Description du département de l’Oise/Mouy

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P. Didot l’ainé (1p. 303-306).
MOUY.


Mouy n’étoit autrefois qu’un petit village ; ses étoffes le firent valoir : il appartenoit à la maison Soyecourt.

On compte dans Mouy environ deux cents métiers, sur lesquels on fabrique des serges très estimées ; chaque métier peut employer quatre personnes. Ces serges sont propres à l’habillement des troupes et des gens de campagne : on les porte à Beauvais, à Paris, à Rouen, à Amiens, en Flandre.

Cette manufacture devient de jour en jour plus importante ; elle mérite toute l’attention du gouvernement. Les terres des environs sont aquatiques, et souvent couvertes d’eau : le Thérain noie les prairies ; il y cause de grands dommages.

Mouy est au fond d’un vallon.

Il est dominé à droite par la montagne de Mouchy, à gauche par celle d’Houdainville et d’Augy. Du haut de ces montagnes on suit les contours du Thérain ; la vue s’étend dans la vallée jusqu’à Hermes et Berthecourt.

Mouy ne peut se procurer de bonnes pierres que dans les environs d’Augy, de Mérard et de Rousseloy : c’est dans ces trois communes qu’on a pris celles dont on a construit l’hôtel de-ville de Beau vais.

Mouy est entouré de cinquante arpents de prés qui donnent d’assez bons foins : on y voit quelques saules, quelques peupliers ; mais point d’arbres fruitiers. Ce pays médiocre ne vit que par son industrie manufacturiere.

Le prince de Conti étoit seigneur de ce bourg ; il passa depuis dans les mains de Monsieur.

On ne peut s’y rendre que par des chaussées presque impraticables.

Heilles fournit des légumes, des navets, des carottes à Beauvais.

Saint-Félix n’est remarquable que par quelques petits vignobles, qui donnent un vin blanc très léger, assez recherché dans le pays.

Houdainville n’offre aux curieux que le château de madame de Saint-Maurice ; il est bâti depuis vingt ans dans le goût moderne, entouré d’un parc de cent arpents.

Il y a peu de cultivateurs dans la vallée d’Houdainville s on y voit deux ou trois métiers à serges.

Du château de Thury, appartenant à la maison de Cassini, adossé à la forêt de la Neuville-en-Hez, la vue s’étend sur la vallée d’Houdainville. Les terres qui l’environnent sont médiocres.

Il n’est point de pays plus triste que celui d’Augy, dans un fond de sable et de mauvaises terres, derriere la montagne de Thury. Quelques fabricants de serge y travaillent pour Mouy.

Ansac, au fond d’un entonnoir, entouré de montagnes qui l’écrasent et le bornent à cent pas de tous les côtés, eut jadis un château fort : on y voit rarement le soleil. Les enfants y préparent de la laine pour la fabrique de Mouy, comme ceux d’Augy et d’Houdainville.

Auvillers est sur la montagne, dans une grande plaine qui s’étend presque jusqu’à Clermont.

De cette commune on a la vue la plus étendue ; on apperçoit le château de Mello, Chantilly, Champlatreux, Senlis, la Butte-d’Aumont, la vallée de Creil, Liancourt, et la grande plaine de Grand-Fresnoy, qui se prolonge jusqu’à Compiegne.

Le château d’Auvillers n’est pas fort grand ; c’est une très jolie habitation.

Neuilly-sous-Clermont est dans un fond, entre deux montagnes arides ; on y cultive des haricots, des chardons, des cerises. Pas un pauvre dans cette commune.

Cambronne est un pays peu riche : on y jouit d’une vue superbe ; c’est à-peu-près celle d’Auvillers ; la montagne de Liancourt lui cache les environs de Compiegne.

Bury est dans un fond ; mais de la montagne qui le domine on voit la vallée pittoresque qui s’étend de Mouy jusqu’à Beauvais ; on distingue la côte de Terdonne et son clocher, le bois de Merle-mont, la cathédrale et le séminaire de Beauvais, la forêt de la Neuville-en-Hez, etc., etc.