Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Etat (Culte d')

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Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 1 – de « Agnosticisme » à « Fin du monde »p. 780-782).

ÉTAT (CULTE D'). — On se i^ropose de jeter ici un coup d’oeil sur l’évolution d’une tendance qui se trouve partout dans l’histoire du genre humain : 1a tendance qu’a le pouvoir civil à vouloir l’emporter sur les choses de Dieu, à dominer tout ce qu’il y a déplus sacré dans la vie de l’homme, en un mot, à vouloir se substituer soit à Dieu lui-même soit à ses ministres légitimes. Les formes sur lesquelles cette tendance se produit sont multiples. Nous nous bornerons à en indiquer quelques-unes des plus frappantes, renvoyant le lecteur pour un traitement plus technique à d’autrcsarticles, tels que Gallicanisme, Investitures, Laïcisme, RÉVOLUTION. Nous ne chercherons pas non plus à délimiter exactement les sphères civile et ecclésiastique, puisque nous ne nous occupons que des envahissements civils, qui ne sont que ti-op manifestes.

I. Adoration des princes. —

Pour bien nous orienter, il sera très utile de commencer par le culte de l’Etat le plus formel qu’ait jamais vu l’Occident civilisé : le culte des monarques hellénistiques. Alexandre le Grand, en se faisant l’héritier des Pharaons, ne xîouvait pas s’empêcher de devenir dieu, et de recevoir l’adoration des Egyptiens (voir Maspero. Comment Alexandre devint dieu en Egypte, p. 6). Il est même prol)able qu’il croyait, d’ailleurs à tort, queles Achéménides vaincus avaient reçu, eux aussi, de la part de tous leurs sujets une véritable adoration. De plus, il pouvait penser que les Grecs n’y montreraient pas grande répugnance. Philippe, son père, et Lysandre avaient été l’objet d’un culte expressément divin, l)ien qu il ne fVit ni très exactement défini, ni très répandu. D’ailleurs le culte des héros, bien qu’il fût essentiellement un culte des morts, était déjà cependant, pour les esprits, une préparation direete au culte divin adressé à des monarques vivants.

C’est donc bien Alexandre qui introduisit ce culte dans le monde hellénistique, en demandant aux cités’grecques et à sa cour de reconnaître sa divinité. Mais il est mort trop tôt pour qu’on ose dire quelle eût pu être la forme délinitive de son culte. A sa mort, confusion complète. Sans doute, si ses descendants avaient pu entrer en possession de leur héritage, au lieu de payer de leur vie la royauté de leur naissance, son culte eût été très nettement accusé. Même ses généraux d’autrefois, qui finirent par se déclarer rois, ne parvinrent jamais à sedéfaii*e du culte d’Alexandre. On comprend que ce soient les Ptolémces en Egypte qui, sous lintluence de la tradition pharao^ nique, aient développé le plus rapidement leur culte personnel : compromis bizarre entre les idées grecques et égyptiennes. En 277 av. J.-C, Ptolénue II Philadelphe, suivant l’usage des Pharaons, épousa sa propre sœur Arsinoé ; et tous les Ptolémées tirent de même. Mais la mort d’Arsinoé donna lieu à des difficultés. Pour les Egyptiens, le monarque et sa sœur, vivants et morts, étaient toujours dieux ; mais les Grecs ne connaissaient guère jusqu’alors que la déification des morts. Pour tout harmoniser, Ptolémée II se lit dieu comme sa sœur. A partir de ce moment, tous les Ptolémées régnants, frères et sœurs, sont dieux. C’est probablement l’assemblée des prêtres égyptiens qui décernait la déilication, cérémonie inconnue aux Pharaons. Dans le culte des rois, comme partout ailleurs, ce sont les usages et les idées égyptiennes qui l’emportent de plus en plus sur l’élément grec.

En Syrie, les Séleucides, tout en se faisant dieux comme les Ptolémées, s’écartaient sensiblement des usages égj’pticns. En Macédoine, les rois n’ont jamais introduit le culte officiel de leur propre personne. C’est donc Rome qui a établi dans l’Europe civilisée le culte officiel des monar([ues. Les Attalides à Pergame étaient, eux aussi, très modérés sur ce point.

Il nous reste à faire quelques observations générales sur le culte hellénistique. Son lieu d’origine est l’Egypte ; mais on ne put l’imposer que là où une grande partie de la population était orientale. Aux Orientaux, en effet, cette servilité, cette soumission absolue de corps et d’âme envers leur maître et despote était habituelle ; de la pai-t des Grecs, au contraire, tant souverains que sujets, il s’j' mêlait beaucoup de scepticisme en matière religieuse. On prostituait facilement des formes auxquelles on ne croyait plus. Au point de vue politique, du reste, la diinité royale ne manquait pas d’utilité. Tous ces monarques prétendaient rendre libres les cités grecques ; mais être « libre », ce n’était que changer de maître. Pourtant la déification fournissait aux rois un moyen de laisser les constitutions des Ailles intactes, puisqu’elles n’avaient qu’à déifier et adorer leur nouveau maître. On ne pouvait, du moins quant au dehors, donner de plus grandes marques de fidélité.

Devant Auguste, le même problème se posa que devant Alexandre. Tout l’Orient s’était accoutumé à voir dans le soua erain un dieu : et cette divinisation s’étendit aux gouverneurs romains. Une loi romaine permettait expre.-^sément aux proconsids ronuiins d’avoir des temples. Pompée en avait beaucoup en Orient ; Cicéron se vante d’en avoir refusé. Donc, encore une fois, c’est en dégradant 1 Occident que l’on est arrivé à l’uniformité. Le culte de l’empereur pénétra entièrement l’armée, les municipes, et les provinces. Ce n’est que dans la capitale que l’on tint à ménager l’opinion, en attendant jusqu’après la mort des empereurs pour procéder par l’entremise du sénat à leur consécration officielle. Ailleurs, c’était bien l’empereur vivant que l’on adorait, quoique souvent d’une manière indirecte.

Ici, comme partout, Auguste s’est montré grand 1545

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organisateur : néanmoins il se serait montré plus grand encore s’il avait su laisser ce culte de côté : c’est ce culte, en elTel, qui provoqua contre l’empire le mépris des Germains, la haine des Juifs, et surtout

« l’incivisme » des chrétiens. Que ceux-ci aient été

condamnés en vertu d’une loi de Néron ou de Domitien ou en vertu de la juridiction sommaire (coerciti’j) des magistrats ; que leur délit ait été formellement leur foi, ou un crime de lèse-majesté, peu importe : c’était pour leur religion qu’ils souffraient, et la renier, c’était recouvrer leur lijjerté. On a prétendu que les martyrs se sont trompés, qu’ils n’ont pas compris le but de la loi, ni l’intention d’un gouvernement d’ailleurs tolérant. Ce ne sont pas eux qui se sont trompés, mais ])ien certains partisans du césarisme moderne. Ce qu’on leur demandait, c’était surtout l’adoration de la personne de l’empereur, donc l’idolâtrie la plus insupportable.

Ici encore, comme dans le culte hellénistique, c’est un despote qui veut tout dominer, qui se méfie des aspirations, même les plus hautes, de ses sujets, si en définitive elles ne se terminent pas à lui-même.

« Oui », répondit Caligula à la députation des Juifs

dont le philosophe Philon faisait partie, « vous ofïrez des sacrilices pour moi, mais non pas à moi ». C’était encore en vain que les clirétiens protestaient qu’ils priaient pour l’empereur et lui étaient parfaitement fidèles.

II. Byzantinisme. — On aurait cru peut-être qu’à lavènement d’un empereur qui se disait chrétien, tout ce qui se rapportait au culte des empereurs païens disparaîtrait imniétlialement. Il n’en fut rien. Aitrès la victoire du Pont Milvius(3 1 2 ap. J.-C.).le sénat, en grande partie païen, dédia à Constantin le temple désigné jîar Maxence pour son fils Romulus. Cependant la divinité ne lui est pas directement attribuée dans l’inscription de la dédicace, et peut-être les rites païens y étaient-ils défendus. En tout cas, il est certain que. en permettant à la ville d’Hispellum, sur la frontière’de l’Etrurie, de lui bâtir un temple à lui-même et à sa famille, Constantin défendit formellement de tels rites. Néanmoins on fait mention de son iiiiinen, terme qui implique assez directement la divinité. Ses actes, ses vertus, sa famille étaient divins, et lui-même éternel. On baisait encore la pourpre im{)é ; ’iale, et après leur mort plusieurs empereurs deviennent dii’i, ce qui était autrefois le résultat de la consécration par le sénat. Des chrétiens même Ijrùlaient des cierges autour de l’image de l’empereur ; et certes, ce n’était i)as diminuer le mal ipie de représenter le Christ avec les insignes impériaux. Cependant, malgré cette sorte d’assimilation, ce furent les images de Notre-Seigneur et des saints que cherchèrent les iconoclastes : ils avaient bien garde de briser celles de l’empereur. (Cf. Didioiinaire d’Archéologie chrétienne, art. Adoration, )iv Doin Lkclicrcq.)

Pour comi)ri’ndre tous ces usages, il faut se sou^enir qu’une gran(h’partie de l’empire resta longtemps païenne, et que beaucoup de choses qui en réalité se rattachaient au culte des empereurs, étaient alors simplement considérées comme pures questions d’étiquette ou parties nécessaires de la carrière oUieielle. LEglise ne pou’ait les supprimer que peu à peu. Ce qui était plus gra^e, c’est que les enq)ereurs ne se résignaient i)as facilement à abandonner cette domination sur les choses religieises, qui autrefois leur avait ap])artenu comme chefs de la religion de TEtat et vérita !)les dieux. Constantin, il est vrai, distinguait bien ce qui était du ressort des évc<iues et du sien (Ersi : m : , Vie de Constantin, iv, 24). et lévêque Ilosns écriait dans le même sens à son fils Constance (Athanase, Iiist, des Ariens, 44). <> Qmind donc un décret de l’Eglise a-t-il reçu son autorité de l’em pereur ? » demande saint Athaxase (ibid.. Sa).

« L’empereur », dit saint Ambroise (Ep., xxi, contre

Auxence), « est au dedans de l’Eglise, il n’est pas au-dessus d’elle ».

Mais en 330 ap. J.-C, Constantin fit de Byzance sa nouvelle capitale, la « nouvelle Rome ». Dans l’Orient, les relations des diocèses entre eux dans l’administration ecclésiasticjue suivaient d’assez près les relations des villes entre elles dans l’administration civile. D’un diocèse de très peu d’importance, Byzance devint le siège du second patriarche, malgré les protestations persistantes de Rome. Les empereurs s’efforçaient d’augmenter le pouvoir de l’évêque de leur capitale, mais ce n’était ciue pour mieux dominer l’Eglise. Cet état de choses aboutit, comme on sait, au schisme. Le dernier Constantin, tombé héroïquement devant les murs de Constantinople, était pourtant un empereur réconcilié à l’Eglise et véritable catholique. C’est le vainqueur païen Mahomet II quiadécidé la sé[)aration finale. Sous son nouveaumaître, le patriarche a même augmenté son autorité, puisqu’il est devenu le chef des « orthodoxes » dans l’administration civile. Mais son avilissement s’est augmenté encore davantage, puisqu’il reçoit les insignes de la juridiction spirituelle de ce souverain non baptisé, qui en retour exige une grosse somme d’argent, et qui, pour la recevoir plus souvent, change fréquemment les patriarches. Il y a pis encore. Le principe sur lequel les prétentions du patriarche étaient fondées, à savoir, que l’administration ecclésiastique devait s’organiser suivant l’organisation civile, a été tourné contre lui. Voilà que les églises orthodoxes nationales se détachent de sa juridiction ; l’administration civile al)sorl)e tout pouvoir spirituel, et un saint synode se forme d’après le modèle de celui de la Russie, synode, église nationale que le patriarche finit, bien qu’avec amertume, par reconnaître comme une nouvelle sœur dans le Seigneur. (En ce qui touche l’histoire ecclésiastique île Byzance, nous avons suivi d’assez près l’excellent livre, The Orthodo. r Eastern Church, l)y A. Foutescue, Ph. D., D. D.)

Constantinople offre donc un type très frappant et durégalisme et de l’érastianisme. Par le premier nous entendons un envahissement des droits de l’Eglise par le pouvoir civil, qui ne va pas jusqu’au schisme ; par le second, la soumission complète de l’Eglise à l’Etat.

lll.Régalisme et Erastianisnte modernes. — Athéisme d’Etat. — En Occident, l’histoire des mêmes tendances présente des ramifications plus nombreuses, dans le détail desquelles nous ne saurions entrer ici. La lutte du Sacerdoce et de l’Empire, au moyen âge, fut un long et tragique épisode dans l’assaut séculaire donné par les pouvoirs politiques à la liberté des âmes.

Nous nous bornerons à signaler ici une forme bizarre du régal isme, à laquelle le suffrage de quelques anglicans a donné de nos jours un refrain d’actualité. Elle se réclame du nom du grand canoniste anglais Lvndwood (7 1446). D’après les interprètes de cette doctrine, le roi est une persona mixta, partini ecclesiastica, partim laica. On fait remarquer la ressemblance que présentent les ornements royaux du couronnement avec les ornements ecclésiasthpies. Le R. P. Tiiuhstox, S. J., a fait justice de ces prétentions (The Coranation Cérémonial). Il suffira de remariiuer que ni l’Eglise en général ni Lyndwood ne considéraient les rois comme ayant un caractère le moins du monde ecclésiasti(]ue. Du reste, cette cérémonie du couronnement a perdu en.Vngleterre toute signification. puis([ue l’Eglise anglicane ne peut rien exiger du roi, représentant l’Etal, dont elle n’est plus qu’un simple département. 154^

EUCHARISTIE

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En Angleterre, comme en Allemagne, nons sommes en face de l’éraslianisme le plus pur, malgré les efforts que font quelques-uns pour le voiler à tout prix. La loi d’Elisabeth est formelle : essayons d’en traduire la partie la plus importante. Elle porte « que toutes juridictions, privilèges, supériorités, prééminences spirituelles et ecclésiastiques, qui ont été exercées ou ont été en usage jusqu’ici, ou peuvent lètre légalement, dans les visites concernant le corps et les personnes de l’Eglise, et dans la réforme, la mise à l’ordre, et la correction des susdits, comme de toute espèce d’erreurs, hérésies, schismes, abus, offenses, mépris pour l’autorité, et crimes énormes, seront pour toujours, par l’autorité de ce présent parlement, unies et annexées à la couronne impériale de ce royaume » (c’est ce que l’on appelle l’acte de suprémalie ; année iSSq, clause l’j).

De temps en temps il arrive que l’exercice un peu brutal de ce pouvoir chagrine ceux qui se piquent d’avoir les idées catholiques sur la constitution de l’Eglise. Récemment, par exemple, le parlement anglais a permis aux maris d’épouser la sœur de leur femme, après la mort de cette dernière. Les juges ont donc conclu que les ministres anglicans n’ont plus le droit de repousser de la communion comme menant ouvertement et notoirement une vie mauvaise les hommes qui se trouvent dans ce cas. Voici ce qu’en a dit TIte Citurch Times (21 mai 1909) :

« Si ces juges ont interprété correctement la loi de

l’Angleterre, il ne reste qu’une chose à dire : on doit résister à cette loi avec fermeté et constance. On doit y résister d’une manière non moins intransigeante qu’on ne résistait à la loi romaine prescrivant le culte de l’empereur. On doit y résister coûte que coûte, avec l’acceptation sereine des conséquences. » D’un autre côté, M. Clifford, qu’on peut dire le chef des nonconformistes, pose comme principe fondamental, dans sa brochure, IVhy are ne afraid of Rome ? ( « Pourquoi avons-nous peur de Rome ? »), que lEtat doit dominer la vie des citojens. Etrange contraste ! D’un côté, une portion de l’Eglise anglicane est choquée de se voir forcée d’obéir à l’Etat : de l’autre, une secte, dont on aurait dit que la raison d’être était de ne pas se conformer aux directions de l’Etat en matière religieuse, désire voir cet Etat dominer surtout. On aime mieux avoir au Parlement des ministres dévoués à sa cause que de jouir des lois d’établissement !

Il est superflu d’insister sur la gravité des problèmes pratiques où de telles prétentions, érigées en loi, engagent nécessairement les consciences.

D’autre part, ces problèmes ne se posent pas seulement dans les Etals pourvus d’une Eglise domestique ; et tel Etat, dégagé de tout lien religieux ofTiciel, devient le théâtre de conflits non moins graves, s’il arrive que l’esprit laïque s’insurge contre les croyances religieuses et prétend faire peser sur les âmes le joug de ses négations et de son intolérance. Tel est précisément le spectacle offert par la France d’aujourd’hui, où l’athéisme ofTiciel a entrepris de faire servir la force publique, dont il dispose, à l’extinction du culte chrétien. Malgré la diversité des applications, il est impossible de méconnaître dans ces entreprises radicales l’aboutissement logique de l’esprit signalé plus haut.

Le chrétien mis en demeure de se prononcer entre Dieu et les hommes trouvera toujours dans l’Evangile et dans les directions de l’Eglise, avec la raison d’être de sa soumission au pouvoir légitime, la raison d’être et la mesure des résistances nécessaires.

Bibliographie (pour la première partie). — Sur le culte ancien en général : E. Kornemann, Zuv Ge schichte der antiken Ilèrrscherkiilte, 1901. — Origines égyptiennes : A. Moret, Du caractère religieux de la royauté pharaonique, Paris, 1902. — Alexandre : G. Maspero, Comment Alexandre devint dieu en Egypte ; Annuaire de lEcole pratique des Hautes Etudes, Paris, 1897 ; abbéBeurlier, De di^inis honoribus Alexandri, Paris, 1890 ; D. G. Hogarth, Tlie déification of Alexander the Great, dans Tlie English Ilistorical Review^ april 1887. — Sur les Ptolémées : Bouché-Leclercq, Histoire des La gides ; M.al131{{y, Empire of the Ptolemies ; Strack, Die Dynastie der Ptolemæer. — Séleucides : E. Babelon : Les rois de Syrie ; G. B. Bevan, The House of Seleucus. — Rome : Abbé Beurlier, Le culte rendu aux empereurs romains, Paris, 1890 ; J, ïoutain. Cultes païens dans l’empire romain, tomel ; M.Krascheninnikoff, Ueber die Einfithrung des provinzialen Kaisercultus im rômischen U’esteji : Philologus, Band LUI, 18n/.

TION’S.

j4. Voir aussi l’article Persécc C. LATTliY, S. J.