Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Hôtel de Ville

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Hôtel de Ville.

1ere Partie. — Nautes Parisiens. — Hanse Parisienne. — Corps municipal.

Quand une époque est finie, le moule est brisé et ne se refait plus ; mais des débris restés à terre, il en est quelquefois de magnifiques à contempler ! Parmi les institutions auxquelles se rattachent de glorieux souvenirs, la prévôté des marchands est sans contredit une des plus grandes et des plus belles. Avant d’analyser les services qu’elle a rendus, il est nécessaire de parler des Nautes Parisiens, de cette puissante corporation de négociants par eau, qui a produit la Hanse Parisienne et le corps municipal de Paris. — L’empire romain comptait un grand nombre de ces compagnies de commerçants par eau. Les dénominations de Nautes, de Naviculaires, de Scaphaires, etc., démontrent que leur profession n’avait rien de servile. C’étaient de riches négociants parmi lesquels on comptait des Décurions, des Duumvirs, des Chevaliers romains, des Questeurs et même des Sénateurs. Constantin et Julien honorèrent de la dignité de chevaliers ceux qui exerçaient ce commerce. Les seuls officiers du palais de l’empereur ne pouvaient faire partie de cette association. Les Nautes obéissaient à des chefs ou patrons, qui étaient en même temps les curateurs et les directeurs de la compagnie. Ces magistrats n’étaient point inamovibles. Pendant leur administration ils exerçaient le commerce qu’ils dirigeaient. Un chevalier romain, Sentius Regulianus, patron des Nautes de la Seine, était Naute lui-même et marchand de vins et d’huiles. Le patron des Nautes de la Durance, Fronto, était naviculaire. Becius, chevalier romain, se faisait gloire d’être courtier des Gaules. Les Nautes, les Naviculaires, les Scaphaires, les Lenunculaires étaient également nommés marchands, négociants, mercatores, negociatores. Ils jouissaient d’un grand nombre de privilèges qui les exemptaient des charges publiques les plus onéreuses et percevaient certains droits sur les marchandises qu’ils transportaient. En matière civile ils ne pouvaient être traduits que devant leurs propres juges. Ils possédaient en commun des biens-fonds inaliénables, dont les revenus servaient aux dépenses communes, donnaient de l’activité au commerce, et de la force à la discipline ; enfin les dénominations les plus magnifiques étaient données à ces compagnies. Le corps des Nautes du Rhône et de la Saône était ainsi désigné : splendissimum corpus Nautarum. La corporation des Nautes, celle des marchands de l’eau, le corps municipal, sont autant d’anneaux que l’histoire rattache à la même chaîne. La situation de Paris, excellente pour le commerce fluvial, n’offrait pas, surtout au premier âge de cette ville, les mêmes avantages au transport des marchandises par terre ; en effet, Paris, qui se trouvait dans un fond marécageux, était environné de bois très épais et de montagnes très fatigantes à gravir. Arrêtés par ces obstacles, les Parisiens durent préférer le commerce par eau, qui, n’offrant aucune difficulté, se faisait avec plus de promptitude.

Après la chute de l’empire romain, les plus riches habitants qui se livraient au commerce fluvial changèrent leur nom de Nautes contre celui de marchands de l’eau ; mais l’institution resta toujours la même. Comme par le passé, ils se réunirent pour conserver, pour augmenter leurs privilèges, et leur association fut nommée Hanse Parisienne. En 1170, le roi Louis-le-Jeune confirma les privilèges de la Hanse de Paris. Cette charte dit expressément que ces privilèges sont anciens : consuetudines autem eorum tales sunt ab antiquo. On trouve dans cet acte les détails suivants : « Tout bateau chargé de denrées et marchandises était tenu de s’arrêter au pont de Mantes. Il ne pouvait passer outre ni être déchargé, à moins que l’expéditeur ne fût bourgeois hansé de Paris. S’il était établi ailleurs, il fallait aussitôt son arrivée aux limites du ressort de la marchandise, qu’il fit sa déclaration. Alors le chef des marchands de l’eau lui désignait un compagnon, un marchand de Paris ; à ce compagnon imposé par le prévôt, le marchand du dehors devait déclarer le prix réel de la cargaison, et partager le bénéfice avec lui. Si les marchandises ne convenaient pas au compagnon, il donnait son désistement en bonne forme, et le marchand étranger débitait en toute sécurité sa marchandise. Malheur à celui qui cherchait à enfreindre les privilèges de la Hanse ; sa cargaison était saisie, puis confisquée au profit du roi et de la marchandise de l’eau. » — Un de ces arrêts de confiscation mérite d’être rapporté. « En l’an de l’Incarnation nostre Seigneur milce IXViij, la vigile de Pâque flories, orent li marcheant Hansé de l’Iaue de Paris, sentence contre Jehan Marcel de Compiègne, d’une navée de bûche qui vingt d’Oyse en Seyne contre le pont de Paris et de Maante, sans compaignon hansé, bourjois de Paris devant lou Roy de France, pardroit jugement de l’usage et de la Chartre aux diz marchants. » — Cette obligation, imposée aux marchands du dehors, d’associer ceux de Paris aux profits des expéditions des marchandises par eau, était un précieux avantage pour les Parisiens. Elle leur permettait de retenir les marchandises qui se trouvaient à leur convenance et qui leur produisaient des bénéfices sans nécessiter aucune avance de fonds. La Hanse-Parisienne chercha à compléter son système de monopole ; elle voulut y soumettre également la navigation de la Haute-Seine. Le commerce des vins de Bourgogne était d’autant plus important pour elle que cette province était, pour ainsi dire, la seule qui exportât alors au loin le produit de ses vignobles. La Hanse-Parisienne décida que le marchand qui amènerait du vin à Paris ne pourrait le débarquer s’il n’était bourgeois hansé de Paris. Il pouvait vendre sa cargaison à qui bon lui semblait, mais il fallait qu’il la débitât sur son bateau ; aux acquéreurs bourgeois de Paris appartenait seul le droit de la débarquer en grève. Il était permis à un étranger d’acheter du vin dans le port, mais son achat terminé, il fallait que son vin passât du bateau dans une voiture qui le conduisait hors de la banlieue de Paris. Maîtresse de la grande navigation de la Seine, forçant la Bourgogne et la Normandie à devenir ses tributaires, la Hanse-Parisienne dominait toutes les autres villes baignées par la Seine et nivelait toutes les prétentions des seigneurs ayant donjon sur le fleuve. Défense aux Normands d’envoyer directement le sel et la marée dans la Haute-Seine ; défense aux Bourguignons d’expédier sans intermédiaire leurs vins et leurs bois dans la Basse-Seine et à la mer ; quand les clameurs s’élevaient contre cet utile envahissement, lorsque les réclamants, au nom de l’intérêt général, demandaient l’abolition de ces privilèges, les Parisiens, à leur tour, alléguaient la position toute particulière de Paris ; ils disaient : « La capitale du royaume a besoin d’approvisionnements considérables, si vous rendez la liberté au commerce sur la Seine, les meilleures denrées passeront par Paris sans s’y arrêter ; elles seront transportées jusque chez les ennemis de la France. » La royauté donnait gain de cause à la Hanse-Parisienne qui se fortifiait, se développait, et les bourgeois enrichis par ces privilèges payaient largement la taille et les autres impôts. Le monopole de la Hanse était maintenu avec une sévérité excessive ; tout individu qui débarquait des marchandises dans le ressort de la Hanse, sans compagnon hansé, était pris, jugé, condamné. La protection d’un noble, d’un prince même était impuissante pour faire obtenir au coupable la remise de sa peine. Par le fait d’un monopole aussi complet, une contrebande active dut s’organiser. Des contrebandiers trouvaient parfois, dans le corps des marchands de l’eau, des hommes assez complaisants pour être les compagnons légaux des spéculateurs étrangers. La fraude découverte, le prévôt de Paris mettait les coupables « hors de la marchandise de l’iaue de Paris à touz jors por ce qu’ils avoient faict fausse avoerie. » Ils tombaient alors dans la classe des manants et ne pouvaient plus participer aux honneurs et avantages attachés à la marchandise. Ces privilèges de la Hanse-Parisienne peuvent paraître aujourd’hui des abus monstrueux ; mais, si l’on considère attentivement ta situation politique de la France, harcelée sans cesse par les rois d’Angleterre, par les ducs de Bourgogne et de Bretagne, entourée de voisins, de rivaux puissants toujours prêts à la démembrer, on conçoit alors toute l’utilité d’un centre d’approvisionnement, de résistance même ; on comprend que la capitale, qui fournissait plus largement qu’aucune autre ville de France de l’or et des défenseurs à la royauté, dut chercher à maintenir, à étendre même des privilèges, qui, dans des moments de crise, devenaient les gages de la sécurité du pays tout entier. Pour être reçu bourgeois hansé de Paris, il fallait prêter serment devant les magistrats chargés des affaires de la ville. Le récipiendaire s’avançait à la barre et disait : « Je jure de me soumettre à tous les règlements de police et de bonne discipline de la Hanse. Je jure d’exercer loyalement et avec droiture le fait de la marchandise, d’instruire les magistrats de toutes les fraudes qui pourraient porter préjudice à la Hanse et aux autres privilèges de la ville. En cas de contestation, je jure de me soumettre et sans appel aux décisions prises par les chefs de la Hanse. » Le commerce fluvial ayant été d’abord la branche la plus importante de tout commerce parisien, par une conséquence toute naturelle, le corps de la marchandise de l’eau absorba petit-à-petit tout ce qui avait rapport à l’administration de la ville, et l’on considéra les chefs de cette marchandise de l’eau comme les prévôts de tout commerce parisien. Ce fut en 1268, pour la première fois, que le directeur de la Hanse-Parisienne, Jehan Augier, fut officiellement nommé prévôt des marchands. Les nombreux privilèges dont jouissait le corps des marchands de l’eau passèrent, avec le temps, au prévôt des marchands, qui acquit successivement l’administration des rentes constituées sur l’Hôtel-de-Ville, l’ordonnance des cérémonies publiques, l’entretien, la construction des rues, ponts, quais et de tous les monuments de la ville ; enfin il commandait la garde bourgeoise avec le prévôt de Paris, présidait le bureau de la ville, composé des quatre échevins, des procureurs du roi, greffier et receveur de Paris, auxquels étaient adjoints vingt-six conseillers qui exécutaient leurs arrêtés. — Au milieu du XIVe siècle le roi Jean, fait prisonnier à la bataille de Poitiers, confia l’administration du royaume au Dauphin, qui fut depuis Charles V. La prévôté des marchands devint un pouvoir formidable entre les mains de l’ambitieux Marcel. Charles V enleva quelques privilèges à cette magistrature populaire. Après la sédition des maillotins, Charles VI la supprima entièrement. Nous citons ici un extrait des lettres en forme d’édit, par lesquelles « le Roi met en sa main la prévôté des marchands et l’eschevinage, les privilèges et les revenus de la ville de Paris, à cause de la sédition des maillotins. »

« Charles, par la grâce de Dieu, roy de France, sçavoir faisons à tous présents et à venir, que comme assès tost après le trépassement de nostre très cher seigneur et père que Dieu absoille, les aydes qui à son temps avoient cours en nostre dit royaume pour la deffense d’icelui et mesmement en nostre ville de Paris, eussent été abbatues de fait et mises au néant par certaine commotion de peuple, faite à Paris par plusieurs gens de malvoulenté et désordonnée ; et les boistes de nos fermiers abattues et despéciées ; et depuis ce en l’année dernièrement passée, les bourgeois, manants et habitants de notre dite ville où la plus grant et saine partie eussent accordé avoir cours en notre dite ville pour la deffense de notre royaume, certaines aydes communes, c’est à savoir, l’imposition, la gabelle et autres aydes, par la forme et la manière plus à plein déclarée en certaines instructions sur ce faites à commencer le premier jour de mars dernièrement passé, au quel jour plusieurs a des manants et habitants de notre dite ville, et autres gens de malvoulenté qui estoient le dit jour en icelle ville, en persévérant de mal en pis, et pour empescher le cours des dites aydes, rompu les boistes ordonnées pour mettre les deniers d’iceulz, et d’illecques alez en l’église Saint-Jacques-de-l’Hospital où ils trouvèrent ung des fermiers des dites aydes, le quel ils boutèrent et menèrent par force hors d’icelle église et le tuèrent et meurtrirent. Et après se feussent transportez en la maison de la ville, et d’icelle rompu les portes, huis et coffres et prins grande quantité de maillets qui y estoient, les quels Hugues Aubriot, jadis prévost de Paris, avait fait faire du commandement de nostre très cher seigneur et père que Dieu absoille, et aussi eussent tué et meurtri aucuns de nos officiers et autres qui avoient reçeu les impositions et autres aydes, etc… Pourquoy nous voulant pourvoir à ce et tenir nos subjectz en bonne paix et tranquillité, et les garder de renchoir en telles et semblables rebellions, maléfices et désobéissance par grand et mûre délibération, de nostre grand conseil au quel estoient nos très chiers et amez oncles les ducs de Béri, de Bourgongne et de Bourbon ; et le sire d’Alebret, le contestable, l’admiral et les maréchaux de France et plusieurs autres, tant de nostre sang et lignage comme prélats et autres, avons ordonné et ordonnons par ces présentes les choses qui s’ensuivent : 1o nous avons prins et mis, prenons et mettons en nostre main, la prévosté des marchands, eschevinage et clergie de notre dite ville de Paris avecques toute la juridiction, coertion et congnaissance et autres droits quelconques que avoient et souloient avoir les prévost des marchands, eschevins et clergie d’icelle ville en quelleque manière que ce soit, et aussi toutes les rentes et revenus appartenant à iceulx prévost, eschevins. Item voulons et ordonnons que nostre prévost de Paris, ait toute la juridiction, connaissance et coertion que les dits prévost, eschevins et clercs avoient et pouvoient avoir en quelleque manière que ce soit, excepté le fait de la recette des rentes et revenus de notre dite ville, tant seulement la quelle nous voulons être faite par notre receveur ordinaire de Paris, etc…

Donné à Paris, le 27e jour de janvier, l’an de grâce 1382, ainsi signez par le Roy en son conseil au quel estoient MM. les ducs de Béri, de Bourgongne et de Bourbon, et le sire d’Alebret, le conestable, l’admiral et les maréchaux de France, et plusieurs autres tant du sang et lignage du Roy, comme prélats et autres. Signé Louis Blanchet. » (Tiré du livre rouge de l’Hôtel-de-Ville, folio 233 recto, case C, secq.)

L’administration municipale confiée au prévôt de Paris, tout s’arrêta. Les rues remplies d’immondices devinrent de véritables cloaques ; les ponts, les quais n’étaient plus entretenus ; les édifices inachevés se détérioraient. La bourgeoisie humiliée suscitait au gouvernement des embarras en refusant de payer les nouveaux impôts. Le désordre devint si grand que le roi fut obligé de rétablir cette importante magistrature.

27 JANVIER 1411.

Lettres en forme d’édit par lesquelles Charles VI rend à la ville de Paris la prévôté des marchandes, l’échevinage, etc.

« Charles, par la grâce de Dieu, etc… Que, comme nostre bonne ville de Paris, et qui est la principale ville capitale de nostre royaume, ait esté de toute ancienneté décorée de plusieurs grands et notables droits, noblesse, prérogatives, privilèges, libertez, franchises, possessions, rentes et revenus, et pour le bon gouvernement d’icelle y ait eu de tout temps prévost des marchands et eschevins, clergie, maison apelée la Maison de Ville, Parlouer aux Bourgeois et plusieurs autres officiers pertinents au fait de la ditte prévosté et eschevinage par lesquels nostre ditte bonne ville et les manants et habitants d’icelle ont été anciennement bien gardez et maintenuz en bonne paix et seuretez, et le fait de la marchandise d’icelle estre grandement et noblement soustenu. Depuis aucun temps, en ça pour aucunes causes à ce nous mouvants, nous eussions et ayions pris en nostre main les dittes prévosté, eschevinage, Maison de la Ville et clergie d’icelle prévosté des marchands, ensemble la juridiction, coertion, congnaissance, rentes, revenus et autres droits quelconques appartenant à icélle prévosté, etc…

Nous, les choses dessus considérées pour le bien, prouffit et seuretez de nostre ditte ville et pour autres causes et considérations à ce nous mouvants, eu sur ce, grand et meure délibération de conseil avec plusieurs de nostre sang et lignage et aultres de nostre grand conseil ; l’empeschement et main mise ainsi que dit est par nous ès dittes prévosté des marchands, eschevinage, clergie, Maison de la Ville, Parlouer aux Bourgeois, jurisdiction, coertion, prévillèges, rentes, revenus et droits appartenans d’ancienneté à icelle prévosté des marchands, eschevinage et clergie de nostre ditte bonne ville de Paris, avons levé et osté, levons et ostons à plein de notre certaine science et propre mouvement, et voulons que nos dits bourgeois, manants et habitants en icelle nostre ditte ville des prévosté des dits marchands et eschevinage, clergie, Maison de la ville, Parlouer aux Bourgeois, jurisdiction, coertion, congnaissance, rentes, revenus, possessions quelconques, droits, honneurs, noblesses, prérogatives, franchises, libertez et prévillèges, joyssent entièrement et paisiblement perpétuellement à tous jours pareillement qu’ils faisoient paravant, etc… Donné à Paris, le 27e jour de janvier, l’an de grâce 1411, et de nostre règne le 32e. Ainsi signé par le roy en son conseil, auquel le Roy de Sicile, le duc de Bourgogne et plusieurs autres estoient. »

L’élection du prévôt des marchands et des échevins se faisait ordinairement le 16 août, le lendemain de l’Assomption. Les émoluments attachés à la place de prévôt des marchands étaient considérables, mais presque tous les citoyens appelés à l’honneur de remplir cette belle fonction ont consacré, dans l’espace de cinq cents ans, une partie des revenus de leur charge aux améliorations, aux embellissements de la ville.

Il fallait être né à Paris pour être revêtu de la dignité de prévôt des marchands. La même condition était imposée à ceux qui prétendaient à l’honneur de l’échevinage ; c’était encore là un trait d’une haute sagesse ; en général, les hommes transplantés n’apportent aucun soin aux monuments qui n’ont pas ombragé leur berceau. — Dans les cérémonies extraordinaires, le corps de ville de Paris jouissait des plus honorables prérogatives. Nous donnons ici le programme de la marche du corps de la ville, le jour où il alla au-devant du jeune Louis XIV qui venait de se marier sur la frontière d’Espagne :

« Le colonel des archers de la ville, guidons et lieutenants lestement habillés ; les trois cents archers de la ville avec casaques bleues, galons d’argent et les armes de la ville devant et derrière ;

Le maître-d’hôtel en robe fourrée ;

L’imprimeur vêtu de noir ;

Le capitaine d’artillerie,

Le maître de maçonnerie,

Le maître de charpenterie,

tous trois en habits noirs ;

Les huissiers en robes de drap mi-partie, la nef d’argent sur l’épaule ;

Le greffier venait ensuite revêtu d’une robe mi-partie à manches de velours rouge et tanné et doublé de velours noir ;

Le prévôt des marchands en robe de palais mi-partie de velours rouge et tanné, par dessus une soutane de satin rouge cramoisi avec boutons, ceinture et cordons d’or ;

Les échevins en robes de velours mi-partie, à longues manches pendantes ; le chapeau à cordons d’or ;

Le procureur du roi en robe de palais de velours rouge ;

Le receveur de la ville en manteau à manches de velours tanné ;

Les conseillers de ville en robes ou manteaux à manches de satin ;

Les quartiniers en manteaux à manches de velours ciselé ;

Les gardes de la draperie en robes de velours noir et toques ornées de cordons d’or ;

Les gardes de l’épicerie en robes de velours tanné ;

Les gardes de la mercerie en robes de velours violet ;

Les gardes de la pelleterie en robes de velours bleu fourrées de loup-cervier ;

Les gardes de la bonneterie en robes de velours tanné ;

Les gardes de l’orfèvrerie en robes de velours rouge cramoisi ;

Les gardes de la marchandise de vins en robe de velours bleu, toques pareilles et galons d’argent ;

Les cinquanteniers, dixainiers et autres notables bourgeois en habits ordinaires noirs. »

L’élection du prévôt des marchands était entourée d’une pompe vraiment imposante. Les citoyens, appelés à l’honneur de donner leurs suffrages, appréciaient dignement la haute mission qu’ils avaient à remplir, et le magistrat, nommé pour diriger les importantes affaires de la ville, recherchait les moyens de créer de nouvelles améliorations.

Trois causes ont fait de Paris le plus magnifique bazar du monde : son heureuse situation d’abord, ensuite les privilèges de la Hanse, puis l’admirable institution de la Prévôté des Marchands. La royauté, si chatouilleuse pourtant en fait de pouvoir, avait compris qu’il fallait laisser toute liberté à cette magistrature qui en faisait un si noble usage ; aussi, chose étonnante, le corps municipal était-il plus libre, plus à l’aise sous la monarchie absolue que sous l’empire et la restauration.

Toutes les améliorations utiles, tous les embellissements proposés par le bureau de la Ville, étaient approuvés, encouragés par nos rois ; de là ces admirables monuments qu’on rencontre à chaque pas en visitant cette Rome moderne.

Il fallait avoir un grand fonds d’honneur et de probité pour être jugé digne de l’échevinage. Ce n’était qu’après avoir donné des preuves souvent répétées d’un grand talent, qu’on parvenait à la prévôté ; aussi cette institution, qui avait traversé cinq siècles, était toujours vigoureuse, même à ses derniers moments ; sa vieillesse était encore l’âge de sa beauté.

En parcourant la liste chronologique des prévôts et échevins, on ne rencontre qu’un seul homme accusé d’avoir manqué à ses devoirs. Deshayes, notaire, échevin en 1763, sous la prévôté de Pontcarré, seigneur de Viarme, ayant fait des opérations étrangères à sa profession, tomba par suite dans de mauvaises affaires. Un arrêt du bureau de la Ville du 17 janvier 1764 ordonna sa destitution. Il fut déclaré déchu de noblesse, et son nom, effacé comme indigne de figurer sur les monuments publics.

Quarante prévôts des marchands ont mérité par leurs talents et leurs vertus, l’honneur de la réélection. Parmi ces prévôts réélus, on compte

10 Conseillers d’état.
8 Conseillers du roi.
4 Conseillers au parlement.
4 Présidents aux enquêtes.
2 Présidents en la cour des aydes.
2 Maîtres des requêtes.
1 Audiencier de France.
1 Grand écuyer et panetier de France.
1 Notaire et secrétaire du roi.
1 Procureur général de la cour des aydes.
1 Président de la chambre des requêtes.
3 Seigneurs étrangers jusqu’alors aux fonctions publiques.
2 Dont les professions sont inconnues.

Total. 40

Par édit du Roi du 6 novembre 1706, les échevins furent comptés dans la noblesse : à partir de cette époque, ils eurent le droit d’ajouter à leurs noms le titre d’écuyer.

Tous les documents qui peuvent faire apprécier la belle institution de la prévôté des marchands méritent d’être mentionnés. Pour ce motif, nous transcrivons ici une partie du procès-verbal de l’élection de Claude Le Peletier, nommé prévôt des marchands le 16 août 1668.

« En l’assemblée générale du 16e jour d’aoust 1668, tenue en la grande salle de l’Hostel-de-Ville de Paris, suivant les mandements envoyez pour procéder à l’élection d’un prévôt des marchands et de deux eschevins nouveaux au lieu de ceux qui ont faict leur temps, sont comparus : messire Daniel Voisin, chevalier, seigneur de Cerisay, conseiller du roy, maître des requêtes de son hostel, prévost des marchands ; M. Lusson, conseiller du roy au siège présidial du Châtelet, MM. de Faverolles et Gaillard, tous trois eschevins, ainsi que Messieurs les conseillers et quartiniers d’ycelle.

Sur les sept heures du matin, Messieurs les prévost des marchands et eschevins, procureur du roy et greffier vestus de leurs robbes my party, accompagnés d’aucuns de Messieurs les conseillers de ville et quartiniers, sont allez entendre la messe solemnelle du Saint-Esprit dans l’église qui lui est dédiez, à l’issue de laquelle estant retournez en l’Hostel-de-Ville et pris leurs places au grand bureau, l’on a proceddé à l’ouverture des procès-verbaux des assemblées particulières tenues dans chacun quartier pour l’élection des quatre personnes notables ; dont deux doibvent demeurer pour porter leurs suffrages en cette assemblée générale ; et les noms de ces quatre notables ayant été escrits dans quatre billets différents et mis dans le chapeau my party, ceux dont les noms se sont escrits dans les deux premiers billets, et qui ont été tirez du dit chapeau, ont été retenus pour l’élection.

Sur les neuf heures du matin, les quartiniers ayant faict sçavoir à Monsieur le prévost des marchands que tous les mandez s’estoient rendus en l’Hostel-de-Ville, et Messieurs les prévost des marchands et eschevins, conseillers et quartiniers ayant pris leurs places ordinaires, et les mandez s’estant placez sur les bancs qui leur sont destinez, Monsieur le prévost des marchands a dit à la compagnie que cette assemblée avait été convocquée pour procéder à l’élection d’un prévost des marchands et de deux eschevins, que le Roy ayant envoyé une lettre de cachet au sujet de cette élection, il avoit esté arrêté dans l’assemblée du conseil de ville qu’elle seroit déposée au greffe pour estre lue en ce jour, après les ordonnances faites sur la forme de procéder à l’élection des prévost des marchands et eschevins.

Lesdittes ordonnances, lettres de cachet et le résultat de la ditte assemblée, ayant esté lus par le greffier, Monsieur le procureur du roy ayant pris la parole, auroit remercié au nom de toute la ville, Monsieur le prévost des marchands des soins, qu’il avoit pris pendant sa magistrature, et s’estant fort estendu sur les avantages que la Ville auroit reçus par son application et sa fermeté dans les occasions qui s’estoient présentées, auroit conclud à ce qu’il fust proceddé à une nouvelle élection d’un prévost des marchands et de deux eschevins en la manière accoutumée.

M. Voisin ayant expliqué les raisons de la conduite qu’il avoit tenue pendant sa prévosté, et faict le récit des affaires principales qui s’estoient passées durant sa magistrature, finit son discours par un remerciement à la compagnie en des termes très obligeants.

L’on procedda ensuite à l’élection des quatre scrutateurs ; Monsieur le prévost des marchands ayant pris à cette effect le serment de tous les assistants, et par la pluralité des voix qui furent M. Hiérosme Bignon pour les officiers du roy, M. Le Vieux pour les conseillers de ville, le sieur Picquet pour les quartiniers et le sieur Le Brun pour les bourgeois.

Les quatre scrutateurs ayant faict ensemble le serment entre les mains de Monsieur le prévost des marchands, de procéder en leur conscience au scrutin de l’élection, MM. les prévost des marchands et eschevins seroient sortis de leurs places et passez en un banc au-dessus, et MM. les scrutateurs s’estant assis sur le banc que MM. de la Ville avoient quitté, M. Bignon tenant le tableau sur lequel on fait le serment, M. le Vieux, le chappeau my party pour recevoir les bulletins, le greffier de la Ville auroit appelé. Les élections ayant commencé par MM. les prévost des marchands et eschevins, continué par les conseillers de ville suivant l’ordre du tableau, et finy par les quartiniers et les bourgeois mandez.

Après que les suffrages ont esté portez par les électeurs, MM. les scrutateurs sont passez dans le petit bureau et ont dressé le scrutin de l’élection, lequel est demeuré entre les mains de M. Bignon, premier scrutateur, pour le présenter à sa majesté. M. le prévost des marchands ayant faict sçavoir cette élection à M. de Guénégaud, secrétaire d’estat, et l’ayant prié de luy mander le jour auquel le Roy auroit agréable de recevoir le serment des nouveaux eslus, ayant sceu par sa réponse que le Roy auroit donné jour pour le lundy 20 aoust à l’issue de son disné, M. le prévost des marchands en auroit faict advertir les nouveaux eslus, les quatre scrutateurs, les officiers de la Ville et toute la compagnie s’estant assemblée en l’Hostel-de-Ville le dit jour, en seroit party en carrosse pour aller prendre M. le duc d’Aumont, gouverneur de Paris, en son hostel.

L’on arriva à Saint-Germain sur les neuf heures, M. le gouverneur fut au levé du Roy, et M. le prévost des marchands mena cependant MM. les scrutateurs et les nouveaux eslus chez M. le chancelier et MM. les ministres. Sur le midy, M. le gouverneur, MM. les prévost des marchands et eschevins, conseillers et officiers de la Ville, les scrutateurs s’estant rendus en la maison que M. le prévost des marchands avoit fait retenir pour recevoir la Ville, on y servit le disné à l’issue du quel, comme l’heure de l’audience approchoit, on alla au palais dans l’ordre qui suit : 1o Marchoient quatre archers de la Ville ayant à leur teste le colonel. Ils estoient suivys de quatre huissiers de la Ville ayant leur robbe de livrée. Le greffier de la Ville seul vestu de sa robbe my party d’escarlatte et de noir, M. le gouverneur, et M. le prévost des marchands vestu de sa robbe de sattin rouge et tanné, MM. les eschevins avecque le procureur du roy, M. le receveur avecque le doyen des conseillers de la Ville, enfin les quatre scrutateurs suivys des nouveaux eslus ; les conseillers et quartiniers qui assistent à cette cérémonie marchoient ensuitte deux à deux. Les archers de la ville estant restez à la porte du chasteau, le reste de la compagnie se rendit à l’appartement de M. de Gesvres, qui leur auroit été marqué pour leur audience, à la quelle ils furent conduits peu de temps après par M. de Sainctot, et présentés à sa majesté par M. Du Plessis, secrétaire d’estat.

Le Roy estoit assis dans son fauteuil placé au milieu de sa chambre, et après les révérences accoutumées tous ceux qui composoient le corps de ville s’estant mis à genoux, M. Voisin, prévost des marchands dit à sa majesté que l’on avoit proceddé à l’élection d’un prévost des marchands et de deux eschevins nouveaux, que M. Bignon estoit chargé du scrutin de la nouvelle élection, et l’apportait à sa majesté pour luy en demander la confirmation, après quoy M. Bignon s’estant incliné, auroit faict au roy un discours des plus éloquents, et luy ayant présenté le scrutin de la ditte élection, le roy l’auroit donné à M. Du Plessis pour en faire la lecture, après laquelle le greffier de la ville ayant présenté au roy le tableau sur lequel on a coustume de faire le serment, M. Le Peletier élu prévost des marchands et MM. Belin et Picques élus eschevins s’estant approchés et mis la main sur le dit tableau, mon dit sieur Du Plessis fit la lecture du serment qu’ils prêtèrent ; ensuite de quoy le Roy tesmoigna par un discours des plus obligeants son approbation sur la conduitte de MM. les prévost des marchands et eschevins qui sortoient de charge, et dit qu’il espéroit les mêmes services des nouveaux eslus dont les personnes lui estoient très agréables. Le Roy estant passé dans son cabinet, la compagnie alla saluer la reyne, M. le dauphin, Madame et Monsieur le duc d’Anjou, et après les visittes, l’on retourna à Paris et les nouveaux eslus furent installez et mis en possession de leurs charges par M. le premier scrutateur en la manière accoutumée. » (Arch. du royaume, section administrative, reg. H, no  1821).

Dans un autre mémoire relatif à l’élection du 16 août 1674, on lit ce qui suit : « M. Bezons fit la harangue et présenta le scrutin à sa majesté, qui l’ayant remis entre les mains du secrétaire d’état, lui ordonna d’en faire la lecture. Après la lecture faite du dit scrutin, le greffier de la ville donna le serment au dit secrétaire d’état, et le crucifix ayant été remis entre les mains de sa majesté, les d. prévost des marchands et eschevins à genoux jurèrent dessus, le serment étant lu à haute voix par le secrétaire d’état. »

Il serait impossible de rappeler dans cet article tous les services rendus à la ville par la prévôté des marchands. Les accroissements successifs de la capitale, les établissements utiles créés à chaque époque témoignent assez de leur zèle et de leur intelligence. Le 14 juillet 1789, jour de la prise de la Bastille, un comité municipal, composé des échevins et des électeurs des députés aux états généraux, était réuni, sous la présidence du prévôt des marchands, dans la grande salle de l’Hôtel-de-Ville. L’émeute grondait dans la rue.

Dans la situation difficile où le plaçait la crise imminente qui se préparait, Jacques de Flesselles avait cru devoir continuer ses fonctions et favorisait secrètement les projets de la cour. Vivement interpellé par un des électeurs sur ses dangereuses relations, le prévôt balbutia, puis quitta la salle pour se rendre au Palais-Royal. Il atteignait à peine le bas de l’escalier de l’Hôtel-de-Ville, lorsqu’un jeune homme lui tira à bout portant un coup de pistolet. Flesselles tombe mortellement blessé, son cadavre est traîné dans la boue et sa tête, séparée du corps, est promenée dans les rues de Paris. Telle fut la fin du dernier prévôt des marchands.

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Liste chronologique


des prévôts des marchands et échevins de la ville de Paris depuis 1268 jusqu’en 1789.


Prévôts
Échevins
1268.
Jehan AUGIER.
1276.
Guillaume PISDOÉ.
1280.
Guillaume BOURDON.
1280.
Jehan Augier (neveu du prévôt) ; Jehan Barbette ; Jehan Arrode ; Jehan Bigues.
1289.
Jehan ARRODE.
1293.
Jehan POPIN.
1293.
Thomas de Saint-Benoast ; Estienne Barbette ; Adam Paon ; Guillaume Pisdoé.
1296.
Guillaume BOURDON, réélu.
1296.
Adam Paon ; Thomas de Saint-Benoast ; Estienne Barbette ; Guillaume Pisdoé.
1298.
Estienne BARBETTE.
1304.
Guillaume PISDOÉ,
réélu.
1304.
Jehan Gentien.
1314.
Estienne BARBETTE.
1321.
Jehan GENTIEN.
1355.
Jean CULDOÉ.
Maître
Estienne MARCEL.
1359.
Jean DESMARETS.
1371.
Jean FLEURY.

Le 27 janvier 1382, le roi Charles VI, pour punir les Parisiens de la révolte des Maillotins, supprima la prévôté des marchands et en réunit les attributions à la prévôté de Paris, alors confiée à messire Audouyn Chauveron, auquel succédèrent en 1388, Messire Jean de Folleville ; en 1389, Jean Juvénal des Ursins ; en 1404, Charles Culdoé.

Par lettres-patentes en forme d’édit du 27 janvier 1411, Charles VI rendit à la ville de Paris la prévôté des marchands, l’échevinage, etc.

Sire Pierre GENTIEN,
fut élu prévôt des marchands.
Maître Jean de Troyes ; Jean de Lolive ; Denis de Saint-Yon ; Robert de BELLON.
1411.
(Sire Pierre Gentien quitte sa place de prévôt des marchands.)
André d’ESPERNON
est élu.
1412.
Pierre Augier ; Guillaume Kiriasse.
1413.
Sire Pierre GENTIEN est remis en sa place le 9 septembre.
1413.
Guillaume Kiriasse ; Jean Marceau.
1414.
André d’Espernon ; Pierre de Grandrues.
1415 (10 octobre).
Philippe de BRÉBANT.
1415 (10 octobre).
Jean de Louviers (le Jeune) ; Regnault Pisdoé.
1416.
Estienne de Bonpuis ; Jean du Pré.
1417 (12 septembre).
Sire Guillaume KIRIASSE.
1417 (12 septembre).
Simon de Terrennes ; Henri Moloue.
1418 (6 juin).
Noël PRÉVOST.
1418 (6 juin).
Pierre Voyer ; Michel Thibert ; Marcelet Testart ; Jean de Louviers.
1419 (26 décembre).
Maître Hugues LE COQ.
1419.
Imbert des Champs ; Jean de Saint-Yon.
1420.
Sire
Guillaume SANGUIN.
1420.
Sire Jean de Lolive ; Jean de Dammartin.
1421.
Maître
Hugues RAPIOULT.
1421.
Jean de Cerisy ; Jean de Compans.
1422.
Garnier de Saint-Yon ; Jean de Bellon.
1423.
Raoul Dourdin ; Jean de La Poterne.
(La suite des échevins manque pendant cinq années.)
1429.
Imbert des Champs ; Jean de Dampierre ; Raymond Marc ; Nicolas de Neufville.
1430.
Marcelet Testart ; Guillaume de Troyes.
1431.
Robert Climent ; Henri Aufroy.
1432.
Louis Gobert ; Jacques de Roye.
1433.
Garnier de Saint-Yon ; Jean de la Poterne.
1434.
Louis Gellée ; Luques Dupleis.
1435.
(Les noms manquent.)
La Période de 1422 à 1436, pendant laquelle manquent la suite entière des prévôts des marchands et une partie de celle des échevins, embrasse tout le temps de l’occupation de la capitale par les Anglais. Cette ville ne rentra sous l’obéissance de Charles VII que le mercredi 23 juillet 1436.
Sire Michel LAILLIER, qui contribua à l’expulsion des Anglais, fut élu prévôt des marchands.
Jean de Bellon ; Nicolas de Neufville ; Pierre des Landes ; Jean de Grandrues.
1437.
Simon du Martray ; Jean Luillier.
1438.
Sire
Pierre des LANDES.
1438.
Jean de Grandrues (continué) ; Jean Augier ; Jean Thiessac ; Jacques de La Fontaine.
1439.
Nicolas Bailly ; Jean de La Porte.
1440.
Pierre des Landes
(continué).
1440.
Michel Culdoé ; Jean de Calais.
1441.
Guillaume Nicolas ; Jean de Livres.
1442.
Pierre des LANDES
(continué).
1442.
Nicolas de Neufville ; Jean de Marle.
1443.
Jean Luillier, réélu ; Jacques de La Fontaine, réélu.
1444.
Maître Jean BAILLET,
conseiller au parlement.
1444.
Nicolas de Louviers ; Jean de Chanteprime.
1445.
Jean Luillier, réélu ; Jacques de La Fontaine, réélu.
1446.
Jean BAILLET (continué).
1446.
Pierre de Vaudetart ; Jacques de Camlers.
1447.
Jean Luillier, réélu ; Michel de Camlers ; Germain de Braque, élu en remplacement de Jean Luillier.
1448.
Jean Baillet (continué).
1448.
Guillaume Nicolas ; Enguerrand de Thumery.
1449.
Jean de Marle ; Nicolas de Louviers.

Le lundi 17 août 1450, les prévôt des marchands, échevins, conseillers, quartiniers et bourgeois de Paris, réunis en assemblée solennelle à l’Hôtel-de-Ville sous la présidence de M. Arnould de Marle, conseiller du roi et président de la cour du parlement, arrêtent : « Que conformément aux anciens usages et enseignements cités par le procureur du roy et de la ville, et contrairement à l’avis de plusieurs qui soutenoient qu’on pouvoit élire les prévôt et échevins d’une autre nation que Paris, on procéderoit à l’élection d’un prévôt des marchands et de deux échevins le lendemain de l’Assomption de Notre-Dame, 16 d’aoust, qui seroient natifs de Paris et non d’ailleurs ainsi qu’il étoit accoutumé. »

Et furent élus ce jour-là :

Maître Jean BURREAU, trésorier de France.
Nicolas Bailly ; Jean Chesnard.
1451.
Germain de Braque ; Henri de La Cloche.
1452 (19 août).
DREUX-BUDÉ, audiencier de France.
1452.
Hugues Ferret ; Jean Le Riche.
1453.
Henri de La Cloche (continué) ; Arnault de Luillier.
1454.
DREUX-BUDÉ (continué).
1454.
Hugues Ferret (continué) ; de Clerbourg.
1455.
Pierre Gallié ; Philippe Lallement.
1456 (16 août).
Maître
Jean de Nanterre, président aux requêtes.
1456.
Jacques de Hacqueville ; Michel de La Grange.
1457.
Pierre Gallié ; Michel Laisié.
1458 (16 août).
Jean de NANTERRE (continué).
1458.
Guillaume Le Maçon ; Jacques d’Erpy.
1459.
Jean de Clerbourg ; Pierre Mesnard.
1460.
Maître
Henri de LIVRES.
1460.
Jacques de La Fontaine ; Antoine de Vauboulon.
1461.
Hugues Ferret ; Henry de Paris.
1462.
De LIVRES (continué).
1462.
Germain de Braque ; Guillaume de Longuejoue.
1463.
Jean de Clerbourg ; André d’Azy.
1464.
De LIVRES (continué).
1464.
Jean de Harlay, chevalier du guet ; Denis Gilbert.
1465.
(Pas d’élection à cause des guerres.)
1466.
Sire
Michel de LA GRANGE, seigneur de Trianon, maître de la chambre aux deniers du roi, et général des monnaies.
1466.
Nicolas Potier ; Gérard de Vauboulon.
1467.
Pierre Gallié ; Jacques de Hacqueville.
1468 (16 août).
Sire
Nicolas de LOUVIERS, seigneur de Cannes, conseiller du roi et maître de ses comptes.
1468.
Pierre Mesnard ; Denis-le-Breton.
1469.
Jean de Harlay, réélu ; Arnault de Cambray.
1470.
Sire Denis HESSELIN, écuyer, panetier du roi.
1470.
Denis-le-Breton (continué) ; Simon de Grégy.
1471.
Jean Colletier ; Jean des Portes.
1472.
HESSELIN (continué).
1472.
Jean de Brebant ; Gancher Hébert.
1473.
Jean Colletier (continué) ; Jacques Le Maire.
1474.
Sire
Guillaume LE COMTE, conseiller du roi et grainetier de Paris.
1474.
Germain de Marle ; Guillaume Le Jay.
1475.
Jean Colletier (continué) ; Jean des Portes.
1476.
Maître
Henri de LIVRES, conseiller du roi.
1476.
Germain de Marle ; Jean des Vignes.
1477.
Jean Colletier (continué) ; Henri Le Breton.
1478.
De LIVRES (continué).
1478.
Germain de Marle ; Jean des Vignes (continué).
1479.
Jean Colletier (continué) ; Simon de Neufville.
1480.
De LIVRES (continué).
1480.
Jean des Vignes (continué) ; Imbert Luillier.
1481.
Jean Colletier (continué) ; Simon de Neufville (continué).
1482.
De LIVRES (continué).
1482.
Imbert Luillier ; Nicolas du Hamel.
1483.
Jean Colletier (continué) ; Simon de Neufville.
1484.
Maître
Guillaume de LA HAYE, conseiller du roi et président des requêtes du palais.
1484.
Gancher Hébert ; Jacques Nicolas.
1485.
Jean de Harlay ; Jean de Ruel.
1486
Maître Jean du DRAC, vicomte d’Ay et seigneur de Mareuil.
1486.
Guillaume de Hacqueville ; Jacques Vaulquier.
1487.
Denis Thumery ; Nicolas Ferret.
1488.
Du DRAC (continué).
1488.
Jacques Testes ; Louis de Montmiral.
1489.
Gancher Hébert ; Jacques Vaulquier.
1490.
Maître
Pierre POIGNANT, conseiller au parlement.
1490.
Simon Malingre ; Charles Le Coq, général des monnaies.
1491.
Pierre de La Poterne ; Jean Le Lièvre.
1492.
Maître
Jacques PIÉDEFER, avocat en parlement.
1492.
Jacques Vaulquier ; Raoul de Hacqueville.
1493.
Pierre Raoulin ; Jean Brulart.
1494.
Nicolas VIOLE, correcteur des comptes.
1494.
Pierre de Ruel ; Jacques Nicolas.
1495.
Jean des Landes ; Audry Guyart.
1496.
Maître
Jean de MONTMIRAL, avocat en parlement.
1496.
Jean Le Jay ; Michel Le Riche.
1497.
Étienne Boucher ; Simon Aimé.
1498.
Maître
Jacques PIÉDEFER, avocat en parlement.
1498.
Antoine Malingre ; Louis du Harlay.
1499.
Pierre Turquant ; Bernard Ripault.
1500.
Nicolas POTIER, général des monnaies.
1500.
Jean de La Pite ; Jean de Marle ; Jean Le Lièvre ; Jean de Lolive.
1501.
(Ces quatre échevins sont continués).
1502.
Sire
Germain de MARLE, général des monnaies.
1502.
Charles des Moulins ; Jean Paillard ; Jean Croquet ; Nicolas Berthillon.
1503.
Henri Le Bègue ; Étienne Huré.
1504.
Maître
Eustache LUILLIER, seigneur de St-Mesmin et maître des comptes.
1504.
Pierre Le Maçon ; Jean Hébert.
1505.
Pierre Paulmier, conseiller au Châtelet ; Jean Le Lièvre.
1506.
Messire
DREUX-RAGUIER, escuyer, seigneur de Temmelle, conseiller du roi et maître de ses eaux et forêts.
1506.
Nicolas Séguier ; Hugues de Neufville.
1507.
Étienne Savin ; Étienne Huré.
1508.
Maître
Pierre LE GENDRE, trésorier de France.
1508.
Mery Bureau ; Pierre Turquant.
1509.
François Chouart ; Regnault Anthoulet.
1510.
Maître
Robert TURQUANT, conseiller au parlement.
1510.
Charles de Montmiral ; Jean Croquet.
1511.
Antoine Disomme ; Geoffroy du Souchay.
1512.
Maître Roger BARME, avocat général au parlement.
1512.
Nicolas de Crespy ; Jean Olivier.
1513.
Guillaume Parent ; Robert Le Lieur.
1514.
Maître Jean BOULART, conseiller au parlement.
1514.
Mery Bureau ; Jean Bazanier.
1515.
Maître Pierre CLUTIN, conseiller au parlement, fut élu pour achever le temps de Boulart, décédé.
1515.
Jacques Le Lièvre ; Miles Perrot.
1516.
CLUTIN (continué).
1516.
Jean du Bus ; Geoffroy du Souchay.
1517.
Claude Olivier ; Pierre de Soulfour.
1518.
Maître Pierre LESCOT, seigneur de Lyssy, conseiller du roi et procureur général en la cour des aydes.
1518.
Jean Turquant ; Jean Allard.
1519.
Nicolas Le Cointe ; Nicolas Charpentier.
1520.
Messire
Antoine LE VISTE, conseiller et maître des requêtes ordinaires de l’hôtel du roi.
1520.
Jean Palluau ; Jean Bazanier.
1521.
Gaillard Spifame, seigneur de Dissaulx, général de France, outre-Seine ; Nicolas Chevalier, bourgeois.
1522.
Guillaume BUDÉ, seigneur de Merly-la-Ville, maître des requêtes ordinaires de l’hôtel du roi, et maître de sa librairie.
1522.
Maître Jean Morin, lieutenant du bailly du palais, et aussi lieutenant général du grand réformateur des eaux et forêts ; Jean Croquet, bourgeois.
1523.
Sire Claude Sanguin, marchand et bourgeois de Paris ; maître Jean Le Clerc, seigneur d’Armendelle, et auditeur aux comptes.
1524.
Maître Jean MORIN, lieutenant aux baillages de Paris et du palais.
1524.
Guillaume Séguier ; Claude Le Lièvre.
1525.
Maître Pierre Lormier, commissaire au Châtelet de Paris ; sire Claude Foucault, seigneur de Mondétour ; sire Jean Turquant, quartinier et bourgeois.

(Le premier de ces trois échevins, Pierre Lormier, fut élu pour un an, afin d’achever le temps de Guillaume Séguier, décédé.)

1526.
Maître Germain de MARLE, seigneur de Thillay, notaire et secrétaire du roi et général des monnaies.
1526.
Germain Le Lieur ; Jacques Pinet.
1527.
Maître Nicole Guesdon, avocat au parlement ; maître François Gayant, auditeur aux comptes.
1528.
Maître
Gaillard SPIFAME, seigneur de Pisseaux, et général de France, outre-Seine.
1528.
Sire Claude Maciot, quartinier ; Pierre Fournier.
1529.
Maître Regnault Picard, notaire et secrétaire du roi ; Pierre Hennequin, avocat au parlement.
1530.
Maître Jean LUILLIER, conseiller du roi et maître ordinaire des comptes.
1530.
Sire Jean de Moussy ; maître Simon Teste, conseiller du roi.
1531.
Sire Gervais Larcher ; sire Jacques Boursier.
1532.
Pierre VIOLE, conseiller du roi au parlement.
1532.
Maître Claude Daniel, conseiller du roi ; sire Jean Barthélemi, quartinier, bourgeois et marchand.
1533.
Maître Martin Bragelongne, conseiller du roi au baillage du palais ; Jean Courtin, conseiller du roi.
1534.
Maître Jean TRONÇON, conseiller du roi.
1534.
Maître Guillaume Quinotte, receveur des généraux, des aydes et quartinier ; sire Jean Arroger, bourgeois.
1535.
Christophe de Thou, avocat du roi ès-eaux et forêts ; Eustache Le Picard, notaire et secrétaire du roi.
1536.
TRONÇON (continué).
1536.
Sire Claude Le Lièvre ; Pierre Raoul.
1537.
Maître Jacques Paillard, seigneur de Jumeauville ; Nicole de Hacqueville, avocat au parlement.
1538.
Maître
Augustin de THOU, conseiller au parlement.
1538.
Sire Jean Crochet ; Guillaume Danès, quartinier.
1539.
Maître Antoine Le Coincte, conseiller du roi au Châtelet de Paris ; sire Jean Parfait.
1540.
Maître Étienne de MONTMIRAL, conseiller du roi au parlement.
1540.
Sire Guillaume Le Bras ; Guichard Courtin, quartinier.
1541.
Maître Thomas de Bragelongne, conseiller du roi en la conservation des privilèges de l’Université ; sire Nicolas Perrot.
1542.
Maître
André GUILLARD, conseiller du roi et maître des requêtes ordinaires de son hôtel.
1542.
Maître Denis Picot, conseiller du roi ; sire Henri Godefroy, quartinier.
1543.
Pierre Séguier, lieutenant criminel au Châtelet de Paris ; sire Jean Choppin, marchand et bourgeois.
1544.
Maître Jean MORIN, lieutenant civil de la prévôté de Paris.
1544.
Sire Jean de Saint-Germain ; Jean Barthélemi.
1545.
Maître Jacques Aubery ; maître Denis Tanneguy, avocat au parlement.
1546.
Maître Louis GAYANT, conseiller du roi au parlement.
1546.
Sire Denis Barthélemi, quartinier ; sire Fiacre Charpentier.
1547.
Maître Nicole Le Cirier, avocat en parlement ; maître sieur Michel Vioelart.
1548.
Maître Claude GUYOT, conseiller notaire et secrétaire du roi.
1548.
Sire Guillaume Pommereu ; Guichard Courtin, quartinier.
1549.
Sire Antoine Soly ; Guillaume Choart, marchand drapier.
1550.
GUYOT (continué).
1550.
Sire Jean Le Jay, marchand ; sire maître Cosme Luillier, bourgeois.
1551.
Maître Guy Lormier ; sire Robert des Prez, bourgeois.
1552.
Maître Christophe de THOU, notaire et secrétaire du roi, avocat au parlement.
1552.
Sire Thomas Le Lorrain, quartinier ; sire Jean de Breda, marchand.
1553.
Sire Claude Le Sueur ; maître Jean de Soulfour.
1554.
Maître Nicole de LIVRES, notaire et secrétaire du roi.
1554.
Maître Jean Palluau, notaire et secrétaire du roi ; Jean Lescalopier, marchand.
1555.
Sire Germain Bourcier, marchand ; Michel du Ru.
1556.
Maître Nicolas PERROT, conseiller au parlement.
1556.
Maître Guillaume de Courlay ; sire Jean Messier.
1557.
Maître Augustin de Thou, avocat en parlement ; sire Claude Marcel, marchand bourgeois.
1558.
Maître Martin de Bragelongne, lieutenant particulier civil et criminel.
1558.
Pierre Prévost, élu de Paris ; sire Guillaume Larcher.
1559.
Sire Jean Aubery ; Nicolas Godefroy.
1560.
Maître Guillaume de Marle, seigneur de Versigny.
1560.
Maître Jean Sanguin, secrétaire du roi ; sire Nicolas Hae.
1561.
Maître Christophe Lasnier ; sire Henri Ladvocat.
1562.
De MARLE (continué).
1562.
Maître Jean Lescalopier ; maître Mathurin Le Camus.
1563.
Sire Jean Merault ; sire Jean Le Sueur.
1564.
Maître Guillaume GUYOT, seigneur de Charmaux.
1564.
Maître Pierre Prévost, élu de Paris ; Jean Sanguin, secrétaire du roi.
1565.
Maître Philippe Le Lièvre ; sire Pierre de La Cour.
1566.
Messire Nicolas LE GENDRE, seigneur de Villeroy.
1566.
Nicolas Bourgeois ; Jean de Bray.
1567.
Maître Jacques Sanguin, seigneur de Livry ; sire Claude Hervy.
1568.
LE GENDRE (continué).
1568.
Jacques Kerver ; maître Hierome de Varade.
1569.
Sire Pierre Poullin ; maître François Dauvergne.
1570.
Claude MARCEL, général des monnaies.
1570.
Maître Simon Bouquet ; sire Simon de Cressé.
1571.
Maître Guillaume Le Clerc ; Nicolas Lescalopier, conseiller du roi, trésorier général de France en la généralité de Caen.
1572.
Maître Jean LE CHARRON, président en la cour des aydes.
1572.
Maître Jean de Bragelongne ; Robert Danès, greffier des comptes.
1573.
Sire Jean Le Jay, seigneur de Dugy ; maître Jacques Perdrier, secrétaire du roi.
1574.
LE CHARRON (continué).
1574.
Maître Claude Daubray, secrétaire du roi ; sire Guillaume Parfait.
1575.
Maître Augustin Le Prévost, secrétaire du roi ; Jean Le Gresle, seigneur de Beaupré.
1576.
Messire Nicolas Luillier, président aux comptes, seigneur de Boulencourt.
1576.
Sire Guillaume Guerrier ; maître Antoine Mesmin, avocat au parlement.
1577.
Jean Boué, avocat au parlement, procureur du roi au baillage du palais ; sire Louis Abelly.
1578.
Maître Claude DAUBRAY, conseiller notaire et secrétaire du roi.
1578.
Sire Jean Le Comte, quartinier ; maître René Haudart.
1579.
Jean Gedoin ; sieur de Graville ; Pierre Laisné, conseiller au Châtelet.
1580.
Maître Augustin de THOU, conseiller du roi en son conseil d’état, et avocat général au parlement.
1580.
Antoine Mesmin, rééélu ; Nicolas Bourgeois.
1581.
René Poussepin, conseiller du roi au Châtelet ; Denis Mamyneau, conseiller du roi, auditeur aux comptes.
1582.
Messire Étienne de NEULLY, premier président de la cour des aydes.
1582.
Maître Jean de Loynes, avocat au parlement ; sire Antoine Huot.
1583.
Maître Hector Guedouin ; Jacques de La Fau.
1584.
De NEULLY (continué).
1584.
Pierre Le Goix ; Rémond Bourgeois.
1585.
Maître Philippe Hotman, conseiller au Châtelet ; Jean de La Barre, avocat au parlement.
1586.
Messire Nicolas-Hector, seigneur de PÉREUSE et de Beaubourg, conseiller d’état et maître des requêtes.
1586.
Maître Louis de Saint-Yon ; Pierre Lucoly, conseiller du roi et lieutenant général en la prévôté de l’Hôtel.
1587.
Jean Le Comte, vendeur de marée, quartinier ; François Bonnard, même profession.

Le 12 mai 1588, après la journée des barricades, messire Nicolas de Péreuse, prévôt des marchands, fut mis à la Bastille, les échevins furent destitués. Vers la fin du même mois, d’après les ordres du duc de Guise, une réunion générale des notables bourgeois de tous les quartiers de Paris eut lieu à l’Hôtel-de-Ville, à l’effet de procéder à l’élection des nouveaux prévôt des marchands et échevins ; et pour mettre les électeurs dans l’impossibilité de donner leurs voix à d’autres qu’à des partisans bien connus de la Ligue, il fut arrêté que, contrairement aux principes suivis jusqu’alors, il ne serait fait usage de billets ni de scrutin, mais que chacun voterait publiquement et à haute voix. Cette infraction aux anciens règlements fut colorée du prétexte d’urgence. Un sieur de Marchaumont réunit le premier jour la majorité des suffrages ; mais interrogé par plusieurs membres sur le lieu de sa naissance, il avoua qu’il n’était pas né à Paris. L’élection fut annulée et remise au lendemain ; en présence du duc de Guise, de son fils et de plusieurs autres seigneurs, furent élus à la pluralité des voix :

Maître Michel MARTEAU, sieur de La Chapelle, conseiller du roi, et maître ordinaire en la chambre des comptes.
Maître Nicolas Rolland, sieur du Plessis ; Jean Compans, marchand ; François Cotte Blanche, marchand ; Robert des Prés, marchand.

Les nouveaux magistrats prêtèrent serment entre les mains du duc de Guise ; toutefois ils déclarèrent qu’ils n’acceptaient leur charge que par provision, attendu l’urgence des affaires de la ville, et jusqu’à ce qu’il en fût autrement ordonné par le roi. Ils demandèrent ensuite qu’on prît acte de cette déclaration dont minute fut dressée, puis signée par eux et déposée au greffe de la ville.

Au mois de juillet, après la publication de l’édit de pacification, les prévôt des marchands et échevins se démirent de leur charge entre les mains de la reine-mère qui, tout en déclarant qu’elle avait pour agréable cet acte de soumission et qu’elle le porterait à la connaissance du roi son fils, leur enjoignit néanmoins, par un mandement signé de sa main, en date du 11 juillet 1588, de continuer l’exercice de leurs fonctions jusqu’à réception de la réponse de sa majesté.

Le 20 du même mois, d’après l’ordre du roi, Catherine de Médicis fit venir au palais, maîtres Marteau, N. Rolland, F. Cotte Blanche et R. des Prés, et leur annonça : « que sa majesté avait eu aussi pour très agréable leur démission et obéissance ; elle voulait qu’ils continuassent leurs charges jusqu’au 16 août 1590. » Ils prêtèrent donc serment de nouveau entre les mains de la reine-mère. Acte de cette prestation fut dressé, signé par eux tous et déposé au greffe de la ville.

Au mois de septembre 1588, maîtres Marteau et Jean Compans furent députés aux états-généraux convoqués à Blois, où le tiers-état choisit le prévôt pour son président.

Le 1er jour du mois d’août de l’année suivante, Henri III fut tué à Saint-Cloud par Jacques Clément.

1590 (18 octobre).
Maître Charles BOUCHER, sieur d’Orsay, conseiller du roi, président au grand conseil et maître des requêtes ordinaires.
1590.
Maître Jacques Brette, conseiller notaire et secrétaire du roi ; Pierre Poncher, marchand et bourgeois de Paris ; maître Robert des Prez, avocat au parlement ; Martin Langlois, avocat au parlement.

L’absence du duc de Mayenne et des échevins, avait nécessité le renvoi au mois d’octobre, de l’élection qui, selon les anciens usages, devait avoir lieu le 16 août. Afin de rendre à l’avenir les élections conformes à celles d’autrefois, il fut arrêté que des Prez et Langlois, qui avaient obtenu le moins de voix, ne seraient élus que pour un an seulement.

1591.
Robert des Prez (continué) ; Martin Langlois.

(Quelques jours après leur élection, ces deux échevins se démirent de leurs fonctions).

1591.
Maitre Denis Lemoine, sieur de Vaux ; Antoine Hotman.

(Ces deux échevins furent élus pour remplacer des Prez et Langlois, mais Hotman ayant accepté les fonctions d’avocat général au parlement de Paris, il fut procédé à une nouvelle élection, et Martin Langlois fut réélu).

1592 (16 août).

Point d’élection en raison de l’absence du duc de Mayenne, lieutenant-général du royaume.

1592 (9 novembre).
Maître Jean LUILLIER, sieur d’Orville et de Visseau, conseiller du roi et maître ordinaire en la chambre des comptes.
1592.
Denis Neret, marchand ; maître Jean Pichonnat, avocat au parlement.
1593.
(Point d’élection).

Le 22 mars 1594, Paris ouvrit ses portes à Henri IV. Le prévôt des marchands Luillier, les échevins Langlois et Neret, coopérèrent à la reddition de la capitale. Le 28 du même mois parut l’édit d’abolition, qui conserva tous les officiers publics dans leurs fonctions. Les prévôt des marchands et échevins furent maintenus après avoir prêté serment au roi entre tes mains de François d’O, chevalier des ordres de sa majesté, gouverneur et lieutenant-général de l’Isle de France.

1594 (16 août).
Maître Martin LANGLOIS, sieur de Beaurepaire, conseiller du roi et maître des requêtes ordinaires de son hôtel.
1594.
Jean Le Comte, quartinier ; maître Robert Besle, conseiller au Châtelet.
1595.
Omer Talon, avocat au parlement ; Thomas de Rochefort, avocat au parlement.
1596.
Maître LANGLOIS (continué).
1596.
Maître André Canaye, teinturier ; Clause Josse, receveur des bois.
1597.
Antoine Abelly, bourgeois ; Jean Roullier, bourgeois.
1598.
Messire Jacques DANÈS, seigneur de Marly, conseiller d’état et président des comptes.
1598.
Nicolas Bourlon, bourgeois ; Valentin Targer, bourgeois.
1599.
Maître Guillaume Robineau, avocat du roi en l’élection et grenier à sel de Paris ; Louis Vivien, seigneur de Saint-Marc.
1600.
Messire Antoine GUYOT, seigneur de Charmeaux, conseiller d’état et président des comptes.
1600.
Maître Jean Garnier, auditeur des comptes ; Jacques des Jardins, sieur des Marchets, conseiller au Châtelet.
1601.
Jean Baptiste Champin, secrétaire du roi ; Claude de Choilly.
1602.
Messire Martin de BRAGELONGNE, sieur de Charonne, conseiller d’état, président aux enquêtes.
1602.
Gilles Durant, avocat du roi ès-eaux et forêts ; Nicolas Quetin, conseiller au Châtelet.
1603.
Maître Louis Le Lièvre, substitut du procureur-général ; Léon Dollet, avocat au parlement.
1604.
Messire François MYRON, chevalier, seigneur du Tremblay, conseiller-d’état et lieutenant civil.
1604.
Sire Pierre Saintot, bourgeois ; Jean de La Haye.
1605.
Gabriel de Flexelles ; maître Nicolas Belut, conseiller au trésor.
1606.
Maître Jacques SANGUIN, seigneur de Livry, conseiller au parlement.
1606.
Germain Gouffé, substitut du procureur au Châtelet ; Jean de Vailly, sieur du Breul-du-Pont.
1607.
Maître Pierre Parfait, greffier de l’élection ; Charles de Charbonnières, auditeur des comptes.
1608.
SANGUIN (confirmé).
1608.
Maître Jean Lambert, bourgeois ; Jean Thévenot, conseiller au Châtelet.
1609.
Maître Jean Perrot ; Jean de La Noue, avocat au parlement.

La mort de Henri IV, assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610, ne permit pas de procéder aux élections. La régente Marie de Médicis envoya ses ordres au bureau de la ville. Les prévôt et échevins furent continués dans leurs charges ; Sanguin, prévôt des marchands, Perrot et de La Noue, pour deux années, et Lambert et Thévenot pour un an seulement.

1611.
Sire Jean Fontaine, maître juré, charpentier du roi ; maître Nicolas Poussepin ; sieur de Belais, conseiller au Châtelet.
1612 (16 août).
Maître Gaston de Grieu, sieur de Saint-Aguin, conseiller du roi en la cour du parlement.
1612.
Noble homme maître Robert des Prez, avocat en parlement ; Claude Merault, conseiller du roi et auditeur aux comptes, seigneur de Fossée.
1613.
Maître Israël Desneux, grainetier ; Pierre Chapisson, conseiller au Châtelet.
1614.
Messire Robert Myron, seigneur du Tremblay, conseiller du roi en ses conseils d’état et privé, conseiller au parlement et président aux enquêtes.
1614.
Jacques Huot, quartinier ; Guy Pasquier, seigneur de Bussy, conseiller du roi.
1615.
Jacques Le Bret, conseiller au Châtelet ; sire François Fréron, marchand bourgeois.
1616.
Maître Antoine BOUCHET, seigneur de Bouville, conseiller du roi au parlement.
1616.
Sire Nicolas de Paris, bourgeois ; noble homme maître Philippe Pietre, avocat au parlement.
1617.
Noble homme maître Pierre du Plessis, seigneur de La Saussaye, conseiller du roi au Châtelet ; sire Jacques de Creil, bourgeois.
1618.
Messire Henri de MESMES, chevalier seigneur d’Irval, conseiller du roi, en ses conseils d’état et privé, lieutenant civil de la ville, prévôté et vicomté de Paris.
1618.
Maître Jacques de Loynes, conseiller du roi, et substitut du procureur général au parlement ; sire Glaude Gonyer, bourgeois.
1619.
Noble homme maître Louys Damours, conseiller au Châtelet ; sire Pierre Buisson, bourgeois.
1620.
Henri de MESMES (continué).
1620.
Noble homme maître Guillaume Lamy, sieur de Villiers-Adam, conseiller et secrétaire du roi, contrôleur de la chancellerie ; Pierre Gouyon, bourgeois.
1621.
Noble homme maître Jean Le Prestre, auditeur aux comptes ; maître Robert Danès, secrétaire du roi.
1622.
Messire Nicolas de Bailleul, seigneur de Watrelos-sur-Mer et de Choisy-sur-Seine, conseiller du roi et lieutenant civil.
1622.
Jacques Montrouge, vendeur de marée ; maître Louis Daviau, conseiller au parlement.
1623.
Charles Dolet, avocat au parlement ; Simon Marcez, marchand et bourgeois.
1624.
De BAILLEUL (continué).
1624.
Maître Prospère de Motte, conseiller au Châtelet ; Pierre Perrier, marchand et bourgeois.
1625.
Maître Jean-Baptiste Hautin, conseiller au Châtelet ; André Langlois, marchand et bourgeois.
1626.
De BAILLEUL (continué).
1626.
Pierre Parfait, marchand et bourgeois ; maître Denis Maillet, avocat au parlement.
1627.
Maître Augustin Le Roux, conseiller au Châtelet ; Nicolas de Laistre, marchand et bourgeois.
1628.
Messire Christophe SANGUIN, seigneur de Livry, conseiller d’état, président des comptes.
1628.
Sire Étienne Heurlot, bourgeois ; noble homme maître Léonard Renard, conseiller du roi et son procurer au trésor.
1629.
Pamphile de La Court, marchand bourgeois, conseiller de la ville ; maître Antoine de Paris, procureur à la chambre des comptes.
1630.
SANGUIN(continué).
1630.
Noble homme maître Jean Pepin, conseiller au Châtelet ; sire Jean Tronchot, marchand bourgeois, conseiller de la ville.
1631.
Philippe Le Gangneux, quartinier ; sire Nicolas de Poix, marchand et bourgeois ; maître Claude Le Tourneau, conseiller de la ville, élu pour un an en remplacement de Tronchot qui mourut le 16 juin 1631.
1632.
Messire Michel MAUREAU, conseiller du roi aux conseils d’état et privé, lieutenant privé.
1632.
Noble homme Hilaire Marcez, conseiller au Châtelet ; Jean Bazin, sieur de Chambuisson, conseiller de la ville.
1633.
Jean Garnier, bourgeois de Paris ; noble homme Jacques Doujat, conseiller et secrétaire du roi.
1634.
MAUREAU (continué).
1634.
Nicolas de Creil, marchand bourgeois ; maître Jean Toucquoy, avocat au parlement, conseiller et maître des requêtes de la reine.
1635.
Noble homme Joseph Charlot, écuyer ; sieur de Pincé, conseiller du roi au Châtelet ; Jean de Bourges, bourgeois.
1636.
MAUREAU (continué) ; il mourut en octobre 1637.
1636.
Étienne Geoffroy, bourgeois ; maître Claude de Baussay, conseiller du roi et auditeur aux comptes.
1637 (le 28 octobre).
Oudard LE FÉRON, seigneur d’Orville et de Louvre-en-Parisis, conseiller aux conseils d’état et privé, président aux enquêtes en la cour de parlement.
1637.
Maître Germain Piêtre, conseiller au Châtelet ; Jacques Tartarin, marchand et bourgeois.
1638.
(Oudard Le Féron avait été élu tant pour achever le temps de Maureau, décédé, que pour deux autres années encore, à partir du 16 août 1638).
1638 (16 août).
Noble homme Claude Galland, conseiller du roi et auditeur aux comptes ; Clause Boüe, marchand et bourgeois.
1639.
Maître Pierre de La Tour, conseiller et secrétaire du roi ; maître Jean Chuppin, bourgeois de Paris et conseiller de la ville.
1640.
Pierre Eustache ; Charles Coiffier, commissaire au Châtelet.
1641 (25 février).
Christophe PERROT, seigneur de La Malmaison, conseiller de la grand’chambre du parlement.
1641.
Sébastien Cramoisi, imprimeur ordinaire du roi ; Jacques de Monhers.
1641 (22 avril).
Macé LE BOULANGER, président aux enquêtes.
1642.
(Il fut nommé pour achever le temps de MM. Le Féron et Perrot, décédés, et pour deux années ensuite.)
1642.
Remy Tronchot, receveur général des tailles à Paris ; Guillaume Baillon.
1643.
Claude de Bourges, payeur du bureau des trésoriers de France, à Orléans ; Adrien de Vinx.
1644.
Jean SCARRON, seigneur de Mendiné, conseiller de la grand’chambre du parlement.
1644.
Gabriel Langlois, conseiller au Châtelet ; Martin du Fresnoy.
1645.
Jean de Gaigny, commissaire au Châtelet et conseiller de la ville ; René de la Haye.
1646 (26 février).
Hiérome LE FÉRON, seigneur d’Orville et de Louvre-en-Parisis, président aux enquêtes.
1646.
Jean de Bourges, docteur en médecine ; Geoffroy Yon, bourgeois.
1647.
(Il fut nommé pour achever le temps de Scarron, décédé, et pour deux années ensuite.)
1647.
Gabriel Fournier, président en l’élection de Paris ; Pierre Helyot, conseiller de la ville.
1648.
LE FÉRON (continué).
1648.
Pierre Hachette, conseiller au Châtelet ; Raymond Lescot, conseiller de ville.
1649.
Claude Boucot, secrétaire du roi, seigneur du Clos Gaillard ; Robert de Sequeville, bourgeois.
1650.
Antoine LE FEBVRE, conseiller au parlement.
1650.
Michel Guillois, conseiller au Châtelet ; Nicolas Philippe.
1651.
André Le Vieux, conseiller de la ville ; Pierre Denison.

« Le 14 juillet 1652, le prince de Condé et le duc de Beaufort s’étaient rendus à l’Hôtel-de-Ville où les prévôt et échevins étaient réunis en assemblée générale. Plusieurs personnes crièrent « La salle est pleine de Mazarins ! » Ces mots furent comme des signaux de guerre donnés à la foule des mécontents, des gens sans aveu, des soldats déguisés qui, depuis le matin, s’agitaient sur la place de la Grève. Les invectives commencèrent, puis une grêle de pierres brisa les fenêtres de la maison de ville. Les mutins allèrent prendre du bois sur le port, l’amoncelèrent devant la porte et y mirent le feu. La fumée se répandit dans les salles, et les magistrats qui cherchaient à se sauver furent massacrés.

Après cet événement auquel il n’était pas étranger, le prince de Condé fit élire par une assemblée fort peu nombreuse, réunie à l’Hôtel-de-Ville, pour gouverneur de Paris, le duc de Beaufort, pour prévôt des marchands Pierre Broussel, et pour échevins, le 16 août suivant, MM. Gervais et Orry ; mais peu de temps après son entrée à Paris, le roi tint un lit de justice où furent annulées les élections faites par le prince. En vertu d’un mandement du roi, furent réélus : »

1652 (le 18 octobre).
Antoine LE FEBVRE, conseiller au parlement.
1652.
Michel Guillois, conseiller au Châtelet ; Nicolas Philippe.

(Chacun pour une année seulement).

1653.
Julien Gervais, contrôleur des mesures au grenier à sel ; Gabriel de Moucheny.
1654 (16 août).
Alexandre de SÈVE, chevalier, seigneur de Chastignonville, maître des requêtes honoraire.
1654.
Vincent Heron, conseiller de ville ; Jean Rousseau.
1655.
Antoine de La Porte, quartinier ; Claude de Santeul, ci-devant conseiller de ville.
1656.
De SÈVE (continué).
1656.
Philippe Gervais, conseiller de ville ; Jacques Regnard, conseiller au Châtelet.
1657.
Jean de Faverolles, intendant de la maison de la Reine ; Jacques Regnard, sieur de la Noue.
1658.
De SÈVE (continué).
1658.
Jean Le Vieux, quartinier ; Nicolas Baudequin, conseiller de ville.
1659.
Claude Prevost ; Charles du Jour, conseiller au Châtelet.
1660.
De SÈVE (continué).
1660.
Pierre Delamouche, auditeur aux comptes ; Jean Hélissant, conseiller de ville.
1661.
Jean de Monhers, avocat ; Eustache de Faverolles.
1662.
Daniel VOISIN, chevalier, seigneur de Cerisay, maître des requêtes.
1662.
Pierre Brigalier, avocat du roi au Châtelet ; Jean Gaillard, conseiller de ville.
1663.
Nicolas Souplet, quartinier ; Pierre Charlot, secrétaire du roi.
1664.
Daniel VOISIN (continué).
1664.
Laurent de Faverolles, auditeur des comptes ; Jean de La Balle, notaire et conseiller de ville.
1665.
François Le Foing, notaire au Châtelet ; Robert Hamonin, contrôleur et garde des registres à la chambre des comptes.
1666.
VOISIN (continué).
1666.
Hugues de Santeul, conseiller de ville ; Nicolas Lusson, conseiller au Châtelet.
1667.
Guillaume de Faverolles, quartinier ; Réné Gaillard sieur de Montmire.
1668.
Claude LE PELETIER, président aux enquêtes, depuis président à mortier, ministre d’état et contrôleur général.
1668.
Claude Belin, conseiller au Châtelet ; Nicolas Picques, conseiller de ville.
1669.
Henri de Santeul, quartinier ; Réné Accard, substitut du procureur général.
1670.
LE PELETIER (continué).
1670.
Nicolas Chanlatte, directeur du commerce des Indes ; Guillaume Amy, substitut du procureur général.
1671.
Louis Pasquier, contrôleur au grenier à sel ; Claude Le Gendre, interprète de sa majesté pour les langues orientales.
1672.
LE PELETIER (continué).
1672.
Pierre Richer, greffier en chef de la chambre des comptes ; Martin Bellier, quartinier.
1673.
François Bachelier, conseiller au Châtelet ; Charles Clerembault, conseiller de ville.
1674.
LE PELETIER (continué).
1674.
Pierre Picquet, quartinier ; Jacques Trois-Dames.
1675.
Jacques Favier ; Estienne Galliot, commissaire au Châtelet.
1676.
Auguste-Robert de POMMEREU, seigneur de La Bretèche, conseiller d’état.
1676.
Pierre de Beyne, quartinier ; Jean de La Porte, conseiller au Châtelet.
1677.
Alexandre de Vinx, conseiller de ville ; Antoine Magneux, intendant du duc de La Trémoille.
1678.
De POMMEREU(continué).
1678.
Philippe L’Évesque, quartinier ; Jacques Pousset de Montauban, avocat.
1679.
Simon Gillot, conseiller de ville ; Antoine de Groisy.
1680.
De POMMEREU(continué).
1680.
Jean de Vinx, quartinier ; Louis Roberge.
1681.
Jean-Baptiste Helissant, conseiller de ville ; Antoine Robert Baglan.
1682.
De POMMEREU (continué).
1682.
Charles Lebrun ; Michel Gamare.
1683.
Michel Chauvin, conseiller de ville ; Pierre Parques, notaire.
1684.
Henri de FOURCY, chevalier, seigneur de Chessy, président aux enquêtes.
1684.
Denis Rousseau, quartinier ; Jean Chuppin, notaire au Châtelet.
1685.
Mathieu-François Geoffroy ; Jean-Jacques Gayot, conseiller de ville.
1686.
De FOURCY (continué).
1686.
Nicolas Chuppin, quartinier ; Jean-Gabril de Sanguinière, sieur de Chavausac, conseiller au Châtelet.
1687.
Henri Herleau, conseiller de ville ; Pierre Le Noir.
1688.
De FOURCY (continué).
1688.
Claude Bellier, quartinier ; Vincent Marescal.
1689.
Pierre Presty, conseiller de ville ; Toussaint Millet, conseiller au Châtelet.
1690.
De FOURCY (continué).
1690.
Pierre Chauvin, quartinier ; Pierre Savalette, notaire au Châtelet.
1691.
Thomas Tardif, conseiller de ville ; Jean de Laleu.
1692.
Claude BOSC, seigneur d’Ivry-sur-Seine, procureur général de la cour des aydes.
1692.
Simon Moufle, notaire au Châtelet ; Guillaume Tartarin, avocat.
1693.
Toussaint-Simon Bazin, conseiller de ville ; Claude Puylon, docteur en médecine.
1694.
BOSC (continué).
1694.
Charles Sanfray, notaire au Châtelet ; Louis Baudran, substitut du procureur général de la cour des aydes.
1695.
Jean-Baptiste Le Tourneur, conseiller de ville ; Nicolas de Brussel, conseiller de ville.
1696.
BOSC (continué).
1696.
Mathurin Barroy, quartinier ; Guillaume Hesme.
1697.
Jean-François Sautreau, conseiller de ville ; Antoine de La Loire, procureur de la chambre des comptes.
1698.
BOSC (continué).
1698.
François Regnault, quartinier ; François-Jean Dionis, notaire au Châtelet.
1699.
Léonard Chauvin, conseiller de ville ; Jean Hallé.
1700.
Charles BOUCHER, chevalier, seigneur d’Orsay, conseiller au parlement.
1700.
Guillaume-André Hébert, quartinier ; François Crevon.
1701.
Claude de Santeul, conseiller de ville ; Claude Guillebon.
1702.
BOUCHER (continué).
1702.
Michel Boutet, quartinier ; Hugues Desnots.
1703.
Marc-François Lay, quartinier ; Denis-François Regnard, conseiller de ville.
1704.
BOUCHER (continué).
1704.
Martin-Joseph Bellier, quartinier ; Antoine Baudin.
1705.
Antoine Melin, notaire au Châtelet, conseiller de la ville ; Henri Boutet, notaire au Châtelet.
1706.
BOUCHER (continué).
1706.
Guillaume Scourjon, quartinier, écuyer ; Nicolas Denis, huissier ordinaire des conseils du roi.
1707.
Étienne Perichon, notaire au Châtelet, conseiller de ville ; Jacques Pyart.
1708.
Jérôme BIGNON, conseiller d’état.
1708.
René-Michel Blouin, quartinier ; Philippe Regnault.
1709.
Pierre Chauvin, conseiller de ville ; Claude Le Roy, seigneur de Champ, greffier, conseiller du roi, notaire au Châtelet.
1710.
BIGNON (continué)
1710.
Michel-Louis Hazon, quartinier ; Pierre-Jacques Brillon, avocat au parlement.
1711.
Nicolas Tardif, conseiller de ville ; Charles Baudoin-Presty.
1712.
BIGNON (continué).
1712.
Louis Boiseau, conseiller, notaire au Châtelet, quartinier ; Louis Duranz, conseiller du roi, notaire au Châtelet.
1713.
Hector-Bernard Bonnet, conseiller de ville ; René-François Coüet de Montbayeux, avocat au parlement et au conseil du roi.
1714.
BIGNON (continué).
1714.
Jacques de Beyne, quartinier ; Guillaume de Laleu, conseiller, notaire au Châtelet.
1715.
Simon Fayolle, conseiller de ville ; Charles-Damien Foucault, conseiller du roi, notaire au Châtelet.
1716.
Charles TRUDAINE, conseiller d’état.
1716.
Antoine de Serre, quartinier ; Charles-Pierre Hüet.
1717.
Jean Gaschier, conseiller du roi, de la ville, notaire au Châtelet ; Pierre Masson, avocat au parlement, greffier de la 5e chambre des enquêtes.
1718.
TRUDAINE (continué).
1718.
Henri de Rosnet, quartinier ; Paul Ballin, conseiller du roi, notaire au Châtelet.
1719.
Pierre Sautreau, conseiller de ville ; Jean-Jacques Belichon.
1720.
Pierre-Antoine de CASTAGNÈRE, chevalier, marquis de Châteauneuf et de Marolles, conseiller d’état.
1720.
Jean Denis, quartinier ; Charles-Louis Chauvin.
1721.
Jacques Roussel, conseiller du roi, notaire au Châtelet ; Antoine Sautreau.
1722.
De CASTAGNÈRE (continué).
1722.
Jean Du Quesnoy ; Jean Sauvage.
1723.
Estienne Laurent, conseiller de la ville ; Mathieu Goudin, conseiller du roi, notaire au Châtelet.
1724.
De CASTAGNÈRE (continué).
1724.
Jean Hébert, quartinier ; Jean-François Bouquet.
1725 (lundi 27 août).
Nicolas LAMBERT, président de la 2e chambre des requêtes.
1725.
Jacques Corps, conseiller de ville ; Nicolas Maheu.
(Cette élection fut faite par suite d’une lettre du cachet du roi qui porte : que vu le grand âge de M. de Castagnère, l’intention de sa majesté est qu’il soit procédé à une nouvelle élection.)
1726.
Claude Sauvage, quartinier ; Gilles-François Boulduc.
1727.
Philippe Legras, conseiller de ville ; Jean-François Maultrot.
1728 (16 août).
LAMBERT (continué).
1728.
Alexandre-Jean Remy, quartinier ; Étienne Le Roy.
1729 (14 juillet).
Messire Étienne TURGOT, chevalier, marquis de Sousmons, seigneur de Saint-Germain-sur-Eaulne, Vatierville, etc., conseiller d’état.
1729 (16 août).
Gabriel-René Mesnil, conseiller de ville ; Nicolas Besnier.
(L’élection eut lieu avant le temps accoutumé, attendu la mort de N. Lambert, survenue le 10 juillet 1729.)
1730.
René Rossignol, quartinier ; Léonor Lagneau.
1731.
Jean-Louis Pelet, conseiller de ville ; Claude-Joseph Geoffroy.
1732.
TURGOT (continué).
1732.
Henri Millon, quartinier ; Philippe Lefort.
1733.
Jean-Claude Fauconnet-de-Vildé, conseiller de ville ; Claude-Augustin Josset, avocat en parlement, conseiller du roi.
1734.
TURGOT (continué).
1734.
Claude Petit, quartinier ; Jean-Baptiste de Santeul.
1735.
Jean-Baptiste Tripart, conseiller de ville ; Francis Thouvenot, notaire.
1736.
TURGOT (continué).
1736.
Pierre-Jacques Coucicault, conseiller du roi, quartinier ; Charles Levesque.
1737.
Louis-Henri Veron, conseiller de ville ; Edme-Louis Meny, avocat au parlement.
1738.
TURGOT (continué).
1738.
Louis Le Roy-de-Feteuil, conseiller du roi, quartinier ; Thomas Germain, orfèvre ordinaire du roi.
1739.
Jean-Joseph Sainfray, notaire, conseiller de ville ; Michel Lenfant.
1740.
Messire Félix AUBERY, chevalier, marquis de Vastan, baron de Vieux-Pont, conseiller du roi, maître des requêtes honoraire de son hôtel.
1740.
Thomas-Léonor Lagneau, conseiller du roi, quartinier ; Étienne-Pierre Darlu.
1741.
André Germain, avocat au parlement, huissier honoraire des conseils du roi, conseiller de ville ; Pierre-Yves de Bougainville, notaire au Châtelet.
1742.
AUBERY (continué).
1742.
Jean-Baptiste Hurel, quartinier ; Belichon.
1743 (26 juillet).
Messire Louis-Basile de Bernage, chevalier, seigneur de Saint-Maurice, Vaux, etc., conseiller d’état.

(Cette élection eut lieu par suite de la mort d’Aubery ; arrivée le 20 du même mois.)

1743.
Jean-Baptiste-Claude Baizé, avocat au parlement, conseiller du roi et de la ville ; Jean Pierre ; Pierre-Yves de Bougainville, notaire au Châtelet.

(Ce dernier échevin fut réélu pour remplacer Belichon, démissionnaire.)

1744.
Claude Sauvage, quartinier ; Jean-Charles Hüet.
1745.
Pierre-François Duboc, conseiller du roi et de la ville ; François-Marguerin Brion.
1746.
De BERNAGE (continué).
1746.
Guillaume-Joseph Lhomme, conseiller du roi, quartinier ; Jacques Bricault, conseiller du roi, notaire au Châtelet.
1747.
Hilaire Triperet, avocat au parlement, conseiller du roi et de la ville ; Dominque Crestiennot, avocat au parlement, conseiller du roi et de la ville, payeur des rentes.
1748.
De BERNAGE (continué).
1748.
André de Santeul, conseiller du roi, quartinier ; Claude-Denis Cochin.
1749.
Michel Ruelle, conseiller du roi et de la ville ; Charles Allen, procurer en la chambre des comptes.
1750.
De BERNAGE (continué).
1750.
Henri-Maximilien Gaucherel, conseiller du roi, quartinier ; Jean-Nicolas Bontemps, notaire au Châtelet.
1751.
Jean-Daniel Gillet, conseiller du roi ; Claude-Denis Mirey.
1752.
De BERNAGE (continué).
1752.
Claude-Éléonor de La Frenaye, conseiller du roi, quartinier ; Pierre-Philippe Andrieu, seigneur de Maucheux, avocat.
1753.
Noël-Pierre-Paschalis Desbaudotes, conseiller du roi et de la ville ; Jean-François Caron, conseiller du roi, notaire au Châtelet.
1754.
De BERNAGE (continué).
1754.
Jean Stocart, quartinier ; Pierre Gillet, avocat au parlement.
1755.
Jean-François Quesnon, avocat au parlement, conseiller du roi et de la ville, notaire au Châtelet ; Louis-François Mettra.
1756.
De BERNAGE (continué).
1756.
Jean-Denis Lempereur, conseiller du roi, quartinier ; Claude Tribard, avocat au parlement.
1757.
Jean-François Brallet, conseiller du roi et de la ville ; Jean-Baptiste Vernay.
1758.
Messire Jean-Baptiste-Élie CAMUS de PONTCARRÉ, chevalier, seigneur de Viarme, etc., conseiller d’état.
1758.
Jean-Olivier Boutray, conseiller du roi, quartinier ; Jean André, avocat au parlement et aux conseils du roi.
1759.
Pierre Le Blocteur, avocat au parlement, conseiller du roi et de la ville ; Louis-Denis Chomel, conseiller du roi et de la ville, notaire au Châtelet.
1760.
CAMUS de PONTCARRÉ (continué).
1760.
Pierre-Julie Darlu, conseiller du roi, quartinier ; Jean Boyer de Saint-Leu.
1761.
Louis Mercier, conseiller du roi ; Laurent-Jean Babille, avocat au parlement.
1762.
CAMUL de PONTCARRÉ (continué).
1762.
Pierre Devarenne, avocat au parlement, conseiller du roi, quartinier ; Deshayez, notaire.
1763.
Clément-Denis Poultier, avocat, conseiller de ville ; Nicolas-Daniel Philippes de La Marnière.
1764.
Messire Armand Jérosme BIGNON, seigneur et patron de la Meaufle, Semilly, etc., conseiller d’état.
1764.
Michel Martel, avocat, notaire honoraire, conseiller du roi ; Jean-Charles-Alexis Gauthier de Rougemont.
1765.
Paul Larsonnyer, avocat, conseiller de la ville ; Jacques Merlet, ancien avocat.
1766.
BIGNON (continué).
1766.
Pierre-Hubert BIGOT, conseiller du roi, quartinier ; Guillaume Charlier, conseiller du roi, notaire honoraire.
1767.
Olivier-Clément Vieillard, conseiller du roi et de la ville ; Antoine-Gaspard-Boucher d’Argis, avocat, ancien conseiller.
1768.
BIGNON (continué).
1768.
Jacques-Antoine de Lens, conseiller du roi, quartinier ; Louis Raymond de la Rivière.
1769.
Georges-François Sarazin, conseiller de la ville ; Alexis-Claude Basly, contrôleur général des rentes.
1770.
BIGNON (continué).
1770.
Hubert-Louis Cheval, sieur de Saint-Hubert, conseiller du roi, quartinier ; Philippes-Nicolas Piat.
1771.
Thomas Bellet, conseiller du roi et de la ville ; Étienne-René Viel, ancien avocat au parlement.
1772.
Messire Jean-Baptiste DELAMICHODIÈRE, chevalier, comte d’Hauteville, seigneur de Romène, etc., conseiller d’état.
1772.
Louis-Dominique Sprole, conseiller du roi, quartinier ; François-Bernard Quatremère-de-l’Épine.
1773.
Pierre-Richard Boucher, conseiller du roi et de la ville ; Henri-Isaac Estienne, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats au parlement de PAris.
1774 (16 août).
DELAMICHODIÈRE.
1774.
Étienne Vernay-de-Chedeville, conseiller du roi, quartinier ; Jacques-François Trudon.
1775.
Jacques-Nicolas-Roettiers Delatour, conseiller du roi et de la ville ; Charles-Pierre Angelesme de Saint-Sarin, ancien avocat au parlement.
1776.
DELAMICHODIÈRE (continué).
1776.
Jean-Denis Levé, conseiller du roi, quartinier ; Guillaume-Gabriel Chapus-de-Malassis.
1777.
Antoine-François Daval, avocat en parlement, conseiller du roi et de la ville ; Michel-Pierre Guyot, avocat en parlement, conseiller du roi, commissaire au Châtelet.
1778.
Messire Antoine-Louis LE FEBVRE de CAUMARTIN, chevalier, marquis de Saint-Ange, comte de Moret, seigneur de Caumartin, conseiller du roi.
1778.
Jacques Chauchat, avocat en parlement, conseiller du roi, quartinier ; Balthazar Incelin, avocat en parlement.
1779.
Jean-Baptiste-André Pochet, conseiller du roi et de la ville ; Jean-Jacques Blacque, conseiller du roi, notaire honoraire.
1780.
De CAUMARTIN (continué).
1780.
Jean-Charles Richer, avocat en parlement, conseiller du roi, quartinier ; Toussaint de La Bordenave, professeur de chirurgie.
1781.
Louis-Cæsar Famin, conseiller du roi et de la ville ; Antoine-Édouard Magimel.
1782.
De CAUMARTIN (continué).
1782.
Jacques-Philippe Desvaux, avocat en parlement, quartinier ; Pierre-Jacques Pelé, avocat en parlement et aux conseils du roi.
1783.
Nicolas-Jean Mercier, conseiller du roi et de la ville ; François Cosseron.
1784.
Messire Louis LE PELETIER, chevalier, marquis de Montméliant, seigneur de Mortefontaine, etc., conseiller d’état.
1784.
Pierre-François Mitouart, conseiller du roi, docteur en médecine, quartinier ; Marie-Nicolas Pigeon, avocat en parlement, conseiller du roi.
1785.
François-Pierre Goblet, avocat du roi au grenier à sel de Paris, et son conseiller à l’Hôtel-de-Ville ; Denis de la Voiepierre.
1786.
LE PELETIER (continué).
1786.
Jean-Baptiste Guyot, conseiller du roi, quartinier ; Jean-Baptiste Dorival, conseiller du roi, avocat, commissaire du Châtelet.
1787.
Jean-Baptiste Buffault, chevalier de l’ordre du roi, trésorier honoraire de la ville ; Charles-Barnabé Sageret.
1788.
Jean-Joseph Vergne, avocat, conseiller du roi, quartinier ; Denis-André Rouen, avocat au parlement, notaire.
1789 (28 avril).
Messire Jacques de FLESSELLES, chevalier, conseiller de la grand’chambre, maître honoraire des requêtes, conseiller d’état.



Après la mort de messire de Flesselles, le ministre

Necker divisa Paris en soixante districts, pour procéder à la nomination des électeurs qui devaient choisir les quarante députés de la ville aux états-généraux. Le 15 juillet 1789, le lendemain de la prise de la Bastille, quatre cents électeurs se réunirent spontanément à l’Hôtel-de-Ville, et administrèrent la capitale au milieu du désordre qui croissait à chaque instant.

Le 25 du même mois, cette assemblée fut remplacée par une municipalité provisoire composée de cent vingt députés des districts, sous le titre de Représentants de la Commune, qui eux-mêmes devaient céder la place à des autorités constituées par la loi ; enfin un décret de l’Assemblée Constituante du 14 décembre abolit toutes les municipalités du royaume, et les recomposa sur une base nouvelle.

On avait senti les fâcheux effets de la centralisation des intendances, on tomba dans l’excès contraire en plaçant l’exécution dans les corps délibérants. La capitale eut beaucoup à souffrir de cette mesure. Nous avons dit qu’elle était divisée en soixante districts qui formèrent bientôt autant de petites républiques fédératives. Chaque district avait un conseil, dont il nommait le président et le vice-président. Ce conseil s’occupait de toutes les affaires de police administrative, et le district disposait en outre d’une force militaire composée de cinq compagnies de cent hommes chacune, dont quatre de volontaires et une soldée ; les officiers étaient nommés par les districts. Cette multitude d’administrations particulières amenèrent de graves désordres ; enfin de tous côtés on réclama la création d’une municipalité définitive à Paris. L’organisation en fut confiée à des hommes recommandables qui donnèrent un travail qui servit de base à la loi du 21 mai 1790. Aux termes de cette loi, la municipalité parisienne fut composée : d’un maire, de seize administrateurs, de trente-deux conseillers, de quatre-vingt-seize notables et d’un procureur de la commune.

Le maire, les administrateurs, les conseillers, les notables et le procureur de la commune, étaient élus par les citoyens actifs, et ne pouvaient être destitués que pour forfaitures préalablement jugées.

Le maire et les seize administrateurs composant le bureau, les trente-deux conseillers réunis à ce bureau, formaient le conseil municipal. On donnait la dénomination de Conseil général, à la réunion du conseil municipal et des quatre-vingt-seize notables.

Le travail était divisé en cinq départements : 1o des subsistances ; 2o de la police ; 3o des finances ; 4o des établissements publics ; 5o des travaux publics. Chaque département devait rendre compte de son travail au conseil municipal, et le maire surveillait ; enfin la loi créait une force militaire sous le nom de garde nationale parisienne, dont elle donnait la direction et le commandement au conseil municipal. Par l’effet de cette organisation, la police passait dans les attributions des magistrats de la ville. Le département dit de la police en était chargé, et le maire l’exerçait sous la surveillance du conseil municipal.

Cette forme d’administration vraiment populaire était le produit complet de l’élection ; aussi pendant les deux années qu’elle subsista, la ville de Paris fut administrée avec ordre, justice et économie. Au 10 août 1792, les quarante-huit sections qui composaient Paris nommèrent chacune un membre pour remplir les fonctions d’administrateur du département. De cette nomination et de la loi des 30 août et 2 septembre naquit la trop célèbre commune de Paris, devant laquelle se courba la France entière. Après le 9 thermidor, la capitale fut administrée par des commissions nationales nommées par la Convention ; il en fut ainsi jusqu’à l’an IV, époque de la création du Directoire. La ville de Paris fut alors divisée en douze municipalités, dont la direction fut confiée au département de la Seine, composé de sept administrateurs, parmi lesquels trois furent spécialement chargés de l’administration de la commune : le premier pour les contributions ; le deuxième pour les travaux, les secours publics, l’enseignement public ; le troisième pour la police administrative, civile et militaire, et les subsistances.

La loi du 28 pluviôse an VIII renouvela tout le système administratif de la France, et substitua aux anciens magistrats deux préfets, l’un du département, remplissant en partie les fonctions du prévôt des marchands, et l’autre de la police, représentant à peu près l’ancien lieutenant général de police ; ces deux fonctions dépendantes de l’autorité supérieure, firent disparaître les derniers vestiges du régime municipal.

Cette loi renferme à peine quelques articles sur l’organisation de la capitale : elle établit, art. 16 : « À Paris, dans chacun des arrondissements municipaux, un maire et deux adjoints seront chargés de la partie administrative et des fonctions relatives à l’état-civil.

Un préfet de police sera chargé de ce qui concerne la police, et aura sous ses ordres des commissaires distribués dans les douze municipalités. — Art. 17. À Paris, le conseil du département remplira les fonctions de conseil municipal. »

L’article 2 de la même loi qui fixe à 24 le nombre des membres du conseil municipal se trouve contraire à l’art. 15, qui détermine que le conseil municipal des villes au-dessus de cinq mille âmes, est porté à trente membres.

Ces dispositions brièvement énoncées laissèrent un champ libre à l’extension des pouvoirs dans les autorités supérieures. Ainsi les attributions des maires, mal fixées, mal définies, se trouvèrent réduites à peu près aux registres de l’état-civil et à la présidence des bureaux de bienfaisance (décret du 4 juin 1806 ; ordonnance du 8 août 1821).

Le conseil municipal fut également restreint et dans son nombre et dans ses attributions ; il ne fut composé que de vingt-quatre membres présents, et bientôt réduit à seize par l’arrêté du 25 vendémiaire an IX ; ses attributions consistaient simplement à délibérer et à voter sur les questions qui lui étaient soumises, sans aucune initiative ni contrôle des actes de l’administration. Les membres de ce conseil, nommés d’ailleurs par le chef de l’État sur la présentation du préfet, se trouvaient entièrement sous sa dépendance ; et d’un autre côté, la juridiction de la police tendait à s’accroître indéfiniment par l’importance que l’empereur attachait à cette magistrature et à l’action directe qu’il était bien aise d’exercer par elle.

La Restauration n’apporta aucun changement à l’ancien état de choses, mais elle eut l’honneur de conserver à la tête des affaires de la ville un administrateur d’un grand talent, qui profita de son influence pour doter la capitale d’améliorations utiles.

Après la révolution de juillet, on sentit la nécessité d’une loi, d’une organisation qui ne laissât plus rien au caprice et à l’arbitraire. La loi départementale pour tout le royaume comprit d’abord quelques articles relatifs à Paris, ainsi que l’avait fait la loi de pluviôse an VIII, mais on reconnut bientôt qu’il fallait pour des intérêts si différents une loi spéciale qui répondît à l’importance d’une ville dont la richesse et la prospérité exercent une influence immense sur le pays tout entier.

Loi sur l’organisation du conseil général et des conseils d’arrondissements de la Seine, et l’organisation municipale de la ville de Paris.

« Au palais des Tuileries, le 20 avril 1834. Louis-Philippe, etc… Les chambres ont adopté, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

TITRE PREMIER.
Du conseil général du département de la Seine.

» Article 1er. Le conseil général du département de la Seine se compose de quarante-quatre membres.

» Art. 2. Les douze arrondissements de la ville de Paris nomment chacun trois membres du conseil général du département, et les deux arrondissements de Sceaux et de Saint-Denis chacun quatre. Les membres choisis par les arrondissements de Paris sont pris parmi les éligibles ayant leur domicile réel à Paris.

» Art. 3. Les élections sont faites dans chaque arrondissement par des assemblées électorales convoquées par le préfet de la Seine. Sont appelés à ces assemblées : 1o tous les citoyens portés sur les listes électorales formées en vertu des dispositions de la loi du 19 avril 1831 ; 2o les électeurs qui, ayant leur domicile réel à Paris, ne sont pas portés sur ces listes, parce qu’ils ont leur domicile politique dans un autre département, où ils exercent et continueront d’exercer tous leurs droits d’électeurs conformément aux lois existantes ; 3o les officiers des armées de terre et de mer en retraite, jouissant d’une pension de retraite de 1,200 fr. au moins, et ayant, depuis cinq ans, leur domicile réel dans le département de la Seine ; 4o les membres des cours, ceux des tribunaux de première instance et de commerce siégeant à Paris ; 5o les membres de l’Institut et autres sociétés savantes instituées par une loi ; 6o les avocats aux conseils du roi et à la cour de cassation, les notaires et les avoués après trois ans d’exercice de leurs fonctions dans le département de la Seine ; 7o les docteurs et licenciés en droit, inscrits depuis dix années non interrompues sur le tableau des avocats près les cours et tribunaux dans le département de la Seine ; 8o les professeurs au collége de France, au muséum d’histoire naturelle, à l’école polytechnique, et les docteurs et licenciés d’une ou de plusieurs des facultés de droit, de médecine, des sciences et des lettres, titulaires des chaires d’enseignement supérieur ou secondaire dans les écoles de l’état situées dans le département de la Seine ; 9o les docteurs en médecine, après un exercice de dix années consécutives dans la ville de Paris, dûment constaté par le paiement ou par l’exemption régulière du droit de patente.

» Art. 4. Sont appliquées à la confection des listes, les dispositions de la loi du 19 avril 1831 qui y sont relatives.

» Art. 5. Aucun scrutin n’est valable si la moitié plus un des électeurs inscrits n’a voté. Nul n’est élu s’il ne réunit la majorité absolue des suffrages exprimés. Lorsqu’il y aura plusieurs membres du conseil général à élire, on procédera par scrutin de liste. Après les deux premiers tours de scrutin, si l’élection n’est point faite, le bureau proclame les noms des candidats qui ont obtenu le plus de suffrages, en nombre double de celui des membres à élire. Au troisième tour de scrutin, les suffrages ne pourront être valablement donnés qu’aux candidats ainsi proclamés. Lorsque l’élection n’a pu être faite faute d’un nombre suffisant d’électeurs ou est déclarée nulle pour quelque cause que ce soit, le préfet du département de la Seine assigne un jour dans la quinzaine suivante, pour procéder de nouveau à l’élection.

» Art. 6. Les colléges électoraux et leurs sections sont présidés par le maire, par ses adjoints, suivant l’ordre de leur nomination, et par les conseillers municipaux de l’arrondissement ou de la commune où l’élection a lieu, suivant l’ordre de leur inscription au tableau. Les quatre scrutateurs sont les deux plus âgés et les deux plus jeunes des électeurs présents ; le bureau ainsi constitué, désigne le secrétaire. L’élection a lieu par un seul collége dans chacun des arrondissements de Sceaux et de Saint-Denis.

» Art. 7. La tenue des assemblées électorales a lieu conformément aux dispositions contenues dans les articles 41 43, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 56 et 58 de la loi du 19 avril 1831, et les articles 50 et 51 de la loi du 21 mars 1831.

TITRE II
Des conseils d’arrondissement du département de la Seine.

» Art. 8. Les conseillers d’arrondissement sont élus dans chacun des cantons des arrondissements de Sceaux et de Saint-Denis ; par des assemblées électorales composées des électeurs appartenant à chaque canton, et portés sur les listes, conformément aux dispositions des articles 3 et 4 de la présente loi.

» Art. 9. Il n’y aura point de conseil d’arrondissement pour la ville de Paris.

» Art. 10. Toutes les dispositions de la loi du 22 juin 1833, sur l’organisation départementale qui ne sont pas contraires aux dispositions précédentes, sont applicables au conseil général du département de la Seine et aux conseils des arrondissements de Sceaux et de Saint-Denis.

TITRE III.
De l’organisation municipale de la ville de Paris.

» Art. 11. Le corps municipal de Paris se compose du préfet du département de la Seine, du préfet de police, des maires, des adjoints et des conseillers élus par la ville de Paris.

» Art. 12. Il y a un maire et deux adjoints pour chacun des douze arrondissements de Paris. Ils sont choisis par le roi pour chaque arrondissement, sur une liste de douze candidats nommés par les électeurs de l’arrondissement ; ils sont nommés pour trois ans et toujours révocables.

» Art. 13. En exécution de l’article précédent, les électeurs qui ont concouru à Paris à la nomination des membres du conseil général, sont convoqués tous les trois ans pour procéder, par un scrutin de liste, à la désignation de douze citoyens réunissant les conditions d’éligibilité que la loi a déterminées pour les membres du conseil général ; ces candidats sont indéfiniment rééligibles. Pour que le scrutin soit valable, la majorité absolue des votes exprimés est nécessaire au premier tour ; la majorité relative suffit au second tour de scrutin.

» Art. 14 Le conseil municipal de la ville de Paris se compose des trente-six membres qui, en exécution des articles 2 et 3, sont élus par les douze arrondissements de Paris pour faire partie du conseil général du département de la Seine.

» Art. 15. Le roi nomme, chaque année, parmi les membres du conseil municipal, le président et le vice-président de ce conseil. Le secrétaire est élu chaque année par les membres du conseil et parmi eux.

» Art. 16. Le préfet de la Seine et le préfet de police peuvent assister aux séances du conseil municipal ; ils y ont voix consultative.

» Art. 17. Le conseil municipal ne s’assemble que sur la convocation du préfet de la Seine. Il ne peut délibérer que sur les questions que lui soumet le préfet, et lorsque la majorité de ses membres assiste à la séance.

» Art. 18. Il y a chaque année une session ordinaire, qui est spécialement consacrée à la présentation et à la discussion du budget. Cette session ne peut durer plus de six semaines. L’époque de la convocation doit être notifiée à chaque membre du conseil un mois au moins à l’avance.

» Art. 19. Lorsqu’un membre du conseil a manqué à une session ordinaire et à trois convocations extraordinaires consécutives sans excuses légitimes ou empêchements admis par le conseil, il est déclaré démissionnaire par un arrêté du préfet, et il sera procédé à une élection nouvelle.

» Art. 20. Les membres du conseil municipal prêtent serment la première fois qu’ils prennent séance, s’ils ne l’ont déjà prêté en qualité de membres du conseil général.

» Art. 21. Les dispositions des articles 5, 6, 18, 19, 20, 21, de la loi du 21 mars 1831, relatifs aux incompatibilités, et l’article 2 de la loi du 22 juin 1833, relatif aux cas de vacance, sont applicables aux maires et adjoints et aux membres du conseil municipal de la ville de Paris. Il en est de même des articles 27, 28, 29 et 30 de la loi du 21 mars 1831, relatifs à l’irrégularité des délibérations des conseils municipaux et à leur dissolution.

» Art. 22. La présente loi sera mise à exécution avant le 1er janvier 1835, etc…

» Signé Louis-Philippe. »

La loi du 18 juillet 1836, sur l’administration municipale, porte : titre VIII, art. 74. « Il sera statué par une loi spéciale sur l’administration municipale de la ville de Paris. »

Voici les noms des administrateurs qui ont rempli les plus hautes fonctions municipales depuis la révolution jusqu’à cette époque :

Jean-Sylvain Bailly, élu maire de Paris en 1789.

Jérôme Pétion de Villeneuve, le 17 novembre 1791.

Nicolas Chambon, 1792.

J.-N. Pache, 1793.

Jean-Baptiste-Edmond Fleuriot-Lescot, 1794.

Administrateurs du Département.

Nicoleau, élu en 1795.

Dememiée, 1797.

Joubert, en l’an VII.

Lecoulteulx, an VII.

PRÉFETS :
Sous l’Empire.

Nicolas-Thérèze-Benoît Frochot, de 1804 à 1812.

Sous l’Empire et la Restauration.

Gilbert-Joseph-Gaspard Chabrol de Volvic, de 1812 à 1830.

Depuis juillet 1830.

Le comte Delaborde, du 28 juillet au 23 août 1830.

Odilon Barrot, du 24 août 1830 au 22 février 1831.

Le comte de Bondy, du 23 février 1831 au 25 juin 1833.

Le comte de Rambuteau, nommé le 22 juin 1833, entré en fonctions le 26 du même mois.

De Jussieu, secrétaire-général, nommé le 1er janvier 1831.

Conseillers de Préfecture (1844).

De la Morélie.

Laffon-de-Ladebat.

De Maupas.

Lucas de Montigny.

Molin.

Noms des Membres du Conseil Général du Département de la Seine en 1844.
VILLE DE PARIS.
1er arrondissement.


MM.

Hérard.

Lafaulotte.

Marcellot.

2e arrondissement.

Ganneron.

Sanson-Davillier.

Thayer (Édouard).

3e arrondissement.

Besson.

Boutron.

Ternaux-Mortimer.

4e arrondissement.

Lahure.

Journet.

Legros.

5e arrondissement.

Ferron.

Grillon.

Say (Horace).

6e arrondissement.

Arago.

Aubé.

Husson.

7e arrondissement.


MM.

Jouet.

Michau (David).

Périer.

8e arrondissement.

Bouvattier.

Moreau (Frédéric).

Perret.

9e arrondissement.

Galis.

Lanquetin.

Thierry.

10e arrondissement.

Beau.

Considérant.

Robinet.

11e arrondissement.

Boulay de la Meurthe.

Gillet.

Séguier.

12e arrondissement.

Pellassy de l’Ousle.

Preschez.

Méder.

ARRONDISSEMENTS DE SAINT-DENIS ET DE SCEAUX.

Possoz.

Benoist.

Sommier.

Duc de Trévise.

Libert.

Lejemptel.

Riant.

Bronzac.

Nous ne terminerons pas cette partie concernant l’institution municipale sans rappeler ses époques les plus glorieuses.

Nous avons payé le premier tribut d’éloges aux prévôts des marchands, parce que les hommes des premières luttes sont grands, même parmi les plus grands. Les privilèges qu’ils ont su conquérir un à un ont facilité les développements de la capitale en contribuant à la prospérité de la France. De leur vivant on leur a rendu cet éclatant hommage, qu’il était impossible de trouver ailleurs plus de talents et plus d’honneur.

Leurs vertus étaient si pures qu’elles commandaient le respect même aux écrivains qui raillaient les plus hautes illustrations. Un historien du XVIe siècle, raconteur cynique, qui moulait les vices des grands comme on prend l’empreinte du visage des morts, s’exprimait ainsi sur ces magistrats : « On espluche avec tant de soin la vie de ceux qui aspirent à ces belles dignitez, qu’il est impossible, que homme y puisse parvenir, qui soit le moins du monde marqué de quelque note d’infamie, ressentant denigrement de renommée, ou qui pour quelque mesfaict, et fust-il léger, auroit esté mis en prison, tant est saincte ceste authorité et honneur d’échevinages, que la seule opinion de vice luy peut donner empêchement, etc… »

Ceux qui ont étudié cette institution connaissent le secret de sa durée. Elle a vécu tant de siècles, parce que l’élection était une sève puissante qui répandait dans tout le corps municipal une activité, une force qui se renouvelaient sans cesse. Aussi le jour où le pouvoir a détruit cette prérogative, la prévôté des marchands a perdu son véritable caractère ; cette première pierre détachée a fait crouler tout l’édifice.

Louis XVI écrivait le 16 mai 1778, au bureau de la ville : « Nous désirons que dans l’assemblée qui doit être tenue au mois d’août prochain, pour procéder à l’élection du prévôt, vous ayez à donner vos voix au sieur Lefebvre de Caumartin, car tel est notre plaisir. »

Le 14 juillet 1789, l’institution n’existait plus, et le dernier prévôt des marchands expirait sur les degrés du palais municipal.

Justice rendue à cette grande institution, on ne saurait songer ensuite à son rétablissement ; tout ce qui la soutenait, tout ce qui la fortifiait, a disparu !… La révolution qui poursuivait son grand système de centralisation, ne pouvait admettre la prévôté vivant en dehors avec ses anciennes franchises. Il fallait, pour donner de la sécurité, de la force au pouvoir exécutif, qu’il pût pénétrer partout, et sentir sous sa main battre le cœur de la France.

Cette nécessité admise, le droit d’initiative accordé au gouvernement dans la loi municipale, il était nécessaire de lui poser des limites et de créer une nouvelle puissance émanant de l’élection pour juger et contrôler les actes du pouvoir. Avant d’obtenir ces précieux avantages, l’institution municipale a dû subir un demi-siècle d’épreuves ; ainsi l’ancienne loi du 21 mai 1790 embarrassait le gouvernement ; celle du 28 pluviôse an VIII n’admettait aucune liberté. Cependant à ces deux époques, on a vu s’élever des hommes remarquables par leur courage, des magistrats distingués par leurs talents ; les premiers, aux prises avec une population affamée, ne pouvaient construire sur un sol qui tremblait, les seconds, placés dans une situation favorable aux développements de leurs projets, ont eu l’honneur d’augmenter la richesse de la capitale.

Mais pour faire durer une institution, les hommes de courage, les magistrats habiles ne suffisent pas ; il faut que les lois pénètrent profondément dans le sol, qu’elles y prennent racine sans que leur sève absorbe ou détruise tout ce qui a droit de vivre sous le même soleil.

Ces pensées semblent avoir dominé les législateurs auxquels nous devons la nouvelle institution municipale. Aussi la loi de 1834 a-t-elle produit de grands résultats ; que ceux qui doutent, lèvent les yeux et regardent : Paris est un livre ouvert.

Le quartier de la Cité, avec sa population infime, qui, depuis tant de siècles, naissait, souffrait, mourait sans sortir d’une atmosphère putride, a senti dans son sein pénétrer l’air et la vie. Des rues étroites et fangeuses ont disparu, remplacées par deux larges voies publiques. D’autres parties de la capitale ont également senti l’heureuse influence d’une législation dont la force se renouvelle chaque jour.

Les quartiers Sainte-Avoie, des Lombards et des Marchés, renfermant un peuple d’ouvriers, d’artisans, demeuraient depuis longtemps étrangers à toute espèce d’amélioration tandis que le luxe, la richesse inondaient certaines parties de la ville qui n’offraient encore au commencement de notre siècle que des terrains en friche.

Cette inégalité choquante a provoqué la sollicitude de la nouvelle administration, qui sut improviser une communication facile entre ces quartiers et le grand centre d’approvisionnement de la capitale.

La rue de Rambuteau a été ouverte, et cette importante voie de circulation, qui rattache le Marais aux Halles et à la Bourse, est devenue la grande artère qui répand l’aisance et la prospérité autour d’elle.

Dans l’espace de dix années, d’autres travaux importants ont été exécutés : nous les mentionnerons après avoir constaté les sacrifices que la Ville s’est glorieusement imposés pour procurer aux voies publiques les améliorations que nécessitaient les besoins toujours croissants de la circulation.

De 1834 à 1843 inclus, la Ville a dépensé, pour les élargissements par mesure ordinaire de voirie, une somme de 
 5,322,094. 16
Dans la même période, les frais d’expropriations ou d’acquisitions à l’amiable, se sont élevés à 
 19,333,269. 38

Total général 
 24,655,363. 54

(De 1816 à 1830 inclus, les améliorations de la voie publique avaient occasionné une dépense de 10,241,588 fr. 33 c.)

Parmi les percements ou élargissements exécutés par expropriation, il convient de citer les rues Saint-André-des-Arts, de l’Arcade (prolongement), d’Arcole, des Bourguignons (prolongement), Jacques de Brosse, de Chabanois (prolongement), de Constantine, Croix-des-Petits-Champs, d’Erfurth, de la Harpe, Saint-Hippolyte, Jacob, de Lobau, de Mazagran, du Cloître-Saint-Merri, Neuve-Notre-Dame, Sainte-Opportune, Pavée-au-Marais (prolongement), des Prêtres-Saint-Séverin, de Rambuteau, du Renard-Saint-Merri, Tirechape, quai de Montebello, les trois rues ouvertes aux abords de la nouvelle prison de la Force, etc. Nous devons comprendre aussi les rues Guy-de-la-Brosse, Jussieu et les cinq voies publiques formées aux environs des greniers de réserve.

Après ces grands et utiles travaux, il convient de parler des voies publiques dont l’administration a favorisé l’ouverture en accordant aux propriétaires un concours bienveillant et éclairé.

Dans cette catégorie figurent les rues d’Antin (prolongement), de l’Aqueduc, Barbet de Jouy, des Bassins, de Berlin (prolongement), Boursault, Geoffroy-Marie, Greffulhe, Lavoisier, Mayet, de Milan, de Mulhouse, de Nemours, Newton, Pauquet de Villejust, Rumfort, de Trévise, etc.

Si l’on ajoute à cette nomenclature les travaux d’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville, de construction de la nouvelle prison de la Force, ceux de pavage, de conduites d’eau, d’égouts, de nivellement et de plantation des quais, etc. ; alors on peut dire que la nouvelle administration a fait plus pour la salubrité, pour la splendeur de la capitale pendant les dix années qui viennent de s’écouler, que l’ancien pouvoir municipal dans l’espace d’un demi-siècle ordinaire de royauté.

2e Partie. — Constructions. — Documents administratifs.

La Hanse Parisienne occupait anciennement une maison située à la vallée de Misère, sur le bord de la Seine, à l’ouest du grand Châtelet. Le bâtiment était appelé Maison de la Marchandise. Dubreuil pense que les marchands tinrent plus tard leurs assemblées dans une propriété située entre le grand Châtelet et la chapelle Saint-Leufroy ; on appelait dès lors Parlouer aux Bourgeois (locutium civium), l’ancienne maison de la marchandise, qu’on transféra sous le même nom de Parlouer aux Bourgeois, près de l’enclos des Jacobins, entre la place Saint-Michel et la rue Saint-Jacques, apparemment vers l’endroit où la rue Saint-Hyacinthe aboutit à la place Saint-Michel. Mais cet emplacement ne répondant point à la dignité du premier corps de la ville, on résolut d’en choisir un plus convenable.

« À la place de Grève, dit Félibien, il y avoit autresfois une maison qui en portoit le nom, et que Philippe-Auguste acheta de Suger Clayon ou Cluyn, chanoine de Paris, vers 1212. L’abbé de Preuilly reconnut que le roy y avoit haute, moyenne et basse justice. Cette maison fut depuis appellée la Maison aux Piliers (domus ad piloria), parce qu’elle estoit portée pardevant sur une suite de gros piliers, etc… Philippe-de-Valois donna cette maison, en 1322, à Clémence de Hongrie, veuve et seconde femme de Louis-le-Hutin ; elle ne mourut qu’en 1328, et nonobstant le don que Philippe-de-Valois lui avoit fait de la Maison aux Piliers, il donna la mesme maison, en 1324, à Gui, dauphin de Viennois, et en renouvella le don à Humbert en 1355. Ce fut pour cela qu’on appella cette maison, la maison aux Dauphins, à cause qu’elle appartint aux deux derniers princes souverains de Dauphiné et à Charles de France, dauphin, duc de Normandie et régent du royaume, qui la donna en 1356 à Jean d’Auxerre, receveur des gabelles de la prévosté et vicomté de Paris, en considération des services qu’il lui avoit rendus. »

Cette maison fut vendue à la ville par Jean d’Auxerre et Marie sa femme, par contrat du 7 juillet 1357, moyennant la somme de « deux mille huit cent quatre-vingts livres parisis, forte monnoie, payée en deux mille quatre cents florins d’or au mouton, par Estienne Marcel, prévost des marchands. »

Sauval nous donne ainsi la description de l’hôtel aux Dauphins : « Il y avoit deux cours, un poulailler, des cuisines hautes, basses, grandes et petites, des étuves accompagnées de chaudières et de baignoires, une chambre de parade, une d’audience appelée plaidoyer, une salle couverte d’ardoises, longue de cinq toises et large de trois, et plusieurs autres commodités.

Au commencement du XVIe siècle ces constructions étaient devenues insuffisantes.

« En l’an 1553, le 15 juillet (dit Dubreuil), fut posée la première pierre du nouveau bastiment de l’Hostel-de-Ville, par MM. Maistre Pierre Viole, sieur d’Athis, conseiller du roy, notre sire en sa cour de parlement à Paris, prévost des marchands, et maistres Gervais Larcher, Jacques Boursier, Claude Daniel et Jean Barthélemy, eschevins, lesquels avoient chacun une truelle argentée pour prendre du morlier fait de sable et de chaux. Sur laquelle pierre estoit une lame de cuivre, où estoient gravées les armes du roy, et aux deux costés les armes de la ville avec cet escrit : Facta fuerunt hæc fundamenta, etc. ; pendant que l’on faisoit l’assiette de cette pierre, sonnoient les fifres, tambourins, trompettes et clairons, artillerie, cinquante hacquebutes à croq de la ville, avec les hacquebutiers d’icelle ville qui sont en grand nombre ; et aussi sonnoient à carrillon les cloches de Saint-Jean-de-Grève, du Saint-Esprit et de Saint-Jacques-de-la-Boucherie. Aussi, au milieu de la Grève, il y avait vin défoncé, tables dressées, pain et vin pour donner à boire à tous venants, en criant par le menu peuple à haute voix : Vive le roy et messieurs de la ville. »

Le premier et le second étages étaient construits en 1549. L’architecte avait alors 250 livres de gages ; Asselin, maître des œuvres de la ville et commis à la surintendance de la charpente, en avait 75 ; et Chambiche, tailleur de pierres, maçon et conducteur des ouvriers, 25 sols par jour. Un nouveau plan qui modifiait le premier fut présenté à Henri II. Un artiste italien, Dominique Boccardo dit Corlone, auteur de ce plan, fut chargé de l’exécution, que les guerres civiles des règnes de Charles IX et de Henri III firent suspendre. L’Hôtel-de-Ville fut enfin achevé en 1606, sous le règne de Henri IV, par les soins de François Myron, et sous la direction d’André du Cerceau, qui fit quelques changements au plan de l’architecte italien. Le vénérable prévôt des marchands donna neuf cents livres de ses propres deniers et plus de vingt-deux mille livres de droits attachés à sa charge pour les derniers travaux de la façade. Il fit faire les ornements, le grand perron, les escaliers, le portique, et plaça sur le cintre qui surmonte la porte d’entrée la statue équestre de Henri IV. Cette statue, ouvrage de Pierre Biard, fut mutilée, pendant la révolution.

Un arrêté de la commune, à la date du 22 août 1792, porte ce qui suit :

« Le procureur de la commune propose de remplacer le cheval de bronze qui est sur la porte de la maison commune, par une table de marbre sur laquelle sera gravée en lettres d’or cette inscription :

« Obéissez au peuple, écoutez ses décrets,
» Il fut des citoyens avant qu’il fut des maîtres,
» Nous rentrons dans les droits qu’ont perdus nos ancêtres ;
» Le peuple par les rois fut longtemps abusé,
» Il s’est lassé du sceptre et le sceptre est brisé.»

La statue de Henri IV fut restaurée en 1815, coulée en bronze, puis rétablie à l’endroit où nous la voyons.

L’ancienne façade de l’Hôtel-de-Ville présente un corps de bâtiment flanqué de deux pavillons, et dont les combles, suivant l’usage du temps, sont d’une grande hauteur. Cette façade, percée de treize fenêtres au premier étage, est surmontée d’une campanille où fut placée vers 1781 une horloge ouvrage remarquable de Lepaute.

On montait à l’Hôtel-de-Ville par un perron extérieur. Après avoir traversé le vestibule, un second escalier vous conduit à la cour. Entourée de portiques d’un style plein de noblesse, cette cour a la forme d’un trapèze. La frise contenait autrefois trente inscriptions gravées en lettres d’or, et qui rappelaient les principaux événements du règne de Louis XIV. Ces inscriptions étaient dues au savant André Félibien, père de l’historien de ce nom. Sous l’arcade qui fait face à l’entrée de l’Hôtel, entre deux colonnes ioniques de marbre, avec chapiteaux et ornements de bronze, on voit la statue pédestre de Louis XIV, ouvrage d’Antoine Coysevox. Le grand roi, habillé en triomphateur romain, porte l’énorme perruque en usage au XVIIe siècle. Il s’appuie d’une main sur un faisceau d’armes qui s’élève au milieu d’un trophée, et de l’autre il semble donner des ordres. Le piédestal est de marbre blanc. Avant la révolution, ses faces étaient chargées de deux bas reliefs et de deux inscriptions. Le premier bas-relief représentait le roi distribuant du pain aux pauvres. Le second montrait la religion triomphante de l’hérésie qu’elle foudroyait. (Ce dernier morceau de sculpture faisait allusion à la révocation de l’édit de Nantes, en 1685.) Voici l’inscription qu’on lisait sur le devant de la statue :

LUDOVICO MAGNO,
VICTORI PERPETUO, SEMPER PACIFICO,
ECCLESIÆ ET REGUM DIGNITATIS ASSERTORI,
PRÆFECTUS ET EDILES ÆTEUNUM HOC FIDEI OBSEQUENTIÆ,

Pietatis et memores animi, monumentum posuerunt ; anno R. S. H. M. D. C. L. XXXIX.

La statue de Coysevox, mutilée en 1793, resta cachée dans les magasins du Roule. Replacée en 1814, elle a été restaurée par MM. Dupasquier, sculpteur, et Thomire, fondeur.

La cour de l’Hôtel-de-Ville, remarquable par ses fenêtres d’un style gracieux et élégant, était entourée des portraits en médaillons de plusieurs prévôts des marchands. On en voyait encore quelques uns en 1817. Depuis on a eu la maladresse de les faire disparaître à force de reblanchir et de gratter la pierre.

L’Hôtel-de-Ville, enrichi et décoré avec soin sous les successeurs de François Myron, a été dépouillé, pendant la révolution, de presque tous les ouvrages d’art qui rappelaient le gouvernement déchu. L’antichambre de la salle des gouverneurs était ornée d’un tableau peint par de Troy, à l’occasion de la naissance du duc de Bourgogne, père de Louis XV. La salle au fond de la cour renfermait les portraits en pied des gouverneurs de Paris, à partir du duc de Bournonville ; sur la cheminée étaient placés le portrait de Louis XV, donné en 1736 par ce roi, et un grand tableau de Carle Vanloo, représentant le même monarque assis sur son trône, recevant les hommages des prévôt et échevins de la ville de Paris, à l’occasion de la paix de 1739. Dans la salle d’audience ou du conseil, on remarquait l’entrée de Henri IV à Paris.

Dans la grande salle, nommée Salle du Trône, on voyait deux magnifiques tableaux peints par Largillière ; le premier rappelait le festin donné par la ville à Louis XIV, et le second, le mariage du duc de Bourgogne avec Marie-Adélaïde de Savoie. Dans le fond on distinguait de belles peintures de François Porbus, dit le Jeune, représentant des prévôts et des échevins ; ces dernières toiles étaient si remarquables, que les autres tableaux placés à côté de ceux de Porbus ne paraissoient, dit Sauval, que des peintures de village ou du pont Notre-Dame. Cette magnifique salle du trône est terminée à chaque extrémité, par une vaste cheminée, ornée de persiques, de cariatides bronzées, et de figures allégoriques, couchées sur des plans inclinés ; ces cheminées datent du règne de Henri IV.

Mais si l’hôtel municipal était remarquable par les ouvrages d’art qu’il renfermait, depuis longtemps ses constructions ne répondaient plus à la grandeur de la capitale.

Il avait été question, vers le milieu du siècle dernier, de faire construire un nouvel Hôtel-de-Ville sur le terrain occupé aujourd’hui par les bâtiments de la Monnaie. L’administration fut même autorisée par un arrêt du conseil du 22 août 1750, à faire l’acquisition de l’emplacement moyennant la somme de 160,000 livres. Ce projet fut heureusement abandonné, et l’édifice de Dominique Boccardo resta la maison commune.

Un arrêt du conseil, à la date du 11 janvier 1770, prescrivit l’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville. Dans cet acte il est dit : « Sur ce que les prevost des marchands et échevins de la ville ont représenté que l’hôtel commun n’est pas d’une étendue proportionnée à la magnificence de la capitale, et ses bâtiments se trouvant d’ailleurs insuffisants pour les opérations qui s’y font journellement, et notamment pour le paiement des rentes dues par sa majesté, il doit être, conformément au dit plan, construit une nouvelle façade au dit Hôtel-de-Ville en face de la rivière, et ajouté une aile à la jonction des rues Jean-de-l’Épine et de la Vannerie, etc… » La pénurie d’argent fit abandonner ce projet ; et les prévôts des marchands furent obligés de louer plusieurs maisons qui servirent à placer quelques bureaux.

Sous le consulat, le préfet du département de la Seine vint prendre possession de l’ancienne demeure du prévôt des marchands.

Une délibération des consuls, à la date du 5 frimaire an XI, porte ce qui suit : « Article 1er. Les bureaux de la préfecture du département de la Seine, ceux de la commission des contributions et du conseil de préfecture, seront transférés à l’Hôtel-de-Ville de Paris, et dans les bâtiments du Saint-Esprit avant le 1er germinal. — Art. 2e. Les registres et papiers du domaine national seront transférés dans les bâtiments de Saint-Jean-en-Grève. Le premier consul signé Bonaparte. » — Dans un décret de l’empire du 24 février 1811, on lit ce qui suit : « § V, art. 40. — Il sera fait à l’Hôtel-de-Ville de Paris les augmentations convenables pour que dorénavant dans les fêtes municipales, il ne soit plus nécessaire de faire des constructions provisoires. Ces travaux seront commencés cette année. Signé Napoléon. » Des agrandissements furent entrepris à cette époque sous la direction de M. Molinos, architecte. Une distribution nouvelle eut lieu dans les principales parties de l’édifice, ses dépendances furent considérablement augmentées par la réunion des bâtiments de l’hôpital du Saint-Esprit et de Saint-Jean-en-Grève.

On construisit l’hôtel particulier du préfet de la Seine, sur l’emplacement de l’hôpital du Saint-Esprit. On y remarquait trois pièces, qui, décorées d’un style uniforme, et séparées par des cloisons mobiles, ne faisaient à volonté qu’une seule pièce nommée salle des Fastes.

La salle Saint-Jean (autrefois chapelle de la communion de l’église Saint-Jean) offrait un vaste parallélogramme, éclairé par le haut et décoré de douze colonnes corinthiennes, en arrière desquelles régnait une galerie latérale ; cette salle était destinée aux assemblées publiques et aux séances solennelles de diverses sociétés savantes. Une autre pièce très vaste, pratiquée dans les galeries Saint-Jean, fut affectée en 1817 à la bibliothèque de la ville qui occupait encore ce local en 1837. — La salle du Zodiaque, à côté de la grande salle, servait de cabinet au secrétaire général, et le salon vert était devenu le cabinet du préfet. Enfin, pour la célébration des fêtes qui furent données par la ville en l’honneur du duc d’Angoulême à son retour d’Espagne, on construisit une vaste salle sous le nom de salle du Trocadero ou d’Angoulême. Depuis 1830, elle avait pris le nom de Salon du Jardin ou de Grand Salon.

Tel on voyait l’ancien Hôtel-de-Ville dont les bâtiments occupaient une superficie de 5961 m.

Malgré les travaux entrepris sous l’empire et la restauration, cet édifice ne suffisait point encore à l’accroissement des différents services administratifs. On fut obligé de faire l’acquisition d’une propriété et de louer une maison de la rue de Lobau. Cependant le poids public, les bureaux de l’octroi ne pouvaient trouver place dans l’hôtel, et leur éloignement gênait une administration qui, vivant d’ordre, avait par conséquent besoin de simplicité dans les moyens et d’unité dans l’action.

À cette nécessité de centralisation venait se joindre une question d’économie qu’il était important de résoudre. Les salons étaient trop étroits, insuffisants, et chaque fois qu’on donnait une fête, il fallait improviser des constructions à grands frais ; la fête terminée, on démolissait ce qui avait été bâti la veille ; aussi dans les dépenses faites à l’occasion des cérémonies qui eurent lieu à l’Hôtel-de-Ville depuis le gouvernement impérial jusqu’à nos jours, et dont nous fournirons ci-après le détail, figure une somme de 4,000,000 fr. pour ces constructions provisoires. Voici la désignation de ces fêtes :

Sacre de Napoléon 
 1,745,646. »
Mariage de Marie-Louise 
 2,670,932. »
Naissance du roi de Rome 
 600,000. »
Baptême du duc de Bordeaux 
 668,000. »
Fête du Trocadero 
 800,000. »
Sacre de Charles X 
 1,164,000. »
Mariage du duc d’Orléans 
 878,613. »

Total 
 8,527,191. »

Il appartenait à l’administration actuelle de remédier à d’aussi graves inconvénients, de placer sous sa main les nombreux et importants services dont elle est chargée et de mettre enfin les bâtiments nouveaux en harmonie avec la splendeur de la capitale.

Le conseil municipal donna son approbation au projet d’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville dont le périmètre fut déterminé par une ordonnance royale du 24 août 1836, et les travaux commencèrent sous la direction de MM. Godde et Lesueur, architectes.

Dans le courant des mois de mai et juin 1837, on démolit les maisons dont l’emplacement était nécessaire aux nouvelles constructions, et le conseil municipal vota, le 9 juin de la même année, une somme de 6,959,818 fr.

Il nous reste maintenant à juger l’Hôtel-de-Ville dans son ensemble ; mais avant de commencer cette appréciation et pour la rendre plus équitable, il nous parait utile d’ajouter quelques lignes à la description que nous avons déjà faite de l’ancien édifice.

Ce fut par l’influence de Catherine de Médicis que Dominique Boccardo fut désigné pour construire l’Hôtel-de-Ville. On a peine à comprendre aujourd’hui la préférence accordée, par l’épouse de Henri II, à l’artiste étranger. Boccardo n’avait produit aucun ouvrage remarquable qui vînt constater sa supériorité sur les architectes français. Il ignorait nos habitudes nos usages, nos lois. Dans les œuvres de nos grands artistes on devine une pensée-mère qui ne se retrouve point dans le monument de l’Hôtel-de-Ville. Le vieux Louvre offre, pour ainsi dire, le caractère de la force, de la majesté royale, comme on aperçoit sur les pierres de l’hôtel des Invalides le symbole de la gloire. L’architecture d’un édifice destiné à la prévôté des marchands, à cette belle et forte institution, devait être avant tout, simple et sévère. Boccardo construisit un hôtel gracieux, élégant, plein de coquetterie, mais dépourvu de grandeur et de majesté. Aussi le corps de la ville fut-il mécontent de cet ouvrage, et maître François Myron, en regardant l’hôtel inachevé de l’Italien, disait avec sa franchise un peu sévère : « À quoi diable pensait cet étranger, sa construction est bonne à loger des ribaudes et non des magistrats. » Puis il donna l’ordre à Du Cerceau de modifier quelques parties défectueuses de l’édifice.

Le temps, des événements importants ont fait grandir l’œuvre de l’artiste italien, mais si on la dégage de tous ces prestiges, il ne lui reste aucune de ces mâles beautés que le génie improvise avec cette hardiesse qui commande le respect et l’admiration.

Tel qu’il était, le monument élevé par Boccardo méritait cependant d’être conservé par la délicatesse de ses détails, par ses ornements gracieux qui peuvent servir à l’histoire de l’art. Les architectes chargés de son agrandissement ont dû chercher, en se conformant au programme, à rattacher les nouveaux bâtiments aux constructions primitives de manière à donner à l’ensemble un caractère d’unité.

En quittant le quai Le Peletier pour entrer sur la place, l’Hôtel-de-Ville apparaît dans tout le développement de ses deux façades de l’Ouest et du Midi.

L’œuvre en s’augmentant a pris de la majesté, mais les anciennes sculptures semblent avoir perdu de leur élégance. Le joli clocher qui complétait agréablement l’ancien hôtel, n’est plus en rapport avec les constructions nouvelles. En s’approchant on aperçoit seize statues dont les niches sont trop petites pour la façade actuelle. Voici les noms des personnages historiques dont la reconnaissance municipale a fait choix ; Saint Landry, fondateur de l’Hôtel-Dieu ; l’évêque Gozlin qui défendit Paris contre les attaques des Normands ; le pieux évêque Maurice de Sully ; les prévôts de Paris Étienne Boileau et Hugues Aubriot ; Jean Juvénal des Ursins, qui remplit les deux fonctions de prévôt de Paris et de prévôt des marchands ; de Viole et François Myron, prévôts des marchands ; l’immortel sculpteur Jean Goujon ; les architectes Pierre Lescot et Philibert Delorme ; les peintres Lebrun et Lesueur ; l’ingénieur Perronnet ; Turgot et Bailly.

On doit ajouter prochainement à ces statues celles de saint Vincent-de-Paul, Robert-Étienne, Guillaume Budé, Michel Laillier, Hardouin Mansart, d’Argenson, Mathieu-Molé, l’abbé de l’Épée, Jean de La Vaquerie et Jean Aubry.

L’Hôtel-de-Ville comprendra dans son ensemble, après l’achèvement de toutes ses parties :

1o Une grande salle destinée aux fêtes données par la ville de Paris. Elle occupera avec ses vestibules, antichambres et salons, tout le premier étage de la façade sur la rue de Lobau ;

2o Les salles de lecture et de dépôt pour la bibliothèque, seront situées sur le comble de la salle des fêtes ;

3o Les cuisines et dépendances, placées au rez-de-chaussée de la façade sur le quai de la Grève ;

4o Au-dessus, les appartements particuliers du préfet ;

5o Au deuxième étage, les appartements affectés aux réceptions ordinaires du préfet, repas, soirées et bals ;

6o Les salles du conseil municipal et de ses diverses commissions, situées sur la cour d’honneur et occupant les deux façades du midi et du couchant ;

7o Enfin les bureaux de la Préfecture de la Seine, placés dans les bâtiments ayant façade sur la rue de la Tixéranderie.

On remarque dans les constructions que nous venons d’énumérer, le grand escalier de la salle des fêtes dont les voûtes reposent sur des colonnes en marbre des Pyrénées, l’escalier d’honneur conduisant aux appartements du préfet, ainsi qu’aux salons de réception, et les peintures exécutées par MM. Hesse, Schopin, Vauchelet, etc.

Enfin tous les détails du monument qui occupe une superficie de 8,850 m., ont été étudiés avec soin, et l’exécution fait le plus grand honneur à MM. Godde est Lesueur, qui ont été secondés avec intelligence par M. Vivenel, entrepreneur.

La dépense pour les nouvelles constructions, en y comprenant les frais d’ameublement, de décorations, de peintures, etc., s’élève à 
 10,850,000. »
Celle qui reste à faire pour rattacher les bâtiments anciens aux nouveaux, doit monter à 
 1,150,000. »
On avait employé en acquisition de propriétés. 
 2,863,435. 85

Total 
 14,863,435. 85


3e Partie. — Établissements religieux et voies publiques dont les emplacements sont compris aujourd’hui dans l’Hôtel-de-Ville.

Église Saint-Jean-en-Grève. Cette église n’était dans l’origine que la chapelle baptismale de Saint-Gervais. Après la construction de l’enceinte de Paris, sous Philippe-Auguste, cette chapelle devint église paroissiale. Elle fut reconstruite en 1326 dans des proportions plus vastes. Son architecture était assez remarquable, et les connaisseurs estimaient surtout la tribune de l’orgue, élevée sous la direction de Pasquier de Lille, et exécutée par Dailly.

Cette église fut restaurée en 1724, et sur une partie de son cimetière, on construisit en 1734 la chapelle dite de la communion, qui passait pour un excellent ouvrage de François Blondel.

L’église Saint-Jean-en-Grève fut vendue par le domaine national le 17 nivôse an VIII, et démolie quelque temps après ; une partie de son emplacement servit à élargir la rue du Tourniquet-Saint-Jean ; le surplus fut réuni à l’Hôtel-de-Ville. La chapelle de la communion, transformée en salle d’assemblée et de concert, a été démolie en 1837 pour faire place aux nouveaux bâtiments de l’Hôtel-de-Ville.

Hôpital du Saint-Esprit. Cet établissement avait été fondé en 1362 ; la construction de son église datait de 1406. Quelques personnes charitables, touchées de l’abandon de plusieurs orphelins qui mouraient de faim dans les rues de Paris, achetèrent une maison et une grange à la place de Grève. Le pape Urbain V approuva la fondation de cet hôpital destiné aux orphelins des deux sexes nés de légitime mariage, et dont les père et mère étaient décédés à l’Hôtel-Dieu. Les enfants étaient reçus jusqu’à l’âge de neuf ans, et donnaient en entrant une somme de 150 livres. Cet argent, qui leur était rendu à leur sortie de cet hôpital, les aidait à apprendre un métier. — Par lettres-patentes du 23 mai 1679, cet établissement fut réuni à l’hôpital général. Un décret du 5 avril 1792 supprima les prêtres du Saint-Esprit. L’église et les bâtiments qui en dépendaient ont été démolis en 1798 ; sur leur emplacement on éleva en 1810 diverses constructions, notamment l’hôtel du préfet de la Seine. Ces nouveaux bâtiments ont été abattus en 1841 pour l’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville.

Chapelle et Hôpital des Haudriettes. Le plus ancien document qui mentionne cet hôpital est une charte de Philippe-le-Bel donnée à Milly, au mois d’avril 1306. Dans cet acte, ce prince permet à Étienne Haudri, son panetier, de bâtir une chapelle sur la place qu’il a nouvellement acquise à la Grève, tenant d’un long à l’hôpital des pauvres, qu’il a fondé. Cet hôpital qui existait avant la chapelle, était destiné à recueillir un certain nombre de femmes pauvres et veuves. Dans une bulle de Clément VII, on voit que cet établissement contenait trente-deux veuves qui sont qualifiées de bonnes femmes de la chapelle d’Étienne Haudri.

Les religieuses hospitalières qui administraient cette maison, furent transférées en 1622 dans le couvent de l’Assomption de la rue Saint-Honoré. L’emplacement de cet hôpital fait partie aujourd’hui de l’Hôtel-de-Ville.

Rue des Haudriettes. — Elle commençait au quai de la Grève et finissait à la rue de la Mortellerie. Son nom lui avait été donné en raison de l’hôpital dont nous venons de parler. — Une décision ministérielle du 13 thermidor an VI, avait fixé à 6 m. la largeur de cette rue qui a été supprimée en 1837, et dont l’emplacement est confondu dans le jardin de l’Hôtel-de-Ville.

Rue des Vieilles-Garnisons. Cette voie publique commençait à la rue du Tourniquet-Saint-Jean, formait retour d’équerre et se terminait à la rue de la Tixéranderie. Dès le XIIIe siècle, on la désignait sous le nom du Marteret. Un compte de la prévôté de 1448, l’appelle rue des Garnisons. En 1522, on la nommait rue du Saint-Esprit, en raison de sa proximité de l’hôpital du Saint-Esprit. Cette rue dont la largeur fut fixée à 6 m., par décision ministérielle du 28 brumaire an VI, a été supprimée vers 1810. Son emplacement servit à former le jardin de la préfecture qui a été détruit en 1838, pour recevoir les nouvelles constructions de l’Hôtel-de-Ville.

Rue du Martroi. Elle prenait naissance à la rue de la Levrette (confondue aujourd’hui dans la rue de Lobau), et débouchait sous une arcade dans la place de l’Hôtel-de-Ville. Le censier de l’évêché de 1372 la nomme le Martelet-Saint-Jean, on l’appela plus tard rue du Martroi. Suivant Jaillot ce nom dérive de Martyrium, qui signifie lieu du supplice. En effet cette voie publique reçut cette dénomination lorsque la place de Grève fut affectée à l’exécution des criminels. — Une décision ministérielle du 13 thermidor an VI, avait fixé à 10 m. la largeur de la rue du Martroi qui a été supprimée en 1837.

Rue de la Mortellerie. Vingt-et-une maisons de cette voie publique ont été démolies en 1837, pour faciliter l’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville.

Rue de la Tixéranderie. Trois maisons de cette rue ont dû également disparaître pour le même objet.