Des hommes sauvages - original/Relation/08

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Comment nous quittâmes le port pour chercher le pays où nous voulions aller.
CHAPITRE VIII.

Aussitôt que le vent d’ouest-sud-ouest se fut calmé et que le temps fut redevenu beau, nous remîmes à la voile par un vent de nord-ouest pour chercher ce pays ; mais nous marchâmes pendant deux jours sans pouvoir trouver un port. Nous pensâmes cependant, en observant de la côte, que nous devions l’avoir dépassé ; mais nous ne pûmes nous en assurer en prenant la hauteur, parce que le temps n’était pas assez clair ; d’ailleurs, le vent était trop fort pour qu’il fut possible de revenir en arrière.

Mais Dieu aide dans le besoin : en faisant notre prière du soir, nous le suppliâmes de venir à notre secours, et avant la nuit nous vîmes les nuages s’amonceler vers le sud, et le vent de nord-ouest cessa tout à fait avant que la prière fût terminée. Bientôt le vent du sud, qui ne souffle presque jamais à cette époque de l’année, commença à s’élever avec tant de violence, que nous en fumes tous effrayés. La mer devint très-mauvaise, car il repoussait les vagues que le vent de nord-ouest avait élevées. La mer devint très-mauvaise, car il repoussait les vagues que le vent de nord-ouest avait élevées. Il faisait très-obscur, le tonnerre et les éclairs répandaient parmi nous une telle épouvante, que personne ne savait ce qu’il faisait, ni comment on devait manœuvrer. Nous croyions tous être noyés pendant la nuit, quand la Providence, qui n’avait pas cessé de veiller sur nous, permit que l’orage s’apaisât. Nous pûmes donc rebrousser chemin et recommencer à chercher le port, mais nous ne le trouvâmes pas à cause d’un grand nombre d’îles situées le long de cette côte.

Étant arrivés de nouveau par 28 degrés, le capitaine ordonna au pilote de passer entre les îles, et de jeter l’ancre pour voir où nous étions. Nous entrâmes donc entre deux côtes qui formaient un beau port, et nous y mouillâmes, après quoi nous nous mimes dans une chaloupe pour mieux examiner cette baie.