Dictionnaire érotique moderne/V

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Imprimerie de la société des bibliophiles cosmopolites (Jules Gay) (p. 391-400).
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Vache. Fille de la dernière catégorie, — par allusion à ses énormes tétons, sa seule beauté, et aussi à sa nonchalance de ruminante.

Comme on connaît les seins, on les honore.(Vieux proverbe.)

Avoue, Zidore, que ta Fifine est une bonne vache, et une vache à lait encore.Lireux.

Vagin. La nature de la femme, qui sert d’étui (vagina) à la grosse aiguille de l’homme.

Le Grec se sauve en Italie ;
Le morpion grimpe au vagin
D’une fillette assez jolie.

B. de Maurice.

Vaisselle de poche. L’argent nécessaire en amour — la braise avec laquelle on chauffe les femmes.

Il a son charme, le métier de mac, surtout au point d’vue d’ la vaisselle de poche.Lemercier de Neuville.

À des pouilleux si tu t’accroches,
Rappelle-toi qu’il t’en cuira :
Car l’amour sans vaisselle de poches,
            C’est du caca.

E. Debraux.

Valet de cœur. Le greluchon d’une femme entretenue, — qui serait mieux appelé valet de cul, puisqu’il doit être toujours à la disposition de sa maîtresse.

Valoir le coup. Être passable. — Expression employée par l’homme, à l’égard de toute femme qui, n’étant pas belle, a cependant quelque chose qui plaît : — Elle vaut le coup, — c’est-à-dire : elle mérite qu’on la baise au moins une fois.

Vautrer (Se). Faire l’acte vénérien.

Est-il honnête qu’un parent
Dessus sa parente se vautre ?

Théophile.

Veau. Gourgandine, fille de la dernière catégorie, — sans doute par allusion à sa chair fadasse, plus adipeuse que musculée, plus lymphatique que sanguine, qui ne donne pas le moindre appétit.

Un soir, à la barrière,
             Un veau
Tortillait son derrière
             Bien beau.

Vachette

Ô vous, jeunes étudiants,
De veaux si vous êtes amants,
Craignez, craignez fort la vérole.

A. Watripon.

Velléités (Avoir, ou Se sentir des). Avoir envie de baiser une femme quand on est homme, ou de se faire piner par un homme quand on est femme.

Ma chère amie, mes velléités sont passées : vous voudrez bien attendre qu’elles reviennent. Pour l’instant, laissez-moi dormir.J. le Vallois.

Vendangeuse d’amour. Fille ou femme qui a pour unique occupation de vendanger l’amour et de tirer de la meule de son pressoir assez d’argent pour ne pas être obligée de faire autre chose : sa grappe est sans cesse écrasée à coups de pine, et le jus qui en sort nous grise.

Ces femmes . . . . . . . . . . .
Sont des vendangeuses d’amour.
Lorsque des vignes de Cythère
On revient, c’est au petit jour,
À pas pressé, avec mystère.

A. Delvau.

Mets à profit sa négligence,
Et sans alarmes jusqu’au jour,
Viens vendanger en son absence
Des fruits de plaisir et d’amour.

Parny.

Vendre sa fleur. Se laisser dépuceler par un monsieur qui en a les moyens.

            Ces ouvrièr’s au gent minois
                     Qu’on voit parfois,
                     En tapinois,
Vendre leur fleur jusqu’à cent fois par mois.

Emile Debraux

Venir au fait, aux prises, etc. Baiser, — qui est la conclusion naturelle de toutes les minauderies de la femme et de toutes les cajoleries de l’homme.

Mais cependant, quand ce vient au fait, elles éprouvent le contraire.Mililot.

Une jeune beauté s’étant rendue amoureuse d’un jeune homme bien fait, lui donna tant de libertés qu’ils en vinrent à l’abordage.D’Ouville.

Qu’avec l’abbesse un jour venant au choc.

La Fontaine.

Il parle trop, dit Émilie,
Et jamais il ne vient au fait.

Daillant de la Touche.

C’est assez parlementé,
Il faut en venir aux prises.

(La Comédie des chansons)

Le valet de là-dedans s’amouracha d’elle et elle de lui, de sorte qu’ils en vinrent aux prises.D’Ouville.

La belle quand ce vint aux prises, fit ouf.Tallemant des Réaux.

À peine lui donna-t-il le temps de se recoucher pour en venir aux prises.(La France galante.)

Il la baisa pour en avoir raison,
Tant et si bien qu’ils en vinrent aux prises.

La Fontaine.

Oh ! monsieur, je vous remercie, nous en venons tous les deux, le clerc et moi.B. desperriers.

Il lui demande si elle est en résolution d’en venir aux prises.Ch. Sorel

Vénus populaire (La). La fille de trottoir, qui ne demande que deux francs pour un voyage à Cythère.

Amour, empoisonne mes sens.
Et toi, Vénus la populaire,
À toi mon hymne et mon encens.

A. Barbier.

Ces rustiques Vénus qui font les innocentes.

Ant. Méray:

Faut t’voir valser, comm’ t’es vive et légère ;
Tous les garçons disiont d’ toi dans le pays,
Qu’ t’es t’un’ vraie nymphe, un’ Vénus potagère.
J’ n’en bois ni mange et j’ n’en dors point les nuits.

Ad. Porte.

Nous avons eu depuis : la Vénus aux carottes.

Verge. Le membre viril, — avec lequel on fouette le ventre des vierges : virga, virgo.

Il souhaitait qu’il pût abattre sa faim en se frottant le ventre tout ainsi qu’en se frottant la verge, il passait sa rage d’amour.Brantôme.

L’académicien dit : mon vit. Le médecin : Ma verge…L. Protat.

Verger de Cypris. Le pénil, autrement dit la motte de la femme, où « le fruit d’amour rit aux yeux ».

                    Lors elle lui donna
              Je ne sais quoi qu’elle tira
Du verger de Cypris, labyrinthe des fées.

La Fontaine.

Vérole. Maladie vénérienne, plus commune aujourd’hui que jamais, pour laquelle il y a à Paris un hôpital spécial, l’hôpital du Midi.

Cent escoliers ont pris la vérole avant que d’être arrivés à leur leçon d’Aristote la Tempérance.Montaigne

Si j’ suis paumé, j’enquille aux Capucins,
      Ricord guérira ma vérole.

Dumoulin.

Vingt couches, autant de véroles
Ont couturé son ventre affreux,
Hideux amas de tripes molles
Où d’ennui bâille un trou glaireux.

Anonyme

Veuve Poignet. La main qui sert à branler, — la première maîtresse des jeunes gens, comme le médium est le premier amant de toutes les femmes.

Pour l’apaiser, je n’avais qu’une main :
Je m’en servis pour écumer sa bile.
Veuve Poignet, sans vous, qu’aurais-je fait ?
Mais avec vous, c’était chose facile.

Anonyme.

Vézon. Fille publique — dans l’argot des voleurs.

Mon père est maquereau, ma mère était vézon.
Moi j’ai reçu le jour sous les toits d’un boxon.

Louis Protat.

Viande. Femme publique.

Je vais connaître cette maison et savoir quelle viande il y a à son étal, à cette boucherie-là.Lemercier de Neuville.

Viande de l’homme (La). Son membre, dont les femmes sont si friandes et qu’elles mettent si volontiers cuire dans leur four avec son jus.

Mais sans un bon morceau de viande,
Fille a toujours le ventre creux.

Marcillac.

Ainsi que l’a dit un grand saint,
À l’homme s’il faut du bon vin,
À la femme il faut de la viande.

A. Watripon.

Pour moi, je ne suis point friande
De tout ce gibier que l’on vend,
Ne m’importe quelle viande
Pourvu qu’elle soit du devant.

Théophile.

Tu n’ me l’ mettras pas, Nicolas,
Je n’aim’ que la viand’ fraîche.

J. E. Aubry.

Vice (Avoir du, montrer du). Avoir l’esprit tourné vers les choses de la fouterie ; avoir pratiqué l’homme quand on est femme, la femme quand on est homme.

Tout jeune, il montra bien du vice,
Quand, perdu dans une forêt,
Au lieu du sein de sa nourrice,
Il se tétait le flageolet.

Alex. Pothey.

Vicieux (Être un). Ne songer qu’aux choses de la fouterie.

Qu’est-ce donc qui vous prend ?… Vous êtes donc aussi un vicieux ?Tisserand.

Vierge. Fille qui n’est pas encore devenue femme, c’est à-dire dont le vagin n’a pas encore été habité par un membre viril, — mais dont l’imagination a été hantée par mille visions lubriques.

Non, je n’appelle pas vierge une jeune fille
Qui donne des cheveux à son petit cousin,
Ou qui, chaque matin, se rencontre et babille
Avec un écolier dans le fond du jardin.

Alph. Karr.

Je veux mourir, si je me souviens d’avoir jamais été vierge !

dit Quartilla à Encolpe, — et beaucoup de femmes pourraient en dire autant.

Vieux monsieur (Le). L’homme qui entretient une femme, pour le distinguer du jeune — ou des jeunes — qu’elle entretient elle-même.

C’était par un temps pluvieux,
Nos bell’s n’avaient pas leurs vieux.

A. Watripon

Celle-là, sur un lit nonchalamment couchée,
Par un vieux cupidon était gamahuchée.

L. Protat.

À son âge, on n’a plus d’amour…
— Oui mais on a plus d’un caprice.
Quand mon fils est par trop méchant,
Tu sais comment je le corrige.
— Eh ! mais c’est ainsi, justement
Que j’entretiens le sentiment
De ce vieux monsieur qui m’oblige.

(Chanson anonyme moderne.)

Toinette, fraîche dondon,
Chantait ainsi son martyre,
Pensant à son vieux satyre…
Tout en plumant un dindon.

Jules Poincloud.

Vigne. Une femme que l’on peut planter, cultiver, pour y grappiller tout à son aise, avec les mains — et la queue.

Et dans la vigne du seigneur
Travaillant ainsi qu’on peut croire.

La Fontaine.

Violon. Membre viril, — instrument qui fait danser les femmes et les filles.

Je jouais si vivement
         En c’moment,
Qu’fatiguant mon bras,
J’ai pour ses appas,
Tant j’mettais d’action,
Rompu mon vi
(ter) olon.

Laurent.

Vit. « La partie qui fait les empereurs et les rois, la garce et le cocu, » dit le vertueux Pierre Richelet.

En voici la description, d’après l’auteur du Noviciat d’amour :

Ce tube est le chef-d’œuvre de l’architecture divine qui l’a formé d’un corps spongieux, élastique, traversé dans tous les sens par une ramification de muscles et de vaisseaux spermatiques. Il est à son extrémité supérieure, surmonté d’une tête rubiconde, sans yeux, sans nez, n’ayant qu’une petite ouverture et deux petites lèvres, couvert d’un prépuce, retenu par un frein délicat qui ne gêne point le mouvement d’action et de rétroaction : au bas de cet instrument précieux sont deux boules ou bloc arrondis, qui sont les réservoirs de la liqueur reproductive, qu’aspire et pompe votre partie dans le mouvement et le frottement du coït, id est, de la conjonction ; ces deux boules enveloppent deux testicules, d’où elles ont pris leur nom, et sont soutenues par le ralphé ; on les nomme plus généralement couilles et couillons…Mercier de Compiègne.

On dit de quelqu’un qui rougit de chaleur, de honte, de colère, ou pour toute autre cause : Il est rouge comme un vit de noce. (Dicton populaire.)

L’académicien dit : Mon vit.

L. Protat.

Ah ! je n’y tiens plus ! le cul me démange…
Qu’on m’aille chercher l’Auvergnat du coin…

Car je veux sentir le vit de cet ange
Enfoncer mon con — comme avec un coin.

(Parnasse satyrique.)

Si je quitte le rang de duchesse de Chaulne
Et le siège pompeux qu’on accorde à ce nom,
      C’est que Giac a le vit long d’une aune,
      Et qu’à mon cul je préfère mon con.

Collé.

De Madeleine ici gissent les os,
Qui fut des vits si friande en sa vie,
Qu’après sa mort tout bon faiseur supplie
Pour l’asperger lui pisser sur le dos.

B. Desperriers

Quand votre vit, à jamais désossé,
Comme un chiffon pendra triste et plissé.

(Chanson d’étudiants.)

Viticulture. Culture des vits. Expression mise en usage par les jardinières à-matrices. — Ces dames, se basant sur ce que horticulture signifierait : culture des orties, ont créé la viticulture. Elles s’y livrent, non-seulement sans crainte, mais encore avec le désir ardent d’être souvent piquées. Que la récolte soit bonne ou mauvaise, elles s’aident entr’elles, et se prêtent volontiers la main — pour l’amour de l’art.

Voir. Faire l’acte vénérien.

Vous languissez quelquefois
À la cour plus de trois mois,
Sans que l’heure se présente,
Et moi, bienheureux, je vois,
Quand il me plaît ma servante.

(Cabinet satyrique).

Vous avez été pour le moins six mois à la voir journellement.Ch. Sorel.

Il dit que si je la vois
En un mois plus d’une fois,
Il m’en coûtera la vie.

Saint-Pavin.

Le dernier homme que voit Fulvia, c’est toujours celui qu’elle croit destiné par le ciel à perpétuer sa race.Diderot.

Voix (Avoir ou n’avoir pas de). Bien ou mal chanter sa partie dans le duo de la fouterie.

Vous avez la courte haleine :
Parler d’amour une fois,
C’est me donner la migraine !
Monsieur n’a donc pas de voix ?

Collé.

Avec moi que de fois
Il a manqué de voix.

Béranger.

Volaille. Femme plus que légère, et même un peu putain.

                        . . . . . Eh bien, canaille !
Va donc la retrouver, et que cette volaille
(C’est mon plus cher désir) cède à ta passion.

L. Protat.

Ma danseus’ m’a traité d’ pochard,
      Moi j’ l’ai traité’ d’volaille.

J. Moinaux

Volupté. Jouissance suprême obtenue, soit par la masturbation personnelle, soit par le coït.

Et ce manège-là, plusieurs fois répété,
Au suprême degré porte la volupté.

L. Protat.

Voué au blanc (Être). Vaurien qui ne sera jamais qu’un mangeur de blanc : un maquereau.

Voyage à Cythère (Faire un). Baiser, l’acte copulatif se faisant d’une ou plusieurs traites, selon la vigueur des deux voyageurs.

Le marquis, qui croit qu’il s’agit d’un petit voyage à Cythère…Jean du boys.

Wagon. Femme de mauvaise vie, — de dernière classe.

Il y a aussi des wagons de première, réservés aux gandins riches.