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Description de la Peste

La bibliothèque libre.
Veuve Morpain (p. 7-68).


À Meſſieurs les Maire
Et IVRATZ DE CE-
ſte ville de Bourdeaulx. Pierre
Pichot Medecin humble S.
*



Meſſieurs, Au temps des dernieres peſtilences qui vindrent en ceſte ville le l’an 1546 i’auois eſcript quelque petit regime pour ſe garder du dangier. Ces iours paſſez voyant ce mal ſauluage & eſpouentable reuenu, ay corrigé, amplifié & quaſi renouellé ledict traicte. Lequel à vous, meſſieurs les gouuernateurs et amateurs du biẽ public, preſente & dedie comme vn teſmoing & en ſigne du bon vouloir qu’ay de ſecourir à la neceſſité du temps. Si quelque momus, zoile, ou mocqueur crie que pluſieurs autres ont eſcript de ceſte matiere, & que cecy ne ſont eſcript de ceſte matiere, & que cecy ne ſont que rhapſodies et choſes ramaſſées & empruntées, Le confeſſe que l’origine & inuention de ceſt
argument ſe doibt referer aux maieurs. Tou-

tesfoys apres qu’on aura bien regardé ce petit

labeur, on cognoiſtra quel’ eage poſterieure

peult adiouſter quelque methode auecq lu-

miere, ordre, & facilité, laquelle ſi ay

accomplie i’en laiſſé le ingement aux

lecteurs doctes & beneuoles, qui

pour le moins eſtimeront ma

bonne volunté d’aduan-

cer le proffit commun

& de ſeruir à la

poſterité.

Deẛcription de Peẛte


PEẛte ou Fieure peẛtilentiale, eẛt maladie aigue, maligne, cṏtagieuẛe & la plus mauuaiẛe de celles que les Grecz appellent Epidemies. Lequel mot ẛignifie toutes maladies populaires, & ẛans differẽce venantes ẛur le peuple. Ou Peẛte, eẛt maladie populaire cauẛée d'vng vapeur veneneux & contagieux de cettaine putrefaction de l'air, attiré au cueur, & emporte & tue la plus grand part des malades.

Toutesfoys le vulgaire n'entend par peẛte qu'vne tumeur contre nature & apoẛteme ou boce, venant ẛoubz les ayẛẛelles, en l'aigne, pres les oreilles, accompaignée le plus ẛouuḗt d'vn carbuncle ou pluḟieurs, & auẛsi de taches & ẛpaules ẛemées par le corps comme dirons cy apres. De diẛputer ẛi peẛte eẛt nom ẛpecial d'vne maladie particuliere, ou nom cỗmṹ a pluẛieurs cṏme à fiebure, dyẛẽterie, plureẛis, auẛsi ẛi peẛte peult eẛtre ẛans fieure, & cỡmẽt ẛouvent viẽt enfleure ẛoubz l'aiẛẛelle & en l'aigne ẛãs peẛte, pourquoy la peẛte a ẛon cours plus en vne année & en vn pays qu'en autre, ie reẛerue telles diẛputes à aultre temps & lieu. La differẽce des maladies, epidemies, endimies & peẛtilentes eẛt declrée en vne apologie que les medecins de ceẛte ville mirent en lumiere l'année paẛẛée.

Les cauẛes externes de la peẛte ẛont deux en general : L'ai infaict, & alimentz corrumpus.

L'air eẛt infect par pluẛieurs manieres

  • Par corps mortz non enterrez ne bruẛlez comme il aduient ẛouuent es guerres.
  • Par eaues mortes, ou courantes par la ville, eẛquelles ẛont iectées ordures ou on laue choẛes immundes.
  • Par chiens, chatz, poulaille morte, & autres charongnes iectées es rues, ou hors la ville pres les murailles.
  • Par grand quantité de fumier, ou fiante, & boue laiẛẛée par les rues & ruettes ou en aultres lieux recluz
  • Par pluẛieurs qui tiennent leurs maiẛons plaines d'ordures par negligence ou poureté.
  • Par exhalation ou vapeur corrumpue, venant des lieux & cauernes ou cloacques infectes. Gal. au premier lib. Sanitatis tuend.
  • Par abundance de mouches, chenilles, pulces, ẛerpents, grenoilles, ẛauterelles, & beẛtioles ẛemblables.
  • Par grande ẛeichereẛẛe & faulte d'eaues, dont ẛ'enfuit mortalite de beẛtail, & par conẛequent infection d'air.
  • Par malades & pauures ylcerez, rongneux, grateleux, frequentens les portes & lieux publicz.
  • Par eẛtrangiers infectz y venons loger en la ville, comme ceẛt'année auons experimenté
  • Par gens malings iéctens certaines poyẛons & infections en l'air par les rues, ou maiẛons
  • Par gibetz & corps penduz pres les murailles de la ville.
  • Par Coemetieres en lieux humides, & expoẛez au midy.
  • Par la conẛtitution de l'air nebuleux, troublé & vent auẛtral. Et quant en vn temps l'air ẛe change ẛouuent de froit à chault, ou au contraire, comme a faict toute ceẛt' année.
  • Quant l'Eẛté, ou Hyuer, Prinstemps ou Autumne, ne gardent bien leur ẛaiẛon, & naturelle temperature & conẛtitution, comme ceẛt année paẛẛée.
  • Brief par quelconque vapeur, ou exhalation, ou aultre cauẛe infecte ẛe meẛlent auecques l'air & l'alterant plus de toute ẛa ẛuẛtãce, que des qualitez premieres. Mais fault noter que des choẛes ẛuẛdictes, aulcunes ẛont cauẛe quelquesfois ẛigne de l’air infect. En ceẛte année Mil cinq cens ẛoixante quatre. Aulcuns eẛtiment que les pluyes lṏgues & conẛtitution auẛtrale, de lannée 1561. Et le grand nombre des corps mortz par guerre, pour le faict de la religion, & nṏ enterrez en lan 1562.

Aussi pour la famine en meẛme année. Puys l’inconẛtance & inequalité de l’année 1563. mal gardent ẛa ẛaiẛon & teperature naturelle, ont cauẛé en l’air quelque qualité veneneuẛe & maligne generale quaẛi par toute la france, laquelle comme cauẛe Épideme a baille cours auẛdictes maladies peẛtilentes.

* Les alimentz qui cauẛent humeurs corrumpus, & par coẛequent la peẛte ou preparation a icelle.


Pain faict de blé vieux, ou gardé es lieux reclus & pourry comme l’année paẛẛée 1562.

Chair de beẛte morte par maladie, ou poiẛẛon puant, œufz pourris.

Grand vẛage de Coucombres, Melons, & de tous fruictz crudz. Gal. de euchy & cacochy.

Vẛage frequent de Potirons, Septz, de trouz de chou, racines, herbes & aultres viandes mauluaiẛes, eẛtranges & alienes de la nature de l’homme.

Brief toutes viandes de leur nature vicieuẛes ou trop gardées, ou mal preperées, ou non familieres à l’homme, comme de chair d’aẛne, de chatz, ratz, cheuaulx, deẛquelz on vẛe par famine, ou contraincte en guerre.


Eaues gaẛtées par charrongnes iectées ou tumbées es puys & fontaitaines, ou infectes par gens malings.


* Auẛsi les humeurs du corps ẛont corrumpus par gourmandiẛe, yurongnerie, long veiller, & par venus immoderée & trop continuée.


* Semblablemet le mauluais ordre des viandes, comme prendre à la fin de table ce qui ẛe doibt prendre au commencement, ce que font ceulx qui prenẽt guynes, cerneaux, prunes, peẛches, apres la chair ou poiẛẛon.




AVlcuns Medecins, & Aẛtrologues adiouẛtent la tierce cauẛe externe, C'eẛt à ẛcauoir l'influence peẛtilente occulte des Aẛtres, & maul-uais reẛpect des Planetes. Et aleguẽt les grandes mortalitez du temps paẛẛé, comme celle qui fut l'an mil troys cens quarante, es grandes coniunctions de Saturne & Mars, au ẛigne humain Aquarius. Mais Galen au premier liure des Fiebures, quant parle de la peẛtilence qui vint a Athenes du temps de la guerre Peloponeẛiaque deẛcripte par Thucydides, et aultres hiẛtoriographes qui font mention des peẛtes notables, come de celle qui vint à Romme, du regne de Commodus, au temps de Galen. Et de celle du regne de Leon Iẛaure, laquelle emporta de Romme trois cẽs mille hommes. Et Tite Liue au liur. ix. quant parle de la peẛte qui emporta d'Affrique huict cens mille hommes, & trẽte mille ẛouldars du camp des Rommains pres de Carthage. Ne font mẽtion de telles influences caeleẛtes, mais referent tout à la grãde chaleur & mauluaiẛe conẛtitution de l'air infect par la calamité des guerres, quant les corps mortz ne ẛont bruẛlez ou enterrez, ou a la famine.


Et Tite Liue la referé à la grande multitude des locustes & ẛauterelles qui empoyẛonnerẽt les eaues & par coẛequent l'air. Semblablemẽt Hippocrates en ẛes liures des maladies populaires, attribue la cauẛe de peẛte, & d'aultres Epidemies à l'air, ou a la nature du lieu humide & expoẛé au vent de midy. Combiẽ que ia de ẛon temps pluẛieurs vulgaires gentilz referoient les cauẛes de peẛte a leurs Dieux, & leur en demẽdoient la cure. Et Homere au premier de l'Iliade diect que la peẛte vint au capdes grecz par le dieu Apollo, & fut ẛedée par icelluy. Et croy que peẛte, comme famine & guerre, ẛont ẛignes de l'ire de Dieu, mais quant veult, vẛer de telle verge il ẛe ẛsert des Aẛtres de l'air, & aultres elemens, & peult eẛtre (quoy qu'en dict Galien) qu'Hippocrates regardoit la, quant il dict que le medecin doibt preuoir ẛi es maladies y a quelque choẛe de diuin primo prognoẛtic.


* A ceẛte cauẛe les lettres ẛainctes nous enẛeignent que la premiere & principale cauẛe de peẛte eẛt l'ire de Dieu qui eẛt vn eẛpece de dilection & diẛcipline paternelle, laquell'exerce ẛur nous pour noz pechez. Les ẛignes & experiẽces de telle nous ẛont ẛouuent declarées es hiẛtoires moẛaic-ques et aultres diuines. Leuit 26. Deute. 28. Regữ.2.1 cap. Ezechiel. cap 5. Eexod. 9. Eẛquelz paẛẛages on voit clairement comme Dieu enuoye la peẛtilence aux villes qui ne ẛ'amendent poinct. Et certes nous ẛommes ẛi deprauez & aueugles que combiẽ que telles verges ẛoient venues ẛur nous, quaẛi tout en meme tẽps pour nous ouurir les yeux, & nous ẛeruir d'exercice en la cognoiẛcence & repentence de noz pechez, touteffoys demourỡs touẛiours endurciz & miẛerables & crains que Dieu nous ẛera comme au peuple d'Iẛrael rebelle et obẛtiné, ẛi nous ne nous reduiẛons à luy.

Les cauẛes internes de la peẛte.


ABundance d'excremens au corps & mauluaiẛes humeurs, oppilations, qui ẛṏt cauẛes de putrefactiṏ, debilitatiṏ du cueur d'eẛtomach et d'aultres parties nobles. Et fault icy noter que les corps plus promptz & ẛubiectz à ceẛte maladie ẛont, gens malẛains, ẛouuent malades, gourmans, oppilez de ratte ou foye, adonnez à exces et venus, femmes enceinctes, gẽs ẛanguins.

Preẛeruation de peẛte


TOuteffoys nul ne ẛe fie en bonne complexion & force: car la lṏgue conuerẛationen lieu peẛtilent ou malignité de la contagion faict que tous y peuuẽt eẛtre attrapez: & les chaultz ieunes attirent plus d'air infect que les aultres.


Et ẛi l'air eẛt fort infect, ou le corps cacochyme & plain de mauluais humeurs, fault euiter grãd labeur & exercice, q cõtrainct reẛpirer beaucoup.

Preẛeruation de Peẛte


* Pour mieulx vẛer de preẛeruation,& rẽdre le corps apte à reẛiẛter à ẛon ennemy, qui eẛt l'air infect, fault purifier le dict corps des ẛuperfluitez, ouurir les oppilations, & rẽdre le corps tranẛpirable, & fortifier le cueur, eẛtomach & aultres parties. Leẛquelles trois choẛes ẛi vn chaẛcun pouuoit, touẛiours biẽ accomplir, ne fauldroit craindre fiebure putride aulcune, ne (qui plus eẛt) peẛte, ẛelon Galẽ, combien que cela ẛoit paradoxe à beaucoup de gens.
* Les deux premiers poinctz de purifier le corps, & ouurir les oppilatitions ẛe feront par vacuations connuenables, c'eẛt à ẛcavoir par ẛeignée en ceulx eẛquels ẛera beẛoing, cṏme es ieunes gens ẛanguins, eẛquelz ẛeroit bỡ vne fois le moys oẛter vn peu de ẛang en tẽps de peẛte. Auẛsi par purgations faciles cỡme en prenant quelquefoys au matin vne Pileure ou deux d'aloë, mirrhe & ẛaẛẛran. Pour le ẛaẛẛran aulcuns y mettent ammoniac cṏme Manard & les anciens : leẛquelles (ẛi on y adiouẛte vne tierce part d'agaric trochiẛque, et autant de rheubarbe) pourront ẛeruir quaẛi à toutes complexions.


Quelques foys apres minuict on en prendra vne drachme ou plus. Et ẛi pour aulcune circunẛtance, cỡme par trop grãd chaleur ou aultre certaine cauẛe quelcun ne doibt, ou ne peult, vẛer de pileures, Le Medecim ordỡnera quelqu'opiate, apozyme, ou ẛyrot appropriié à nettoyer & vuyder les ẛuperfluitez & excremens.


* Semblablement par abẛtinence et ẛobrieté. Car ẛelỡ Hippocrats en tẽps ẛuẛpect de ceẛte maladie, fault peu menger & boire, meẛmement à gens humides, & conuient procurer en toutes manieres, de ẛeicher les corps humides, de garder les ẛecz en leur ẛechereẛẛe, & purifier ceulx qui abundent en excremens & ẛuperfluitez.


Toutesfoys ne conuient endurer lỡguement fain ne ẛoif, car cela attireroit en l'eẛtomac les mauluaiẛes humeurs du corps. Frictions faictes par tout le corps les mains auãt que fortir du lict, et exercices mediocres deuant le repas en air clair & net, ẛont fort conuenables à purifier le corps des ẛuperfluitez, & augmenter la chaleur naturelle.


* En temps de peẛte on ne doibt guarir vieulx vlceres, ne crabotz ou fontenelles, ny hemorrhoides, ou rongnes ne goutes.


* Les obẛtructions ou oppilations du corps interieur ẛeront ouuettes par maniere de viure aperitiue, comm'en prenant cappres fort deẛẛalées auant ou au commencement du repas auec vn peu d'oximel de Galen. ou auecques vn peu de vinaigre & huylle. Auẛsi en vẛat de perẛil en potaige & de cichorée, 'loximel de Galen prins auant le repas, et le vin d'abẛinthe, vins blancz ẛubtilz & clairetz Et les medicamens, dioẛpoliticon & diatrion pinereṏ, & aultres deẛcriptz en Gal. iiii. ẛanita tue ẛont conuenables à ce, en laiẛẛant viãdes graces, de groẛẛe ẛubẛtance & viẛqueuẛes.


* Le Cueur auecques aultres parties nobles ẛeront fortifiées & defendues, ẛi les matins auãt que ẛortir de la maiẛon, on prend la vapeur du feu clair, faict de bois non corrumpu, auquel on adiouẛtera quelque branche de Laurier, ou Oliuier, Roẛmarin, Geneurier, Lauandre, Cypres, Yranger, ou de Pin. Et pourront les pauures purifier l'air de la maiẛon auecques perfun de graine de Geneurier, ou Laurier, ou Enẛent.


* Les aultres vẛeront de perfunctz cordialz faictz de Roẛes, Sandaulx, grains de Myrthes, Calami aromat, Ligni aloës, Maẛtic, Mirrhe, Benioyn, Stirax, calamite, Trochiẛez, Gallie & Alipte moẛchatte, & ẛse pourront mettre en pouldre, ou en trochiẛcz, ou en oyẛeaulx de Cypre auecques ladanum &c.


* Auant qu'aller par ville ẛeroit bṏ laiẛẛer leuer le Soleil, & auoir diẛné, ou (a tout le moins) conforté l'Eẛtomach & Cueur, auecques vn peu de bon vin & roẛtie, ou bien auecques quelque aultre choẛe, cỡme d'eẛcorce de Citron, ou Gingẽbre confit, ou Figues & nois roẛties, & tenir en la bouche racine de Zedoaria, giroufle ou cannelle, ou racine d'Angelica.


* Auẛẛi es grandes chaleurs feuilles de vinette, ẛalade de citron auecques ẛucre & eaue roẛe, ribes, guynes confites, egratz confit, berberis, myrobolans confitz, coings, poyres, pelches confites, & prendre vne cuillerée de ẛyrop de Granades, ou de ẛuc de citron, ou de yrop d'egratz, de berberis, ou de vinette, ou de pỡmes odoriferãntes, comme de capendu. Le vray bolus armenia tenue en la bouche ou deẛtrẽpée auec vn peu de bon vin eẛt fort approuée de Galen. On en faict des formules electuaires trochiẛcques.


* Com'auẛẛi le Mithridat & Theriacque prinẛe long temps auant le repas : leẛquelz deux antidotz s'lz ẛỡt bien preparez, ne fault ẛe tourmenter a en chercher de meilleur. Les Ieunes & forz en prendront vne dragme : les moyens demye dragme ou vng ẛcrupule : les femmes enceinctes, les enfans & les fort choleres s'en abẛtiendront. Mais pourront ẛans froter les narilles au dedãs et la regiṏ du cueur de l'eẛtomach, les emữctoyres.


* En temps de peẛte, les remedes preẛeruatifz doyuent tendre à deẛiccation : comme ẛont choẛes aigres ou adẛtringentes comme roẛes, coral : ou amaires, comm' Aloe, Rheubarbe, Gentiane, Zedoaria, ẛemence de citron, racine d'Angelica & ẛẽblables : deẛquelz on pourra vẛer ou de chaẛcun ẛeul, le tenẽt en la bouche & auallant la ẛaliue, ou en faire vne pouldre cordiale comme celle qui s'enẛuit.

Radicum,

Gentianae,

Angelicae,

Enulae,

Zedoariae,

Tormentillae. Corttic citri ẛicci,


ẛem acetaẛae


ẛe ocymi


Sem cardui benedicti añ 3 iii.


Scordii verri & thalpeos,


Calaminthes añ 3 ii ẛ.


Cornu cerui,


Raẛurae eboris,


karabae,


Corall. rub.


Cynnamom añ 3 i.


Terraeẛigillatae verae vnc. ẛ


Boliarmeni praepararati vnc.ẛ


Croci, ẛcrupul. ẛ


Erii de gemmis


Erii diamargariton


Margaritarum añ ẛcrupul. 2.


Fiat pu'uis


De ceẛte pouldre ẛeule on pourra vẛer auecq vin blanc, ou auecq'eau de vinete ou de chardon beniẛt Ou bien on la reduira en forme d'opiate, ou de condit, ou de tabletes. Et pourra en toutes formes ẛeruir aux ẛains, aux infectz et aux frappez. Pluẛieurs aultres remedes cṏtre la peẛte et tout venin, on trouue en Galen es libures de antidotz, en Dioẛcoride lib. 6. en Auincenne lib. 4. Fen. 5. Guydon a faict vn'opiate excellente contre la peẛte. Et Manard l'autre au.5. lib. de ẛes apiẛtres.


* Matthiol en ẛes commentaires ẛur Dioẛcoride a faict vng recueil de tous les ẛimples qui ont vertu contre la peẛte, & tout uenin : & d'iceulx en faict pluẛieurs cỡpoẛitiỡs et antidotz. Auẛẛi les medecins durãt la peẛte ordonnent opiate, tabletes, formules, eaus deẛtillées, pouldres, cỡditz, reẛtaurans, quintes eẛẛences.


* Leẛquelles compoẛitions ie laiẛẛe à deẛcrire pour euiter prolixité, & pour ce que ẛera le meilleur prendre conẛeil du Medecin en ẛi grande varieté de natures & complexions.


* Aulcuns en temps de peẛte louẽt ẛachetz liez au col venentz ẛur la poictrine pres du cueur : les Grecs les appellent periapta, alexiteria, alexicaca : les latins armuleta, eẛquelz on met pluẛieurs choẛes cardiacques, comme ẛcondiữ, thlaẛpit, Gentiane Angeliccque, Aliẛẛon, verbene.


* I'ay entendu que ceulx qui ẛeruẽt à l'hoẛpital de la peẛte vẛent de deux ou troys chosẛes : ou ilz changent fort ẛouuent de tous habillemens, & portent ẛur la poicttine pres du cueur quelques poiẛons en vng ẛachet, eẛtimant chaẛẛer par tel moyen le venin peẛtilẽtial. Manard eẛcript que l'huylle de ẛcorpion applicq cỡm'il fault preẛerue de peẛte Et Matthiol le cỡfirme.


* Quand on ira hors de la maiẛon, ie conẛeille tenir en la main vn citron ou yrange, ou eẛcorce d'iceulx, ou feuille d'yranger, laurier, mouchouer blanc, ou morceau d'eẛponge trẽpée en quelque bon vin odoriferant, ou vinaigre roẛat, ou eaue magiẛtralle odoriferante, comm'eaue de mains, de damas & de ẛenteurs, & les preẛẽter ẛouuent au nez.


* Aulcữs font faire des pỡmes odoriferantes à la maniere qui d'enẛuit.
Prenes ẛemence de baẛilic, eẛcorce de citron ẛeiche, & ẛemence d'icelluy feuille de meliẛẛe & mariorane ẛeiches, canelle, girouffle, macis, maẛtic, lignialoës, ẛaffran, benioyn, ẛtirax, calamite, de chaẛcun quantité ẛuffiẛante, Et apres auoir le tout puluerizé, faictez pommes, en incorporant les pouldres auecqs ladanữ, ou muẛẛilage de tragacanth, faicte auecq eaue roẛe. Et ẛi le temps eẛt fort chault, on pourra adiouẛter au dictes pouldres des roẛes ẛeiches, ẛandaux, fleurs de nymphea & de violettes de mars.


* En allẫt es lieux ẛuẛpectz ne fault s'haẛter, de peur qu'on ẛoit cỡtrainct prendre halaine ẛouuẽt, car le moins qu'on pourra tirer d'air a ẛoy & prẽdre halaine eẛt le meilleur ẛelṏ Hipp.


* Au diẛner & ẛoupper fault viure ẛobrement, cṏm'à eẛté dict, en vẛant de viãdes de facile concoction & de bonne nourriture, roẛties plus que bouillies. Toutesfoys l'Eẛté es grans chaleurs, on vẛera quelquefoys du boullỡ de vinette, ou laictues, cichorée, groyẛẛelless, egratz. Et pour ẛaulce on vẛera du ẛuc de citron, ou d'yrange, de vinette, ẛuc de mygraine, veriuẛt ou vinaigre : car telles choẛes aigres reẛiẛtẽt fort à la cauẛe de peẛte.


* Apres le repas fault euiter le dormir incontinent, & vehement labeur de corps & d'eẛprit. Auẛẛi fault fuyr ire, courroux, triẛteẛẛe, tout ẛroit au corps, & ẛur toutes choẛes la craincte de mourir & Venus immoderée & tout labeur & exercice violent, dont s'enẛuyt laẛsitude & paẛẛion au corps à prendre plus de vapeur veneneux.


* Conuiient nettoyer ẛouuẽt la chãbre, & l'arrouẛer d'eaue de fontaine freẛche, auecq laquelle on meẛlera vn peu de quelque bỡ vinaigre, & eaue roẛe, & peu de camphre. Auẛsi on iectera par la chambre roẛes freẛches, girouflées, violettes, feuille de vigne, d'yranger, de ẛaule, & choẛes ẛemblables ẛelon leur ẛaiẛon.


* Les feneẛtres du midy ẛeront fermées, en ouurãt celles du nort, et d'orient, ẛinon que la peẛte vint d'icelle part. Il ẛera bon ẛe retirer de bỡn'heure, & fuyr le ẛerein & les rayons de la lune.


* Le ẛoir & toute la nuict la chãbre ẛera diligement fermée en forte que le ẛerein & vẽt n'y entre aulcunemẽt.
Et meilleur ẛera coucher es lieux nṏ rheuaticques, ne humides. Aulcữs Medecins conẛeillent porter au col, ou es doigtz, rubins, eẛmeraudes, ẛaphirs, hyacinthes & aultres pierres precieẛes, auẛqlz ie ne repugne poinct, pource que telles pierres ne ẛcauroient nuyre, & reẛiouiẛẛent la veue, les eẛpritz, & conẛequenment le cueur.


* Il ẛera bon mettre coffres, ou garde robes eẛquelz on tient les habillemens, lauandre, aẛpic, roẛes, ẛouchet, pouldre de violete, auecq'muẛc & ambre, & changer ẛouuent de chemiẛe & habillemens.

Signes par leẛquelz on congnoiẛt l'homme attainct de peẛte.


ET ẛi par fortune, en conuerẛant auecq'les infectz, ou par grande putrefactiỡ de l'air, ou par mauuluais regime, aduenoit que quelc'vn feuẛt prins de ceẛte cỡtagieuẛe maladie, ce congnoiẛtra p les ẛignes qui s'ẽẛuiuẽt.


* Il aura incontinent douleur au cueur & à la teḟte, ardeur & angoiẛẛeur dedans le corps, ẛans grand chaleur es parties externes, vomit, ou appetit de vomir. Aulcunes fois flux de ventre de cholere puante, & ẛera aẛẛommé, meẛmement quant la boce ou carbữcle ẛort. Aura le viẛage fort changé de on naturel, de rougeur eriẛypelateuẛe, le regard eẛtrange, les yeux ardans, battement de cueur, puanteur de ce qui ẛortira de son corps, comm'vtine, halaine, & aultres ẛuperfluitez, vanitez & foybleẛẛes, auecq ẛueur lente, froide & puante ẛans allegement, reẛuerie, troublemẽt deẛẽs. Galẽ.2. de preẛa pulẛuum. Car-buncles, enflure en l'aigne, ẛoubz l'aiẛẛelle, pres des oreilles, auecq douleur de la cuiẛẛe, du bras, ou du col, quelquesfoys auecq ẛpaẛme quand la tumeur eẛt au col. Aulcuns frappez de peẛte auant q ẛentir la fiebure, iectent la peẛte ou bubon ou boce à l'vng des emunctoires, qui eẛt ẛigne que le cueur eẛt fort, pouẛẛat hors le venin : mais la plus ẛouuent la fiebure commence auant le bubon ou boce ẛorte quelques iours, aulcunefoys ne ẛort ẛinon apres la mort : en quelques vngs on ne trouue que taches violetes ou noyres. Aulcunes foys ya crachatz de ẛang, & puẛtules noyres, et vlceres par tout le corps. Gal.v. meth.


* Et encores on ẛera plus certain, ẛi en la maiẛon, ou aupres, eẛt mort, ou malade aulcữ de ẛemblable maladie,
* Et ẛi en ce temps la courent maladies qu'on appelle petites vayrolles, Serempion, poulpre, & ẛpaules, purpurées, violettes, ou noyres ẛemées par tout le corps.


* Et ne fault touẛiours s'arreẛter aux vrines, ne au poulx, en telle maladie, car ẛouuent ne ẛont fort changez du naturel, & neantmoins le malade s'en va mourir' Auic.& Gal'au lib.3. de preẛag. pulẛum.


* Toutesfoys ẛelon ceulx qui ont gouuerné les peẛtiferez, l'vrine eẛt quelquefoys ẛubtile, ardente & cholerique, quelquesfoys tanée, noiraẛtre, auecqs hypoẛtaẛe liuide ou noire, trouble comme lye fr vin : mais tous ces ẛignes ne ẛe touuent touẛiours en tous.

* De la cure de peẛte, & comment ẛe doibt faire la ẛeignée.


LA Maladie cṏgneue par les ẛignes ẛuẛdictz, ou aulcuns d'eulx, le Chirurgien a ce deputé, apres auoir faict bailler ẛuppoẛitoyre, ou clyẛtere, interrogera le patient s'il ẛent enfleure ou douleur en aulcun emunctoire, c'eẛt à dire pres des oreilles, ẛoubz les ayẛẛelles, en l'aygne ou en aultre part. S'il dict y en auoir, ẛoit incontinent ẛeigné du coẛté ou il ẛent la douleur, & de la vene qui reẛpond plus droictement au lieu dolent. S'il nye auoir enflure ou douleur, qu'on le eigne de la baẛilicque dextre, en applicant ventouẛes ẛur tous les emunctoires durant la ẛeignée, & qu'on tire du ẛang ẛelon la vertu. Ie ẛcay bien qu' aulcuns medecins modernes ont ceẛte opinion qu'en peẛte, la ẛeignée enuyt plus qu'elle ne proficte : comm'en ceulx qui font enpoiẛonnez, ou mordus de chien enragé : & alleguet quelques rayẛons, & ie ne ẛcay quelles experiences. Mais puis que Galẽ.Auic. Paul. Aeginete, Manard et aultres medecins experimentez auecq'raiẛon, vẛent de ẛeignée pour ẛeicher le corps, pour diminuer la cacohymie & pouriture, pour alleger nature, & diuertir le venin du cueur, ẛuyurons leur conẛeil, attẽdu qu'en toute fiebure aigue auecq'pouriture la ẛeignée eẛt louée de Gal.ii.method.

* Comment fault de defendre le cueur & aultres parties.


LE cueur, le foye, les trẛticules ẛoyent confortez ẛouuent par epithimes, à la maniere qui s'enẛuit.


* Prenez demye liure d'eaue ẛose, deux doigtz de bon vin odoriferant, vn peu de vinaigre roẛat, en y adiouẛtant pouldres de roẛes, ẛandaux, marguerites, coral, ẛaffran & vn peu de camphre, & ẛoyẽt eẛtuuées leẛdictes parties auecq piece d'eẛcarlate ou linge blanc vn peu tiede.


* On pourra auẛsi bailler l'Ecteuaire diambra, diamargatiton froit, ou aultres cordialz, ou de quelqu'opiate, ou condit cordial, comm'eẛt dict en la preẛeruation deẛẛus.

La maniere de viure, du malade.


LA maniere de viure ẛoit ordonnée, comme d'vnqui a fiebure cṏtinue. Mais conuient en ceẛte maladie plus ẛouuent nourrir, que es aultres fiebures putides, en s'efforcent & prenent courage. Aetius.& Auic,


* Quand au boyre, ẛi la vertu eẛt fort foyble auec douleur de cueur, & d'eẛtomach, fault vẛer d'vn peu de bon vin ẛubtil, auecq trois ou quatre foys d'eaue. Et hors de repas boyra ẛyrop de limons, de ẛuc de citron, de granades, de ribes, ou de ẛemblables auecq eaue cuicte, en laquelle aulcuns font boullir quelques pieces d'or, ou pouldres de marguerites ou d'hyacinthe, ou eẛmeraude.

Preparation de la chambre du malade.


SI le patient a dequoy, il fault preparer trois ou quatre chãbres, eẛquel les on fera feuz clairs de boys non pourry. Et conuiendra muer ledict patient ẛouuent iour & nuict de chãbre en chambre. Et apres qu'il aura ẛorty de la premier, fauldra la purifier auecq leẛdictz feuz et perfums deẛẛuẛdictz ce pendant quil ẛera en la ẛeconde, & ainẛi par ordre fauldra nettoyer les aultres chambres

* Des Euacuations du malade.


VN jour apres la ẛeignée, fault minorer & purger legierement le malade, s'il ne ẛuruient grand flux de ventre, car communement en telle maladie les humeurs ẛont furieux. Et ẛi le mal n'eẛt extremement aigu, qu'il donne delay au patient, apres la coction de la matiere, fauldra purger plus fort, ẛelṏ la vertu, & nature, des heumeurs. Aetius. Aulcuns cỡẛeillẽt de purger fort au cṏmẽcemẽt pour ẛeicher le corps, & diuertir le venin du cueur, attendu que les humeurs ẛont furieux, leẛquelz doibuent eẛtre euacuez au commẽcement de la maladie, ẛelon Hippoc. & me ẛemble q ne fault imiter ceulxqu diẛent qu'en peẛte medecines laxatiues nuiẛẽt pl'que ne profictent, attẽdu que Galẽ.au 6. de la methode dict qu'au tẽps de la peẛte qui fut à Rome de ẛon temps, ceulx la furent garis, dequelz le corps fut ẛeiché & purgé par vomit & par le ventre. Auẛsi ẛera bon prouoquer les vrines auec perẛil, & la ẛueur anecq'eaue de chardon beniẛt, ou par aultres moiens. Mattiol Medecin Italien, en ẛes commentaires ẛur Dioẛcoride, dict auoir entendu des medecins dignes de foy, & ẛouuent exprimenté, que l'antimoine bien preparé, eẛt vng ẛingulier remede pour faire ẛortir le venin peẛtilential par vomit & flux de ventre.


La raiẛon alleguée par pluẛieurs eẛt, que tout ainẛi que l'antimoine meẛlé anecq les metaulx en la fornaiẛe,les purifie de tout imműdicité, auẛsi luy prins par la bouche il purifie les corps de la putrefaction, qui cauẛe la peẛte. On en baille le poix de troys ou quatre grains ou dauantaige, ẛelỡ la verité auecq' cỠẛerue de roẛe, mais fauldroit le bailler incontinent qu'on ẛe ẛent attainct de peẛte, car quaut la tumeur ou apoẛteme eẛt fort apparent ez emmuctoires, me ẛemble eẛtre le meilleur attirer le dict venin à ladicte tumeur, pour luy bailler yẛẛue par la que de le retirer violentement à l'eẛtomach pour expellir par vomir. Pluẛieurs en ceẛte ville, le preparent, meẛmement le petit almam en rue des argentiers.


* I'ay entendu par ceulx qui ont veu l'experience, que de Turcquie, on à enuoyé à la court du Roy de Frãce, vne pouldre, de laquelle ẛi vn frappé de peẛte en prẽt le poys d'vn eẛcu, elle prouocque à dormir & chaẛẛe le venin du cueur promptement à l'vn des emunctoires, ẛaiẛant groẛẛe tumeur & apoẛteme, qui facillement ẛe ẛuppure en ẛorte que tous ceulx qui en ont prins auant que ne ẛuẛẛẽt à l'extremite : ẛṏt guariz Quelque perẛonnage eẛtant ala court en à enuoyé à Angers à quelque amy ẛiẽ au temps de la peẛte, lequel à experimẽté le dicte remede de pluẛieurs qui eẛtoient touchez de peẛte ẛi cruelle, que quaẛi tous mouroiẽt, fors ceulx qui prindrent ladice pouldre.


* Si ce diuin remede a la proprieté, que i'ay entendu par gens dignes de foy, les adminiẛtrateurs dez republiques ne deburoyent eẛpargner aulcune choẛe pour le recuurer, ou la recepte d'icelluy, Ie croys ue la pouldre deẛẛus preẛcripte, approche fort à ẛa vertu & efficaçe.

* Comment fault penẛer le Carbuncle & la tumeur, ou boce.



LA tumeur des emunctoires, que le commun appelle peẛte, glande, ou boce. Et le carbữcle qui viẽt en la face, ou gorge, poictrine, ventre ou aultre part, ẛont en general traictez et guaris quaẛi par melme methode, ẛcauoir eẛt. Premieremẽt par attractifz, pour attirer le venin au lieu de la tumeur. Secṏdemẽt par ẛcarificatiỡs et cauteres, ou ẛuppurations & ouuertures pour bailler yẛẛue au venin. Tiercemẽt par defẽẛiẛz entour & ẛedatifz de douleur, en faiẛant tữber l'eẛcarre. Quartemẽt par mữdificaifz, incarnatifiz, &c. comm'es aultres vlceres.


A ceẛte cauẛe aulcuns au commencement pour atirer, applicquent ẛur la tumeur, ongnon cuict pilé auec ẛel & theriacque, ou pain tout chailt venãt du four, ou ventouẛe. Si la maladie n'eẛt ẛi violente, & qu'elle donne loyẛir, monẛtrãt ẛigne de ẛuppuratiỡ on y appliquer, pour maturer Diachylum cum gữmis, ou pro bocio, ou ongnỡ cuict auecq moyeu d'oeuf & theriacque, ou tapẛus barbatus auecq ẛel & moyẽ d'oeuf, Seneẛẛon, limas touges & ongnon cuict, auecq ville, greẛẛe, ẛuppuret, & oẛtẽt la douleur. Et fault auant que la tumeur ou boce ẛoyt du tout mollifiée preuenir à l'ouurir auec lancete, ou cautere actuel ou potential. Et ẛi leẛdictes apoẛtemes tat boce que carbuncle ẛont extremement malings, aulcuns des le commencement ẛans y applicquer aultre remede, l'ouurent par cautere actuel, en faiẛant ẛcarifications aẛẛez profundes ẛe gardant d'attaindre les nerfz, ẛe gardant auẛsi de violence & grande doleures arteres. A ceulx qui craingnent le cautere actuel, fault mettre ẛangẛues & faire tirer le ẛang corrompu, ou applicquer cautere potential feict de catharides, ou de ranunculus, ou pata leonis, perẛicaria, daphnoides, tithymale chaux viue, ẛauum ou capitel. Aulcuns mortifient le carbuncle auecq arẛenic, ou ẛublimé, en cecy fault cuiter la grand doleur, de peur d'augmenter la fiebure & faire venir ẛpaẛme & mauluais accident.


* Apres auoir ouuert leẛdicts apoẛemes & faict tumber l'eẛcharre & crouẛte, auecq burre, ẛera bon applicquer ẛur le lieu ouuert, le cul d'vne poullaille vine en luy ferment le bec, pour attirer le venin de l'athrac & carbuncle, & apres qu'elle ẛera morte y en mettre vne aultre viue, ou fendre vne poullaille, ou pigeon, par ẛur leẛchine, ou poictrine & lapplicquer ẛur le lieu.


Les autres, au lieu de poulie y applicquent ventouẛes. Puis le Chirurgien mundifiera le lieu vlceré, auecq miel, farine d(orge, & ẛuc d'ache, ou par aultres ẛemblables mundificatifz, & laiẛẛera le lieu ouuert le pl' qu'il pourra,auant que cỡẛolider, & corrigera les accidents ẛuruenen.


* La maniere d'uẛer & applicquer les remedes ẛuẛdictz, ie la laiẛẛe a la prudence & diẛcretion du Chirurgien à ce deputé : lequel ẛoit choiẛi ẛcauant & expert, aiant dexterité d'appliquer ledictz remedes ẛans grãd' douleur : lequel en choẛes doubteuẛes aduertira les Medecins & Chirurgiens experts des tumeurs, dulieu & accidens, pour en auoir leur aduis.

* Prognoẛtiques de guairiẛon en ceẛte maladie.



SI le patient a quelqu'appetit, auec courage & eẛpoir de guairiẛon.


S'ilz ẛortent par le cuyr petitz froncles, & puẛtules, ẛans flux de ventre, Galen meth Act.


il ẛuruient par tout le corps ẛueur chaulde en iour decretoyre.


Si les accidens ẛuẛdictz es ẛignes de peẛte, ẛont en luy petitz & en peu de nombre.


Si la boce eẛt groẛẛe & facilemẽt ẛuppure le charbon loing du cueur & rouge ou citrin.

* Prognoẛtiques de mort, ou de grans peril.



SI auecq carbuncle, ou macules noires, & ẛpaule, ẛuruient flux de ventre, ou vomit. Act. Si les carbuncle ẛont de couleur cendreuẛe, ou verte, bleu, ou de diuerẛes couleurs comme l'arc du ciel, & encore la plus mauluaiẛe couleur eẛt la noire.

Si les taches, ẛpaules, ou carbữcles s'en retournent dedans le corps ẛans qu'apres vienne flux de ventre qui allege le patient. Aetius.

Ne dormir poict, crancte de mourir, ẛueur lente & froyde, ne mãger rien, boyre ẛouuent, douleur d'eẛtomach & de teẛte continue, ẛortir du lict auecq reẛuerie, l'vtine trouble comme lie de vin, halayne puante.

* Ce qui conuient faire aux domeẛtiques cantagiez, & la maniere de purger les maiẛons pour ẛeurement y demourer.


SEra le plus expedient aux domeẛtiques, & ceulx qui auront conuerẛé en la maiẛon infecte, s'en aller le pluẛtoẛt qu'il ẛera possible la ou bon leur ẛemblera aux champs, ou il ẛe feront ẛeigner, ou purger, ou l'vn & l'aultre ẛi beẛoing eẛt. Et s'eẛtudieront à entretenir les trois conditions dictes en la preẛeruation. Silz nont bourdieu à eulx ou de quelque amy, ẛeroit bon auoir preẛtes quelques cabbanes aux champs. Et s'ilz ẛont enclos en la dictete maiẛon infecte, qu'ilz facent iour & nuict grandz feuz & perfums & les vtenẛilles ẛalles de peu de valeur.


* Et fault noter que ledict venin & vapeur demeure long tẽps ez pores du corps infect loing du cueur, & le perẛonnage ne ẛent poinct de mal pour vng temps combien qu'il porte auecq ẛoy la semence de contagion : mais peu a peu monte au cueur, & finablemẽt ẛe fera cognoiẛtre comme la morẛure d'vng chien enragé, duqlle venin ẛe tient caché long temps dedans le corps iuẛqu'ad ce qu'il ait mỡté au cerueau.


* Quant à la durée de la contagion et du temps ẛuffiẛant pour totalemẽt purger & nettoyer ceẛte ordure peẛtifere des maiẛons fermées, aulcuns luy baillent terme d'vn moys, aulcữs deux moys, les ultres quarẽte iours.


Mais ceulx qui bien regardent la nature et differences des contagions, et que c'eẛt vne qualité veneneuẛe ayãt pluẛieurs degrez, ne donnent terme egal à toutes cỡtagions, diẛãt qu'aulcune pourroit ẛe trouuer tãt haulte que de troys moys ny quatre ne fera la maiẛỡ ẛeure Comme pour exẽple, ẛi ẛont mortz pluẛieurs de ce mal en quelque maiẛỡ vielle, baẛẛe, obẛcure, ou iamais le Soleil n'entre, ou vẽt ne ẛouffle, ẛituée en lieu humide pres de quelq'eaue morte ou cloacque, ou de quelq ordurette. Et que quelque vieille perẛỡne ẛeiche enfermée ẛeule, ẛoit ignorante ou negligẽte de faire aulcun cṏte de curer, nettoyerla maiẛỡ, nul ẛage de long tẽps ne s'y fourre, au moins pour menger & coucher.


* Au contraire ẛi vn eẛt mort en maiẛon ẛituée en hault lieu, ayant grandes & pluẛieurs feneẛtres prenant le Soleil & vent de nort, ou pluẛieurs enfermez promptement ayant faict bruẛler paille & linceux les plus contagieux a ẛalles. Auẛsi iour & nuict ayẽt faict fruz de boys net & ẛec, tenant pluẛieurs chauffrettes plaines de braiẛe auecq perfums à ce neceẛẛaires, laiẛẛant touẛiours coffres, armeres, boëtte, garderobes ouuertes : iectant par tout le logis herbes odorferãtes comme ẛaulge, maiorane, lauandre, laurier, aẛpic : quelquefoys l'arrouẛant de vinaigre auecq eaue roẛe, ou d'aultre eaue de ẛanteur, eẛt vray ẛemblable que la contagiỡ en tel lieu ẛera plutoẛt abolie & eẛteincte qu'en l'autre.


* Vne choẛe ya bien à noter, que ceẛt'ordure & morcelle infection ẛe prent pluẛtoẛt, & plus tard s'en va de certaines vtenẛlles & meubles, come me ẛont choẛes ayant le corps mol, rare, ou poreux. Telle eẛt la paille, ẛillace, eẛtouppes, laine, plume, linge, tapis, couuettes, meẛmement veluz, habillemens de drap, robes fourrées, coffres, armaires, Deẛquelles choẛes les vnes fault bruẛler, Les aultres hault en greniers ou galataz fault eẛtendre au vent et soleil : & que ceulx qui les maniront n'obmettent les remedes preẛeruatifz.

* Ce que doybuent faire les voyẛins des maiẛons infectes.


VN grain de rayẛin pourry corrumpt tout le reẛte du rayẛin, & vne brebis infecte gaẛte tout le troupeau. Ainẛi l'halayne d'vn hỡme ẛeul malade de fiebure peẛtilentiale inficiẛt l'air de la maiẛon & facilement du voyẛinage, & par conẛequẽt ceulx qui l'inipirent & attirent a eulx meẛmement s'ilz ont les humeurs preparez à eẛtre alterez & ẛurniontez de la purefaction. Pluẛtoẛt ẛont prins de la contagion les prochains du malade, & de ẛon ẛang & parenté, de ẛon eage & complexion.


* A ceẛte cauẛe, tous les voyẛins de ladicte maiẛon infecte, ẛeront diligés à faire nettoyer & purifier leur maiẛons & la rue en oẛtãt toutes les cauẛes de putrefaction dictes au cỡmencement de ce traicté apres auoir diligemment faict oẛter les ordures de toutes les rues, & plus diligemẽt des ruettes.


* Pour mieux purifier l'air fault faire par l'eẛpace de quelques iours, le ẛoir grandz feuz par leẛ dictes rues, comm'on faict la veille de ẛainct Iehan Baptiẛte, à l'imitation d'Acron Agrigentin, & d'Hippocrares qui par ce moyen chaẛẛa la peẛte de la ville d'Athenes, & de la Grece. Leẛdictz feuz ẛeront faictz ez lieux plus ẛuẛpectz & infectz, pres des boucheries, & d'ou on habille les cuirs & pealx, & ou l'air eẛt eẛtouffé, non purifié, ne par ẛoleil, ne par vent de nort, & faut que ledict feu ne ẛoit petit, ains grand & de longue durée : de boys ẛec non puant auquel (comme à eẛté dict) on adiouẛtera laurier, roẛmarin, geneutier, enẛant & aultres choẛes aromatiques.


Auẛsi pour tenir l'air de la ville net & pur, ẛeroit bṏ mettre ordre qu'aulcun pauure n'allaẛt vagãt par la ville.


Et pour ce quil y a troys manieres de pauures, les vngs ẛains & valides, les aultres vlceres, grateleux, les aultres griefuement malades & couchez quant aux valides & ẛains, fauldroit les enuoyer au dioceẛe & pays d'ou ẛont venus, en leur baillant quelque choẛe pour les cỡduire, auecq lettres à leur paẛteur de pouruoir a leur neceẛsité : ou les faire trauailler à oẛter les bourriers et ordures de la ville : & ẛeroit bon que les vicaires feiẛẛent ẛcauoir, ẛi aulcuns ẛe vouldroient ayder de leur ẛeruice aux vignes, ou a aultres vẛages. Quant aux grateleux rougneux & vlcerez, ẛeroie neceẛsaire qu'ilz n'alaẛẛent par ville, car tell'infection de cuir eẛt cỡtagieuẛe, et coinquine l'air des portes la ou il ẛ'arreẛtent : le rendent plus preparé à recepuoir putrefaction.


Et ẛi quelqu'vng veult dire que c'eẛt contre le debuoir d'humanité & charité de faire retirer les pauures, ie trouue que ceẛt plus grand charité de les faire trauailler, les mettre à meẛtier & les faire guarir & pẽẛer des galles, vlceres & aultres infections de cuir, que de les laiẛẛer eẛtre vaguabons & errans par les rues & aux portes des habitans de la ville.


Quant aux aultres pauures qui ẛont griuement malades & couchez au lict, fault les traicter diligẽment comme aultres foys ay monẛtré par vng aduertiẛẛement ẛur la police de l'hoẛpital de c'eẛte ville, baillé à meẛsieurs les Iuratz, auquel auẛsi eẛt cỡtenue la maniere de tenir l'hoẛpital net de pluẛieurs ordures & immundicitez, leẛquelles peuuent porter infection, & putrefaction abominable tant aux pauures, auaux habitans de la ville qui vont viẛiter ledict hoẛpital. Pour retourner à la preẛeruation de la ville, il ẛeroit bon qu'en chaẛcune paroiẛẛe ou rue y eult certains hỡmes deẛtinez a viẛiter le dedans des maiẛons, & contraindre les habitans à tenir leur dictes maisons nettes, & qu'il n'y ait ordure ou choẛe deẛplaiẛante au ẛens ou au cueur.


Qu'on mettre diligence, que l'eau du ruiẛẛeau qui paẛẛe par la ville coure librement, pour emporter toutes immundicitez qu'on iecte dedans.


Que les lauendieres des buées ẛoiẽt certaines & nṏ infectes, & que le linge ẛoit laué en eau courante & pure : puys ẛeiché plus diligemment qu'en aultre temps & mis ez coffres aromatizez d'herbes odoriferentes ẛeiches comm'a eẛte dict.


Doncq la cṏclusion & ẛommaire de ce traicté eẛt, que la preẛeruation & curation de la peẛte, cỡẛiẛte en la purification & deẛiccation vniuerẛelle de l'air de la ville, pus en particulier de l'air des maiẛons, & des habitans : Leẛ quelz ẛeront ẛeichez par ẛeignée, comme dict eẛt.


Purgations & benefice de vẽtre ordinaire : vomit en ceulx qui facilemẽt vomiẛẛent : prouocation de ẛueur d'vrines, & aultres euacuatiỡs d'exremens & ẛuperfluitez, principalement par ẛobriete, continẽce, tolerance de ẛsoif. Par l'vẛage des :


Alimens de bon ẛuc, ẛans grandz exremẽs, pour nourriture ordinaire.


Choẛes icides, cỡme Vinaigre, Veriuẛt, Vinete, Yrange, Citrons, Limons, pour ẛaulce.


Salées de mediocre ẛubẛtance, voyre d'Harẽs, Sardines, Enchois, Cappres, Oliues, pour roborer l'eẛtomach, ẛeicher les ẛuperfluitez. Mais fauldroit ne boire ẛelon la ẛoi.


Amaires, Aloe, Rhabarbe, Agaric, Myrrhe, ẛemence contre les vers pour les enfans.


Adẛteingentes, Bol armeniac, terre figillée, Coral, Roẛes, Myrobalans cỡfietz, Coudougnat, pour roborer l'eẛtomach, & ẛeicher les ẛuperfluitez.


Et aultres, qui reẛiẛimples. Noix ẛeivhe ou conficte, eau diẛtillée de noix ou de fleu de noyer, huylle de noyx, prins en boullon, & tenu en lampes allumées iour & nuict en la chambre.



BRudus dict que l'ail crud ou cuict, ou en ẛaulce, eẛt excellent remede à la preẛeruation & curatiṏ de la peẛte. Car il robore la vertu, oẛte la pourriture de l'eẛtomach, chaẛẛe lacraincte & peur qu'on a de ceẛte maladie : mays à ceulx qui ne l'ont accouẛtumé, fault e cuire.

Aulcuns louent fort les lentilles cuictes, en adiouẛtant vnh peu fr vinaigre, ou veriuẛt.

Auẛsi mil prins en pain, ou en aultres formes comm'on vẛe en Biart, Medoc & aultres pays, pour la grande vertu deẛiccatiue.


AVEC ce petit regime, aydant la grace de Dieu, i'eẛpere que la peẛte ceẛẛera, ou diminuera : attendu que nous venons au temps chault & ẛec. Car tout ainẛi que le Seigneur a excité ce mal par longues pluyes & années precedentes intemerées & mal aẛẛaiẛonés, ainsi le chaẛẛera par leur contraire, qui eẛt ẛeichereẛẛe, ẛe ẛeruent des elemens & corps celeẛtes à ẛson bon plaiẛir & conẛeil, à leẛprit de l'homme incompehenẛible.


AD
D.P. PICHOTIVM ANDEGA
num, Doctorem medicum in alma Burdigalenẛi Diatruba longè praestants??imum,</enter>
ANTO. Valetii Iunianenẛis
Decastichon

Creditur extinctu medicis Epidaurius herbbie

Androgeum patriae restitui??e ẛuae.

Tradition & reduce ẛcelerata fraude perepta

Hippolto vitam, dapẛilus artis ope.

Poeonis hec valido praestas medicamine : nate

Spicula dira necis di??olul??eiuuat.

Atq ; aguinẛultus pestus, dum fida proinas

Pharmaca : queis vitadas redunte frui

Sic ducete fugiunt morbi ; quid multa ? latet

mors :

AmbigitAndeganus ẛisne, vel Hipocrates

Valedimes Medicine hoẛpitium.