Description du département de l’Oise/Troissereux

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P. Didot l’ainé (1p. 209-211).


TROISSEREUX.


Troissereux est un village assez considérable, situé dans une vallée très pittoresque sur la riviere du Thérain : on cultive beaucoup de chanvre dans ses environs ; il est entouré de marais susceptibles de grandes améliorations. Les plantations d’arbres fruitiers sont considérables dans ce canton.

Le château, situé au milieu des eaux, est solidement bâti de briques et de pierres de taille, d’une construction moderne ; les grandes allées, les prairies, les bois voisins, et la montagne de Milly rendent cette habitation délicieuse ; on ne peut lui reprocher qu’une humidité nécessairement mal-saine, par la difficulté d’entrenir en bon état tous les canaux qui l’environnent.

Jean de Rheims, sieur de Troissereux, en 1472, à l’époque du siege de Beauvais, alla chercher des secours pour la défendre.

Le château de Troissereux appartient à la maison de Corberon.

Milly, qui n’est qu’un village à deux lieues de Beauvais, étoit autrefois une ville considérable : il reste encore quelques ruines de son château et de ses portes.

La châtellenie de Milly est des plus anciennes. Dans le manuscrit de M. Vion d’Héronval, qui contient plusieurs titres de l’époque de Philippe-Auguste, on trouve deux seigneurs de Milly au nombre des châtelains : ces seigneurs étoient alliés à ceux de Bulles. Sagalan ou Savalon de Milly eut de grands différents avec l’église de Beauvais et l’abbaye de Saint-Lucien ; ils se terminerent à l’amiable : il fonda le prieuré de Milly, il y établit huit chanoines et six chapelains en 1154.

Il y eut à Milly deux églises paroissiales, Notre-Dame, et S.-Hilaire.

Simon prétend que la châtellenie de Milly est nommée Carmiliaca dans l’itinéraire d’Antonin.

Il est parlé des chanoines de Milly au concile de Beauvais, l’an 1114.

La ville de Milly fut prise par Mercadé et Mor-tain, capitaines anglais, en 1197.

Guillaume de Neufbrige veut que Philippe de Dreux ait été pris avec Guillaume de Milly en secourant Milly, assiégé par le roi d’Angleterre ; il y a plus d’apparence qu’il fut pris auprès de cette ville pendant le siege de Gerberoy.

La ville et le château de Milly furent ruinés, en 1442, par le comte d’Étampes, gouverneur de la Picardie pour le duc de Bourgogne, après trois semaines de siege, parceque Pierre Renaud de la Hire, qui en étoit capitaine, pilloit tous les partis. Matthieu d’Humieres fut tué à ce siege : le sieur de Saveuse s’y distingua en 1440. Le même Pierre Renaud avoit défait la commune d’Abbeville, et avoit fait conduire dans Milly les dépouilles de cette ville et de ses environs.

En 1360 cette commune appartenoit à Jeanne de Milly, veuve de Picquigny ; en 1400 les deux tiers de Milly étoient à Renaud de Roye, chambellan du roi, et l’autre tiers à Renaud de Picquigny. Un titre de la même année (du comte de Clermont) marque que ces deux tiers devoient lui retourner faute d’hoirs mâles : l’autre tiers a passé des seigneurs de Picquigny à ceux de Roufflers par succession ; depuis, le roi a cédé à M. le duc de Boufflers les deux tiers qui avoient autrefois été réunis au comté de Clermont.