Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Pontoise (rue de)

La bibliothèque libre.


Pontoise (rue de).

Commence au quai de la Tournelle, no 47 ; finit à la rue Saint-Victor, nos 92 et 94. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 28. Sa longueur est de 270 m. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

Cette rue, dans la partie faisant face à la halle aux Veaux, et qui s’étend jusqu’au quai, a été ouverte, en 1773, sur l’emplacement du jardin des Bernardins, en vertu des lettres-patentes du mois d’août 1772, relatives à la construction de cette halle et de ses abords. — Une décision ministérielle du 29 thermidor an XI, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 12 m. et prescrivit son prolongement jusqu’à la rue Saint-Victor, sur les terrains dépendant du ci-devant collége des Bernardins, dont nous tracerons l’historique à la fin du présent article. Ce prolongement, dont la largeur était fixée à 10 m., fut immédiatement exécuté. Vers 1806, cette rue prit, en raison de sa proximité de la halle aux Veaux, le nom de rue de Pontoise. On sait que cette ville fournit à la consommation de la capitale les veaux les plus estimés. — Une décision ministérielle du 12 juin 1818 a maintenu les dimensions déterminées par le plan de l’an XI. La maison no 1 est soumise à un retranchement de 5 m. 40 c. Sur le côté des numéros pairs, la propriété située à l’encoignure gauche de la rue du Cloître-des-Bernardins devra reculer de 2 m. 80 c. Toutes les autres constructions sont alignées. — Égout entre le quai et la rue du Cloître-des-Bernardins. — Conduite d’eau depuis la rue Saint-Victor jusqu’aux deux bornes-fontaines.

Collége des Bernardins. Les religieux de l’ordre de Clairvaux, appelés Bernardins, du nom de leur fondateur saint Bernard, étaient sans cesse exposés au mépris des frères Prêcheurs, des frères Mineurs et des Légistes séculiers qui, faisant profession de science, voulaient faire passer les anciens ordres pour inutiles, parce qu’ils ne se piquaient pas, comme eux, de disputer, ni d’enseigner, ni de prendre des dégréz dans l’Université. — Étienne Lexington, Anglais de naissance et abbé de Clairvaux, résolut de mettre un terme à cette humiliation. Il conçut le projet d’établir un collége, où ses religieux pourraient faire les études nécessaires pour prendre des dégrés dans l’Université. Le pape Innocent IV approuva complètement ce projet. En conséquence l’abbé de Clairvaux acheta de l’abbé de Saint-Victor plusieurs terrains situés dans le clos du Chardonnet, et le collége fut fondé en 1244. Afin de jeter un certain éclat sur cette maison, l’abbé de Clairvaux pria Alphonse de France, frère de saint Louis d’en accepter le titre de protecteur. Alphonse accueillit favorablement cette demande et abandonna une rente de 104 livres parisis qui devait être employée à l’entretien de vingt religieux profès. Le collége des Bernardins fut gouverné par un supérieur qui reçut le titre de Prieur, ensuite celui de Proviseur. En 1320, l’abbé et les religieux de Clairvaux cédèrent ce collége à l’ordre de Cîteaux. Au mois de février 1321, le roi approuva cette cession. Le pape Benoît XII, qui avait été religieux de l’ordre de Cîteaux, fit commencer l’église, dont la première pierre fut posée le 24 mai 1338. Il n’eut pas la satisfaction de la voir terminée. Le cardinal Curti entreprit de faire achever cette église, mais il ne fut pas plus heureux que le Saint-Père ; et cet édifice, d’une architecture remarquable, resta toujours imparfait. En 1790, le collége des Bernardins devint propriété nationale. L’église, qui contenait en superficie 1,070 m. 97 c., fut vendue le 4 messidor an V. Les autres bâtiments restèrent propriétés de l’État jusqu’en l’an XII.

Un arrêté du gouvernement du 22 nivôse de cette année, porte entr’autres dispositions ce qui suit : « Article 1er. Les bâtiments des Bernardins, près la place aux Veaux, seront concédés à la Ville de Paris, en la personne du préfet de la Seine, par le ministre des finances, moyennant une rente dont la quotité sera de 5 p. % du prix de l’estimation des bâtiments faite contradictoirement par les experts nommés par le préfet de la Seine et le directeur des Domaines. »

La rente annuelle a été fixée à la somme de 6,000 fr. La ville est entrée en jouissance le 1er vendémiaire an XIII.

La rente de 6,000 francs, formant le prix principal de la présente vente, a été comprise dans les domaines nationaux attribués par la loi du 19 septembre 1807, à l’Hôtel-Dieu et à l’Hôpital-Général de Paris en remplacement de leurs biens aliénés. La ville a constamment servi cette rente aux hospices civils jusqu’en 1836, époque à laquelle le remboursement a été effectué au principal de 120,000 francs. — Le réfectoire a servi de dépôt d’huiles et de magasin à la ville. Le dortoir a été occupé par les archives de la préfecture de la Seine. Ces bâtiments situés du côté de la rue de Poissy, seront prochainement affectés à une caserne de sapeurs-pompiers. Les travaux d’appropriation s’exécutent en ce moment sous la direction de M. Hittorf, architecte. — D’après une délibération du conseil municipal, on va construire en façade sur la rue de Pontoise des bâtiments destinés à une école communale. Les travaux sont confiés à M. Durand, architecte.