Description historique et géographique de l’Indostan/Préface de l’auteur

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PRÉFACE
DE L’AUTEUR.



Les particularités relatives à l’Indostan étant devenues un objet de curiosité pour le public, on ne peut regarder comme inutile de mettre sous ses yeux un système perfectionné de la géographie de ce pays. L’accueil flatteur qu’a reçu mon premier Ouvrage sur le même sujet, m’a fait, en quelque sorte, une obligation d’un travail auquel je m’étais livré par goût dans l’origine. L’indulgence du public pour les premiers essais que je lui présentai en 1782, m’a fait éprouver le désir d’employer tous les moyens de rendre mon Ouvrage plus parfait. J’ai craint seulement de paraître exiger du public une taxe additionnelle, lorsque je venais de recevoir si récemment le prix de mon premier travail.

Des matériaux immenses, ajoutés à ceux que j’avais recueillis précédemment, me mettent à même de donner un ouvrage plus parfait que le premier ; aussi l’ai-je tracé sur une échelle plus grande, la surface de la Carte que je publie aujourd’hui excédant la première dans la proportion de 2¼ à 1.

L’échelle de cette Carte est d’un pouce et demi pour chaque degré de l’équateur ; et la quantité de terres qui s’y trouve représentée, est égale à environ la moitié de l’Europe. Elle se compose de quatre grandes feuilles, qui peuvent être réunies en une seule, si l’on veut embrasser d’un coup-d’œil la totalité ; ou reliées séparément dans un atlas, au gré des acquéreurs.

À l’aide d’une suite d’observations de latitude et de longitude, prises par le capitaine Huddard, le long de la côte de Malabar, ou côte occidentale de l’Inde, la forme de la presqu’île etc. est maintenant très-rapprochée de la vérité : et la côte orientale a été, d’après les observations du col. Pearse, très-perfectionnée dans la distribution de ses parties, quoique sa forme générale n’ait éprouvé que fort peu de changemens. Il a également été tiré une ligne mesurée depuis les provinces du Bengale jusqu’à Nagpour, dans le centre de l’Inde. Cette ligne a non seulement établi un point géographique très-important, dans une partie où il était le plus nécessaire ; mais elle a encore fourni les moyens de se procurer une quantité considérable de matériaux propres à remplir les intervalles vides sur trois côtés de ce point. Enfin la guerre avec Hyder-Ally et Tippoo-sultan, son successeur, nous a procuré un grand nombre de nouveaux renseignemens géographiques, relatifs à diverses parties de la presqu’île, à l’aide des marches des différentes armées et de leurs détachemens, et particulièrement celle du colonel Fullarton (Voyez la Carte N°. 9), dans les provinces méridionales et dans Coimbettore. Telles sont les acquisitions les plus importantes dont la présente Carte est augmentée ; ce qui, en effet, rend plus exacte et plus régulière une portion considérable de la ligne générale, et détermine les proportions de quelques-unes de ses parties principales. Mais des matériaux qui, sans toucher aux proportions générales de la Carte, servent à en remplir les espaces vuides, il s’en trouve une grande quantité. Le Guzerat et les provinces Rajpootes, en particulier, ainsi que le Panjab et le Sindy, ont reçu une augmentation considérable. La partie supérieure du cours du Gange, jusqu’à l’endroit nommé « Bouche de la vache », caverne à travers laquelle passe le Gange, et le cours de la rivière de Gogra jusqu’à sa source, sont tirés de l’Ouvrage de Mr. Bernouilli. En un mot, des additions et des corrections ont été répandues dans toute cette Carte ; et, en général, si nous exceptons la partie méridionale du Bérar, la partie occidentale de la presqu’île, les pays qui bordent l’Indus et le Panjab, la Carte est bien remplie.

Comme le voyage de Mr. Forster, de l’Inde dans la Russie, a donné de nouvelles idées, et éclairci plusieurs passages anciens, j’ai pensé qu’il était convenable de tracer sur une Carte particulière sa route jusqu’à la mer Caspienne, et d’y ajouter les pays contigus à l’Indostan vers le nord et le nord-ouest, de manière à y comprendre Samarcande et les marches d’Alexandre depuis les bords de la mer Caspienne, jusqu’à la rivière Jaxartes (la moderne Sihon, ou Sirr).

Dans la division de l’Indostan en Soubabies, etc. j’ai suivi celle de l’empereur Acbar, parce que je la regarde comme moins sujette à des variations, la connaissance des limites n’étant pas seulement gravée par la tradition dans l’esprit des naturels du pays ; mais aussi consignée dans le Ayin Acbaree, ouvrage qui mérite la plus grande considération. Pour la partie inférieure du Deccan, et la presqu’île en général, privé d’une autorité aussi respectable, j’ai été obligé de recourir aux informations les plus sures qu’il m’a été possible de me procurer ; et j’avoue que je pourrais désirer des renseignemens plus parfaits. Mon attention s’est, en conséquence, dirigée particulièrement sur l’état des divisions modernes dans ces contrées ; et le but principal de mon ouvrage est d’en donner une idée claire et précise.

Il est nécessaire d’observer que depuis le démembrement de l’Empire, il a été fait une nouvelle division de ses provinces ; de sorte que quelques Soubabies font aujourd’hui partie des domaines de trois princes, et même d’un plus grand nombre ; et très-peu se trouvent conservées en entier.

Ces divisions modernes ne sont pas seulement distinguées dans la Carte par les noms de leurs possesseurs actuels ; mais la différence des couleurs a aussi été employée pour faciliter les moyens de les distinguer entre elles. Ainsi, les divisions nouvelles semblent être, en quelque sorte, sur le devant, et les anciennes sur le fonds, les unes servant à donner du jour aux autres.

Si l’on considère la vaste étendue de l’Inde, et combien peu les Européens ont visité l’intérieur du pays jusque vers la fin du siècle dernier, on sera surpris que, dans un intervalle aussi court, l’on ait pu recueillir tant de matériaux géographiques, vu, sur-tout, le peu d’empressement des naturels du pays à en fournir. En effet, nous ne pouvons remonter au-delà de trente-six ans, pour les matériaux qui forment la base de cette Carte ; et l’on ne doit pas oublier que la Compagnie anglaise des Indes orientales a fait lever, à ses propres frais, le plan d’un pays dont l’étendue équivaut à celle de l’Angleterre et de la France prises ensemble ; et qu’en outre, on a mesuré, aussi par son ordre, le contour d’environ 2000 milles de côtes maritimes, et une chaîne d’îles dans une étendue de plus de 500 mille[1].

J’ai indiqué, en général, dans cet Ouvrage, les secours que j’ai reçus de différentes personnes qui m’ont obligeamment procuré des matériaux dont je me suis servi dans la discussion : mais il en est d’autres qui m’ont été infiniment utiles, et à qui je n’ai eu aucune occasion de témoigner ma reconnaissance ; ce sont celles qui m’ont fourni d’excellens avis, et m’ont donné les moyens d’éviter les erreurs dans lesquelles je fusse tombé inévitablement, par l’ignorance où j’étais des circonstances locales ou des faits historiques ; ou par le sens mal entendu des auteurs que j’avais consultés. Les personnes respectables, auxquelles j’ai le plus d’obligation, sont Mrs. Francis Russell, David Anderson et James Anderson[2] ; le cap, Jonathan Scott, Mrs. Wilkins et Middleton, le colonel Popham, et feu le colonel Camac, tous membres attachés à l’Établissement du Bengale ; Mrs. Bensley et Inglis, membres de la direction de la Compagnie des Indes ; Mrs. Marsden, John Sulivan, et Callander, plusieurs d’entr’eux membres des établissemens du fort Marlborough, de Madras, et de Bombay ; et M. Driander.

Je dois à lord Mulgrave la copie de la route tenue par M. Forster, depuis Jummoo jusqu’à la mer Caspienne : je lui suis également redevable d’une infinité de renseignemens de toute espèce, utiles à mon Ouvrage.

Les routes de Mr. Smith et du général Goddard, à travers le continent, depuis la rivière de Jumnah jusqu’à Poonah et à Surate, contiennent d’excellens matériaux ; et elles m’ont fourni les moyens de déterminer beaucoup de points géographiques.

Un Mémoire manuscrit sur le pays des Rajpoots, et autres provinces vers le midi et le sud-ouest d’Agra, avec une Carte, composés l’un et l’autre par P. Wendell, en 1779, m’ont été d’un grand usage dans la description géographique de ces parties de la grande Carte. Pour rendre ce travail plus intéressant encore, j’y ai joint la Notice de Mr. James Anderson, sur les changemens qui ont eu lieu depuis cette époque, en conséquence des attaques et des négociations de Sindia. C’est le colonel Popham qui m’a communiqué le Mémoire ; et je dois la Notice à l’honorable Charles Greville.

Mr. Dalrymple, que je remercie des secours qu’il m’a procurés pour mon premier travail, m’a fourni en cette dernière occasion, non seulement tous les matériaux dont il avait connaissance ; mais il m’a même indiqué les moyens d’en obtenir d’autres, et de puiser dans différentes sources qui ne m’étaient pas connues auparavant. Il a eu aussi la complaisance de m’ouvrir sa précieuse, et peut-être unique, collection de Cartes manuscrites et de voyages. Je prie mes lecteurs de croire, que je parle avec la plus grande sincérité, lorsque je dis que sans les secours de cet homme estimable, mon ouvrage serait très-imparfait. Ainsi, Mr. Dalrymple a des droits positifs à la reconnaissance publique.

La nouvelle traduction de l’Ayin Acbaree peut avoir fait perdre quelque chose de leur valeur aux extraits que m’avait fournis Sir Ch. Boughton Rouse ; cependant, comme cette traduction présente le sujet tout entier, et qu’elle ne pouvait être entreprise que par un homme qui pût y consacrer tout son temps, je n’en suis pas moins reconnaissant du service qu’il m’a rendu.

Le Nouveau Neptune Oriental de Mr. D’Apres m’a beaucoup servi pour les côtes maritimes et les îles. Les Cartes d’Asie et de l’Inde, publiées en 1751 et 1752 par D’Anville, m’ont été aussi d’un grand secours.

Lorsque l’on considère que cet excellent géographe n’avait, pour l’intérieur de l’Inde, que quelques matériaux, des itinéraires vagues et des voyages, on est étonné de l’exactitude de sa description. C’est à regret que je me vois contraint de différer avec lui d’opinion sur quelques positions de la géographie ancienne, et particulièrement de celle de Palibothra et de quelques autres en petit nombre. J’ai, en général, évité toute discussion de cette espèce, vu l’obscurité dont la matière est enveloppée, obscurité que la connaissance parfaite des idiomes indiens ne pourrait même dissiper ; car la ressemblance des noms anciens et modernes expose à de grandes erreurs, à moins qu’elle ne soit appuyée par la situation. Mais je dois me ranger à l’opinion de ceux qui pensent que le Zaradrus de Ptolémée est le Suttuluz ou Setlege, que le Rhuadis ou Adaris est le Rauvee et le Sandabalis, le Chunaub, par la raison que les positions et les noms s’accordent parfaitement. C’est cependant cette partie de Ptolémée que Mr. D’Anville conteste le plus ; mais cela vient de ce que D’Anville ne connaissait pas bien les vrais noms de ces rivières.

Les marches de Mr. De Bussy, dans le Deccan, présentent des données propres à fixer les positions de plusieurs capitales de ce pays, notamment d’Hydrabad, Aurungabad, Bisnagur et Sanore. Il nous manque cependant les Cartes de quelques-unes de ses marches. Si on pouvait se les procurer, elles jetteraient un grand jour sur la géographie de la presqu’île et du Deccan : telles sont celles de Pondicherry à Cuddapah, Adoni et Hydrabad ; celle d’Aurungabad à Nagpour ; et sa campagne vers Poonah. Il existe aussi des itinéraires entre les mains de personnes fort intelligentes, qui ont voyagé de Pondicherry à Delhi ; mais je ne connais aucun moyen de me les procurer. Les registres publics de Goa contiennent, je le sais, une immense quantité de notions géographiques ; et cependant nous connaissons moins ce côté de la presqu’île, que le centre du Deccan.

Si l’on pouvait réunir tous les matériaux épars, concernant la géographie de l’Inde (la plupart sont sans doute entre les mains de personnes qui n’en connaissent pas la valeur), je suis persuadé que l’on serait en état de construire des Cartes complettes de ses différentes provinces, sur des échelles assez étendues pour l’usage ordinaire.

J’ai eu l’intention dans mon ouvrage de donner des détails sur les diverses autorités qui ont servi à fixer les positions de ma Carte, sur la manière de les comparer, lorsqu’elles n’étaient pas d’accord, et encore sur les moyens de les combiner, quand il fallait plus d’une circonstance pour établir une position. Ainsi, le lecteur qui voudra rechercher l’autorité qui a déterminé chaque position en particulier, pourra satisfaire sa curiosité sur ce point ; et en indiquant ce qui manque, je ferai naître aux géographes qui viendront après moi le desir de rechercher de meilleurs matériaux. Peut-être aussi les personnes qui possèdent aujourd’hui ces matériaux, seront-elles tentées d’en faire jouir le public, lorsqu’elles connaîtront l’usage que l’on en peut faire. Je recevrai avec reconnaissance toutes communications de cette espèce, et je promets d’en faire un usage convenable.

On trouvera à la fin de l’ouvrage, des Index relatifs aux matières qui y sont contenues, et aux noms des pays et des places qui sont sur la Carte. La difficulté de trouver, sur des cartes étendues, une position particulière, rend un Index aussi nécessaire à ces sortes de Cartes, qu’il l’est à un livre considérable. Dans ce cas, un Index apprend au lecteur si la place qu’il cherche se trouve, ou ne se trouve pas sur la Carte. Si la position est sur la Carte, on la trouve avec autant de facilité que l’on trouverait un passage dans un livre. Si la position ne se trouve pas sur la Carte, le lecteur pourra se plaindre de ce qu’elle manque, mais il ne se plaindra pas d’avoir perdu son temps à d’inutiles recherches.

J’ai joint encore des Tables des distances entre les cités principales et les villes de l’Indostan, et une petite Carte qui rapproche les positions respectives de toutes les places dont les tables font mention.

Comme il n’existe en ce moment, sous quelque forme que ce soit, aucun Abrégé suivi de l’Histoire de l’Inde, le lecteur qui aurait le plus de curiosité et de loisir, pourrait difficilement acquérir la connaissance des principaux évènemens qui forment le fonds de cette histoire, et particulièrement de ceux qui ont contribué à fonder le pouvoir britannique dans ces contrées. Les essais les plus estimables qui ont paru sur ce sujet, à diverses époques, sont si peu d’accord sur les points chronologiques, qu’ils ne peuvent donner une idée générale de l’histoire de l’Inde, ni servir à remplir les lacunes qui se présentent. Je me suis donc déterminé à former une sorte de table chronologique des évènemens depuis l’époque des premières conquêtes des Mahométans jusqu’à la dissolution absolue de l’empire Mogol. Je prie le lecteur de ne pas oublier que je n’ai eu d’autre intention que de lui offrir une simple Esquisse, et de rendre plus intéressant et moins aride le sujet que je traitais, en le faisant accompagner d’une Notice des évènemens principaux, et des révolutions qui ont eu lieu dans la contrée dont je présente la géographie. J’avoue que cette partie de mon travail n’a pas le degré de perfection que je désirerais. Il est, d’ailleurs, une infinité d’évènemens racontés avec des circonstances si diverses, par des personnes qui se prétendent bien instruites, que je ne serais pas surpris de me voir reprocher des erreurs par ceux qui, connaissant les langues orientales, ont pu lire les mémoires originaux et authentiques. Si j’ai mérité ces reproches, je ne doute pas aussi que l’on n’excuse les motifs qui m’auront fait adopter quelqu’opinion particulière, ou préférer une relation à une autre. Les discussions actuelles sur quelques faits historiques arrivés dans ce pays et dans les contrées voisines, prouvent combien il est difficile de parvenir à la vérité, lors même que les recherches sont faites dans les circonstances les plus favorables.

Depuis que j’ai publié mon premier travail, j’ai reçu des matériaux précieux, qui ont le double avantage de corriger et d’étendre la géographie de l’Inde et des pays voisins au nord-ouest. J’ai, en conséquence, inséré ces nouveaux renseignemens dans ma Carte, autant que j’ai pu les faire concorder avec les anciens, notamment la route du capitaine Reynolds par Malwa, et de Surate aux frontières de Tippoo, par Baglana, et la partie occidentale du Deccan. Pour le nord-ouest de Delhi, les nouveaux matériaux que je me suis procurés, ne diffèrent pas seulement des anciens par leur supériorité, ils leur sont encore préférables en ce qu’ils s’étendent jusqu’à une contrée située au-delà des bornes de la Carte générale, tellement que je ne puis présenter les additions et corrections que dans une Carte séparée. J’ai donc construit une nouvelle Carte supplémentaire, sur une échelle semblable à celle de la Carte générale. Elle contient généralement les pays situés entre Delhi, Candahar, Badakshan et les deux Thibets, et renferme toutes les branches supérieures de l’Indus et la vallée de Cachemire. Ce nouveau morceau de géographie (si j’en excepte la partie qui se trouve entre Delhi et le Panjab), je le dois aux matériaux que m’a communiqués très-obligeamment le capitaine Kirkpatrick, membre de l’Établissement du Bengale. On trouvera dans l’Ouvrage une notice détaillée de ces matériaux. Quant à la partie qui forme l’exception, j’en suis redevable à une Carte manuscrite que m’a prêtée le colonel Polier. Cette Carte a d’autant plus de valeur, qu’elle tient lieu des autres matériaux qui manquent, et qu’elle présente un sujet aussi important que nouveau.

Ayant découvert une erreur très-considérable dans les positions relatives des deux Bucharies, telles qu’elles se trouvent dans nos meilleures Cartes ; ayant fait aussi de grands changemens dans le cours de la branche principale de l’Indus, vers sa source, j’ai reconstruit la Carte des pays situés entre le Gange et la mer Caspienne, afin de corriger ces erreurs, et d’insérer d’autres positions fixées d’après le résultat de beaucoup de recherches. Pour la commodité des premiers acquéreurs, je ferai vendre séparément ces Cartes supplémentaires avec le texte de la troisième section relatif à ces additions.

La représentation du cours du Gange entre Hurdwar et Sirinagur par M. Tiefentaller, que j’avais eu tort de suivre précédemment, se trouve aujourd’hui corrigée, d’après des renseignemens qui m’ont été fournis par des voyageurs anglais, conduits par la curiosité jusqu’aux pieds du mont Himmaleh. Comme M. Daniel était du nombre de ces voyageurs, nous devons attendre de lui un plan correct de la cataracte du Gange à Hurdwar et des scènes romantiques de ses environs.


Le 22 novembre, 1791.



  1. Quels que soient les reproches que l’on puisse faire aux Directeurs de la Compagnie des Indes orientales, on ne les accusera pas d’avoir négligé les sciences utiles. La mise en activité des géographes et des pilotes-surveillans dans l’Inde, et le soin que la Compagnie a pris de leur fournir des instrumens astronomiques, et les encouragemens qu’elle promet et accorde à ceux qui en font un usage utile ; cette conduite prouve incontestablement un esprit qui s’élève un peu au-dessus des simples considérations d’un gain purement mercantile : mais, et par dessus tout, l’établissement d’un bureau, sur les lieux, pour le perfectionnement de la navigation et de l’hydrographie, et le choix judicieux d’un sur intendant chargé de le diriger, font le plus grand honneur à leur administration, et doivent suffire pour nous convaincre que, dans un état libre, une association particulière peut faire ce que le gouvernement lui-même craindrait d’entreprendre. Quelque surprenant que cela doive paraître, il n’en est moins vrai que la première nation maritime du monde n’a pas de bonnes Cartes propres à diriger ses flottes sur ses propres côtes ; ni même un guide assuré, à l’aide duquel le public puisse juger du mérite d’aucune production hydrographique. Croirait-on qu’au moment où j’écris nous n’avons pas une Carte passablement bonne du canal St.-George, et que nous connaissons mieux les mouillages des côtes du Bengale ? Pendant la dernière guerre, un vaisseau de la Compagnie des Indes dut son salut à la connaissance qu’il avait des bouches du Gange ; au moyen d’une Carte, exécutée et publiée par ordre de la Compagnie. Il se jeta dans l’une de ces bouches, à la vue de deux corsaires français, et il entra ensuite dans la rivière d’Hoogly, par la seule voie de la navigation intérieure. À peine connaissions-nous l’hydrographie de l’Amérique, qu’elle cessa de nous appartenir. J’espère que personne ne tirera de cette observation un mauvais présage pour nos possessions dans l’Inde.
  2. C’est à Mr. James Anderson que je dois particulièrement la connaissance de l’étymologie du mot Mahratta, et des notions sur les ancêtres de Sevajee. C’est encore à lui que je dois les matériaux des notes qui accompagnent ces articles. Je lui suis redevable, et à son frère, Mr. David Anderson (Ils ont résidé tous deux, en différens temps, avec un caractère public, près de Madajee Sindia), de la portion la plus estimable des renseignemens relatifs à la division géographique des États des Marattes et de leurs tributaires.