Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Moncey (rue)

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Moncey (rue).

Commence à la rue Blanche, nos 35 et 39 ; finit à la rue de Clichy, nos 52 et 58. Pas de numéro impair ; le dernier pair est 8. Sa longueur est de 158 m. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

Une ordonnance royale du 15 novembre 1841 porte ce qui suit : « Article 1er. Est approuvé le projet présenté par la ville de Paris, pour l’ouverture d’une rue de 12 m. de large, devant communiquer de la rue Blanche à celle de Clichy. Les alignements de cette rue sont arrêtés conformément aux lignes rouges tracées sur le plan ci-joint, lesquelles déterminent un pan coupé de 15 m. de face au droit de la propriété située à l’angle de la rue Blanche. — Art. 2e. L’exécution immédiate des alignements arrêtés ci-dessus est déclarée d’utilité publique. En conséquence, le préfet de la Seine, agissant au nom de la ville de Paris, est autorisé : 1o à acquérir, soit à l’amiable, soit par voie d’expropriation, s’il y a lieu, les immeubles ou portions d’immeubles dont l’occupation sera nécessaire ; 2o à accepter les souscriptions offertes par divers propriétaires pour contribuer à la dépense du projet. — Art. 3e. Toutefois il sera procédé à l’égard de l’alignement formant le pan coupé précité, conformément aux lois et règlements en vigueur en tout ce qui pourra concerner, soit les réparations d’entretien, soit la démolition pour cause de vétusté, des bâtiments qui excèdent les alignements ainsi arrêtés, soit les terrains à occuper par la voie publique ou par les particuliers, soit enfin les indemnités qui seront dues de part et d’autre pour la cession de ces terrains. — Art. 4e. Le préfet de la Seine est en outre autorisé à affecter aux frais d’ouverture de la voie nouvelle, les 10, 000 fr. qui, en exécution de notre ordonnance du 27 février 1839, ont été soumissionnés et versés par le sieur Boursault, dans le but de contribuer à la dépense devant résulter de l’exécution du d. pan coupé, lequel sera effectué aux frais seuls de la ville de Paris, etc… » — Ce percement fut immédiatement commencé. — L’article 2 d’une délibération du conseil municipal du 3 février 1843 est ainsi conçu : « La rue nouvelle portera le nom de rue Moncey, pour rappeler les services rendus par M. le maréchal duc de Conegliano, à la barrière de Clichy. »

Moncey (Rose-Adrien-Jeannot), duc de Congliano, grand’croix de la Légion-d’Honneur, pair et maréchal de France, gouverneur de l’hôtel royal des Invalides, naquit à Besançon, le 31 juillet 1754. Son père, avocat au parlement, le destinait à la magistrature ; mais à l’âge de quinze ans, Moncey quitta le collége et s’engagea dans le régiment de Conti (infanterie). En 1791, il était capitaine de dragons ; en 1794, général de brigade ; deux mois après, sa fermeté et ses talents lui valaient le grade de général de division. En 1800, Moncey fut chargé du commandement d’un corps de 20,000 hommes, franchit le Saint-Gothard, et s’empara de Plaisance. À Marengo, son nom fut mis à l’ordre du jour de l’armée, et à la paix de Lunéville, il reçut le commandement des départements de l’Oglio et de l’Adda. Le 19 mai 1804, Napoléon comprit ce général dans la première promotion des maréchaux de l’empire, et le 1er février suivant lui donna le grand cordon de la Légion-d’Honneur. En 1808, le maréchal Moncey fut envoyé en Espagne ; dans cette lutte meurtrière, il déploya les talents les plus distingués. Nommé en 1814 major-général, commandant en second la garde nationale de Paris, il fit preuve d’une grande fermeté pendant le combat livré sous les murs de cette ville. Le 1er avril, le maréchal Moncey fut nommé membre du conseil d’État provisoire, puis pair de France. En 1823, il commanda le quatrième corps de l’armée d’Espagne. Appelé après 1830 au gouvernement de l’hôtel royal des Invalides, le maréchal termina, le 21 avril 1842, au milieu des vieux soldats dont il avait toujours été le protecteur et l’ami, une vie glorieuse et honorée de tous.