Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Normale (école)

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Normale (école).

Située dans la rue Saint-Jacques, nos 115. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Cet établissement occupe aujourd’hui les bâtiments de l’ancien collége du Plessis-Sorbonne, dont nous allons rappeler l’origine. Il doit son nom à Geoffroi du Plessis, notaire apostolique et secrétaire de Philippe-le-Long. Il le fonda, en 1317, pour quarante étudiants, pris dans les diocèses de Tours, Saint-Malo, Sens, Évreux et Rouen, et donna pour cet établissement des revenus et une maison située dans la rue Saint-Jacques. Il prit d’abord le nom de collége de Saint-Martin-du-Mont, en raison d’un oratoire, dédié à ce saint, qui se trouvait en cet endroit. On l’appela ensuite collége du Plessis, du nom de son fondateur. Ce pieux personnage créa également le collége de Marmoutiers, à côté de celui de Saint-Martin, et la chapelle qu’on bâtit alors servit aux deux établissements. Geoffroi s’étant fait religieux de l’abbaye de Saint-Martin-de-Tours, soumit les deux colléges qu’il avait fondés à l’abbé, son supérieur. La modicité des revenus du collége du Plessis diminua successivement le nombre de ses boursiers ; il ne parvint à se soutenir que par la réputation de ses professeurs. Ses bâtiments tombaient en ruine au commencement du xviie siècle, et l’établissement manquait de ressources pour les reconstruire. Des circonstances imprévues changèrent cette position malheureuse. Le cardinal de Richelieu avait eu besoin de l’emplacement du collége de Calvi pour la construction de l’église Sorbonne. Son éminence ordonna, dans son testament, qu’il serait bâti, pour le remplacer, un autre collége entre les rues Sorbonne, des Noyers et des Maçons. Les dépenses excessives que devait entraîner l’exécution de ce projet amenèrent des modifications. Les héritiers du cardinal résolurent d’unir un collége à la maison de Sorbonne. On choisit celui du Plessis. L’arrangement devint facile ; Amador de Vignerod, neveu de Richelieu, possédait alors l’abbaye de Marmoutiers. Depuis cette époque l’établissement, fondé par le secrétaire de Philippe-le-Long, porta la dénomination de collége dit Plessis-Sorbonne, et soutint jusqu’à la fin sa bonne renommée. Supprimé en 1790, il devint propriété nationale. En 1820, les Facultés de théologie des lettres et des sciences furent établies dans ce collége, qui servit ensuite de succursale à l’École de Droit. Il est enfin occupé aujourd’hui par l’École Normale. Cet établissement fut fondé en vertu de la loi du 9 brumaire an III (30 novembre 1795), dans l’amphithéâtre du Jardin-des-Plantes. Le but que la Convention Nationale se proposait d’atteindre, en créant cette école, était de former des professeurs. L’École Normale fut organisée par des représentants du peuple, et en vertu de leur arrêté du 2 nivôse suivant. Les savants Lagrange, Laplace, Monge, Haüy, Daubenton, Berthollet, Thouin, Volney, Sicard, Garat, Bernardin de Saint-Pierre, La Harpe, etc., y professaient et enseignaient. Leurs leçons n’étaient point écrites. Ils improvisaient. Des sténographes recueillaient leurs discours qu’ils faisaient imprimer et publier. Cette institution qui eut des commencements si brillants, fut supprimée après une existence de plusieurs mois. Une nouvelle École Normale fut créée par décret impérial du 17 mai 1808. Cet établissement était situé dans la rue des Postes, no 26. Réorganisé depuis, il a été transféré, comme nous l’avons dit, dans les bâtiments du collége du Plessis.

En vertu de la loi du 24 mars 1841, un crédit de 1 978 000 fr. a été ouvert au ministre des travaux publics, pour être appliqué aux dépenses que devait nécessiter la construction d’un édifice destiné à l’École Normale.

On a fait choix d’un terrain situé dans la rue d’Ulm ; des bâtiments ont été élevés avec une grande célérité, et bientôt ils seront occupés par l’École Normale.