Dialogues de Monsieur le baron de Lahontan et d’un Sauvage/Avis

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Veuve de Boeteman (p. xiii-xiv).


AVIS
De
L’AUTEUR,
Au
LECTEUR.



DEz-que plusieurs Anglois, d’un mérite distingué, à qui la Langue Françoise est aussi familiére que la leur, & divers autres de mes Amis, eurent veu mes Lettres & Mémoires de Canada, ils me témoignérent qu’ils auroyent souhaité une plus ample Relation des mœurs & coutumes des Peuples, ausquels nous avons donné le nom de Sauvages. C’est ce qui m’obligea de faire profiter le Public de ces Divers Entretiens, que j’ay eû dans ce Païs-là avec un certain Huron, à qui les François ont donné le nom de Rat ; je me faisois une aplication agréable, lorsque j’étois au Village de cet Ameriquain, de receuillir avec soin tous ses raisonnemens ; Je ne fus pas plutôt de retour de mon Voyage des Lacs de Canada, que je fis voir mon Manuscrit à Mr. le Comte de Frontenal, qui fut si ravi de le lire, qu’ensuite il se donna la peine de m’aider à mettre ces Dialogues dans l’état où ils sont. Car ce n’étoit auparavant que des Entretiens interrompus, sans suite & sans liaison. C’est à la sollicitation de ces Gentishommes Anglois, & autres de mes Amis, que j’ai fait part au Public de bien des Curiositez qui n’ont jamais été écrites auparavant, touchant ces Peuples sauvages. J’ay aussi crû qu’il n’auroit pas desagréable que j’y ajoûtasse des Relations assez curieuses de deux Voyages que j’ai fait, l’un en Portugal, où je me sauvai de Terre-Neuve ; & l’autre en Danemarc. On y trouvera la description de Lisbone, de Copenhague, & de la Capitale du Royaume d’Arragon, me reservant à faire imprimer d’autres Voyages que j’ay faits en Europe, lorsques j’auray le bonheur de pouvoir dire des Véritez sans risque & sans danger.