Description de l’Égypte (2nde édition)/Tome 2/Chapitre IX/Section I/Paragraphe 5/Article 1

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§. V. Du palais de Medynet-abou.

Article I.
De l’intérieur du palais, et des sculptures qu’on y remarque.

Dans la direction du pavillon, et à quatre-vingt-trois mètres[1] de distance, à compter de son extrémité nord-ouest, sont les plus grands et les plus importans édifices de Medynet-abou. Le premier que l’on rencontre, est un pylône de soixante-trois mètres[2]. de long, de neuf mètres[3] d’épaisseur, et de vingt-deux mètres[4] de hauteur. Il est enseveli sous les décombres jusqu’au tiers de son élévation. L’encombrement est plus considérable à ses extrémités, où l’on voit accumulés les débris d’un grand nombre de maisons bâties de briques séchées au soleil : ce sont les restes du village moderne et ruiné de Medynet-abou, mêlés à ceux de l’ancienne ville ; ils se prolongent dans tout l’espace compris entre le pavillon que nous avons décrit et le palais dont nous allons parler. Ce pylône a des décorations que nous n’avons retrouvées sur aucun des édifices de ce genre, et qui consistent en petits carrés, renfermant des espèces de chiffres[5] composés d’unités, tantôt seules, tantôt au nombre de deux ou trois ; toute la surface de l’édifice en est couverte. Il est extrêmement probable que, dans l’épaisseur de la construction, il y a des chambres, et surtout des escaliers, pour arriver aux parties supérieures. Une ouverture pratiquée sur l’un des côtés, au-dessus de la porte, mais par laquelle nous n’avons pu pénétrer, y donnait sûrement entrée.

Le pylône a une porte large et élevée ; elle conduit à une vaste cour fermée au nord-est et au sud-ouest par des galeries, et au nord-ouest par un second pylône semblable au précédent, mais moins colossal. La galerie du nord est formée de sept gros piliers carrés, de deux mètres[6] de côté. À la face extérieure, sont adossées des statues de divinités égyptiennes, terminées en gaînes. Nous avons donné le nom de piliers cariatides[7] à cette réunion de piliers et de statues. Ces membres d’architecture sont maintenant enfouis sous les décombres, dans la plus grande partie de leur hauteur ; on n’aperçoit même plus que les restes mutilés des coiffures et des têtes de quelques colosses. Quoi qu’il en soit, il est facile de se représenter par la pensée le bel effet de cet piliers cariatides. On admire le fini de la sculpture des statues, et la richesse des ornemens de leur coiffure. Leur attitude, quoique roide, a quelque chose de monumental et de grave qui impose, et dont l’austérité plaît. Elles ont une hauteur de sept mètres et demi[8], depuis la plante des pieds jusqu’au sommet du bonnet. Sur les piliers repose immédiatement l’architrave, qui est décorée d’une ligne de grands hiéroglyphes en creux, de plus de huit centimètres[9] de profondeur : elle est surmontée d’une corniche ornée alternativement de scarabées et de cannelures.

La galerie du sud-ouest est formée de huit grosses colonnes d’une proportion lourde et massive. Tous les entre-colonnemens sont inégaux ; mais cette inégalité paraît être, à dessein, partie d'une manière symétrique de part et d’autre de l’entre-colonnement du milieu, qui est le plus large de tous ; peut être aussi n’est-elle que le résultat d’un défaut d’exécution. Deux pilastres peu saillans terminent les deux galeries. Comme les pylônes auxquels elles aboutissent ont leurs paremens inclinés, ces pilastres ont l’avantage de sauver le défaut, qui serait très-choquant, d’un entre-colonnement plus large dans le haut que dans la partie inférieure. Les colonnes sont couronnées de chapiteaux à campanes décorées de triangles curvilignes enchevêtrés les uns dans les autres, et de tiges de lotus avec leurs fleurs ; elles sont surmontées d’un dé carré, orné, sur chacune de ses faces, d’hiéroglyphes creusés profondément. L’architrave, qui est posée dessus, a une ligne de grands hiéroglyphes, parmi lesquels ont remarque des divinités assises et debout, des oiseaux, des vases, des tiges et des fleurs de lotus, et des croix à anse. La grande profondeur de ces sculptures produit un effet qui ne se peut mieux comparer qu’à la vermoulure. On ne remarque point ici le rapport heureux que l’on trouve souvent entre la corniche et l’architrave. Celle-ci, qui a plus du double de la première, paraît lourde. Si l’on prend pour module le demi-diamètre supérieur de la colonne, qui est d’un mètre[10], on trouve que le chapiteau a un peu moins de deux modules, et que la colonne en a un peu plus de six. L’irrégularité de cette colonnade, dont les entre-colonnemens sont tous différens, et dont les colonnes, plus nombreuses que les piliers cariatides qui forment l’autre galerie[11], ne leur correspondent point, pourrait faire croire que les architectes égyptiens ont pris à tâche de violer ici toutes les lois de la symétrie ; mais cette symétrie n’était point ce qui les occupait le plus, au moins pour les détails ; ils visaient à produire de grands effets, et rarement ils ont manqué leur but. Les grandes et belles lignes de leur architecture sont ce qui frappe avant tout, ce qui excite l’étonnement à un haut degré ; et nous l’avons éprouvé nous-mêmes, en payant notre tribut d’admiration à cette belle cour, avant d’avoir aperçu le défaut de symétrie de quelques-unes de ses parties.

En face de l’entre-colonnement du milieu au sud-ouest, on voit une porte pratiquée dans un mur qui est en saillie sur le fond de la galerie, et qui a sa corniche et son cordon. C’est probablement la façade d’un grand édifice, d’un temple peut-être qui dépendait du palais, ce qui est maintenant enseveli sous les décombres. Ce monument a déjà subi le sort indubitablement réservé aux constructions placées dans les villes anciennes, qui n’ont pas cessé d’être habitées jusqu’à ces temps modernes. En effet, les débris des maisons des différens âges y forment, pour ainsi dire, tout autour des temples et des palais, des montagnes de décombres qui finissent par les envelopper de toutes parts. L’ignorance et la barbarie des habitans favorisent ces encombremens, et c’est ainsi que disparaissent peu à peu les plus beaux monumens de l’antiquité. L’époque n’est peut-être pas éloignée où il faudra, pour voir la plupart des anciens édifices de l’Égypte, les débarrasser des monceaux de terre qui y auront été accumulés, à peu près comme on débarrasse aujourd’hui des cendres du Vésuve les villes romaines que les éruptions du volcan ont recouvertes.

À l’extrémité de l’une et de l’autre galerie de la cour, dans la façade du second pylône, sont pratiquées les portes d’entrée de deux escaliers qui conduisent à la sommité de l’édifice, et qui ont un mètre soixante-dix centièmes[12] de largeur ; toutes leurs parois sont ornées d’hiéroglyphes.

L’intérieur de la cour du palais est rempli de débris de briques séchées au soleil, dont étaient construites les maisons du village, maintenant ruiné, de Medynet-abou.

Le pylône qui forme le fond de la cour a une porte de trois mètres d’ouverture, dont les chambranles, en granit rouge, sont ornés, ainsi que le linteau, de figures et d’hiéroglyphes gravés en relief dans le creux. Toute sa façade est décorée de ces tableaux religieux et de ces caractères hiéroglyphiques que l’on retrouve partout, et dont la différence ne consiste ici que dans leur grandeur colossale. On y remarque cette figure, très-souvent reproduite dans les monumens, qui paraît jeter des grains d’encens dans une cassolette qu’elle tient au bout d’un manche recourbé ; elle est coiffée d’une grande mitre, accompagnée de cornes de taureau et de deux ubœus, et elle est vêtue d’un habit court, sous lequel on voit une tunique transparente, qui laisse apercevoir la forme des jambes. Ce personnage brûle des parfums devant une divinité tenant un sceptre à la main, et vêtue d’un habit court et étroit. Tous ces tableaux, et les hiéroglyphes qui les accompagnent, sont gravés en relief dans le creux, et ont huit centimètres[13] de profondeur ; ils sont, en outre, couverts de couleurs.

Après avoir passé la porte du pylône, on se trouve dans une seconde cour environnée de galeries ; c’est un véritable péristyle[14]. Les galeries qui le forment sont composées, à l’est[15], de huit piliers cariatides, tous également espacés, à l’exception des deux qui correspondent à la porte d’entrée, et dont l’écartement est à peu près double des autres. On voit à l’ouest un pareil nombre de pilier cariatides, au-delà desquels est une rangée de colonnes correspondantes. Au sud et au nord, les galeries sont formées de cinq grosses colonnes, dont les centres correspondent à ceux des piliers cariatides extrêmes des deux autres parties ; tous les plafonds sont décorés d’étoiles peintes sur un fond bleu, à l’exception des deux soffites du milieu, qui sont décorés de faucons dont les ailes sont déployées. L’architrave pose immédiatement sur les piliers cariatides, et sur le dé qui surmonte les chapiteaux des colonnes : elle est décorée d’une ligne de grands hiéroglyphes taillés en creux, de près de dix à onze centimètres[16] de profondeur ; elle est surmontée d’une corniche où sont sculptées alternativement des légendes hiéroglyphiques et des cannelures. Les colonnes sont d’une proportion massive ; leur diamètre supérieur est de deux mètres[17] ; et si l’on prend pour module la moitié de ce diamètre, on trouve que le fût n’a que six modules. C’est à peu près la proportion des colonnes de l’ordre dorique les moins élégantes. Le fût est conique ; mais son apophyge[18] se termine en courbe rentrante, et est décorée de triangles enchevêtrés les uns dans les autres, qui figurent assez bien la partie inférieure des plantes[19]. La colonne repose sur une base peu élevée, dont le profil est une portion de cercle, et qui est ornée d’hiéroglyphes gravés très-profondément. La forme du chapiteau est celle d’un bouton de lotus[20] qu’on aurait tronqué dans sa partie supérieure ; il n’a pas tout-à-fait deux modules. Il est décoré des ornemens que l’on retrouve presque toujours dans les chapiteaux de ce genre ; savoir, dans sa partie inférieure, de simples traits horizontaux et verticaux qui paraissent représenter des tiges de plantes, et dans sa partie supérieure, de légendes hiéroglyphiques, accompagnées de deux ubœus avec des mitres. Les dés des chapiteaux sont ornés d’hiéroglyphes. Il est très-probable que le fût des colonnes est décoré de tableaux ; mais on n’en a pas recueilli de dessins.

Au milieu du péristyle, s’élèvent encore quelques belles colonnes de granit, dont le fût est d’un seul morceau ; elles sont couronnées de chapiteaux en pierre qui ont beaucoup d’analogie avec ceux de l’ordre corinthien. Le sol est jonché de débris des autres colonnes, dont la disposition et l’arrangement annoncent assez qu’elles ont été placées là pour porter les pierres du plafond d’un nouvel édifice élevé au milieu du péristyle égyptien. Ces colonnes ont à peu près un mètre[21]de grosseur, et huit mètres[22] de hauteur. Ces monolithes ne sont pas l’ouvrage des anciens Égyptiens. En effet, dans aucun des édifices de l’antique Égypte, nous n’en avons vu de pareils mis en œuvre. Nous avons remarqué, au contraire, que, dans les monumens construits entièrement en granit[23], les Égyptiens n’ont point fait usage de colonnes monolithes, mais bien de colonnes bâties par tambours et par assises. Ce n’en est pas moins une chose remarquable que cette grande quantité de colonnes d’un seul morceau de granit, qui ont presque toutes les mêmes dimensions, et que l’on retrouve en tant d’endroits différens, à Erment, à Antinoé, au Kaire, et dans la plupart des mosquées de l’Égypte moderne. Il serait intéressant d’assigner l’époque où elles ont été extraites des carrières pour enrichir des monumens qui ne subsistent plus maintenant. Mais revenons à celles qui font l’objet de notre examen et de notre description. Elles soutenaient les plafonds d’un édifice qu’on reconnaît avoir servi à l’exercice des différens cultes qui ont successivement remplacé la religion des anciens Égyptiens. Vers la galerie latérale nord, on voit encore des débris de constructions qui paraissent avoir été le sanctuaire de ces nouveaux temples. Beaucoup de croix fleuries et d’auréoles, les restes de niches où l’on plaçait les statues des saints, ne permettent pas de douter que cet édifice n’ait été consacré d’abord au culte des premiers chrétiens. Cette opinion acquiert encore plus de poids, lorsque l’on considère les mutilations que les sculptures antiques ont éprouvées, et que l’on voit des figures d’Isis et d’Osiris transformées en saints du christianisme. Aux chrétiens ont succédé les mahométans dans la possession de cet édifice ; ceux-là n’y ont pas moins que les premiers laissé des traces de leur culte. C’est ainsi qu’aux institutions politiques et sacrées de l’antique Égypte ont succédé la plupart des religions connues. Bientôt peut-être le mahométisme fera place à un autre culte, dès qu’un de ces génies ariens et enthousiastes, un de ces conquérans qui se montrent à de certains intervalles dans les pays orientaux, aura fait descendre du ciel de nouvelles lois et d’autres institutions religieuses.

De toutes les portions des édifices de Medynet-abou, le péristyle au milieu duquel nous sommes est incontestablent celle qui frappe davantage par sa masse imposante et son caractère de grandeur, on est convaincu que ses fondateurs ont voulu le rendre indestructible, et que les architectes égyptiens chargés de sa construction ont fait tous leurs efforts pour faire passer ce monument à la postérité la plus reculée. On ne vantera sûrement pas l’élégance de ses colonnes, mais elle sont colossales ; elles ont près de deux mètres et demi[24] de diamètre, et ne paraissent pas trop grosses pour porter les énormes pierres qui forment les architraves et les plafonds. Quand on veut se rendre compte des sentimens d’admiration que l’on éprouve à la vue de cet édifice, on reconnaît qu’on est surtout séduit par la beauté de ces grandes lignes qui, dans un long espace, ne présentent aucune interruption, et dont la parfaite exécution répond à la manière grandiose dont elles ont été conçues. Si nos architectes n'étaient revenus à de sages principes, ils trouveraient ici la preuve que les lignes tourmentées et les avant-corps ne peuvent jamais être en architecture la source d’aucune espèce de grandeur et de beauté. Mais ce qui ajoute beaucoup à l’effet que produit le péristyle, ce sont les piliers cariatides qui le décorent. Comment, en effet, n’être pas saisi d’un respect religieux et profond à la vue de ce conseil de dieux réunis, en quelque sorte, pour dicter les lois de sagesse et de philanthropie que l’on voit partout écrites sur les murs du palais ? Les artistes égyptiens, en adossant ces statues de dieux à des piliers qui portent de riches plafonds décorés d’étoiles d’un jaune d’or parsemées sur un fond bleu, semblent avoir voulu nous représenter la Divinité suprême sous la voûte azurée qu’elle remplit de son immensité. Quelle impression vive et profonde l’aspect de ce lieu ne devait-il pas produire sur les anciens Égyptiens, pour qui tout avait ici un sens mystique et religieux, si nous, qui sommes étrangers à leurs mœurs, à leurs habitudes et à leur culte, nous n’avons pu sans émotion pénétrer au milieu de ces galeries dont chaque support est un dieu ? Combien la simplicité de la pose et de la forme des statues est monumentale, et combien leur ronde immobilité ajoute à l’aspect imposant de tout l’édifice ! Ce qu’un examen superficiel pourrait faire regarder comme l’enfance de l’art, paraît, au contraire, le résultat d’un perfection prévue et calculée.

On sait que les Grecs s’attribuaient la gloire d’avoir porté chez les Orientaux les sciences et les arts, et qu’ils mettaient un soin particulier à cacher les larcins qu’ils ont fait à ces peuples. Nous avons déjà remarqué[25] qu’ils ont pu emprunter des Égyptiens l’idée de faire porter des membres d’architecture par des figures de captifs ; mais nous voyons bien mieux encore ici ce qui a pu fournir aux Grecs l’idée de leurs cariatides telles qu’ils les ont exécutées. Peut-on, en effet, refuser d’admettre que les édifices égyptiens du genre de celui que nous décrivons, ne leur en aient uniquement suggéré la pensée ? Ainsi tombe d’elle-même cette tradition historique adoptée sur la parole de Vitruve, et que l’on ne voit consignée nulle autre part, qu’afin de punir les habitans de Carie de s’être joints aux Perses pour combattre les Grecs, ceux-ci, après avoir remporté sur les coalisés une victoire complète, imaginèrent, pour en perpétuer le souvenir, de représenter accablées sous le poids de l’architecture, les plus distinguées des femmes des Cariates, qu’ils avaient traînées ignominieusement à la suite de leur triomphe. La tradition rapportée par le même écrivain, pour motiver l’emploi des figures d’hommes en cariatides, n’a pas plus de fondement ; il ne faut voir dans ces traditions que des explications prises dans l’histoire grecque, de monumens d’une origine étrangère. Ce n’est point, au reste, notre opinion particulière que nous produisons ici ; c’est celle même de l’antiquité[26]. Flavius Joseph ne voyait dans les Grecs que des imitateurs modernes de choses très-anciennes ; et Platon, dans son Timée, fait tenir ce langage à son interlocuteur égyptien : « Ô Solon, Solon, vous autres Grecs, vous n’êtes que d’hier ; rien chez vous ne porte l’empreinte d’une haute antiquité »[27].

Personne ne contestera toutefois le mérite de sculpture et la beauté des cariatides des Grecs, et l’on ne peut refuser son admiration aux figures de ce style que l’on voit encore au temple de Minerve Poliade, à Athènes. Les cariatides du Louvre nous offrent même un exemple moderne de ce que peut produire d’illusion et de prestige le ciseau d’un homme de génie. Mais les Grecs et les modernes ont-ils fait des cariatides un emploi aussi sagement motivé et aussi convenable que les Égyptiens ? c’est une opinion que nous ne pouvons partager. En effet, on remarquera que les cariatides égyptiennes ne nous offrent point, comme celles des Grecs, le spectacle affligeant de figures accablées de poids énormes ; ce qui détruit toute apparence de solidité. Elles ne portent rien ; elles sont la représentation d’une divinité grave qui n’est là que comme ornement, mais comme un ornement bien motivé, et rappelant à tous ceux qui le voient, le respect et le recueillement que doit inspirer le lieu qu’elles décorent. L’apparence de la solidité est augmentée par cette disposition même, puisqu’à la grosseur réelle des piliers, qui est suffisante pour porter l’édifice, se joint encore l’illusion produite par la masse des statues. Rien n’était plus convenable que l’emploi des cariatides pour donner aux édifices égyptiens ce caractère de grandeur et d’indestructibilité que leurs architectes se sont proposé de leur imprimer. Tout se réunit donc pour persuader que les figures cariatides sont en Égypte dans leur pays natal ; et dans la disposition d’esprit des anciens Égyptiens, on ne pouvait mieux satisfaire à la loi des convenances générales qu’en en faisant un fréquent emploi.

Si le péristyle qui nous a entraînés dans la petite digression que nous venons de faire sur les cariatides, inspire, par sa seule vue extérieure, une si grande admiration aux voyageurs, les nombreuses sculptures dont les parois de ses galeries sont couvertes, n’excitent pas moins leur intérêt par la manière dont elles sont exécutées et par les sujets qui y sont représentés.

À droite, en entrant sous le péristyle, sur le mur de la première galerie, on voit un tableau qui paraît représenter une initiation[28]. L’initié est conduit, par quatre prêtres qui se donnent la main, devant un temple que semble lui montrer un homme à tête d’ibis, et où sont renfermées trois divinités égyptiennes. Plus haut, on voit la purification de l’initié : deux prêtres tiennent penchés sur sa tête, des vases d’où sortent les bâtons auguraux à tête de lévrier et des croix à anse ; un vautour[29] plane sur la tête du personnage. Au-dessus du temple, on voit, se donnant la main, trois hommes à tête de chacal et un personnage à figure humaine, dont la tête est surmontée d’une mitre. On y remarque encore une figure colossale assise, tenant un sceptre de la main droite et une croix à anse de la main gauche. Derrière elle sont deux femmes, debout, avec une croix à anse et un bâton augural. En avant est un homme à tête d’ibis, vêtu d’habits courts. Ensuite viennent neuf figures colossales qui se donnent la main. Les trois premières ont des têtes d’épervier ; les trois dernières, des têtes de chacal ; et les trois intermédiaires, des têtes humaines dont la coiffure est surmontée de mitres. À gauche de l’entrée et sous la même galerie, se trouve une figure colossale coiffée d’une triple mitre, à laquelle sont suspendus, en avant et en arrière, des ubœus. Elle a dans la main gauche trois cordons dont les extrémités se terminent en forme de fleurs de lotus, et qui se distribuent sur trois rangées de cinq prisonniers qu’ils tiennent liés. Les uns ont les mains attachées par-dessus la tête et repliées vers les épaules, d’autres les ont liées derrière le dos. Ces prisonniers paraissent être offerts par le personnage que nous venons de décrire, à une divinité de grandeur colossale, qui est assise et qui tient dans ses mains une croix à anse et un sceptre. Derrière la divinité est une figure de femme, coiffée d’une mitre et vêtue d’un habit long et serré.

Tout près de l’entrée, on remarque un bas-relief[30] composé de plusieurs personnages qui portent sur leurs épaules une sorte de brancard, où sont placées sept petites figures d’hommes tenant en main une branche de lotus, à la suite desquelles est une figure de femme agenouillée. Celle-ci paraît soutenir un étendard qui repose sur les têtes des petites figures, et qui se termine par une fleur de lotus surmontée de plumes. Ces porteurs se font remarquer par leur costume composé d’une ample robe d’étoffe rayée, et leur chaussure qui ressemble à des espèces de patins. Le personnage qui est au milieu, et qui paraît commander la marche, est couvert de la peau d’un lion dont la tête retombe à la hauteur du nombril et cache le nœud de la robe.

Le mur de fond de la galerie sud du péristyle offre des sculptures d’un grand intérêt. On y voit d’abord quatre rangées de prisonniers enchaînés, disposées les unes au-dessus des autres. Les artistes égyptiens n’ont pas trouvé d’autre moyen pour suppléer aux effets de la perspective qu’ils ignoraient, que de représenter ainsi une longue suite de personnages qui s’avancent en colonnes. La planche 12[31] ne représente que trois rangées de captifs ; la quatrième n’a pu être dessinée, la partie de l’édifice où elle se trouve étant trop encombrée ou trop dégradée. La colonne inférieure offre d’abord deux prisonniers à longue barbe, dont les mains sont liées dans des positions différentes ; ils sont conduits par un militaire égyptien, vêtu d’une longue robe, et tenant un arc dans la main droite. Il lève le bras gauche, comme pour faire signe qu’il amène des prisonniers. Trois autres captifs, dont les mains et les bras sont diversement liés dans des positions extrêmement gênantes, suivent, et sont également conduits par un officier égyptien. Ils sont vêtus, comme les précédens, de manteaux longs sur lesquels on voit des espèces de broderies, qui sembleraient annoncer que ces captifs ne sont pas de simples soldats. Sous ces manteaux, formés de pièce d’étoffe alternativement bleues et vertes, ils ont une jupe courte de couleur blanche, avec une bordure inférieure, formée de raies bleues. Cette jupe s’attache au-dessus des reins, et ne dépasse point le haut du genou. À la suite, viennent encore trois autres prisonniers et un Égyptien qui les conduit. En avant de cette colonne de captifs, est un groupe de neuf Égyptiens qui ont les mains élevées, comme pour demander le silence, afin de prêter l’oreille à l’énumération qui se fait devant eux, des mains coupées aux ennemis morts sur le champ de bataille. Un homme courbé et vêtu d’une longue robe les compte lui-même en les prenant une à une. Un écrivain, placé derrière lui, les enregistre sur un rouleau de papyrus qu’il tient d’une main, tandis que de l’autre il trace des caractères avec un roseau[32]. Les mains coupées sont au nombre de trente-huit. Sur la robe de l’écrivain, on voit encadrés, dans une croix fleurie, des caractères qobtes, retraçant probablement le nom de quelques-uns de ces moines chrétiens qui ont transformé en couvens et en églises les temples et les palais de l’ancienne Égypte. On y lit aussi le monogramme du Christ.

Au-dessous de ces prisonniers, il y en avait une autre rangée, qui n’a pu être dessinée, par les raisons que nous en avons données. On a recueilli seulement la partie la plus curieuse : elle représente des parties génitales et des mains coupées probablement aux ennemis morts sur le champ de bataille. C’est la seule fois que nous ayons trouvé, sur les murs des palais, de ces sortes de mutilations. Il n’est guère vraisemblable que les anciens Égyptiens les exécutassent sur les ennemis vivans tombé en leur pouvoir. La scène qui se trouve ici représentée, porte au moins à le croire, puisque les mains coupées ne sont pas celles des prisonniers que l’on amène devant le vainqueur. Rien, parmi les sculptures que nous avons vues sur les monumens, ne porte à attribuer aux anciens Égyptiens un acte d’atrocité et de barbarie que des auteurs graves[33] paraissent cependant leur avoir imputé. On retrouve encore aujourd’hui, chez les peuples de l’Orient, les traces de l’antique usage où l’on était de mutiler les corps des ennemis morts au combat, dans l’habitude où sont les sujets de la Porte ottomane d’envoyer à Constantinople les têtes des ennemis tués sur le champ de bataille.

La seconde rangée de prisonniers ne diffère en rien de la première, si ce n’est pourtant que les captifs, toujours conduits par un Égyptien, au lieu d’y être distribués trois par trois, ne le sont que deux par deux. Viennent ensuite immédiatement celui qui enregistre et celui qui compte les mains, dont le nombre est ici de vingt-cinq. Dans la dernière rangée, les prisonniers sont conduits de nouveau trois par trois : ils ont les mains et les bras liés dans des positions plus ou moins gênantes ; et les mains coupées dont on fait le compte, ne sont qu’au nombre de vingt.

Toutes ces figures sculptées sont revêtues de couleurs vives et brillantes, qui ont été copiées avec un soin scrupuleux par notre collègue M. Redouté. Les chairs sont peintes d’une couleur rouge foncée. Les vêtemens des Égyptiens sont d’une étoffe rayée alternativement de blanc et d’un rouge très-léger : les cordons qui nouent la jupe au-dessus des reins, sont peints en bleu. On peut remarquer que les arcs des Égyptiens sont peints en vert : faut-il en conclure qu’ils étaient de cuivre mêlé probablement à d’autres métaux, pour lui donner de l’élasticité ?

Ces prisonniers, ces parties génitales et ces mains coupées sont autant de trophées que l’on vient déposer aux pieds du vainqueur. Ce héros est le même que celui que nous remarquerons dans beaucoup d’autres scènes que nous avons encore à décrire. Il est assis sur son char et tourné dans un sens opposé à la marche de ses chevaux ; il tient de la main gauche un arc et les rênes, qu’il semble laisser flotter : toute son attention paraît fixée sur les trophées de ses victoires. Les chevaux, qui viennent de s’arrêter, sont encore tout haletans ; deux soldats, armés d’arcs et de carquois, se sont emparés des rênes, près de la bride, et sont occupés à caresser ces coursiers et à calmer leur fougue impétueuse. D’autres personnages s’empressent à essuyer leurs jambes. On voit soigner de la même manière, aujourd’hui, les chevaux des grands d’Égypte, après des cérémonies pompeuses ou des exercices militaires. À peine ces derniers ont-ils quitté leurs coursiers, que les nombreux sâys[34] qui les entourent, s’en emparent, les caressent et les essuient. Les porte-enseignes et les étendards qui sont placés derrière le héros, et dont il est toujours environné, sont la marque caractéristique de sa puissance. Le vainqueur est vêtu d’une robe longue et d’une espèce de manteau très-bouffant. Vers le bas de la robe, on a dessiné bien postérieurement un bouclier sur lequel sont gravés des caractères qobtes. On est tenté de croire que c’est le nom d’un guerrier, d’un homme passionné pour la gloire, qui, électrisé par les hauts faits retracés sur tous les murs du palais, aura voulu passer à la postérité, avec le héros qui y est partout représenté ; mais on est tout étonné, en le lisant, de n’y trouver que le nom d’un de ces pieux cénobites qui habitèrent les monumens de l’Égypte, dans les temps de la plus grande ferveur du christianisme. On y lit aussi le monogramme du Christ. La croix qobte, que l’on voit au-dessous de cette inscription, est en quelque sorte le cachet de celui qui a inscrit ici son nom.

Aux couleurs que l’on remarque sur le char, il est facile de juger que les roues, le timon et les montans principaux de la caisse, sont construits en cuivre. Elle est solidement établie sur l’essieu ; des montans en métal la retiennent même au timon, et la solidité est encore augmentée par une espèce de traverse qui se termine en fleur de lotus. Il est remarquable que l’essieu est placé à l’extrémité du chat, et non pas au milieu. Il est probable que la caisse était formée entièrement de feuilles de métal, qui sont ici peintes en bleu foncé. Le lion élancé qui est en avant de cette caisse, n’est sans doute pas seulement un simple ornement ; c’est encore un emblème qui désigne le courage et la force du héros. Aux deux extrémités du chat, sont des carquois remplis de flèches.

Les chevaux sont recouverts, dans toute l’étendue du corps et jusqu’au sommet de la tête, d’une draperie qui les enveloppe de toutes parts, en laissant néanmoins les jambes dans la plus grande liberté. Cette housse s’attachait par des courroies au-dessous du ventre ; elle est bordée d’une broderie qui répondait à la richesse de l’étoffe. Au sommet de la tête des chevaux, s’élèvent de riches panaches : une large courroie qui passe par-dessus le cou, semble destinée à retenir la housse ; elle se termine par une plaque circulaire, de couleur jaune, dont il n’est point facile de concevoir l’usage, à moins de supposer qu’elle était destinée à cacher les nœuds de la courroie. Une plaque pareille se voir aussi sur les côtés, où elle est sans doute destinée à recevoir le nœud du lien qui maintient la housse sur le corps du cheval. Les rênes passent dans des anneaux fixés sur la draperie, et vont aboutir au mors. La bride se compose de courroies attachées par-dessus la tête du cheval. À la hauteur des yeux, sont des lames métalliques, ou des bandes d’étoffe, qui paraissent placées là pour diriger la vue du cheval.

Au-dessus du bas-relief que nous venons de décrire, sont des personnages vêtus d’habits longs ; ils sont au nombre de neuf en avant, et autant en arrière, pour soutenir une espèce de brancard sur lequel sont treize figures debout : une quatorzième figure, qui est à genoux et accroupie sur ses talons, paraît en adoration devant elles. Chacun des deux groupes est divisé en trois parties. Au milieu de l’intervalle, est un personnage semblable aux autres, qui paraît placé là pour leur donner des ordres. Plus loin, derrière le brancard, est une figure vêtue de longs habits, qui porte un épervier posé sur un bâton, à l’extrémité supérieure duquel flottent des rubans. Ensuite vient un héros[35] qui conduit, au moyen d’un cordon, deux rangées de huit Égyptiens, groupés deux par deux. À la tête du rang intérieur, est un prêtre qui tient élevée dans ses mains une tablette, et paraît proclamer les victoires du héros. Derrière ces groupes, et tout près du personnage principal, sont deux figures qui lui présentent l’encens ; un vautour plane au-dessus de sa tête.

Cette scène est suivie d’une autre où l’on a représenté une sorte de table portée par seize prêtres distribués par groupe de quatre[36]. Ils sont vêtus de longues robes. Deux autres prêtres, qui sont au milieu des porteurs, paraissent les diriger dans leur marche. Sur la table, est posée une arche symbolique, qui se termine par une tête de lévrier, et sur laquelle on a placé une espèce de coffre, d’où sort la tête de l’épervier sacré[37]. Tous ces bas reliefs sont peints encore des plus vives couleurs.

Tels sont les différens sujets de sculpture qui nous ont le plus frappés dans la décoration de la galerie du sud. En s’avançant vers son extrémité, à l’ouest, on s’aperçoit qu’elle n’a pas d’issue sous la galerie du fond. La communication est interrompue par un de ces murs que l’on voit, entre les colonnes, dans toutes les façades des temples : on les retrouve ici dans tous les intervalles que laissent entre eux les piliers cariatides, à l’exception de celui du milieu, où il existait une porte. L’œil ne s’accoutume pas facilement à cette barrière, et notre premier désir, à nous autres Européens, serait de la supprimer, pour rétablir la circulation dans toutes les parties de ce bel édifice. Elle est tout-à-fait contraire à nos usages, et à la destination que nous donnons aux péristyles semblables élevés dans nos climats. Nous avons eu tant de fois occasion d’observer que les Égyptiens n’ont rien fait qui ne satisfît à la loi des convenances, que nous chercherons le motif de cette sorte de barrière dans leurs usages et dans leurs habitudes. En effet, ce grand et beau péristyle était peut-être le lieu où se traitaient les grandes affaires de l’État, où le souverain admettait à son audience les ambassadeurs des nations étrangères, et recevait les tributs des peuples vaincus ; mais il n’était point permis de pénétrer plus avant dans cet asile de la majesté des rois. Tous les édifices qui suivaient le péristyle, étaient peut-être voués au mystère, et devaient être dérobés avec soin aux regards des étrangers. Telles sont, sans doute, les raisons qui peuvent justifier la présence d’une barrière qui nous paraît si choquante au premier abord.

Pénétrons maintenant par la porte sous la galerie du fond, et jetons un coup d’œil sur ce qu’elle peut nous offrir de remarquable. Sous le rapport des sculptures, elle ne présente rien que l’on ne retrouve partout ailleurs. Le mur de fond est couvert de tableaux représentant des sacrifices à des divinités. Toute la différence consiste dans la grandeur colossale des figures. À un peu moins de quatre mètres de distance de l’angle de l’ouest de cette galerie, se trouve une ouverture qui a été pratiquée avec violence dans le mur du fond : elle conduit à des chambres, où l’on ne pourrait pénétrer par aucun autre endroit, tant est considérable l’encombrement de cette partie du palais. La véritable entrée était en dehors du péristyle ; elle a été bouchée postérieurement par un mur en briques crues. On descendait six marches pour arriver jusqu’au sol d’une salle intermédiaire[38] de six mètres de long et de trois mètres de large, espèce de corridor qui servait d’issue à quatre autres pièces dont nous allons parler. Entre autres sculptures qui décorent cette salle, on remarque une divinité à tête de belier, recevant d’un homme à tête d’ibis l’offrande d’une pyramide très-allongée et très-aiguë, au bas de laquelle est une petite figure agenouillée, les mains élevées en l’air. Un prêtre qui vient à la suite, présente des fruits ; d’autres offrandes sont faites au dieu Harpocrate.

La première pièce, celle dans laquelle on entre par l’ouverture forcée, a cinq mètres de longueur et deux mètres et demi de largeur. On voit, sur les parois des murs, plusieurs sculptures remarquables. Sur la face latérale, à gauche, est une figure debout, montée sur une estrade, et faisant une offrande à une divinité colossale assise, qui tient dans la main droite une longue fleur de lotus, et dans la main gauche une croix à anse. Derrière elle, est élevée sur une espèce d’autel une harpe à dix cordes, dont les extrémités inférieure et supérieure sont ornées de têtes humaines. Au-dessus, une petite figure agenouillée et accroupie sur une espèce de tabouret semble cultiver une fleur pareille à celle que la divinité tient à la main. À côté d’elle sont trois vases de forme élégante ; terminés par des têtes de belier, de femme et d’épervier. Sur la surface latérale, à droite, on voit la grande divinité de Thèbes, Harpocrate en érection. Il est précédé d’une femme tenant dans les mains le sceptre à fleurs de lotus et la croix à anse. En avant sont des végétaux et des fleurs cultivés pour la divinité, des vases surmontés de tiges de lotus, et des canopes. Un sphinx à tête de femme et à corps de lion, qui tient un vase surmonté d’un disque, couronne toute cette offrande. Sur la même face, et en avant de l’Harpocrate, un prêtre présente une espèce de plateau où se trouve une petite figure agenouillée devant un vase qu’elle tient dans ses deux mains.

La deuxième pièce a les mêmes dimensions que la première : on y voit des sculptures analogues, où l’on remarque des divinités égyptiennes, avec la croix à anse et le sceptre à tige de lotus ; des autels où sont posés des vases avec des couvercles à têtes de femme, de belier, de faucon et d’épervier ; des offrandes de sphinx à corps de lion et à tête de femme ou de belier, rangés deux à deux et par étage, et des prêtres qui présentent toutes ces offrandes.

La troisième pièce, celle qui est adossée au mur d’enceinte, ne diffère pas des deux premières pour l’étendue : seulement elle présente cette particularité, que, dans le fond et sur toute la largeur, le mur est en saillie d’un mètre sur une hauteur pareille ; ce qui forme des espèces de coffres ou d’armoires en pierre. Sur l’une des parois de cette pièce, parmi les offrandes qui sont faites à une divinité à tête de belier, on remarque quatre vases dont le col est court et incliné, et qui ont beaucoup d’analogie avec les cornues dont les chimistes font usage.

Dans la quatrième et dernière pièce, on remarque des offrandes analogues à celles que renferment les autres salles, quelques vases d’une belle forme, mais d’une exécution médiocre.

Ces petits appartements étaient-ils destinés à recevoir des objets précieux ? Était-ce le trésor du prince ? Ces coffres en pierre dont nous avons parlé, ces sculptures d’objets précieux qui ornent les murs comme dans les appartements de granit à Karnak[39], tout semble porter à le croire.

La galerie latérale nord du péristyle du palais, la seule qu’il nous reste maintenant à parcourir, est dans un moins bel état de conservation que celles que nous venons d’examiner. C’est là qu’on voit encore, comme nous l’avons dit, les restes du sanctuaire d’une église chrétienne. Le plafond de cette galerie est détruit dans sa plus grande partie ; mais le mur du fond est encore bien conservé et riche de sculptures qui présentent le plus grand intérêt. Nous allons en décrire la plus grande partie, et l’on verra bientôt quel a été notre objet en nous laissant entraîner à en parler avec quelques détails[40] ; elles ont rapport au triomphe d’un héros, d’un roi sans doute, de celui dont les conquêtes et les hauts faits sont partout consignés sur les murs du palais, de celui dont nous décrirons bientôt les actions guerrières et les combats. C’est à gauche, en regardant le fond de la galerie, que se trouve le commencement de la pompe, tout-à-la-fois religieuse et militaire, qui fait le sujet de la planche 11 (A., vol. ii).

Deux rangées de figures qui, dans la cérémonie que ce bas-relief rappelle, marchaient probablement de front, sont ici représentées l’une au-dessus de l’autre. Les trois premières figures[41] de la rangée supérieure, à gauche, sont des militaires qui portent des lances dans la main droite, et qui ont leurs boucliers passés dans le bras. De la main gauche, ils tiennent des espèces de massues. Huit figures[42] vêtues de longue robes, et groupées deux par deux, les précédent, et tiennent aux mains de longues palmes ; quatre d’entre elles portent, en outre, des espèces de haches d’armes ; leurs têtes sont ornées de plumes, emblème de la victoire ; deux autres figures, dont l’une porte un carquois[43], et l’autre tient dans la main droite une tige de lotus avec sa fleur[44], sont en avant, et marchent précédées de deux personnages[45] qui paraissent guider cette première colonne du cortége. Au-dessous sont huit hommes[46] portant des gradins probablement destinés à servir pour monter sur la chaise triomphale et pour en descendre. Huit personnages[47] qui les précèdent, ont la tête ornée de plumes, et sont couverts de robes transparentes ; ils portent les haches des sacrifices, et des guidons à tige de lotus, surmontés de plumes. La comparaison que l’on peut faire de ces figures avec celles que nous avons décrites et dessinées ailleurs, ne permet pas de douter que ces personnages ne soient des militaires. Quatre figures[48] placées en avant ont la tête nue, et tiennent également des lotus et des plumes ; elles sont un peu courbées et dans l’attitude qui convient à des personnes pénétrées du respect et de la vénération que leur inspire l’auguste cérémonie à laquelle elles prennent part. Le triomphateur[49] est assis sur un trône placé dans une espèce de palanquin richement décoré, que portent sur leurs épaules douze personnages de la caste militaire[50], groupés deux par deux ; ils sont vêtus de longues robes et couronnés de plumes. Dans les intervalles des trois premiers groupes, on aperçoit les têtes de deux personnages[51]qui paraissent diriger la marche ; trois autres figures entièrement cachées, portent les étendards qui accompagnent toujours le héros. Le trône du triomphateur[52]est recouvert de riches étoffes ; ses pieds reposent mollement sur des coussins. Le héros a dans ses mains les attributs de la divinité, le crochet et la croix à anse. Derrière lui sont debout deux génies protecteurs, qui l’enveloppent de leurs ailes. À ses côtés sont les emblèmes des qualités éminentes qui le caractérisent : le lion, qui annonce son courage ; l’épervier[53], qui est le symbole de ses victoires ; le serpent[54], qui fait allusion à l’étendue de ses conquêtes et de sa domination ; le sphinx, qui a sans doute rapport à son savoir dans tout ce qui concerne la religion et les dieux. Devant et derrière la tête du héros sont des hiéroglyphes qui peut-être indiquent son nom et le sujet de son triomphe. Au bas du palanquin sont de petites figures[55] vêtues de longues robes, qui portent les armes du triomphateur, son carquois et ses flèches. Le palanquin est décoré, dans sa partie inférieure, de deux petites figures debout, et la partie supérieure est couronnée du cordon et de la corniche égyptienne, surmontée de quatorze ubœus avec des disques sur la tête ; les deux montans se terminent par des fleurs de lotus. Deux prêtres[56], placés l’un au-dessus de l’autre, marchent en avant, en retournant la tête et une partie du corps vers le héros ; ils brûlent des parfums devant lui. En avant du prêtre, qui est sur la rangée inférieure, on voit un personnage[57] chargé d’un porte-feuille attaché en bandoulière autour de son corps ; il en a tiré un volume qu’il déroule, et il semble proclamer les hauts faits et la gloire du triomphateur. Il est précédé de quatre militaires[58] vêtus de longues robes et couronnés de plumes : ils tiennent à la main droite le crochet, marque distinctive de leur dignité, et un bâton à fleurs de lotus, surmonté d’une longue plume ; ils ont dans la main gauche des haches d’armes. Six militaires[59] semblablement vêtus sont au-dessous d’eux : les uns portent des haches d’armes et des plumes ; les autres, des bâtons auguraux et des tiges de lotus. Tout ce cortège est en marche pour se rendre au temple de la grande divinité de Thèbes, d’Harpocrate, dieu de l’abondance et emblème du soleil, qui vivifie et qui reproduit. Il est précédé de deux prêtres[60] enveloppés dans de longues robes, dont la tête est ornée de plumes. Quatre figures[61] qui marchent en sens contraire du cortège, paraissent venir à la rencontre du triomphateur pour le recevoir et l’introduire dans le temple, jusqu’au lieu mystérieux où repose la châsse qui renferme l’image de la divinité ; elle y est représentée sous la figure[62] d’un homme qui n’a qu’un seul bras et une seule jambe, et dont le membre viril est en érection : divers attributs la caractérisent ; elle tient au-dessus de sa main un fléau, et derrière elle sont des tiges de lotus et des vrilles de vigne. En avant est une espèce d’autel où l’on voit un vase enveloppé de verdure et surmonté d’un bouquet de gites de lotus avec la fleur et le bouton. Au pied de la divinité, qui est élevée sur une estrade, est une figure agenouillée, présentant des vases. Le héros, en habit de sacrificateur[63], offre d’une main une cassolette où brûle de l’encens ; il tient de l’autre trois vases liés ensemble, avec lesquels il se dispose à faire des libations sur un autel où sont rassemblées diverses productions de la nature, telles que des feuillages, des tiges et des fleurs de lotus. Des arbres sont figurés en masse sur les côtés de l’autel, et sont retenus par un bandeau demi-circulaire. Au-dessus de la tête du héros, plane un vautour portant dans ses serres des hiéroglyphes qui sont peut-être le monogramme du triomphateur ou sa devise ; ce qui est d’autant plus probable, qu’on les retrouve absolument les mêmes partout où le héros figure dans la scène que nous avons sous les yeux.

Le sacrifice achevé, la marche continue ; mais alors la statue[64] de la divinité fait elle-même partie du cortège. Quatre personnages[65], qu’à leur tête rasée[66] on reconnaît pour des prêtres, portent dans une caisse des arbres dont on a seulement figuré la masse, et qui ne se trouvent probablement ici représentés que parce qu’ils sont les plus beaux résultats de la végétation ; c’est sûrement un des attributs qui indiquent l’influence puissante de la divinité sur tout ce qui végète. Au-dessus, deux prêtres[67] portent une grande tablette où devaient être inscrites les victoires du héros et son triomphe auguste ; peut-être était-elle destinée à perpétuer le souvenir du sacrifice qu’il vient d’offrir.

La statue du dieu est portée sur un brancard par vingt-quatre prêtres[68] : elle a été tirée du lieu sacré où elle était renfermée ; elle est entourée de toute la pompe des cérémonies, de faisceaux, de tiges et de fleurs de lotus, d'étendards et de panaches. Une riche draperie, couverte de fleurons, enveloppe tous les prêtres qui portent le brancard, de manière qu’elle ne laisse voir que leur tête et leurs pieds. Deux petites figures sont aux pieds de la divinité : l’une d’elles, accroupie sur ses talons, lui fait l’offrande de deux vases où sont probablement contenues les prémices de l’inondation. En avant, le triomphateur[69] marche vêtu d’autres habits et coiffé d'un autre bonnet ; il tient dans ses mains les attributs du pouvoir suprême. Au-dessus de sa tête plane un vautour portant son monogramme ou sa devise. Le bœuf sacré[70] s’avance lui-même au milieu du cortège ; c’est peut-être celui qu’on nourrissait à Hermonthis, lieu tout voisin de Thèbes : son cou est orné des bandelettes sacrées ; il porte sur la tête un disque surmonté de deux plumes ; un prêtre[71] brûle des parfums devant lui. On voit ensuite un personnage[72] couvert d’un vêtement assez semblable aux chasubles de nos prêtres ; il a les mains jointes, et paraît être dans un recueillement profond. Cette figure est tout-à-fait de profil, et les meilleurs sculpteurs ne la dessineraient pas autrement dans cette position. Elle est une preuve que, lorsque les artistes égyptiens ne s’assujettissaient point à des formes de convention, ils savaient imiter la nature. Au-dessus de ces figures est une prêtresse[73] avec la coiffure d’Isis ; on voit devant elle un prêtre[74] qui, sans doute, proclame les victoires du héros, et annonce les sacrifices que l’on va faire aux dieux. En avant sont dix-sept prêtres[75], ayant, les uns, les attributs de la divinité, tels que le crochet, le fléau, le bâton augural ; d’autres, des étendards formés de la figure d’Isis et des têtes des animaux sacrés, tels que l’épervier, le bœuf, le chacal : quelques-uns portent des vases et d’autres objets dont on ne reconnaît pas aussi bien la forme[76]. D’autres prêtres[77] tiennent élevé sur leurs épaules un brancard sur lequel on remarque d’abord une sorte de coffre où sont posés des vases d’une forme assez semblable à ceux[78] dont on se sert encore aujourd’hui en Égypte, et ensuite trois petites figures debout. Les vases renfermaient, sans doute, la liqueur qui devait servir aux libations. Un second brancard[79] à peu près semblable, porté par le même nombre de prêtres, se voit au-dessus de celui-là. À gauche est un personnage[80] environné d’hiéroglyphes. En avant de ces deux groupes se trouvent trois prêtres[81] qui arrivent devant deux autels[82] sur lesquels flottent des étendards sacrés. Le héros[83], accompagné de son génie tutélaire, est tourné en face du cortège, et c’est à lui que paraît maintenant s’adresser l’espèce de sacrifice que l’on voit ici représenté ; il consiste en deux tiges de lotus flétries avant d’être épanouies. Deux jeunes initiés[84], qui paraissent les offrir, se retournent du côté des prêtres, qu’ils semblent prévenir de l’action qu’ils vont faire ; des oiseaux qui s’envolent sont peut-être des emblèmes indiquant que le sacrifice s’élève jusqu’à la divinité.

La marche continue, et un personnage qui est tout entouré d’inscriptions hiéroglyphiques, déroule un volume et semble proclamer les actions du héros[85]. Mais la scène change bientôt, et le héros redevient à son tour sacrificateur[86] : armé d’une faux, il coupe un faisceau de tiges et de boutons de lotus que lui présente un prêtre. Un autre prêtre[87] suit et tient élevé dans ses mains un rouleau de papyrus, sur lequel il paraît lire ; ce sont peut-être les prières que l’on devait réciter dans cette circonstance. Le bœuf sacré[88] se voit dans cette scène, qui semble toute entière avoir trait à l’agriculture. Ce sacrifice n’est en quelque sorte que le prélude de celui que va faire bientôt le triomphateur[89], en approchant plus près du sanctuaire[90] où est déposée la statue de la grande divinité de Thèbes. En effet, dans la dernière scène de la marche triomphale qui nous occupe, le héros égyptien présente à Harpocrate des parfums. Il fait en même temps, avec un vase qu’il tient de la main droite, des libations sur un autel couvert de fruits entourés de verdure du milieu de laquelle sortent des fleurs de lotus. C’est ici que se termine toute cette grande procession religieuse et militaire, que l’on doit considérer comme la représentation fidèle de toutes les cérémonies qui s’observaient au triomphe d’un roi guerrier. Des sacrifices offerts aux dieux commençaient et terminaient cette auguste fête.

Tout ce bas-relief prouve incontestablement que la religion égyptienne n’admettait pas seulement le culte secret qui se pratiquait dans les sanctuaires des temples, elle avait un culte extérieur ; et dans des circonstances particulières, comme à de certains jours de fête et de réjouissances publiques, on déployait, dans des processions solennelles, toute la pompe de la religion. Cette conséquence est confirmée par S. Clément d’Alexandrie[91], qui nous a transmis une description curieuse d’une de ces processions toutes religieuses, dans laquelle il fait l’énumération des personnages qui composaient le cortége, ainsi que de leurs fonctions et de leur emploi. Il est facile de reconnaître la grande analogie qu’elle a avec la marche triomphale que nous venons de décrire. Nous ne nous proposons point d’établir ici une comparaison[92] que le lecteur peut faire facilement lui-même ; nous nous bornons seulement à faire remarquer que S. Clément d’Alexandrie aurait eu sous les yeux la marche triomphale de Medynet-abou, qu’il n’aurait point décrit autrement qu’il ne l’a fait le personnage désigné sous la dénomination de ἱερογραμματεὺς.

Notre conséquence trouve encore un nouvel appui dans le précieux monument recueilli à Rosette. En effet, dans l’inscription grecque, dont on doit l’interprétation à M. Ameilhon, on lit une description du culte que l’adulation des prêtres de l’Égypte avait institué en l’honneur de Ptolémée Épiphane. Il y est dit[93] que, dans les grandes solennités où l’on a coutume de faire sortir des sanctuaires les chapelles ou châsses qui renferment les statues des dieux, on fera sortir aussi celle du dieu Épiphane. Il n’est point hors de propos de faire remarquer ici l’analogie et même la parfaite ressemblance qui existe entre les châsses dont il est fait mention dans l’inscription, et celles qui sont sculptées dans notre bas-relief ; les unes et les autres sont couronnées d’un ornement d’aspics ou d’ubœus.

    νίκην, ἢ ἄρεα, ἢ ἀφροδ'την, ἱέρακα ζωγραφοῦσι.

    Deum cum volunt significare, aut sublimitatem, aut humilitatem, aut præstantiam, aut sanguinem, aut victoriam, accipitrem pingunt (Hor. Apoll. hieroglyphicum 6).

  1. Deux cent cinquante-cinq pieds.
  2. Trente-deux toises
  3. Vingt-sept pieds.
  4. Onze toises.
  5. Nous avons dessiné des fragmens de décorations pareilles à Karnak. Voyez pl. 38, fig. 28, 30 et 31, A., vol. III.
  6. Six pieds.
  7. On sait que les Grecs ont appelés du nom de cariatides des statues de femmes habillées de longues robes, qu’ils ont employées, au lieu de colonnes, à supporter des entablemens. Ce mot a passé dans notre langue ; mais l’usage a prévalu d’ajouter le mot de figure à celui de cariatide, qui devient alors une espèce d’adjectif, et l’on dit figure cariatide, ordre cariatide. C’est l’analogie de ces expressions qui nous a déterminés dans le choix de la dénomination de piliers cariatides. Voyez ci-après, page 77, ce que nous disons des cariatides.
  8. Vingt-trois pieds.
  9. Trois pouces.
  10. Trois pieds un pouce
  11. Chaque pilier cariatide correspond à un entre-colonnement de l’autre galerie. Ne pourrait-on pas supposer quelques motifs à cette disposition ?
  12. Cinq pieds trois pouces.
  13. Trois pouces.
  14. Diodore de Sicile indique une pièce analogue à celle-ci, sous la dénomination de péristyle, dans le tombeau d’Osymandyas (voyez la section iii de ce chapitre). L’expression de περίστυλος désigne, par la composition du mot, un lieu environné de colonnes de toutes parts. Ce n’est que par un abus de mot qu’on a pu en faire l’application à une seule rangée de colonnes, soit au-dedans, soit au-dehors d’un édifice.
  15. Pour rendre les indications plus faciles, nous désignons ici les galeries sous la dénomination des quatre points cardinaux, bien qu’elles ne leur correspondent pas exactement.
  16. Trois pouces six lignes à quatre pouces.
  17. Six pieds deux pouces
  18. Nous appelons apophyge la partie inférieure du fût de la colonne ; ce mot, dérivé du grec ἀποφεύγω, effugio, convient très-bien à la portion rentrante du fût (voyez les dessins, planch. 4, figur. 3, A., volum. ii).
  19. Voyez les pl. 6 et 7 de la Botanique ; voyez aussi ce que nous rapportons de ces imitations dans la Description de Karnak, section viii de ce chapitre.
  20. Voyez la planche de la Botanique où est figuré le lotus.
  21. Trois pieds un pouce.
  22. Vingt-quatre pieds sept pouces.
  23. Le temple d’Isis à Bahbeyt. Voyez la description de ce monument dans l’écrit qui a pour titre, Voyage dans le Delta, par MM. Jollois et du Bois-Aymé.
  24. Sept pieds six pouces.
  25. Voyez page 60.
  26. Τὰ μὲν γὰρ παρὰ τοῖς Ἕλλησιν ἅπαντα νέα, καὶ χθὲς καὶ πρώην, ὡς ἂν εἴποι τις, εὑρήσεις γεγονότα· λέγω δὲ τὰς κτίσεις τῶν πόλεων, καὶ τὰς ἐπινοίας τῶν τεχνων, καὶ τὰς τῶν νόμων ἀναγραφάς· πάντων δὲ νεωτάτη, σχεδόν ἐστι παρ’ αὐτοῖς ἡ περὶ τοῦ συγγράφειν τὰς ἱστορίας ἐπιμέλεια.

    Enimverò nova certè apud Grœcos omnia, et ante unum, ut ita loquar, alterumve diem exstitisse reperias, urbium molitionem, excogitationem artium, legum perscriptionem : omnium verò novissimè ad scribendam historiam sese contulerunt (Euseb. Prœparat. evangel. lib. x, pag. 477, edit. 1628).

  27. Ὥ Σόλων, Σόλων, Ἕλληνες ἀεὶ παῖδες ἐστε, γέρων δὲ Ἑλλήνων οὐδεῖς, οὐδέ ἐστι παρ’ ὑμῖν χρονω πολιὸν μάθημα.

    O Solon, Solon, pueri semper Grœci estis, neque senex è vobis quisquam, neque canum apud vos ullum disciplinœ genus (Euseb. Prœpar. evangel. lib. x, pag. 471).

  28. Voyez pl. 13, fig. 1, A., vol. ii.
  29. M. Savigny a prouvé que le vautour des Égyptiens était le griffon des naturalistes français (vultur fulvus Gmel.). Voyez ses Observations sur le système des oiseaux de l’Égypte et de la Syrie, imprimées en 1810.
  30. Voyez pl. 9, fig. 2, A., vol. ii.
  31. Voyez le second volume de l’Atlas des antiquités.
  32. On se sert encore actuellement, en Égypte, de roseaux pour écrire.
  33. Diodore de Sicile. Voyez la section ii du livre Ier de son Histoire ; voyez aussi ce que nous disons à ce sujet dans la description du tombeau d’Osymandyas, section iii de ce chapitre.
  34. On appelle sâys, en Égypte, les gens particulièrement occupés du soin des chevaux.
  35. Voyez pl. 13, fig. 4, A., vol. ii.
  36. Voyez pl. 13, fig. 2, A., vol. ii.
  37. M. Savigny a prouvé que l’épervier des Égyptiens était le faucon commun (falco communis Gmel.). Voyez ses Observations sur le système des oiseaux de l’Égypte et de la Syrie, imprimées en 1810.
  38. Voyez pl. 4, fig. 2, A., vol. II.
  39. Voyez la Description du palais de Karnak, section viii de ce chapitre.
  40. Voyez ci-après le §. vi.
  41. Voyez pl. 11, no 1, A., vol. ii.
  42. Voyez pl. 11, nos  2, 3, 4, 5, A., vol. ii.
  43. Voyez pl. 11, no 6, A., vol. ii.
  44. Voyez pl. 11, no 7, A., vol. ii.
  45. Voyez pl. 11, nos  8 et 9, A., vol. ii.
  46. Voyez pl. 11, nos  10, 11 et 12, A., vol. ii.
  47. Voyez pl. 11, groupes nos  13, 14 et 15, A., vol. ii.
  48. Voyez pl. 11, groupes nos  16 et 17, A., vol. ii.
  49. Voy. pl. 11, no 19, A., vol. ii.
  50. Voyez pl. 11, groupes nos  18 et 23, A., vol. ii.
  51. Voyez pl. 11, groupe no 18, A., vol. ii.
  52. Le trône sur lequel le triomphateur est assis, ressemble parfaitement aux beaux fauteuils qui ont été dessinés dans les tombeaux des rois. Voyez pl. 89, A., vol. ii.
  53. Θεὸν βουλόμενοι σημῆναι, ἢ ὕψος, ἢ ταπείνασιν, ἢ ὑπεροχὴν, ἢ αἶμα, ἢ
  54. Voyez les 59, 60 et 62. hiéroglyples d’Horapollon.
  55. Voyez pl. 11, nos 20, 21 et 22, A., vol. II.
  56. Voyez pl. 11, nos 24 et 33, A., vol. II. On reconnaît que ces personnages sont des prêtres, à leurs têtes rasées. Il faut consulter à ce sujet la savante dissertation de Schmidt, De sacerdotibus et sacrificiis Ægyptiorum, où se trouvent rassemblés tous les témoignages provenant tant des historiens que des monumens, qui tendent à faire connaître les prêtres de l’ancienne Égypte, leurs costumes, leurs fonctions, leurs marques distinctives, et les différentes classes dans lesquelles ils étaient partagés.
  57. Voy. pl. 11, no 34, A., vol. II. C’est un de ces prêtres que S. Clément d’Alexandrie désigne sous le nom de ἱερογραμματεὺς, scribe sacré, et dont il dit : Ἑξῆς δὲ ὁ ἱερογραμματεύς προέρχεται, ἔχων πτερὰ ἐπὶ τῆς κεφαλῆς, βιβλιον τε ἐν χερσὶ καὶ κανονα. (voyez le passage de S. Clément d’Alexandrie, cité à la fin de cette section, no 1).
  58. Voyez pl. 11, nos 35, 36, 37 et 38, A., vol. II.
  59. Voyez pl. 11, 28, 29 et 30, A., vol. II.
  60. Voyez pl. 11, no 39, A., vol. II. Ces prêtres sont probablement de la première classe ; ce dont on juge au rôle qu’ils paraissent remplir dans la cérémonie. C’étaient peut-être ceux que S. Clément d’Alexandrie désigne sous la dénomination de prophètes (voyez le passage de S. Clément d’Alexandrie, cité à la fin de cette section, no 1).
  61. Voy. pl. 11, no 43, A., vol. II.
  62. Voyez pl. 11, nos 31, 32, 40 et 41, A., vol. II.
  63. Voy. pl. ii, No. 42, A., vol. ii.
  64. Voy. pl. ii, No. 46, A., vol. ii.
  65. Voyez pl. ii, groupe No. 45, A., vol. ii.
  66. Voyez l’ouvrage déjà cité de Schmidt. Οἱ ἱρέες τῶν θεῶν τῇ μὲν ἄλλῃ κομέουσι, ἐν Αἰγύπτο δὲ ξυρεῦνται. Deorum sacerdotes alibi comati sunt, in Ægypto derasi (Herod. Hist lib. ii, cap. 36, pag. 103, ed. 1618).

    Οἱ δὲ ἱρέες ξυρεῦνται πᾶν τὸ σᾶμα διὰ τρίτης ἡμέρης, ἵνα μήτε φθεὶρ, μήτε τι ἅλλο μυσαρὸν μηδὲν ἐγγένηται σφι θεραπεύουσι τοὺς θεούς. Sacerdotes tertio quoque die totum corpus radunt, ne quis pediculus deos colentibus aut alia sordes creetur (Ibid. cap. 37, pag. 104).

  67. Voyez pl. ii, groupe No. 44, A., vol. ii
  68. Voyez pl. ii, groupe No. 46, A., vol. ii
  69. Voyez pl. ii, No. 47, A., vol. ii
  70. Voyez pl. ii, No. 48, A., vol. ii
  71. Voy. pl. ii, no . 51, A., vol. ii.
  72. Voy. pl. ii, no . 52, A., vol. ii.
  73. Voy. pl. ii, no . 49, A., vol. ii.
  74. Voy. pl. ii, no . 50, A., vol. ii.
  75. Voy. pl. ii, nos. 53, 54, 55, 56, 57, 58 ; le groupe no . 59, et les nos. 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, A., vol. ii. Ces prêtres sont sans doute ceux que les anciens auteurs désignent sous la dénomination de pastophores (Voyez l’ouvrage de Schmidt déjà cité).
  76. Voyez la dernière figure du groupe no . 59, et ce que porte la figure no . 61, pl. ii, A., vol. ii.
  77. Voyez pl. ii, groupe no . 68, A., vol. ii.
  78. Voyez la pl. FF des vases modernes, dessinée par M. Redouté, É. M., vol. ii
  79. Voy., pl. ii, no . 70, A., vol. ii.
  80. Voy., pl. ii, no . 69, A., vol. ii.
  81. Voy., pl. ii, nos. 71, 74 et 75, A., vol. ii.
  82. Voy., pl. ii, nos. 73 et 77, A., vol. ii.
  83. Voy., pl. ii, no . 78, A., vol. ii.
  84. Voy., pl. ii, nos. 72 et 76, A., vol. ii.
  85. Voy., pl. ii, no . 79, A., vol. ii.
  86. Voy., pl. ii, no . 80, A., vol. ii.
  87. Voy., pl. ii, no . 82, A., vol. ii.
  88. Voy., pl. ii, no . 84, A., vol. ii.
  89. Voy., pl. ii, no . 86, A., vol. ii.
  90. Voy., pl. ii, no . 87, A., vol. ii.
  91. Voyez la citation no . 1, à la fin de cette section
  92. Nous renvoyons à la savante dissertation de Schmidt, qui est très-propre à jeter le plus grand jour sur toute cette matière.
  93. Voyez aussi l’interprétation que M. Ameilhon a donnée des lignes 42 et 43 de l’inscription grecque de la pierre de Rosette.