Dernier carnet de route au Soudan français - La fin de la mission Klobb/21

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I. Notice biographique.

I

NOTICE BIOGRAPHIQUE




M. le Lieutenant-Colonel Klobb



En sortant de l’École d’application de Fontainebleau, Klobb vint servir à Cherbourg. Il avait vingt-quatre ans, était d’un blond tirant sur le blanc ; moustache rare, mince et de manières élégantes et distinguées ; froid et réservé ; d’une correction parfaite sous tous les rapports. Il fut universellement apprécié et estimé de ses camarades et de ses chefs, car il était de relations franches et sûres, et il montrait déjà qu’il serait l’officier de devoir et d’honneur qu’il a été pendant toute sa carrière militaire, trop courte, hélas !

Il fit un premier séjour aux colonies, à la Guyane, de 1884 à 1886.

En 1888, sur sa demande, il accompagna le commandant Archinard au Soudan, qui s’appelait alors le Haut-Fleuve. Nommé directeur d’artillerie à Kayes, il s’occupa de la construction du chemin de fer et de l’édification de plusieurs bâtiments militaires ; son activité et son savoir-faire lui valurent, en 1889, la croix de la Légion d’honneur.

On peut dire que, depuis cette époque, il ne cessa de servir au Soudan, où il remplit pendant plusieurs années les délicates fonctions de chef d’état-major. À la prise de Diena, alors que les officiers d’infanterie étaient presque tous hors de combat, il prit le commandement en personne et dirigea la lutte dans le village qui fut enlevé de vive force ; il fut, dans cette affaire, dangereusement blessé à la tête. Nommé chef d’escadron le 1er  septembre 1892, il fut promu officier de la Légion d’honneur le 30 août 1894.

En août 1896, il représenta la France à l’inauguration du chemin de fer de Stanley-Pool, au Congo belge, et, à la suite de cette mission, il rédigea, sur les moyens de pénétration dans l’Oubanghi, un rapport qui lui valut des félicitations ministérielles.

Reparti pour le Soudan en 1897, il prit le commandement du Sahel, puis celui de la région Nord, à Tombouctou, et fut nommé Lieutenant-Colonel. Au cours de ce dernier commandement, il infligea de sérieux échecs aux Touaregs et fut chargé de diriger la mission Voulet-Chanoine le long du Niger, afin de lui éviter toute difficulté. Ce devoir accompli et son séjour colonial étant achevé, il effectuait son retour en France lorsqu’il fut arrêté à Kayes et chargé de prendre le commandement de cette même mission qu’il venait d’accompagner. On sait le reste et comment il périt, victime du devoir militaire, sous les coups d’un subordonné en rébellion.

Selon son formel désir, ses restes ne furent pas rapportés du Soudan.

Sous la pieuse garde des Pères Blancs, il repose dans le petit cimetière de Tombouctou, dont, avec une mystérieuse prescience, il parle dans son journal, précisément quelques mois avant sa mort.