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Diane (Guaita)

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Rosa MysticaAlphonse Lemerre, éditeur (p. 186-187).
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Diane


Près d’un buisson fleuri de lilas, dans le parc,
La jambe en l’air, décente et très hautaine, et belle
Dans sa double candeur de vierge et d’Immortelle,
Diane en marbre blanc brandit au ciel son arc.

Elle est éblouissante ainsi, la Chasseresse
Cambrant en plein soleil son torse immaculé ;
Et le zéphyr d’avril, comme un galant ailé,
La lutine amoureusement — et la caresse.


Sur son front, toutefois, telle une ombre, on dirait
Voir flotter le brouillard d’une amère pensée :
Serait-ce un repentir de sa vertu passée ?
— Déesse vierge encore, oh ! serait-ce un regret…

Un printanier désir de tendresses charnelles ?…
— Trop tard ! L’Olympe est mort ! Endymion n’est plus ;
Et toi-même ne dois tes formes éternelles
Qu’à l’art, évocateur des siècles révolus !


Juillet 1884.