De la sagesse/Livre I/Chapitre XIV

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Texte établi par Amaury Duval, Rapilly (tome 1p. 101-114).
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CHAPITRE XIV [1].

De la faculté intellective et vrayement humaine.


Sommaire. — Le cerveau est le siège et l’instrument de la faculté intellective. L’ame raisonnable est organique. Du tempérament du cerveau dépendent les facultés de l’ame. II n’y a que trois tempéramens, et trois sortes d’entendemens. Propriétés des facultés de l’ame, et leur ordre. Leur comparaison en dignité. Image des trois facultés de l’ame. Son action èt son moyen d’agir par le ministère des sens.

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DEUX choses sont à dire avant tout autre discours, son siege ou instrument, et son action. Le siege de l'ame raisonnable, ubi sedet pro tribunali [2], est le cerveau et non pas le cœur, comme, avant Platon et Hippocrates, l’on avoit communément pensé ; car le cœur a sentiment, mouvement, n’est capable de sapience. Or le cerveau, qui est beaucoup plus grand en l’homme, qu’à tous autres animaux, pour estre bien faict et disposé, afin que l'ame raisonnable agisse bien, doibt approcher de la forme d’un navire, et n’estre point rond, ny par trop grand, ou par trop petit, bien que le plus grand soit moins vitieux, estre composé de substances et de parties subtiles, delicates et deliées, bien joinctes et unies sans separation ny entre-deux, ayant quatre petits creux ou ventres, dont les trois sont au milieu, rangés de front et collateraux entre eux, et derriere eux, tirant au derriere de la teste, le quatriesme seul, auquel se faict la preparation et conjonction des esprits vitaux, pour estre puis faicts animaux, et portés aux trois creux de devant, ausquels l'ame raisonnable faict et exerce ses facultés, qui sont trois, entendement, memoire, imagination, lesquelles ne s’exercent point separement et distinctement, chascune en chascun creux ou ventre, comme aucuns ont vulgairement pensé, mais communément et par ensemble toutes trois en tous trois, et en chascun d’eux, à la façon des sens externes qui sont doubles, et ont deux creux, en chascun desquels le sens s’exerce tout entier. D’où vient que celuy qui est blessé en l’un ou deux de ces trois ventres, comme le paralytique, ne laisse pas d’exercer toutes les trois, bien que plus foiblement, ce qu’il rie feroit si chascune faculté avoit son creux à part.

Aucuns ont pensé que l’ame raisonnable n’estoit point organique, et n’avoit besoing, pour faire ses fonctions, d’aucun instrument corporel, pensant par là bien prouver l’immortalité de l’ame : mais sans entrer en un labyrinthe de discours, l’experience oculaire et ordinaire dement cette opinion, et convainq du contraire ; car l’on sçait que tous hommes n’entendent ny ne raisonnent de mesme et egalement, ains avec très grande diversité ; et un mesme homme aussi change, et en un temps raisonne mieux qu’en un autre, en un aage, en un estat et certaine disposition, qu’en un autre, tel mieux en santé qu’en maladie, et tel autre mieux en maladie qu’en santé : un mesme en un temps prevaudra en jugement, et sera foible en imagination. D’où peuvent venir ces diversités et changemens, sinon de l’organe et instrument, changeant d’estat ? et d’où vient que l’yvrognerie, la morsure du chien enragé, une fievre ardente, un coup en la teste, une fumée montant de l’estomach, et autres accidens, feront culbuter et renverseront entièrement le jugement, tout l’esprit intellectuel et toute la sagesse de Grece, voyre contraindront l’ame de desloger du corps ? Ces accidens purement corporels ne peuvent toucher n’y arriver à cette haute faculté spirituelle de l’ame raisonnable, mais seulement aux organes et instrumens, lesquels estant detraqués et desbauchés, l’ame ne peust bien et reiglement agir, et estant par trop forcée et violentée, est contraincte de s’absenter et de s’en aller. Au reste, se servir d’instrument ne prejudicie point à l’immortalité ; car Dieu s’en sert bien, et y accommode ses actions. Et comme selon la diversité de l’air, région et climat, Dieu produict les hommes fort divers en esprit et suffisance naturelle, car en Grece et en Italie il les produict bien plus ingenieux qu’en Moscovie et Tartarie : aussi l’esprit, selon la diversité les dispositions organiques, des instrumens corporels, raisonne mieux ou moins. Or l’instrument de l’ame raisonnable, c’est le cerveau et le temperament d’iceluy, duquel nous avons à parler.

Temperament est la mixtion et proportion des quatre premières qualités, chaud, froid, sec et humide ; ou bien une cinquiesme resultante, comme l’harmonie de ces quatre. Or, du temperament du cerveau vient et depend tout l’estat et l’action de l’ame raisonnable ; mais ce qui cause et apporte une grande misere à l’homme, est que les trois facultés de l’ame raisonnable, entendement, memoire, imagination, requierent et s’exercent par temperamens contraires. Le temperament qui sert et est propre à l’entendement est sec, d’où vient que les advancés en aage prevalent en entendement par dessus les jeunes, d’autant que le cerveau s’essuye et s’asseche tousjours plus ; aussi les melancholiques secs, les affligés, indigens, et qui sont à jeun (car la tristesse et le jeusne desseche), sont prudens et ingenieux, splendor siccus ; animus sapientissimus... Vexatio dat intellectum [3] ; et les bestes du temperament plus sec, comme fourmis, abeilles, elephans, sont prudentes et ingenieuses ; comme les humides, tesmoin le pourceau, sont stupides, sans esprit ; et les meridionaux, secs et modérés en chaleur interne du cerveau, à cause du violent chaud externe.

Le temperament de la memoire est humide, d’où vient que les enfans l’ont meilleure que les vieillards, et le matin après l’humidité acquise par le dormir de la nuict, plus propre à la memoire, laquelle est aussi plus vigoureuse aux Septentrionaux : j’entends ici une humidité non aqueuse, coulante en laquelle ne se puisse tenir aucune impression, mais aërée, gluante, grasse et huileuse, qui facilement reçoit et retient fort, comme se voyt aux peinctures faictes en huile : le tempérament de l’imagination est chaud, d’où vient que les frenetiques, maniacles et malades de maladies ardentes, sont excellens en ce qui est de l’imagination, poësie, divination, et qu’elle est forte en la jeunesse et adolescence (les poëtes et prophetes ont fleuri en cet aage), et aux lieux metoyens [4], entre Septentrion et Midy.

De la diversité des temperamens, il advient qu’on peust estre mediocre en toutes les trois facultés, mais non pas excellent, et que qui est excellent, en l’une des trois, est foible ès autres. Que les temperamens de la memoire et l’entendement soient fort differens et contraires, cela est clair, comme le sec et l’humide, de l’imagination ; qu’il soit contraire aux autres, il ne le semble pas tant, car la chaleur n’est pas incompatible avec le sec et l’humide, et toutesfois l’experience monstre que les excellens en l’imagination sont malades en l’entendement et memoire, et tenus pour fous et furieux : mais cela vient que la chaleur grande qui sert l’imagination, consomme et l’humidité qui sert à la memoire, et la subtilité des esprits et figures, qui doit estre en la secheresse qui sert à l’entendement, et ainsi est contraire et destruit les deux autres.

De tout cecy il est evident qu’il n’y a que trois principaux temperamens, qui servent et fassent agir l’ame raisonnable, et distinguent les esprits ; sçavoir le chaud, le sec et l’humide. Le froid ne vaut à rien, n’est point actif, et ne sert qu’à empescher tous les mouvemens et fonctions de l’ame : et quand il se lit souvent aux autheurs que le froid sert à l’entendement, que les froids de cerveau, comme les melancholiques et les meridionaux, sont prudens, sages, ingenieux, là le froid se prend non simplement, mais pour une grande moderation de chaleur. Car il n’y a rien plus contraire à l’entendement et sagesse, que la grande chaleur, laquelle au contraire sert à l’imagination ; et selon les trois temperamens, il y a trois facultés de l’ame raisonnable : mais comme les temperamens, aussi les facultés reçoivent divers degrés, subdivisions et distinctions.

Il y a trois principaux offices et differences d’entendement, inferer, distinguer, eslir. Les sciences qui appartiennent à l’entendement sont la theologie scholastique, la theorique de medecine, la dialectique, la philosophie naturelle et morale. Il y a trois sortes de differences de memoire, recevoir et perdre facilement les figures, recevoir facilement et difficilement perdre : difficilement recevoir et facilement perdre. Les sciences de la memoire sont la grammaire, theorique de jurisprudence et theologie positive, cosmographie, arithmetique. De l’imagination y a plusieurs differences, et en beaucoup plus grand nombre que de la memoire et de l’entendement : à elle appartiennent proprement les inventions, les faceties et brocards, les poinctes et subtilités, les fictions et mensonges, les figures et comparaisons, la propriété, netteté, elegance, gentillesse. Parquoy appartiennent a elle la poësie, l’eloquence, musique, et generalement tout ce qui consiste en figure, correspondance, harmonie et proportion.

De toute cecy appert que la vivacité, subtilité, promptitude, et ce que le commun appelle esprit, est à l’imagination chaude ; la solidité, maturité, verité, est à l’entendement sec : l’imagination est active, bruyante ; c’est elle qui remuë tout, et met tous les autres en besongne : l’entendement est morne et sombre : la memoire est purement passive, et voicy comment. L’imagination, premierement, recueille les especes et figures des choses tant presentes, par le service des cinq sens, qu’absentes, par le benefice du sens commun ; puis les represente, si elle veust ; à l’entendement, qui les considere, examine, cuit et juge ; puis elle-mesme les met en depost et conserve en la memoire, comme l’escrivain au papier, pour de rechef, quand besoing sera, les tirer et extraire (ce que l'on appelle réminiscence) ; ou bien si elle veust les recommande à la memoire avant les presenter à l’entendement. Parquoy recueillir, representer à l’entendement, mettre en la memoire, et les extraire, sont tous œuvres de l’imagination ; et ainsi à elle se rapportent le sens commun, la phantasie, la reminiscence, et ne sont puissances separées d’elle, comme aucuns veulent, pour faire plus de trois facultés de l’ame raisonnable. Le vulgaire, qui ne juge jamais bien, estime et faict plus de feste de la memoire que des deux autres, pource qu’elle en conte fort, a plus de monstre, et faict plus de bruit en public. Et pense-t-il que pour avoir bonne memoire l’on est fort savant, et estime plus la science que la sagesse ? c’est toutesfois la moindre des trois, qui peust estre avec la folie et l’impertinence. Mais très rarement elle excelle avec l’entendement et sagesse, car leurs temperamens sont contraires. De cette erreur populaire est venue la mauvaise instruction de la jeunesse qui se voyt par tout [5] : ils sont tousjours après pour lui faire apprendre par cueur (ainsi parlent-ils) ce que les livres disent, affin de les pouvoir alleguer, et à lui remplir et charger la memoire du bien d’autruy, et ne se soucient de lui resveiller et aiguiser l’entendement, et former le jugement pour lui faire valoir son propre bien et ses facultés naturelles, pour le faire sage et habile à toutes choses. Aussi voyons-nous que les plus sçavants qui ont tout Aristote et Ciceron en la teste, sont les plus sots et les plus ineptes aux affaires ; et que le monde est mené et gouverné par ceux qui n’en sçavent rien. Par l’advis de tous les sages, l’entendement est le premier, la plus excellente et la principale piece du harnois : si elle joue bien, tout va bien, et l’homme est sage ; et au rebours, si elle se mesconte, tout va de travers : en second lieu est l’imagination ; la memoire est la dernière.

Toutes ces differences s’entendront, peut-estre, encores mieux par cette similitude, qui est une peincture ou imitation de l’ame raisonnable. En toute cour de justice y a trois ordres et estages : le plus haut, des juges, auquel y a peu de bruit, mais grande action ; car sans s’esmouvoir et agiter, ils jugent, decident, ordonnent, determinent de toutes choses, c’est l’image du jugement, plus haute partie de l’ame : le second, des advocats et procureurs, auquel y a grande agitation et bruit sans action ; car ils ne peuvent rien vuider, ni ordonner, seulement secouer les affaires, c’est la peincture de l’imagination, faculté remuante, inquiette, qui ne s’arreste jamais, non pas pour le dormir profond, et faict un bruit au cerveau comme un pot qui bout, mais qui ne résout et n’arreste rien. Le troisiesme et dernier estage est du greffe et registre de la cour, où n’y a bruit ny action ; c’est une pure passion, un gardoir ët réservoir de toutes choses, qui représente bien la memoire.

Son action est la cognoissance et l’intelligence de toutes choses : l’esprit humain est capable d’entendre toutes choses visibles, invisibles, universelles, particulieres, sensibles, insensibles. Intellectus est omnia[6]. Mais soi-mesme, ou point selon aucuns (tesmoin une si grande et presqu’infinie diversité d’opinions d’iceluy, comme s’est veu cy-dessus, des doubtes et objections qui croissent tous les jours) ou bien sombrement, imparfaictement et indirectement par reflexion de la cognoissance des choses à soi-mesme, par laquelle il sent et cognoist qu’il entend, et a puissance et faculté d’entendre, c’est la maniere que les esprits se cognoissent. Le premier souverain esprit, Dieu, se cognoist premier, et puis en soy toutes choses ; le dernier humain tout au rebours, toutes autres choses plustost que soy, et en icelles, comme l’œil en un miroir : comment pourroit-il agir en soy sans moyen et en droit te ligne ?

Mais la question est du moyen par lequel il cognoist et entend les choses. La plus commune opinion venue d’Aristote, est que l’esprit cognoist et entend par le ministere des sens, que de soy il est comme une carte blanche et vuide, qu’il ne luy arrive rien qui ne soit passé par les sens, nil est in intellectu, quod non fuerit in sensu [7]. Mais elle est premièrement fausse ; car, comme tous les sages ont dict, ainsi qu’il a esté touché cy-dessus, et renvoyé en ce lieu, les semences de toutes sciences et vertus sont naturellement esparses et insinuées en nos esprits, dont ils peuvent vivre riches et joyeux de leur propre ; et pour peu qu’ils soyent cultivés, ils foisonnent et abondent fort. Puis elle est injurieuse à Dieu et à nature ; car c’est rendre l’ame raisonnable de pire condition que toute autre chose, que la vegetative et sensitive, qui s’exercent d’elles-mesmes, et sont sçavantes à faire leurs fonctions, comme a esté dict. Que les bestes lesquelles sans discipline des sens cognoissent plusieurs choses, les universels par les particuliers, par l’aspect d’un homme cognoissent tous hommes, sont advisés à éviter les dangers et choses invisibles, et poursuivre ce qui leur est convenable pour eux et leurs petits : et seroit chose honteuse et absurde que cette faculté si haute et divine questast et mendiast son bien de choses si viles et caduques, comme sont les sens : et puis enfin que peust l’intellect apprendre des sens, lesquels n’aperçoivent que les simples accidens ; car les formes, natures, essences des choses nullement, moins encores les choses universelles, les secrets de nature, et toutes choses insensibles : et si l’ame estoit sçavante par l’ayde des sens, il s’ensuivroit que ceux qui ont les sens plus entiers et plus vifs, seroient plus ingenieux et plus sçavants, et se voyt le contraire souvent, qu’ils ont l’esprit plus lourd et sont plus mal habiles, et se sont plusieurs privés à escient de l’usage d’iceux, affin que l’ame fist mieux et plus librement ses affaires. Que si l’on dict que l’ame estant sçavante par nature, et sans les sens, tous les hommes seroient sçavants, et tousjours entendroient et raisonneroient de mesme. Or est-il qu’il y en a tant de stupides, et que les entendus font plus foiblement leurs fonctions en un temps qu’en l’autre. L’ame vegetative est bien plus vigoureuse en la jeunesse, jusques à refaire les dents tombées, qu’en la vieillesse et au rebours l’ame raisonnable agist plus foiblement en la jeunesse qu’en la vieillesse, et en certain estat de santé ou maladie qu’en autre. Mais c’est mal argumenté ; car, quant au premier, on dict que la faculté et vertu d’entendre n’est pas donnée pareille à tous, ains avecques grande inequalité, dont est venu ce dire ancien et noble en la bouche des sages, que l’intellect agent est donné à fort peu, et cette inequalité prouve que la science ne vient des sens ; car, comme a esté dict, les plus avantagés aux sens, sont souvent les plus desavantagés en science. Quant au second, que l’on ne faict ses fonctions tousjours de mesme, il vient de ce que les instruments, desquels l’ame a besoing pour agir, ne peuvent pas tousjours estre disposés comme il faut ; et s’ils le sont pour une sorte de facultés et fonctions, ne le sont pour les autres. Le temperament du cerveau par lequel l’ame agist est divers et changeant, estant chaud et humide : en la jeunesse est bon pour la vegetative, et mal pour la rai-rai rai-sonnable ; et au contraire froid et sec en la vieillesse, est bon pour la raisonnable, mal pour la vegetative. Par maladie ardente, le cerveau fort eschauffé et subtilisé, est propre à l’invention et divination, mais impropre à maturité et solidité de jugement et sagesse. Pour tout cela nous ne voulons pas dire que l’esprit ne tire un grand service des sens, et mesmement au commencement, en la descouverte et invention des choses : mais nous disons, pour defendre l’honneur de l’esprit, qu’il est faux qu’il depende des sens, et ne puisse rien sçavoir, entendre, raisonner, discourir sans les sens ; car au rebours toute cognoissance vient de luy, et les sens ne peuvent rien sans luy.

Au reste, l’esprit procede diversement et par ordre pour entendre : il entend du premier coup tout simplement et directement ; sçavoir, un lion, puis par conjonction qu’il est fort ; car voyant par les effects de la force au lion, il conclud qu’il est fort par division ou negative : il entend que le lievre est craintif ; car le voyant fuyr et se cacher, il conclud que le lievre n’est pas fort, parquoy il est peureux. Il cognoist aucuns par similitude, d’autres par un recueil de plusieurs.

  1. Ce chapitre n'est point dans la première édition.
  2. « Où elle siège comme sur un tribunal ».
  3. « Tempérament sec, esprit très-sage... Les abstinences et austérités donnent de l’intelligence ». — Je traduis ici plutôt d’après ce qui précède, que d’après le sens littéral des paroles.
  4. Mitoyens.
  5. Voyez ci-après, I. III, chap. 14.
  6. « L’intelligence est tout », c’est-à-dire, comprend tout, s’étend à tout.
  7. « Il n’y a rien dans intellect ( l’esprit ), qui n’y soit arrivé par les sens. — Cette importante opinion d’Aristote, qui ne paraît pas avoir prévu toutes les conséquences qu’on en pouvait tirer, est devenu la base de tous les systèmes modernes d’idéologie. »