Des airs, des eaux et des lieux

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Des airs, des eaux et des lieux
Traduction de Ch. V. Daremberg (1844)


ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΥΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ DES AIRS, DES EAUX ET DES LIEUX
1

Ἰητρικὴν ὅστις βούλεται ὀρθῶς ζητέειν, τάδε χρὴ ποιέειν· πρῶτον μὲν ἐνθυμέεσθαι τὰς ὥρας τοῦ ἔτεος, ὅ τι δύναται ἀπεργάζεσθαι ἑκάστη· οὐ γὰρ ἐοίκασιν οὐδὲν, ἀλλὰ πουλὺ διαφέρουσιν αὐταί τε ἑωυτέων καὶ ἐν τῇσι μεταβολῇσιν· ἔπειτα δὲ τὰ πνεύματα τὰ θερμά τε καὶ τὰ ψυχρά· μάλιστα μὲν τὰ κοινὰ πᾶσιν ἀνθρώποισιν, ἔπειτα δὲ καὶ τὰ ἐν ἑκάστῃ χώρῃ ἐπιχώρια ἐόντα. Δεῖ δὲ καὶ τῶν ὑδάτων ἐνθυμέεσθαι τὰς δυνάμιας· ὥσπερ γὰρ ἐν τῷ στόματι διαφέρουσι καὶ ἐν τῷ σταθμῷ, οὕτω καὶ ἡ δύναμις διαφέρει πουλὺ ἑκάστου. Ὥστε, ἐς πόλιν ἐπειδὰν ἀφίκηταί τις ἧς ἄπειρός ἐστι, διαφροντίσαι χρὴ τὴν θέσιν αὐτέης, ὅκως κέεται καὶ πρὸς τὰ πνεύματα καὶ πρὸς τὰς ἀνατολὰς τοῦ ἡλίου· οὐ γὰρ τωὐτὸ δύναται ἥτις πρὸς βορέην κέεται, καὶ ἥτις πρὸς νότον, οὐδ’ ἥτις πρὸς ἥλιον ἀνίσχοντα, οὐδ’ ἥτις πρὸς δύνοντα. Ταῦτα δὲ ἐνθυμέεσθαι ὡς κάλλιστα· καὶ τῶν ὑδάτων πέρι ὡς ἔχουσι, καὶ πότερον ἑλώδεσι χρέονται καὶ μαλακοῖσιν, ἢ σκληροῖσί τε καὶ ἐκ μετεώρων καὶ ἐκ πετρωδέων, εἴτε ἁλυκοῖσι καὶ ἀτεράμνοισιν· καὶ τὴν γῆν, πότερον ψιλή τε καὶ ἄνυδρος, ἢ δασεῖα καὶ ἔφυδρος, καὶ εἴτε ἐν κοίλῳ ἐστὶ καὶ πνιγηρὴ, εἴτε μετέωρος καὶ ψυχρή· καὶ τὴν δίαιταν τῶν ἀνθρώπων, ὁκοίῃ ἥδονται, πότερον φιλοπόται καὶ ἀριστηταὶ καὶ ἀταλαίπωροι, ἢ φιλογυμνασταί τε καὶ φιλόπονοι, καὶ ἐδωδοὶ καὶ ἄποτοι.

1

Celui qui veut s’appliquer convenablement à la médecine doit faire ce qui suit : considérer, premièrement, par rapport aux saisons de l’année les effets que chacune d’elles peut produire, car elles ne se ressemblent pas, mais elles diffèrent les unes des autres, et [chacune en particulier diffère beaucoup d’elle-même] dans ses vicissitudes ; en second lieu, les vents chauds et les vents froids, surtout ceux qui sont communs à tous les pays ; ensuite ceux qui sont propres à chaque contrée. Il doit également considérer les qualités des eaux, car, autant elles diffèrent par leur saveur et par leur poids, autant elles diffèrent par leurs propriétés. Ainsi, lorsqu’un médecin arrive dans une ville dont il n’a pas encore l’expérience, il doit examiner sa position et ses rapports avec les vents et avec le lever du soleil ; car celle qui est exposée au nord, celle qui l’est au midi, celle qui l’est au levant, celle qui l’est au couchant, n’exercent pas la même influence. II considérera très bien toutes ces choses, s’enquerra de la nature des eaux, saura si celles dont on fait usage sont marécageuses et molles, ou dures et sortant de l’intérieur des terres et de rochers, ou si elles sont salines et réfractaires. Il examinera si le sol est nu et sec, ou boisé et humide ; s’il est enfoncé et brûlé par des chaleurs étouffantes, ou s’il est élevé et froid. Enfin il connaîtra le genre de vie auquel les habitants se plaisent davantage, et saura s’ils sont amis du vin, grands mangeurs et paresseux, ou s’ils sont amis de la fatigue et des exercices gymnastiques, mangeant beaucoup et buvant peu.

2

Καὶ ἀπὸ τουτέων χρὴ ἐνθυμέεσθαι ἕκαστα. Εἰ γὰρ ταῦτα εἰδείη τις καλῶς, μάλιστα μὲν πάντα, εἰ δὲ μὴ, τά γε πλεῖστα, οὐκ ἂν αὐτὸν λανθάνοι ἐς πόλιν ἀφικνεόμενον, ἧς ἂν ἄπειρος ᾖ, οὔτε νουσήματα ἐπιχώρια, οὔτε τῶν κοινῶν ἡ φύσις ὁκοίη τίς ἐστιν· ὥστε μὴ ἀπορέεσθαι ἐν τῇ θεραπείῃ τῶν νούσων, μηδὲ διαμαρτάνειν, ἃ εἰκός ἐστι γίγνεσθαι, ἢν μή τις ταῦτα πρότερον εἰδὼς προφροντίσῃ. Περὶ ἑκάστου δὲ, χρόνου προϊόντος καὶ τοῦ ἐνιαυτοῦ, λέγοι ἂν ὁκόσα τε νουσήματα μέλλει πάγκοινα τὴν πόλιν κατασχήσειν ἢ θέρεος ἢ χειμῶνος, ὁκόσα τε ἴδια ἑκάστῳ κίνδυνος γίγνεσθαι ἐκ μεταβολῆς τῆς διαίτης. Εἰδὼς γὰρ τῶν ὡρέων τὰς μεταβολὰς καὶ τῶν ἄστρων ἐπιτολάς τε καὶ δύσιας, καθότι ἕκαστον τουτέων γίγνεται, προειδείη ἂν τὸ ἔτος ὁκοῖόν τι μέλλει γίγνεσθαι. Οὕτως ἄν τις ἐρευνώμενος καὶ προγιγνώσκων τοὺς καιροὺς, μάλιστ’ ἂν εἰδείη περὶ ἑκάστου, καὶ τὰ πλεῖστα τυγχάνοι τῆς ὑγιείης, καὶ κατ’ ὀρθὸν φέροιτο οὐκ ἐλάχιστα ἐν τῇ τέχνῃ. Εἰ δὲ δοκέοι τις ταῦτα μετεωρολόγα εἶναι, εἰ μετασταίη τῆς γνώμης, μάθοι ἂν ὅτι οὐκ ἐλάχιστον μέρος ξυμβάλλεται ἀστρονομίη ἐς ἰητρικὴν, ἀλλὰ πάνυ πλεῖστον. Ἅμα γὰρ τῇσιν ὥρῃσι καὶ αἱ κοιλίαι μεταβάλλουσι τοῖσιν ἀνθρώποισιν.

2

C’est de semblables observations qu’il faut partir pour juger chaque chose. En effet, un médecin qui sera bien éclairé sur ces circonstances, et principalement celui qui le sera sur toutes, ou du moins sur la plupart, en arrivant dans une ville dont il n’a pas encore l’expérience, ne méconnaîtra ni les maladies particulières à la localité (maladies endémiques), ni la nature de celles qui sont communes à tous, ne sera point embarrassé dans leur traitement, et ne tombera point dans les fautes qu’on doit vraisemblablement commettre si l’on n’a pas d’avance approfondi tous ces points. Pour chaque saison qui s’avance et pour l’année, il pourra prédire et les maladies communes à tous (générales) qui doivent affliger la ville en été ou en hiver, et celles dont chacun en particulier est menacé s’il fait des écarts de régime. Connaissant les vicissitudes des saisons, le lever et le coucher des astres, et la manière dont tous ces phénomènes se passent, il pourra prévoir ce que sera l’année. Après de telles investigations et avec la prévision des temps, il sera bien préparé pour chaque cas particulier, connaîtra les moyens les plus propres à rétablir la santé, et n’obtiendra pas un médiocre succès dans l’exercice de son art. Si quelqu’un regardait ces connaissances comme appartenant à la météorologie, pour peu qu’il veuille suspendre son opinion, il se convaincra que l’astronomie n’est pas d’une très mince utilité pour la médecine, mais qu’elle lui est au contraire d’un très grand secours. En effet, chez les hommes, l’état des cavités change avec les saisons.

3

Ὅκως δὲ χρὴ ἕκαστα τῶν προειρημένων σκοπέειν καὶ βασανίζειν, ἐγὼ φράσω σαφέως. Ἥτις μὲν πόλις πρὸς τὰ πνεύματα κέεται τὰ θερμά· ταῦτα δ’ ἔσται μεταξὺ τῆς τε χειμερινῆς ἀνατολῆς τοῦ ἡλίου καὶ τῶν δυσμέων τῶν χειμερινῶν· καὶ αὐτέῃ ταῦτα τὰ πνεύματά ἐστι ξύννομα, τῶν δὲ ἀπὸ τῶν ἄρκτων πνευμάτων σκέπη· ἐν ταύτῃ τῇ πόλει ἐστὶ τά τε ὕδατα πολλὰ καὶ ὕφαλα, καὶ ἀνάγκη εἶναι μετέωρα, τοῦ μὲν θέρεος θερμὰ, τοῦ δὲ χειμῶνος ψυχρά· τούς τε ἀνθρώπους τὰς κεφαλὰς ὑγρὰς ἔχειν καὶ φλεγματώδεας, τάς τε κοιλίας αὐτέων πυκνὰ ἐκταράσσεσθαι, ἀπὸ τῆς κεφαλῆς τοῦ φλέγματος ἐπικαταῤῥέοντος· τά τε εἴδεα ἐπὶ τὸ πλῆθος αὐτέων ἀτονώτερα εἶναι· ἐσθίειν δ’ οὐκ ἀγαθοὺς εἶναι οὐδὲ πίνειν· ὁκόσοι μὲν γὰρ κεφαλὰς ἀσθενέας ἔχουσιν, οὐκ ἂν εἴησαν ἀγαθοὶ πίνειν· ἡ γὰρ κραιπάλη μᾶλλον πιέζει· νουσήματά τε τάδε ἐπιχώρια εἶναι· πρῶτον μὲν τὰς γυναῖκας νοσερὰς καὶ ῥοώδεας εἶναι· ἔπειτα πολλὰς ἀτόκους ὑπὸ νούσου, καὶ οὐ φύσει, ἐκτιτρώσκεσθαι τε πυκνά· τοῖσί τε παιδίοισιν ἐπιπίπτειν σπασμοὺς καὶ ἄσθματα ἃ νομίζουσι τὸ παιδίον ποιέειν, καὶ ἱερὴν νοῦσον εἶναι· τοῖσι δὲ ἀνδράσι δυσεντερίας καὶ διαῤῥοίας καὶ ἠπιάλους καὶ πυρετοὺς πολυχρονίους χειμερινοὺς καὶ ἐπινυκτίδας πολλὰς καὶ αἱμοῤῥοΐδας ἐν τῇ ἕδρῃ. Πλευρίτιδες δὲ καὶ περιπλευμονίαι καὶ καῦσοι καὶ ὁκόσα ὀξέα νουσήματα νομίζονται, οὐκ ἐγγίγνονται πολλά· οὐ γὰρ οἷόν τε, ὅκου ἂν κοιλίαι ὑγραὶ ἔωσι, τὰς νούσους ταύτας ἰσχύειν. Ὀφθαλμίαι τε ἐγγίγνονται ὑγραὶ, καὶ οὐ χαλεπαὶ, ὀλιγοχρόνιοι, ἢν μή τι κατάσχῃ νούσημα πάγκοινον ἐκ μεταβολῆς. Καὶ ὁκόταν τὰ πεντήκοντα ἔτεα ὑπερβάλλωσι, κατάῤῥοοι ἐπιγενόμενοι ἐκ τοῦ ἐγκεφάλου παραπληκτικοὺς ποιέουσι τοὺς ἀνθρώπους, ὁκόταν ἐξαίφνης ἡλιωθέωσι τὴν κεφαλὴν, ἢ ῥιγώσωσιν. Ταῦτα μὲν τὰ νουσήματα αὐτέοισιν ἐπιχώριά ἐστιν· χωρὶς δὲ, ἤν τι πάγκοινον κατάσχῃ νούσημα ἐκ μεταβολῆς τῶν ὡρέων, καὶ τουτέου μετέχουσιν.

3

Je vais exposer clairement la manière d’observer et de vérifier chacune des choses dont je viens de parler. Supposons une ville exposée aux vents chauds (ceux qui soufflent entre le lever d’hiver du soleil et le coucher d’hiver), ouverte à ces vents et abritée contre ceux du nord ; les eaux y sont abondantes, mais salines, peu profondes et nécessairement chaudes en été, et froides en hiver. [Ces eaux étant nuisibles à l’homme, elles causent un grand nombre de maladies.] Les habitants ont la tête humide et phlegmatique, et le ventre souvent troublé par le phlegme qui descend de la tête. Chez la plupart, les formes extérieures ont une apparence d’atonie. Ils ne sont capables ni de bien manger ni de bien boire. Tout homme qui a la tête faible ne saurait supporter le vin, car il est plus que d’autres exposé aux accidents que l’ivresse développe du côté de la tête. [Les habitants d’une telle ville ne sauraient vivre longtemps.] Voici maintenant quelles sont les maladies endémiques : les femmes sont valétudinaires et sujettes aux écoulements ; beaucoup sont stériles par mauvaise santé plutôt que par nature ; elles avortent fréquemment. Les enfants sont attaqués de convulsions, d’asthmes auxquels on attribue la production du mal des enfants (de l’épilepsie), qui passe pour une maladie sacrée. Les hommes sont sujets aux dysenteries, aux diarrhées, aux épiales, à de longues fièvres hibernales, aux épinyctides, aux hémorroïdes. Les pleurésies, les péripneumonies, les causas et toutes les maladies réputées aiguës ne sont pas fréquentes, car il n’est pas possible que ces maladies sévissent là où les cavités sont humides. Il y a des ophtalmies humides qui ne sont ni longues ni dangereuses, à moins qu’il ne règne quelque maladie générale, par suite de vicissitudes des saisons. Lorsque les hommes ont passé cinquante ans, ils sont sujets à des catarrhes qui viennent de l’encéphale et qui les rendent paraplectiques, lorsqu’ils ont été subitement frappés sur la tête par un soleil ardent ou par un froid rigoureux. Telles sont les maladies endémiques pour les habitants de ces localités ; et s’il règne en outre quelque maladie générale dépendante des vicissitudes des saisons, ils y participent également.

4

Ὁκόσαι δ’ ἀντικέονται τουτέων πρὸς τὰ πνεύματα τὰ ψυχρὰ, μεταξὺ τῶν δυσμέων τῶν θερινῶν τοῦ ἡλίου καὶ τῆς ἀνατολῆς τῆς θερινῆς, καὶ αὐτέῃσι ταῦτα τὰ πνεύματα ἐπιχώριά ἐστιν, τοῦ δὲ νότου καὶ τῶν θερμῶν πνευμάτων σκέπη, ὧδε ἔχει περὶ τῶν πολίων τουτέων. Πρῶτον μὲν τὰ ὕδατα σκληρά τε καὶ ψυχρὰ ὡς ἐπὶ τὸ πλῆθος ἐγγίγνεται. Τοὺς δὲ ἀνθρώπους ἐντόνους τε καὶ σκελιφροὺς ἀνάγκη εἶναι, τούς τε πλείους τὰς κοιλίας ἀτεράμνους ἔχειν καὶ σκληρὰς τὰς κάτω, τὰς δὲ ἄνω εὐροωτέρας· χολώδεάς τε μᾶλλον ἢ φλεγματίας εἶναι. Τὰς δὲ κεφαλὰς ὑγιηρὰς ἔχουσι καὶ σκληράς· ῥηγματίαι τε εἰσὶν ἐπὶ τὸ πλῆθος. Νοσεύματα δὲ αὐτέοισιν ἐπιδημέει ταῦτα, πλευρίτιδές τε πολλαὶ, αἵ τε ὀξεῖαι νομιζόμεναι νοῦσοι. Ἀνάγκη δὲ ὧδε ἔχειν, ὁκόταν κοιλίαι σκληραὶ ἔωσιν· ἔμπυοί τε πολλοὶ γίγνονται ἀπὸ πάσης προφάσιος· τουτέου δὲ αἴτιόν ἐστι τοῦ σώματος ἡ ἔντασις, καὶ ἡ σκληρότης τῆς κοιλίης· ἡ γὰρ ξηρότης ῥηγματίας ποιέει εἶναι, καὶ τοῦ ὕδατος ἡ ψυχρότης. Ἐδωδοὺς δὲ ἀνάγκη τὰς τοιαύτας φύσιας εἶναι, καὶ οὐ πολυπότας· οὐ γὰρ οἷόν τε ἅμα πολυβόρους τε εἶναι καὶ πολυπότας· ὀφθαλμίας τε γίγνεσθαι μὲν διὰ χρόνου, γίγνεσθαι δὲ σκληρὰς καὶ ἰσχυρὰς, καὶ εὐθέως ῥήγνυσθαι τὰ ὄμματα· αἱμοῤῥοίας δὲ ἐκ τῶν ῥινέων τοῖσι νεωτέροισι τριήκοντα ἐτέων γίγνεσθαι ἰσχυρὰς τοῦ θέρεος· τά τε ἱερὰ νοσεύματα καλεύμενα, ὀλίγα μὲν ταῦτα, ἰσχυρὰ δέ. Μακροβίους δὲ τοὺς ἀνθρώπους τουτέους μᾶλλον εἰκὸς εἶναι ἑτέρων· τά τε ἕλκεα οὐ φλεγματώδεα ἐγγίγνεσθαι, οὐδὲ ἀγριοῦσθαι· τά τε ἤθεα ἀγριώτερα ἢ ἡμερώτερα. Τοῖσι μὲν ἀνδράσι ταῦτα τὰ νουσήματα ἐπιχώριά ἐστιν· καὶ χωρὶς, ἤν τι πάγκοινον κατάσχῃ ἐκ μεταβολῆς τῶν ὡρέων· τῇσι δὲ γυναιξὶ, πρῶτον μὲν στρυφναὶ πολλαὶ γίγνονται διὰ τὰ ὕδατα ἐόντα σκληρά τε καὶ ἀτέραμνα καὶ ψυχρά· αἱ γὰρ καθάρσιες οὐκ ἐπιγίγνονται τῶν ἐπιμηνίων ἐπιτήδειαι, ἀλλὰ ὀλίγαι καὶ πονηραί. Ἔπειτα τίκτουσι χαλεπῶς· ἐκτιτρώσκουσί τε οὐ σφόδρα. Ὁκόταν δὲ τέκωσι, τὰ παιδία ἀδύνατοι τρέφειν εἰσίν· τὸ γὰρ γάλα ἀποσβέννυται ἀπὸ τῶν ὑδάτων τῆς σκληρότητος καὶ ἀτεραμνίης· φθίσιές τε γίγνονται συχναὶ ἀπὸ τῶν τοκετῶν· ὑπὸ γὰρ βίης ῥήγματα ἴσχουσι καὶ σπάσματα. Τοῖσι δὲ παιδίοισιν ὕδρωπες ἐγγίγνονται ἐν τοῖσιν ὄρχεσιν, ἕως σμικρὰ ᾖ· ἔπειτα, προϊούσης τῆς ἡλικίης, ἀφανίζονται· ἡβῶσί τε ὀψὲ ἐν ταύτῃ τῇ πόλει. Περὶ μὲν οὖν τῶν θερμῶν πνευμάτων καὶ τῶν ψυχρῶν καὶ τῶν πολίων τουτέων ὧδε ἔχει ὡς προείρηται.

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Quant aux villes exposées, au contraire, aux vents froids (ceux qui soufflent entre le coucher d’été du soleil et le lever d’été), qui les reçoivent habituellement et qui sont à l’abri du notus et des [autres] vents chauds, voici ce qui en est : d’abord les eaux y sont généralement dures et froides. Les hommes sont nécessairement nerveux et secs ; la plupart ont les cavités inférieures sèches et réfractaires ; les supérieures, au contraire, plus faciles à émouvoir. Ils sont plutôt bilieux que phlegmatiques ; ils ont la tête saine et sèche, et sont en général sujets aux ruptures internes. Les maladies qui règnent dans ces localités sont les pleurésies en grand nombre, et toutes les maladies réputées aiguës. Il doit nécessairement en être ainsi quand les cavités sont sèches. Beaucoup deviennent empyématiques sans cause apparente ; mais la véritable, c’est la rigidité du corps et la sécheresse de la cavité [pectorale], car la sécheresse et l’usage de l’eau froide [par qualité] expose aux ruptures internes. Nécessairement, les hommes d’une telle constitution mangent beaucoup et boivent peu (car on ne saurait être à la fois grand buveur et grand mangeur) ; les ophtalmies sont rares chez eux, mais il en survient de sèches et violentes qui opèrent promptement la fonte de l’oeil. Chez les sujets au-dessus de trente ans, il arrive pendant l’été de violentes hémorragies nasales. Les maladies qu’on appelle sacrées sont rares, mais violentes. Il est naturel que ces hommes vivent plus longtemps que les autres ; que leurs plaies ne deviennent ni phlegmatiques, ni rebelles ; que leurs moeurs soient plus sauvages que douces. Telles sont pour les hommes les maladies endémiques, et s’il règne en outre quelque maladie générale dépendante de la révolution des saisons [ils y participent]. Quant aux femmes, d’abord il y en a beaucoup de stériles, parce que les eaux sont crues, réfractaires et froides ; leurs purgations menstruelles ne sont pas convenables, elles sont peu abondantes et de mauvaise qualité ; en second lieu, leurs accouchements sont laborieux, mais elles avortent rarement. Lorsqu’elles sont accouchées, elles ne peuvent nourrir leurs enfants, parce que leur lait est tari par la dureté et la crudité des eaux. Chez elles, les phtisies sont très fréquentes à la suite des couches ; car les efforts [de l’accouchement] produisent des tiraillements et des déchirures [internes]. Les enfants, tant qu’ils sont petits, sont sujets aux hydropisies (infiltrations séreuses) du scrotum ; mais elles se dissipent à mesure qu’ils avancent en âge. La puberté est tardive dans une telle ville. Voilà, comme je viens de le montrer, ce qui concerne les vents chauds, les vents froids, et les villes qui y sont exposées.

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Ὁκόσαι δὲ κέονται πρὸς τὰ πνεύματα τὰ μεταξὺ τῶν θερινῶν ἀνατολέων τοῦ ἡλίου καὶ τῶν χειμερινῶν, καὶ ὁκόσαι τὸ ἐναντίον τουτέων, ὧδε ἔχει περὶ αὐτέων. Ὁκόσαι μὲν πρὸς τὰς ἀνατολὰς τοῦ ἡλίου κέονται, ταύτας εἰκὸς εἶναι ὑγιεινοτέρας τῶν πρὸς τὰς ἄρκτους ἐστραμμένων, καὶ τῶν πρὸς τὰ θερμὰ, ἢν καὶ στάδιον τὸ μεταξὺ ᾖ. Πρότερον μὲν γὰρ μετριώτερον ἔχει τὸ θερμὸν καὶ τὸ ψυχρόν. Ἔπειτα τὰ ὕδατα ὁκόσα πρὸς τὰς τοῦ ἡλίου ἀνατολάς ἐστι, ταῦτα λαμπρά τε εἶναι ἀνάγκη καὶ εὐώδεα καὶ μαλακὰ καὶ ἐρατεινὰ ἐγγίγνεσθαι ἐν ταύτῃ τῇ πόλει. Ὁ γὰρ ἥλιος κωλύει ἀνίσχων καὶ καταλάμπων· τὸ γὰρ ἑωθινὸν ἑκάστοτε αὐτὸς ὁ ἠὴρ ἐπέχει ὡς ἐπὶ τὸ πουλύ. Τά τε εἴδεα τῶν ἀνθρώπων εὔχροά τε καὶ ἀνθηρὰ ἐστὶ μᾶλλον, ἢν μή τις νοῦσος κωλύῃ. Λαμπρόφωνοί τε οἱ ἄνθρωποι, ὀργήν τε καὶ ξύνεσιν βελτίους εἰσὶ τῶν πρὸς βορέην, ᾗπερ καὶ τὰ ἄλλα τὰ ἐμφυόμενα ἀμείνω ἐστίν. Ἔοικέ τε μάλιστα ἡ οὕτω κειμένη πόλις ἦρι κατὰ τὴν μετριότητα τοῦ θερμοῦ καὶ τοῦ ψυχροῦ· τά τε νοσεύματα ἐλάσσω μὲν γίγνεται καὶ ἀσθενέστερα, ἔοικε δὲ τοῖσιν ἐν τῇσι πόλεσι γιγνομένοισι νοσεύμασι, τῇσι πρὸς τὰ θερμὰ τὰ πνεύματα ἐστραμμένῃσιν. Αἵ τε γυναῖκες αὐτόθι ἀρικύμονές εἰσι σφόδρα, καὶ τίκτουσι ῥηϊδίως. Περὶ μὲν τουτέων ὧδε ἔχει.

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Quant aux villes ouvertes aux vents qui soufflent entre le lever d’été du soleil et celui d’hiver, et à celles qui ont une exposition contraire, voici ce qui en est : les villes exposées au levant sont naturellement plus salubres que celles qui sont tournées du côté du nord ou du midi, quand il n’y aurait entre elles qu’un stade de distance (94 toises et demie). D’abord la chaleur et le froid y sont plus modérés ; ensuite les eaux dont la source regarde l’orient sont nécessairement limpides, de bonne odeur, molles et agréables, car le soleil à son lever dissipe [les vapeurs] en les pénétrant de ses rayons. En effet, dans la matinée, des vapeurs sont ordinairement suspendues sur les eaux. Les hommes ont une coloration plus vermeille et plus fleurie, à moins que quelque maladie ne s’y oppose. Leur voix est claire, ils ont un meilleur caractère, un esprit plus pénétrant que les habitants du nord ; de même toutes les autres productions naturelles sont meilleures. Une ville dans une telle position offre l’image du printemps, parce que le chaud et le froid y sont tempérés. Les maladies y sont moins fréquentes et moins fortes qu’ailleurs, mais elles ressemblent à celles qui règnent dans les villes exposées aux vents chauds. Les femmes y sont extrêmement fécondes et accouchent facilement. Il en est ainsi de ces localités.

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Ὁκόσαι δὲ πρὸς τὰς δύσιας κέονται, καὶ αὐτέῃσίν ἐστι σκέπη τῶν πνευμάτων τῶν ἀπὸ τῆς ἠοῦς πνεόντων, τά τε θερμὰ πνεύματα παραῤῥέει καὶ τὰ ψυχρὰ ἀπὸ τῶν ἄρκτων, ἀνάγκη ταύτας τὰς πόλιας θέσιν κέεσθαι νοσερωτάτην· πρῶτον μὲν γὰρ τὰ ὕδατα οὐ λαμπρά· αἴτιον δὲ, ὅτι ὁ ἠὴρ τὸ ἑωθινὸν κατέχει ὡς ἐπὶ τὸ πουλὺ, ὅστις τῷ ὕδατι ἐγκαταμιγνύμενος τὸ λαμπρὸν ἀφανίζει· ὁ γὰρ ἥλιος πρὶν ἄνω ἀρθῆναι οὐκ ἐπιλάμπει. Τοῦ δὲ θέρεος, ἕωθεν μὲν αὖραι ψυχραὶ πνέουσι, καὶ δρόσοι πίπτουσιν· τὸ δὲ λοιπὸν ἥλιος ἐγκαταδύνων ὥστε μάλιστα διέψει τοὺς ἀνθρώπους, διὸ καὶ ἀχρόους τε εἰκὸς εἶναι καὶ ἀῤῥώστους, τῶν τε νοσευμάτων πάντων μετέχειν μέρος τῶν προειρημένων· οὐδὲν αὐτέοισιν ἀποκέκριται. Βαρυφώνους τε εἰκὸς εἶναι καὶ βραγχώδεας διὰ τὸν ἠέρα, ὅτι ἀκάθαρτος ὡς ἐπὶ τὸ πουλὺ αὐτόθι γίγνεται καὶ νοσώδης· οὔτε γὰρ ὑπὸ τῶν βορείων ἐκκρίνεται σφόδρα· οὐ γὰρ προσέχουσι τὰ πνεύματα· ἅ τε προσέχουσιν αὐτέοισι καὶ προσκέονται, ὑδατεινότατά ἐστιν· ἐπεὶ τοιαῦτα τὰ ἐπὶ τῆς ἑσπέρης πνεύματα· ἔοικέ τε μετοπώρῳ μάλιστα ἡ θέσις ἡ τοιαύτη τῆς πόλιος κατὰ τὰς τῆς ἡμέρης μεταβολὰς, ὅτι πουλὺ τὸ μέσον γίγνεται τοῦ τε ἑωθινοῦ καὶ τοῦ πρὸς τὴν δείλην. Περὶ μὲν πνευμάτων, ἅ τέ ἐστιν ἐπιτήδεια καὶ ἀνεπιτήδεια, ὧδε ἔχει.

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Les villes tournées vers le couchant, abritées contre les vents de l’orient et sur lesquelles les vents du nord et du midi ne font que glisser, sont dans une exposition nécessairement très insalubre ; car premièrement, les eaux ne sont point limpides, parce que le brouillard, qui le plus souvent occupe l’atmosphère dans la matinée, se mêle avec elles et en altère la limpidité ; en effet, le soleil n’éclaire pas ces régions avant d’être déjà fort élevé. En second lieu, il y souffle pendant les matinées d’été des brises fraîches, il y tombe des rosées, et le reste de la journée le soleil, en s’avançant vers l’occident, brûle considérablement les habitants : d’où il résulte évidemment qu’ils sont décolorés et faibles de complexion, et qu’ils participent à toutes les maladies dont il a été parlé, sans qu’aucune leur soit exclusivement affectée. Ils ont la voix grave et rauque à cause de l’air qui est ordinairement impur et malfaisant. Les vents du nord ne le corrigent guère, parce qu’ils séjournent peu dans ces contrées, et ceux qui y soufflent habituellement sont très humides, car tels sont les vents du couchant. Dans une telle position, une ville offre l’image de l’automne, par les alternatives [de chaud et de froid qui se font sentir] dans la même journée, d’où résulte une grande différence entre le soir et le matin. Voilà ce qui concerne les vents salubres et ceux qui ne le sont pas.

7

Περὶ δὲ τῶν λοιπῶν ὑδάτων βούλομαι διηγήσασθαι, ἅ τέ ἐστι νοσώδεα, καὶ ἃ ὑγιεινότατα, καὶ ὁκόσα ἀφ’ ὕδατος κακὰ εἰκὸς γίγνεσθαι, καὶ ὅσα ἀγαθά· πλεῖστον γὰρ μέρος ξυμβάλλεται ἐς τὴν ὑγιείην. Ὁκόσα μὲν οὖν ἐστιν ἑλώδεα καὶ στάσιμα καὶ λιμναῖα, ταῦτα ἀνάγκη τοῦ μὲν θέρεος εἶναι θερμὰ καὶ παχέα καὶ ὀδμὴν ἔχοντα, ἅτε οὐκ ἀπόῤῥυτα ἐόντα· ἀλλὰ τοῦ τε ὀμβρίου ὕδατος ἐπιτρεφομένου αἰεὶ νέου, τοῦ τε ἡλίου καίοντος, ἀνάγκη ἄχροά τε εἶναι καὶ πονηρὰ καὶ χολώδεα· τοῦ δὲ χειμῶνος, παγετώδεά τε καὶ ψυχρὰ καὶ τεθολωμένα ὑπό τε χιόνος καὶ παγετῶν, ὥστε φλεγματωδέστατα εἶναι καὶ βραγχωδέστατα· τοῖσι δὲ πίνουσι σπλῆνας μὲν αἰεὶ μεγάλους εἶναι καὶ μεμυωμένους, καὶ τὰς γαστέρας σκληράς τε καὶ λεπτὰς καὶ θερμὰς, τοὺς δὲ ὤμους καὶ τὰς κληῗδας καὶ τὸ πρόσωπον καταλελεπτύσθαι· ἐς γὰρ τὸν σπλῆνα αἱ σάρκες ξυντήκονται, διότι ἰσχνοί εἰσιν· ἐδωδούς τε εἶναι τοὺς τοιουτέους καὶ διψηρούς· τάς τε κοιλίας ξηροτάτας καὶ τὰς ἄνω καὶ τὰς κάτω ἔχειν, ὥστε τῶν φαρμάκων ἰσχυροτέρων δέεσθαι. Τοῦτο μὲν τὸ νούσημα αὐτέοισι ξύντροφόν ἐστι καὶ θέρεος καὶ χειμῶνος. Πρὸς δὲ τουτέοισιν οἱ ὕδρωπες πλεῖστοί τε γίγνονται καὶ θανατωδέστατοι· τοῦ γὰρ θέρεος δυσεντερίαι τε πολλαὶ ἐμπίπτουσι καὶ διάῤῥοιαι καὶ πυρετοὶ τεταρταῖοι πολυχρόνιοι· ταῦτα δὲ τὰ νοσεύματα μηκυνθέντα τὰς τοιαύτας φύσιας ἐς ὕδρωπας καθίστησι καὶ ἀποκτείνει. Ταῦτα μὲν αὐτέοισι τοῦ θέρεος γίγνεται· τοῦ δὲ χειμῶνος, τοῖσι νεωτέροισι μὲν περιπλευμονίαι τε καὶ μανιώδεα νοσεύματα· τοῖσι δὲ πρεσβυτέροισι καῦσοι, διὰ τὴν τῆς κοιλίης σκληρότητα. Τῇσι δὲ γυναιξὶν οἰδήματα ἐγγίγνεται καὶ φλέγμα λευκόν· καὶ ἐν γαστρὶ ἴσχουσι μόλις, καὶ τίκτουσι χαλεπῶς· μεγάλα τε τὰ ἔμβρυα καὶ οἰδέοντα· ἔπειτα ἐν τῇσι τροφῇσι φθινώδεά τε καὶ πονηρὰ γίγνεται· ἥ τε κάθαρσις τῇσι γυναιξὶν οὐκ ἐπιγίγνεται χρηστὴ μετὰ τὸν τόκον. Τοῖσι δὲ παιδίοισι κῆλαι ἐπιγίγνονται μάλιστα, καὶ τοῖσιν ἀνδράσι κίρσοι καὶ ἕλκεα ἐν τῇσι κνήμῃσιν, ὥστε τὰς τοιαύτας φύσιας οὐχ οἷόν τε μακροβίους εἶναι, ἀλλὰ προγηράσκειν τοῦ χρόνου τοῦ ἱκνευμένου. Ἔτι δὲ αἱ γυναῖκες δοκέουσιν ἔχειν ἐν γαστρὶ, καὶ ὁκόταν ὁ τόκος, ᾖ, ἀφανίζεται τὸ πλήρωμα τῆς γαστρός· τοῦτο δὲ γίγνεται ὁκόταν ὑδροπιήσωσιν αἱ ὑστέραι. Τὰ μὲν τοιαῦτα ὕδατα νομίζω μοχθηρὰ εἶναι πρὸς ἅπαν χρῆμα· δεύτερα δὲ, ὅσων εἶεν αἱ πηγαὶ ἐκ πετρέων· σκληρὰ γὰρ ἀνάγκη εἶναι· ἢ ἐκ γῆς ὅκου θερμὰ ὕδατά ἐστιν, ἢ σίδηρος γίγνεται, ἢ χαλκὸς, ἢ ἄργυρος, ἢ χρυσὸς, ἢ θεῖον, ἢ στυπτηρίη, ἢ ἄσφαλτον, ἢ νίτρον· ταῦτα γὰρ πάντα ὑπὸ βίης γίγνονται τοῦ θερμοῦ. Οὐ τοίνυν οἷόν τε ἐκ τοιαύτης γῆς ὕδατα ἀγαθὰ γίγνεσθαι, ἀλλὰ σκληρά τε καὶ καυσώδεα, διουρέεσθαί τε χαλεπὰ καὶ πρὸς τὴν διαχώρησιν ἐναντία εἶναι. Ἄριστα δὲ, ὁκόσα ἐκ μετεώρων χωρίων ῥέει καὶ λόφων γεηρῶν· αὐτά τε γάρ ἐστι γλυκέα καὶ λευκὰ, καὶ τὸν οἶνον φέρειν ὀλίγον οἷά τέ ἐστι· τοῦ δὲ χειμῶνος θερμὰ γίγνεται, τοῦ δὲ θέρεος ψυχρά· οὕτω γὰρ ἂν εἴη ἐκ βαθυτάτων πηγέων. Μάλιστα δὲ ἐπαινέειν, ὧν τὰ ῥεύματα πρὸς τὰς ἀνατολὰς τοῦ ἡλίου ἐῤῥώγασι, καὶ μᾶλλον πρὸς τὰς θερινάς· ἀνάγκη γὰρ λαμπρότερα εἶναι καὶ εὐώδεα καὶ κοῦφα. Ὁκόσα δέ ἐστιν ἁλυκὰ καὶ ἀτέραμνα καὶ σκληρὰ, ταῦτα μὲν πάντα πίνειν οὐκ ἀγαθά. Εἰσὶ δ’ ἔνιαι φύσιες καὶ νοσεύματα, ἐς ἃ ἐπιτήδειά ἐστι τὰ τοιαῦτα ὕδατα πινόμενα, περὶ ὧν φράσω αὐτίκα. Ἔχει δὲ καὶ περὶ τουτέων ὧδε· ὁκόσων μὲν αἱ πηγαὶ πρὸς τὰς ἀνατολὰς ἔχουσι, ταῦτα μὲν ἄριστα αὐτὰ ἑωυτέων ἐστίν· δεύτερα δὲ τὰ μεταξὺ τῶν θερινῶν ἀνατολέων ἐστὶ τοῦ ἡλίου καὶ δυσίων, καὶ μᾶλλον τὰ πρὸς τὰς ἀνατολάς· τρίτα δὲ τὰ μεταξὺ τῶν δυσμέων τῶν θερινῶν καὶ τῶν χειμερινῶν· φαυλότατα δὲ τὰ πρὸς τὸν νότον καὶ τὰ μεταξὺ χειμερινῆς ἀνατολῆς καὶ δύσιος, καὶ ταῦτα τοῖσι μὲν νοτίοισι πάνυ πονηρὰ, τοῖσι δὲ βορείοισιν ἀμείνω. Τουτέοισι δὲ πρέπει ὧδε χρέεσθαι· ὅστις μὲν ὑγιαίνει τε καὶ ἔῤῥωται, μηδὲν διακρίνειν, ἀλλὰ πίνειν αἰεὶ τὸ παρεόν. Ὅστις δὲ νούσου εἵνεκα βούλεται τὸ ἐπιτηδειότατον πίνειν, ὧδε ἂν ποιέων μάλιστα τυγχάνοι τῆς ὑγιείης· ὁκόσων μὲν αἱ κοιλίαι σκληραί εἰσι, καὶ ξυγκαίειν ἀγαθαὶ, τουτέοισι μὲν τὰ γλυκύτατα ξυμφέρει καὶ κουφότατα καὶ λαμπρότατα· ὁκόσων δὲ μαλθακαὶ αἱ νηδύες καὶ ὑγραί εἰσι καὶ φλεγματώδεες, τουτέοισι δὲ τὰ σκληρότατα καὶ ἀτεραμνότατα καὶ τὰ ὑφαλικά· οὕτω γὰρ ἂν ξηραίνοιτο μάλιστα· ὁκόσα γὰρ ὕδατά ἐστιν ἕψειν ἄριστα καὶ τακερώτατα, ταῦτα καὶ τὴν κοιλίην διαλύειν εἰκὸς μάλιστα καὶ διατήκειν· ὁκόσα δέ ἐστιν ἀτέραμνα καὶ σκληρὰ καὶ ἥκιστα ἕψειν ἀγαθὰ, ταῦτα δὲ ξυνίστησι μᾶλλον τὰς κοιλίας καὶ ξηραίνει. Ἀλλὰ γὰρ ψευσάμενοί εἰσιν οἱ ἄνθρωποι τῶν ἁλμυρῶν ὑδάτων πέρι δι’ ἀπειρίην, καὶ ὅτι νομίζεται διαχωρητικά· τὰ δὲ ἐναντιώτατά ἐστι πρὸς τὴν διαχώρησιν· ἀτέραμνα γὰρ καὶ ἀνέψανα, ὥστε καὶ τὴν κοιλίην ὑπ’ αὐτέων στύφεσθαι μᾶλλον ἢ τήκεσθαι. Καὶ περὶ μὲν τῶν πηγαίων ὑδάτων ὧδε ἔχει.

7

Pour ce qui reste à dire sur les eaux, je veux exposer lesquelles sont malfaisantes, lesquelles sont très salubres, quel bien, quel mal résulte vraisemblablement de leur usage, car elles ont une grande influence sur la santé. Les eaux de marais, de réservoirs et d’étangs, sont nécessairement chaudes en été, épaisses et de mauvaise odeur. Comme elles ne sont point courantes, mais qu’elles sont sans cesse alimentées par de nouvelles pluies, et échauffées par le soleil, elles sont nécessairement louches, malsaines et propres à augmenter la bile. En hiver, au contraire, glacées et froides, troublées par la neige et la glace, elles augmentent la pituite et les enrouements. Ceux qui eu font usage ont toujours la rate très volumineuse et obstruée ; le ventre resserré, émacié et chaud ; les épaules, les clavicules et la face également émaciées. Les chairs se fondent pour aller grossir la rate, voilà pourquoi ces hommes maigrissent. Ils mangent beaucoup et sont toujours altérés. Ils ont les cavités [abdominales] inférieures et supérieures très sèches, en sorte qu’il leur faut des remèdes énergiques. Cette maladie leur est familière en été aussi bien qu’en hiver. En outre, les hydropisies sont fréquentes et très mortelles, car il règne en été beaucoup de dysenteries, de diarrhées et de fièvres quartes très longues ; ces maladies traînant en longueur, font tomber des sujets ainsi constitués en hydropisie et les font mourir. Telles sont les maladies qui viennent en été. En hiver, chez les jeunes gens, les pneumonies, les affections maniaques ; chez les individus plus âgés, les causus, à cause de la sécheresse du ventre ; chez les femmes, les oedèmes et les leucophlegmasies ; elles conçoivent difficilement et accouchent laborieusement. Les enfants qu’elles mettent au monde, d’abord gros et boursouflés, s’étiolent et deviennent chétifs pendant qu’on les allaite. Chez les femmes la purgation qui suit les couches ne se fait point d’une manière avantageuse. Les hernies sont très communes dans l’enfance ; dans l’âge viril, les varices et les ulcères aux jambes. Avec une telle constitution, les hommes ne sauraient vivre longtemps ; aussi sont-ils vieux avant que le temps soit arrivé. De plus, les femmes paraissent enceintes, et quand le terme de l’accouchement est arrivé, le volume du ventre disparaît ; cela vient de ce qu’il se forme une hydropisie dans la matrice. Je regarde donc ces eaux comme nuisibles pour toute espèce d’usage. Viennent ensuite les eaux qui sortent des rochers (car elles sont nécessairement dures) ; ou celles qui sourdent des terres recélant des eaux thermales, ou du fer, ou du cuivre, ou de l’argent, ou de l’or, ou du soufre, ou du bitume, ou de l’alun, ou du natrou ; car toutes ces matières sont produites par la force de la chaleur. Il n’est pas possible que les eaux sortant d’un pareil sol soient bonnes ; mais elles sont dures et brûlantes, elles passent difficilement par les urines et sont contraires à la liberté du ventre. Mais elles sont très bonnes les eaux qui coulent de lieux élevés et de collines de terre, car elles sont agréables, ténues, et telles qu’il faut une petite quantité de vin [pour les altérer]. De plus, elles sont chaudes en hiver, froides en été, et il en est ainsi à cause de la grande profondeur de leurs sources. Mais il faut particulièrement recommander celles dont les sources s’ouvrent au levant, parce qu’elles sont nécessairement plus limpides, de bonne odeur et légères. Toute eau salée, et par conséquent réfractaire et dure, n’est pas bonne à boire. Il est cependant certaines constitutions, certaines maladies auxquelles l’usage de pareilles eaux convient ; j’en parlerai bientôt. Quant à [l’exposition] des eaux, voici ce qui en est : Celles dont les sources s’ouvrent au levant sont les meilleures ; au second rang sont les eaux qui coulent entre le lever et le coucher d’été du soleil, surtout celles qui se rapprochent le plus du lever ; au troisième rang, celles qui coulent entre le coucher d’été et celui d’hiver ; sont très mauvaises celles qui coulent vers le midi et entre le lever et le coucher d’hiver ; par les vents du midi, elles sont tout à fait funestes ; par les vents du nord, elles sont meilleures. Il convient de régler l’usage de ces eaux de la manière suivante : un homme bien portant et vigoureux ne doit pas choisir, mais boire celles qui sont à sa portée ; au contraire, celui qui, pour une maladie, veut boire l’eau la plus convenable [à son état], recouvrera la santé en se conformant à ce qui suit : pour ceux dont le ventre est dur et s’échauffe facilement, les eaux très douces, très légères et très limpides sont avantageuses ; pour ceux au contraire qui ont le ventre mou, humide et plein de phlegme, ce sont les eaux très dures, très réfractaires et légèrement salées, car elles dessèchent très bien [le superflu des humeurs]. Les eaux très propres pour la cuisson et qui bouillent facilement sont propres à humecter le ventre et à le relâcher, tandis que les eaux dures, réfractaires, et très mauvaises pour la cuisson, sont très propres à le dessécher et le resserrent. En effet, c’est par défaut d’expérience que l’on se trompe sur les eaux salines et qu’on les regarde comme purgatives ; elles sont contraires aux évacuations alvines : car, réfractaires et impropres à la cuisson, elles resserrent plutôt qu’elles ne lâchent le ventre. Voilà ce qui concerne les eaux de source.

8

Περὶ δὲ τῶν ὀμβρίων, καὶ ὁκόσα ἀπὸ χιόνος, φράσω ὅκως ἔχει. Τὰ μὲν οὖν ὄμβρια κουφότατα καὶ γλυκύτατά ἐστι καὶ λεπτότατα καὶ λαμπρότατα· τήν τε γὰρ ἀρχὴν, ὁ ἥλιος ἀνάγει καὶ ἀναρπάζει τοῦ ὕδατος τό τε λεπτότατον καὶ κουφότατον· δῆλον δὲ οἱ ἅλες ποιέουσιν· τὸ μὲν γὰρ ἁλμυρὸν λείπεται αὐτέου ὑπὸ πάχεος καὶ βάρεος, καὶ γίγνεται ἅλες· τὸ δὲ λεπτότατον ὁ ἥλιος ἀναρπάζει ὑπὸ κουφότητος· ἀνάγει δὲ τὸ τοιοῦτο οὐκ ἀπὸ τῶν ὑδάτων μοῦνον τῶν λιμναίων, ἀλλὰ καὶ ἀπὸ τῆς θαλάσσης, καὶ ἐξ ἁπάντων ἐν ὁκόσοισιν ὑγρόν τέ ἐστιν· ἔνεστι δὲ ἐν παντὶ χρήματι· καὶ ἐξ αὐτέων τῶν ἀνθρώπων ἄγει τὸ λεπτότατον τῆς ἰκμάδος καὶ κουφότατον. Τεκμήριον δὲ μέγιστον, ὅταν ἄνθρωπος ἐν ἡλίῳ βαδίζῃ, ἢ καθίζῃ ἱμάτιον ἔχων· ὁκόσα μὲν τοῦ χρωτὸς ὁ ἥλιος ἐφορᾷ, οὐχ ἱδρῴη ἄν· ὁ γὰρ ἥλιος ἀναρπάζει τὸ προφαινόμενον τοῦ ἱδρῶτος· ὁκόσα δὲ ὑπὸ τοῦ ἱματίου ἐσκέπασται, ἢ ὑπ’ ἄλλου του, ἱδροῖ· ἐξάγεται μὲν γὰρ ὑπὸ τοῦ ἡλίου καὶ βιάζεται· σώζεται δὲ ὑπὸ τῆς σκέπης, ὥστε μὴ ἀφανίζεσθαι ὑπὸ τοῦ ἡλίου· ὁκόταν δὲ ἐς σκιὴν ἀφίκηται, ἅπαν τὸ σῶμα ὁμοίως διιεῖ· οὐ γὰρ ἔτι ὁ ἥλιος ἐπιλάμπει. Διὰ ταῦτα δὲ καὶ σήπεται τῶν ὑδάτων τάχιστα ταῦτα καὶ ὀδμὴν ἴσχει πονηρὴν τὸ ὄμβριον, ὅτι ἀπὸ πλείστων ξυνῆκται καὶ ξυμμέμικται, ὥστε σήπεσθαι τάχιστα. Ἔτι δὲ πρὸς τουτέοισιν, ἐπειδὰν ἁρπασθῇ καὶ μετεωρισθῇ περιφερόμενον καὶ καταμεμιγμένον ἐς τὸν ἠέρα, τὸ μὲν θολερὸν αὐτέου καὶ νυκτοειδὲς ἐκκρίνεται καὶ ἐξίσταται καὶ γίγνεται ἠὴρ καὶ ὀμίχλη· τὸ δὲ λεπτότατον καὶ κουφότατον αὐτέου λείπεται, καὶ γλυκαίνεται ὑπὸ τοῦ ἡλίου καιόμενόν τε καὶ ἑψόμενον· γίγνεται δὲ καὶ τἄλλα πάντα τὰ ἑψόμενα αἰεὶ γλυκέα. Ἕως μὲν οὖν διεσκεδασμένον ᾖ καὶ μή πω ξυνεστήκῃ, φέρεται μετέωρον. Ὁκόταν δέ κου ἀθροισθῇ καὶ ξυστραφῇ ἐς τὸ αὐτὸ ὑπὸ ἀνέμων ἀλλήλοισιν ἐναντιωθέντων ἐξαίφνης, τότε καταῤῥήγνυται ᾗ ἂν τύχῃ πλεῖστον ξυστραφέν. Τότε γὰρ ἐοικὸς τοῦτο μᾶλλον γίγνεσθαι, ὁκόταν τὰ νέφεα, μὴ ὑπὸ ἀνέμου στάσιν ἔχοντος ὡρμημένα ἐόντα καὶ χωρέοντα, ἐξαίφνης ἀντικόψῃ πνεῦμα ἐναντίον καὶ ἕτερα νέφεα. Ἐνταῦθα μὲν πρῶτον αὐτέου ξυστρέφεται· τὰ δὲ ὄπισθεν ἐπιφέρεταί τε καὶ οὕτω παχύνεται, καὶ μελαίνεται, καὶ ξυστρέφεται ἐς τὸ αὐτὸ, καὶ ὑπὸ βάρεος καταῤῥήγνυται, καὶ ὄμβροι γίγνονται. Ταῦτα μέν ἐστιν ἄριστα κατὰ τὸ εἰκός· δέεται δὲ ἀφέψεσθαι, καὶ ἀποσήπεσθαι· εἰ δὲ μὴ, ὀδμὴν ἴσχει πονηρὴν, καὶ βράγχος καὶ βαρυφωνίη τοῖσι πίνουσι προσίσταται. Τὰ δὲ ἀπὸ χιόνος καὶ κρυστάλλων πονηρὰ πάντα· ὁκόταν γὰρ ἅπαξ παγῇ, οὐκ ἔτι ἐς τὴν ἀρχαίην φύσιν καθίσταται, ἀλλὰ τὸ μὲν αὐτέου λαμπρὸν καὶ κοῦφον καὶ γλυκὺ ἐκκρίνεται καὶ ἀφανίζεται, τὸ δὲ θολωδέστατον καὶ σταθμωδέστατον λείπεται. Γνοίης δ’ ἂν ὧδε· εἰ γὰρ βούλει, ὅταν ᾖ χειμὼν, ἐς ἀγγεῖον μέτρῳ ἐγχέας ὕδωρ, θεῖναι ἐς τὴν αἰθρίην, ἵνα πήξεται μάλιστα, ἔπειτα τῇ ὑστεραίῃ ἐσενεγκὼν ἐς ἀλέην, ὅκου χαλάσει μάλιστα ὁ παγετὸς, ὁκόταν δὲ λυθῇ, ἀναμετρέειν τὸ ὕδωρ, εὑρήσεις ἔλασσον συχνῷ. Τοῦτο τεκμήριον, ὅτι ὑπὸ τῆς πήξιος ἀφανίζεται καὶ ἀναξηραίνεται τὸ κουφότατον καὶ λεπτότατον, οὐ τὸ βαρύτατον καὶ παχύτατον· οὐ γὰρ ἂν δύναιτο. Ταύτῃ οὖν νομίζω πονηρότατα ταῦτα τὰ ὕδατα εἶναι τὰ ἀπὸ χιόνος καὶ κρυστάλλου, καὶ τὰ τουτέοισιν ἑπόμενα, πρὸς ἅπαντα χρήματα. Περὶ μὲν οὖν ὀμβρίων ὑδάτων καὶ τῶν ἀπὸ χιόνος καὶ κρυστάλλων οὕτως ἔχει.

8

Quant aux eaux de pluie et de neige, je vais dire comment elles se comportent. Celles de pluie sont très légères, très douces, très ténues et très limpides ; car, la première action que le soleil exerce sur l’eau, c’est d’en attirer et d’en enlever les parties les plus subtiles et les plus légères. La formation des sels rend cela évident. En effet, la partie saine se dépose à cause de son poids et de sa densité, et constitue le sel, tandis que la partie la plus ténue est enlevée par le soleil, à cause de sa légèreté. Cette évaporation ne s’opère pas seulement sur la mer, mais encore sur les eaux stagnantes et sur tout ce qui renferme quelque humidité, et il en existe dans toute chose. Le soleil attire du corps même de l’homme ce qu’il y a de plus subtil et de plus léger dans ses humeurs. En voici une très grande preuve : quand un homme couvert d’un manteau marche ou s’assied au soleil, la surface du corps immédiatement exposée à l’ardeur de ses rayons ne sue pas ; car le soleil évapore la sueur à mesure qu’elle se forme, mais toutes les parties recouvertes parle manteau ou par quelqu’autre vêtement se couvrent de sueur, car elle est attirée par le soleil et forcée d’apparaître au dehors ; mais elle est protégée parles habits, en sorte qu’elle ne peut être évaporée par le soleil : au contraire quand on se met à l’ombre, tout le corps est également mouillé par la sueur, car les rayons du soleil ne frappent pas sur lui. En conséquence l’eau de pluie est de toutes les eaux celle qui se corrompt et qui acquiert le plus promptement une mauvaise odeur, parce qu’elle est composée et mélangée, de sorte qu’elle se corrompt très vite. Il faut ajouter que, l’eau une fois attirée et élevée, se mêle avec l’air et se porte de tous côtés avec lui ; alors sa partie la plus trouble et la plus opaque se dépose, se condense ,et forme des vapeurs et des brouillards, tandis que le reste plus subtil et plus léger demeure et s’adoucit, étant brûlé et cuit par le soleil. Toutes les autres substances s’adoucissent également par la coction ; cependant, tant que cette partie [subtile et légère] est dispersée et n’est pas condensée, elle se porte vers les régions supérieures, mais lorsqu’elle est rassemblée dans un même lieu et condensée par des vents qui soufflent tout à coup dans des directions opposées, elle se précipite du point où la condensation se trouve être plus considérable. Il est naturel que cela arrive, surtout quand des nuages ébranlés et chassés par un vent qui ne cesse de souffler, sont tout à coup repoussés par un vent contraire et par d’autres nuages. La condensation s’opère au premier point de rencontre, puis d’autres nuages s’amoncelant, leur amas s’épaissit, devient plus noir, se condense de plus en plus, crève par son propre poids et tombe en pluie : voilà pourquoi l’eau pluviale est naturellement la meilleure, mais elle a besoin d’être bouillie et d’avoir déposé ,autrement elle acquiert une mauvaise odeur, rend la voix rauque et enroue ceux qui en font usage. -Les eaux de neige et de glace sont toutes mauvaises. L’eau une fois entièrement glacée ne revient plus à son ancienne nature, mais toute la partie limpide, légère et douce est enlevée ; la partie la plus trouble et la plus pesante demeure ; vous pouvez vous en convaincre de la manière suivante : pendant l’hiver, versez dans un vase une quantité déterminée d’eau, exposez ce vase le matin à l’air libre afin que la congélation soit aussi complète que possible, transportez-le ensuite dans un endroit chaud où la glace puisse se fondre entièrement ; quand elle le sera, mesurez l’eau de nouveau, vous la trouverez de beaucoup diminuée ; c’est une preuve que la congélation a enlevé et évaporé ce que l’eau avait de plus subtil et de plus léger, et non les parties les plus pesantes et les plus grossières, ce qui serait impossible. Je regarde donc ces eaux de neige et de glace, et celles qui s’en rapprochent, comme très mauvaises pour tous les usages. Voilà ce qui concerne les eaux de pluie, de neige et de glace.

9

Λιθιῶσι δὲ μάλιστα ἄνθρωποι, καὶ ὑπὸ νεφριτίδων καὶ στραγγουρίης ἁλίσκονται καὶ ἰσχιάδων, καὶ κῆλαι γίγνονται, ὅκου ὕδατα πίνουσι παντοδαπώτατα καὶ ἀπὸ ποταμῶν μεγάλων, ἐς οὓς ποταμοὶ ἕτεροι ἐμβάλλουσι, καὶ ἀπὸ λίμνης, ἐς ἣν ῥεύματα πολλὰ καὶ παντοδαπὰ ἀφικνεῦνται, καὶ ὁκόσοι ὕδασιν ἐπακτοῖσι χρέονται διὰ μακροῦ ἀγομένοισι, καὶ μὴ ἐκ βραχέος. Οὐ γὰρ οἷόν τε ἕτερον ἑτέρῳ ἐοικέναι ὕδωρ, ἀλλὰ τὰ μὲν γλυκέα εἶναι, τὰ δὲ ἁλυκά τε καὶ στυπτηριώδεα, τὰ δὲ ἀπὸ θερμῶν ῥέειν· ξυμμισγόμενα δὲ ταῦτα ἐς ταὐτὸν ἀλλήλοισι στασιάζει, καὶ κρατέει αἰεὶ τὸ ἰσχυρότατον· ἰσχύει δὲ οὐκ αἰεὶ τὠυτὸ, ἀλλ’ ἄλλοτε ἄλλο κατὰ τὰ πνεύματα· τῷ μὲν γὰρ βορέης τὴν ἰσχὺν παρέχεται, τῷ δὲ ὁ νότος, καὶ τῶν λοιπῶν πέρι ὠυτὸς λόγος. Ὑφίστασθαι οὖν τοῖσι τοιουτέοισιν ἀνάγκη ἐν τοῖσιν ἀγγείοισιν ἰλὺν καὶ ψάμμον· καὶ ἀπὸ τουτέων πινευμένων τὰ νουσήματα γίγνεται τὰ προειρημένα· ὅτι δὲ οὐχ ἅπασιν, ἑξῆς φράσω. Ὁκόσων μὲν ἥ τε κοιλίη εὔροός τε καὶ ὑγιηρής ἐστι, καὶ ἡ κύστις μὴ πυρετώδης, μηδὲ ὁ στόμαχος τῆς κύστιος ξυμπέφρακται λίην, οὗτοι μὲν διουρεῦσι ῥηϊδίως, καὶ ἐν τῇ κύστει οὐδὲν ξυστρέφεται· ὁκόσων δὲ ἂν ἡ κοιλίη πυρετώδης ᾖ, ἀνάγκη καὶ τὴν κύστιν τὠυτὸ πάσχειν· ὁκόταν γὰρ θερμανθῇ μᾶλλον τῆς φύσιος, ἐφλέγμηνεν αὐτέης ὁ στόμαχος· ὁκόταν δὲ ταῦτα πάθῃ, τὸ οὖρον οὐκ ἀφίησιν, ἀλλ’ ἐν ἑωυτέῳ ξυνέψει καὶ ξυγκαίει. Καὶ τὸ μὲν λεπτότατον αὐτέου ἀποκρίνεται καὶ τὸ καθαρώτατον διιεῖ καὶ ἐξουρέεται, τὸ δὲ παχύτατον καὶ θολωδέστατον ξυστρέφεται καὶ ξυμπήγνυται· τὸ μὲν πρῶτον σμικρὸν, ἔπειτα μεῖζον γίγνεται· κυλινδεύμενον γὰρ ὑπὸ τοῦ οὔρου, ὅ τι ἂν ξυνίστηται παχὺ, ξυναρμόζει πρὸς ἑωυτό· καὶ οὕτως αὔξεταί τε καὶ πωροῦται. Καὶ ὁκόταν οὐρέῃ, πρὸς τὸν στόμαχον τῆς κύστιος προσπίπτει ὑπὸ τοῦ οὔρου βιαζόμενον, καὶ κωλύει οὐρέειν, καὶ ὀδύνην παρέχει ἰσχυρήν· ὥστε τὰ αἰδοῖα τρίβουσι καὶ ἕλκουσι τὰ παιδία τὰ λιθιῶντα· δοκέει γὰρ αὐτέοισι τὸ αἴτιον ἐνταῦθα εἶναι τῆς οὐρήσιος. Τεκμήριον δὲ, ὅτι οὕτως ἔχει· τὸ γὰρ οὖρον λαμπρότατον οὐρέουσιν οἱ λιθιῶντες, ὅτι τὸ παχύτατον καὶ θολωδέστατον αὐτέου μένει καὶ ξυστρέφεται· τὰ μὲν πλεῖστα οὕτω λιθιᾷ. Γίγνεται δὲ παισὶ καὶ ἀπὸ τοῦ γάλακτος, ἢν μὴ ὑγιηρὸν ᾖ, ἀλλὰ θερμόν τε λίην καὶ χολῶδες· τὴν γὰρ κοιλίην διαθερμαίνει καὶ τὴν κύστιν, ὥστε τὸ οὖρον ξυγκαιόμενον ταῦτα πάσχειν. Καὶ φημὶ ἄμεινον εἶναι τοῖσι παιδίοισι τὸν οἶνον ὡς ὑδαρέστατον διδόναι· ἧσσον γὰρ τὰς φλέβας ξυγκαίει καὶ ξυναυαίνει. Τοῖσι δὲ θήλεσι λίθοι οὐ γίγνονται ὁμοίως· ὁ γὰρ οὐρητὴρ βραχύς ἐστιν ὁ τῆς κύστιος καὶ εὐρὺς, ὥστε βιάζεσθαι τὸ οὖρον ῥηϊδίως· οὔτε γὰρ τῇ χειρὶ τρίβει τὸ αἰδοῖον ὥσπερ τὸ ἄρσεν, οὔτε ἅπτεται τοῦ οὐρητῆρος· ἐς γὰρ τὰ αἰδοῖα ξυντέτρηνται (οἱ δὲ ἄνδρες οὐκ εὐθὺ τέτρηνται, καὶ διότι οἱ οὐρητῆρες εἰσιν οὐκ εὐρέες)· καὶ πίνουσι πλεῖον ἢ οἱ παῖδες. Περὶ μὲν οὖν τουτέων ὧδε ἔχει, ἢ ὅτι τουτέων ἐγγύτατα.

9

Les hommes sont particulièrement exposés à la pierre, aux affections néphrétiques, à la strangurie, à la sciatique et aux hernies, quand ils boivent les eaux dont les éléments sont très divers ; telles sont les eaux des grands fleuves dans lesquels d’autres fleuves se déchargent, et celles des lacs qui reçoivent quantité de ruisseaux de toute espèce, et les eaux étrangères qui n’ont pas leurs sources dans le voisinage, mais qui arrivent de lieux éloignés ; car une eau ne saurait être identique à une autre eau, mais les unes sont douces, les autres salées, quelques-unes alumineuses, d’autres viennent de sources chaudes ; ainsi mélangées, elles se combattent mutuellement, et la plus forte l’emporte toujours ; or ce n’est pas toujours la même qui est la plus forte, mais tantôt l’une, tantôt l’autre, suivant la prédominance des vents. A celles-ci le vent du nord donne de la force, à celles-là le vent du midi, et ainsi des autres. De pareilles eaux déposent nécessairement au fond des vases un sédiment de sable et de limon, qui occasionne les maladies mentionnées plus haut. Je dois ajouter immédiatement que ces effets ne se produisent pas chez tous les individus ; en effet, ceux qui ont le ventre libre et sain, dont la vessie n’est pas brûlante, ni son col trop rétréci, urinent facilement sans qu’il se forme des concrétions dans cet organe. Ceux au contraire dont le ventre est brûlant, ont nécessairement la vessie affectée de même, et quand celle-ci est échauffée au delà des limites naturelles, son col s’enflamme et retient l’urine qu’elle cuit et brûle dans son intérieur ; alors la partie la plus limpide se sépare et s’échappe, mais la plus trouble et la plus épaisse demeure et s’agglomère. D’abord petite, la concrétion devient ensuite plus volumineuse ; ballottée par l’urine, elle s’attache tout ce qui se dépose de matières épaisses : c’est ainsi qu’elle grossit et se durcit. Lorsqu’on veut uriner, la pierre, chassée par l’urine, tombe sur le col de la vessie, en ferme l’ouverture et cause de fortes douleurs. Voilà pourquoi les enfants calculeux se tiraillent et se frottent la verge, car il leur semble que dans cette partie réside la cause qui les empêche d’uriner. La preuve qu’il en est ainsi, c’est que les calculeux rendent une urine très claire, parce que la partie la plus trouble et la plus épaisse demeure dans la vessie et s’y agglomère : c’est ainsi que les calculs se forment pour l’ordinaire. Chez les enfants, ils peuvent encore provenir du lait, quand il n’est pas sain, mais échauffé et bilieux ; ce lait échauffe le ventre et la vessie, et par suite, l’urine, devenue ardente, se modifie comme il vient d’être dit. Aussi je soutiens qu’il faut donner de préférence aux enfants du vin aussi coupé d’eau que possible ; cette boisson ne brûle et ne dessèche pas du tout les vaisseaux. La pierre ne se forme pas aussi fréquemment chez les jeunes filles [que chez les garçons] ; chez elles en effet l’urètre est court et large, en sorte que l’urine jaillit facilement ; elles ne se tiraillent pas, comme les garçons, les parties génitales, elles ne portent pas là main à l’extrémité de l’urètre, car il s’ouvre dans l’intérieur des parties génitales. (Chez les hommes au contraire, il n’est pas percé droit, aussi n’est-il pas large). Ajoutez que les femmes boivent plus que les garçons. Il en est ainsi de ces choses ou à peu près.

10

Περὶ δὲ ἐτέων ὧδε ἄν τις ἐνθυμεύμενος διαγιγνώσκοι ὁκοῖόν τι μέλλει ἔσεσθαι τὸ ἔτος, εἴτε νοσερὸν, εἴτε ὑγιηρόν. Ἢν μὲν γὰρ κατὰ λόγον γένηται τὰ σημεῖα ἐπὶ τοῖσι ἄστροισι δύνουσί τε καὶ ἐπιτέλλουσιν, ἔν τε τῷ μετοπώρῳ ὕδατα γένηται, καὶ ὁ χειμὼν μέτριος, καὶ μήτε λίην εὔδιος, μήτε ὑπερβάλλων τὸν καιρὸν τῷ ψύχει, ἔν τε τῷ ἦρι ὕδατα γένηται ὡραῖα, καὶ ἐν τῷ θέρει, οὕτω τὸ ἔτος ὑγιεινότατον εἰκὸς εἶναι. Ἢν δὲ ὁ μὲν χειμὼν αὐχμηρὸς καὶ βόρειος γένηται, τὸ δὲ ἦρ ἔπομβρον καὶ νότιον, ἀνάγκη τὸ θέρος πυρετῶδες γίγνεσθαι καὶ ὀφθαλμίας καὶ δυσεντερίας ἐμποιέειν. Ὁκόταν γὰρ τὸ πνῖγος ἐπιγένηται ἐξαίφνης, τῆς τε γῆς ὑγρῆς ἐούσης ὑπὸ τῶν ὄμβρων τῶν ἐαρινῶν καὶ ὑπὸ τοῦ νότου, ἀνάγκη διπλόον τὸ καῦμα εἶναι ὑπό τε τῆς γῆς διαβρόχου ἐούσης καὶ θερμῆς καὶ ὑπὸ τοῦ ἡλίου καίοντος, τῶν τε κοιλιῶν μὴ ξυνεστηκυιῶν τοῖσιν ἀνθρώποισι, μήτε τοῦ ἐγκεφάλου ἀνεξηρασμένου· οὐ γὰρ οἷόν τε, τοῦ ἦρος τοιουτέου ἐόντος, μὴ οὐ πλαδᾷν τὸ σῶμα καὶ τὴν σάρκα· ὥστε τοὺς πυρετοὺς ἐπιπίπτειν ὀξυτάτους ἅπασι, μάλιστα δὲ τοῖσι φλεγματίῃσιν. Καὶ δυσεντερίας εἰκός ἐστι γίγνεσθαι καὶ τῇσι γυναιξὶ καὶ τοῖσιν εἴδεσι τοῖσιν ὑγροτάτοισιν. Καὶ ἢν μὲν ἐπὶ κυνὸς ἐπιτολῇ ὕδωρ ἐπιγένηται καὶ χειμὼν, καὶ οἱ ἐτησίαι πνεύσωσιν, ἐλπὶς παύσασθαι, καὶ τὸ μετόπωρον ὑγιηρὸν γενέσθαι· ἢν δὲ μὴ, κίνδυνος θανάτους τε γενέσθαι τοῖσι παιδίοισι καὶ τῇσι γυναιξὶ, τοῖσι δὲ πρεσβύτῃσιν ἥκιστα, τούς τε περιγενομένους ἐς τεταρταίους ἀποτελευτᾷν, καὶ ἐκ τῶν τεταρταίων ἐς ὕδρωπας· ἢν δ’ ὁ χειμὼν νότιος γένηται καὶ ἔπομβρος καὶ εὔδιος, τὸ δὲ ἦρ βόρειόν τε καὶ αὐχμηρὸν καὶ χειμέριον, πρῶτον μὲν τὰς γυναῖκας, ὁκόσαι ἂν τύχωσιν ἐν γαστρὶ ἔχουσαι, καὶ ὁ τόκος αὐτέῃσιν ᾖ πρὸς τῷ ἦρι, ἐκτιτρώσκεσθαι· ὁκόσαι δ’ ἂν καὶ τέκωσιν, ἀκρατέα τὰ παιδία τίκτειν καὶ νοσώδεα, ὥστε ἢ αὐτίκα ἀπόλλυσθαι, ἢ ζῶσι λεπτά τε ἐόντα καὶ ἀσθενέα καὶ νοσώδεα. Ταῦτα μὲν τῇσι γυναιξίν. Τοῖσι δὲ λοιποῖσι δυσεντερίας, καὶ ὀφθαλμίας ξηράς· καὶ ἐνίοισι κατάῤῥους ἀπὸ τῆς κεφαλῆς ἐπὶ τὸν πλεύμονα. Τοῖσι μὲν οὖν φλεγματίῃσι τὰς δυσεντερίας εἰκὸς γίγνεσθαι, καὶ τῇσι γυναιξὶ, φλέγματος ἐπικαταῤῥυέντος ἀπὸ τοῦ ἐγκεφάλου, διὰ τὴν ὑγρότητα τῆς φύσιος· τοῖσι δὲ χολώδεσιν ὀφθαλμίας ξηρὰς, διὰ τὴν θερμότητα καὶ ξηρότητα τῆς σαρκός· τοῖσι δὲ πρεσβύτῃσι κατάῤῥους, διὰ τὴν ἀραιότητα καὶ τὴν ἔκτηξιν τῶν φλεβῶν, ὥστε ἐξαίφνης τοὺς μὲν ἀπόλλυσθαι, τοὺς δὲ παραπλήκτους γίγνεσθαι τὰ δεξιὰ ἢ τὰ ἀριστερά. Ὁκόταν γὰρ, τοῦ χειμῶνος ἐόντος νοτίου, καὶ θερμοῦ τοῦ σώματος, μὴ ξυνίστηται αἷμα μηδὲ φλέβες, τοῦ ἦρος ἐπιγενομένου βορείου καὶ αὐχμηροῦ καὶ ψυχροῦ, ὁ ἐγκέφαλος, ὁπηνίκα αὐτὸν ἔδει ἅμα καὶ τῷ ἦρι διαλύεσθαι καὶ καθαίρεσθαι ὑπό τε κορύζης καὶ βράγχων, τηνικαῦτα πήγνυταί τε καὶ ξυνίσταται, ὥστε ἐξαίφνης τοῦ θέρεος ἐπιγενομένου καὶ τοῦ καύματος, καὶ τῆς μεταβολῆς ἐπιγενομένης, ταῦτα τὰ νοσεύματα ἐπιπίπτειν. Καὶ ὁκόσαι μὲν τῶν πολίων κέονταί γε καλῶς τοῦ ἡλίου καὶ τῶν πνευμάτων, ὕδασί τε χρέονται ἀγαθοῖσιν, αὗται μὲν ἧσσον αἰσθάνονται τῶν τοιουτέων μεταβολέων· ὁκόσαι δὲ ὕδασί τε ἑλείοισι χρέονται καὶ λιμνώδεσι, κέονταί τε μὴ καλῶς τῶν πνευμάτων καὶ τοῦ ἡλίου, αὗται δὲ μᾶλλον. Κἢν μὲν τὸ θέρος αὐχμηρὸν γένηται, θᾶσσον παύονται αἱ νοῦσοι· ἢν δὲ ἔπομβρον, πολυχρόνιοι γίγνονται· καὶ φαγεδαίνας κίνδυνος ἐγγίγνεσθαι ἀπὸ πάσης προφάσιος, ἢν ἕλκος ἐγγένηται· καὶ λειεντερίαι καὶ ὕδρωπες τελευτῶσι τοῖσι νοσεύμασιν ἐπιγίγνονται· οὐ γὰρ ἀποξηραίνονται αἱ κοιλίαι ῥηϊδίως. Ἢν δὲ τὸ θέρος ἔπομβρον γένηται καὶ νότιον καὶ τὸ μετόπωρον, χειμῶνα ἀνάγκη νοσερὸν εἶναι, καὶ τοῖσι φλεγματίῃσι καὶ τοῖσι γεραιτέροισι τεσσαράκοντα ἐτέων καύσους γίγνεσθαι εἰκὸς, τοῖσι δὲ χολώδεσι πλευρίτιδας καὶ περιπλευμονίας. Ἢν δὲ τὸ θέρος αὐχμηρὸν γένηται καὶ βόρειον, τὸ δὲ μετόπωρον ἔπομβρον καὶ νότιον, κεφαλαλγίας ἐς τὸν χειμῶνα καὶ σφακέλους τοῦ ἐγκεφάλου εἰκὸς γίγνεσθαι, καὶ προσέτι βράγχους καὶ κορύζας καὶ βῆχας, ἐνίοισι δὲ καὶ φθίσιας. Ἢν δὲ βόρειόν τε ᾖ καὶ ἄνυδρον, καὶ μήτε ὑπὸ κύνα ἔπομβρον, μήτε ἐπὶ τῷ ἀρκτούρῳ, τοῖσι μὲν φλεγματίῃσι φύσει ξυμφέρει μάλιστα, καὶ τοῖσιν ὑγροῖσι τὰς φύσιας, καὶ τῇσι γυναιξίν· τοῖσι δὲ χολώδεσι τοῦτο πολεμιώτατον γίγνεται· λίην γὰρ ἀναξηραίνονται, καὶ ὀφθαλμίαι αὐτέοισιν ἐπιγίγνονται ξηραὶ, καὶ πυρετοὶ ὀξέες καὶ πολυχρόνιοι, ἐνίοισι δὲ καὶ μελαγχολίαι. Τῆς γὰρ χολῆς τὸ μὲν ὑγρότατον καὶ ὑδαρέστατον ἀναλοῦται, τὸ δὲ παχύτατον καὶ δριμύτατον λείπεται, καὶ τοῦ αἵματος κατὰ τὸν αὐτὸν λόγον, ἀφ’ ὧν ταῦτα τὰ νοσεύματα αὐτέοισι γίγνεται. Τοῖσι δὲ φλεγματίῃσι πάντα ταῦτα ἀρωγά ἐστιν· ἀποξηραίνονται γὰρ, καὶ ἐς τὸν χειμῶνα ἀφικνεόνται, οὐ πλαδῶντες, ἀλλὰ ἀνεξηρασμένοι.

10

Pour ce qui est des saisons, en faisant les observations suivantes on reconnaîtra ce que doit être l’année, malsaine ou salubre ; si les signes qui accompagnent le lever et le coucher des astres arrivent régulièrement, si, pendant l’automne, il tombe des pluies, si l’hiver est tempéré, c’est-à-dire s’il n’est pas trop doux, et si le froid ne dépasse pas la mesure ordinaire ; si pendant le printemps et l’été la quantité de pluie est en rapport avec les saisons, une telle année est vraisemblablement fort saine ; si, au contraire, l’hiver est sec et boréal, le printemps pluvieux et austral, l’été sera nécessairement fiévreux et produira des ophtalmies et des dysenteries ; car toutes les fois qu’une chaleur étouffante arrive tout à coup, la terre étant encore humectée par les pluies du printemps et par le vent du midi, la chaleur est nécessairement doublée par la terre chaude et humide, et par l’ardeur du soleil. Le ventre n’ayant pas eu le temps de se resserrer, ni le cerveau de se débarrasser de ses humeurs (car dans un pareil printemps il n’est pas possible que les chairs et le corps ne soient abreuvés d’humidité), il y aura nécessairement des fièvres très aiguës chez tous les hommes, surtout chez ceux qui sont phlegmatiques. Il surviendra vraisemblablement des dysenteries chez les femmes et chez les sujets d’une complexion très humide. Si au lever de la Canicule il survient des pluies et des orages, si les vents étésiens soufflent, il y a lieu d’espérer que ces maladies cesseront et que l’automne sera salubre ; sinon, il est à craindre que la mort ne sévisse sur les femmes et sur les enfants, et un peu moins sur les sujets âgés, et que ceux qui réchappent ne tombent dans la fièvre quarte, et de la fièvre quarte dans l’hydropisie. Si l’hiver est pluvieux, austral et chaud, le printemps boréal, sec et froid, les femmes qui se trouvent enceintes et qui doivent accoucher à la fin du printemps, accoucheront prématurément ; celles qui arrivent à terme mettent au monde des enfants infirmes ; maladifs, qui périssent immédiatement [après leur naissance], ou qui vivent maigres, débiles et maladifs. Voilà pour les femmes. Les hommes seront pris de dysenteries, d’ophtalmies sèches ; chez quelques uns il se forme des fluxions de la tête aux poumons. Vraisemblablement il surviendra des dysenteries chez les individus phlegmatiques et chez les femmes, les humeurs pituiteuses descendant de la tête à cause de l’humidité de la constitution ; des ophtalmies sèches chez les sujets bilieux à cause de la chaleur et de la sécheresse de leur corps ; des catarrhes chez les vieillards, à cause de la laxité et de la vacuité de leurs vaisseaux, ce qui fait périr les uns de mort subite, et qui rend les autres paraplectiques de la partie gauche ou droite du corps ; en effet, lorsqu’à un hiver austral et chaud, pendant lequel ni le corps ni les vaisseaux n’ont pu se resserrer, succède un printemps boréal, sec et froid, le cerveau qui doit pendant cette saison se détendre et se purger par les coryzas et les enrouements, se resserre au contraire et se condense ; en sorte que l’été arrivant avec la chaleur, ce brusque changement produit les maladies mentionnées plus haut. Les villes qui sont dans une belle exposition par rapport aux vents et au soleil, et qui ont de bonnes eaux, se ressentent moins de ces intempéries. Celles au contraire qui sont mal situées par rapport au soleil et aux vents, et qui se servent d’eau de marais et d’étang, doivent s’en ressentir davantage. Quand l’été est sec, les maladies cessent plus vite ; s’il est pluvieux, elles deviennent chroniques ; et quand elles touchent à leur fin, elles se compliquent de lienteries et d’hydropisies, car le ventre ne peut se dessécher facilement. S’il survient une plaie, il est à craindre qu’elle ne se change, par toute espèce de cause, en ulcère phagédénique. - Si l’été est austral et pluvieux, et si l’automne est semblable, l’hiver sera nécessairement malsain. Il surviendra vraisemblablement des causus chez les sujets phlegmatiques et chez ceux qui ont passé quarante ans ; et des pleurésies, des péripneumonies chez les individus bilieux. Si l’été est sec et boréal, si l’automne est pluvieux et austral, il y aura vraisemblablement, pendant l’hiver, des maux de tête, des sphacèles du cerveau, et aussi des enrouements, des coryzas, des toux, et chez quelques individus des phtisies ; mais si l’automne est sec et boréal, et s’il n’y a pas de pluie ni au lever de la Canicule , ni à celui d’Arcturus, il sera très favorable aux constitutions phlegmatiques et humides ainsi qu’aux femmes, mais il sera très funeste aux sujets bilieux ; en effet ils sont trop desséchés et il leur survient des ophtalmies sèches, des fièvres aiguës et chroniques, et chez quelques uns des mélancolies ; car la partie la plus aqueuse et la plus ténue de la bile se consume, la partie la plus épaisse et la plus âcre reste. Le sang se comporte de la même manière ; voilà ce qui produit ces maladies chez les bilieux. Cette constitution est au contraire favorable aux phlegmatiques, leur corps se dessèche, et ils arrivent à l’hiver n’étant pas saturés d’humeurs, mais desséchés. [Si l’hiver est boréal et sec, et le printemps austral et pluvieux, il survient pendant l’été des ophtalmies sèches, et des fièvres chez les enfants et chez les femmes].

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Κατὰ ταῦτά τις ἐννοεύμενος καὶ σκοπεύμενος προειδείη ἂν τὰ πλεῖστα τῶν μελλόντων ἔσεσθαι ἀπὸ τῶν μεταβολέων. Φυλάσσεσθαι δὲ χρὴ μάλιστα τὰς μεταβολὰς τῶν ὡρέων τὰς μεγίστας, καὶ μήτε φάρμακον διδόναι ἑκόντα, μήτε καίειν ὅ τι ἐς κοιλίην, μήτε τάμνειν, πρὶν παρέλθωσιν ἡμέραι δέκα ἢ καὶ πλείονες· μέγισται δέ εἰσιν αἵδε καὶ ἐπικινδυνόταται, ἡλίου τροπαὶ ἀμφότεραι καὶ μᾶλλον αἱ θεριναί· καὶ ἰσημερίαι νομιζόμεναι εἶναι ἀμφότεραι, μᾶλλον δὲ αἱ μετοπωριναί. Δεῖ δὲ καὶ τῶν ἄστρων τὰς ἐπιτολὰς φυλάσσεσθαι, καὶ μάλιστα τοῦ κυνὸς, ἔπειτα ἀρκτούρου, καὶ ἔτι πληϊάδων δύσιν· τά τε γὰρ νοσεύματα μάλιστα ἐν ταύτῃσι τῇσιν ἡμέρῃσι κρίνεται· καὶ τὰ μὲν ἀποφθίνει, τὰ δὲ λήγει, τὰ δὲ ἄλλα πάντα μεθίσταται ἐς ἕτερον εἶδος καὶ ἑτέρην κατάστασιν. Περὶ μὲν τουτέων οὕτως ἔχει.

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En réfléchissant, en examinant ainsi, on préviendra la plupart des effets qui doivent résulter des vicissitudes [des saisons]. Mais il faut surtout prendre garde aux grandes vicissitudes, et alors ne pas administrer de purgatifs sans nécessité, ne pas brûler, ne pas inciser la région du ventre, avant que dix jours et même plus ne soient passés. Les plus grandes et les plus dangereuses vicissitudes sont les deux solstices, surtout celui d’été, et ce qu’on regarde comme les deux équinoxes surtout celui d’automne. Il faut également prendre garde au lever des astres, surtout à celui de la Canicule, ensuite à celui d’Arcturus, et au coucher des Pléiades. C’est principalement à ces époques que les maladies éprouvent des crises, que les unes deviennent mortelles, que les autres cessent ou se changent en maladies d’une espèce et d’une constitution différentes ; il en est ainsi de ces choses.

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Βούλομαι δὲ περὶ τῆς Ἀσίης καὶ τῆς Εὐρώπης δεῖξαι ὁκόσον διαφέρουσιν ἀλλήλων ἐς τὰ πάντα, καὶ περὶ τῶν ἐθνέων τῆς μορφῆς, ὅτι διαλλάσσει καὶ μηδὲν ἔοικεν ἀλλήλοισιν. Περὶ μὲν οὖν ἁπάντων πολὺς ἂν εἴη λόγος, περὶ δὲ τῶν μεγίστων καὶ πλεῖστον διαφερόντων ἐρέω ὥς μοι δοκέει ἔχειν. Τὴν Ἀσίην πλεῖστον διαφέρειν φημὶ τῆς Εὐρώπης ἐς τὰς φύσιας τῶν ξυμπάντων, τῶν τε ἐκ τῆς γῆς φυομένων καὶ τῶν ἀνθρώπων· πολὺ γὰρ καλλίονα καὶ μείζονα πάντα γίγνεται ἐν τῇ Ἀσίῃ· ἥ τε χώρη τῆς χώρης ἡμερωτέρη, καὶ τὰ ἤθεα τῶν ἀνθρώπων ἠπιώτερα καὶ εὐοργητότερα. Τὸ δὲ αἴτιον τουτέων ἡ κρῆσις τῶν ὡρέων, ὅτι τοῦ ἡλίου ἐν μέσῳ τῶν ἀνατολέων κέεται πρὸς τὴν ἠῶ, τοῦ τε ψυχροῦ ποῤῥωτέρω· τὴν δὲ αὔξησιν καὶ ἡμερότητα παρέχει πλεῖστον ἁπάντων, ὁκόταν μηδὲν ᾖ ἐπικρατέον βιαίως, ἀλλὰ παντὸς ἰσομοιρίη δυναστεύῃ. Ἔχει δὲ κατὰ τὴν Ἀσίην οὐ πανταχῆ ὁμοίως, ἀλλ’ ὅση μὲν τῆς χώρης ἐν μέσῳ κέεται τοῦ θερμοῦ καὶ τοῦ ψυχροῦ, αὕτη μὲν εὐκαρποτάτη ἐστὶ καὶ εὐδενδροτάτη καὶ εὐδιεστάτη, καὶ ὕδασι καλλίστοισι κέχρηται τοῖσί τε οὐρανίοισι καὶ τοῖσιν ἐκ τῆς γῆς. Οὔτε γὰρ ὑπὸ τοῦ θερμοῦ ἐκκέκαυται λίην, οὔτε ὑπὸ αὐχμῶν καὶ ἀνυδρίης ἀναξηραίνεται, οὔτε ὑπὸ ψύχεος βεβιασμένη· ἐπεὶ δὲ καὶ διάβροχός ἐστιν ὑπό τε ὄμβρων πολλῶν καὶ χιόνος, τά τε ὡραῖα αὐτόθι πολλὰ ἐοικὸς γίγνεσθαι, ὁκόσα τε ἀπὸ σπερμάτων, καὶ ὁκόσα αὐτὴ ἡ γῆ ἀναδιδοῖ φυτά· ὧν τοῖσι καρποῖσι χρέονται ἄνθρωποι, ἡμεροῦντες ἐξ ἀγρίων, καὶ ἐς ἐπιτήδειον μεταφυτέοντες· τά τε ἐντρεφόμενα κτήνεα εὐθηνέειν εἰκὸς, καὶ μάλιστα τίκτειν τε πυκνότατα καὶ ἐκτρέφειν κάλλιστα· τούς τε ἀνθρώπους εὐτραφέας εἶναι, καὶ τὰ εἴδεα καλλίστους, καὶ μεγέθεα μεγίστους, καὶ ἥκιστα διαφόρους ἐς τά τε εἴδεα αὐτέων καὶ τὰ μεγέθεα· εἰκός τε τὴν χώρην ταύτην τοῦ ἦρος ἐγγύτατα εἶναι κατὰ τὴν φύσιν καὶ τὴν μετριότητα τῶν ὡρέων. Τὸ δὲ ἀνδρεῖον καὶ τὸ ταλαίπωρον καὶ τὸ ἔμπονον καὶ τὸ θυμοειδὲς οὐκ ἂν δύναιτο ἐν τοιαύτῃ φύσει ἐγγίγνεσθαι οὔτε ὁμοφύλου οὔτε ἀλλοφύλου, ἀλλὰ τὴν ἡδονὴν ἀνάγκη κρατέειν ... Διότι πολύμορφα γίγνεται τὰ ἐν τοῖσι θηρίοισιν. Περὶ μὲν οὖν Αἰγυπτίων καὶ Λιβύων οὕτως ἔχειν μοι δοκέει.

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Je veux, pour ce qui est de l’Asie à l’Europe, établir combien elles diffèrent en tout, et, pour ce qui est de la forme extérieure des nations [qui les habitent], démontrer qu’elles diffèrent entre elles et qu’elles ne se ressemblent aucunement. Mon discours serait beaucoup trop étendu si je parlais de toutes ; j’exposerai mon sentiment sur celles qui diffèrent de la manière la plus importante et la plus sensible. Je dis que l’Asie diffère de l’Europe par la nature de toutes choses, et par celle des productions de la terre, et par celle des hommes. Tout vient beaucoup plus beau et plus grand en Asie [qu’en Europe]. Le climat y est plus tempéré, les moeurs des habitants y sont plus douces et plus faciles. La cause de ces avantages c’est le tempérament exact des saisons. Située entre les [deux] levers du soleil, l’Asie se rapproche de l’orient et s’éloigne un peu du froid : or, le climat qui contribue le plus à l’accroissement et à la bonté de toutes choses, est celui où rien ne domine avec excès, mais où tout s’équilibre parfaitement. Ce n’est cependant pas que l’Asie soit partout la même ; la partie de son territoire placée à une égale distance de la chaleur et du froid, est très riche en fruits, très peuplée de beaux arbres, jouit d’un air très pur, offre les eaux les plus excellentes, aussi bien celles qui tombent du ciel que celles qui sortent de la terre. Le sol n’y est ni brûlé par des chaleurs excessives ni desséché par le hâle et le manque d’eau, ni maltraité par le froid, ni détrempé par des pluies abondantes et par des neiges. Il est naturel que sur un tel sol naissent abondamment les plantes propres à chaque saison, aussi bien celles qui viennent de semences que celles que la terre engendre d’elle-même. Les habitants emploient les fruits des [plantes venues spontanément], en adoucissant leurs qualités sauvages par une transplantation dans un terrain convenable. Le bétail y réussit parfaitement, il est surtout très fécond et s’élève très beau ; les hommes y ont de l’embonpoint, de belles formes et une taille élevée ; ils ne diffèrent guère entre eux par les formes et la stature. Une telle contrée ressemble beaucoup au printemps, et par la constitution, et par l’égale température des saisons ; mais ni le courage viril, ni la constance dans les travaux, ni la patience dans la fatigue, ni l’énergie morale ne sauraient exister avec une pareille nature, que les habitants soient de race indigène ou étrangère : l’attrait du plaisir triomphe nécessairement de tout ; c’est pour cela que la forme des animaux est si variée. Voilà donc, suivant moi, ce qui concerne les Égyptiens et les Libyens.

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Περὶ δὲ τῶν ἐν δεξιῇ τοῦ ἡλίου τῶν ἀνατολέων τῶν θερινῶν μέχρι Μαιώτιδος λίμνης (οὗτος γὰρ ὅρος τῆς Εὐρώπης καὶ τῆς Ἀσίης) ὧδε ἔχει περὶ αὐτέων· τὰ δὲ ἔθνεα ταῦτα ταύτῃ διάφορα αὐτὰ ἑωυτέων μᾶλλόν ἐστι τῶν προδιηγημένων, διὰ τὰς μεταβολὰς τῶν ὡρέων καὶ τῆς χώρης τὴν φύσιν. Ἔχει δὲ καὶ κατὰ τὴν γῆν ὁμοίως ἅπερ καὶ κατὰ τοὺς ἄλλους ἀνθρώπους. Ὅκου γὰρ αἱ ὧραι μεγίστας μεταβολὰς ποιέονται καὶ πυκνοτάτας, ἐκεῖ καὶ ἡ χώρη ἀγριωτάτη καὶ ἀνωμαλωτάτη ἐστίν· καὶ εὑρήσεις ὄρεά τε πλεῖστα καὶ δασέα, καὶ πεδία, καὶ λειμῶνας ἐόντας· ὅκου δὲ αἱ ὧραι μὴ μέγα ἀλλάσσουσιν, ἐκεῖ ἡ χώρη ὁμαλωτάτη ἐστίν. Οὕτω δὲ ἔχει καὶ περὶ τῶν ἀνθρώπων, εἴ τις βούλεται ἐνθυμέεσθαι. Εἰσὶ γὰρ φύσιες, αἱ μὲν ὄρεσιν ἐοικυῖαι δενδρώδεσί τε καὶ ἐφύδροισιν, αἱ δὲ λεπτοῖσί τε καὶ ἀνύδροισιν, αἱ δὲ λειμακεστέροισί τε καὶ ἑλώδεσιν, αἱ δὲ πεδίῳ τε καὶ ψιλῇ καὶ ξηρῇ γῇ. Αἱ γὰρ ὧραι αἱ μεταλλάσσουσαι τῆς μορφῆς τὴν φύσιν εἰσὶ διάφοροι· ἢν δὲ διάφοροι ἔωσι μετὰ σφέων αὐτέων, διαφοραὶ καὶ πλείονες γίγνονται τοῖσιν εἴδεσιν.

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Quant aux peuples situés à la droite du lever d’été [et qui s’étendent] jusqu’aux Palus Méotides, limite de l’Eürope et de l’Asie, voici ce qu’il en est : tous ces peuples diffèrent plus les uns des autres que ceux dont je viens de parler ; ce qui tient aux vicissitudes des saisons et à la nature du sol. En effet, il en est de même pour le sol comme pour les hommes ; or les saisons éprouvent des vicissitudes fréquentes et considérables, le sol est très sauvage et très inégal : on y trouve des montagnes la plupart boisées, des plaines, des prairies où les saisons sont régulières, le sol est très uniforme. Le même rapport s’observe chez les hommes pour qui veut y faire attention. Il y a des naturels analogues à des pays montueux, couverts de bois et humides ; d’autres à des terres sèches et légères ; ceux-ci [ressemblent] à des sols marécageux et couverts de prairies ; ceux-là à des plaines nues et arides ; car les saisons qui modifient la nature de la forme diffèrent d’elles-mêmes, et plus elles en diffèrent, plus il y a de modification dans l’apparence extérieure.

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Καὶ ὁκόσα μὲν ὀλίγον διαφέρει τῶν ἐθνέων παραλείψω· ὁκόσα δὲ μεγάλα ἢ φύσει ἢ νόμῳ, ἐρέω περὶ αὐτέων ὡς ἔχει. Καὶ πρῶτον περὶ τῶν Μακροκεφάλων. Τουτέων γὰρ οὐκ ἔστιν ἄλλο ἔθνος ὁμοίως τὰς κεφαλὰς ἔχον οὐδέν. Τὴν μὲν γὰρ ἀρχὴν ὁ νόμος αἰτιώτατος ἐγένετο τοῦ μήκεος τῆς κεφαλῆς, νῦν δὲ καὶ ἡ φύσις ξυμβάλλεται τῷ νόμῳ· τοὺς γὰρ μακροτάτην ἔχοντας τὴν κεφαλὴν γενναιοτάτους ἡγέονται. Ἔχει δὲ περὶ νόμου ὧδε· τὸ παιδίον ὁκόταν γένηται τάχιστα, τὴν κεφαλὴν αὐτέου ἔτι ἁπαλὴν ἐοῦσαν, μαλακοῦ ἐόντος, ἀναπλήσσουσι τῇσι χερσὶ, καὶ ἀναγκάζουσιν ἐς τὸ μῆκος αὔξεσθαι, δεσμά τε προσφέροντες καὶ τεχνήματα ἐπιτήδεια, ὑφ’ ὧν τὸ μὲν σφαιροειδὲς τῆς κεφαλῆς κακοῦται, τὸ δὲ μῆκος αὔξεται. Οὕτω τὴν ἀρχὴν ὁ νόμος κατειργάσατο, ὥστε ὑπὸ βίης τοιαύτην τὴν φύσιν γενέσθαι· τοῦ δὲ χρόνου προϊόντος, ἐν φύσει ἐγένετο, ὥστε τὸν νόμον μηκέτι ἀναγκάζειν. Ὁ γὰρ γόνος πανταχόθεν ἔρχεται τοῦ σώματος, ἀπό τε τῶν ὑγιηρῶν ὑγιηρὸς, ἀπό τε τῶν νοσερῶν νοσερός. Εἰ οὖν γίγνονται ἔκ τε τῶν φαλακρῶν φαλακροὶ, καὶ ἐκ γλαυκῶν γλαυκοὶ, καὶ ἐκ διεστραμμένων στρεβλοὶ, ὡς ἐπὶ τὸ πλῆθος, καὶ περὶ τῆς ἄλλης μορφῆς ὁ αὐτὸς λόγος, τί κωλύει καὶ ἐκ μακροκεφάλου μακροκέφαλον γενέσθαι; Νῦν δὲ ὁμοίως οὐκ ἔτι γίγνονται ὡς πρότερον· ὁ γὰρ νόμος οὐκ ἔτι ἰσχύει διὰ τὴν ὁμιλίην τῶν ἀνθρώπων. Περὶ μὲν οὖν τουτέων οὕτω μοι δοκέει.

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Je passerai sous silence tous les peuples qui ne diffèrent pas sensiblement [entre eux], et je vais parler de ceux qui présentent de notables différences, qu’elles tiennent à la nature ou à la coutume. Je commence parles Macrocéphales ; il n’est point de peuple qui ait la tête semblable à la leur. Dans le principe, l’allongement de la tête était l’effet d’une coutume, maintenant la nature prête secours à cette coutume, fondée sur la croyance que les plus nobles étaient ceux qui avaient la tête la plus longue ; voici quelle est cette coutume : aussitôt qu’un enfant est mis au monde, pendant que son corps est souple et que sa tête conserve encore sa mollesse, on la façonne avec les mains, on la force à s’allonger en se servant de bandages et d’appareils convenables qui lui font perdre sa forme sphérique et la font croître en longueur. Ainsi dans le principe, grâce à cette coutume, le changement de forme était dû à ces violentes manoeuvres mais avec le temps cette forme s’identifia si bien avec la nature, que celle-ci n’eût plus besoin d’être contrainte par la coutume, et que la puissance de l’art devint inutile. En effet, la liqueur séminale émanant de toutes les parties du corps, est saine quand les parties sont saines, altérée quand elles sont malsaines ; or, si le plus ordinairement on naît chauve de parents chauves ; avec des yeux bleus, de parents qui ont les yeux bleus ; louche de parents louches, et ainsi du reste, qu’est-ce qui empêche qu’on naisse avec une longue tête de parents qui ont une longue tête ? Aujourd’hui cette forme n’existe plus chez ce peuple comme autrefois, parce que la coutume est tombée en désuétude par la fréquentation des autres nations. Voilà, ce me semble, ce qui concerne les Macrocéphales.

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Περὶ δὲ τῶν ἐν Φάσει, ἡ χώρη ἐκείνη ἑλώδης ἐστὶ καὶ θερμὴ καὶ ὑδατεινὴ καὶ δασεῖα· ὄμβροι τε αὐτόθι γίγνονται πᾶσαν ὥρην πολλοί τε καὶ ἰσχυροί· ἥ τε δίαιτα τοῖσιν ἀνθρώποισιν ἐν τοῖσιν ἕλεσίν ἐστιν· τά τε οἰκήματα ξύλινα καὶ καλάμινα ἐν τοῖσιν ὕδασι μεμηχανημένα· ὀλίγῃ τε χρέονται βαδίσει κατὰ τὴν πόλιν καὶ τὸ ἐμπόριον, ἀλλὰ μονοξύλοισι διαπλέουσιν ἄνω καὶ κάτω· διώρυγες γὰρ πολλαί εἰσιν. Τὰ δὲ ὕδατα θερμὰ καὶ στάσιμα πίνουσιν, ὑπό τε τοῦ ἡλίου σηπόμενα, καὶ ὑπὸ τῶν ὄμβρων ἐπαυξανόμενα. Αὐτός τε ὁ Φάσις στασιμώτατος πάντων τῶν ποταμῶν καὶ ῥέων ἠπιώτατα· οἵ τε καρποὶ γιγνόμενοι αὐτόθι πάντες ἀναλδέες εἰσὶ, καὶ τεθηλυσμένοι, καὶ ἀτελέες, ὑπὸ πολυπληθείης τοῦ ὕδατος· διὸ καὶ οὐ πεπαίνονται· ἠήρ τε πουλὺς κατέχει τὴν χώρην ἀπὸ τῶν ὑδάτων. Διὰ ταύτας δὴ τὰς προφάσιας τὰ εἴδεα ἀπηλλαγμένα τῶν λοιπῶν ἀνθρώπων ἔχουσιν οἱ Φασιηνοί· τά τε γὰρ μεγέθεα μεγάλοι, τὰ πάχεα δ’ ὑπερπαχέες· ἄρθρον τε κατάδηλον οὐδὲν, οὐδὲ φλέψ· τήν τε χροιὴν ὠχρὴν ἔχουσιν, ὥσπερ ὑπὸ ἰκτέρου ἐχόμενοι· φθέγγονταί τε βαρύτατον ἀνθρώπων, τῷ ἠέρι χρεόμενοι οὐ λαμπρῷ, ἀλλὰ χνοώδει τε καὶ διερῷ· πρός τε τὸ ταλαιπωρέειν τὸ σῶμα ἀργότεροι πεφύκασιν· αἵ τε ὧραι οὐ πολὺ μεταλλάσσουσιν, οὔτε πρὸς τὸ πνῖγος, οὔτε πρὸς τὸ ψύχος· τά τε πνεύματα τὰ πολλὰ νότια, πλὴν αὔρης μιῆς ἐπιχωρίης· αὕτη δὲ πνέει ἐνίοτε βίαιος, καὶ χαλεπὴ, καὶ θερμὴ, καὶ Κέγχρονα ὀνομάζουσι τοῦτο τὸ πνεῦμα. Ὁ δὲ βορέης οὐ σφόδρα ἀφικνέεται· ὁκόταν δὲ πνέῃ, ἀσθενὴς καὶ βληχρός. Περὶ μὲν τῆς φύσιος τῆς διαφορῆς καὶ τῆς μορφῆς τῶν ἐν τῇ Ἀσίῃ καὶ τῇ Εὐρώπῃ οὕτως ἔχει.

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Quant aux peuples qui habitent sur le Phase, leur pays est marécageux, chaud, humide, couvert de bois ; il y tombe, dans toutes les saisons, des pluies abondantes et fortes. Ces hommes passent leur vie dans les marais. Ils bâtissent au milieu des eaux leurs habitations de bois ou de joncs. Ils ne marchent guère que pour aller à la ville ou au marché ; mais ils parcourent leur pays, montant et descendant les canaux qui y sont en grand nombre, dans des nacelles faites d’un seul tronc d’arbre. Ils font usage d’eaux chaudes, stagnantes, putréfiées par l’ardeur du soleil, et alimentées par les pluies. Le Phase lui-même est, de tous les fleuves, le plus stagnant et le plus lent dans son cours. Les fruits qui viennent dans cette localité sont chétifs, de mauvaise qualité et sans saveur, à cause de la surabondance des eaux ; aussi ne parviennent-ils jamais à maturité. Un brouillard épais produit par les eaux couvre toujours la contrée. C’est à ces conditions extérieures que les Phasiens doivent des formes si différentes de celles des autres hommes ; ils sont d’une stature élevée, mais si chargés d’embonpoint qu’ils n’ont ni les articulations ni les vaisseaux apparents. Leur teint est jaune-verdâtre comme celui des ictériques. Le timbre de leur voix est plus grave que partout ailleurs, parce qu’ils respirent un air qui n’est pas pur, mais humide et épais, comme du duvet. Ils sont naturellement enclins à éviter tout ce qui peut les fatiguer. Dans leur pays, les saisons n’éprouvent de grandes variations ni de chaud ni de froid. A l’exception d’un seul vent local, les vents du midi y dominent ; ce vent souille parfois avec impétuosité, il est chaud et incommode ; on le nomme Cenchron. Quant au vent du nord, il n’y parvient que rarement, encore y souffle-t-il sans force et sans vigueur. Il en est ainsi de la différence de nature et de forme entre les nations de l’Asie.

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Περὶ δὲ τῆς ἀθυμίης τῶν ἀνθρώπων καὶ τῆς ἀνανδρείης, ὅτι ἀπολεμώτεροί εἰσι τῶν Εὐρωπαίων οἱ Ἀσιηνοὶ, καὶ ἡμερώτεροι τὰ ἤθεα, αἱ ὧραι αἴτιαι μάλιστα, οὐ μεγάλας τὰς μεταβολὰς ποιεύμεναι, οὔτε ἐπὶ τὸ θερμὸν, οὔτε ἐπὶ τὸ ψυχρὸν, ἀλλὰ παραπλησίως. Οὐ γὰρ γίγνονται ἐκπλήξιες τῆς γνώμης, οὔτε μετάστασις ἰσχυρὴ τοῦ σώματος, ἀφ’ ὅτων εἰκὸς τὴν ὀργὴν ἀγριοῦσθαί τε, καὶ τοῦ ἀγνώμονος καὶ θυμοειδέος μετέχειν μᾶλλον ἢ ἐν τῷ αὐτέῳ αἰεὶ ἐόντα. Αἱ γὰρ μεταβολαί εἰσι τῶν πάντων, αἵ τε ἐγείρουσαι τὴν γνώμην τῶν ἀνθρώπων, καὶ οὐκ ἐῶσαι ἀτρεμίζειν. Διὰ ταύτας ἐμοὶ δοκέει τὰς προφάσιας ἄναλκες εἶναι τὸ γένος τὸ Ἀσιηνόν· καὶ προσέτι διὰ τοὺς νόμους. Τῆς γὰρ Ἀσίης τὰ πολλὰ βασιλεύεται. Ὅκου δὲ μὴ αὐτοὶ ἑωυτέων εἰσὶ καρτεροὶ ἄνθρωποι μηδὲ αὐτόνομοι, ἀλλὰ δεσπόζονται, οὐ περὶ τουτέου αὐτέοισιν ὁ λόγος ἐστὶν, ὅκως τὰ πολέμια ἀσκήσωσιν, ἀλλ’ ὅκως μὴ δόξωσι μάχιμοι εἶναι. Οἱ γὰρ κίνδυνοι οὐχ ὅμοιοι εἰσίν· τοὺς μὲν γὰρ στρατεύεσθαι εἰκὸς καὶ ταλαιπωρέειν καὶ ἀποθνήσκειν ἐξ ἀνάγκης ὑπὲρ τῶν δεσποτέων, ἄπο τε παιδίων καὶ γυναικὸς ἐόντας καὶ τῶν λοιπῶν φίλων· καὶ ὁκόσα μὲν ἂν χρηστὰ καὶ ἀνδρεῖα ἐργάσωνται, οἱ δεσπόται ἀπ’ αὐτέων αὔξονταί τε καὶ ἐκφύονται· τοὺς δὲ κινδύνους καὶ θανάτους αὐτοὶ καρποῦνται· ἔτι δὲ πρὸς τούτοισι τῶν τοιούτων ἀνθρώπων ἀνάγκη ἐρημοῦσθαι τὴν γῆν ὑπό τε πολεμίων καὶ ἀργίης· ὥστε, καὶ εἴ τις φύσει πέφυκεν ἀνδρεῖος καὶ εὔψυχος, ἀποτρέπεσθαι τὴν γνώμην ἀπὸ τῶν νόμων. Μέγα δὲ τεκμήριον τουτέων· ὁκόσοι γὰρ ἐν τῇ Ἀσίῃ Ἕλληνες ἢ βάρβαροι μὴ δεσπόζονται, ἀλλ’ αὐτόνομοί εἰσι καὶ ἑωυτέοισι ταλαιπωρεῦσιν, οὗτοι μαχιμώτατοί εἰσι πάντων· τοὺς γὰρ κινδύνους ἑωυτέων πέρι κινδυνεύουσιν, καὶ τῆς ἀνδρείης αὐτέοι τὰ ἆθλα φέρονται, καὶ τῆς δειλίης τὴν ζημίην ὡσαύτως. Εὑρήσεις δὲ καὶ τοὺς Ἀσιηνοὺς διαφέροντας αὐτοὺς ἑωυτέων, τοὺς μὲν βελτίονας, τοὺς δὲ φαυλοτέρους ἐόντας· τουτέων δὲ αἱ μεταβολαὶ αἴτιαι τῶν ὡρέων, ὥσπερ μοι εἴρηται ἐν τοῖσι προτέροισιν. Καὶ περὶ μὲν τῶν ἐν τῇ Ἀσίῃ οὕτως ἔχει.

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Quant à la pusillanimité, à l’absence de courage viril, si les Asiatiques sont moins belliqueux et plus doux que les Européens, la principale cause en est dans les saisons, qui n’éprouvent pas de grandes variations ni de chaud ni de froid, mais qui sont à peu près uniformes. En effet, l’esprit n’y ressent point ces commotions et le corps n’y subit pas ces changements intenses, qui rendent naturellement le caractère plus farouche et qui lui donnent plus d’indocilité et de fougue qu’un état de choses toujours le même ; car ce sont les changements du tout en tout qui éveillent l’esprit de l’homme, et ne le laissent pas dans l’inertie. C’est, je pense, à ces causés extérieures qu’il faut rapporter la pusillanimité des Asiatiques, et aussi à leurs institutions ; en effet, la plus grande partie de l’Asie est soumise à des rois ; et toutes les fois que les hommes ne sont ni maîtres de leurs personnes, ni gouvernés par les lois qu’ils se sont faites, mais par la puissance despotique, ils n’ont pas de motif raisonnable pour se former au métier des armes, mais au contraire pour ne pas paraître guerriers, car les dangers ne sont pas également partagés. C’est contraints par la force, qu’ils vont à la guerre, qu’ils en supportent les fatigues, et qu’ils meurent pour leurs despotes, loin de leurs enfants, de leurs femmes et de leurs amis. Tous leurs exploits et leur valeur guerrière ne servent qu’à augmenter et à propager la puissance de leurs despotes ; pour eux, ils ne recueillent d’autres fruits que les dangers et la mort. En outre, leurs champs se changent en déserts, et par les dévastations des ennemis, et par la cessation des travaux ; en sorte que s’il se trouvait parmi eux quelqu’un qui fût par nature courageux et brave, il serait, par les institutions, détourné d’employer sa bravoure. Une grande preuve de ce que j’avance, c’est qu’en Asie tous les Grecs et les Barbares qui ne se soumettent pas au despotisme, et qui se gouvernent par eux-mêmes, sont les plus guerriers de tous, car c’est pour eux-mêmes qu’ils courent les dangers, eux-mêmes reçoivent le prix de leur courage, ou la peine de leur lâcheté. Au reste vous trouverez que les Asiatiques diffèrent entr’eux : ceux-ci sont plus vaillants, ceux-là plus lâches. Cette différence tient encore aux vicissitudes des saisons, ainsi que je l’ai dit plus haut. Voilà ce qui concerne l’Asie.

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Ἐν δὲ τῇ Εὐρώπῃ ἐστὶν ἔθνος Σκυθικὸν, ὃ περὶ τὴν λίμνην οἰκέει τὴν Μαιῶτιν, διαφέρον τῶν ἐθνέων τῶν ἄλλων, Σαυρομάται καλεῦνται. Τουτέων αἱ γυναῖκες ἱππάζονταί τε καὶ τοξεύουσι, καὶ ἀκοντίζουσιν ἀπὸ τῶν ἵππων, καὶ μάχονται τοῖσι πολεμίοισιν, ἕως ἂν παρθένοι ἔωσιν. Οὐκ ἀποπαρθενεύονται δὲ μέχρις ἂν τῶν πολεμίων τρεῖς ἀποκτείνωσι, καὶ οὐ πρότερον ξυνοικέουσιν ἤπερ τὰ ἱερὰ θύουσαι τὰ ἐν νόμῳ. Ἣ δ’ ἂν ἄνδρα ἑωυτῇ ἄρηται, παύεται ἱππαζομένη, ἕως ἂν μὴ ἀνάγκη καταλάβῃ παγκοίνου στρατείης. Τὸν δεξιὸν δὲ μαζὸν οὐκ ἔχουσιν. Παιδίοισι γὰρ ἐοῦσιν ἔτι νηπίοισιν αἱ μητέρες χαλκεῖον τετεχνημένον ἐπ’ αὐτέῳ τουτέῳ διάπυρον ποιέουσαι, πρὸς τὸν μαζὸν τιθέασι τὸν δεξιὸν, καὶ ἐπικαίεται, ὥστε τὴν αὔξησιν φθείρεσθαι, ἐς δὲ τὸν δεξιὸν ὦμον καὶ βραχίονα πᾶσαν τὴν ἰσχὺν καὶ τὸ πλῆθος ἐκδιδόναι.

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En Europe, il existe une nation scythe qui habite aux environs des Palus Méotides ; elle diffère des autres nations : elle est connue sous le nom de Sauromates. Les femmes montent à cheval, tirent de l’arc, lancent le javelot de dessus, leur cheval, et se battent contre les ennemis tant qu’elles sont vierges. Elles ne se marient pas avant d’avoir tué trois ennemis, et ne cohabitent pas avec leurs maris avant d’avoir offert les sacrifices prescrits par la loi. Une fois mariées, elles cessent de monter à cheval, à moins que la nation ne soit forcée à une expédition générale. Elles n’ont pas de mamelle droite ; car, lorsqu’elles sont encore dans leur première enfance, les mères prennent un instrument de cuivre, le chargent de feu et l’appliquent sur la région mammaire droite, qu’elles brûlent superficiellement, afin qu’elle perde la faculté de s’accroître, en sorte que toute la force et l’abondance [des humeurs] se portent à l’épaule et au bras droits.

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Περὶ δὲ τῶν λοιπῶν Σκυθέων τῆς μορφῆς, ὅτι αὐτοὶ ἑωυτοῖσιν ἐοίκασι, καὶ οὐδαμῶς ἄλλοισιν, ὠυτὸς λόγος καὶ περὶ τῶν Αἰγυπτίων, πλὴν, ὅτι οἱ μὲν ὑπὸ τοῦ θερμοῦ εἰσι βεβιασμένοι, οἱ δ’ ὑπὸ τοῦ ψυχροῦ. Ἡ δὲ Σκυθέων ἐρημίη καλευμένη πεδιάς ἐστι καὶ λειμακώδης καὶ ὑψηλὴ, καὶ ἔνυδρος μετρίως· ποταμοὶ γάρ εἰσι μεγάλοι οἳ ἐξοχετεύουσι τὸ ὕδωρ ἐκ τῶν πεδίων. Ἐνταῦθα καὶ οἱ Σκύθαι διαιτεῦνται, Νομάδες δὲ καλεῦνται, ὅτι οὐκ ἔστιν οἰκήματα, ἀλλ’ ἐν ἁμάξῃσιν οἰκεῦσιν. Αἱ δὲ ἅμαξαί εἰσιν, αἱ μὲν ἐλάχισται, τετράκυκλοι, αἱ δὲ ἑξάκυκλοι· αὗται δὲ πίλοισι περιπεφραγμέναι· εἰσὶ δὲ καὶ τετεχνασμέναι ὥσπερ οἰκήματα, τὰ μὲν ἁπλᾶ, τὰ δὲ τριπλᾶ· ταῦτα δὲ καὶ στεγνὰ πρὸς ὕδωρ, καὶ πρὸς χιόνα, καὶ πρὸς τὰ πνεύματα. Τὰς δὲ ἁμάξας ἕλκουσι ζεύγεα, τὰς μὲν δύο, τὰς δὲ τρία βοῶν, κέρως ἄτερ· οὐ γὰρ ἔχουσι κέρατα ὑπὸ ψύχεος. Ἐν ταύτῃσι μὲν οὖν τῇσιν ἁμάξῃσιν αἱ γυναῖκες διαιτεῦνται· αὐτοὶ δ’ ἐφ’ ἵππων ὀχεῦνται οἱ ἄνδρες· ἕπονται δὲ αὐτέοισι καὶ τὰ πρόβατα ἐόντα καὶ αἱ βόες καὶ οἱ ἵπποι· μένουσι δ’ ἐν τῷ αὐτέῳ τοσοῦτον χρόνον, ὅσον ἂν ἀπόχρη ωὐτέοισι τοῖσι κτήνεσιν ὁ χόρτος· ὁκόταν δὲ μηκέτι, ἐς ἑτέρην χώρην μετέρχονται. Αὐτοὶ δ’ ἐσθίουσι κρέα ἑφθὰ, καὶ πίνουσι γάλα ἵππων, καὶ ἱππάκην τρώγουσιν· τοῦτο δ’ ἐστὶ τυρὸς ἵππων. Τὰ μὲν ἐς τὴν δίαιταν αὐτέων οὕτως ἔχει καὶ τοὺς νόμους.

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Pour ce qui est de la forme extérieure chez les autres Scythes, qui ne ressemblent qu’à eux-mêmes et nullement aux autres peuples, mon explication est la même que pour les Égyptiens, si ce n’est que ceux-ci sont accablés par une excessive chaleur, et ceux-là par un froid rigoureux. Ce qu’on appelle le Désert de la Scythie est une plaine élevée, couverte de pâturages et médiocrement humide, car elle est arrosée par de grands fleuves qui, dans leurs cours, entraînent les eaux des plaines. C’est là que se tiennent les Scythes appelés Nomades, parce qu’ils n’habitent point des maisons, mais des chariots. Ces chariots ont, les uns, quatre roues, et ce sont les plus petits, les autres en ont six. Fermés avec des feutres, ils sont disposés comme des maisons, et ont deux on trois chambres ; ils sont impénétrables à la pluie, à la neige et aux vents. Ces chariots sont traînés par deux ou trois paires de boeufs qui n’ont point de cornes, car les cornes ne leur poussent pas à cause du froid. Les femmes vivent dans ces chariots ; les hommes les accompagnent à cheval, suivis de leurs troupeaux de boeufs et de chevaux. Ils demeurent dans le même endroit tant que le fourrage suffit à la nourriture de leur bétail ; quand il ne suit plus, ils se transportent dans une autre contrée. Ils mangent des viandes cuites, boivent du lait de jument et croquent de l’hyppace, c’est-à-dire du fromage de cavale. Il en est ainsi de la manière de vivre et des coutumes des Scythes.

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Περὶ δὲ τῶν ὡρέων καὶ τῆς μορφῆς, ὅτι πολὺ ἀπήλλακται τῶν λοιπῶν ἀνθρώπων τὸ Σκυθικὸν γένος, καὶ ἔοικεν αὐτὸ ἑωυτέῳ, ὥσπερ τὸ Αἰγύπτιον, καὶ ἥκιστα πολύγονόν ἐστιν· καὶ ἡ χώρη ἐλάχιστα θηρία τρέφει κατὰ μέγεθος καὶ πλῆθος. Κέεται γὰρ ὑπ’ αὐτῇσι τῇσιν ἄρκτοισι καὶ τοῖσιν ὄρεσι τοῖσι Ῥιπαίοισιν, ὅθεν ὁ βορέης πνέει· ὅ τε ἥλιος τελευτῶν ἐγγύτατα γίγνεται, ὁκόταν ἐπὶ τὰς θερινὰς ἔλθῃ περιόδους, καὶ τότε ὀλίγον χρόνον θερμαίνει, καὶ οὐ σφόδρα· τὰ δὲ πνεύματα τὰ ἀπὸ τῶν θερμῶν πνέοντα οὐκ ἀφικνέεται, ἢν μὴ ὀλιγάκις καὶ ἀσθενέα, ἀλλ’ ἀπὸ τῶν ἄρκτων αἰεὶ πνέουσι πνεύματα ψυχρὰ ἀπό τε χιόνος καὶ κρυστάλλων καὶ ὑδάτων πολλῶν· οὐδέποτε δὲ τὰ ὄρεα ἐκλείπει· ἀπὸ τουτέων δὲ δυσοίκητά ἐστιν. Ἠήρ τε κατέχει πουλὺς τῆς ἡμέρης τὰ πεδία, καὶ ἐν αὐτέοισι διαιτεῦνται· ὥστε τὸν μὲν χειμῶνα αἰεὶ εἶναι, τὸ δὲ θέρος ὀλίγας ἡμέρας, καὶ ταύτας μὴ λίην. Μετέωρα γὰρ τὰ πεδία καὶ ψιλὰ, καὶ οὐκ ἐστεφάνωνται ὄρεσιν, ἀλλ’ ἀνάντεα ὑπὸ τῶν ἄρκτων. Αὐτόθι καὶ τὰ θηρία οὐ γίγνεται μεγάλα, ἀλλ’ οἷά τέ ἐστιν ὑπὸ γῆν σκεπάζεσθαι ὁ γὰρ χειμὼν κωλύει καὶ τῆς γῆς ἡ ψιλότης, καὶ ὅτι οὐκ ἔστιν ἀλέη οὐδὲ σκέπη. Αἱ γὰρ μεταβολαὶ τῶν ὡρέων οὐκ εἰσὶ μεγάλαι οὐδὲ ἰσχυραὶ, ἀλλ’ ὅμοιαι καὶ ὀλίγον μεταβάλλουσαι· διότι καὶ τὰ εἴδεα ὅμοια αὐτὰ ἑωυτέοισίν εἰσιν· σίτῳ τε χρέονται αἰεὶ ὁμοίως, ἐσθῆτί τε τῇ αὐτέῃ καὶ θέρεος καὶ χειμῶνος, τόν τε ἠέρα ὑδατεινὸν ἕλκοντες καὶ παχὺν, τά τε ὕδατα πίνοντες ἀπὸ χιόνος καὶ παγετῶν, τοῦ τε ταλαιπώρου ἀπεόντος· οὐ γὰρ οἷόν τε τὸ σῶμα ταλαιπωρέεσθαι, οὐδὲ τὴν ψυχὴν, ὅκου μεταβολαὶ μὴ γίγνονται ἰσχυραί. Διὰ ταύτας τὰς ἀνάγκας τὰ εἴδεα αὐτέων παχέα ἐστὶ καὶ σαρκώδεα, καὶ ἄναρθρα καὶ ὑγρὰ καὶ ἄτονα· αἵ τε κοιλίαι ὑγρόταται, πασέων κοιλιῶν αἱ κάτω· οὐ γὰρ οἷόν τε νηδὺν ἀναξηραίνεσθαι ἐν τοιαύτῃ χώρῃ καὶ φύσει καὶ ὥρης καταστάσει· ἀλλὰ διὰ πιμελήν τε καὶ ψιλὴν τὴν σάρκα, τά τε εἴδεα ἔοικεν ἀλλήλοισι, τά τε ἄρσενα τοῖσιν ἄρσεσι, καὶ τὰ θήλεα τοῖσι θήλεσιν. Τῶν γὰρ ὡρέων παραπλησίων ἐουσέων, φθοραὶ οὐκ ἐγγίγνονται οὐδὲ κακώσιες ἐν τῇ τοῦ γόνου ξυμπήξει, ἢν μή τινος ἀνάγκης βιαίου τύχῃ ἢ νούσου.

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Pour ce qui est des climats et de la forme extérieure [qui en dépend, il faut dire] que la race scythe, comme la race égyptienne, diffère de toutes les autres et ne ressemble qu’à elle-même ; qu’elle est peu féconde ; que la Scythie nourrit des animaux peu nombreux et très petits. En effet, cette contrée est située précisément sous l’Ourse et aux pieds des monts Riphées, d’où souffle le vent du nord. Le soleil ne s’en approche qu’au solstice d’été, encore ne l’échauffe-t-il que pour peu de temps et médiocrement. Les vents qui viennent des régions chaudes n’y parviennent que rarement et qu’après avoir perdu leur force. Il n’y souffle que des vents du septentrion refroidis par la neige, la glace et les pluies abondantes, qui n’abandonnent jamais les monts Riphées, ce qui les rend inhabitables. Pendant tout le jour, un brouillard épais couvre les plaines au milieu desquelles les Scythes demeurent ; en sorte que l’hiver y est perpétuel, et que l’été n’y dure que peu de jours, qui ne sont même pas très chauds, car les plaines sont élevées et nues ; elles ne se couronnent pas de montagnes, mais elles s’élèvent en se prolongeant sous l’Ourse. Les animaux n’y deviennent pas grands, mais ils sont tels qu’ils peuvent se cacher sous terre ; car l’hiver perpétuel et la nudité du sol, sur lequel ils ne trouvent ni abri ni protection les empêchent [de prendre leur développement]. Les saisons n’offrent pas de vicissitudes grandes et intenses ; elles se ressemblent et ne subissent guère de modifications. De là vient que les formes extérieures sont partout semblables à elles-mêmes. Les Scythes se nourrissent et se vêtent toujours de la même manière, en été comme en hiver. Ils respirent toujours un air épais et humide, boivent des eaux de neige et de glace, et sont peu propres à supporter les fatigues, car ni le corps ni l’esprit ne peuvent soutenir la fatigue dans les pays où les saisons ne présentent pas de variations notables. Pour toutes ces causes, nécessairement leurs formes sont grossières, leur corps est chargé d’embonpoint, leurs articulations sont peu apparentes, humides et faibles. Leurs cavités, surtout les inférieures, sont pleines d’humidité, car il n’est pas possible qu’elles se dessèchent dans un tel pays, avec une telle nature et avec des saisons ainsi constituées. A cause de la graisse et à cause de l’absence de poil, les formes extérieures sont les mêmes chez tous ; les hommes ressemblent aux hommes, les femmes aux femmes. Les saisons ayant beaucoup d’analogie entre elles, la liqueur séminale n’éprouve ni variation ni altération dans sa consistance, à moins qu’il ne survienne quelqu’accident violent ou quelque maladie.

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Μέγα δὲ τεκμήριον ἐς τὴν ὑγρότητα παρέξομαι. Σκυθέων γὰρ τοὺς πολλοὺς, ἅπαντας ὅσοι Νομάδες, εὑρήσεις κεκαυμένους τούς τε ὤμους καὶ τοὺς βραχίονας καὶ τοὺς καρποὺς τῶν χειρέων, καὶ τὰ στήθεα, καὶ τὰ ἰσχία καὶ τὴν ὀσφὺν, δι’ ἄλλ’ οὐδὲν ἢ διὰ τὴν ὑγρότητα τῆς φύσιος καὶ τὴν μαλακίην· οὐ γὰρ δύνανται οὔτε τοῖσι τόξοισι ξυντείνειν, οὔτε τῷ ἀκοντίῳ ἐμπίπτειν τῷ ὤμῳ ὑπὸ ὑγρότητος καὶ ἀτονίης· ὁκόταν δὲ καυθῶσιν, ἀναξηραίνεται ἐκ τῶν ἄρθρων τὸ πολὺ τοῦ ὑγροῦ, καὶ ἐντονώτερα μᾶλλον γίγνεται, καὶ τροφιμώτερα, καὶ ἠρθρωμένα τὰ σώματα μᾶλλον. Ῥοϊκὰ δὲ γίγνεται καὶ πλατέα· πρῶτον μὲν ὅτι οὐ σπαργανοῦνται ὥσπερ ἐν Αἰγύπτῳ, οὐδὲ νομίζουσι διὰ τὴν ἱππασίην, ὅκως ἂν εὔεδροι ἔωσιν· ἔπειτα δὲ διὰ τὴν ἕδρην· τά τε γὰρ ἄρσενα, ἕως ἂν οὐχ οἷά τε ἐφ’ ἵππου ὀχέεσθαι, τὸ πολὺ τοῦ χρόνου κάθηται ἐν τῇ ἁμάξῃ, καὶ βραχὺ τῇ βαδίσει χρέονται, διὰ τὰς μεταναστάσιας καὶ περιελάσιας· τὰ δὲ θήλεα θαυμαστὸν οἷον ῥοϊκὰ καὶ βραδέα εἶναι τὰ εἴδεα. Πυῤῥὸν δὲ τὸ γένος ἐστὶ τὸ Σκυθικὸν διὰ τὸ ψύχος, οὐκ ἐπιγιγνομένου ὀξέως τοῦ ἡλίου· ὑπὸ δὲ τοῦ ψύχεος ἡ λευκότης ἐπικαίεται καὶ γίγνεται πυῤῥή.

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Je vais fournir une grande preuve de l’humidité du corps des Scythes. Vous trouverez chez la plupart, et spécialement chez les Nomades, l’usage de se brûler les épaules, les bras, les cuisses, la poitrine, les hanches et les lombes. Cet usage n’a d’autre but que de remédier à l’humidité et à la mollesse de leur complexion, car, à cause de cette humidité et de cette atonie, ils ne sauraient ni bander un arc, ni soutenir avec l’épaule le jet du javelot. Lorsque les articulations sont débarrassées, par ces cautérisations, de leur excessive humidité, elles sont plus fermes, le corps se nourrit mieux. Il prend des formes plus accentuées. Les Scythes sont flasques et trapus ; premièrement, parce qu’ils ne sont pas, comme les Égyptiens, emmaillotés [dans leur enfance], usage, qu’ils n’ont pas voulu adopter, afin de se tenir plus aisément à cheval ; secondement, parce qu’ils mènent une vie sédentaire. Les garçons, tant qu’ils ne sont pas en état de monter à cheval, passent la plupart du temps assis dans les chariots, et ne marchent que fort rarement, à cause des migrations et des circuits [de ces hordes nomades]. Les femmes ont les formes extérieures prodigieusement flasques et sont très lentes. La race scythe a le teint roux (basané) à cause du froid ; en effet, le soleil n’ayant pas assez de force, le froid brûle la blancheur de la peau, qui devient rousse.

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Πολύγονον δὲ οὐχ οἷόν τε εἶναι φύσιν τοιαύτην· οὔτε γὰρ τῷ ἀνδρὶ ἡ ἐπιθυμίη τῆς μίξιος γίγνεται πολλὴ διὰ τὴν ὑγρότητα τῆς φύσιος καὶ τῆς κοιλίης τὴν μαλθακότητά τε καὶ τὴν ψυχρότητα, ἀπὸ τῶν ἥκιστα εἰκὸς εἶναι ἄνδρα οἷόν τε λαγνεύειν· καὶ ἔτι ὑπὸ τῶν ἵππων αἰεὶ κοπτόμενοι, ἀσθενέες γίγνονται ἐς τὴν μίξιν. Τοῖσι μὲν ἀνδράσιν αὗται αἱ προφάσιες γίγνονται· τῇσι δὲ γυναιξὶν ἥ τε πιότης τῆς σαρκὸς καὶ ὑγρότης· οὐ γὰρ δύνανται ἔτι ξυναρπάζειν αἱ μῆτραι τὸν γόνον· οὔτε γὰρ ἐπιμήνιος κάθαρσις αὐτέῃσι γίγνεται ὡς χρεών ἐστιν, ἀλλ’ ὀλίγον καὶ διὰ χρόνου· τό τε στόμα τῶν μητρέων ὑπὸ πιμελῆς ξυγκλείεται, καὶ οὐχ ὑποδέχεται τὸν γόνον· αὐταί τε ἀταλαίπωροι καὶ πίεραι, καὶ αἱ κοιλίαι ψυχραὶ καὶ μαλακαί. Καὶ ὑπὸ τουτέων τῶν ἀναγκέων οὐ πολύγονόν ἐστι τὸ γένος τὸ Σκυθικόν. Μέγα δὲ τεκμήριον αἱ οἰκέτιδες ποιέουσιν· οὐ γὰρ φθάνουσι παρὰ ἄνδρα ἀφικνεύμεναι, καὶ ἐν γαστρὶ ἴσχουσι διὰ τὴν ταλαιπωρίην καὶ ἰσχνότητα τῆς σαρκός.

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Une race ainsi constituée ne saurait être féconde. Les hommes sont très peu portés aux plaisirs de l’amour, à cause de leur constitution humide, de la mollesse et de la froideur du ventre, circonstances qui rendent naturellement l’homme peu propre à la génération. Il faut encore ajouter que l’équitation continuelle les rend inhabiles à la copulation. Telles sont pour les hommes les causes d’impuissance. Pour les femmes, la surcharge de graisse et l’humidité des chairs empêcher la matrice de saisir la liqueur séminale. La purgation menstruelle ne se fait pas convenablement ; elle est peu abondante et ne revient qu’à de longs intervalles. L’orifice de la matrice, bouché par la graisse, ne peut recevoir la semence. Ajoutez à cela l’aversion pour le travail, l’embonpoint, la mollesse et la froideur du ventre. C’est pour toutes ces causes que la race scythe est nécessairement peu féconde. Les esclaves femelles en sont une grande preuve. Elles n’ont pas plutôt de commerce avec un homme, qu’elles deviennent enceintes, et cela parce qu’elles travaillent et qu’elles sont plus maigres que leurs traîtresses.

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Ἔτι τε πρὸς τουτέοισιν εὐνουχίαι γίγνονται οἱ πλεῖστοι ἐν Σκύθῃσι, καὶ γυναικεῖα ἐργάζονται, καὶ ὡς αἱ γυναῖκες διαλέγονται ὁμοίως· καλεῦνταί τε οἱ τοιοῦτοι ἀνανδριεῖς. Οἱ μὲν ἐπιχώριοι τὴν αἰτίην προστιθέασι θεῷ, καὶ σέβονται τουτέους τοὺς ἀνθρώπους καὶ προσκυνέουσι, δεδοικότες περὶ ἑωυτέων ἕκαστοι. Ἐμοὶ δὲ καὶ αὐτέῳ δοκέει ταῦτα τὰ πάθεα θεῖα εἶναι καὶ τἄλλα πάντα, καὶ οὐδὲν ἕτερον ἑτέρου θειότερον οὐδὲ ἀνθρωπινώτερον, ἀλλὰ πάντα ὅμοια καὶ πάντα θεῖα· ἕκαστον δὲ ἔχει φύσιν τῶν τοιουτέων, καὶ οὐδὲν ἄνευ φύσιος γίγνεται. Καὶ τοῦτο τὸ πάθος, ὥς μοι δοκέει γίγνεσθαι, φράσω· ὑπὸ τῆς ἱππασίης αὐτέους κέδματα λαμβάνει, ἅτε αἰεὶ κρεμαμένων ἀπὸ τῶν ἵππων τοῖσι ποσίν· ἔπειτα ἀποχωλοῦνται καὶ ἕλκονται τὰ ἰσχία οἳ ἂν σφόδρα νοσήσωσιν. Ἰῶνται δὲ σφᾶς αὐτέους τρόπῳ τοιῷδε· ὁκόταν ἄρχηται ἡ νοῦσος, ὄπισθεν τοῦ ὠτὸς ἑκατέρην φλέβα τάμνουσιν· ὅταν δὲ ἀποῤῥυῇ τὸ αἷμα, ὕπνος ὑπολαμβάνει ὑπὸ ἀσθενείης, καὶ καθεύδουσιν· ἔπειτα ἀνεγείρονται, οἱ μέν τινες ὑγιέες ἐόντες, οἱ δ’ οὔ. Ἐμοὶ μὲν οὖν δοκέει ἐν ταύτῃ τῇ ἰήσει διαφθείρεσθαι ὁ γόνος· εἰσὶ γὰρ παρὰ τὰ ὦτα φλέβες, ἃς ἐάν τις ἐπιτάμῃ, ἄγονοι γίγνονται οἱ ἐπιτμηθέντες· ταύτας τοίνυν μοι δοκέουσι τὰς φλέβας ἐπιτάμνειν. Οἱ δὲ μετὰ ταῦτα, ἐπειδὰν ἀφίκωνται παρὰ γυναῖκας, καὶ μὴ οἷοί τε ἔωσι χρέεσθαι σφίσιν, τὸ πρῶτον οὐκ ἐνθυμεῦνται, ἀλλ’ ἡσυχίην ἔχουσιν· ὁκόταν δὲ δὶς καὶ τρὶς καὶ πλεονάκις αὐτέοισι πειρωμένοισι μηδὲν ἀλλοιότερον ἀποβαίνῃ, νομίσαντές τι ἡμαρτηκέναι τῷ θεῷ ὃν ἐπαιτιῶνται, ἐνδύονται στολὴν γυναικείην, καταγνόντες ἑωυτέων ἀνανδρείην· γυναικίζουσί τε καὶ ἐργάζονται μετὰ τῶν γυναικῶν ἃ καὶ ἐκεῖναι. Τοῦτο δὲ πάσχουσι Σκυθέων οἱ πλούσιοι, οὐχ οἱ κάκιστοι, ἀλλ’ οἱ εὐγενέστατοι καὶ ἰσχὺν πλείστην κεκτημένοι, διὰ τὴν ἱππασίην· οἱ δὲ πένητες ἧσσον· οὐ γὰρ ἱππάζονται. Καίτοι ἐχρῆν, ἐπεὶ θειότερον τοῦτο τὸ νόσευμα τῶν λοιπῶν ἐστιν, οὐ τοῖσι γενναιοτάτοισι τῶν Σκυθέων καὶ τοῖσι πλουσιωτάτοισι προσπίπτειν μούνοισι, ἀλλὰ τοῖσιν ἅπασιν ὁμοίως, καὶ μᾶλλον τοῖσιν ὀλίγα κεκτημένοισιν, οὐ τιμωμένοισιν ἤδη, εἰ χαίρουσιν οἱ θεοὶ καὶ θαυμαζόμενοι ὑπ’ ἀνθρώπων, καὶ ἀντὶ τουτέων χάριτας ἀποδιδόασιν. Εἰκὸς γὰρ τοὺς μὲν πλουσίους θύειν πολλὰ τοῖσι θεοῖσι, καὶ ἀνατιθέναι ἀναθήματα, ἐόντων χρημάτων, καὶ τιμᾷν, τοὺς δὲ πένητας ἧσσον, διὰ τὸ μὴ ἔχειν, ἔπειτα καὶ ἐπιμεμφομένους ὅτι οὐ διδόασι χρήματα αὐτέοισιν· ὥστε τῶν τοιουτέων ἁμαρτιῶν τὰς ζημίας τοὺς ὀλίγα κεκτημένους φέρειν μᾶλλον ἢ τοὺς πλουσίους. Ἀλλὰ γὰρ, ὥσπερ καὶ πρότερον ἔλεξα, θεῖα μὲν καὶ ταῦτά ἐστιν ὁμοίως τοῖσιν ἄλλοισιν· γίγνεται δὲ κατὰ φύσιν ἕκαστα· καὶ ἡ τοιαύτη νοῦσος ἀπὸ τοιαύτης προφάσιος τοῖσι Σκύθῃσι γίγνεται οἵην εἴρηκα. Ἔχει δὲ καὶ κατὰ τοὺς λοιποὺς ἀνθρώπους ὁμοίως. Ὅκου γὰρ ἱππάζονται μάλιστα καὶ πυκνότατα, ἐκεῖ πλεῖστοι ὑπὸ κεδμάτων καὶ ἰσχιάδων καὶ ποδαγριῶν ἁλίσκονται, καὶ λαγνεύειν κάκιστοί εἰσιν. Ταῦτα δὲ τοῖσί τε Σκύθῃσι πρόσεστι, καὶ εὐνουχοειδέστατοί εἰσιν ἀνθρώπων διὰ τὰς προειρημένας προφάσιας, καὶ ὅτι ἀναξυρίδας ἔχουσιν αἰεὶ, καὶ εἰσὶν ἐπὶ τῶν ἵππων τὸ πλεῖστον τοῦ χρόνου, ὥστε μήτε χειρὶ ἅπτεσθαι τοῦ αἰδοίου, ὑπό τε τοῦ ψύχεος καὶ τοῦ κόπου ἐπιλαθέσθαι τοῦ ἱμέρου καὶ τῆς μίξιος, καὶ μηδὲν παρακινέειν πρότερον ἢ ἀνανδρωθῆναι. Περὶ μὲν οὖν τῶν Σκυθέων οὕτως ἔχει τοῦ γένεος.

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Une autre observation à faire, c’est qu’on rencontre parmi les Scythes beaucoup d’impuissants qui s’occupent aux travaux des femmes et qui ont le même timbre de voix qu’elles. On les appelle anandries (efféminés). Les naturels attribuent ce phénomène à un dieu ; ils vénèrent et adorent cette espèce d’hommes, chacun craignant pour soi [une pareille calamité ]. Quant à moi, je pense que cette maladie est divine aussi bien que toutes les autres, qu’il n’y en a pas de plus divines et de plus humaines les unes que les autres ; mais que toutes sont semblables et que toutes sont divines ; chaque maladie a une cause naturelle et aucune n’arrive sans l’intervention de la nature. Je vais indiquer maintenant ce qu’il me semble de l’origine de cette maladie. L’équitation produit chez les Scythes des engorgements aux articulations, parce qu’ils ont toujours les jambes pendantes. Chez ceux qui sont gravement atteints, la hanche se retire et ils deviennent boiteux. Ils se traitent de la manière suivante : quand la maladie commence, ils se font ouvrir les deux veines qui sont près des oreilles. Après que le sang a cessé de couler, la faiblesse les assoupit et les endort ; à leur réveil, les uns sont guéris, les autres ne le sont pas. Je présume que c’est justement par ce traitement que la semence est altérée, car près des oreilles il y a des veines qui rendent impuissant lorsqu’elles sont ouvertes ; or, je pense qu’ils coupent précisément ces veines. Lorsque, après cette opération, ils ont commerce avec une femme et qu’ils ne peuvent accomplir l’acte, d’abord ils ne s’en inquiètent point et restent tranquilles ; mais si après deux, trois ou plusieurs tentatives, ils ne réussissent pas mieux ; s’imaginant que c’est une punition d’un dieu qu’ils auraient offensé, ils prennent les habits de femme, déclarent leur éviration (impuissance), se mêlent avec les femmes et s’occupent aux mêmes travaux qu’elles. Cette maladie attaque les riches et non les classes inférieures ; [elle attaque] les plus nobles, les plus puissants par leur fortune, parce qu’ils vont à cheval ; [elle épargne] les pauvres par cela même qu’ils ne vont point à cheval. Si cette maladie était plus divine que les autres, elle ne devrait pas être exclusivement affectée aux nobles et aux riches, mais attaquer indistinctement et plus particulièrement ceux qui possèdent peu de chose et qui, par conséquent, ne font point d’offrandes, s’il est vrai que les dieux se réjouissent des présents des hommes et qu’ils les récompensent par des faveurs ; car il est naturel que les riches usant de leurs trésors, fassent brûler des parfums devant les dieux, leur consacrent des offrandes et les honorent ; ce que les pauvres ne sauraient faire, d’abord parce qu’ils n’en ont pas le moyen, ensuite parce qu’ils se croient en droit d’accuser les dieux de ce qu’ils ne leur ont pas envoyé de richesses. Ainsi les pauvres plutôt que les riches devraient supporter le châtiment de pareilles offenses. Comme je l’ai déjà observé, cette maladie est donc divine comme toutes les autres ; mais chacune arrive également d’après les lois naturelles, et celle-ci est produite chez les Scythes par la cause que je viens de lui assigner. Elle attaque aussi les autres peuples, car partout où l’équitation est l’exercice principal et habituel, beaucoup sont tourmentés d’engorgements aux articulations, de sciatique, de goutte, et sont inhabiles aux plaisirs de l’amour. Ces infirmités sont répandues chez les Scythes, qui deviennent les plus impuissants des hommes, et par les causes déjà signalées, et parce qu’ils ont continuellement des culottes et qu’ils passent à cheval la plus grande partie du temps. Ainsi, ne portant jamais la main aux parties génitales, et distraits par le froid et la fatigue des jouissances sexuelles, ils ne tentent la copulation qu’après avoir perdu entièrement leur virilité. Voilà ce que j’avais à dire sur la nation scythe.

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Τὸ δὲ λοιπὸν γένος τὸ ἐν τῇ Εὐρώπῃ διάφορον αὐτὸ ἑωυτέῳ ἐστι, καὶ κατὰ τὸ μέγεθος καὶ κατὰ τὰς μορφὰς, διὰ τὰς μεταλλαγὰς τῶν ὡρέων, ὅτι μεγάλαι γίγνονται καὶ πυκναὶ, καὶ θάλπεά τε ἰσχυρὰ καὶ χειμῶνες καρτεροὶ, καὶ ὄμβροι πολλοὶ, καὶ αὖθις αὐχμοὶ πολυχρόνιοι, καὶ πνεύματα, ἐξ ὧν μεταβολαὶ πολλαὶ καὶ παντοδαπαί. Ἀπὸ τουτέων εἰκὸς αἰσθάνεσθαι καὶ τὴν γένεσιν ἐν τῇ ξυμπήξει τοῦ γόνου ἄλλην καὶ μὴ τῷ αὐτέῳ τὴν αὐτέην γίγνεσθαι, ἔν τε τῷ θέρει καὶ τῷ χειμῶνι, μηδὲ ἐν ἐπομβρίῃ καὶ αὐχμῷ· διότι τὰ εἴδεα διηλλάχθαι νομίζω τῶν Εὐρωπαίων μᾶλλον ἢ τῶν Ἀσιηνῶν· καὶ τὰ μεγέθεα διαφορώτατα αὐτὰ ἑωυτοῖσιν εἶναι κατὰ πόλιν ἑκάστην· αἱ γὰρ φθοραὶ πλείονες ἐγγίγνονται τοῦ γόνου ἐν τῇ ξυμπήξει ἐν τῇσι μεταλλαγῇσι τῶν ὡρέων πυκνῇσιν ἐούσῃσιν ἢ ἐν τῇσι παραπλησίῃσι καὶ ὁμοίῃσιν. Περί τε τῶν ἠθέων ὁ αὐτὸς λόγος· τό τε ἄγριον καὶ τὸ ἄμικτον καὶ τὸ θυμοειδὲς ἐν τῇ τοιαύτῃ φύσει ἐγγίγνεται· αἱ γὰρ ἐκπλήξιες πυκναὶ γιγνόμεναι τῆς γνώμης τὴν ἀγριότητα ἐντιθέασιν· τὸ δὲ ἥμερόν τε καὶ ἤπιον ἀμαυροῦσιν· διότι εὐψυχοτέρους νομίζω τοὺς τὴν Εὐρώπην οἰκέοντας εἶναι ἢ τοὺς τὴν Ἀσίην· ἐν μὲν γὰρ τῷ αἰεὶ παραπλησίῳ αἱ ῥᾳθυμίαι ἔνεισιν, ἐν δὲ τῷ μεταβαλλομένῳ αἱ ταλαιπωρίαι τῷ σώματι καὶ τῇ ψυχῇ· καὶ ἀπὸ μὲν ἡσυχίης καὶ ῥᾳθυμίης ἡ δειλίη αὔξεται, ἀπὸ δὲ τῆς ταλαιπωρίης καὶ τῶν πόνων αἱ ἀνδρεῖαι. Διὰ τοῦτό εἰσι μαχιμώτεροι οἱ τὴν Εὐρώπην οἰκέοντες, καὶ διὰ τοὺς νόμους, ὅτι οὐ βασιλεύονται ὥσπερ οἱ Ἀσιηνοί· ὅκου γὰρ βασιλεύονται, ἐκεῖ ἀνάγκη δειλοτάτους εἶναι· εἴρηται δέ μοι καὶ πρότερον. Αἱ γὰρ ψυχαὶ δεδούλωνται καὶ, οὐ βούλονται παρακινδυνεύειν ἑκόντες εἰκῆ ὑπὲρ ἀλλοτρίης δυνάμιος. Ὅσοι δὲ αὐτόνομοι, ὑπὲρ ἑωυτέων γὰρ τοὺς κινδύνους αἱρεῦνται καὶ οὐκ ἄλλων, προθυμεῦνται ἑκόντες καὶ ἐς τὸ δεινὸν ἔρχονται· τὰ γὰρ ἀριστεῖα τῆς νίκης αὐτοὶ φέρονται· οὕτως οἱ νόμοι οὐχ ἥκιστα τὴν εὐψυχίην ἐργάζονται. Τὸ μὲν οὖν ὅλον καὶ τὸ ἅπαν οὕτως ἔχει περί τε τῆς Εὐρώπης καὶ τῆς Ἀσίης.

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Quant au reste des Européens, ils diffèrent entre eux par la forme et par la stature, parce que les vicissitudes des saisons sont intenses et fréquentes, que des chaleurs excessives sont suivies de froids rigoureux ; que des pluies abondantes sont remplacées par des sécheresses très longues, et que les vents multiplient et rendent plus intenses les vicissitudes des saisons. Il est tout naturel que ces circonstances influent dans la génération sur la coagulation du sperme, qui n’est pas toujours la même, en été ou en hiver, pendant les pluies ou pendant la sécheresse. C’est, à mon avis, la cause qui rend les formes plus variées chez les Européens que chez les Asiatiques, et qui produit pour chaque ville une différence si notable dans la taille des habitants. En effet, la coagulation du sperme doit subir des altérations plus fréquentes dans un climat sujet à de nombreuses vicissitudes atmosphériques, que dans celui où les saisons se ressemblent à peu de chose près, et sont uniformes. Le même raisonnement s’applique également aux moeurs. Une telle nature donne quelque chose de sauvage, d’indocile, de fougueux ; car des secousses répétées rendent l’esprit agreste et le dépouillent de sa, douceur et de son aménité. C’est pour cela, je pense, que les habitants de l’Europe sont plus courageux que ceux de l’Asie. Sous un climat à peu près uniforme, l’indolence est innée ; au contraire, sous un climat variable, c’est l’amour de l’exercice pour l’esprit et pour le corps. La lâcheté s’accroît par l’indolence et l’inaction ; la force virile s’alimente par le travail et la fatigue. C’est à ces circonstances qu’il faut rapporter la bravoure des Européens et aussi à leurs institutions, car ils ne sont pas gouvernés par des rois comme les Asiatiques ; ceux qui sont soumis à des rois sont nécessairement très lâchés, ainsi que je l’ai déjà dit plus haut, car leur âme est asservie, et ils ne s’exposent point volontiers pour augmenter la puissance d’un autre. Ceux au contraire qui sont gouvernés parleurs propres lois, affrontant les dangers pour eux-mêmes et non pour les autres, s’y exposent volontiers et se jettent dans le péril. Eux seuls recueillent l’honneur de leurs victoires. Ainsi les institutions n’exercent pas une minime influence sur le courage. Voilà en somme ce qu’on peut dire d’une manière générale, de l’Europe comparée en Asie.

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Ἔνεισι δὲ καὶ ἐν τῇ Εὐρώπῃ φῦλα διάφορα ἕτερα ἑτέροισι καὶ τὰ μεγέθεα καὶ τὰς μορφὰς καὶ τὰς ἀνδρείας· τὰ δὲ διαλλάσσοντα ταῦτά ἐστιν, ἃ καὶ ἐπὶ τῶν πρότερον εἴρηται· ἔτι δὲ σαφέστερον φράσω. Ὁκόσοι μὲν χώρην ὀρεινήν τε οἰκέουσι καὶ τρηχείην καὶ ὑψηλὴν καὶ ἔνυδρον, καὶ αἱ μεταβολαὶ αὐτέοισι γίγνονται τῶν ὡρέων μέγα διάφοροι, ἐνταῦθα εἰκὸς εἴδεα μεγάλα εἶναι, καὶ πρὸς τὸ ταλαίπωρον καὶ τὸ ἀνδρεῖον εὖ πεφυκότα· καὶ τό τε ἄγριον καὶ τὸ θηριῶδες αἱ τοιαῦται φύσιες οὐχ ἥκιστα ἔχουσιν· ὁκόσοι δὲ κοῖλα χωρία καὶ λειμακώδεα καὶ πνιγηρὰ, καὶ τῶν θερμῶν πνευμάτων πλέον μέρος μετέχουσιν ἢ τῶν ψυχρῶν, ὕδασί τε χρέονται θερμοῖσιν, οὗτοι μεγάλοι μὲν οὐκ ἂν εἴησαν οὐδὲ κανονίαι· ἐς εὖρος δὲ πεφυκότες καὶ σαρκώδεες καὶ μελανότριχες· καὶ αὐτοὶ μέλανες μᾶλλον ἢ λευκότεροι, φλεγματίαι τε ἧσσον ἢ χολώδεες· τὸ δὲ ἀνδρεῖον καὶ τὸ ταλαίπωρον ἐν τῇ ψυχῇ, φύσει μὲν οὐκ ἂν ὁμοίως ἐνείη, νόμος δὲ προσγενόμενος ἀπεργάσοιτ’ ἄν. Καὶ εἰ μὲν ποταμοὶ ἐνείησαν ἐν τῇ χώρῃ, οἵτινες ἐκ τῆς χώρης ἐξοχετεύουσι τό τε στάσιμον καὶ τὸ ὄμβριον, οὗτοι ἂν ὑγιηροί τε εἴησαν καὶ λαμπροί· εἰ μέντοι ποταμοὶ μὲν μὴ εἴησαν, τὰ δὲ ὕδατα κρηναῖά τε καὶ στάσιμα πίνοιεν καὶ ἑλώδεα, ἀνάγκη τὰ τοιαῦτα εἴδεα προγαστρότερα εἶναι καὶ σπληνώδεα. Ὁκόσοι δὲ ὑψηλὴν οἰκέουσι χώρην καὶ λείην καὶ ἀνεμώδεα καὶ ἔνυδρον, εἶεν ἂν εἴδεα μεγάλοι καὶ ἑωυτέοισι παραπλήσιοι· ἀνανδρότεραι δὲ καὶ ἡμερώτεραι τουτέων αἱ γνῶμαι· ὁκόσοι δὲ λεπτά τε καὶ ἄνυδρα καὶ ψιλὰ, τῇσι δὲ μεταβολῇσι τῶν ὡρέων οὐκ εὔκρητα, ἐν ταύτῃ τῇ χώρῃ τὰ εἴδεα εἰκὸς σκληρά τε εἶναι καὶ ἔντονα, καὶ ξανθότερα ἢ μελάντερα, καὶ τὰ ἤθεα καὶ τὰς ὀργὰς αὐθάδεάς τε καὶ ἰδιογνώμονας. Ὅκου γὰρ μεταβολαί εἰσι πυκνόταται τῶν ὡρέων καὶ πλεῖστον διάφοροι αὐταὶ ἑωυτέῃσιν, ἐκεῖ καὶ τὰ εἴδεα καὶ τὰ ἤθεα καὶ τὰς φύσιας εὑρήσεις πλεῖστον διαφερούσας. Μέγισται μὲν οὖν εἰσιν αὗται τῆς φύσιος αἱ διαλλαγαί· ἔπειτα δὲ καὶ ἡ χώρη ἐν ᾗ ἄν τις τρέφηται, καὶ τὰ ὕδατα· εὑρήσεις γὰρ ἐπὶ τὸ πλῆθος τῆς χώρης τῇ φύσει ἀκολουθέοντα καὶ τὰ εἴδεα τῶν ἀνθρώπων καὶ τοὺς τρόπους. Ὅκου μὲν γὰρ ἡ γῆ πίειρα καὶ μαλθακὴ καὶ ἔνυδρος, καὶ τὰ ὕδατα κάρτα μετέωρα ἔχουσα, ὥστε θερμὰ εἶναι τοῦ θέρεος, καὶ τοῦ χειμῶνος ψυχρὰ, καὶ τῶν ὡρέων καλῶς κέεται, ἐνταῦθα καὶ οἱ ἄνθρωποι σαρκώδεές εἰσι καὶ ἄναρθροι καὶ ὑγροὶ, καὶ ἀταλαίπωροι, καὶ τὴν ψυχὴν κακοὶ ὡς ἐπὶ τὸ πουλύ· τό τε ῥᾴθυμον καὶ τὸ ὑπνηρόν ἐστιν ἐν αὐτέοισιν ἰδεῖν· ἔς τε τὰς τέχνας παχέες καὶ οὐ λεπτοὶ οὐδ’ ὀξέες. Ὅκου δ’ ἐστὶν ἡ χώρη ψιλή τε καὶ ἀνώχυρος καὶ τρηχείη, καὶ ὑπὸ τοῦ χειμῶνος πιεζομένη, καὶ ὑπὸ τοῦ ἡλίου κεκαυμένη, ἐνταῦθα δὲ σκληρούς τε καὶ ἰσχνοὺς καὶ διηρθρωμένους καὶ ἐντόνους καὶ δασέας ἂν ἴδοις· τό τε ἐργατικὸν ὀξὺ ἐνεὸν ἐν τῇ φύσει τῇ τοιαύτῃ καὶ τὸ ἄγρυπνον, τά τε ἤθεα καὶ τὰς ὀργὰς αὐθάδεας καὶ ἰδιογνώμονας, τοῦ τε ἀγρίου μᾶλλον μετέχοντας ἢ τοῦ ἡμέρου, ἔς τε τὰς τέχνας ὀξυτέρους τε καὶ ξυνετωτέρους καὶ τὰ πολέμια ἀμείνους εὑρήσεις· καὶ τἄλλα τὰ ἐν τῇ γῇ φυόμενα πάντα ἀκόλουθα ἐόντα τῇ γῇ. Αἱ μὲν ἐναντιώταται φύσιές τε καὶ ἰδέαι ἔχουσιν οὕτως· ἀπὸ δὲ τουτέων τεκμαιρόμενος τὸ λοιπὰ ἐνθυμέεσθαι, καὶ οὐχ ἁμαρτήσῃ.

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Mais il existe aussi en Europe des peuples qui diffèrent entre eux pour le courage comme pour les formes extérieures et la stature; et ces variétés tiennent aux mêmes causes que j’ai déjà assignées, mais que je vais éclaircir davantage. Tous ceux qui habitent un pays montueux ,inégal, élevé et pourvu d’eau, et qui sont exposés à de notables vicissitudes des saisons, ceux-là sont naturellement d’une haute stature, très propres à l’exercice et au travail, et pleins de courage. De tels naturels sont doués au suprême degré d’un caractère farouche et sauvage. Ceux , au contraire, qui vivent dans des pays enfoncés, couverts de pâturages, tourmentés par des chaleurs étouffantes, plus exposés aux vents chauds qu’aux vents froids, et qui font usage d’eaux chaudes, ceux-là ne sont ni grands, ni bien proportionnés, ils sont trapus et chargés de chairs, ont les cheveux noirs, sont plutôt noirs que blancs et moins phlegniatiques que bilieux. Ni la valeur guerrière , ni l’aptitude au travail ne sont inhérentes à leur nature, mais ils pourraient les acquérir l’une et l’autre si les institutions venaient en aide. Au reste, s’il y avait dans leur pays des fleuves qui entraînassent les eaux dormantes et celles de pluie, ils pourraient jouir d’une bonne santé et avoir un beau teint. Si, au contraire ,il n’y avait point de neuves, et s’ils buvaient des eaux stagnantes dans des réservoirs,et des eaux de marais, ils auraient infailliblement de gros ventres et de grosses rates. Ceux qui habitent un pays élevé, uniforme, exposé aux vents et humide, sont ordinairement grands et se ressemblent entre eux. Leurs moeurs sont moins viriles et plus douces. Ceux qui habitent des terroirs légers, secs et nus, et où les changements de saisons ne sont point tempérés, ont la constitution sèche et nerveuse, et le teint plutôt blond que brun. Ils sont indociles dans leurs moeurs et dans leurs appétits, et fermes dans leurs opinions. Là où les vicissitudes des saisons sont très fréquentes et très marquées, là vous trouverez les formes extérieures, les moeurs et le naturel fort dissemblables; ces vicissitudes sont donc les causes les plus puissantes des variations dans la nature de l’homme. Vient ensuite la qualité du sol qui fournit la subsistance, et celle des eaux; car vous trouverez le plus souvent les formes et la manière d’être de l’homme modifiées par la nature du sol qu’il habite. Partout où ce sol est gras, mou et humide, où les eaux étant peu profondes sont froides en hiver et chaudes en été, où les saisons s’accomplissent convenablement, les hommes sont ordinairement charnus, ont les articulations peu prononcées, sont chargés d’humidité, inhabiles au travail, et sans énergie morale. On les voit, plongés dans l’indolence, se laisser aller au sommeil. Dans l’exercice des arts, ils ont l’esprit lourd , épais et sans pénétration. Plais dans un pays nu, âpre, sans abri, tour à tour ’désolé par le froid et brûlé par le soleil, les habitants ont le corps sec, maigre, nerveux, velu ,les articulations bien prononcées; l’activité, la pénétration, la vigilance sont inhérentes à de tels hommes ;vous les trouverez indomptables dans leurs moeurs et dans leurs appétits, fermes dans leurs résolutions, plus sauvages que civilisés, d’ailleurs plus sagaces pour l’exercice des arts, plus intelligents, et plus propres aux combats. Toutes les autres productions de la terre se conforment également à la nature du sol. Telles sont les constitutions physiques et morales les plus opposées. En se guidant sur ces observations, on pourra juger des autres sans crainte de se tromper.



Celui qui veut s’appliquer convenablement à la médecine doit faire ce qui suit : considérer, premièrement, par rapport aux saisons de l’année les effets que chacune d’elles peut produire, car elles ne se ressemblent pas, mais elles diffèrent les unes des autres, et [chacune en particulier diffère beaucoup d’elle-même] dans ses vicissitudes ; en second lieu, les vents chauds et les vents froids, surtout ceux qui sont communs à tous les pays ; ensuite ceux qui sont propres à chaque contrée. Il doit également considérer les qualités des eaux, car, autant elles diffèrent par leur saveur et par leur poids, autant elles diffèrent par leurs propriétés. Ainsi, lorsqu’un médecin arrive dans une ville dont il n’a pas encore l’expérience, il doit examiner sa position et ses rapports avec les vents et avec le lever du soleil ; car celle qui est exposée au nord, celle qui l’est au midi, celle qui l’est au levant, celle qui l’est au couchant, n’exercent pas la même influence. II considérera très bien toutes ces choses, s’enquerra de la nature des eaux, saura si celles dont on fait usage sont marécageuses et molles, ou dures et sortant de l’intérieur des terres et de rochers, ou si elles sont salines et réfractaires. Il examinera si le sol est nu et sec, ou boisé et humide ; s’il est enfoncé et brûlé par des chaleurs étouffantes, ou s’il est élevé et froid. Enfin il connaîtra le genre de vie auquel les habitants se plaisent davantage, et saura s’ils sont amis du vin, grands mangeurs et paresseux, ou s’ils sont amis de la fatigue et des exercices gymnastiques, mangeant beaucoup et buvant peu.

C’est de semblables observations qu’il faut partir pour juger chaque chose. En effet, un médecin qui sera bien éclairé sur ces circonstances, et principalement celui qui le sera sur toutes, ou du moins sur la plupart, en arrivant dans une ville dont il n’a pas encore l’expérience, ne méconnaîtra ni les maladies particulières à la localité (maladies endémiques), ni la nature de celles qui sont communes à tous, ne sera point embarrassé dans leur traitement, et ne tombera point dans les fautes qu’on doit vraisemblablement commettre si l’on n’a pas d’avance approfondi tous ces points. Pour chaque saison qui s’avance et pour l’année, il pourra prédire et les maladies communes à tous (générales) qui doivent affliger la ville en été ou en hiver, et celles dont chacun en particulier est menacé s’il fait des écarts de régime. Connaissant les vicissitudes des saisons, le lever et le coucher des astres, et la manière dont tous ces phénomènes se passent, il pourra prévoir ce que sera l’année. Après de telles investigations et avec la prévision des temps, il sera bien préparé pour chaque cas particulier, connaîtra les moyens les plus propres à rétablir la santé, et n’obtiendra pas un médiocre succès dans l’exercice de son art. Si quelqu’un regardait ces connaissances comme appartenant à la météorologie, pour peu qu’il veuille suspendre son opinion, il se convaincra que l’astronomie n’est pas d’une très mince utilité pour la médecine, mais qu’elle lui est au contraire d’un très grand secours. En effet, chez les hommes, l’état des cavités change avec les saisons.

Je vais exposer clairement la manière d’observer et de vérifier chacune des choses dont je viens de parler. Supposons une ville exposée aux vents chauds (ceux qui soufflent entre le lever d’hiver du soleil et le coucher d’hiver), ouverte à ces vents et abritée contre ceux du nord ; les eaux y sont abondantes, mais salines, peu profondes et nécessairement chaudes en été, et froides en hiver. [Ces eaux étant nuisibles à l’homme, elles causent un grand nombre de maladies.] Les habitants ont la tête humide et phlegmatique, et le ventre souvent troublé par le phlegme qui descend de la tête. Chez la plupart, les formes extérieures ont une apparence d’atonie. Ils ne sont capables ni de bien manger ni de bien boire. Tout homme qui a la tête faible ne saurait supporter le vin, car il est plus que d’autres exposé aux accidents que l’ivresse développe du côté de la tête. [Les habitants d’une telle ville ne sauraient vivre longtemps.] Voici maintenant quelles sont les maladies endémiques : les femmes sont valétudinaires et sujettes aux écoulements ; beaucoup sont stériles par mauvaise santé plutôt que par nature ; elles avortent fréquemment. Les enfants sont attaqués de convulsions, d’asthmes auxquels on attribue la production du mal des enfants (de l’épilepsie), qui passe pour une maladie sacrée. Les hommes sont sujets aux dysenteries, aux diarrhées, aux épiales, à de longues fièvres hibernales, aux épinyctides, aux hémorroïdes. Les pleurésies, les péripneumonies, les causas et toutes les maladies réputées aiguës ne sont pas fréquentes, car il n’est pas possible que ces maladies sévissent là où les cavités sont humides. Il y a des ophtalmies humides qui ne sont ni longues ni dangereuses, à moins qu’il ne règne quelque maladie générale, par suite de vicissitudes des saisons. Lorsque les hommes ont passé cinquante ans, ils sont sujets à des catarrhes qui viennent de l’encéphale et qui les rendent paraplectiques, lorsqu’ils ont été subitement frappés sur la tête par un soleil ardent ou par un froid rigoureux. Telles sont les maladies endémiques pour les habitants de ces localités ; et s’il règne en outre quelque maladie générale dépendante des vicissitudes des saisons, ils y participent également.

Quant aux villes exposées, au contraire, aux vents froids (ceux qui soufflent entre le coucher d’été du soleil et le lever d’été), qui les reçoivent habituellement et qui sont à l’abri du notus et des [autres] vents chauds, voici ce qui en est : d’abord les eaux y sont généralement dures et froides. Les hommes sont nécessairement nerveux et secs ; la plupart ont les cavités inférieures sèches et réfractaires ; les supérieures, au contraire, plus faciles à émouvoir. Ils sont plutôt bilieux que phlegmatiques ; ils ont la tête saine et sèche, et sont en général sujets aux ruptures internes. Les maladies qui règnent dans ces localités sont les pleurésies en grand nombre, et toutes les maladies réputées aiguës. Il doit nécessairement en être ainsi quand les cavités sont sèches. Beaucoup deviennent empyématiques sans cause apparente ; mais la véritable, c’est la rigidité du corps et la sécheresse de la cavité [pectorale], car la sécheresse et l’usage de l’eau froide [par qualité] expose aux ruptures internes. Nécessairement, les hommes d’une telle constitution mangent beaucoup et boivent peu (car on ne saurait être à la fois grand buveur et grand mangeur) ; les ophtalmies sont rares chez eux, mais il en survient de sèches et violentes qui opèrent promptement la fonte de l’oeil. Chez les sujets au-dessus de trente ans, il arrive pendant l’été de violentes hémorragies nasales. Les maladies qu’on appelle sacrées sont rares, mais violentes. Il est naturel que ces hommes vivent plus longtemps que les autres ; que leurs plaies ne deviennent ni phlegmatiques, ni rebelles ; que leurs moeurs soient plus sauvages que douces. Telles sont pour les hommes les maladies endémiques, et s’il règne en outre quelque maladie générale dépendante de la révolution des saisons [ils y participent]. Quant aux femmes, d’abord il y en a beaucoup de stériles, parce que les eaux sont crues, réfractaires et froides ; leurs purgations menstruelles ne sont pas convenables, elles sont peu abondantes et de mauvaise qualité ; en second lieu, leurs accouchements sont laborieux, mais elles avortent rarement. Lorsqu’elles sont accouchées, elles ne peuvent nourrir leurs enfants, parce que leur lait est tari par la dureté et la crudité des eaux. Chez elles, les phtisies sont très fréquentes à la suite des couches ; car les efforts [de l’accouchement] produisent des tiraillements et des déchirures [internes]. Les enfants, tant qu’ils sont petits, sont sujets aux hydropisies (infiltrations séreuses) du scrotum ; mais elles se dissipent à mesure qu’ils avancent en âge. La puberté est tardive dans une telle ville. Voilà, comme je viens de le montrer, ce qui concerne les vents chauds, les vents froids, et les villes qui y sont exposées.

Quant aux villes ouvertes aux vents qui soufflent entre le lever d’été du soleil et celui d’hiver, et à celles qui ont une exposition contraire, voici ce qui en est : les villes exposées au levant sont naturellement plus salubres que celles qui sont tournées du côté du nord ou du midi, quand il n’y aurait entre elles qu’un stade de distance (94 toises et demie). D’abord la chaleur et le froid y sont plus modérés ; ensuite les eaux dont la source regarde l’orient sont nécessairement limpides, de bonne odeur, molles et agréables, car le soleil à son lever dissipe [les vapeurs] en les pénétrant de ses rayons. En effet, dans la matinée, des vapeurs sont ordinairement suspendues sur les eaux. Les hommes ont une coloration plus vermeille et plus fleurie, à moins que quelque maladie ne s’y oppose. Leur voix est claire, ils ont un meilleur caractère, un esprit plus pénétrant que les habitants du nord ; de même toutes les autres productions naturelles sont meilleures. Une ville dans une telle position offre l’image du printemps, parce que le chaud et le froid y sont tempérés. Les maladies y sont moins fréquentes et moins fortes qu’ailleurs, mais elles ressemblent à celles qui règnent dans les villes exposées aux vents chauds. Les femmes y sont extrêmement fécondes et accouchent facilement. Il en est ainsi de ces localités.

Les villes tournées vers le couchant, abritées contre les vents de l’orient et sur lesquelles les vents du nord et du midi ne font que glisser, sont dans une exposition nécessairement très insalubre ; car premièrement, les eaux ne sont point limpides, parce que le brouillard, qui le plus souvent occupe l’atmosphère dans la matinée, se mêle avec elles et en altère la limpidité ; en effet, le soleil n’éclaire pas ces régions avant d’être déjà fort élevé. En second lieu, il y souffle pendant les matinées d’été des brises fraîches, il y tombe des rosées, et le reste de la journée le soleil, en s’avançant vers l’occident, brûle considérablement les habitants : d’où il résulte évidemment qu’ils sont décolorés et faibles de complexion, et qu’ils participent à toutes les maladies dont il a été parlé, sans qu’aucune leur soit exclusivement affectée. Ils ont la voix grave et rauque à cause de l’air qui est ordinairement impur et malfaisant. Les vents du nord ne le corrigent guère, parce qu’ils séjournent peu dans ces contrées, et ceux qui y soufflent habituellement sont très humides, car tels sont les vents du couchant. Dans une telle position, une ville offre l’image de l’automne, par les alternatives [de chaud et de froid qui se font sentir] dans la même journée, d’où résulte une grande différence entre le soir et le matin. Voilà ce qui concerne les vents salubres et ceux qui ne le sont pas.

Pour ce qui reste à dire sur les eaux, je veux exposer lesquelles sont malfaisantes, lesquelles sont très salubres, quel bien, quel mal résulte vraisemblablement de leur usage, car elles ont une grande influence sur la santé. Les eaux de marais, de réservoirs et d’étangs, sont nécessairement chaudes en été, épaisses et de mauvaise odeur. Comme elles ne sont point courantes, mais qu’elles sont sans cesse alimentées par de nouvelles pluies, et échauffées par le soleil, elles sont nécessairement louches, malsaines et propres à augmenter la bile. En hiver, au contraire, glacées et froides, troublées par la neige et la glace, elles augmentent la pituite et les enrouements. Ceux qui eu font usage ont toujours la rate très volumineuse et obstruée ; le ventre resserré, émacié et chaud ; les épaules, les clavicules et la face également émaciées. Les chairs se fondent pour aller grossir la rate, voilà pourquoi ces hommes maigrissent. Ils mangent beaucoup et sont toujours altérés. Ils ont les cavités [abdominales] inférieures et supérieures très sèches, en sorte qu’il leur faut des remèdes énergiques. Cette maladie leur est familière en été aussi bien qu’en hiver. En outre, les hydropisies sont fréquentes et très mortelles, car il règne en été beaucoup de dysenteries, de diarrhées et de fièvres quartes très longues ; ces maladies traînant en longueur, font tomber des sujets ainsi constitués en hydropisie et les font mourir. Telles sont les maladies qui viennent en été. En hiver, chez les jeunes gens, les pneumonies, les affections maniaques ; chez les individus plus âgés, les causus, à cause de la sécheresse du ventre ; chez les femmes, les oedèmes et les leucophlegmasies ; elles conçoivent difficilement et accouchent laborieusement. Les enfants qu’elles mettent au monde, d’abord gros et boursouflés, s’étiolent et deviennent chétifs pendant qu’on les allaite. Chez les femmes la purgation qui suit les couches ne se fait point d’une manière avantageuse. Les hernies sont très communes dans l’enfance ; dans l’âge viril, les varices et les ulcères aux jambes. Avec une telle constitution, les hommes ne sauraient vivre longtemps ; aussi sont-ils vieux avant que le temps soit arrivé. De plus, les femmes paraissent enceintes, et quand le terme de l’accouchement est arrivé, le volume du ventre disparaît ; cela vient de ce qu’il se forme une hydropisie dans la matrice. Je regarde donc ces eaux comme nuisibles pour toute espèce d’usage. Viennent ensuite les eaux qui sortent des rochers (car elles sont nécessairement dures) ; ou celles qui sourdent des terres recélant des eaux thermales, ou du fer, ou du cuivre, ou de l’argent, ou de l’or, ou du soufre, ou du bitume, ou de l’alun, ou du natrou ; car toutes ces matières sont produites par la force de la chaleur. Il n’est pas possible que les eaux sortant d’un pareil sol soient bonnes ; mais elles sont dures et brûlantes, elles passent difficilement par les urines et sont contraires à la liberté du ventre. Mais elles sont très bonnes les eaux qui coulent de lieux élevés et de collines de terre, car elles sont agréables, ténues, et telles qu’il faut une petite quantité de vin [pour les altérer]. De plus, elles sont chaudes en hiver, froides en été, et il en est ainsi à cause de la grande profondeur de leurs sources. Mais il faut particulièrement recommander celles dont les sources s’ouvrent au levant, parce qu’elles sont nécessairement plus limpides, de bonne odeur et légères. Toute eau salée, et par conséquent réfractaire et dure, n’est pas bonne à boire. Il est cependant certaines constitutions, certaines maladies auxquelles l’usage de pareilles eaux convient ; j’en parlerai bientôt. Quant à [l’exposition] des eaux, voici ce qui en est : Celles dont les sources s’ouvrent au levant sont les meilleures ; au second rang sont les eaux qui coulent entre le lever et le coucher d’été du soleil, surtout celles qui se rapprochent le plus du lever ; au troisième rang, celles qui coulent entre le coucher d’été et celui d’hiver ; sont très mauvaises celles qui coulent vers le midi et entre le lever et le coucher d’hiver ; par les vents du midi, elles sont tout à fait funestes ; par les vents du nord, elles sont meilleures. Il convient de régler l’usage de ces eaux de la manière suivante : un homme bien portant et vigoureux ne doit pas choisir, mais boire celles qui sont à sa portée ; au contraire, celui qui, pour une maladie, veut boire l’eau la plus convenable [à son état], recouvrera la santé en se conformant à ce qui suit : pour ceux dont le ventre est dur et s’échauffe facilement, les eaux très douces, très légères et très limpides sont avantageuses ; pour ceux au contraire qui ont le ventre mou, humide et plein de phlegme, ce sont les eaux très dures, très réfractaires et légèrement salées, car elles dessèchent très bien [le superflu des humeurs]. Les eaux très propres pour la cuisson et qui bouillent facilement sont propres à humecter le ventre et à le relâcher, tandis que les eaux dures, réfractaires, et très mauvaises pour la cuisson, sont très propres à le dessécher et le resserrent. En effet, c’est par défaut d’expérience que l’on se trompe sur les eaux salines et qu’on les regarde comme purgatives ; elles sont contraires aux évacuations alvines : car, réfractaires et impropres à la cuisson, elles resserrent plutôt qu’elles ne lâchent le ventre. Voilà ce qui concerne les eaux de source.

Quant aux eaux de pluie et de neige, je vais dire comment elles se comportent. Celles de pluie sont très légères, très douces, très ténues et très limpides ; car, la première action que le soleil exerce sur l’eau, c’est d’en attirer et d’en enlever les parties les plus subtiles et les plus légères. La formation des sels rend cela évident. En effet, la partie saine se dépose à cause de son poids et de sa densité, et constitue le sel, tandis que la partie la plus ténue est enlevée par le soleil, à cause de sa légèreté. Cette évaporation ne s’opère pas seulement sur la mer, mais encore sur les eaux stagnantes et sur tout ce qui renferme quelque humidité, et il en existe dans toute chose. Le soleil attire du corps même de l’homme ce qu’il y a de plus subtil et de plus léger dans ses humeurs. En voici une très grande preuve : quand un homme couvert d’un manteau marche ou s’assied au soleil, la surface du corps immédiatement exposée à l’ardeur de ses rayons ne sue pas ; car le soleil évapore la sueur à mesure qu’elle se forme, mais toutes les parties recouvertes parle manteau ou par quelqu’autre vêtement se couvrent de sueur, car elle est attirée par le soleil et forcée d’apparaître au dehors ; mais elle est protégée parles habits, en sorte qu’elle ne peut être évaporée par le soleil : au contraire quand on se met à l’ombre, tout le corps est également mouillé par la sueur, car les rayons du soleil ne frappent pas sur lui. En conséquence l’eau de pluie est de toutes les eaux celle qui se corrompt et qui acquiert le plus promptement une mauvaise odeur, parce qu’elle est composée et mélangée, de sorte qu’elle se corrompt très vite. Il faut ajouter que, l’eau une fois attirée et élevée, se mêle avec l’air et se porte de tous côtés avec lui ; alors sa partie la plus trouble et la plus opaque se dépose, se condense ,et forme des vapeurs et des brouillards, tandis que le reste plus subtil et plus léger demeure et s’adoucit, étant brûlé et cuit par le soleil. Toutes les autres substances s’adoucissent également par la coction ; cependant, tant que cette partie [subtile et légère] est dispersée et n’est pas condensée, elle se porte vers les régions supérieures, mais lorsqu’elle est rassemblée dans un même lieu et condensée par des vents qui soufflent tout à coup dans des directions opposées, elle se précipite du point où la condensation se trouve être plus considérable. Il est naturel que cela arrive, surtout quand des nuages ébranlés et chassés par un vent qui ne cesse de souffler, sont tout à coup repoussés par un vent contraire et par d’autres nuages. La condensation s’opère au premier point de rencontre, puis d’autres nuages s’amoncelant, leur amas s’épaissit, devient plus noir, se condense de plus en plus, crève par son propre poids et tombe en pluie : voilà pourquoi l’eau pluviale est naturellement la meilleure, mais elle a besoin d’être bouillie et d’avoir déposé ,autrement elle acquiert une mauvaise odeur, rend la voix rauque et enroue ceux qui en font usage. -Les eaux de neige et de glace sont toutes mauvaises. L’eau une fois entièrement glacée ne revient plus à son ancienne nature, mais toute la partie limpide, légère et douce est enlevée ; la partie la plus trouble et la plus pesante demeure ; vous pouvez vous en convaincre de la manière suivante : pendant l’hiver, versez dans un vase une quantité déterminée d’eau, exposez ce vase le matin à l’air libre afin que la congélation soit aussi complète que possible, transportez-le ensuite dans un endroit chaud où la glace puisse se fondre entièrement ; quand elle le sera, mesurez l’eau de nouveau, vous la trouverez de beaucoup diminuée ; c’est une preuve que la congélation a enlevé et évaporé ce que l’eau avait de plus subtil et de plus léger, et non les parties les plus pesantes et les plus grossières, ce qui serait impossible. Je regarde donc ces eaux de neige et de glace, et celles qui s’en rapprochent, comme très mauvaises pour tous les usages. Voilà ce qui concerne les eaux de pluie, de neige et de glace.

Les hommes sont particulièrement exposés à la pierre, aux affections néphrétiques, à la strangurie, à la sciatique et aux hernies, quand ils boivent les eaux dont les éléments sont très divers ; telles sont les eaux des grands fleuves dans lesquels d’autres fleuves se déchargent, et celles des lacs qui reçoivent quantité de ruisseaux de toute espèce, et les eaux étrangères qui n’ont pas leurs sources dans le voisinage, mais qui arrivent de lieux éloignés ; car une eau ne saurait être identique à une autre eau, mais les unes sont douces, les autres salées, quelques-unes alumineuses, d’autres viennent de sources chaudes ; ainsi mélangées, elles se combattent mutuellement, et la plus forte l’emporte toujours ; or ce n’est pas toujours la même qui est la plus forte, mais tantôt l’une, tantôt l’autre, suivant la prédominance des vents. A celles-ci le vent du nord donne de la force, à celles-là le vent du midi, et ainsi des autres. De pareilles eaux déposent nécessairement au fond des vases un sédiment de sable et de limon, qui occasionne les maladies mentionnées plus haut. Je dois ajouter immédiatement que ces effets ne se produisent pas chez tous les individus ; en effet, ceux qui ont le ventre libre et sain, dont la vessie n’est pas brûlante, ni son col trop rétréci, urinent facilement sans qu’il se forme des concrétions dans cet organe. Ceux au contraire dont le ventre est brûlant, ont nécessairement la vessie affectée de même, et quand celle-ci est échauffée au delà des limites naturelles, son col s’enflamme et retient l’urine qu’elle cuit et brûle dans son intérieur ; alors la partie la plus limpide se sépare et s’échappe, mais la plus trouble et la plus épaisse demeure et s’agglomère. D’abord petite, la concrétion devient ensuite plus volumineuse ; ballottée par l’urine, elle s’attache tout ce qui se dépose de matières épaisses : c’est ainsi qu’elle grossit et se durcit. Lorsqu’on veut uriner, la pierre, chassée par l’urine, tombe sur le col de la vessie, en ferme l’ouverture et cause de fortes douleurs. Voilà pourquoi les enfants calculeux se tiraillent et se frottent la verge, car il leur semble que dans cette partie réside la cause qui les empêche d’uriner. La preuve qu’il en est ainsi, c’est que les calculeux rendent une urine très claire, parce que la partie la plus trouble et la plus épaisse demeure dans la vessie et s’y agglomère : c’est ainsi que les calculs se forment pour l’ordinaire. Chez les enfants, ils peuvent encore provenir du lait, quand il n’est pas sain, mais échauffé et bilieux ; ce lait échauffe le ventre et la vessie, et par suite, l’urine, devenue ardente, se modifie comme il vient d’être dit. Aussi je soutiens qu’il faut donner de préférence aux enfants du vin aussi coupé d’eau que possible ; cette boisson ne brûle et ne dessèche pas du tout les vaisseaux. La pierre ne se forme pas aussi fréquemment chez les jeunes filles [que chez les garçons] ; chez elles en effet l’urètre est court et large, en sorte que l’urine jaillit facilement ; elles ne se tiraillent pas, comme les garçons, les parties génitales, elles ne portent pas là main à l’extrémité de l’urètre, car il s’ouvre dans l’intérieur des parties génitales. (Chez les hommes au contraire, il n’est pas percé droit, aussi n’est-il pas large). Ajoutez que les femmes boivent plus que les garçons. Il en est ainsi de ces choses ou à peu près.

Pour ce qui est des saisons, en faisant les observations suivantes on reconnaîtra ce que doit être l’année, malsaine ou salubre ; si les signes qui accompagnent le lever et le coucher des astres arrivent régulièrement, si, pendant l’automne, il tombe des pluies, si l’hiver est tempéré, c’est-à-dire s’il n’est pas trop doux, et si le froid ne dépasse pas la mesure ordinaire ; si pendant le printemps et l’été la quantité de pluie est en rapport avec les saisons, une telle année est vraisemblablement fort saine ; si, au contraire, l’hiver est sec et boréal, le printemps pluvieux et austral, l’été sera nécessairement fiévreux et produira des ophtalmies et des dysenteries ; car toutes les fois qu’une chaleur étouffante arrive tout à coup, la terre étant encore humectée par les pluies du printemps et par le vent du midi, la chaleur est nécessairement doublée par la terre chaude et humide, et par l’ardeur du soleil. Le ventre n’ayant pas eu le temps de se resserrer, ni le cerveau de se débarrasser de ses humeurs (car dans un pareil printemps il n’est pas possible que les chairs et le corps ne soient abreuvés d’humidité), il y aura nécessairement des fièvres très aiguës chez tous les hommes, surtout chez ceux qui sont phlegmatiques. Il surviendra vraisemblablement des dysenteries chez les femmes et chez les sujets d’une complexion très humide. Si au lever de la Canicule il survient des pluies et des orages, si les vents étésiens soufflent, il y a lieu d’espérer que ces maladies cesseront et que l’automne sera salubre ; sinon, il est à craindre que la mort ne sévisse sur les femmes et sur les enfants, et un peu moins sur les sujets âgés, et que ceux qui réchappent ne tombent dans la fièvre quarte, et de la fièvre quarte dans l’hydropisie. Si l’hiver est pluvieux, austral et chaud, le printemps boréal, sec et froid, les femmes qui se trouvent enceintes et qui doivent accoucher à la fin du printemps, accoucheront prématurément ; celles qui arrivent à terme mettent au monde des enfants infirmes ; maladifs, qui périssent immédiatement [après leur naissance], ou qui vivent maigres, débiles et maladifs. Voilà pour les femmes. Les hommes seront pris de dysenteries, d’ophtalmies sèches ; chez quelques uns il se forme des fluxions de la tête aux poumons. Vraisemblablement il surviendra des dysenteries chez les individus phlegmatiques et chez les femmes, les humeurs pituiteuses descendant de la tête à cause de l’humidité de la constitution ; des ophtalmies sèches chez les sujets bilieux à cause de la chaleur et de la sécheresse de leur corps ; des catarrhes chez les vieillards, à cause de la laxité et de la vacuité de leurs vaisseaux, ce qui fait périr les uns de mort subite, et qui rend les autres paraplectiques de la partie gauche ou droite du corps ; en effet, lorsqu’à un hiver austral et chaud, pendant lequel ni le corps ni les vaisseaux n’ont pu se resserrer, succède un printemps boréal, sec et froid, le cerveau qui doit pendant cette saison se détendre et se purger par les coryzas et les enrouements, se resserre au contraire et se condense ; en sorte que l’été arrivant avec la chaleur, ce brusque changement produit les maladies mentionnées plus haut. Les villes qui sont dans une belle exposition par rapport aux vents et au soleil, et qui ont de bonnes eaux, se ressentent moins de ces intempéries. Celles au contraire qui sont mal situées par rapport au soleil et aux vents, et qui se servent d’eau de marais et d’étang, doivent s’en ressentir davantage. Quand l’été est sec, les maladies cessent plus vite ; s’il est pluvieux, elles deviennent chroniques ; et quand elles touchent à leur fin, elles se compliquent de lienteries et d’hydropisies, car le ventre ne peut se dessécher facilement. S’il survient une plaie, il est à craindre qu’elle ne se change, par toute espèce de cause, en ulcère phagédénique. - Si l’été est austral et pluvieux, et si l’automne est semblable, l’hiver sera nécessairement malsain. Il surviendra vraisemblablement des causus chez les sujets phlegmatiques et chez ceux qui ont passé quarante ans ; et des pleurésies, des péripneumonies chez les individus bilieux. Si l’été est sec et boréal, si l’automne est pluvieux et austral, il y aura vraisemblablement, pendant l’hiver, des maux de tête, des sphacèles du cerveau, et aussi des enrouements, des coryzas, des toux, et chez quelques individus des phtisies ; mais si l’automne est sec et boréal, et s’il n’y a pas de pluie ni au lever de la Canicule , ni à celui d’Arcturus, il sera très favorable aux constitutions phlegmatiques et humides ainsi qu’aux femmes, mais il sera très funeste aux sujets bilieux ; en effet ils sont trop desséchés et il leur survient des ophtalmies sèches, des fièvres aiguës et chroniques, et chez quelques uns des mélancolies ; car la partie la plus aqueuse et la plus ténue de la bile se consume, la partie la plus épaisse et la plus âcre reste. Le sang se comporte de la même manière ; voilà ce qui produit ces maladies chez les bilieux. Cette constitution est au contraire favorable aux phlegmatiques, leur corps se dessèche, et ils arrivent à l’hiver n’étant pas saturés d’humeurs, mais desséchés. [Si l’hiver est boréal et sec, et le printemps austral et pluvieux, il survient pendant l’été des ophtalmies sèches, et des fièvres chez les enfants et chez les femmes].

En réfléchissant, en examinant ainsi, on préviendra la plupart des effets qui doivent résulter des vicissitudes [des saisons]. Mais il faut surtout prendre garde aux grandes vicissitudes, et alors ne pas administrer de purgatifs sans nécessité, ne pas brûler, ne pas inciser la région du ventre, avant que dix jours et même plus ne soient passés. Les plus grandes et les plus dangereuses vicissitudes sont les deux solstices, surtout celui d’été, et ce qu’on regarde comme les deux équinoxes surtout celui d’automne. Il faut également prendre garde au lever des astres, surtout à celui de la Canicule, ensuite à celui d’Arcturus, et au coucher des Pléiades. C’est principalement à ces époques que les maladies éprouvent des crises, que les unes deviennent mortelles, que les autres cessent ou se changent en maladies d’une espèce et d’une constitution différentes ; il en est ainsi de ces choses.

Je veux, pour ce qui est de l’Asie à l’Europe, établir combien elles diffèrent en tout, et, pour ce qui est de la forme extérieure des nations [qui les habitent], démontrer qu’elles diffèrent entre elles et qu’elles ne se ressemblent aucunement. Mon discours serait beaucoup trop étendu si je parlais de toutes ; j’exposerai mon sentiment sur celles qui diffèrent de la manière la plus importante et la plus sensible. Je dis que l’Asie diffère de l’Europe par la nature de toutes choses, et par celle des productions de la terre, et par celle des hommes. Tout vient beaucoup plus beau et plus grand en Asie [qu’en Europe]. Le climat y est plus tempéré, les moeurs des habitants y sont plus douces et plus faciles. La cause de ces avantages c’est le tempérament exact des saisons. Située entre les [deux] levers du soleil, l’Asie se rapproche de l’orient et s’éloigne un peu du froid : or, le climat qui contribue le plus à l’accroissement et à la bonté de toutes choses, est celui où rien ne domine avec excès, mais où tout s’équilibre parfaitement. Ce n’est cependant pas que l’Asie soit partout la même ; la partie de son territoire placée à une égale distance de la chaleur et du froid, est très riche en fruits, très peuplée de beaux arbres, jouit d’un air très pur, offre les eaux les plus excellentes, aussi bien celles qui tombent du ciel que celles qui sortent de la terre. Le sol n’y est ni brûlé par des chaleurs excessives ni desséché par le hâle et le manque d’eau, ni maltraité par le froid, ni détrempé par des pluies abondantes et par des neiges. Il est naturel que sur un tel sol naissent abondamment les plantes propres à chaque saison, aussi bien celles qui viennent de semences que celles que la terre engendre d’elle-même. Les habitants emploient les fruits des [plantes venues spontanément], en adoucissant leurs qualités sauvages par une transplantation dans un terrain convenable. Le bétail y réussit parfaitement, il est surtout très fécond et s’élève très beau ; les hommes y ont de l’embonpoint, de belles formes et une taille élevée ; ils ne diffèrent guère entre eux par les formes et la stature. Une telle contrée ressemble beaucoup au printemps, et par la constitution, et par l’égale température des saisons ; mais ni le courage viril, ni la constance dans les travaux, ni la patience dans la fatigue, ni l’énergie morale ne sauraient exister avec une pareille nature, que les habitants soient de race indigène ou étrangère : l’attrait du plaisir triomphe nécessairement de tout ; c’est pour cela que la forme des animaux est si variée. Voilà donc, suivant moi, ce qui concerne les Égyptiens et les Libyens.

Quant aux peuples situés à la droite du lever d’été [et qui s’étendent] jusqu’aux Palus Méotides, limite de l’Eürope et de l’Asie, voici ce qu’il en est : tous ces peuples diffèrent plus les uns des autres que ceux dont je viens de parler ; ce qui tient aux vicissitudes des saisons et à la nature du sol. En effet, il en est de même pour le sol comme pour les hommes ; or les saisons éprouvent des vicissitudes fréquentes et considérables, le sol est très sauvage et très inégal : on y trouve des montagnes la plupart boisées, des plaines, des prairies où les saisons sont régulières, le sol est très uniforme. Le même rapport s’observe chez les hommes pour qui veut y faire attention. Il y a des naturels analogues à des pays montueux, couverts de bois et humides ; d’autres à des terres sèches et légères ; ceux-ci [ressemblent] à des sols marécageux et couverts de prairies ; ceux-là à des plaines nues et arides ; car les saisons qui modifient la nature de la forme diffèrent d’elles-mêmes, et plus elles en diffèrent, plus il y a de modification dans l’apparence extérieure.

Je passerai sous silence tous les peuples qui ne diffèrent pas sensiblement [entre eux], et je vais parler de ceux qui présentent de notables différences, qu’elles tiennent à la nature ou à la coutume. Je commence parles Macrocéphales ; il n’est point de peuple qui ait la tête semblable à la leur. Dans le principe, l’allongement de la tête était l’effet d’une coutume, maintenant la nature prête secours à cette coutume, fondée sur la croyance que les plus nobles étaient ceux qui avaient la tête la plus longue ; voici quelle est cette coutume : aussitôt qu’un enfant est mis au monde, pendant que son corps est souple et que sa tête conserve encore sa mollesse, on la façonne avec les mains, on la force à s’allonger en se servant de bandages et d’appareils convenables qui lui font perdre sa forme sphérique et la font croître en longueur. Ainsi dans le principe, grâce à cette coutume, le changement de forme était dû à ces violentes manoeuvres mais avec le temps cette forme s’identifia si bien avec la nature, que celle-ci n’eût plus besoin d’être contrainte par la coutume, et que la puissance de l’art devint inutile. En effet, la liqueur séminale émanant de toutes les parties du corps, est saine quand les parties sont saines, altérée quand elles sont malsaines ; or, si le plus ordinairement on naît chauve de parents chauves ; avec des yeux bleus, de parents qui ont les yeux bleus ; louche de parents louches, et ainsi du reste, qu’est-ce qui empêche qu’on naisse avec une longue tête de parents qui ont une longue tête ? Aujourd’hui cette forme n’existe plus chez ce peuple comme autrefois, parce que la coutume est tombée en désuétude par la fréquentation des autres nations. Voilà, ce me semble, ce qui concerne les Macrocéphales.

Quant aux peuples qui habitent sur le Phase, leur pays est marécageux, chaud, humide, couvert de bois ; il y tombe, dans toutes les saisons, des pluies abondantes et fortes. Ces hommes passent leur vie dans les marais. Ils bâtissent au milieu des eaux leurs habitations de bois ou de joncs. Ils ne marchent guère que pour aller à la ville ou au marché ; mais ils parcourent leur pays, montant et descendant les canaux qui y sont en grand nombre, dans des nacelles faites d’un seul tronc d’arbre. Ils font usage d’eaux chaudes, stagnantes, putréfiées par l’ardeur du soleil, et alimentées par les pluies. Le Phase lui-même est, de tous les fleuves, le plus stagnant et le plus lent dans son cours. Les fruits qui viennent dans cette localité sont chétifs, de mauvaise qualité et sans saveur, à cause de la surabondance des eaux ; aussi ne parviennent-ils jamais à maturité. Un brouillard épais produit par les eaux couvre toujours la contrée. C’est à ces conditions extérieures que les Phasiens doivent des formes si différentes de celles des autres hommes ; ils sont d’une stature élevée, mais si chargés d’embonpoint qu’ils n’ont ni les articulations ni les vaisseaux apparents. Leur teint est jaune-verdâtre comme celui des ictériques. Le timbre de leur voix est plus grave que partout ailleurs, parce qu’ils respirent un air qui n’est pas pur, mais humide et épais, comme du duvet. Ils sont naturellement enclins à éviter tout ce qui peut les fatiguer. Dans leur pays, les saisons n’éprouvent de grandes variations ni de chaud ni de froid. A l’exception d’un seul vent local, les vents du midi y dominent ; ce vent souille parfois avec impétuosité, il est chaud et incommode ; on le nomme Cenchron. Quant au vent du nord, il n’y parvient que rarement, encore y souffle-t-il sans force et sans vigueur. Il en est ainsi de la différence de nature et de forme entre les nations de l’Asie.

Quant à la pusillanimité, à l’absence de courage viril, si les Asiatiques sont moins belliqueux et plus doux que les Européens, la principale cause en est dans les saisons, qui n’éprouvent pas de grandes variations ni de chaud ni de froid, mais qui sont à peu près uniformes. En effet, l’esprit n’y ressent point ces commotions et le corps n’y subit pas ces changements intenses, qui rendent naturellement le caractère plus farouche et qui lui donnent plus d’indocilité et de fougue qu’un état de choses toujours le même ; car ce sont les changements du tout en tout qui éveillent l’esprit de l’homme, et ne le laissent pas dans l’inertie. C’est, je pense, à ces causés extérieures qu’il faut rapporter la pusillanimité des Asiatiques, et aussi à leurs institutions ; en effet, la plus grande partie de l’Asie est soumise à des rois ; et toutes les fois que les hommes ne sont ni maîtres de leurs personnes, ni gouvernés par les lois qu’ils se sont faites, mais par la puissance despotique, ils n’ont pas de motif raisonnable pour se former au métier des armes, mais au contraire pour ne pas paraître guerriers, car les dangers ne sont pas également partagés. C’est contraints par la force, qu’ils vont à la guerre, qu’ils en supportent les fatigues, et qu’ils meurent pour leurs despotes, loin de leurs enfants, de leurs femmes et de leurs amis. Tous leurs exploits et leur valeur guerrière ne servent qu’à augmenter et à propager la puissance de leurs despotes ; pour eux, ils ne recueillent d’autres fruits que les dangers et la mort. En outre, leurs champs se changent en déserts, et par les dévastations des ennemis, et par la cessation des travaux ; en sorte que s’il se trouvait parmi eux quelqu’un qui fût par nature courageux et brave, il serait, par les institutions, détourné d’employer sa bravoure. Une grande preuve de ce que j’avance, c’est qu’en Asie tous les Grecs et les Barbares qui ne se soumettent pas au despotisme, et qui se gouvernent par eux-mêmes, sont les plus guerriers de tous, car c’est pour eux-mêmes qu’ils courent les dangers, eux-mêmes reçoivent le prix de leur courage, ou la peine de leur lâcheté. Au reste vous trouverez que les Asiatiques diffèrent entr’eux : ceux-ci sont plus vaillants, ceux-là plus lâches. Cette différence tient encore aux vicissitudes des saisons, ainsi que je l’ai dit plus haut. Voilà ce qui concerne l’Asie.

En Europe, il existe une nation scythe qui habite aux environs des Palus Méotides ; elle diffère des autres nations : elle est connue sous le nom de Sauromates. Les femmes montent à cheval, tirent de l’arc, lancent le javelot de dessus, leur cheval, et se battent contre les ennemis tant qu’elles sont vierges. Elles ne se marient pas avant d’avoir tué trois ennemis, et ne cohabitent pas avec leurs maris avant d’avoir offert les sacrifices prescrits par la loi. Une fois mariées, elles cessent de monter à cheval, à moins que la nation ne soit forcée à une expédition générale. Elles n’ont pas de mamelle droite ; car, lorsqu’elles sont encore dans leur première enfance, les mères prennent un instrument de cuivre, le chargent de feu et l’appliquent sur la région mammaire droite, qu’elles brûlent superficiellement, afin qu’elle perde la faculté de s’accroître, en sorte que toute la force et l’abondance [des humeurs] se portent à l’épaule et au bras droits.

Pour ce qui est de la forme extérieure chez les autres Scythes, qui ne ressemblent qu’à eux-mêmes et nullement aux autres peuples, mon explication est la même que pour les Égyptiens, si ce n’est que ceux-ci sont accablés par une excessive chaleur, et ceux-là par un froid rigoureux. Ce qu’on appelle le Désert de la Scythie est une plaine élevée, couverte de pâturages et médiocrement humide, car elle est arrosée par de grands fleuves qui, dans leurs cours, entraînent les eaux des plaines. C’est là que se tiennent les Scythes appelés Nomades, parce qu’ils n’habitent point des maisons, mais des chariots. Ces chariots ont, les uns, quatre roues, et ce sont les plus petits, les autres en ont six. Fermés avec des feutres, ils sont disposés comme des maisons, et ont deux on trois chambres ; ils sont impénétrables à la pluie, à la neige et aux vents. Ces chariots sont traînés par deux ou trois paires de boeufs qui n’ont point de cornes, car les cornes ne leur poussent pas à cause du froid. Les femmes vivent dans ces chariots ; les hommes les accompagnent à cheval, suivis de leurs troupeaux de boeufs et de chevaux. Ils demeurent dans le même endroit tant que le fourrage suffit à la nourriture de leur bétail ; quand il ne suit plus, ils se transportent dans une autre contrée. Ils mangent des viandes cuites, boivent du lait de jument et croquent de l’hyppace, c’est-à-dire du fromage de cavale. Il en est ainsi de la manière de vivre et des coutumes des Scythes.

Pour ce qui est des climats et de la forme extérieure [qui en dépend, il faut dire] que la race scythe, comme la race égyptienne, diffère de toutes les autres et ne ressemble qu’à elle-même ; qu’elle est peu féconde ; que la Scythie nourrit des animaux peu nombreux et très petits. En effet, cette contrée est située précisément sous l’Ourse et aux pieds des monts Riphées, d’où souffle le vent du nord. Le soleil ne s’en approche qu’au solstice d’été, encore ne l’échauffe-t-il que pour peu de temps et médiocrement. Les vents qui viennent des régions chaudes n’y parviennent que rarement et qu’après avoir perdu leur force. Il n’y souffle que des vents du septentrion refroidis par la neige, la glace et les pluies abondantes, qui n’abandonnent jamais les monts Riphées, ce qui les rend inhabitables. Pendant tout le jour, un brouillard épais couvre les plaines au milieu desquelles les Scythes demeurent ; en sorte que l’hiver y est perpétuel, et que l’été n’y dure que peu de jours, qui ne sont même pas très chauds, car les plaines sont élevées et nues ; elles ne se couronnent pas de montagnes, mais elles s’élèvent en se prolongeant sous l’Ourse. Les animaux n’y deviennent pas grands, mais ils sont tels qu’ils peuvent se cacher sous terre ; car l’hiver perpétuel et la nudité du sol, sur lequel ils ne trouvent ni abri ni protection les empêchent [de prendre leur développement]. Les saisons n’offrent pas de vicissitudes grandes et intenses ; elles se ressemblent et ne subissent guère de modifications. De là vient que les formes extérieures sont partout semblables à elles-mêmes. Les Scythes se nourrissent et se vêtent toujours de la même manière, en été comme en hiver. Ils respirent toujours un air épais et humide, boivent des eaux de neige et de glace, et sont peu propres à supporter les fatigues, car ni le corps ni l’esprit ne peuvent soutenir la fatigue dans les pays où les saisons ne présentent pas de variations notables. Pour toutes ces causes, nécessairement leurs formes sont grossières, leur corps est chargé d’embonpoint, leurs articulations sont peu apparentes, humides et faibles. Leurs cavités, surtout les inférieures, sont pleines d’humidité, car il n’est pas possible qu’elles se dessèchent dans un tel pays, avec une telle nature et avec des saisons ainsi constituées. A cause de la graisse et à cause de l’absence de poil, les formes extérieures sont les mêmes chez tous ; les hommes ressemblent aux hommes, les femmes aux femmes. Les saisons ayant beaucoup d’analogie entre elles, la liqueur séminale n’éprouve ni variation ni altération dans sa consistance, à moins qu’il ne survienne quelqu’accident violent ou quelque maladie.

Je vais fournir une grande preuve de l’humidité du corps des Scythes. Vous trouverez chez la plupart, et spécialement chez les Nomades, l’usage de se brûler les épaules, les bras, les cuisses, la poitrine, les hanches et les lombes. Cet usage n’a d’autre but que de remédier à l’humidité et à la mollesse de leur complexion, car, à cause de cette humidité et de cette atonie, ils ne sauraient ni bander un arc, ni soutenir avec l’épaule le jet du javelot. Lorsque les articulations sont débarrassées, par ces cautérisations, de leur excessive humidité, elles sont plus fermes, le corps se nourrit mieux. Il prend des formes plus accentuées. Les Scythes sont flasques et trapus ; premièrement, parce qu’ils ne sont pas, comme les Égyptiens, emmaillotés [dans leur enfance], usage, qu’ils n’ont pas voulu adopter, afin de se tenir plus aisément à cheval ; secondement, parce qu’ils mènent une vie sédentaire. Les garçons, tant qu’ils ne sont pas en état de monter à cheval, passent la plupart du temps assis dans les chariots, et ne marchent que fort rarement, à cause des migrations et des circuits [de ces hordes nomades]. Les femmes ont les formes extérieures prodigieusement flasques et sont très lentes. La race scythe a le teint roux (basané) à cause du froid ; en effet, le soleil n’ayant pas assez de force, le froid brûle la blancheur de la peau, qui devient rousse.

Une race ainsi constituée ne saurait être féconde. Les hommes sont très peu portés aux plaisirs de l’amour, à cause de leur constitution humide, de la mollesse et de la froideur du ventre, circonstances qui rendent naturellement l’homme peu propre à la génération. Il faut encore ajouter que l’équitation continuelle les rend inhabiles à la copulation. Telles sont pour les hommes les causes d’impuissance. Pour les femmes, la surcharge de graisse et l’humidité des chairs empêcher la matrice de saisir la liqueur séminale. La purgation menstruelle ne se fait pas convenablement ; elle est peu abondante et ne revient qu’à de longs intervalles. L’orifice de la matrice, bouché par la graisse, ne peut recevoir la semence. Ajoutez à cela l’aversion pour le travail, l’embonpoint, la mollesse et la froideur du ventre. C’est pour toutes ces causes que la race scythe est nécessairement peu féconde. Les esclaves femelles en sont une grande preuve. Elles n’ont pas plutôt de commerce avec un homme, qu’elles deviennent enceintes, et cela parce qu’elles travaillent et qu’elles sont plus maigres que leurs traîtresses.

Une autre observation à faire, c’est qu’on rencontre parmi les Scythes beaucoup d’impuissants qui s’occupent aux travaux des femmes et qui ont le même timbre de voix qu’elles. On les appelle anandries (efféminés). Les naturels attribuent ce phénomène à un dieu ; ils vénèrent et adorent cette espèce d’hommes, chacun craignant pour soi [une pareille calamité ]. Quant à moi, je pense que cette maladie est divine aussi bien que toutes les autres, qu’il n’y en a pas de plus divines et de plus humaines les unes que les autres ; mais que toutes sont semblables et que toutes sont divines ; chaque maladie a une cause naturelle et aucune n’arrive sans l’intervention de la nature. Je vais indiquer maintenant ce qu’il me semble de l’origine de cette maladie. L’équitation produit chez les Scythes des engorgements aux articulations, parce qu’ils ont toujours les jambes pendantes. Chez ceux qui sont gravement atteints, la hanche se retire et ils deviennent boiteux. Ils se traitent de la manière suivante : quand la maladie commence, ils se font ouvrir les deux veines qui sont près des oreilles. Après que le sang a cessé de couler, la faiblesse les assoupit et les endort ; à leur réveil, les uns sont guéris, les autres ne le sont pas. Je présume que c’est justement par ce traitement que la semence est altérée, car près des oreilles il y a des veines qui rendent impuissant lorsqu’elles sont ouvertes ; or, je pense qu’ils coupent précisément ces veines. Lorsque, après cette opération, ils ont commerce avec une femme et qu’ils ne peuvent accomplir l’acte, d’abord ils ne s’en inquiètent point et restent tranquilles ; mais si après deux, trois ou plusieurs tentatives, ils ne réussissent pas mieux ; s’imaginant que c’est une punition d’un dieu qu’ils auraient offensé, ils prennent les habits de femme, déclarent leur éviration (impuissance), se mêlent avec les femmes et s’occupent aux mêmes travaux qu’elles. Cette maladie attaque les riches et non les classes inférieures ; [elle attaque] les plus nobles, les plus puissants par leur fortune, parce qu’ils vont à cheval ; [elle épargne] les pauvres par cela même qu’ils ne vont point à cheval. Si cette maladie était plus divine que les autres, elle ne devrait pas être exclusivement affectée aux nobles et aux riches, mais attaquer indistinctement et plus particulièrement ceux qui possèdent peu de chose et qui, par conséquent, ne font point d’offrandes, s’il est vrai que les dieux se réjouissent des présents des hommes et qu’ils les récompensent par des faveurs ; car il est naturel que les riches usant de leurs trésors, fassent brûler des parfums devant les dieux, leur consacrent des offrandes et les honorent ; ce que les pauvres ne sauraient faire, d’abord parce qu’ils n’en ont pas le moyen, ensuite parce qu’ils se croient en droit d’accuser les dieux de ce qu’ils ne leur ont pas envoyé de richesses. Ainsi les pauvres plutôt que les riches devraient supporter le châtiment de pareilles offenses. Comme je l’ai déjà observé, cette maladie est donc divine comme toutes les autres ; mais chacune arrive également d’après les lois naturelles, et celle-ci est produite chez les Scythes par la cause que je viens de lui assigner. Elle attaque aussi les autres peuples, car partout où l’équitation est l’exercice principal et habituel, beaucoup sont tourmentés d’engorgements aux articulations, de sciatique, de goutte, et sont inhabiles aux plaisirs de l’amour. Ces infirmités sont répandues chez les Scythes, qui deviennent les plus impuissants des hommes, et par les causes déjà signalées, et parce qu’ils ont continuellement des culottes et qu’ils passent à cheval la plus grande partie du temps. Ainsi, ne portant jamais la main aux parties génitales, et distraits par le froid et la fatigue des jouissances sexuelles, ils ne tentent la copulation qu’après avoir perdu entièrement leur virilité. Voilà ce que j’avais à dire sur la nation scythe.

Quant au reste des Européens, ils diffèrent entre eux par la forme et par la stature, parce que les vicissitudes des saisons sont intenses et fréquentes, que des chaleurs excessives sont suivies de froids rigoureux ; que des pluies abondantes sont remplacées par des sécheresses très longues, et que les vents multiplient et rendent plus intenses les vicissitudes des saisons. Il est tout naturel que ces circonstances influent dans la génération sur la coagulation du sperme, qui n’est pas toujours la même, en été ou en hiver, pendant les pluies ou pendant la sécheresse. C’est, à mon avis, la cause qui rend les formes plus variées chez les Européens que chez les Asiatiques, et qui produit pour chaque ville une différence si notable dans la taille des habitants. En effet, la coagulation du sperme doit subir des altérations plus fréquentes dans un climat sujet à de nombreuses vicissitudes atmosphériques, que dans celui où les saisons se ressemblent à peu de chose près, et sont uniformes. Le même raisonnement s’applique également aux moeurs. Une telle nature donne quelque chose de sauvage, d’indocile, de fougueux ; car des secousses répétées rendent l’esprit agreste et le dépouillent de sa, douceur et de son aménité. C’est pour cela, je pense, que les habitants de l’Europe sont plus courageux que ceux de l’Asie. Sous un climat à peu près uniforme, l’indolence est innée ; au contraire, sous un climat variable, c’est l’amour de l’exercice pour l’esprit et pour le corps. La lâcheté s’accroît par l’indolence et l’inaction ; la force virile s’alimente par le travail et la fatigue. C’est à ces circonstances qu’il faut rapporter la bravoure des Européens et aussi à leurs institutions, car ils ne sont pas gouvernés par des rois comme les Asiatiques ; ceux qui sont soumis à des rois sont nécessairement très lâchés, ainsi que je l’ai déjà dit plus haut, car leur âme est asservie, et ils ne s’exposent point volontiers pour augmenter la puissance d’un autre. Ceux au contraire qui sont gouvernés parleurs propres lois, affrontant les dangers pour eux-mêmes et non pour les autres, s’y exposent volontiers et se jettent dans le péril. Eux seuls recueillent l’honneur de leurs victoires. Ainsi les institutions n’exercent pas une minime influence sur le courage. Voilà en somme ce qu’on peut dire d’une manière générale, de l’Europe comparée en Asie.

Mais il existe aussi en Europe des peuples qui diffèrent entre eux pour le courage comme pour les formes extérieures et la stature; et ces variétés tiennent aux mêmes causes que j’ai déjà assignées, mais que je vais éclaircir davantage. Tous ceux qui habitent un pays montueux ,inégal, élevé et pourvu d’eau, et qui sont exposés à de notables vicissitudes des saisons, ceux-là sont naturellement d’une haute stature, très propres à l’exercice et au travail, et pleins de courage. De tels naturels sont doués au suprême degré d’un caractère farouche et sauvage. Ceux , au contraire, qui vivent dans des pays enfoncés, couverts de pâturages, tourmentés par des chaleurs étouffantes, plus exposés aux vents chauds qu’aux vents froids, et qui font usage d’eaux chaudes, ceux-là ne sont ni grands, ni bien proportionnés, ils sont trapus et chargés de chairs, ont les cheveux noirs, sont plutôt noirs que blancs et moins phlegniatiques que bilieux. Ni la valeur guerrière , ni l’aptitude au travail ne sont inhérentes à leur nature, mais ils pourraient les acquérir l’une et l’autre si les institutions venaient en aide. Au reste, s’il y avait dans leur pays des fleuves qui entraînassent les eaux dormantes et celles de pluie, ils pourraient jouir d’une bonne santé et avoir un beau teint. Si, au contraire ,il n’y avait point de neuves, et s’ils buvaient des eaux stagnantes dans des réservoirs,et des eaux de marais, ils auraient infailliblement de gros ventres et de grosses rates. Ceux qui habitent un pays élevé, uniforme, exposé aux vents et humide, sont ordinairement grands et se ressemblent entre eux. Leurs moeurs sont moins viriles et plus douces. Ceux qui habitent des terroirs légers, secs et nus, et où les changements de saisons ne sont point tempérés, ont la constitution sèche et nerveuse, et le teint plutôt blond que brun. Ils sont indociles dans leurs moeurs et dans leurs appétits, et fermes dans leurs opinions. Là où les vicissitudes des saisons sont très fréquentes et très marquées, là vous trouverez les formes extérieures, les moeurs et le naturel fort dissemblables; ces vicissitudes sont donc les causes les plus puissantes des variations dans la nature de l’homme. Vient ensuite la qualité du sol qui fournit la subsistance, et celle des eaux; car vous trouverez le plus souvent les formes et la manière d’être de l’homme modifiées par la nature du sol qu’il habite. Partout où ce sol est gras, mou et humide, où les eaux étant peu profondes sont froides en hiver et chaudes en été, où les saisons s’accomplissent convenablement, les hommes sont ordinairement charnus, ont les articulations peu prononcées, sont chargés d’humidité, inhabiles au travail, et sans énergie morale. On les voit, plongés dans l’indolence, se laisser aller au sommeil. Dans l’exercice des arts, ils ont l’esprit lourd , épais et sans pénétration. Plais dans un pays nu, âpre, sans abri, tour à tour ’désolé par le froid et brûlé par le soleil, les habitants ont le corps sec, maigre, nerveux, velu ,les articulations bien prononcées; l’activité, la pénétration, la vigilance sont inhérentes à de tels hommes ;vous les trouverez indomptables dans leurs moeurs et dans leurs appétits, fermes dans leurs résolutions, plus sauvages que civilisés, d’ailleurs plus sagaces pour l’exercice des arts, plus intelligents, et plus propres aux combats. Toutes les autres productions de la terre se conforment également à la nature du sol. Telles sont les constitutions physiques et morales les plus opposées. En se guidant sur ces observations, on pourra juger des autres sans crainte de se tromper.