De profundis (Jean-Marc Bernard)

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De profundis
Le Divan (p. 56-57).


DE PROFUNDIS


Du plus profond de la tranchée,
Nous élevons les mains vers vous,
Seigneur : Ayez pitié de nous
Et de notre âme desséchée !

Car plus encor que notre chair,
Notre âme est lasse et sans courage.
Sur nous s’est abattu l’orage
Des eaux, de la flamme et du fer.

Vous nous voyez couverts de boue,
Déchirés, hâves et rendus…
Mais nos cœurs, les avez-vous vus ?
Et faut-il, mon Dieu, qu’on l’avoue ?


Nous sommes si privés d’espoir,
La paix est toujours si lointaine,
Que parfois nous savons à peine
Où se trouve notre devoir.

Éclairez-nous dans ce marasme,
Réconfortez-nous et chassez
L’angoisse des cœurs harassés ;
Ah ! rendez-nous l’enthousiasme !

Mais aux morts, qui tous ont été
Couchés dans la glaise ou le sable,
Donnez le repos ineffable,
Seigneur ! ils l’ont bien mérité !