Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Constantine (rue de)

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Constantine (rue de).

Commence à la rue d’Arcole, doit finir à la place du Palais-de-Justice. Pas encore de numéro. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

La Cité, qui fut longtemps tout Paris, ne suffisait plus à ses habitants sous le règne de Philippe-Auguste. Le vase trop plein commençait à déborder. Les communautés religieuses, trop exposées au bruit, abandonnèrent cet endroit pour aller former de nouveaux établissements du côté de la montagne Sainte-Geneviève. Le commerce et l’industrie traversèrent le fleuve, puis s’arrêtèrent au chemin qui conduisait à l’abbaye de Saint-Denis. Ce chemin bientôt devint la grande artère qui porta la richesse au nord de la ville. Il ne resta plus à la Cité qu’une population composée de bateliers, d’artisans et de prostituées, qui naissait, vivait et mourait sans sortir de cette atmosphère putride.

Toute tentative d’amélioration avortait devant l’insouciance, le mauvais vouloir ou la pauvreté des propriétaires. Cependant en 1784, M. de Caumartin, prévôt des marchands, voulut faire pénétrer un peu d’air dans ce cloaque. L’honorable magistrat s’adressa au roi Louis XVI, qui s’empressa d’accueillir sa juste demande.

« Versailles, 3 juin 1787. — Le roy étant en son conseil a ordonné et ordonne qu’en conformité du plan dressé par le sieur Desmaisons, l’un des architectes de son académie, lequel sa majesté a approuvé et approuve, il sera incessamment formé en face de la grille de la cour du May et servant d’entrée principale au palais de Paris, une place demi-circulaire ayant 19 toises, etc… au milieu de laquelle place il sera ouvert une rue de quarante-deux pieds de largeur qui sera substituée à celle dite de la Vieille-Draperie et sera prolongée jusqu’à la rue de la Juiverie (aujourd’hui de la Cité). Veut sa majesté en conséquence que les maisons dont les emplacements sont nécessaires à la formation de la d. place et à l’ouverture de la nouvelle rue, soient acquises au nom de sa majesté pour en être les terrains employés jusqu’à concurrence de l’exécution du projet ordonné par le présent arrêt, etc. »

Ce percement ou plutôt cet élargissement ne fut exécuté que jusqu’à la rue Saint-Éloi, et conserva le nom de rue de la Vieille-Draperie. Sous la république, on projeta de continuer cette rue jusqu’au pont de la Cité. Une décision ministérielle du 13 brumaire an X, signée Chaptal, approuva cette disposition, qui néanmoins ne fut point exécutée. — En vertu d’une ordonnance royale du 15 juin 1838, le préfet de la Seine a été autorisé, au nom de la ville de Paris, à acquérir, soit par voie d’expropriation pour cause d’utilité publique, soit de gré à gré, les immeubles ou portions d’immeubles dont l’occupation serait nécessaire pour l’ouverture d’une nouvelle rue dans l’axe du Palais-de-Justice, pour communiquer à la rue d’Arcole. — Ce percement sera prochainement achevé. Les expropriations atteignent aujourd’hui les immeubles situés entre la rue de la Cité et la rue commencée sous Louis XVI. — L’ouverture de la rue de Constantine et la formation de la rue d’Arcole ont changé l’aspect du vieux quartier de la Cité, qui était resté jusqu’alors étranger aux améliorations exécutées dans les autres parties de la capitale. Ces travaux importants font le plus grand honneur à l’administration actuelle.

Le passage de la Madeleine, formé vers 1794, sur l’emplacement de l’église du même nom, et qui communiquait à la rue de la Cité entre les nos 19 et 21, a été confondu dans la rue de Constantine.

L’église de la Madeleine avait remplacé une synagogue, ainsi que le constatent les lettres d’Eudes de Sully, évêque de Paris en 1205. Elle jouissait du titre d’église archi-presbytérale. Supprimée en 1790, elle devint propriété nationale et fut vendue le 21 août 1793.