De la morale naturelle/Introduction

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chez Volland, Gattey, Bailly (p. Introduction-xii).


INTRODUCTION.



Entraîné sans cesse par le tourbillon des préjugés, des goûts, des opinions, de toutes les vaines disputes de la société, je cherche à retrouver le guide naturel de mes sentimens.

Nos actions sont réglées, ou par les besoins mêmes de la nature, ou par les usages de la société, ou par les lois positives du gouvernement sous lequel nous vivons, quelques-unes encore par certaines coutumes religieuses qui ont reçu de l’autorité du gouvernement une sanction plus ou moins précise.

Il n’y a qu’à supposer un moment que ces usages, ces lois, ces coutumes n’ont jamais existé ; on ne tardera pas à s’apercevoir qu’indépendamment de ces règles d’institution divine ou humaine, il existe des rapports antérieurs qui ont rendu l’établissement de ces règles utile ou nécessaire. Ce sont ces rapports dont je voudrais retrouver la trace première ; ce sont ces principes dont je voudrais me faire l’idée la plus simple et la plus pure.

En me recueillant dans l’intérieur de ma pensée, je m’aperçois que ce qui détermine toutes mes actions, ce sont, ou des impressions purement physiques et presque involontaires, ou un premier sentiment qui ne l’est guère moins, ou le souvenir d’une suite de réflexions auxquelles l’expérience et l’habitude ont donné une assez grande énergie.