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Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Vieillesse-Femmes (hospice de la)

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Vieillesse-Femmes (hospice de la).

Situé place de l’Hôpital. — 12e arrondissement, quartier Saint-Marcel.

Le magnifique établissement que nous voyons aujourd’hui est l’imitation d’un hospice créé par la bienfaisance particulière. Un bourgeois de Paris, qui appréciait dignement la constante charité de Vincent de Paul, vint trouver le saint homme, et lui remit une forte somme, en le priant d’en faire tel usage qui lui conviendrait. Ce généreux citoyen désira que son nom fût ignoré. Avec cette somme, Vincent de Paul fonda, rue du Faubourg-Saint-Martin, un établissement composé de quarante pauvres, tant hommes que femmes, qu’il appela hospice du nom de Jésus.

À l’aspect du bien-être des quarante vieillards renfermés dans cette maison, la pensée d’ouvrir un asile à tous les malheureux qui parcouraient les rues de Paris, vint à l’esprit de plusieurs magistrats.

L’accroissement de la capitale sous le règne de Louis XIII, les troubles qui survinrent pendant la minorité de Louis XIV, multiplièrent le nombre des mendiants. Tous nos historiens le font monter à quarante mille. Les meilleurs esprits étaient d’accord sur la nécessité d’apporter un prompt remède à un pareil état de choses, mais ils étaient presque tous convaincus de l’impossibilité de l’exécution. Il faut convenir, en effet, qu’il n’était pas facile de dissiper une foule de vagabonds qui, ne connaissant de loi que leur cupidité, ne demandaient qu’avec arrogance, et se portaient souvent aux plus grands excès pour se maintenir dans leur indépendance. Un magistrat, supérieur encore à sa haute dignité par ses lumières, par ses vertus, Pomponne de Bellièvre, premier président du parlement, se proposa d’enlever cette écume. Il communiqua ses vues au roi, et bientôt fut promulgué l’édit qui est, à notre avis, l’un des plus beaux titres de Louis XIV à la reconnaissance de la nation.

« 27 avril 1656. Louis, etc. Les roys nos prédécesseurs ont fait, depuis le dernier siècle, plusieurs ordonnances de police sur le fait des pauvres en notre bonne ville de Paris, et travaillé par leur zèle, autant que par leur autorité, pour empescher la mendicité et l’oisiveté, comme les sources de tous leurs désordres, et bien que nos compagnies souveraines ayent appuyé par leurs soins l’exécution de ces ordonnances, elles se sont trouvées néanmoins, par la suite des temps, infructueuses et sans effet, soit par le manquement des fonds nécessaires à la subsistance d’un si grand dessein, soit par le défaut d’une direction bien établie et convenable à la qualité de l’œuvre, de sorte que dans les derniers temps et sous le règne du déffunt roy, le mal s’étant accru par la licence publique, et par le dérèglement des mœurs, l’on reconnut que le principal déffaut de l’exécution de cette police provenoit de ce que les mendiants avoient la liberté de vaguer partout, et que les soulagements qui étoient procurez n’empeschoient pas la mendicité secrette, et ne faisoient point cesser leur oisiveté ; sur ce fondement fut projetté et exécutté le louable dessein de les renfermer dans la Maison de la Pitié et lieux qui en dépendent, et lettres-patentes, accordées pour cet effet en 1612, registrées, suivant lesquelles les pauvres furent renfermez, et la direction commise à de bons et notables bourgeois qui successivement, les uns après les autres, ont apporté toute leur industrie et bonne conduitte pour faire réussir ce dessein, et toutesfois, quelques efforts qu’ils ayent pu faire, il n’a eu son effet que pendant cinq ou six années, et encore très imparfaitement, tant pour le déffaut d’employ des pauvres dans les œuvres publiques et manufactures, que parce que les directeurs n’étoient point appuyez des pouvoirs et de l’autorité nécessaire à la grandeur de l’entreprise, ou que par la suite des désordres et malheur des guerres, le nombre des pauvres soit augmenté au-delà de la créance commune et ordinaire, et que le mal se soit rendu plus grand que le remède de sorte que le libertinage des mendiants est venu jusqu’à l’excès par un malheureux abandon à toutes sortes de crimes qui attirent la malédiction de Dieu sur les États quand ils sont impunis ; l’expérience ayant fait connaître, aux personnes qui se sont occupées dans ces charitables emplois, que plusieurs entr’eux, de l’un et de l’autre sexe, habitent ensemble sans mariage, beaucoup de leurs enfants sont sans baptême et ils vivent presque tous dans l’ignorance de la religion, le mépris des sacrements et dans l’habitude continuelle de toutes sortes de vices ; c’est pourquoi, comme nous sommes redevables à la miséricorde divine de tant de grâces, et d’une visible protection qu’elle a fait paraître sur notre conduite à l’avènement, et dans l’heureux cours de notre règne par le succès de nos armes et le bonheur de nos victoires, nous croyons être plus obligez de luy en témoigner nos reconnaissances par une royalle et chrétienne application aux choses qui regardent son honneur, et son service ; considérant ces pauvres mendiants comme membres vivants de Jésus-Christ, et non pas comme membres inutiles de l’État, et agissant en la conduitte d’un si grand œuvre, non par ordre de police, mais par le seul motif de la charité. À ces causes après avoir fait examiner toutes les anciennes ordonnances et règlements sur le fait des pauvres, par grands et notables personnages et autres intelligents et expérimentez en ces matières, ensemble les expédients plus convenables dans la misère des temps pour travailler à ce dessein, et de faire réussir avec succès à la gloire de Dieu, et au bien public, de notre certaine science, pleine puissance et autorité royalle, voulons et ordonnons que les pauvres mendiants valides de l’un et de l’autre sexe soient enfermez pour être employez aux ouvrages, travaux ou manufactures selon leur pouvoir, et ainsi qu’il est plus amplement contenu au règlement signé de notre main que nous voulons être exécutté selon sa forme et teneur : pour réussir avec succès à l’établissement d’un si grand dessein, avons nommé d’autres et plus grand nombre de personnages les plus notables et expérimentez et pour enfermer les pauvres qui seront de la qualité d’être renfermés suivant le règlement, nous avons donné, et donnons par ces présentes la maison et hôpital, tant de la Grande et Petite Pitié, que du Refuge, scis au faubourg Saint-Victor, la maison et hôpital de Scipion, et la maison de la Savonnerie, avec tous les lieux, places, jardins, maisons et bâtiments qui en dépendent, ensemble maisons et emplacements de Biscestre, circonstances et dépendances que nous avons ci-dessus donnez pour la retraite des enfants trouvez, en attendant que les pauvres fussent renfermez, à quoy les lieux, et bâtiments de Biscestre ont esté par nous affectez, révoquant en tant que de besoin seroit, tous autres brevets et concessions qui pourroient en avoir été obtenus en faveur des pauvres soldats estropiez, ou par quelqu’autres causes, ou prétextes que ce soit.

« Voulons que les lieux servant à enfermer les pauvres soient nommez l’Hôpital Général des pauvres ; que l’inscription en soit mise avec l’écusson de nos armes sur le portail de la maison de la Pitié et membres qui en dépendent, entendons être conservateur, et protecteur dudit Hôpital Général, et des lieux qui en dépendent, comme étant de notre fondation royalle, et néanmoins qu’ils ne dépendent en façon quelconque de notre grand aumônier, ni d’aucuns de nos officiers, mais qu’ils soient totalement exempts de la supériorité, visite et juridiction des officiers de la générale réformation et autres auxquels nous en interdisons toute connaissance et juridiction en quelque manière que ce puisse être, nous avons en ce faisant éteint, et supprimé, éteignons et supprimons par ces présentes la direction et administration des directeurs de la maison et hôpital de la Pitié, scis au faubourg Saint-Victor et lieux qui en dépendent, des soins et intégrité desquels nous sommes satisfaits, faisons expresses inhibitions et défenses à toutes personnes de tous sexe, lieux, âge, qualité, naissance, et état qu’elles puissent être, valides ou non valides, curables ou incurables, de mendier dans la ville et faubourgs de Paris, ny dans les églises, ny aux portes d’icelles de quelque manière ou quelque cause et prétexte que ce soit, à peine du fouet contre les contrevenants pour la première fois, et pour la deuxième, des galères, les hommes et garçons ; et du bannissement contre les femmes et les filles. Pourront les directeurs avoir dans notre dite ville et fauxbourgs telles maisons, et lieux que bon leur semblera pour la garde des pauvres jusqu’à ce qu’il en ait été par eux ordonné pour les admettre en l’Hôpital-Général, ou pour les conduire en d’autres lieux, faisons expresses inhibitions et défenses à toutes personnes quelles qu’elles soient, de donner manuellement aux mandiants dans les lieux cy-dessus, nonobstant tous motifs, ou autres prétextes que ce soit, à peine de quatre livres Parisis d’amende applicable au profit de l’Hôpital-Général. Donné à Paris, le 27e jour d’avril 1656, signé : Louis. »

« Réglement, 27 avril 1656. — Article 1er. Deffenses sont faites à toutes personnes généralement quelconques de mandier dans la ville et fauxbourgs de Paris sous les peines de droit. — Art. 2e. Les pauvres mandians mariez ne seront admis dans l’hôpital général, mais s’ils ne peuvent gagner leur vie, leur sera donné du fonds de l’hôpital, l’aumosne nécessaire pour leur subsistance, avec deffenses aux d. mariez de mandier sous peine du fouet, et à la charge que ceux qui recevront l’aumosne du d. hospital seront tenus de s’employer et appliquer aux choses qui concerneront le service au profit d’iceluy, quand ils le trouveront plus expédient pour le bien du d. hospital. — Art. 3e. Ne seront reçus au d. hospital les pauvres mandians affligez de lèpres ou de maladie contagieuse ou mal vénérien, mais seront renvoyez à ceux qui en doivent avoir le soin, de sorte qu’ils ne puissent mandier. — Art. 4e. Tous les pauvres mandiants, valides ou non, de l’un et l’autre sexe, de quelque âge qu’ils soient, qui se trouveront dans la ville et fauxbourgs de Paris lors de l’établissement du d. hospital général, qui ne pourront gagner leur vie, seront enfermez dans le d. hospital pour estre employez aux œuvres publiques et service du d. hospital. — Art. 5e. Les femmes mandiantes abandonnées de leurs maris seront reçues dans le d. hospital. — Art. 6e. Les mandiants aveugles et incurables seront aussi reçus au d. hospital jusqu’à ce qu’il y ait place pour les admettre aux hospitaux des Quinze-Vingts et des Incurables. — Art. 7e. Sera donné aux passants l’aumosne de passade, sauf leur retraite aux hospitaux Saint-Gervais et Sainte-Catherine, durant le temps porté par les fondations et sans pouvoir mandier. — Art. 8e. Ceux qui sont affligez du mal des escrouelles pourront demeurer en cette ville et fauxbourgs, auparavant les festes solennelles, aux quelles le roi a coutume de les toucher, avec deffenses de mandier pendant ce tems, à peine d’estre chassez, et seront tenus de sortir trois jours après la cérémonie, sur les mêmes peines ; leur sera cependant donné l’aumosne du fonds du d. hospital, s’il est jugé qu’ils en aient besoin. — Art. 9e. Les pauvres ne sortiront de l’hospital et lieux en dépendant que par l’ordre des directeurs. — Art. 10e. Les lieux du d. hospital et de tous les membres qui en dépendent, seront distinguez en places séparées, selon la diversité des sexes, des sains et des infirmes, du travail et service. — Art. 11e. Seront les heures du lever et du coucher, des prières, du travail et des repas des pauvres enfermez, assignez par les directeurs, sans qu’il y puisse estre contrevenu par les d. pauvres. — Art. 12e. Pour tenir les pauvres chacun en leur devoir, pourront les directeurs choisir les personnes qu’ils jugeront plus capables d’avoir le soin et direction en chacune salle ou dortoir, en qualité de maîtres selon le sexe et âge de ceux qui seront ès d. salles ou dortoirs auxquels il est enjoint d’obéir, et y apporteront les directeurs telle autre conduite qu’ils jugeront convenable pour le bien du d. hospital et des pauvres. — Art. 13e. Pour exciter les pauvres renfermez de travailler aux manufactures avec plus d’assiduité et d’affection, ceux qui auront atteint l’âge de 16 ans auront le tiers du profit de leur travail, sans qu’il leur soit rien diminué, et à l’égard des deux autres tiers, ils appartiendront à l’hôpital. — Art. 14e. Les lits, couvertures, nourriture et habits, ne seront point donnez par faveur et recommandation, ni ostez par aversion ni haine, mais seront distribuez à tous les pauvres indistinctement à proportion de leur âge, sexe, besoins, employ, ou infirmitez, si ce n’est par ordre des directeurs pour motif de récompense ou de correction. — Art. 15e. Pourront les directeurs faire recueillir le reste des tables des particuliers et communautés de la ville et fauxbourgs pour aider à la nourriture et subsistance des pauvres. — Art. 16e. Pourront les enfants et autres pauvres du d. hospital aller aux enterremens, lorsqu’ils y seront mandez, en tel nombre qu’on advisera. — Art. 17e. Seront tenus les prestres qui desserviront au dict hospital, y conduire les enfans et sera le droit de rétribution pour assistance reçu par le receveur de l’hôpital. — Art. 18e. Seront les d. enfans et pauvres du d. hospital, appellés les enfans et pauvres du d. hospital général et vestus de robes grises, avec bonnets gris, et auront chacun sur leurs robes une marque générale, avec un chiffre particulier. — Art. 19e. Pourront les directeurs ordonner tous les chastimens et peines publiques ou particulières contre les pauvres en cas de contravention, même en cas de désobéissance, insolences ou autres scandales, les chasser mesme, avec deffenses de mandier et en cas de récidive de telles autres peines qu’il sera avisé. — Art. 20e. Les pauvres du d. hospital lorsqu’ils seront malades de maladie formée, seront envoyez à l’Hostel-Dieu pour y estre traitez, et après leur convalescence ramenez au d. hospital, et sera fait mention sur le registre de leur sortie et rentrée. — Art. 21e. Il y aura au d. hospital général, un lieu particulier d’infirmerie, pour les indispositions communes des pauvres, et un autre pour les officiers et domestiques malades du d. hospital. — Art. 22e. Les directeurs s’assembleront au moins deux fois la semaine pour délibérer et résoudre pour le bien général du d. hospital, et seront outre ce tenus de veiller incessamment à ce que les pauvres et les biens du d. hospital soient toujours entretenus et administrez avec assiduité et économie. — Art. 23e. Il sera tenu un registre des délibérations de chaque séance, signé et paraphé par celui qui présidera, et par trois des plus anciens présens, sans qu’il en puisse estre donné copie ou extraits, que par ordre de la compagnie. — Art. 24e. Pourront les directeurs choisir un receveur et un greffier du d. hospital, soit bourgeois ou à gages, restituables à volonté. — Art. 25e. Pour la plus grande facilité de la direction, soulagement et bien des pauvres, les employs et commissions seront partagez et distribuez à chacun selon leurs talents dont ils tâcheront de s’acquitter avec zèle pour en rendre compte à chaque séance… Donné à Paris le 27 avril 1656. Signé, Louis. »

L’édit du roi fut enregistré au parlement le 1er septembre suivant. Le cardinal Mazarin donna 1,000 livres, et par son testament, une somme de 60,000 livres. Le président de Bellièvre fit présent à l’Hôpital-Général de 20,000 écus par contrat sur la ville.

Les établissements indiqués dans l’édit du roi n’étant pas suffisants pour loger le grand nombre de malheureux qui affluaient dans la capitale, Libéral Bruant, architecte, fut chargé d’élever de vastes constructions sur l’emplacement de la maison de la Salpêtrière, que le roi avait destinée aux pauvres. De tous les immenses bâtiments de cet hôpital, l’église, dédiée à saint Louis, est sans contredit le plus remarquable. Cet édifice, couvert d’un dôme, consiste en un plan circulaire de 30 m. de diamètre. L’intérieur est percé de huit arcades qui communiquent à quatre nefs et à quatre chapelles dédiées à la Vierge, au bon Pasteur, à saint Vincent de Paul et à sainte Geneviève. Ces nefs et ces chapelles, disposées en rayons, aboutissent au centre de l’église, où s’élève l’autel principal. La disposition est si heureuse, que, du milieu du dôme, l’œil embrasse à la fois tout l’édifice sous huit côtés différents.

En sortant de l’église, à droite et à gauche, se développe un bâtiment d’une grande étendue. Deux voûtes ou passages conduisent dans les différentes divisions de la Salpêtrière ; mais les constructions élevées à diverses époques ne présentent point à l’œil un plan régulier. La façade seule de l’établissement est d’une architecture uniforme.

« Le 16 mai 1657, dit un historien contemporain, les magistrats firent publier aux prônes de toutes les paroisses de Paris, que l’Hôpital-Général seroit ouvert pour tous les pauvres qui voudroient entrer de leur propre volonté, et défense fut faite à cri public à tous les mendiants de demander l’aumône dans Paris. La messe du Saint-Esprit fut chantée le 13 dans l’église de la Pitié, et le lendemain les pauvres furent enfermés. »

Notre-Dame-de-Pitié, Saint-Louis-de-la-Salpêtrière, Saint-Jean-de-Bicêtre et Sainte-Marthe-de-Scipion, reçurent environ cinq mille pauvres, et quelque temps après leur nombre s’éleva jusqu’à dix mille, en y comprenant les Enfants-Trouvés.

Dans la Salpêtrière furent enfermées, outre les enfants au-dessous de quatre ans, les femmes caduques, aveugles, estropiées, paralytiques, écrouellées, insensées, etc…

Lors de la fondation de l’Hôpital-Général, un recteur et vingt-deux prêtres y étaient attachés. Cette direction du spirituel avait été offerte aux missionnaires de Saint-Lazare ; mais ils la refusèrent par l’organe de saint Vincent-de-Paul, leur supérieur général. En l’absence de l’archevêque de Paris, ses grands-vicaires nommèrent pour recteur Louis Abelly, qui devint plus tard évêque de Rhodez. Sa majesté désigna, de son côté, pour la gestion de l’établissement, vingt-six personnes, avec le titre de directeurs perpétuels, et pour chefs de la direction, le premier président du parlement et le procureur-général. Par une déclaration expresse du roi, en date du 29 avril 1673, l’archevêque de Paris fut adjoint comme chef ; et en 1690, le premier président de la chambre des comptes, celui de la cour des aides, le lieutenant-général de police et le prévôt des marchands furent aussi nommés chefs. Indépendamment de ces magistrats, on créa un receveur et un secrétaire.

Avant 1789, cet hospice contenait des femmes indigentes et des détenues à titre de correction ou de sûreté ; des femmes et des filles enceintes, des nourrices avec leurs nourrissons, des enfants mâles depuis l’âge de sept à huit mois jusqu’à celui de quatre à cinq ans, des vieillards, des folles furieuses, des imbéciles, des épileptiques, des aveugles, des paralytiques, des teigneuses, des estropiées, des incurables de toute espèce, des enfants scrofuleux, etc.

Les documents suivants, que nous devons à l’obligeance de M. Censier, directeur actuel, compléteront l’article que nous avons consacré à l’hôpital de la Salpêtrière, connu aujourd’hui sous le nom d’hospice de la Vieillesse (femmes).

Destination de l’établissement.

L’hospice de la Vieillesse (femmes) est destiné à recevoir :

1o Sous le titre de reposantes, les surveillantes, sous-surveillantes et filles de service admises à la retraite après trente ans de service et à soixante ans d’âge ;

2o Les indigentes valides âgées de soixante-dix ans au moins, ou bien atteintes d’infirmités incurables ;

3o Les aliénées et les épileptiques.

L’établissement se partage en cinq divisions et quinze

sections.
Nombre des lits.

Le nombre des lits d’administrées (non compris ceux du personnel) est de 4,969, savoir :

Reposantes, environ. 
 150 lits.
Indigences valides. 
 3,018 lits.
Indigences malades. 
 293 lits.

 
3,461 lits.
Aliénées et épileptiques. 
 1,508 lits.

___________Total général 
 4,969 lits.

Les services généraux comprennent :

La cuisine ;
Le magasin aux vivres ;
La sommellerie ;
Le magasin aux métaux ;
La pharmacie ;
La lingerie ;
L’habillement ;
Le service des écuries ;
La buanderie ;
Le chantier ;
Le parloir ;
Un atelier de couture destiné à procurer de l’ouvrage aux administrées ;
La cantine.

Il existe dans l’intérieur de l’établissement un marché pour l’usage des administrées.

Personnel.

Il se compose de 489 personnes, savoir :

Bâtiments.
1 directeur.
14
1 économe.
10 employés des bureaux.
1 garçon de bureau.
1 commissionnaire.
Culte.
4 aumôniers.
6
1 sacristain.
1 organiste.
Service médical.
8 médecins.
35
1 chirurgien.
1 pharmacien en chef.
8 élèves internes en médecine.
1 élève interne en chirurgie.
7 élèves internes en pharmacie.
9 élèves externes.
Services généraux et services des salles.
20 surveillantes.
404
45 sous-surveillantes.
3 surveillants.
4 sous-surveillants.
3 portiers.
1 cuisinier.
27 hommes de service.
301 filles de service, y compris la ventouseuse.
Travaux.
1 piqueur.
18
17 ouvriers.
Atelier de couture.
1 surveillante.
9
3 sous-surveillantes.
1 caissier.
3 femmes de service.
1 commissionnaire.
Cantine.
1 distributeur.
2
1 aide.
Chant.
1 maître de chant pour les aliénées.
1

Total général 489
Bâtiments.

L’hospice se compose de quarante-cinq grands corps de bâtiments occupant une superficie de 29,162 m. L’église, l’une des plus vastes de Paris, est formée d’un chœur et de huit nefs dont la disposition a eu pour but le classement de la population.

Voici quelques autres renseignements propres à donner une idée de l’importance de cet établissement, que Tenon appelait une ville d’hospices.

La superficie générale des cours, jardins et bâtiments est d’environ 30 hectares.

Longueur linéaire des murs d’enceinte, environ 
 2,047 m.
Superficie de la couverture 
 63,130 m.
Superficie du pavé. 
 30,500 m.
Nombre des croisées 
 4,682 m.

Parmi les anciennes constructions, on remarque le bâtiment Mazarin et le bâtiment Lassay, au centre desquels se trouve l’église, et qui forment la façade principale de l’hospice. Parmi les constructions nouvelles on distingue les deux sections affectées aux aliénées en traitement. L’une de ces deux sections, appelée Rambuteau, a vue sur des champs cultivés qui sont situés dans l’enceinte de l’hospice.

Dépense.

La dépense générale de l’établissement, pour l’année 1843, a été de 1,853,406 fr 59 c., savoir :

Dépense ordinaire 
 1,779,277. 08
Dépense extraordinaire 
 74,129. 51
________Total 
 1,853,406. 59

La consommation des principales denrées a été, savoir :

Pour le plain blanc, de 
 399,733 kil.
Pour le pain moyen, de 
 652,108 kil.
________Total 
 1,051,841 kil.
Pour le vin, de 
 381,420 litr.
Pour la viande, de 
 359,506 litr.

Le nombre des journées s’est élevé, savoir :

Pour les administrées, à 
 1,774,948
Pour les employés, nourris et non nourris, à 
 150,353
________Total 
 1,925,301

La dépense moyenne de chaque administrée, non compris les dépenses extraordinaires, a été par journée, de 99 cent. 77 dix-millièmes, et pour l’année, de 364 fr. 16 c.