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Description d’un voyage aux établissements thermaux de l’arrondissement de Limoux/Campagne

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III. — Campagne.


Mille idées se heurtent dans mon esprit, tannt il me reste d’impressions de mon voyage de Rennes à Campagne. À trois kilomètres de Couiza, j’ai visité avec beaucoup d’intérêt, la résidence en quelque sorte châtelaine de Caderonne, de construction moderne, assise sur l’un des pittoresques mamelons qui dominent le bourg industriel d’Espéraza. À gauche de Caderonne, j’ai gravi une verte colline jusqu’aux portes du château de Rennes, et j’ai eu là une halte des plus délicieuses et un point de vue des plus beaux. À mes pieds, la rivière de l’Aude avec ses eaux de cristal ; à droite, la riche vallée de Rouvenac ; au loin, l’antique et intéressant château de Puivert, que je me suis plu à contempler dans toute sa splendeur, au temps où son illustre comte Raymond-Bérenger IV, né dans le Pays-de-Sault, devenait, vers 1137, roi d’Aragon, comme aussi à l’époque où les gais Troubadours y tenaient leurs assemblées joyeuses. Plus bas, les Sauzils, dans un imposant bouquet de chênes et d’ormeaux deux fois séculaires ; puis, Nébias, sur la ligne de partage des eaux entre la Méditerranée et l’Océan ; à gauche, les montagnes de St-Louis avec leurs rochers calcaires et abruptes, et, à l’horizon, un immense tapis de verdure, formé par les premiers contreforts des Pyrénées, le tout richement éclairé par un beau soleil levant. Après ma pérégrination, je me promets bien de venir me délecter dans ces lieux.

J’ai été bientôt rendu, Caderonne n’étant qu’à un kilomètre de Campagne. J’avoue que, sans mes engagements, j’eusse dressé ma tente ici. Tout y est coquet en même temps que grandiose ; c’est un mélange qui vous plaît toujours ; de beaux platanes dans un horizon découvert ; plusieurs jardins, la rivière de l’Aude, une fraîche vallée où sourdent les sources ferrugineuse-magnésiennes et un bel établissement, voilà ce qui fait le charme de ces lieux Les eaux de Campagne sont surtout prises en boisson ; elles sont efficaces dans les maladies de l’estomac, dans la gravelle et la débilité.

Malgré les chaleurs qui sont, ces jours-ci, sénégaliennes, on ne cesse de jouir ici d’une brise qui vous pénètre agréablement, embaumée surtout qu’elle est par un tribut de thym, de lavande et de laurier-rose qu’elle emporte des beaux côteaux voisins. — De même qu’à Alet et à Rennes, je trouve ici une grande affluence.

Je vous écrirai de Ginoles, qui n’est distant de Campagne que de neuf kilomètres.

23 juillet 1876.