserent, les uns se refugierent en Ecosse, d’autres se retirerent dans des lieux écartés et cachés ou ils menèrent la vie d’heremite.

Lorsque le Gr. Maitre Molay s’apperçut par la tournure, que l’iniquité donna au proces institué contre lui, qu’il n’y-avait plus d’espoir, ni pour lui ni pour l’ordre, il prit son parti et ne songea plus qu’aux moyens de conserver, de propager et de perpetuer les sublimes connaissances et les principes fondamentaux de l’Ordre.

Il jetta à cet effet les yeux sur son neveu le comte de Beaujeu qui depuis longtems avait temoigné une vocation decidé pour entrer dans l’Ordre et l’ayant fait appeller quelques jours avant son supplice il deposa dans son sein les malheurs inévitables qui menaçoient l’ordre, et le projet qu’il avait formé sur lui.

Beaujeu reçu avec reconnaissance les propositions de son oncle, qui exigea de lui pour preuve de sa fidelité de descendre dans le tombeau de Grands Maîtres d’y prendre sous un des cerceuils qu’il lui indiqua et designa un ecrin de cristal en forme triangulaire monté en argent et de la lui apporter.

Beaujeu descendit de nuit dans le tombeau, y trouva l’ecrin, l’enleva et le porta au Grand Maître qui satisfait de son zele et son courage l’institua aux mysteres et reçu de lui le serment de faire revivre l’Ordre suivant les tems et les circonstances et de le propager jusqu’au jour du dernier jugement ou il lui demanderoit compte devant le Grand Architecte de l’univers de l’accomplissement de ses engagements. Il lui confia ensuite, que l’ecrin qu’il venoit de lui apporter, renfermoit la relique la plus pretieuse que Baudoin roi de Jerusalemn avoit donné a l’ordre scavoir l’index de la main droite de St. Jean Baptiste. Il lui remit trois clefs en lui declarant, que le cerceuil sous le quel avait été caché l’ecrin renfermoit une caisse d’argent dans laquelle il trouveroit avec les annales et les anciens lettres les principaux connoissances sublimes de l’Ordre, qu’il y trouveroit en outre la couronne des rois de Jerusalem, confié à la garde des Grands Maîtres de St. Sepulcre, le chandelier d’or à 7 branches et les 4 evangelistes d’or, qui ornoient le St. Sepulcre, que lui, Molay, avoit sauvé et remporté toutes ces choses pretieuses de Jerusalem en les cachant dans cet cerceuil sous le pretexte, que c’étoit le corps du Grand Maitre Beaujeu son predecesseur, qu’il avoit declaré faire transporter à Paris tandisque tout le monde etoit dans l’opinion, que toutes les choses sacrées etoient tombées entre les mains des infideles. Il lui confia enfin que les deux colonnes qui ornoient le chœur du Temple à l’entrée du tombeau des Grands Maîtres étoient creusés et renfermoient des grands tresors accumulées des espargnes de l’ordre et versées successivement dans les colonnes, dont on pouvait demonter les chapitaux et en tirer les fonds. Ces declarations faites Molay fit jurer Beaujeu de sauver le tout et de le conserver à l’ordre jusqu’à la fin du monde ; l’embrassa pour la dernière foix et se prepara à subir le sort qui l’attendoit.

Des que Molay fut expiré Beaujeu se mit en devoir de s’acquitter de ses engagements. Il s’assura 9 chevaliers, restes infortunes échappés au fureures de la persecution et aux terreurs des supplices ; il mêla son sang avec celui de ces freres et fit vœux de propager l’ordre sur le globe tant qu’il se trouveraient neuf architectes parfaits.

Il alla demander au Philipp la permission d’enlever du tombeau des Grands Maîtres le cerceuil du Grand Maitre Beaujeu son oncle paternel et predecesseur de Molay et l’ayante obtenue il descendit avec ses freres dans le tombeau des Grands Maîtres et fit emporter le cerceuil, qui au lieu des cendres de son oncle renfermoit la caisse d’argent, dont il a été fait mention. Il fit enlever aussi les tresors contenus dans les deux colonnes et fit transporter le tout au lieu de sureté. Il est probable que ce fut à Chypre ou residoit l’Archimandrit ou Patriarche avec le Grand chapitre clerical de l’Ordre.

Après s’etre acquitté avec succes de ces premières vœux Beaujeu et les 9 freres restituerent l’ordre dont Beaujeu fut declaré Grand Maître avec tous les droits, qui appartient à cette dignité et la couronne des rois de Jerusalem demeura sous sa garde.

Mais pour mieux cacher l’ordre Beaujeu institua des nouvelles ceremonies qu’il voila de l’embleme du temple de Salomon et des Hieroglyphes qui-y-ont rapport.

Ces ceremonies furent reformées et modelées d’apres la connoissance que Beaujeu avoit des coutumes des anciens et en concervent toutes fois celles, qui ètoient hereditaires à l’ordre par une si longue suite d’années.

Après la mort de Beaujeu le siége magistral chut à Aumont, un des Templiers dispersés qui s’étoient refugiés en Ecosse. On peut juger par les differents malheurs arrivés à l’Ordre, combien à son rétablissement l’on dut être circonspect à l’étendre et d’y initier des Sujets indiqués.

Cependant depuis Beaujeu l’ordre n’a jamais cessé un instant de subsister, et nous connoissons depuis Aumont une suite non interrompue des Grands Maitres de l’ordre jusqu’à nos jours ; et si le nom et la résidence ainsi que le lieu de veritable Grand Maître et des vrais superieurs qui régissent l’ordre et dirigent les sublimes travaux aujourd’hui est un mystère qui n’est connue qu’aux vrais Illuminés tenu à cet égard en secret impénétrable c’est parceque l’heure de l’ordre n’est pas encore venû et le tems n’est pas rempli au quel les portes s’ouvriront et la lumière luira à tous et qu’il est de la prudence de cacher encore le domicil du chargé aux prophanes quand même ils auroient entrevus quelques rayons de la lumière qui éclaire les vrais Francs Maçons.