Des hommes sauvages nus féroces et anthropophages/Mœurs et coutumes/07

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Traduction par Henri Ternaux.
Arthus Bertrand (p. 243-245).


CHAPITRE VII.


De leur adresse à tuer les animaux sauvages et les poissons à coups de flèches.


Soit que ces sauvages aillent dans les bois, ou près des rivières, ils portent sans cesse leurs arcs et leurs flèches avec eux. Quand ils sont dans les bois, ils tiennent toujours les yeux levés en l’air pour voir s’ils n’aperçoivent pas quelques gros oiseaux, quelque singe ou d’autres animaux qui se tiennent sur les arbres. S’ils en découvrent un, ils lui lancent des flèches et le poursuivent jusqu’à ce qu’ils l’aient abattu ; et il est bien rare de voir un Indien revenir de la chasse les mains vides.

Ils vont aussi se promener sur le bord de la mer, et, dès qu’un poisson s’élève à la surface, ils le percent d’une flèche : ils ont la vue si bonne, qu’ils manquent rarement leur coup. Aussitôt que le poisson est blessé, ils sautent à l’eau pour le chercher ; et, quoiqu’ils soient quelquefois obligés de plonger jusqu’à la profondeur de six brasses, ils ne manquent jamais de le rapporter.

Ils ont aussi des petits filets qu’ils fabriquent avec une espèce de fil tiré de feuilles longues et pointues, qu’ils nomment tockaun. Quand ils veulent s’en servir, ils se rassemblent dans un endroit où l’eau n’est pas profonde, et commencent à la battre ; le poisson, effrayé, s’engage alors dans leurs filets, et celui qui en prend le plus partage avec les autres.

Ceux qui demeurent loin de la mer s’en rapprochent aussi quelquefois pour pêcher. Quand ils ont pris beaucoup de poissons, ils les font rôtir, les réduisent en poudre, et font si bien sécher cette poudre, qu’elle se conserve fort longtemps : ils la mêlent ensuite avec de la farine de manioc. Sans cette précaution, les poissons ne se conserveraient pas, car ils ne savent pas les saler, et d’ailleurs cette poudre prend moins de place que ne le feraient des poissons entiers.