Des religions pratiquées actuellement dans l’Inde/Théosophie

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THÉOSOPHIE


Nous avons étudié jusqu’à présent les sept religions qui vivent côte à côte sur le sol de l’Inde et qui comptent, pour la plupart, des adhérents dans les diverses parties du monde. Dans cette dernière conférence, nous ne nous entretiendrons pas des religions, mais de la religion ; nous ne traiterons pas de l’aspect exotérique qui divise, mais de l’esprit qui unit ; et nous allons voir ce qui, à toutes les époques de l’Univers, a été tour à tour la racine de chaque croyance, ce qui a été la Religion où plonge toute religion distincte ; pourquoi à l’heure actuelle cette Religion a passé au premier plan, tandis que jusqu’ici elle était à l’arrière-plan, servant de fondement à tout, supportant tout, mais ne s’affirmant pas elle-même. Quel est le sens de cette venue tardive et sa portée dans l’histoire du monde ?

Ceux qui ont étudié soigneusement les religions, les érudits en matière religieuse, pouvons-nous dire, ont accordé en fait qu’elles avaient une base commune. Retournons en arrière, bien loin en arrière dans l’obscure histoire du passé, alors que la configuration du globe était différente de celle que nous connaissons aujourd’hui, alors que le vaste continent de l’Atlantide occupait l’emplacement sur lequel ondulent aujourd’hui les vagues de l’Océan Atlantique ; retournons même plus loin encore, jusqu’à l’époque où fut formé le continent Lémurien, dont il n’y a plus aujourd’hui que des fragments, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Madagascar — fragments d’un continent depuis longtemps disparu, longtemps ignoré. Ces deux continents ont été, en ces dernières années, reconnus par la science ; Haeckel, le savant allemand, déclare que la Lémurie a été le berceau de la race humaine, ce qu’enseignait, avant lui déjà, Mme Blavatsky. L’Atlantide est reconnu maintenant, par l’évidence de la communauté de faune et de flore, par l’évidence de l’identité des races trouvées en Amérique et en Égypte : identité de religion et d’hiéroglyphes, si bien que celui qui peut traduire les hiéroglyphes d’Égypte peut traduire ceux des Mayas de Mexico.

Observez comment au cours de ces cent vingt dernières années, depuis la fin du dix-huitième siècle, depuis que Dulaure et Dupuis écrivaient sur l’origine des religions, — observez comment, pendant tout le dix-neuvième siècle, grâce à une série d’érudits occidentaux, s’est graduellement développé ce qu’on appelle la science de la Mythologie comparée.

Si nous jetons nos regards vers le passé, le lointain passé auquel j’ai fait allusion, et si nous les jetons sur le présent, sur les plus récentes conclusions des chercheurs européens, une grande vérité nous apparaît. Tandis que l’antiquaire et l’archéologue faisaient leurs fouilles au-dessous de la croûte terrestre et déterraient ville après ville, ces fragments longtemps enfouis livraient un témoignage évident des religions du passé, de leurs doctrines, de leurs fondateurs et de leur symbolisme, en même temps qu’ils prouvaient l’unité de toutes ces religions. Les Européens, avec cette soif de science qui les distingue et cet amour des faits qui les caractérise, se sont mis à creuser le monde ancien. Qu’ont-ils découvert ? Ils ont déterré, dans un cas, treize villes construites l’une par-dessus l’autre, élevées chacune sur le sol qui couvrait les ruines d’une ancienne ville. Une cité était construite sur ce qui paraissait un terrain solide, on y faisait des fouilles, on découvrait une assise de terrain sous cette cité en ruines et, hélas ! sous ce terrain une autre cité. Puis une autre assise et, de nouveau le sol ; puis encore des fouilles jusqu’à ce qu’on découvre la troisième ville et ainsi de suite, de plus en plus profondément jusqu’à ce que treize villes étant sorties de terre, ou n’ait plus trouvé que le sol vierge. Une autre fois, dans la huitième ville mise au jour par le même procédé, une vaste bibliothèque fut découverte, contenant plus de cent mille volumes, volumes en argile, écrits tandis que l’argile était molle et cuits ensuite longtemps au four, ce qui leur a permis de se conserver. De vastes temples d’une architecture splendide furent trouvés là aussi, ainsi que les annales de rois qu’on tenait, il y a trente ans, pour des mythes mais qu’on reconnaît maintenant avoir été des monarques historiques, remontant jusqu’à sept mille ans avant l’ère chrétienne. En Égypte, des tombes sont ouvertes qui étaient restées fermées au moins dix mille ans et les cadavres momifiés livrent des fragments de papyrus sur lesquels sont inscrites les croyances des anciens Égyptiens et la science nécessaire à l’âme au delà de la mort pour la guider à travers les complications du monde invisible. Des trésors sont encore découverts dans la Chine ancienne, qui permettent de remonter jusqu’au fameux temple d’Or de l’Atlantide et font allusion au Seigneur de la Porte d’Or qui était le puissant Empereur de cet empire, depuis si longtemps disparu. La terre des morts livre ses secrets et tout porte témoignage d’une vérité essentielle ; — l’unité des religions.

Et non seulement cela. Mais lorsque les explorateurs pénètrent parmi les tribus sauvages, parmi les peuplades barbares, ils ne voient tout d’abord que le culte extérieur des idoles, fétiches, totems et ils pensent que c’est là la religion de ces peuplades. Mais, peu à peu, s’ils entrent en contact plus direct avec les individus eux-mêmes, s’ils gagnent leur confiance, les gens commencent à leur apprendre quelque chose de plus que ce qu’avaient révélé les symboles extérieurs. Ces gens parlent d’un Père puissant, d’une Présence universelle, de l’Un trop grand pour qu’on le puisse nommer, trop aimant pour avoir besoin des sacrifices ou des offrandes de ses enfants, pensée vague, chez eux, lointaine, mais c’est toujours la même tradition qui a été posée par le Fondateur de leur race et qui s’est transmise de génération en génération parmi les sages, comme le noyau d’une foi qui s’est tant dégradée de nos jours.

Quel est le résultat de toutes ces recherches ? Je ne peux que l’indiquer par deux ou trois points tels que ceux déjà mentionnés. Il n’y a pas de doute quant au résultat. Ce résultat est la fondation d’une grande école de mythologie comparée. Je lui donne son propre nom. Cette école a déclaré en Occident — et elle a prouvé jusqu’à l’évidence, — que toutes les religions ont une seule et même racine, que toutes ont les mêmes doctrines, que toutes ont la tradition d’un fondateur Homme-Dieu, que toutes enseignent la même morale, que toutes se servent du même symbolisme. Là-dessus, il n’y a pas de doute ; car les choses sont sorties de terre avec leurs symboles : la croix trouvée dans des tombeaux étrusques remontant à une époque immémoriale, en est un exemple. Cette croix avait été gravée par la cuisson dans l’urne d’argile située aux pieds du cadavre ; au moment où le tombeau fut ouvert, il était si ancien qu’on n’entrevit le cadavre que dans un éclair, pour ainsi dire, après quoi ce ne fut que poussière. Mais l’argile subsiste. Dans le temple de Maya qu’on fait surgir de terre, dans les tombes égyptiennes dont on viole le secret, ce sont les mêmes symboles : la croix, le triangle, le point, le cercle, familiers à tout érudit. La mythologie comparée tire ses conclusions. Elles furent d’abord dirigées contre une religion, le Christianisme, car c’est dans le Christianisme, et par lui, que les découvertes se firent. Quelle était la conclusion ? Toutes les religions ont une même base ; elles ont toutes un même fondement ; toutes sont des formes de la même idée et ce fondement, c’est l’ignorance humaine. Le sauvage barbare personnifiait les forces de la nature ; il voyait le soleil dans sa majesté, il entendait le vent dans sa fureur, le tremblement de terre ébranlait la montagne, le torrent inondait la vallée et il pensait : « Ce sont les Dieux qui sont courroucés, il faut que je les apaise et me les rende favorables. » Et c’est de cette personnification faite par le sauvage, déclare la mythologie comparée, que sont sorties toutes les religions du monde, si raffinées qu’elles puissent être aujourd’hui, si philosophiques qu’elles aient pu devenir par la suite ; en dépit des grossièretés anciennes et des perfections nouvelles, c’est là la base de toutes les religions : l’ignorance humaine, l’ignorance du sauvage personnifiant la nature et la regardant comme si elle était Dieu. C’est de là que toutes les religions sont sorties, se sont développées ; l’indice de leur naissance prouve qu’elles sont toutes identiques et que peut être cette identité, sinon celle de l’ignorance du sauvage, dont nous sommes issus ? Telle était l’attaque dirigée contre les religions, — attaque terrible parce qu’elle s’appuyait sur les faits, sur ce qu’on peut voir et toucher et que ce sont là les critériums les plus décisifs pour la majorité.

Alors qu’est-il arrivé ? Ah ! avant que les plus grandes découvertes ne fussent faites, avant ces fouilles récentes qui ont établi les faits, une autre voix murmurait déjà, un message d’une autre sorte était déjà venu, qui déclarait tranquillement : » Oui, les faits sont exacts ; seuls les ignorants les peuvent nier. La terre renferme, enterrés dans son sein, des milliers d’autres faits encore plus remarquables, des milliers d’autres preuves encore plus convaincantes, des milliers de choses non encore découvertes et qui viendront appuyer cette conclusion que les religions n’ont qu’une seule et même base et sont fondées sur une même catégorie de faits. Mais si la mythologie comparée est dans le vrai quant aux faits qu’elle invoque, elle se trompe dans ses déductions. Les déductions ne sont pas un fait, mais simplement l’idée que se font les mythologues du sens des faits. Séparez les faits de la déduction, l’erreur de la vérité et considérez, dans tous ces indices enfouis sous terre, dans toutes les découvertes d’un passé ressuscité, considérez et proclamez cette vérité que toutes les religions ayant une même base, cette base est la Sagesse Divine et non l’ignorance humaine, — que cette base est dans la science enseignée par les sages, qui ne forment qu’un corps, celui des Gardiens spirituels de l’humanité. Les faits sont là : la déduction est fausse. »

Ce message est-il véridique ? Comment en pouvons-nous juger ? Où est l’évidence ? Il est un point qui n’avait pas frappé le monde religieux jusqu’à ce qu’on déclarât qu’il n’était pas indispensable de considérer l’ignorance humaine comme la racine de tout. L’évidence est claire et simple ; tous ceux qui désirent étudier la peuvent lire. Le sauvage a-t-il tiré de sa brutalité, de son culte des idoles, de son fétichisme et de son totémisme, a-t-il tiré l’idée de cette merveilleuse Présence universelle à laquelle il croit obscurément aujourd’hui et qu’il déclare être une tradition du passé ? Comment de son cerveau étroit, comment de son esprit ignorant, comment de son cœur cruel et sanguinaire — est-elle sortie cette idée merveilleuse d’un Père universel, d’une Présence universelle qui embrasse tout dans son amour ? Que nous dit, — non le sauvage, — mais la littérature du passé, les littératures de la Chine, de la Perse, de l’Inde, de l’Égypte, que nous disent-elles ? Elles nous parlent de pensées profondes, avec lesquelles nulle pensée moderne ne peut rivaliser en sublimité. Prenez le Classique de la Pureté chinois et dites-moi si la Chine moderne peut produire un joyau spirituel et philosophique digne d’être placé à côté de cet héritage qui, dit-on, provient de la très vieille Atlantide ? Prenez les profondes doctrines de l’Inde, les glorieuses Upanishads, et dites-moi quel écrivain moderne, si grand fût-il, pourrait écrire — avec cette sublimité, avec cette profondeur de pensée philosophique, avec cette magnificence de forme poétique — sur le Moi suprême et universel ? Prenez les Gâthas du Zoroastrisme, si incomplètes et fragmentaires qu’elles soient ; pouvez-vous les lire sans sentir le souffle d’une science qu’aucun moderne ne peut égaler ? Prenez le Livre des Morts égyptien, qui tire son nom des dépouilles des morts où il a été puisé, — lisez ces sublimes déclarations, cette profonde philosophie, ces mystiques avertissements et dites-moi si, dans les écrits modernes, vous trouvez beaucoup de pensées comme celles-là ? La religion a-t-elle grandi, a-t-elle progressé, s’est-elle affinée en parlant des grossières imaginations du sauvage ? Est-ce là l’évidence ? ou l’évidence n’est-elle pas plutôt, que l’Homme-Divin qui donna la doctrine, la donna à son maximum d’élévation au début et que ceux qui la suivirent la rabaissèrent au lieu de l’élever, et par leur ignorance ultérieure la rendirent confuse au lieu de l’éclairer ?

J’en appelle à la littérature d’un monde dont la date ne fait pas de doute parmi les érudits ; j’en appelle aux Upanishads, même en les plaçant à l’époque misérablement récente que les orientalistes occidentaux leur assignent ; j’appelle aux Gâthâs du Zoroastrisme ; j’en appelle aux fragments déterrés du passé ; et je défie le monde moderne : quelle sagesse peut-il mettre à côté de celle-là ? Ah ! vous avez beaucoup de faits, vous pouvez nous dire beaucoup de choses au sujet du monde extérieur, vous pouvez nous expliquer une bonne partie des phénomènes au milieu desquels nous vivons ; mais où est votre science du divin, où est votre science des hauteurs de la moralité et des profondeurs de la pensée philosophique ? Vos livres sont un jeu d’enfants auprès de la pensée des Anciens, un habillage d’enfants auprès des paroles des Sauveurs de la race humaine.

En morale, vos chefs-d’œuvre les plus élevés, — si toutefois il y en a, les Dala of Ethics de Herbert Spencer, par exemple, pour prendre l’un de nos plus grands écrivains modernes — peuvent-ils être comparés l’enseignement moral du Bouddha, et le monde peut-il trouver en eux l’inspiration nécessaire pour vivre noblement, influence que les paroles du Bouddha ont exercée pendant plus de deux mille années ?

L’évidence est écrasante. Toute religion doit remonter à son Fondateur, pour y trouver ses doctrines les plus élevées. L’archevêque d’aujourd’hui peut-il rivaliser avec l’enseignement du Christ ? Le Moulvi musulman actuel peut-il rivaliser avec l’enseignement du Grand Prophète arabe ? Le Mobed Zoroastrien peut-il trouver des paroles dont la moralité égale celle qui pénètre l’ancienne littérature de religion ? Où est le brahmane moderne capable de parler comme parlèrent Shrî Krishna et Râmachandra, ou de nous donner la noble morale que nous trouvons dans l’ancienne littérature ? J’en appelle à l’histoire contre l’imagination ; j’en appelle aux faits contre les fantaisies occidentales ; et, défiant quiconque a étudié de me contredire, je déclare évidente la preuve que la Sagesse divine est à la base de toutes les religions et qu’il a fallu l’imagination maladive des mythologues pour voir dans l’Ignorance la racine de tout ce qui a fait l’homme héroïque, de tout ce qui l’a anobli dans la vie et consolé dans la mort, de ce qui a conduit le martyr au bûcher, le héros à une mort joyeuse, de ce qui a fait le bonheur et la gloire du Saint et la sagesse du Sage. Que les mythologues se taisent devant une antiquité avec laquelle ils ne peuvent pas rivaliser, devant l’enseignement des Gardiens divins de l’humanité qu’aucun pygmée moderne ne saurait toucher du bout des doigts.

La racine de toute religion est la Sagesse Divine.

Mes frères j’ai parfois souhaité que le mot « Théosophie » ne fut plus employé, par ce qu’il suggère aux Ignorants l’idée d’une chose nouvelle. Sans doute, tout érudit sait que ce terme n’est pas nouveau, mais qu’il était déjà d’usage chez les Grecs et les Néoplatoniciens. Dans la langue classique de l’Europe occidentale, « Théos » signifie Dieu et « Sophia » Sagesse. La Sagesse Divine est la traduction du mot Théosophie. Exprimez-le en sanscrit, vous avez le Brahmâ Vidyâ. On s’imagine qu’il eût été mieux, en un sens, que parmi les populations parlant anglais le seul nom de Sagesse Divine[1] fût employé ; car alors, qui songerait à se l’arroger comme son propre bien, qui oserait en exclure son frère ? Qui oserait déclarer : « C’est la mienne et non la tienne », ou faire une chose diversifiée de la vérité une et universelle ? Dès l’instant où vous rencontrez un nom, il semble que ce soit une étiquette ; cet homme est un théosophe et celui-là n’en est pas un. C’est par là que notre ignorance corrompt le message des grandes individualités, que notre arrogance et notre prétention rapetissent la grandeur de leur Vérité. Que peut être la Sagesse Divine, sinon cette vérité qui comprend tout, à savoir que, comme Dieu est un et indivisible, de même sa sagesse embrasse tout ? C’est à ce corps tout entier de Sagesse Divine, dont nous ne connaissons qu’une lettre ou deux, à peine une syllabe, certainement pas un mot entier, qu’appartient réellement le nom de théosophie. Nous appelons nos fragments du même nom.

Les Maîtres divins de l’humanité, ce groupe merveilleux d’hommes qui se sont élevés à la perfection et qui ont aimé leurs semblables jusqu’à ne pas vouloir les abandonner, mais sont restés parmi eux pour les guider et les aider, pour hâter l’évolution de l’humanité, ces Maîtres ont entre les mains la Sagesse Divine et le précieux héritage de la race. Ils délèguent l’un d’entre eux, un Manou ; celui-ci forme une race, lui donne un gouvernement, une religion exotérique et le sens interne, mystique, du fragment de vérité qu’Il apporte. Ils délèguent un Zarathustra qui se dirige vers l’Occident et donne à une tribu différente de la race, un autre fragment de la même doctrine, adapté à l’évolution spéciale de cette tribu. Ils délèguent un Orphée et celui-ci vient en Grèce : il y donne la religion de la beauté qui convenait à l’évolution de cette branche de la race celtique. Ils délèguent un Bouddha et celui-ci va prêcher l’infinie compassion et préparer une splendide doctrine morale à l’usage des races qui ne sont pas métaphysiciennes. Ils délèguent un Christ et celui-ci veille sur le berceau de la civilisation qui va naître en Occident, pour la bénir, la guider, l’éduquer — pour lui donner le type spécial de religion le mieux approprié à sa pensée énergique, active et concrète. Ils délèguent un Mahomet qui vient en Arabie : là, il civilise, enseigne, construit, il restitue à l’Europe qui l’avait perdue, la science qui a rendu possible la Renaissance. Et bien d’autres sont délégués : tel ce Nânak, dont nous nous occupions hier, tel ce Mahâvira et ses prédécesseurs, dont nous avons parlé les jours précédents. Chacun de ces prophètes vient de la même Loge, de la même puissante Confrérie et apporte le même message, modifié seulement par les circonstances, les mêmes vérités extérieures, identiques dans toute religion : l’Un, existence suprême, l’Un sans second ; d’innombrables légions d’Êtres rayonnant d’éclat, Devas ou Anges, qui transmettent sa volonté et exécutent sa Loi ; l’Esprit humain, semblable à l’Un, participant de sa Nature, déployant ses facultés divines par la réincarnation et le karma, jusqu’à ce qu’il devienne un Dieu manifesté, après l’avoir toujours été par la propre nature qui lui est inhérente. Ce sont là quelques-unes des vérités qu’on trouve dans toutes les religions et si vous examinez la doctrine des Fondateurs, aucune de ces vérités n’en sera absente ; cependant, parfois, à l’époque moderne, il se trouve que l’une ou l’autre a échappé par ignorance, de sorte qu’une lacune subsiste dans le bel édifice de telle religion particulière.

À la fin, le moment arriva où la grande Confrérie prévit que les temps étaient venus et que les religions du monde avaient à regagner ce qu’elles avaient perdu au cours des temps, devaient réapprendre leur unité, parmi la diversité des formes extérieures ; c’est alors que fut envoyé au monde un dernier message, celui de la Sagesse Divine, sous son propre nom.

Et maintenant quelle signification cela offre-t-il au monde ? Cela signifie, l’histoire tout entière nous l’atteste, un grand pas en avant dans la civilisation et un changement dans le type de cette civilisation. L’histoire tout entière nous l’atteste, ainsi que je viens de le dire. Jetez vos regards en arrière, où il vous plaira, dans l’histoire du passé — et les sages lisent l’histoire afin de pouvoir comprendre le présent et prévoir l’avenir — jetez vos regards sur l’histoire du passé et dites-moi où vous trouvez une civilisation établie qui n’ait pas été précédée d’un mouvement spirituel ? Tout d’abord, c’est la race aryenne qui, avec son Manou, possédait ses origines et son organisation avant que se formât le puissant peuple de l’ancienne A’ryavârta. Parmi les Iraniens, la religion du prophète Zarathushtra développa une civilisation qui fut florissante grâce à cette influence protectrice. La Grèce et Rome se développèrent sous l’action de religions, fondées elles-mêmes sur la tradition orphique dérivée de l’Inde, de l’Égypte, fortifiée et devenue plus scientifique grâce au merveilleux Pythagore, devenue belle grâce à tout l’art de la Grèce. Plus tard encore, au commencement de la décadence romaine, lorsque les immenses hordes de Barbares vont se précipiter sur le cadavre des Empires romain et byzantin, voyez naître le Christ avant ce cataclysme, voyez comment une nouvelle forme de religion s’apprête à relever les éléments encore chauds de la Rome mourante et à veiller sur les angoisses de l’enfantement du Christianisme qui va naître. Voyez encore, au moment où va apparaître la civilisation arabe, que Maures et Sarrazins vont illuminer le monde occidental, voyez comment, avant qu’ils ne puissent agir, il est nécessaire que Mahomet vienne les guider et les diriger, façonner leurs pensées, donner un moule à leur enseignement.

Êtes-vous assez aveugles pour ne pas pouvoir lire, ou réfléchissez-vous si peu que, lorsque l’heure d’une naissance nouvelle sonne pour l’humanité, vous ne puissiez pas voir les signes de la naissance prochaine, ni en comprendre la nature ?

En quoi ce message moderne de la Sagesse Divine diffère-t-il des messages du passé ? Chacun de ceux-ci avait fondé une religion nouvelle, chacun d’eux avait façonné une foi, une civilisation spéciale. Tous les hommes qui entraient dans le sein de cette religion étaient des croyants, tous ceux qui restaient en dehors étaient des incroyants. Le nouveau message n’ouvre pas d’enceinte nouvelle, ne fonde pas de religion nouvelle, n’établit pas de séparation entre les hommes ; il déclare que toute religion est donnée par Dieu et renferme tout ce qui est nécessaire à ceux qui la suivent. Il commande à l’Hindou de rester Hindou, mais de laisser là son formalisme, son orgueil et l’opinion qu’il a d’appartenir à une religion au-dessus des autres religions du monde et de posséder une science spéciale refusée aux autres. Le même message commande au Parsî de se souvenir que sa religion lui a été donnée par un prophète divin, mais qu’en suivant ce prophète, doit honorer ceux des autres. La Sagesse Divine dit au Chrétien : Ne pensez pas que votre foi soit l’unique, elle est tout ce dont vous avez besoin ; creusez-en la surface, comprenez-en la philosophie, rappelez-vous son mysticisme et ne soyez pas uniquement attaché au formalisme extérieur, qui a été imposé par l’ignorance, non par la science. Le message de la Sagesse Divine dit au Musulman : Comment se fait-il que vous appeliez incroyants les hommes attachés à d’autres fois, lorsque votre Prophète a déclaré : « Dites, nous ne faisons pas de distinction entre les Prophètes, mais chacun doit suivre son propre guide. » Alors, si ce message retentit à travers le monde, les hommes attachés à d’autres croyances se souviendront qu’après tout il n’est pas nouveau. L’Hindou répondra : Mais, cela m’a été enseigné dans la Bhagavad Gîta, car Shrî Krishna n’a-t-il pas dit : « Quel que soit le chemin par lequel un homme vient à moi, sur ce chemin j’irai à lui, car tous les chemins m’appartiennent, ô fils de Kuntî ? — Et le Chrétien répondra : Mais, le Christ n’a-t-il pas dit : « J’ai d’autres brebis qui ne font pas partie de ce troupeau ; celles-là aussi, il faut que je les ramène et qu’elles entendent ma voix et il n’y aura qu’un seul troupeau et qu’un seul berger. » Le Sufi dira : « Mais, j’ai appris qu’il y a autant de chemins conduisant à Dieu qu’il est exhalé de souffles parmi les fils des hommes. » D’où donc vient cette étroitesse, cette ignorance ? C’est notre orgueil, notre désir d’avoir une vérité d’où les autres hommes soient exclus, afin de nous sentir uniques, favorisés de Dieu, — au lieu que la gloire de l’Esprit consiste en ceci qu’il accueille tout et n’exclut rien, et qu’aucun de ceux en qui réside l’Esprit divin — et il réside en tous — ne peut être exclu de l’amour universel de Dieu. Mais les hommes objectent : l’enseignement des religions diffère. L’une dit : suivez ce chemin ; l’autre dit : suivez celui-là ; l’une dit : Marchez dans cette voie ; l’autre dit : Marchez dans la voie que je vous indique. — Ne faisons-nous pas de même ? Vous désirez aller à Adyar. Vous venez de Ceylan, de Trichinopolis, de Madoura. Vous vous avancez vers le Nord et si quelqu’un vous demande : « Quel chemin faut-il prendre pour aller à Adyar ? » vous répondrez : « allez au Nord. » Un homme vient de Bénarès ou d’Allahabâd et vous demande : « Quel chemin faut-il prendre pour aller à Adyar ? » vous répondrez : « allez au Sud. » Contradiction flagrante, il n’y a pas de doute. Si un homme venant de Bombay vous demande : « Quel chemin faut-il prendre pour aller à Adyar ? » vous répondrez : « allez à l’Est » — et s’il vient de la Birmanie : « allez à l’Ouest. » La contradiction est manifeste. Ah ! c’est que Dieu est au centre et que nous sommes tous sur la circonférence ; nous venons des points les plus divers, mais le cercle n’a qu’un centre — et c’est Dieu lui-même. Il nous a placés en divers endroits, sur toute la circonférence de son Monde. Il est Un ; nous sommes partis de Lui pour aller à la circonférence et nous retournerons à Lui, qui est le centre. Nos visages peuvent être tournés dans des directions différentes, mais cela tient à ce que nous sommes partis de points différents. Il est le seul et unique centre, c’est Lui et Lui seul que nous cherchons tous, bien que nous suivions des voies différentes.

Mais j’ai dit qu’il y avait là une signification à ce nouveau message. Ce message nous avertit de la naissance d’une nouvelle civilisation. Une forte impulsion religieuse a surgi de nouveau dans le monde et elle dénote un autre grand pas en avant dans la civilisation de la race. Elle présage la naissance d’une nouvelle ère ; elle annonce la venue d’une organisation sociale plus élevée ; elle indique l’aurore d’un monde plus beau ; elle marque un pas en avant dans l’ascension de l’humanité vers Dieu ; et comme toute civilisation porte la marque du mouvement spirituel qui l’a précédée et annoncée, qui l’enveloppe et la dirige, nous savons par suite, que la civilisation à venir ne sera pas en rivalité avec l’actuelle, mais en coopération et en relation d’amour fraternel avec elle, nous savons qu’elle ne sera pas basée sur l’antagonisme des races, mais sur leur union, sur l’amour des unes pour les autres. Elle ne connaîtra ni proscrit, ni étranger ; tous seront inclus dans l’amour universel et la civilisation qui en naîtra sera celle de la Fraternité, celle qui verra les hommes s’aimer les uns les autres et adorer, sous diverses formes, l’Un, l’Indivisible. Car, à dire vrai, la Sagesse Divine est pareille au soleil qui brille dans les Cieux : de même qu’il éclaire toutes les parties de la terre, qu’il rayonne jusque dans le petit enclos que possède tout homme, quelle que soit la hauteur des murs construits alentour (car le soleil est placé plus haut que tout), de même la Sagesse Divine rayonne dans toutes les religions ; et bien que l’homme puisse élever des barrières, le soleil de la Sagesse Divine est placé plus haut que toutes ces barrières et il rayonne sur le visage de tout homme, l’illumine, si bien qu’à la fin les hommes comprendront que le soleil est un.

Si vous voyez tant de religions, c’est qu’il est nécessaire que Manas, l’esprit, grandisse et se développe. Prenez un rayon de lumière solaire et faites-le passer à travers un prisme : de l’autre côté sept couleurs apparaîtront. Prenez une vérité spirituelle et faites-la passer à travers le prisme de l’intellect humain et la vérité, blanche en son unité, brillera de sept couleurs différentes. Cela est nécessaire parce qu’il faut que l’intelligence de l’homme soit développée ; son intellect doit grandir ; il grandit par l’effort et la lutte, il grandit en provoquant, et questionnant, il grandit dans le combat et la guerre. Mais au-dessus de l’intellect est Bouddhi, la Pure Raison, qui voit l’unité où Manas voit la division — et encore au-dessus est l’Esprit qui est le même chez tous et qui, réalisé, constitue le sentiment de l’unité humaine.

Au moment de la fondation de la Société théosophique, un centre — ou ce qu’on peut appeler un noyau — se constitua. Qu’est-ce qu’un noyau ? Un noyau est le point d’accroissement, ou plutôt le centre d’accroissement où, dans une cellule, toutes les forces vitales sont concentrées et d’où elles irradient. Prenez une cellule telle que la science l’envisage et les savants vous parleront de la croissance de la cellule : son organisation, sa multiplication dépendent d’un point imperceptible, visible a un fort grossissement du microscope. C’est de là que toute organisation, toute croissance, toute multiplication doit procéder. Voilà ce qu’est un noyau. Voilà ce qu’est la Société théosophique, — un noyau, rien de plus. Une petite chose, une très petite chose, mais dans laquelle sont les forces vitales qui se répandront dans toutes les directions, qui organiseront, amèneront la croissance, rendront possible la multiplication. Un noyau : voilà ce qu’est notre Société.

N’est-il pas prouvé, par les quelques années que nous avons derrière nous, que là où la Société s’est portée, un développement s’est produit dans la religion ? Elle est venue dans l’Inde : l’Hindouisme a commencé à y revivre. Elle s’est étendue jusqu’à Ceylan : le Bouddhisme, lentement, y a repris de la vitalité. Elle s’est répandue parmi la Chrétienté : vous voyez le mysticisme rentrer dans le Christianisme et la réincarnation prêchée dans la chaire des Églises chrétiennes. Partout où elle va, elle prouve que sa nature est celle du noyau : presque imperceptible par le nombre de ses membres, elle est une force puissante, car un noyau est un instrument de vie. Un noyau est simplement un organe que la vie s’est créé pour elle-même. Il ne consiste qu’en quelques bribes de matière, arrangées d’une façon particulière par la vie. Celle-ci est tout et c’est elle que tous les grands Instructeurs répandent, par la Théosophie, dans toutes les religions du monde. Chaque grand Instructeur vient, à son tour, vivifier sa propre foi en se servant de l’instrument qu’il a créé ; et partout où la Théosophie se répand, une vie nouvelle arrive, non pas par notre Société, mais simplement à travers elle, comme au moyen d’un canal.

Et que fait-elle de plus ? Quelques-uns ont insinué : Pourquoi vous occuper seulement de questions spirituelles ? pourquoi la Société n’interviendrait-elle pas dans d’autres questions, dans la politique, les réformes sociales et le reste ? Ce n’est pas sa tâche. Avez-vous donc, décidément, si mal lu l’histoire ? Quel est le premier symptôme de la décadence d’un peuple ? La diminution de sa spiritualité. Ah ! mes frères hindous, ai-je besoin de vous dire cela, à vous qui savez qu’à mesure que la spiritualité s’effaçait de votre religion, l’Inde déclinait et décline toujours. Suivez l’ordre des choses. D’abord la spiritualité diminue, puis les facultés intellectuelles baissent et finalement, la prospérité matérielle décroît peu à peu. Voilà l’ordre des phénomènes par lesquels passe toute nation qui décline. C’est d’abord la religion qui l’indique ; puis l’intelligence et finalement, à titre de résultat, la prospérité extérieure vient le montrer. Comment, dès lors, reconstruire ? En commençant par la spiritualité, en ranimant la vie, en vivifiant la pensée spirituelle, en disant aux hommes que c’est seulement où est l’Esprit, qu’est la source de la vie — et que, où vit l’esprit, vivent tous les biens. Telle a été la première œuvre, la grande œuvre de notre Société. Le second stade est le stade intellectuel. Remarquez comment la Société a graduellement relevé le niveau intellectuel, comment elle a aidé les religions dans leur influence éducatrice (aussi bien que dans leur mission purement religieuse) — et voyez comment, ici où c’est si nécessaire, le second objet de sa tâche consiste à établir le genre d’éducation convenable, afin que l’intelligence puisse se développer, tout en restant dominée par l’Esprit et accompagnée de la qualité d’émotion et de la conduite pratique qu’il convient. Tel est le second point de l’œuvre théosophique : rendre à la nation l’intelligence. Le bienfait spirituel et intellectuel étant acquis, le bien-être matériel suivra de lui-même. Ce n’est qu’un effet, un résultat. Un peuple dont la spiritualité est profonde et la culture intellectuelle développée peut frayer son propre chemin, et édifier sa prospérité. De même que celle-ci disparaît et que l’intelligence dégénère à mesure que décline la spiritualité — de même, la prospérité reviendra inévitablement après que la vraie religion et une éducation convenable auront été rétablies. Tel est le chemin qu’à la suite de nos grands Instructeurs quelques-uns d’entre nous essaient de suivre, — se donnant, non comme Maîtres, mais comme simples messagers, ne prétendant à aucune autorité, mais répétant seulement ce que nous avons vu et entendu, ne demandant à aucun homme de nous croire avant d’être convaincu. Car la pire des hypocrisies, c’est de dire « je crois » avant que l’intelligence ne soit illuminée et de répéter des lèvres une croyance qui n’a ni sa place dans l’intelligence, ni sa réponse dans le cœur.

À aucun homme ne peut être imposée par la force une forme quelconque de croyance. Qui donc oserait contraindre le libre Esprit, se frayant un chemin, préparant son avenir suivant sa propre parole ? A’tmâ veut et tout suit cette volonté ; qui osera dicter à un autre le chemin sur lequel il devra marcher ?

Gardez votre propre croyance, mais honorez celle de vos frères ; l’unité religieuse ne saurait plus être réalisée sous la forme d’une religion unique, mais dans la conscience de l’unité de toutes les croyances, en tant qu’elles ont toutes la même origine et mènent toutes au même but. Oublions toutes les paroles de reproche dont, les uns et les autres, nous usons trop souvent en parlant des hommes attachés à d’autres religions que la nôtre ; ne laissons pas les paroles dures nous venir aux lèvres. Le terme de Mlechchha, celui d’infidèle, ceux d’incroyant, de païen : ces termes appartiennent au démon de la séparation et non à l’Esprit Divin de l’unification. Que vos lèvres ne laissent point échapper de paroles dures. Votre frère diffère de vous, qu’importe ?

Êtes-vous si infaillible, possédez-vous à ce point la totalité de la vérité que vous croyiez devoir blâmer votre frère parce que sa conception de la vérité est un peu différente de la vôtre ? Vraiment, quelle pauvre chose serait la vérité si vous ou moi pouvions la saisir tout entière, si vous ou moi pouvions la voir tout entière, ou la révéler tout entière ! La Vérité est infinie, comme Dieu, et qui pourrait énoncer tous ses attributs ? Toute vérité est un rayon émané de Lui, comme toute beauté est un rayon de Sa beauté. Toute chose belle et aimable n’est qu’un fragment isolé sorti de Sa lumière. Pourquoi haïr ? Il y a plus pour nous unir que pour nous séparer. Les choses qui séparent sont extérieures — la peau, les cheveux, la couleur, la race, le fait de se prosterner vers l’Orient ou vers l’Occident. Les étiquettes et les noms particuliers que nous donnons aux vérités universelles : ces choses doivent-elles séparer les fils de Dieu, les héritiers de l’immortalité, les dieux en devenir, ceux qui ont un même espoir, une même vie et un même Moi ?

Le monde n’est-il pas plus beau en raison même de la variété des croyances ? Ne connaissons-nous pas un plus grand nombre de vérités, par cela même que tant de gens ont parlé différemment ? Si un homme a une vérité à faire et que les autres ne connaissent pas, qu’il la dise. Écoutons-le. Il se peut que Dieu lui ait montré quelque rayon de Sa lumière, pour lequel nos yeux sont aveugles. N’imposons pas silence à cet homme. En le faisant taire, nous pourrions faire taire la voix même de Dieu. Il n’existe pas d’hérétique. Il y a seulement des yeux qui voient la vérité d’une manière un peu différente, afin que nous puissions nous instruire et faire notre vérité plus riche, parce que notre frère nous aura dit quelque chose que nous ne savions pas auparavant. La religion, ai-je pensé quelquefois, est une puissante couronne qui doit couronner l’humanité dans l’avenir. Mais lorsqu’on fabrique une couronne, pour quelque couronnement impérial, le joaillier ne choisit-il que des pierres d’une seule couleur ? Choisit-il exclusivement l’émeraude ou le rubis, la topaze ou l’améthyste, la perle ou le diamant, et fait-il la couronne impériale d’une seule couleur et d’une seule sorte de pierres ? Non, non ; il prend toutes les couleurs et toutes les pierres qu’il peut trouver sur la surface du globe et il cherche des nuances nouvelles, des teintes et des couleurs nouvelles ; il se réjouit lorsqu’il trouve quelque variété nouvelle d’émeraude ou de rubis, et qu’il peut ainsi ajouter un éclat de plus au diadème impérial. Il en va de même des religions du monde. Chacune est une pierre précieuse qui a sa propre couleur ; chaque religion est un joyau qui a sa nuance propre et toutes sont employées, par le puissant Joaillier à former la couronne qu’Il placera sur le front de l’humanité. Il prend chaque pierre précieuse, avec sa propre couleur et n’essaie pas de la rendre semblable à sa voisine, mais plutôt différente et plus elle sera différente, mieux cela vaudra. Il les rattache l’une à l’autre par l’or de l’amour, il les enchâsse dans la monture de la science et tout en haut Il place le Kohinoor de la Sagesse Divine, le Diamant blanc qui renferme en lui toutes les couleurs et ne laisse jamais voir une nuance isolée. Telle est la couronne de l’avenir, tel est le diadème que Dieu prépare pour l’humanité. Quand il sera prêt, quand toutes les religions seront enchâssées dans l’amour et la science, alors Dieu placera ce diadème sur la tête du Fils de l’homme et l’humanité, élevée au trône sur terre déjà, connaîtra enfin son unité et saura qu’elle ne fait qu’un avec l’Un Divin. Qui donc alors, en ce jour glorieux, regrettera les difficultés du passé, lorsque la consommation sera atteinte dans sa splendeur !

  1. Dans le texte : Divine Wisdom.