Dictionnaire érotique moderne/J

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Imprimerie de la société des bibliophiles cosmopolites (Jules Gay) (p. 245-252).
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Jacqueline. Nom de femme qui est devenu celui de toutes les femmes — devenues filles.

Le banquier Kocke, chez qui toi et ta jacqueline vous passez les beaux jours de l’été.Camille Desmoulins.

Jacques ou Jacquot. Le membre viril.

Il est hercule ou peu s’en faut,
      Il faut que tout lui cède ;
Il sait démontrer comme il faut
      L’amoureux intermède ;
Quand il se prépare à l’assaut
      Faut voir comme il est raide,
                  Jacquot,
      Faut voir comme il est raide !

Al. Dalès.

… Il est nommé pine par la lorette ;
Un chose, ou bien cela, par une femme honnête ;
Jacques par le farceur…

L. Protat.

Jambe. La pine, qu’on appelle aussi la troisième jambe.

Ah ! Monsieur, que vous avez une belle jambe ! — Laquelle donc, madame ?… répliquait Arnal, en donnant à entendre qu’il ne s’agissait ni de la droite, ni de la gauche.

Jambons. Les cuisses d’une femme.

Elle a le cœur si bon, qu’en mille occasions,
Pour avoir une andouille, elle offre deux jambons.

Legrand.

Jardin. La nature de la femme, que l’homme est chargé d’entretenir, de sarcler, de bêcher, de ratisser, et de planter — d’enfants.

Au demeurant il n’y a homme qui mieux dresse et accoutre un jardin que moi.Noel du Fail.

Quand, se ruant tout en courroux,
Le fleuve aux ondes spermatiques,
D’Armide inondait le jardin.

B. de Maurice.

Jean, Jeannot, Janin. Expressions désignant un mari trompé.

Chez nous le mâle est Jean, la femelle Catin :
C’est l’usage de la famille.

Daillant de la Touche.

Il est Janin sans qu’il le sache.Ch. Sorel.

Janot est le vrai nom d’un sot.

(Ancien Théâtre français.)

Jean Chouart. Le membre viril : appelé le pénil selon Lignac, la braguette selon Rabelais, Marot et autres poëtes anciens ; la verge, dans l’idiôme des nourrices et des parleurs timbrés ; le bracquemart dans Robbé, Rousseau et Grécourt ; Jean Chouart dans d’autres, etc., etc.

Jeanneton. Synonyme de Goton. Fille de la petite vertu, servante ou grisette, qui se laisse prendre volontiers le cu par les rouliers ou par les étudiants.

Partout on vous rencontre avec des Jeannetons.

V. Hugo (Ruy-Blas)

Jeter le mouchoir. Choisir une fille, au bordel ou au bal et l’emmener coucher avec soi ; ou, si l’on est femme, faire comprendre à un homme qu’on bande pour lui et qu’on voudrait bien se le payer.

Jetez vous-même le mouchoir
Ou bien au sort il faudra voir

      Dans le dortoir,
Qui pourra vous écheoir.

Collé.

Jeu (Le). Celui que presque tous les hommes et presque toutes les femmes savent jouer et aiment à jouer — quoique souvent il ne vaille pas la chandelle qu’on use en son honneur par les deux bouts.

J’en jurerais, Colette apprit un jeu
Qui, comme on sait, lasse plus qu’il n’ennuie.

La Fontaine.

            Il était une fillette
                  Coincte et joliette
Qui voulait savoir le jeu d’amour.

(Farces et moralités.)

Vous et monsieur, qui, dans le même endroit,
Jouiez tous deux au doux jeu d’amourette.

La Fontaine.

Le jeu te plait, petite ? Alors, nous allons recommencer.A. François

                  Adieu, conquêtes,
                  Joyeuses fêtes,
Où le Champagne au lansquenet s’unit ;
                  Belles soirées,
                  Nuits adorées.
Qu’un jeu commence et qu’un autre finit.

Gustave Nadaud.

Jeu renouvelé des Grecs. La pédérastie, qui était le vice de Socrate ; ou le gougnottisme, qui était le vice de Sapho.

Socrate et Sapho la Lesbienne
Ont eu des goûts assez suspects :
Tous les jours en France on ramène
Leurs jeux renouvelés des Grecs.

Collé.


Jeux innocents. Ainsi nommés par antiphrase sans doute, puisque ce sont les jeux les plus libertins que l’on connaisse, le jeune homme pinçant le cul à la jeune fille, ou la jeune fille faisant une langue avec le jeune homme, devant les grands parents assemblés — qui n’y voient que du feu.

Pour ces jeux innocents, source de tant de fièvres,
            Qui troublent les jeunes sens,
Un monsieur a baisé, devant les grands parents,
Tout en baisant la joue, un peu le coin des lèvres.
On a rougi cent fois…

A. Karr.

Jouer au trou-madame. Faire la chosette.

Il est très-dangereux de jouer au trou-madame avec elle.Tabarin.

Jouer aux quilles. Faire l’acte vénérien.

La tienne joue bien aux quilles. Brantôme.

Que l’un sur l’autre ils tombèrent
En jouant au beau jeu de quilles.

(Recueil de poésies françaises.)

Bon compagnon et beau joueur de quilles.

La Fontaine.

Jouer des mains. Peloter les tétons et le cul d’une femme — qui ne hait pas ce jeu, même lorsqu’elle en a le plus l’air offensé.

Je me souviens… qu’il hasarda sur cela des manières et des tons de polissonneries, qu’il s’exposait déjà à jouer des mains.La Popelinière

Jouer des reins. Faire l’acte vénérien.

L’étudiant jouant avec vigueur des reins…H. Monnier

Jouer du croupion, ou du cul. Jouer des fesses, faire l’acte vénérien.

Et en même temps, lui, de jouer du croupion.(Les Aphrodites.)

Ne jouez plus du cul, ma tante,
Ni moi aux dés, je le promets.

Agrippa d’Aubigné.

Le vieux Jaquet dans une étable,
Voyant Lise jouer du cu
Avec un valet à gros rable,
En va faire plainte au cocu.

Théophile.

Jouer du mirliton. Baiser une femme.

En jouant du mirlitir,
En jouant du mirliton.

(Refrain d’une chanson récente.)

Jouer du napoléon. Faire sonner son gousset en passant devant une femme que l’on suppose aimer cette musique-là.

Jouer du serre-croupière. Faire l’acte vénérien.

Joueuse de flûte. Fille ou femme entretenue, qui joue de la flûte avec les queues de ses contemporains.

Lorettes, cocottes et autres aimables joueuses de flûte, corruptrices de la jeunesse.Ch. Coligny.

Jouir. Arriver au summum du plaisir par l’éjaculation spermatique. Jouir d’une femme, la faire jouir.

As-tu de l’abbesse
À la fin joui ?

Collé.

Dans peu de temps d’ici vous verrez un paillard
Qui viendra pour jouir de son beau corps gaillard.

Trotterel.

Entre ses bras l’heureux Adam la presse,
Brûle, jouit, et dans sa folle ivresse
Il répétait : perdre ainsi c’est gagner.

Parly.

Ah ! comme je jouis, mon Dieu ! comme je… jouis !… Ça me va dans la plante des cheveux. H. Monnier

Il est une heure dans l’année
Où tout ce qui vit veut jouir,

Où la vierge et la graminée
Ressentent le même désir.

A. D.

Je possède l’art du casse-noisette
Qui ferait jouir un nœud de granit.

(Parnasse satyrique.)

Mais, pour faire jouir, j’ai d’ailleurs un moyen
Qui jusques à ce jour m’a réussi très-bien.

L. Protat.

Tellement que s’ils voient passer quelqu’une dont ils aient déjà joui, ils ne disent pas simplement : J’ai baisé une telle, mais bien : J’ai foutu une telle, je l’ai chevauchée.Mililot.

Pas sans moi ! pas sans moi !… Ensemble !… joui… jouissons… ensemble… bien ensemble !…H. Monnier.

Jouissance. L’acte vénérien, et ce qu’on y éprouve, qui n’a pas son analogue dans les autres plaisirs humains.

                Et regardant la jouissance
Comme un pas dangereux qu’il nous faut éviter.

Grécourt.

Soudain par leur vive jeunesse
Vers la jouissance emportés,
Tous deux des molles voluptés
Boivent la coupe enchanteresse.

Parny.

… Il faut de tous ces dons savoir bien se servir,
Savoir les employer à donner du plaisir
À ceux qui dans vos bras cherchent la jouissance.

L. Protat.

Jouisseuse. Femme qui aime l’homme et qui, au lit, y va bon jeu bon argent, donnant autant de coups de cul qu’elle reçoit de coups de queue.

Ce n’est pas une bégueule, c’est une vraie jouisseuse.Lemercier

Joujou. Celui de l’homme est son vit.

Vive ce beau joujou
            Bijou
      Que la tendresse
            Dresse…

Celui de la femme est son con.

Ah ! permets que je pose
      Le petit bout
De ma langue amoureuse
Qui serait bien heureuse
      Dans ton joujou

Marc-Constantin.

Quand je n’aurais pas su d’avance que mon orifice était fait pour être pénétré, la nature et notre position m’auraient à l’instant révélé que nos deux joujoux étaient faits l’un pour l’autre. (Mon Noviciat.)

Joyau. Signifie : 1º Le membre viril.

Vous ne vous enfuyez de ce joyau qu’on vous fait voir, que parce qu’aussi bien il est trop loin de vous. Ch. Sorel.

Je jouissais d’autant plus délicieusement, que j’avais longtemps langui après la possession du joyau qui était tout entier dans mon étui. (Mémoires de miss Fanny.)

2º La nature de la femme.

Ce tablier couvre leur joyau, dont les Hottentots sont idolâtres. Voltaire.

Voyez fille qui dans un songe
Se fait un mari d’un amant ;
En dormant, la main qu’elle allonge
Cherche du doigt le sacrement ;
Mais faute de mieux, la pauvrette
Glisse le sien dans le joyau.

Béranger.

3º La virginité.

Pour demander à ce peuple méchant
Le beau joyau, que vous estimez tant.

Voltaire.

Madame Brown me gardait toujours jusqu’à l’arrivée d’un seigneur avec qui elle devait trafiquer de ce joyau frivole qu’on prise tant et que j’aurais donné pour rien au premier crocheteur qui aurait voulu m’en débarrasser.(Mémoires de miss Fanny.)

Jus de couillon. Le sperme, le nec plus ultra des jus.

Vous qui, du haut de ce balcon,
          Riez de ma misère,
S’il pleuvait du jus de couillon,
On vous verrait sous la gouttière.

Piron.

Lorsque Molière fait dire à Elmire :

Aucun jus, en ce jour, ne saurait me charmer…

il a la même idée que Piron, seulement il s’exprime d’une façon plus honnête.