Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Occultisme

La bibliothèque libre.
Dictionnaire apologétique de la foi catholique

OCCULTISME. — I. Principes de l’Occultisme. — 1. Essence. — a. Existence de l’Occultisme. — 3. Contenu de l’Occultisme. — 4- intérêt de l’Occultisme au point de vue apologétique,

II. Bilan de l’Occultisme. — i. Prétendues révélations des temps éloignés. A) Sur te passé. — B) Sur l’avenir. ^ i) La divination ; § a) L’état divinatoire ; § 3. L’objet de la divination ; § 4) Lî » méthode de la divination ; ^ 5) L’intervention préternaturelle ; § 6) L’hypnose et l’occultisme ; § 7) Le cliarlatanisme ; § 8) L’astrologie ; § g) Conclusion.

1 !. L’action à distance. A) Prétendues actions sur la matière. § i) Inanimée. § 2) Vivante. — B) Prétendues actions sur l’esprit. § 1) Télépathie. Télesthésie. § 2).etion à distance de la matière sur l’esprit. — C) Prétendue action de l’occultisme sur lecomposé humain. ^ i) Intluences « bénéliques ». § 2) Malélices. § 3) Envoûtement. S 4) Prétendue création d’horauncules. — D) Prétendue communication avec les morts.

CONCLISION.

BiBLIOGR.iPIIIR.

I. Principes de l’occultisme- — i. Essence. — L’occultisme, qui (selon Mme Blavatskv elle-même. Premiers principes sur le chemin de l’O., p. 7) « n’est pas la MAGiB 1) (voye2 ce mot), est dillicile à délinir. Un maître en délinitions, Littrk, s’en est abstenu dans son Dictionnaire et n’a ([ue décrit les sciences occultes en les opposant aux sciences ouvertes dans sa Préface aux Sciences occultes de Salvertb (Ed. Baillière, 1856, pp. xxv-xxxii). Grasset, dans son Occultisme hier et aujourd’hui, p. 4’, a remplacé par l’expression d’occulte préscientifique les termes de science occulte qui jurent d’être accouplés comme blancheur noire, et qui, dit-il, ne veulent « rien dire ». Cependant les initiés maintiennent l’occultisme, non pas tant comme la science de la seule chose cachée, l’unité, ce qui serait, d’après Pagnat (Occ. et consc. moderne, p. 15), « la meilleure définition » (celle des D" Beliard et Léo Gaubert), mais surtout comme la science d’une chose à cacher : Occultismus, dit un anonyme allemand (Die l.ehre von den ohhultistischen Weltgesetzen, chez Besser, Leipzig, 18y7, p. 8), « parce qu’il traite de choses

que tout le monde ne peut pas savoir, les journalistes notamment ».

L’objet donc de l’occultisme serait assez mystérieux et redoutable pour n’être pas mis entre les mains de tout le monde, comme la dynamite (Lead-BKATKR, Occ. anc. et moderne, traduct. A. D., igog. p. 56). A « la » science occulte qui, d’après Bosc (alias Marcus deWèze, Dictionnaire d’Occ, aT.’ce Occulte), embrasse « les » sciences occultes qu’il énuraère et que Papus distingue aussi sous le nom d’arts divinatoires (Papos, Qu’est-ce que l’O., p. 3), ne seraient initiés que « des hommes éprouvés, capables de ne jamais employer pour le mal les connaissances qu’ils ont pu acquérir > (Papl’s, ibidem, p. 4)’faute de quoi la « magie blanche » deviendrait « goétie (Mme Blavatsky, p. 10, cf. Ladrbnt et Nagoor, l’Occ. et l’amour, p. 4). Cette règle est essentielle à l’occultisme : elle a reçu le nom d’ésotcrisme (cf. BoiR-ŒAT, Magie, p. 8-g, avec exemples pp. 9-14) par op position à l’exolérisme qui est le « communiqué » public, la formule vulgaire des mystères occultes. C’est plus qu’une règle, c’est une a loi inviolable », les « instructeurs » (iIme Blavatsky, op. e/<., p. 5-6) étant responsables des indiscrétions des « initiés » jusqu’à ce que ceux-ci soient maîtres à leur tour. L’objet de l’occultisme est donc déjà occulte, car les délinitions à travers lesquelles on nous le laisse ap préliender ne sont que des chimères : ainsi Bosc(/oc. cit.) limite cetobjet aux k phénomènesqui sont compris par notre sens inlime.ce que Paracelsb appelle notre sixième principe ». Autantne rien dire 1 Cependant, c’est surtout la méthode desoccultistes qui est secrète ; ce n’est pas tant ce qu’ils savent que leur façon de savoir et surtout d’enseigner, a Successivement » (Lancklin, Sorcellerie des Campagnes, p. 33 et note) ou non, 1’< enseignement supérieur d’Isis ou culte de la bonnedéesse » (Lancelin), ou occultisme, a passé par les trois phases ou revêtu les trois aspects de scientia occultali, occultans et occultata (cf. Léon Marlet, article Occultisme de la Grande Encyclopédie ) ou de scientia occulta, occultans, occultata. (Cf. Papus, p. a6 de son Traité élém. de se. occ. et p. 3-ti de Qu’est-ce que l’occultisme.’) Quoi qu’il en soit, l’occultisme est ce qui se transmet et s’enseigne dans l’ombre, dans des « enceintes réservées » (Marlet ) et, si l’onen croit Mme Blavatsky(/oc. ci(.)qul

'en donne qn'" une iile’e approximative », il y faut es conditions étranges : agencement de certaines Buleursdans le local, nombre impair des disciples à litier, purilication de l’esprit avant de se préparer

pour Dubjel) », autrement dit pour la clairvoyance.

Ainsi conçu, l’occultisme est [ilutôt défini par ses loyens que par sa lin. Il diffère de la science par ne audace qui se propose d’emblée les plus mystéieux secrets de Dieu, de la nature, de l’homme, de avenir ; il dilïère de la Révélation par l’inconstance e ses résultats, le vague de ses origines, par l’anoyniat de son autorité, par son caractère téméraire u trouble suivant qu’on l’envisage comme doctrine u comme discipline. La science occulte ne demande as ou ne livre pas les rapports qui existent entre on objet et ses moyens. Lancelin (_loc. cit., p. 2^) ite comme textes de l’occultisme la Table a’Enteaude d’HERMKS Tbismbqistk et les Lames de Thol, lais ces documents, même publics, ne se révèlent as au « public même savant », qui n’y « comprend ien, absolument rien u ; les a sciences supérieures » 'ont été « enseignées aux initiés u que sous lecouert d’une langue et d’une écriture mystérieuses alléoriques. L’illustre chimiste Bkrthblot paraît s'être ompé en considérant l’occultisme (Ori^'fne.s t/e l’Alhimie, pp.vi-vii) comme l’apanage historique d’une

période… demi-rationaliste, demi-mystique, … ansition nécessaire entre l’ancien état des esprits lires à la magie… et l’esprit actuel absolument posif ». Il est ine.^act qu’une pareille période ait jamais listé : pour les contemporains de Zosime ou d’Olymiodore comme pour nous, l’esprit scientilique et i foi dans la Révélation pouvaient coexister sans ntinomie. L’ambition de les confondre, de « conilier la superstition et la science « (Léon Daudet, ilé par Bois, Le Monde i/tvisilile, p. 154), de créer un

terrain neutre » entre la « théologie moderne revue t corrigée « (aiif^eŒsserte, Blavatski, t. I, p. xvii e l'éd. allemande), est irrationnelle. En fait.l’occulisme se reconnaît hostile à la science comme à )ute révélation. « Il a contre lui la philosophie laine… et la théologie » (PArus, Occ. et spiritual., p. loi), il est une « autre forme de vérité > (Leaobrater, p. cit., chap. Il) que la foi, et il croit suppléer la cience qui fait « faillite » comme les religions qui nt « vieilli » (Pagnat, L’Occ. et la cotise, mod.,

a. Existence de l’occultisme. — L’occultisme a tou)urs existé ; ce n’est pas une vue de l’esprit. Les chantillons de la littérature en sont des témoins niversels. Les dramaturges auraient-ils fait tant 'emprunts à l’occullisme si tous les hommes ne conidéraient également comme possibleou comme préjniable, sur le théâtre de leur propre existence, intervention d’un deiis ex machina, qui n’a rien de ivin, mais rien d’imaginaire non plus ? (Cf. les thèses e Fhibdrich, Leipzig, 1908, sur le théâtre français ; — e Stæhlin, Naumhurg, iijii, sur Eschyle ; — de RUDRR, J)ie Ma^ie im en^lisclifn Draina des Elisabethnischen Leitalters allusions de Shakespeare à la [jiromancie, p. gl ; de Lyly à l’hydromancie, p. gS, le.) — Les adeptes de l’occullisme, comme les nonlitiés, y reconnaissent une doctrine aussi ancienne ne la chute de l’homme : selon de Cauzons (La Mu^ie t la.Sorcellerie, p. ag), « les vieilles races charaites u touraniennes, dites de Summer et d’Accad, habiintlaChaldée avant les Assyriens classiques », ont récédé les Babyloniens qui entretenaient des a étuiants es haruspices ». (Alfred Boissibr, Choix de ! xtes relatifs à la divination assyro-babylonienne, ol. I, p. 122) De l’Assyrie, sinon même de l’Inde (cf. 4.i ; oLLioT, L’Occultisme dans l’Inde, la Doctrine des itris, 187g, iU= partie, p. 212 sq. ; — V. Henry, Magie

dans l’Inde antique, 190g, p. vu ; — Blavatsky, op. cit., p. xviii), la doctrine a passé à Pytu..goiui par un certain Zaratas ou Zahhatus (Porimiyrk, xii)qui fut maître en Egypte (cf. Ciiaignbt, Pylhagnre et les l’Uhngnrtciens, p. 40-4^), puis à Platon, puis aux néoplatoniciens. IMalgré les elTorts de Gauen, déjà signalés par VVier (Histoires, disputes et discours, Ed du Progrés médical, t. H, p. 52/|-525), les médecins du IIe siècle cherchent une cause occulte à la vertu des simples, comme les.ssyriens antiques, chez qui u l’omen remplaçait la pilule » (Air. BoissiER, op. cit., vol. I, p. 65). Ce n’est pas seulement la Grèce qui s’intéresse à la vulgarisation du mystère, par ses savants (cf. Suidas, art. ro'.ni’x) et ses artistes (cf. AitT, Die Apolcigie des Apuleius, Giesseii, 1908) : à Rome même, quand elle

« eut été envahie par les démons de l’Orient et par

leurs dévots, l’ancienne magie italique s’enrichit, se complique des apports de la magie perse, de la magie juive, de la magie égyptienne n (Gagnât, Conférences du Musée (tuimet, chez Leroux, Paris, 1904 :.Sorcellerie et sorciers chez les Homains, p. 138) ; et cela

« malgré la défense de la Loi desXIl Tables ». L’occultisme, populaire au Moyen Age dans les sombres

cachettes que la foi et la loi stigmatisent, s'étale de nouveau à l'époque de la prétendue c. Réforme « , puis à l'époque de l’Encyclopédie et de la Révolution. Cornélius Agrippa (1486-1535) renoue la tradition de Pythagore et de Platon, instruits par des « devins de Memphis » (Œuvres, livre I, p. 5-6) ; au xviiie siècle, Fabhb d’Olivet et surtout Cagliostro (cf. D Marc Haven, Cagliostro, chez Dorbon, 1912) popularisé sous son vrai nom (Joseph Balsamo)par Dumas père, fontéclore une épidémie d’occultisme, sous le nom de mesmérisme, puis de spiritis.me (v. ce mot). S’il paraît exagéré de direavec Bouhgeat (.Ua^-ic, p.48) que l’occultisme se transmet de génération en génération depuis cinquante mille ans, du moins peut-on admettre que « pendant de longs siècles les pythonisses, les sibylles, les augures elles haruspices, regardés comme des êtres surnaturels, dirigent les sociétés » (Bbghon, La Divination et sa répression dans l’histoire, p. u). Et les manuels si instructifs de Mannhardt (Lauherglaube…, etc. Leipzig, 1897) et de Kiesewettkr (Der Occultisnms des.ilterlunts et Die geheimnissenschaften, Leipzig, iSg.) pourraient se condenser dans ces remarques de L. Bertrand {L’occultisme ancien et moderne, Bloud et Barrai, iSgg, p. 42) : « L’occultisme moderne est calqué sur l’occultisme ancien » ; il existe un lien entre le sabéismechaldéen.la Kabbale (voir ce mol), leTalmud, la Franc-maçonnerie ; « à travers le voile de toutes ces allégories… sous le sceau de toutes les écritures sacrées, sur la face noircie des sphinx, dans les emblèmes de nos vieux livres d’alchimie, dans les cérémonies de réception pratiquées par toutes les sociétés mystérieuses, on retrouve les traces d’une doctrine partout la même et soigneusement cachée >i.(Eliphas Levi, alias Constant, prêtre égaré, cité par L. Bertrand, ibidem, p. 52)

3. Contenu de l’occultisme. — L’occultisme existe donc. Il oppose une doctrine à la vérité catholique. En ce qui concerne Dieu, la tradition occultiste, fidèlement recueillie par Fabrb d’Olivet (Commentaire des vers dorés de Pythagore, éd. Treuttel, 1813, p. 562-363), est apparemment vague, en réalité panthéistique ou athée. Qu’est-ce que ces sept façons de concevoir Dieu », au nombre desquelles Harbison, le théosoplie (Six conférences sur l’Occ, trad. allemande, 1897, m" conférence) compte le panthéisme chrétien » et le a polythéisme chrétien » ? Qu’est-ce encore, dans l’univre de Fabre d’Olivet lui-même, que cette divinité présentée tour à tour comme triple Iil9

OCCULTISME

1120

à la façon de ! ’ « univers », ou double à la façon de la (i nature >', ou une dans sa cause, ou inûnie à la façon de la matière ? De la Trinité clirétienne, cet occulUsle autorisé ne reproduit que la déformation <c tliéosoiihique » nu « taoïste > (cf. p. 36’i, note 3 : l’autorité de Lao-Tzé seule ici nous garantit que Dieu est triple : Y est l’unité, Hi l’Existence universelle, — Ouai l’existence individuelle). Ce n’est point là la Trinité, ni rien qui lui ressemble. Du reste, les occultistes modernes se flattent de rendre éblouissant, par un petit v diagramme », le mystère de la Trinité, qui ne o paraît incomprébensible » qu’aux malheureux dont ce diagramme est ignoré.

(LeADBBATBR, op. cit., p. /I9 ; cf. PÉLADAN, L’Occ.

colliolique, V, 1898, p. 819 : c Les liyposlases néoplatoniciennes éclairent singulièrement le dogme de la Trinité, n).utant dire que la mystérieuse Trinité chrétienne n’est pas l’objet de leur théodicée. La Personne même du Cbrist y est toujours spécialement trahie, soit qu’on en parle d’après des sjaibo’es des

« temples d’Egypte de l’an 2600 av. Jésus-Christ » 

(Encaussb, L’Occ. et le Spiritual., 1902, p. 1) ou de rborniétisme (interprétation symbolistique de la conceptit)n virginale du Christ : Wirth, i.e Symbol, herm., p. 54 ; — cf. W. Hack, HP vol. des Sudltarana Dhurma Séries, Madras, 191 1, p. 1 1 : « "’ « ""’J well acccpt the hislorical crucifixion of Jésus at.lerusalem as an allegor^ :.. »), soit qu’on dénature la figure divine sous les traits d’un « magicien » à vrai dire « prodigieux » (Platon ; préface du AJérn. de.ScHoi’ENHAUKR, siir les se. occ, 1912, p. xxxivxxxv), soit qu’on la conteste (Blavatsky, op. cit., p. 2/) : « celui qui s’est, croit-on, oHerl en sacrifice pour l’humanité »), soit enfin qu’on la blasphème (cf. 1’  « évangile » luciférien d’Alb. PiCK, cité par Bois, 0^. cit., p. 1O8-170). Non seulement, d’ailleurs, l’Incarnation du Christ est traitée comme l’échanlillon d’un phénomène plus ou moins banal, plusieurs

« logos » pouvant « émaner de l’Absolu » (Briku, 

Essai crit sur ta Forme, p. 13), mais « il n’y a pas de création unique r> (ibidem). C’est la théorie même du Démiurge im[)arfail, théorie prêchée par les occultistes du roman de M. Anatole France (/. « fiâtisserie de la R. P.), théorie déjà périlleuse et sacrilège sons le voile aimable d’un a|)parent badinage, plus perfide encore sous le couvert usurpé de « nos grands naturalistes actuels 1), prétendument « convaincus de l’inexistence d’une puissance surnaturelle » (Micha, l^ers l’Eternel ahsulu) et conliants dans la seule Nature. (Ces grands naturalistes se réduisent au seul Hæckel !)

On voit que si l’occultisme, sous le nom de théosophie (cf. D Fehrand, / ?ei)/e de Philosophie, ig13), ad’ecle les allures d’une religion dogmatique (Mme Blavatski, p. 4 16 : « L’Etudiant doit croire) plus ou moins nuancée de spiritualisme en apparence (Fhbimark, fl/e Okkull. /Jeireo^i/Ho, p. jg-^y), et prêchée comme une doctrine protestante (cf. Mme A. Besant, f.a vie occ. de l’Ii, , éd. théosophiques, igi^ — et Mme Blavatski, Se. occ. et se. inod.), celle <s religion irréligieuse » (Bois, Monde invisible, p. jS) emprunte son germe aux jardins légendaires de la Chine et de ITnde, au taoïsme ou à la Doctrine des Pitris (Jacol-LioT, op. cit. : — cf. Mme Bfsant, op. cit., p. 65-66, ajoutant aux préceptes de la charité chrétienne et à ceux du « seigneur Bouddha » une démonstration ( !) :

« les vibrations d’amour éteignent les vibrations de

haine ») Dans l’esprit des malheureux qui s’imaginent que lEvangile est dépassé par ce jargon, la Divinité apparaît comme un principe universel, incorporé au monde (triple comme elle : Ftihigkeit, Kraft und Wirhiin^ sind zusammen Eiiis, a le potentiel, la force, et l’effet, sont un ensemble », anonyme

cité, Die Lehre, etc. Leipzig, 1895). Même « considérée dans rintelligence humaine » la Divinité  ; mais en échange de cette promesse ur peu vaine, l’homme reçoit le titre immédiat de « cel Iule de l’animalité » (Papits, Inc. cit.). En ce qui con cerne la psychologie, les doctrines de l’occultisme si lessenlent plus ouvertement de leur origine hindoue la personnalité humaine se noie dans la fiction d’uni

« vie commune », d’un » réflecteur commun de ton

les les imaginations et de toutes les mémoires 1 (Elipuas Lkvi, Le grand arcane, p. 9). La paresseuS’morale qui nous montre le bonheur cueilli san effort comme une fleur fatale et merveilleuse, trahi aussi l’ombre molle des pagodes. L’homme doit s’éle ver sans doute hors de l’humanité ; mais il porte ei lui-même le principe de son ascension (Papos, Traite p. 358-205 ; cf. Bosc, Yoghisme et Fakirisme, p. 9) il est la « manifestation d’un pouvoir infini » (Hahi M.NN, La AJagie bl. et noire, trad. franc., p. 51) ; s volonté est le maître des énergies (Meisti-r de Kriifte, Bi.AVATSKY, I, op. cit., p. 5^) ; par elle, i unit sou esprit à l’Esprit universel étendu à Ira vers l’espace » (Haiitmann, op. cit., p. 251). L’occu lisme, qui n’a d’autre but que de régir (hemeisteri cette force cachée dans les hommes el dans les chc ses (Fueimark, Die Okk. Be^vegung, Leipzig, I912, p.5 parle sérieusement de la « divinité » de l’homni (même auteur, Geheimlelire, etc., Leipzig, ii)13, p. 28 de <c tout homme », puisque « tout homme est réeil ment pour lui-même son juge, le dispensateur de f gloire et de son obscurité, l’arbitre de sa propre vi sa récompense, son châtiment ». (Leadreater, 0. c p. 10) Si l’épreuve est raanquée entre la nais.sam el la mort, si Ihomræ ne se récompense pas tout c suite, il en sera quille pour une « réincarnation (cf. Jacolliot, op. cit.). La crainte de l’enfere agréal)lement, mais dangereusement remplacée pi cette fantastique espérance, que rien ne cautionni On reconnaît là l’audace d’une doctrine dont les se taleurs osent, dans leur ombre occulte et sléril apostropher l’auguste Flambeau du monde(cf. Wro ski, cité par Papcs, 0. c., p. 69-70, écrivant au pa| qu il fallait laisser l’homme « opérer sa création pr pre par la découverte de l’essence de l’absolu ». C ne sait ce qui l’emporte ici, de l’orgrieil ou de l’ab’in dilé). Mais sur quoi se fimde celle audace ? D’où ie aux occultistes cette notion de l’homme ternairj

« microcosme » résumant le « macrocosme » du mond<’(Freimark, Gc/ieim/e/ire, p. 126., sq. — Pvpus, op. ci

p. 6) Qui nous prouve que « ces trois prinoip divins, universel, terrestre et humain », sont ide, tiques en Dieu, en nous, dans l’univers ? Pour qu prix, après quelle épreuve eourt-on le double ri „ que d’affoler l’homme en l’exaltant, d’anéantir eu 1, la notion divine altérée ?, 1

L’occullisræ a beau prendre un ton catéehistiqi ; (cf. Papus, Qu’est-ce que VO., p. 5), menacer 1 L121

OCCULTISME

1122

écalcitrants(60uRGBAï : a Vous n’eiupèclierez jamais a iNalui’edelre ce qu’elle est v, op. cit., p. 31). cilerdes lulorilcs mal déliiiies d’ailleurs (cf. Kaiire u’Olivet, r/i.s/ uliil. du genre humain. Dissert, introductive, /o. I, p. 7 : « livres sacres des nations u ; — cf. Iacolliot, op. cit., p. 19 : € Les inities de toutes les latioiis 1 ; — cf. Papus, Occ. et Spir., p. 8y : « livres nitiatii{ues » ; — cf. Elumias Lrvi, cité par Lanceljn, )/>. cit., p. 26, empruntant aux « Hébreux » et au ( chevalier de Keicljenbacli » la révélation de l’Od, I agent mixte, agent naturel et divin, corporel et ipiriluel. médiateur plastique universel », etc.), les rois principes de l’homme ne sont pas garantis. Il f a des désaccords entre les auteurs, sur la nature et le 10m de ces principes (corps astral, corps visible, ’sprit de BoURGEAT, op. cit., ch. 11, p. aS sq ; — parie matérielle, esprit, fluide astral ou peiispril, Bosc, Oicl. cité, art. Uuinme)..Vu sein même de la doctrine exprimée par un seul auteur, il y ades contradictions naurmontables : Encausse (Ucc. et spiritual., p. 89) inseigne, par exemple, qu’Adam ne représente pas in homme individuel, mais l’humanité. Gomment lonc cet être collectif « occupait » il (à l’imparfait) 1 tout l’espace intra- ou mieux inter zodiacal, sur equel il régnait en souverain s ? Cruelle énigme ! Base fragile pour ce c messianisme spécial » auquel iliaque race est appelée I (Pafus, op. cit., 26)

En réalité, l’occultisme ne révèle ni ses preuves [qu’il serait bien en peine de fournir) ni ses sources. IJuand il explique le corps astral par le sommeil léthargique (BoURGEAT, p. 30), il argumente en obscarum per ohscuriiis ; quand il établit latrinité humaine sur les trois prétendus < orilices » de la tête, de la poitrine, de l’abdomen (oreille, nez, bouche), il se moque du monde, pour plusieurs raisons, dont la première est que l’oreille n’est pas un onlice (cf. P.pus, Occ. et spir, , avec schémas ; Bosc n’est pas moins vague ni moins jovial dans sa description, dilférenle d’ailleurs, des sept centres de force, Yoghisme et (akirisme, p. 18-ig : un de ces sept centres serait l’odorat, moteur des organes sexuels, situé en bas de la colonne vertébrale, p. 9, ibidem, et de couleur rouge orangée, p. a6 ; — un autre serait l’ouïe, moteur delà voix, de couleur argentée, p. 26, etc.) La seule preuve que l’occultisme invoque, c’est l’analogie (Pai’us, o.c, p. l’j : l’analogie… « vient appuyer la déduction et î’iniiiiclion ». Cf. Briku, cité par Pagnat, o.c, p 12 : (1 le l’ait analogique est abstrait, général, universel »). Or s’il y a une vérité indiscutée, c’est que comparaison n est pas raison ; analogie n’est pas logique. Le même i$rieu, cité par le même Pagnat, ibidem, p. 59, l’avoue lui même : « on risque souvent de prendre pour analogues des faits qui ne correspondent pas du tout ». C’est par analogie qu’on nous apprend que la croix du Rédempteur était connue aux Indes de toute antiquité, et que l’inscription INRI désignait les quatre éléments(/ « m r : = eau -|- JVoiir^ feu -|- Itnach =^ air-)- labeshuh = ; terre : Hartmann, p. 43-">), ce qui rappellerait, si la gravité du sujet autorisait un tel rapprochement, les étymologies fantaisisies de l’humoriste Touchiitoiit : de S[drituelles analogies lui faisaient imputer à l’invention des cabs l’origine du mot autnniédiin. La théorie des n âmes sœurs « de Papus (o.c, pp. 40-4 n’a pour elle que d’être u très utilisée par les poètes n : c’est peu pour la rendre vraie, voire vraisemblable. Mieux vaut confesser, avec les occultistes eux-mêmes, que leurs Il expériences » et leurs « démonstrations « ont besoin lie plus de rigueur (Pagnat, p. 17, amorce ainsi un appel de fonds en vue de nouvelles’expérimentations »), et qu’  « en se |ilonj ; eant(lnns l’élude de rcicciiltisme… on se forme une idée toute nouvelle de ce qu’on appelait précédemment une preuve… on

Tome l.

apprend que ce mot perd sa valeur « (Steiner, I.a Se. ucc, trad. Sauerweim, Perrin, 191 4, p. 19). Et en ell’et, si l’occultisme [lart à la conquête d’un « fait métaphysique » et prétend le trouver « dans les propriétés générales des antinomies », dans les « contradictoires, à l’état abstrait » (Strada, Brieu, cités par Pagnat, p. 1 2), si d’autre part, à défaut d’arguments, les autorités se voilent sous les noms les jilus antiques et les plus vagues ( « collèges sacerdotaux de l’antiquité, cryptes sacrées », Lanchlin, p. 23), le profane de bon sens ne peut que dire de tels maîtres :

Sophistes impuissantsqui ne croient qu’en eux-uémes. Quels sont leurs arguments et leur autorité ?

4. Intérêt de l’occultisme au point de vue apologétique. — Cette doctrine dont nous venons d’étudier l’essence, l’histoire, et le contenu, est hostile à la foi, donc dangereuse pour les croyants. Mais n’est-ce pas lui faire trop d honneur que de l’analyser ou de lu discuter’.' Empressons-nous d’ajouter que la conception fantastique de Dieu et de l’homme n’est pas tout l’occultisme ; que, par le lluide astral, on prétend ex[iliquer la présence de l’homme hors de lui-même, régir cette évasion et atteindre les objets naturellement inattingibles. A l’occultisme se rattachent donc les méthodes utilisées pour conquérir ce qui est éloigné dans le temps ou dans l’espace. Si ces méthodes donnent des résultats sans que lu raison ou la Révélation en justilient le comment, l’hypothèse d’une intervention préternalurelle est seule soutenable. Si elles ne fournissent pas de résultats, ce sontdes entreprisesmensongères. Si enfin elles fournissent des résultats troublants au prix de désordres sociaux, moraux, mentaux, physiques, le charlatanisme se double d’un péril constant et complexe.

L’apologétique a donc, en général, à justifier l’Eglise d’avoir toujours soutenu 1’  « hypothèse » d’une intervention préternaturclle dans certains cas, et, en particulier, à montrer les principes du discernement entre ce qui est dém<iniaque, charlatanesque, et pathologique, dans les iihénomênes de notion ou d’action à distance. Avant de passer à cette étude particulière, rappelons que l’Eglise est accusée :

u)d’avoirégaré le bras séculier en poursuivant les sorciers qui ne méritaient qu’une chiquenaude ou qu’une douche dans un temps où la « science et la loi » n’avaient pas « diagnostiqué la névrose ou proclamé l’imposture » (Bkcuon, op. cit., p. 9) ; en entretenant

« l’idée d’êtres humains et extra-naturels », 

l’Eglise nous « débilite » encore (db Cauzons, Sorcel-Irrie. .., p. xiii-xiv ; — cf. Debay, Hist. des se. ncc. depuis l’nnliquilé, 1860, p. 2). Mais on l’accuse aussi

t) d’imiter ce qu’elle cou ilamne, et de disséminer un mal aggravé delà par ses foudres. « Songes, visions, illuminations soudaines…, lieux de pèlerinage rappelant les oracles d’autrefois, surtout les oracles médicaux, rien ne manque à la divination chrétienne. » Telle est l’objection formulée par le savant Bouciié-Leclercq, dans l’article /Jitinatîoii du /) et. des Anliq. de.Saglio, p. 319, le crédit du maître laissant croire aux naïfs qu’il y a similitude entre Epidaure et Lourdes, du moment qu’il omet d’ajouter qu’il n’a vu (lersonne vaticiner parmi nous 1 Mais on voit combien la partie serait belle aux adversaires de l’Eglise, s’ils pouvaient lui retourner les anathèmes qu’elle lance à l’occultisme ;

c) d’enrayer, par ses condamnations, un mouvement peut être fécond, u Satanisme et occultisme sontdcux pôles absolument opposés » (Bosc., « /). cit., p. 11). Pourquoi traquer ces bons « marlinisles…, philosophes et croyants sincères » (on ne dit pas de quel credo : Papus, Calliol., satanismt, occultisme,

36 1123

OCCULTISME

1124

p. 34) ? ces inoffensifs occultistes, antiniatérialistes, antiathées (comme le démon d’ailleurs), dont la doctrine (Pai’US, Le Diable et Voce. p. 5) « entend apporter une série d’hypothèses » (ni jjIus ni moins !)

« susceplililes d expliquer rationnellement la constitution

de l’homme » ? Pourquoi cette « levée de boucliers du cléricalisme a ? (Bosc, Dialiol. et occultisme, p. ili) Sait-on que « si le mouvement scientilique a si fortement progressé dans ces dernières années, on le doit surtout » à l’occullisnic ? De quels trésors le monde ne serait-il pas enrichi si l’Eglise laissait dire que Bernadette a vu « l’aérosome » de la Sainte Vierge, les médiums étant très excités « par l’odeur des l’oins », même le ii février ? (Cf. Niigai-HOK, A’. F), de Lourdes et l occ, p. 27) Au lieu de cela, l’Eglise n’admet qu’une science « llu"ologi<jue, bien plus. divine » (id., p. 40 — cf. Bosc, Diabol. et occ, p. 21, etc.). Il ne reste plus qu’à lui suggérer les i< fermes propos d’une vraie contrition », si l’on se moque du monde (Péladan, p. 87, op. cit.), ou à crier Cavele papnm ! (Maack, ) prél’ace à l’cd. du livre d’Andréa, Berlin, igiS, p. liv) si l’on se sent touché. II. Bilan de l’occultisme. — i. Phétbndubs

RÉVKLAriONS DES TK.MPS KLOIGKÉS. — A) SUR LB l’ASSK.

— La divination et l’action à distance ne sont pas tout le programme de l’occultisme. Dans les temples d’Egypte, s’enseigna t une u doctrine philosophique et religieuse » (IIa.itan, Contiih. à l’élude de l’Alchimie, igo’i, p. 39), où venaient s’initier « les plus grands hommes de tous les pays » ; en Grèce aussi (Lanorlin, o. c, p. I2-|3) les mystères d’Eleusis enseignaient la « destinée de l’âme », et le mythe de Proserpine suggérait la doctrine des réincarnations. Les secrets de nos origines et de l’origine du monde n’étaient pas absents îles préoccupations des maîtres, comme aujourd’hui la constitution occulte de l’univers, avec ses quatre éléments peuplés d’Elémenlals (gnomes de la terre, sylphes de l’air, ondins de l’eau, salam.indres du feu, cf. Boso, Gl)ssaire) et d’Elémentaires (’< fraction animale » de l’homme " à l’étal très dilué et pourvue de son intelligence »). Les occultistes de l’ancieiineGrèce auraient été au courant « le la chute de l’homme (^.’noyjia. de Speusippe, cf. Dutrns, Ori^. des f’écouv. allrihiiées aux modfrne.’i, Londres, 1796, p. Sig) et de la création du monde ((feiWem, p. 314) ; ceux du Moyen Age se seraient ePTorcés de prouver qu’Ovide en ses Métamorphoses enseignait sous des allégories la constitution occulte de l’univers (Deucalion et Pyrrha = : or et argent ! cf. Ku.n’tzk. thè’^e de doctorat. Halle, 191. !. p. -29 etc.) ; ceux d’aujourd’hui professent, toujours comme les romanesques éruilits de M. Anatole France, qu’Adam aurait « eu commerce > avec les sylphes et le-* salamandres (Gallais, Myst. de la Ma^ic, p. 61) et que la couleur noire des descendants de Cham viendrait de ce que Cliam avait préféré son épouse aux sylphes (Soit diten passant, cette absurde insulte à la sainteté du mariage porte une marque de scandale qu’on retrouve dans tiuis les enseignements de l’occultisme : l’alchimie ne (latte pas moins la paresse ; l’envoûtement, l’envie ; l’a>itrologie, l’orgueil. ) — On s’est elTorcé d’accommoder aux découvertes me)dernes les enseignements de l’occullisme en matière de chimie et de physique (^’APOS, la matière tle< œtivres magiques, ifjo3, p. 8 10) : air, eau, terre, feu, seraient les états gazeux, liquide, solide et radiant de la matière. Mais ces » analogies » découverle

« après coup auraient été plus fécondes si

elles avaient devancé les travaux de Curie. De même, l’anonyme qui nous as-sure qu’on hypnotise avec un navet parce que lecôté île la tiireesl positif comme le front et le bout de la racine négatif » X, ’<ecret.i du magnétisme, chez Garnier, 1910, p. 14). ou Papus qui

nous révèle que « le cœur est toujours complémentaire du cerveau, et i)ar suite positif chez la femme, et négatif chez l’homme » (o. c, p. la), ont beau mêlerdes conceptions scientiliques à leur empirisme ! Ces aphorismes revêtus de science font un peu l ell’et de sauvages endimanchés. Le colonel de Rochas a raillé la théorie surannée des quatre éléments. — Une remarque s’impose aussi à la lecture de l’ouvrage de Dutens (cité plus haut) atlrihuant aux anciens la découverte de l’électricité (p. iy6). Dutens écrivait en 1796 ; sa démonstration ne s’est pas étendue aux découvertes postérieures à l’annéeoùil écrivait. Lan-CBLiN (0. c, p. 8, note) prétend cpie vers l’an 1 v50 le rabbin Jéchiché foudroyait de décharges électriques les indiscrets qui pénétraient dans son laboratoire, éclairé à la lumière électrique. Ce récit fantastique rendu très invraisemblable par l’inexplicable ignorance où les héritiers de ce savant auraient vicu depuis, ne prouverait pas, même vrai, que ces résultats scientifiques aient été dus à l’occultisme : car il n’a point produit de tels fruits depuis tors ; et, même aujourd’hui, en quoi devance-t-il le progrès normal des sciences ouvertes ? Infécond sur h- tirrain de l’expérience, l’occultisme est donc sujet i caution sur les prétendues révélations qu’il nous a])porte concernant l’origine et la constitution du monde, la création de l’houmie, etc. Du reste, il y a désaccord entre certains occultistes sur l’acquis scientifique dont ils ont le prétendu monopole (cf. Lancrlin, pp. Il et |3, critiquant Lbadueatkb).

B) Suit l’avbnih. — Mais l’objet principal des oracles n’est pas quid est ? quid fnctiim est ? C’est qiiid fiel ? quid ageudam ? (Legrand, thèse de doct. es lettres, Kontemoing, 1898, quo anima Græci divinatiunem adhibuerint.)

%) La divination. — La divination, pins encore que la science du passé normalement accessible à rhomine, a fait de tout temps le principal objet de l’occultisme. Connaître l’avenir est la grande tentation de la curiosité humaine. Nous pouvons parfois le conjecturer, mais <l’aulant moins qu’il dépend de causes plus libres. Sur la validité de certains éléments de conjecture sont établis les paris, aléatoires dans des cas isolés, prudents en masse (barèmes des Compagnies d’assurances). La météorologie, l’agriculture, la stratégie, la médecine sont des sciences qui com|iortent nécessairement des pronostics, car il serait imprudent d’agir comme si certains effets ne devaient pas résulter de certaines causes. On peut même faire des conjectures plausibles sur les décisions des causes libres, car il se mêle à leur liberté des inclinations naturel ! es et fa taies, quoique non fatalement eflicaces. .Supposons maintenant que îe pronostic, au lieu c ! être raisonné, soit instiUctif, soit senti au lieu d’être pensé, il prend le nom de pressentiment. Le pressentiment est un pronostic accessible à l’animal même, quelquefois génial chez l’homme, plus souvent subconscient et réalisé ilans ces cas normaux ou pathologiques où les facultés inférieures de connaissance sont exallées. I.e pronostic se base sur des signes avant-coureurs, parfois en apparence insi} ; niliaiit ^ ; ’( // « >(7Ta oi Xî5c.u/KKr£sy sv zv.ïç TTpotrt/.Sstvi^ x « c 7r50at7^/)c-£ » iy » (Galien’, ' Ort à vcciro^ tv.rpèz, , , flébut ; et Plutabqub, De Simitate prnpceptn, xi). Mais ce qui est de faible importance est beaucoup niienx perçu quand les sens et le souvenir sont aiguisés par 1’nattention de l’ànie à l{)ut le superflu du décor. Le sommeil naturel ou arliliciel (hjpnose) favorise donc le pressentiment. Galikn le savait déjà (éd. Kiihn. t XIV, p. 5()9 sq.) ; ARisrtiTE aussi : a’£v 5è tÇ KuOsijhitv, , , « e fjLtxpy.l [cthSryjtu^ /j.e-/xixi ooK’jiisiv tivv.i, quand on dort, ce qui est petit paraît grand » (Z)e divinatione in somno, c. I, p. 5e3, éd. Didot). 1125

OCCULTISME

1126

^2) L’état divinatoire. — Mais l’élat particulier qu’on appelle le sommeil, même normal, est un étal dans lequel nos sens et nos facultés psychiques peuvent logiquement subir, et subissent réellement parfois, l’action d’un esprit, ange ou démon, ou du Saint-Esprit lui-même. Les anges étant les ministres de Dieu, il ne reste pratiquement, en dehors des songes naturels ou pathologiques, ((ue les songes diaboliques ou divins. De ces derniers, les saints Livres nous fournissent quelques exemples (songe d’Abimélcch, Gen., xx ; ~ de saint Joseph, Mallk., 11 ; — des mages, Malth., 11, etc., etc.). — Quelquefois la nature d’un songe transcendant demeure douteuse, et les théologiens discutent. — En matière de songes ordinaires, il est quelquefois malaisé aussi d’établir s’ils sont normaux ou pathologiques, si la clairvoyance excessive dont ils témoignent dénote un état morbide ou demeure compatible avec la nature. Dans l’hypothèse de morbidité, il y a lieu d’établir si les démons n’utilisent pas ou ne provoquent pas un état favorable à leur action hypothétique, et qui peut être la matière d’une tentation et d’un péché. On voit combien la question est complexe.

Du reste, l’oniromancie ou divination par les songes n’est pas tout l’occultisme divinatoire. Les autres formes de la mantique postulent chez le devin ouladevineresseun étal morbide ou prélernaturel au moins aussi différent de l’élat normal que le sommeil. En cela la divination se distingue bien nettement de la prophétie ; dans la divination, comme dans tout pronostic ou pressentiment, il y a exaltation de certaines facultés humaines qui vont au-devant de la vérité ; dans la prophétie, il y a démarche de la vérité elle-même vers l’inlelligence humaine qui reçoit sans effort une impression parfaite (cf. saint Thomas, 11 ll**^, q. CLXxi, a. 6 : la prophétie est une connaissance imprimée dans l’intellect du prophète par une révélation divine). On ne s’exerce pas à la prophétie ; on s’entraîne à la mantique. Les Pythies et Sibylles étaient des professionnelles de l’exaltation divinatoire.

L’occultisme peut avoir fait appel au démon pour réaliser ou perfectionner les états divinatoires, dans un temps où la science était loin de pouvoir réaliser ces états par ses seules ressources, loin de concevoir, même, un rapport de cause à effet entre ces états et les éléments éloignés du pressentiment qu’ils déclenchent. Mais toutes les f(jrmes de divination se rattachent à un dédoublement de la personnalité, au gré duquel les facultés psychi<]Ues inférieures augmentent d’intensité. Si la divination est pratiquée à l’état de veille, elle témoigne toujours d’une acuité exceptionnelle de facultés instinctives, d’une espèce de

« flair » discernant une relation que l’intelligence

elle-même n’explique pas, entre le symptôme interpréié et la conclusion du « devin ».

§3) /.’objet de la dii’ination. — C’est ainsi que, dans le corps humain, les signes les plus cachés peuvent être un élément de pronostic et de diagnostic. L’arthritisrae, la tuberculose, la syphilis, se lisent sur certains visages ; et, dans l’état actuel de la science, nous rattachons le signe à son sens par tous les chaînons qui l’en séparent. A la rigueur, le grand nombre des cas où le lien se vérilie autoriserait encore scientifiquement la conclusion, si l’on ne comprenait pas le rapport entre le signe et l’état qu’il trahit. C’est ainsi qu’en tout temps on a pu concevoir un lien entre les traits du visage et le caractère (physiognomonie), ou enire la furme de la main et les apt itudes(ch iromancie), ou en Ire l’examen de l’arrièrefaixet le tempérament du noviveau-né (amniomancie, Lancblin, op. ciV., ^2), ou enfin entre le type de l’écriture et les dispositions révélées par les gestes qu’elle

ébauche (graphologie). Ilien d’occulte dans ces sciences quand les rapports sont observés avec constance, ce qui est le signe de la science, à plus forte raison quand les rapports sont comjjris, ce qui est déjà philosophique. Oo considère comme des savants Lavater et Gall, mais à condition que leurs conclusions soient analysées par des hommes épris de rapports constants (cf. D^ Blondel, La Psyihophysiol. de Gall et ses idées directrices, thèse de Paris, lettres, igii), et non mêlées de spéculations fantaisistes sur les quatre humeurs (Cénia Lioumow, /.es Visages et les Ames, p. 187 sq., après avoir invoqué Lavater, p. 17). Il peut être scientifique d’étudierla chiromancie ou chéiroacopie (Bosc, iJict. ; cf. Vas-CHIOH, /.a Psychologie de lu main, Collection Peillaube, éd. Rivière) ; cette science n’est qu’une forme ancienne (cf. Hekmippk, De Astrologiu diaUigtis, éd. Kroll, p. 5) de la physiognomonie ; et l’on peut même étudier la main du singe (Combes, Le Cosmos, iyo8, cité par Piobb, Année Phitus., 1908) ; mais il faut se garder de tout pronostic établi sur un empirisme incompris et hasardeux (Lamblin, Des vrais secrets des se, occ., p. ^o sq. ; — cf. Stklla, Se. occ., 1900, p. 25, joignant de stériles remarques pour les

« initiés » à des vraisemblances scientifiques sur la

séméiologie des phalanges, p. 22-24). H faut se garder surtout de déterminer ce qui dépend de la liberté de Dieu (ligne de vie) ou de l’homme (don de soimême, carrière, mariage, etc.) : Piobb cite une septuagénairedontlalignedevieétaitrudimentaire (yJnn. pliil., 1907, p. 13.0) ; il y a de nombreux désaccords entre les chiromanciens au sujet de l’inlerprétation de la ligne de vie (Bois, Péril occ, p. 63), et l’on voit des hommes partager un même destin avecdes lignes différentes. — Il n’en existe pas moins une solidarité indéniable entre certaines formes de muscles et certains gestes habituels ou virtuels, et d’autre part entre ces gestes et le tempérament. Il peut donc y avoir un rapport de cause à effet, scientifiquement observé, non seulement entre la forme des mains, mais même entre la démarche, le port de la canne, l’usure des semelles, la tenue des vêlements d’une part, et le caractère d’ailleurs (Echo du merveilleux, 15-o4 et 01-06, 1907) : le bon sens et l’expérience de la vie courante enseignent à juger les gens sur la mine et sur ta tenue, et souvent le flair exercé ne s’y trompe pas. Nul besoin d’occultisme pour remarquer (Lamblin, op. cil.’) que le rire en A est le rire des gens francs. L’écriture aussi dispose favorablement ou non les profanes ; un homme peu exercé en graphologie eoiinail des types d’écriture qui trahissent le sexe, la profession, la nationalité ; il n’est pas jusqu’à certains ordres religieux où l’écriture ne présente chez tous les profès un air de famille. Mais dans le détail les rapports sont iii plus subtils : l’expérience ne les justifie que « huit fois sur dix » (Papos lui-même, /.es ails divinatoire^, p. 12) ; la raison ne les saisit pas : pourquoi le scripteur qui liiirre la première partie de sa signature veut-il cacher quelque chose de sa vie privée (G. dr Fallois, conférence à la suite de l’ouvrage de Duciiatel, cité in/ra, % télépathie, p. 121) Les occultistes ici avouent que ce qu’on « surprend » vaut mieux que ce qu’on c apprend » (Stella, o/). cit., dédicace) : ils n’ont donc |)a8 de principes.

§ 4) /a méthode divinatoire. — Quand la divination s’exerce sur d’autres objets que le corps humain, elle devient de plus en plus aléatoire ; mais il s’y mêle encore un principe scientiliijne de pronoslic plus ou moins perceptible, dans la mesure même où une personnalité humaine agit à son insu sur l’instrument prétendu de la divination. De même que ce n’était pas le coq qui avait averti saint 1127

OCCULTISME

1128

Pierre de son reniement (Clara Baillod, Alectryomancii^, p. 23), mais le souvenir de Dieu qui lui avait i>ài lé du coq, de même la divination par les oiseaux (thèse de David, l.e droit uuf(iiriil et lu diminution o/f. des h’oinaiiis) empruntait à des remarques inconscientes des augures la seule sécurité que donne un rapport constant de cause à eir-l. S’il est vrai que Calclias (Homèrk cité par CiOKBON, De Di’iri.) ail i, révu par le vol des oiseaux que la guerre de Troie durerait dix ans, de deux choses l’une : Ou bien il y avait un rapport entre le signe et la durée de la guei re, et ce rapport était pressenti sinon compris par le devin : par exemple du sens des vents à l’atlenlc des secours venus par mer, etc. ; ou bien il n’y avait aucun rapport, et ce n'était pas une divination par les oiseaux. Un ra()port de ce genre, plus ou moins « occulte », mais plus ou moins concevable, existe entre les mouvements du devin et l’objet qu’il manie par sa divination. C’est ainsi que des objets inanimés peuvent servir à la manlique. Le Calchas ancien ou modrrne est alors le seul auteur du pronostic l’acile ou non, fondé ou non sur de bons éléments de conjecture ; une fois son pronostic fait, il imprime inconsciemment au cristal (cristallomancie : cf. GrasSKT, O. II. et aiiioiiia’liiii, p. 135 sq.), à la cou|ie (lécunomancio, cf IIunoer, in Uipziger Si-mitische .Sliiilien, pp. i-80. FiscHiîn et Zim.mbhn, igoS), aux dés et lettres (Heinevettrr, Les Oracles, Breslau, ig12), aux cartes du jeu de tarots (Papus, l.e Tarot dwinatoire ; cf. Bois, op. cit., p. 48), au dépôt du marc de café ou aux éclat, menls de l'éeaille de tortue Iirûlée (procédé de la Chine antique, cf. Journal Ayiatifjue, janv.-fév. 1911) les mouvements qui signifieront, d’après la clé » convenue, le pronostic élaboré dans son esprit. Cela, certes, n’enipcche pas le démon de « s’en mêler 0, comme je l’ai indiqué ailleurs (/i’ei'. prut. Jpolo^., 15 mai 1914) au vénéré niailre qu’un scrupule empêchail d’adopter ce point devue(GRASsKT, pp. ! , ; et 298 de l’Occ. Ii. et a. : « La question des anges et des démons reste une question ihéologique : la biologie l’ignore ; — je pose en principe qu’aucune doctrine religieuse ou philosophique n’a intérêt au succès de ces recherches [sur l’occultisme] « ). Mais quand le pronostic est tellement précis et troublant qu’il ne peut être humain ni dû an hasard, comment refuser de présumer une intfrveniion du démon ? Une psychonévrose grégaire (hypothèse de Duprat, dans Occ. et Spir., p. 12-1 3) n’explique pas un prodige, surtout isolé, de clairvoyance et d’exactitude ; et les médecins sont aussi qualiliés que personne pour conclure, en pareil cas, que l’explication par le préternaturel est logique. § 5) /.'intervention prélernuttirelle. — Nous n’approfoiidinms pas ici des raisons qui seront traitées à l’article SriBiTisMK. Nous dirons seulement, en ce qui concerne rO(.c » i/i.< ; me, que le concours des « mauvais anges I) est traditionnellement reconnu comme possible et probable dans nombre d’interventions divinatoires. " Je suis persuadé qu’il y a autour de nous des élres intelligents et invisibles qui peuvent quelquefois intervenir dans notre vie », dit le colonel UB Uocuas (Front, de la Se, 2= série, p. 25). — Se faisant l'écho de la tradition qui rapporte que » les mauvais anges avaient enseigné l’astrologie à Cham II ( ¥n ?/e et astrotooie dans Vantiq. et au niuyeii âge. p. ! o5). ^^^.UR Y justifie l’Eglise et l’Etat de leur rigueur séculaire contre certaines « pratiques véritablement criminelles » de l’occultisme (ibid., p. 145). Des hommes indifférents on hostiles à l’Eglise enregistrent cette tradition (cf. Hubkrt, article.Magie du Dictionnaire de Saglio, col. iSoy) universelle et bien antérieure au Christ (Babylonian Magic and

Sorcerr, par W. tvivo, London, 1896, p. 46 sq. — et 109 sq). — Et l’on dirait que Figuier (Histoire du mrrweilleux, p. Sg), l’archiviste.VIarx (Fascicule ao6 de la Bihl. de l’Ecole des fîtes Etudes : 1914, Etude sur le Développement et la répression de l’hérésie. p. 36), le D' Laurent (op. cit., p. 34), le magistrat Bi’xHON (op. cit., p. 34-35) ont voulu, par le récit des scandales et des horreurs dont ils établissent la réalité sur des textes, par l’exhibition de tant de crimes monstrueux, par l'étalage de tant d’intentions perverses des sorciers, infanticide, luxure, sacrilège, ont voulu, dis-je, justifier les canons des souverains Pontifes contre eux (cf. Joseph Hansbn, Quelten… zur Gescliichte des Hexem’ahns, pp. 16-17, ^tc), et l’humble mais lumineux récit de saint Luc :

« Il arriva qu’allant au lieu de la prière nous rencontrâmes une jeune fille qui était possédée de l’esprit de Python et qui rapportait à ses maîtres un

grand profit par ses divinations, n (Act., xvi, 16.) j — Les livres modernes d’occultisme vulgarisent le j culte infernal de Satan ; leurs auteurs ne rougissent pas de dresser < autel contre autel.1 (Lancklin, Le ternaire magique, p. 3 ; — cf. Elipuas Levi, op. cit., p. 130-131 : u Sache donc, ô toi qui veux être inilic aux grands mystères, que tu fais un pacte avec la douleur et que tu alTrontes l’enfer, o) Bien pis, hélas I Ces livres donnent la formule du pacte avec le démon et signalent les conditions de l’appi-l infernal (Lambun, o. c, pp. 2^5-280 ; Gallois, o. c, p. H7-12Ç1) : un tel conseil, vulgarisé avec ou sans conviction, est proprement un attentat non seulement à la foi, mais à l’hygiène morale et mentale, ri même physique, des lectrices naïves si>llicitées de s’enivrer avant l’appel au démon et de s’aventurer ensuite à minuit dans les bois ! Pareil scandale est d’ailleurs aussi ancien que l’occultisme et ses mystères. Aux mystères d’Eleusis, si savamment étudiés par FoucART ('. li. Acad. Inscriptions et 8.-1… t. XXXVll et Les Drames Sacrés d’Eleusis, 1912), les cérémonies de la hiérogaraie (pp. i-'), op. ci/.) étaient évidemmenl obscènes, et l’on s'étonne seulement que leur docte historien puisse présumer que Us emblèmes « n'éveillaient pas chez les initiés les idées licencieuses qu’ils provoqueraient chez les modernes I). L’orgueil des « adeptes » arrivés aux « sommets vertigineux de la haute et divine science » (D' P. ui ! UiioLA, parlant du « Kl16dja i.Omer Habbv dans son livre posthume : El Klab, chez Mann) ; leurs divisions dignesde Babel (Bois, op. cit., p. xv) ; leurs railleries envers leurs dnpes ; leur feinte conviction que la personnalité de S ; (tnn n’est qu’un symbole (Lancelin, op. cit., p. 349 ; der Eiitlarvle Lucifer, Berlin, 1857, p. 17), tout indique que, si l’occultisme ajoute à la divination un concours mystérieux, c’est celui du démon. Ou le retrouve même sous la forme du serpent, comme dans le récit de la Genèse (voir notre article Gdérisons MiBArULEUSKs ; cf. aussi Caqnat, op. cit., p. 143 : « Alexandre d’Abonotichos », le « Cagliostro de l'époque » de Lucien, manipulait les serpents ; cf. aussi le récit du fakir cité par Don.*.to, La vie mystérieuse, p. 4). Comment d’ailleurs expliquer la disproporliou constatée par LiTTRK (loc.cit., p. XLiv) enU’e la " surprenante efiicacilé » des « arts divinatoicss, à une époque où les " sciences » étaient dans l’enfance, et la stérilité de ces sciences mêmes ? il semble qu’on puisse, avec Huysmans, s'étonner à bon droit qu’après avoir vu jadis le diable partout, on ne le reconnaisse aujourd’hui nulle part(préface au livre de Bois, p. vu).

5 G) L’hypnotisme et l’occultisme. — Les prodiges de la divination occultiste peuvent d’ailleurs, dans bien des cas, s’expliquer par un « état second >', par un dédoublement de la personnalité, par une 1129

OCCULTISME

1130

« désagrégalion sus-polygonale » dont nous avons

décrit le inccanisme aux articles Hypnose ou Hysté-HIE (V ces mots). Les Anciens connaissaieiil cel ëlat spécial : CAcéioiiVap[>eilecuricituti(i{/)e i » à’., i, xxxvii, Cf. ihideni, 1, xxxii, et Aristotb, l’ruhlrm., xxx, p.’iTi) La Pythie était choisie entre toutes les femmes de Delphes (Luc.raNd, thèse citée, p. iji). Les prédictions se faisaient dans l’hypnose, sinon dans l’étal de possession (cf. Justin, xliii, i, cité par David u.c., p. 48 : <i Kutua, remplie et agitée de l’espi-it, prédisait l’avenir »). Aujourd’hui encore, aidés ou non de la « rallonge o infernale, les liseurs de pensées sont des sujets spéciaux (cf. uk Miuville, Les Esprits, vol. I, p. 17), dénommés, dans certaines fonctions, médiums (cf. Si’ihitisme). W. Bouhgkat qui, dans son livre sur la Magie, a cité deux faits personnels de vue à distance qu’il explique par le corps astral (p. 66 sq.), rapporte ailleurs un fait qui le montre tout simplement somnambule (pp. 72-73). (^)uoi qu’il en soit des causes, pathologiques ou préternatnrelles, qui exaltent la divination et favorisent la (( transe » (cf. Kma, Occutt Research, 18y7, p. 7). il n’existe aucun fait divinatoire, ancien ou moderne, qui témoigne d’une clairvoyance supérievire aux facultés de pronostic d’un homme, surtout doublé d’un esprit. On retrouve toujours, dans le pressentiment divinatoire, des éléments empruntés au milieu, un germe familier d’événements prévus. Le pronostic des somnambules et des liseurs de pensées, occultistes ou non, n’excède guère les facultés de prévoir d’un rédacteur de Paris-S/<ort ou d’un ingénieur du Bureau central météorologique (cf. par exemple l’annonce delà guerre gréco-turque faite par un certain Damalas, in Dict. d’occultisme de Drsormes et Bazilr ; cf. aussi la « vision » des rescapés de la catastrophe de Gourières et les prédictions faites sur leur sort par une voyante, in F. de CuAMpviLLn, l.a liiciflité et la divination à trui’ers les tiges, p. 3g. La prédiction est malheureusement postérieure aux premiers renseignements recueillis sur les héroïques survivants ; en outre, l’heure et les conditions de l’expérience ne sont pas notées, p. ^7).

S 7) l.e charlatanisme. — Il faut aussi faire la pari du charlatanisme, qui diminue d’une manière importante les résultats de l’occultisme (ce charlatanisme a été noté par un Rochas, Les Frontières de la science, i’série, p. 10, dans des séances de prétendue suggestion mentale). Il éclate dans certains traités qui osent imprimer des prières superstitieuses pour gagner aux loteries (X., L’Homme vainqueur des puissiiiices infernales, p. 10g ; et « professeur » i liaraus, marchand de malélices et de tarots ; envoi contre remboursement : La foi dans les Science » ICC, pp. 28-24 et 56). Les diagnostics chiromanciens de Mme de Thèbes(l’.KiCHBL, A trui’ers le monde, elc, {). 2g) rappellent, à s’y méprendre, le vétérinaire de vau<leville qui reconnaît si bien les entorses à l’examen des yeux. Il existe des livres qui conseillent l’hypnotisme à tous les malades et qui ne peuvent être que l’oeuvre de fripons (J. Maximilien, L’/iypnot. à la portée de tous, p. 1 1 3). Certains manuels vendus par des librairies spéciales pour vulgariser la cartomancie, l’onomamancie, ele, ne méritent même pas une critique sérieuse. On se demande si l’on n’a pas affaire à de sinistres humoristes quand on voit des auteurs interpréter une blessure à la face par : un heureux changement s’est accompli (DecourukmanlUE, Miroir de l’avenir. Le livre des lilessnres, p. ^) ou révéler qu’on est grossier dans la colère quand n a les lèvres épaisses, comme si le contraire était possible avec des lèvres minces ! (Ibid., Le Qiafel .ameh, p. 100) Mais le comble est assurément de conseiller aux membres vivants de ta société théo sophique (Lbadbeatuh, L’occ.daiis la Nature, p. 3), (piand ils seront morts, de « se livrer à une sorte d’inventaire, de se rendre compte de lu situation, alin d’en tirer le meilleur parti possible » !

S 8) L’astrolii^ie. — Il est une science occulte qui mérite une étude à part, et qui, de tout temps, (ut essentiellement eharlatanesque, puisqu’elle s efforça de présenter ses divinations sons les données lignureuses et contrôlables de la mécanique céleste. Cette science est l’astrologie. Elle dilfèrc essentiellement de l’astronomie en ce qu’elle ne considère pas les astres comme son objet, mais comme un moyen de préjuger du destin des hommes par la situation des astres au moment de leur naissance ou de leurs entreprises diverses Qu’il y ait une relation entre la partie matérielle de notre cire et le milieu où nous vivons, c’est de toute évidence : un bain nous refroidit, une pile nous électrise, un rayon nous colore. Que les limites de cette relation soient dilliciles à déterminer dans l’espace comme dans le temps, cela est moins évident, mais c’esl lationncl. (hiaiid cessera l’elfet d’un bain trop froid’.' où s’arrête la zone des sensibles ? Nous sommes des duvets ballottés dans un remous indéfini sur un océan sans limites. Qu’il y ail, enfin, des causes inconnues dansée jeu d’actions que nous subissons, c’esl admissible. Que les astres aient une action sur nous par leur masse ou par leur température ou par leurs énergies inconnues, c’est ce qiie nous admettons tous plus ou moins Mais il y a loin de cette hypothèse, même partiellement vérifiée, à un corps de doctrine prétendant établir des relations précises entre tous les phénomènes célestes et tous les actes de notre vie ! Ici comme ailleurs, la science procède par lentes étapes, arrachant progressivement à la vérité des lambeaux cohérents et elairemcnl acquis. L’astrologie, au contraire, enseigne de toute antiquité une prétendue doctrine proclamant l’existence, entre nous et certains phénomènes célestes, de rapports incompris el voilés (cf. la Bibliographie de Bassi, Olivikbi, Boll, etc. Catalogus codicum, etc., Bruxelles, 18g8. — Viroi.lkauo, Astrol. chaldéenne, P. Geuthner, igo8. — P. Haupt, Testes cunéiformes, Leipzig, 1881. — S. Kaupph, Astrol. talmiidique, Journal Asiatique, 18g.î. — Cumont, Astrnlof ; y and Religion among tlie Greeks and Romans, New-York et Londres, ig12 ; — Boi’c.nÉ-LBOi.ERcr ; , Les Précurseurs de l’Astrologie grecque. Annales du Musée Ouimet, 18g7 ; — C. Bezold cl Boll, Réflexe asirologisclier Keilinschriften bel griechisclien Schriflslellern, Heidelberg. 19 : 1 ; — BouonK-LnoLEHcy, L’As/ro/.^r., Leroux, 189g, et la bibliogr. des pages x-xx ;

— id., L’Astrol. dans le Monde romain, 1897 ; — Maury, op. cit., — Les traités latins de Maniliuset de 1. Firmicus Malernus, Matheseos, Whr. VUI, Ed. Silll, Teubner ; — R.Vi.^.N, thèse de Halle, 1910, Ein Mundwahrsageliucli, Ed. d un ms. du xiv" siècle, concernant l’astrologie lunaire ; — Ficuiek, Kepler ou l’Astrologie et l’Astronomie, récit des influences subies par la mère de l’astronome, p.xri-xiii ; — G. FnuRANu, Astrol. arahico-malgache,.lournal Asiatique, 1906). Rien n’est pluscatégorique pour ruiner ces prétentions universelles et universellement dénuées de toute autorité, que les notes manu’icrites de Drlambhk sur un ouvrage imprimé de la Bibliothèque nationale (C. G. S. [Slephens], Mémoire explicatif sur la sphère, etc., p. 15) : « Nul vestige de science véritable avant l’Ecole d’Alexandrie, dont les commencements même sont d’une extrême faiblesse » ; et (p. 16) : « Les Arabes n’ont presque rien ajouté à la science des Grecs. » Ne sachant rien de rationnel en astronomie, comment auraient-ils pu savoir ce qui est contingent ? CKiunicn ! auraient-ils 1131

OCCULTISME

1132

été instruits du complexe, quand ils ne déchiffraient pas le simple ? Les astrologues invoquaient tantôt l’expérience des siècles, tantôt la « révélation des dieux détrônés et révoltés » (Bouché Leclkrc.q, o. c, p. a5). Mais l’expérience des siècles est muette sur les résultats de l’astrologie, qu’on ne peut vérifier au delà des limites d’une vie humaine ; elle n’enseigne que l’universalité d’une curiosité, non d’une réussite ; et quant aux anges ou « dieux » révoltés ou détrônés, leur témoignage est très suspect.

Du reste, diabolique ou charlatanesque, cette science était assez imparfaite pour limiter le nombre des planètes a<ix proportions connues des profanes. Bouché-Leclercq y a fait une allusion discrète (p. 24 ! 5, 0. c) ; mais les fervents de l’occultisme ne savent que penser d’L’ranus et de Neptune (A. os Thyank, Petit Manuel d’asiiol, p. g). Lbverbieb, comme on sait, leur a révélé cette dernière planète, dont la découverte est très grave « parce qu’elle porte atteinte au se[)tenaire » (Haatan, Traité d’nstrul. judiciaire, p. ly) ; mais Pionn (inlrod. à la réédit. de Fludd, p. xix-xx) se console et venge les occultistes en nous annonçant qu’ils ont non seulement devancé, mais dépassé Leverrier. Ils parlent de deux autres planètes qui restent à découvrir. Ainsi il y aura douze planètes ! Mais oiisont « Vulcain » et « Pluton " ? Leur découverte promise reste aléatoire. Et le dogme septénaire n’en a pas moins été ruiné par la découverte d’Uranus.

Le bilan de l’astrologie se solde par bien des erreurs. Et les fidèles eux-mêmes s’en aperçoivent. L’horoscope (ou fixation du destin de l’homme d’après la position des astres à la naissance), l’horoscope, considéré encore de nos jours comme une pratique savante(cf. Papus, Premiers éléments d’as-Irosophie, pp. l[S- ! ig ; JuLiivNo, A’oh »’. Traité d’Astrol. y)/ot, Chaoornac, 1906 ; — Pioui), Formulaire Je Haute mafiie, liaragon, 1907), n’en est pas moins sujet à caution et mainte fois erroné. <i La faute, disent les initiés, n’est jamais imputable à la science, mais à celui qui l’exerce » (Fludd, Etude du macrocosme, p. 28 de la réédition) ; mais elle est toujours possible, donc la science est toujours précaire (Selva, Traitéthéor. et prat. d’Astrol. ^énéihliaque, Chamucl, 1900 : « L’astrologue est obligé parfois d’attendre toute sa vie., que le hasard lui fasse tomber sous les yeux l’horoscope dont la constitution » résolve

« le problème qui s’est posé pour lui », p. ^a). En

outre, on ne peut se (ier à l’asirologie « comportant (Fludil, p. 270) des pactes avec lesdémons » : autrement dit. une part d’incertitude tient à la liberté, limitée pourtant, des démons, à plus forte raison à celle des hommes. Lesastres a inclinent et ne nécessitent pas "(p. 86 de Vanki. Hist. de Tastrol., chez Ghacornac, 1906) ; leur position à l’heure de la naissance n’autorise pas « le fatalisme, mais la prudence » (Bois, o. c-., p. 56). S’il en est ainsi, l’astrologie est vaine ; et, s’il n’en est pas ainsi, comment les mêmes etTets ne sont-ils pas toujours observés sous les mêmes latitudes ? Cahnéadb (Bouché-Lbclbbcq, op. cit., 27) et Skxtus Empiricus (ibid.. p. 28) demandaient déjà pourquoi tous les gens qui meurent dans une même catastrophe ne sont pas nés sous le même signe, et pourquoi lesElhioiiiens qui naissent sous le signe de la Vierge ne laissent pas que d’être noirs, nonobstant l’efTet imputé à ce signe ?.A quoi Ptolbméb répondait déjà que les inihiencesuniverselles dominent ces « génitures particulières » 1 Cf. aujourd’hui JuLKVNO (ABC de l’Astral., p. 48). — Ce qui est certain, c’est que les seuls horoscopes exacts sont réussis après coup, après la mort et non à la naissance de l’intéressé : tel l’horoscope de Jeanne d’Arc (par JoLEVNo, dans ! , e Voile d’Isis, p. ^89-2^0 : « La lune

en aspect avec Jupiter, lui donnait la foi religieuse ; avec Mercure, la vivacité d’esprit. " Il n’y a eu qu’une Jeanne d’Arc pourtant, sur combien de créatures nées le 6 janvier 1412l) ; tel encore rhorosoo|)e de Gambetta établi par Flambart (anc. élève de I Ecole polytechnique. Traité sommaire d’astrologie scientifique ) : mais on ne nous apprend qu’en 1902 que la

« révolution solaire » du 2 avril 1882 mettait en

péril la « vitalité » de Gambetta, qui mourait en effet quelques mois plus tard ! On a osé dire que la nativité la plus illustre du monde, celle de N.-S., fut une confirmation de l’astrologie, et que le " cas des mages fut pour les exégètes et polémistes chrétiens un embarras des plus graves », l’intelligence providentielle des trois Rois étant un « certificat de véracité délivré à l’astrologie » (Bouché-Lkclehcq, Asirol. gr., p. 611). Il y a 14 une confusion bien singulière : jamais, en astrologie, une étoile sp^iale n’a été considérée comme ayant un sens particulier pour la destinée d’un homme : on ne tient compte que des positions variées d’astres toujours lesmèmes, de leurs latitude et longitude géographiques et géo ! centriques, de leur ascension droite et de leur déclinaison (Flambart, op. cil., p. 13), ainsi que des rapports entre les planètes et les signes du zodiaque (maisons astrologiques, cf. Papus, Traité d’Astrosophie, p. 4Ô). — En second lieu, dans le cas de N.S. J.-C, l’étoile des Mages était évidemment miraculeuse puisqu’elle marchait : Kepler ne la reconnaît pas dans l’astre qui apparut en iCo4, et dont une précédente apparition aurait pu coïncider avec l’époque du Sauveur (cf. H. G. Voigt, die Geschichte Jesu uud die Astrologie, Leipzig, 1911).

Ij 9) Conclusion, — Le principal effet de l’astrologie et des sciences occultes en général est de faire douter du libre-arbitre et dé favoriser [lar suggestion toutes les causes libres qui peuvent concourir au résultat prédit. La divination trouve un concours efficace dans la crédulité : la prétendue pré-ootion de l’avenir est en réalité une pré-action. Qui ne connaît un récit authentique de malheureuses victimes de la <i bonne aventure » ou d’une consultation de chiromancienne, influencées à leur insu et réalisant d’elles-mêmes, plus tar<i, un malheur ou une faute que les lignes de la main ou le livre stellaire leur ont fait croire inévitables ?

2. L’action a distance. — L’occultisme vient d’être étudié comme source de prétendues révélations. Examinons maintenant ses secrètes influences. II se flatte d’exercer sur la matière que nous déclarons inanimée, et qu’il feint de croire vivante, une certaine action dont il a le monopole. Il en exercerait une autre sur les âmes humaines, et se jouerait de l’espace comme il se rit du tenifis. Il établirait enfin un lien entre la clairvoyance humaine et les secrets de la nature. Ainsi les « trois mondes, le divin ou archétype, le monde des orbes ou région ëthérée, et le monde sublunaire ou région élémentaire constituent l’univers ou Pan ou Phanès » (Fabre d’Olivkt cité par Haatan, Traité d’Astrol., Chamuel, p. 9). Entre ces trois mondes, l’influence réciproque est considérée comme l’abc de l’occultisme ; il y a un lien entre l’astrologie et l’alchimie, entre l’alchimie et la magie, entre la magie et la sorcellerie, entre la sorcellerie et l’envoûtement, etc.

A) Phétendubs actions sur la matière. — | 1) Inanimée. — Des prétendues conquêtes de l’occultisme sur la constitution intime de la matière, il n’est guère resté que les traditions de l’alchimie et de la médecine « spagyrique » : non pas qu’elles fussent plus convaincantes, mais parce qu’elles portaient sur des objets si chers à l’homme (or et vie) que la persévérance s’est cabrée contre les insuccès et les 1133

OCCULTISME

1134

hiviaisemblances. Si l’on juge l’arbre à ses fruils, le liilan lie l’alchimie n’est pas à l’bonneur de l’occultisme. On veut nous faiie admettre qu’elle a devancé le présentât même l’avenir en pressentant que les métaux ne sont pas des corps simples et que les corps no sont pas intransmutables entre eux. Mais les nouvelles conceptions de la science, nées de l’expérience et de l’induction à la claire lumière des laboratoires, peuvent et doivent èlie portées au compte des « sciences ouvertes » et du progrès normal (le riiumanilé. Si BaissEr, professeur honoraire de matliématiques au lycée Saint-Louis, est arrivé à se représenter les modalités les plus ca, liées do l'énergie universelle, c’est en partant de .' pliénoniènes généraux sur lesquels tous les savants sont d’accord » (p. 107 de /a Matière et les For-V. S- rfe la Nature, 191 1). Si lo V)' Lcbon est arrivéà modilier la notion que nous nous formons de la matière, c’est à la suite d’expériences dont il livre la progression (l.'Efol. de la 3Jalière, lyog). Si M.Peri ; rx, professeur en Sorbonne et auteur du Traité de C/nmie [ihysitjue (Paris ujoli), est arrivé à des résultats sérieux sur le mystère en apparence insondable de la constitution des atomes, et s’il a pu calcu N

1er au moins approximativement le rapport —^,

(Les /l/omes, pp. 289-291), c’est par des voies dont la convergence démontre la sécurité, soit qu’il parte de l'équation de van dkk Waals sur la viscosité des gaz, ou du calcul du mouvement brownien, ou des observations sur le « spectre du corps noir » : toujours il fait de « l’invisible simple » avec du « visible compliqué » (p. 10). Une telle méthode est le contraire de l’occultisme.

Ce n’est pas par l’occultisme, mais par une voie lente, laborieuse et sûre, que Bekthei, ot a entrevu la « matière unique fondamentale » (Orig, de VAlcIi., p. 315-318). Ce que 1 alchimie était en mesure de procurer à l’humanité du Moyen Age, c'étaient des rapports imaginaires entre le nombre des astres (alors connus !) et les métaux qui devaient être sept,

— entre les signes du zodiaque et tes pierres (stones) de deuxième classe, qui devaient être douze comme eux (//. E. Siapleton, Alchemical équipement in the elei’enlli Century, in Memoirs of asiatic Soc. of Ileni ; al. Calcutta, 1906, p. 53). L’arbitraire le dispute ici à l’ignorance : qui a inspiré le choix de ces douze « pierres » ? qui a restreint le nombre des planètes aux limites de l’expérience contingente d’une époque'.'

Malgré les efl’orts de quelques modernes pour réhabiliter l’alchimie (cf. Schultzk, Daslelzte Aiifflæcken der Alcheniie in Deulschlnnd, Leipzig, 1897, et chez nous Figuibu, L’Alchimie et les Alchimistes ; p. 289 et sq., voir l'éloge de la « confrérie alchimique médicale, Ihéosophique, cabalistique, et même thaumaturgique » des Rose-Croix), l’alchimie est suspecte par ses intentions sacrilèges et ses résultats frauduleux. Par ses intentions sacrilèges, car, d’après Figuier lui-même, Paracelsb et d’autres

« recommandent d’avoir recours à diverses influences

surnaturelles pour parvenir à la découverte de la pierre philosophalc » (p. 28), et, d’après Nicolas Flamel, cette pierre, prophétiquement désignée par l’Apocalypse ( !) ôterait la racine du péché (p. 21-32). Nouveau baptême plus puissant puisque, non content de procurer la grâce, il restaurerait la naturel Mais on peut juger de cette doctrine par la disproportion qui existe, dans l’ordre même de la matière, entre les résultats et les promesses d’une science uniquement tendue vers la production de

; or, el qui par conséquent n’a de la science (essenlicUement

générale, objective et désintéressée), que

le nom honlcnscrænt usurpé. Cette science a ses victimes : le malheureux A. Poisson (auteur do V Initiation alchimique, 1900) y ruina sa fortune, ses ambitions, sa santé, sa vie, mais ne trouva pas la pierre philosophale, car son préfacier tout ému, le D Marc Haven, ne le loue que de son u abnégation ». On peut recueillir dans ses lettres posthitræs le conseil platonique de « retirer de l’atmosphère astrale n 1' » arcliée » de Paracelse, le » grand serpent » des cabalisles (p. 12) ; on peut j>rnclamer que 1' « hypothèse » des alchimistes est rationnelle ou « vraisemblable « (Uklobkl, Cours d' Alchimie rationnelle, p. 9) et décorer la pierre philosophale du titre de « ferment » propre à « mûrir tous les métaux » (id., p. io3-ioii). Mais l’essai de créer une paillette d’or n’a pas encore réussi. Les Chinois (F. DR MÉLY, Alchimie chez les Chinois, Journal asiatique, 18y5)ont probablement réalisé la galvanoplastie empiriquement « sans en comprendre la technique », et ont obtenu peut-être une dorure superficielle, mais cela n’a rien d’occulte, pas plus que le lac de Fo-Kien (ibidem, p. 22 du tirage à p.) dont l’eau verte changele ferea cuivre. Calignla avait essayé de faire de l’or, et pratiquait « cet art » ^ enu u de l’Egypte >< (Mauquardt, Culte chez les Homains, p. 135, note 2), mais Pline qui signale le fait (W. A'., XXXIII, Lxxix, cité par Marquardt)ne dit pas qu’on ait réussi. Même échec, ruineux pour la bourse ou pour la vie des expérimentateurs, dans tous les cas laborieusement exhumés par des archivistes érudits (cf. L. JiiNY, Un méfait de l’Alch. à Bourges au xvi= siècle, igoS ; — Souhesme, Un épisode de l’IIisl. de l’Alch. en Lorraine, 1899 ; — Bull, de la Soc. de géogr. de Bochefort, 1894. — Ces deux derniers exemples témoignent de la minutie des expériences, exécutéesparordre du duc de Lorraine et du roi de France el contrôlées par des experts). — De nos jours encore, M. JoLLivKT-CASTELOT( ; Verc » re <£e France, 1896) prétendit que le photographe Tiffereau avait fait de l’or (p. 76)… Il y avait réussi, dit-on… en Amérique, « avec du cuivre, de l’argent, el de l’ammoniaque >> (Bosc, La Transmutation des métaux, p. iS) ; mais « il ne put jamais reproduire sous notre climat les réactions qui avaient eu lieu sous l’action du soleil brûlant du Mexique I » (Bosc, ibidem.) Bosc cite aussi les expériences d’Emræns qui aurait retiré de l’or d’un alliage dénommé par lui argentaurum ; il tombe sous le sens que, si l’argen-Laurum était une inépuisable raine d’or, le cours du précieux métal aurait baissé en Amérique, et même chez nous.

§2) Vi>.'ante. — Si l’on juge l’arbre à ses fruits, la médecine spagyrique des occultistes n’est guère plus féconde que l’alcliimie. Elle est incompréhensible dans ses dogmes (la trinité soufre-sel-mercure de Paracelse, Traité des trois Essences premières, p. 9, éd. Grillot de Givry, — vise des objets que ces termes ne désignent plus) ; démentie dans ses méthodes par la science moderne (ainsi la Spectroscopie a dénié aux astres leur spécificité arbitraire, leur teneur exclusive en tel métal réputé curateur, cf. Paracelse, ^rc/u’rfo.re magique ; — ainsi encore les expériences de Pasteur ont condamné Lucas, auteur de la Méd. nouvelle occultiste, annonçant en 1854 qu’il allait « réaliser le globule, la cellulation, etc. 11, p. igâ) ; dangereuse enfin dans ses préjugés qui la feraient se contenter dos radiationsde l’homme, < influx nerveux quintessencié n (Mavkbic, Essai synthétique sur la méd. astrol. et spagyr., Vigot, p. 31) ou concentrer toute son action sur le i< corps astral » identifié au grand sympathique (Gallais, Myst. de la Magie, chap. xii) « au lieu de traiter directement le corps du malade >'. comme les OCCULTISME

1136

pauvres médecins chez qui le bon sens remplace l’occultisme.

En principe, certes, ce qui agit le plus fortement sur nous n’est pas toujours ce qui est le plus proche, le plus imiiié'liat, le plus matériel, le plus grand. Et il est scienlilique d’accorder du crédit à des causes invisibles, luicroscopiques. médiates, éloignées, dans le siècle qui suit celui de la microbiologie, des rayons X, de la télégraphie sans lil, de l'électricité. Mais il n’en faut pas moins observer que les agents invisibles im lointains, quand ils sont scientiliquement observés, ne sont pas plus mystérieux que les autres ; que leurs effets ne sont pas plus inconstants ; et que l’analyse de leurs propriétés n’a rien à gagner à de fantaisistes théories plus ou moins couipatililes, mais non solidaires, avec la condition de leur apparition. Or, ce qu’on peut reprocher aux occultistes qui ont mêlé leurs doctrines à la médecine (cf. Drz, Z’xliiiloi^ie médicale ; Pbrhibr, thèse de Lyon, igo5, n" lo ; RoCHA, De l’influence médicale des astres sur le corps humain^ par Hocha, étudiant de Montjcllier, 1501.éd. Des vernay, Lyon, igo4', cf. Boi’chk-Leclbrcq, Astrot. sr., ch. xv, latromanlique), c’est l’audace de leurs conclusions et la fragilité de leurs prémisses. Nous accordons à Duz (p. 3) que « l’homme à sa naissance » (mais pourquoi pas aussi à sa conception ?)

« eslsi^né des qualités, du tempérament, des maladies

et des vices propres au milieu et aux éléments qui ont concouru à sa conception » ; mais les astres et les signes du zodiaque sont des facteurs bien peu importants dans cette formule, ou du moins leur importance n’est pas démontrée. On ne peut même pas dire, avec Papus (Dp. rit., pp. 5/|-5.5), que les phases de la lune à la conception de l’enfant ou à la précédente délivrance de la mère déterminent le sexe de l’enfant. Les dictons qui courent à ce sujet sont souvent vérifiés et montrent que ce facteur joue dans la formule du pronostic. Mais il n’est pas le seul, car l’erreur des calculs basés sur lui est parfois manifeste, nous pouvons l’allirrær. De même, prétendre que le soleil (p. 61, Perrier) a une influence sur la fécondité parce que le testicule du fœtus « descend vers la lumière », c’est une fantaisie peu à sa place dans une thèse de doctorat. Il se mêle à tous ces arguments des rêveries gratuites : qu’est-ce que ces qimtre opérations de la matière (congélation, volatilisation, combustion, condensation, Duz, p. 4) qui veulent donner raison à la théorie pythagoricienne des quatre éléments ? Pourquoi pas cinq opérations, en y ajoutant la raréfaction, six avec la fusion, sept ai’ce la dissolution ?

Nous ne parlons ici du magnétisme que pour mémoire ; ce que l’on entend, ce que surtout l’on entendit par là n’est pas une force de la nature scienliliquement adaptée, comme l'électricité médicale, à la restauration de l’organisme humain, mais un ensemble complexe d’influences suggestionnellc ; , psychiques, dont l'éiude analytique est d’une c diflicullé pratiquement énorme » (Boirac, A’oiif. Hei’iie, i-io-gS). De l’aveu du même auteur (p. Il du tirage à part), il est à peine possible « de reproduire expérimentalement » les faits de magnétisme présumés purs, et r » on préfère tout supposer plutôt que de croire à leur réalité. Quelques heures après les avoir vus, on doute du témoignage de ses sens et de sa mémoire «. Il est diflicile, après un tel aveu, de classer les faits du magnétisme dans les phénomènes physiques.

B) Priîtrndues actions sur l’esprit. — § 1) Télépatliie. Télesthésie. - Au nombre des privilèges que revendiquent certains occultistes, figurerait en bon rang la prétendue propriété d’impressionner à distance l’esprit d’un sujet. Ce phénomène, observé du I

côté du sujet, reçoit le nom de télépathie ou de télesthésie, suivant qu’il y a seulement un étal d’angoisse et d'émotion ou une perception, une sensation du moins ; du côté du transmetteur, le phénomène, s’il est provoqué, reçoit le nom de suggestion mentale ou de suggestion à distance. Distinguons ici les principes et les faits.

En principe, un tel phénomène est parfaitement concevable, sans heurter d’aucune manière les théories psychologiques d'.-ristote ni de l’Ecole thomiste. On sait que normalement deux créatures humaines ne peuvent correspondre que par leurs corps, chaînons intermédiaires de leurs deux âmes. La suggestion mentale ou la télépathie ne ferait pas exception à la règle. Elle ne présenterait d’exceptionnel que l’insolite extension du « milieu » indispensable aux organes transmetteur et récepteur. Mais ce milieu indispensable à des êtres composés d’une âme et d’un corps n’est pas supprimé (abbé Gayhaud, Siiif^, mentale et télépathie, la Quinzaine 189C). La découverte de la télégraphie sans Cl a rendu la télépathie moins mystérieuse en nous rendant plus concevable ce milieu de nos organes. En 1893 (/.e Temps, 12. viii. gS), Pouciiht doutait de la possibilité « d’une influence, d’une vibration nerveuse se propageant sans conducteur matériel * ; douze ou quinze ans plus tard, le colonel dk Hoc.uas (Frontières de lu Physique, sub iniliam) écrivait, en parlant de In télépathie : a L’explication qu on peut donner de ce phénomène n’est ni plus ni moins siire que celle du télégraphe sans fil » (cf. abbé VéhonNRT, docteur es sciences, Itey. du Cl. Français, 15 fév. 0^, décrivant les centres cérébraux des deux

« télépathes » comme un transmetteur et un récepteur

de télégraphie sans fil). Aussi le phénomène de la télépathie, malgré son caractère mystérieux à l’origine, sort-il du cadre de l’occultisme pour solliciter les explications les plus naturalistes (Grasset, L’occ. h. et a., pp. 314 sqq. — Joire, llevue du monde im’isihlc, 1902, p. 625 sq. — Staiioiînmaikr, Die Magie ats experinientelle Natuniissenschaft, 1912, Leipzig, liv. VI, passim, et p. 133. — Bechterkw, I.a suggestion, etc., pp., 54-55).

Mais l’occultisme rentre en scène dès que les faits prennent des proportions extraordinaires. On admet comme naturels et concevables des contacts de pensée entre personnes qui se voient ou se touchent (rHm/<e/7aftrfis » /e, Grasset, 0. c., p. 120 sq. — « transmission de pensée improprement appelée télépathie », — J. Filiathk, Hypn. et magn., etc., chez Genesl, S' Etienne, p. 321, — Muskellesen, Staudknm.ier, I.c.).

Certains cas ont été bien étudiés, notamment celui du tils du D' Quintard, qui lisait les pensées de sa mère pourvu qu’il n’y efit pas d'écran entre elle et lui (Itevue du monde irn’isihle, année 1902-08, p. 360 ; cf. Mgr Fargbs, /.n Télépathie, 1919, lionne Presse).

Mais dès que les deux télépathes » sont invisibles l’un à l’autre, et à une distance telle qu’aucune perception ne soit habituelle entre deux êires, de quelle nature peut être leur communication ? Electriques ou non, que peuvent représenter, les ondes qui vibrent entre eux ? Pourquoi et comment vibrent-elles ?

Il faut convenir d’abord que les faits sont rares. Les occultistes et théosophes vont souvent chercher si loin leurs exemples, que leur expérience est manifestement pauvre (cf. Nralr, The unseen wortd, pp. 35-38. citant deux faits datant respectivement de l’an lij^oet de l’an iSSg ; — G. Delannk, la Revue spiritc, citant, en avril igi' ; , des cas anciens d’au moinscinquanteans ; — Ch. Marteaux, Annecj', 1906, In cas de télépathie au Moyen Age). Mais les faits récents sont rares, peu concluants (cf. Duchatbl, 1137

OCCULTISME

1138

L’nquêle sur des cas de psychométrie, janv.-déc. 1909, citant des erreurs, p. 78, 70, et des résultais positifs interprétables par coïncidence ou pronostic normal, p. 51 ; — cf. Vascuide et Pii’ : i<on, sérieuse Cunliih. expérim. à l’étude des phénom. létépatlt. iu Bull. inst. général de psychol., mars-avril ii)02, i>. 15 :

« une fois sur vingt, il y avait cninoidence entre

[les] idées » d’ailleurs simples des deux expérimentateurs). D’autres faits vraisemblablement authentiques (cf. H. DE Pauvillk, Journal des Débuts, 27. XII. 1906) ne concernent que des impressions vajjncs, des sensations d’angoisse ou d’appel qui ne correspondent pas exactement à la pensée du « correspondant ».

Les occultistes tirent parti de cette imprécision pour insinuer qu’il faut faire appel à leurs mystérieuses ressources, au gré desquelles ils promettent ce que la science officielle ne réalise pas. Mais, en ce qui concerne les principes, ils ont tant et si stérileiiu’ut embrouillé la question par leurs théories (matérialisalinndes esprits, du D’^Pol.rcas, Athènes, inipr. Hestia ; — idéalisme adducteur de Monleait, Eludes télépath., 1907 ; — chimie co/iVà’e d’ANiiEi-o, cité par Mann, Cosmogonie et force pensée, p. 37) ([ue les psychologues et les psychiatres ont vu d’un mauvais œil la télépathie. Vascuide a prononcé le mot d’hallucinations télépathiques, ce qui peut con-A enir aux 76 erreurs observées sur 78 cas (/.c.v //. t., p. 40), mais non aux deux cas qui ne sont pas des erreurs, l.e i’Christian (Arch. de neurol., n° 86) est allé plus loin : traitant la télépathie comme une halliu’inaLion et l’hallucination comme une folie, il lonclut que tous les phénomènes de vision, d’évocation, etc. <( ont pris naissance dans le cerveau des hallucinés », et que tous les visionnaires, même s’ils ont « changé la face du monde ii, sont des aliénés : si l’on classe dans cette catégorie Socrate, Jeanne d’.Arc, Luther, saint Ignace, sainte Thérèse, et Pascal, génies très inégalement vertueux mais tous exceptionnels, sait-on encore ce que parler veut dire’.* — Sur le terrain des faits, les occultistes ne réalisent rien. Tous les faits de télépathie dûment contrôlés sont spontanés (cf. /îui/. Inslit.gén. de psychol., année 1901, pages 20, 45, ’|6, 76). On ne nous apprend pas, et pour cause, à les provoquer. G. do Prki. (Die M, igie als A’aturti’(ssenschnfl, t. ii, c. vu) a beau vouloir me rendre fernsehend (lucide) : il faut que je sois déjà tel (cf. D’OsTv, I. acidité et fntuilion, Alcan, 191 3). Kii d’autres termes, la télépathie, la télesthésie existent, sporadiquement, sans savoir comment ni pourquoi ; la suggestion à distance, la transmission de pensée n’existent pas. Il y a des phénomènes de coniraunication passive, non active. Il y a loin de luGedanl. enphotographie dont parlpSTAUr)ENMAiKR(lib.’VI, 2) a ces coïncidences fortuites qui font tout au plus lisquer à "VAsoiiinE l’hypothèse d’une « harmonie inlellectuelle préétablie » (p 95 de ses Ilulluc. télép.).

L’occultisme n’a pas ajouté grand’cliose à la lélé[lalhie : des promesses charlatanesqiies sont à peu près tout son lùlan (cf. le Traité de BfiLus pour la deiouvrte des personnes disparues, 191 1 : « la réussite dépend en partie de la valeur intuitive de l’opérateur, p. 6 -i ; — cL slus^’i Se. et Magie de dim {">) HniiNNUs DE Mfi.f.dm, p. 116-117 : conseil.-mx jeunes lilles nnur voir leur futur mari. Les réclames dont le livre est émaillé, voir p. ex. p. 16=S, montrent à quelle espèce de science on a afTalre). Même les inlerventions diaboliques sont rarement prcsumables dans l-i suggestion à distance. Le démon est reconnaissable dans certains avertissements, dans certaines notions des réalités lointaines ; et lEglise, comme on sait, a fait de la révélation des secrets éloignés un signe de la possession diabolique. Mais

oc phénomène est bien différent de ia télépathie. D’abord, il n’est pas constitué par un changement d’état, par une simple émotivilé du « récepteur », mais par une notion intellectuelle : or, qui dit télépathie ou Iclesihésie, dit sensation alVeclive ou perception. En outre, le secret du transnielteur n’est pas éii.is au loin comme un mess.Tge, puisqu’il n’est même pas communiqué à l’entourage. Par délinition, ce n’est pas là la télé|)atliie ; ce n’est j>asun pliénomène humain, mais surhumain, explicable par l’intervention d’un pur esprit. Dans certaines (I épidémies » de possession, chez ces foules troublées par des invocations i)lus ou moins explicites du démon, comme on en a vu dans les luttes de l’hérésie contre l’Eglise, par exemple à l’époque des Couvulsionnuires (v. ce mot) de Sainl-Mcdard, ou lors de la révolte des Camisards (cf. Blant, Inspiration chez les Camisards, Pion, iSSg, et Le Merveilleux dans le Jansénisme, 1855 ; voir aussi BizoUARD, Rapports de l’h. oirc le démon, 1. XI, oh. iii, t. III, p. 27), les phénomènes d’exaltation de

I intelligence (vision à distance, don de parler ou d’entendre des langues inconnues z= xcnoglossic et xénacousie, etc.) se manifesièrenl spontanément. Nous croyons avoir montré (dans nos conférences de 19Il et de 1913 à l’Institut catholique : cf. lietue du Clergé Français, t. LXXII, p. 50 et p. 17/1 sq.) que ces phénomènes ne peu ent pas être expliqués par la mémoire polygonale, ni par aucune des trois prétendues ressources que l’on invoque pour éluder le préternalurel : automatisme psychologique, contagion mentale, forces inconnues. Pour puiser dans le subconscient, il faut y avoir mis quelque chose. On ne peut improviser dans une langue inconnue une réponse inédile à un cas nouveau.

! ^ 2).4clioti à distance de la matière sur l’esprit. —

II semble qu’il existe des forces inconnues de la nature quiouvrentà l’incrédulité des perspectives troublantes, mais qui ne paraissent telles qu’à un regard superliciel. Inconnues ou non, nous l’avons dit ailleurs (voir GuÉRisoNS miraculeuses), les forces de la nature se reconnaissent à leur constance. En outre, rinlelligence humaine entrevoit toujours, jieu ou prou, un rapport entre la cause et l’elTel des lois de la nature, et quelquefois rattache le processus des phénomènes à des lois générales qui en expliquent plusieurs. Au contraire, l’occultiste vise à mettre de l’imprévu dans les résultats, de l’inconditionné dans les tentatives, de l’inconstant dans les causes. Les phénomènes sont conditionnés pour lui, non par des phénomènes, mais par des interventions libres, extemporanées. contingente’^, qu’il affecte de régler ou de conjurer. Il tente de substituer des personnes aux choses, et traite celles-ci comme celles-là. De là le pouvoir mystérieux attribué aux fétiches, amulettes, talismans, philtres, incantations. En dehors de l’effet normalement attrilmable à la crédulité du porteur, qui agit [)lnB ou moins inconsciemment dans le sens octrojé à l’amulette, et qui fait réussir lui-même le prétendu agent de son succès, il est clair que ces engins de la superstition sont des restes d’une sauvagerie primitive dont l’enicaciîé préternaturelle. discutée ailleurs (voir mac.ik), est au moins contestable. En ce qui concerne la baguette des sourciers (v. c. m.) il n’y a pas lieu de considérer comme occulte le pouvoir ni même l’intention de ceux qui s’en servent.

C) PnîVriiNDUB action de i.’occultismb sur. i, b composv ; HUMAIN. — Nous ne reviendrons pas ici sur ce qui a été dit pius liant de la médecine spagyrique el des recettes astrologiques à destination médicale. Nous ne voulons psrlersous la présente rubrique que des actions occultes sur le corps et l’âme à la 1139

OCCULTISME

1140

fois. Les prétentions de l’occultisme en ce sens sont assez variées.

^i) influences » bénéfiquea n. — Elles sont rares. La sorcellerie n’est pas bienfaisante par essence. Les quelques recettes de médecine tunuaine (Lancelin, SoiceVerie descamp., p. 355-44^) ou vitérinaire (Gilbert, Le sorcier des campagnes, pp. 252-253) qu’on impute aux sorciers, sont généralement de menues avances faites au rlient pour gagner sa conliance et parce qu’  « on ne prend ])as de mouches avec du vinaigre ». La notion de guérison rituelle ou mystérieusement régulière, dibtribuée pai- des procédés spirituels, a pu trouver sa place dans des religions. Le Talmud l’a entretenue concurremment avec celle des causes morales des maladies (Brecher, /.a.Magie et les guérisons magiques dans le Talmud, Vienne, 1850, p. 162 sq.) ; par contre, le peuple juif auiait été entretenu dans une sécurité complète à l’égard des influences astrologiques (ibidem, p. 153-154). — Le catholicisme a fait une place aux charismes dans l’amendement des souffrances même physiques (Dom MARKCUAUX, /fe »’ue du monde iniisiljlt, i y02-o3, p. 300) ; mais cette notion n’a rien decommun avec celle d’une influence magique ou bénélique agissant e.r opère operalo. — Au reste, l’occultisme diabolique pourrait opérer des guérisons non pas miraculeuses, certes, mais encore étonnantes ; cela n’est pas contradictoire avec la puissance du démon, ni même avec sa malfaisance, car. en vue d’un mal plus grand, il peut en suspendre un moindre (Ribbt, Mysl. di ; et diat/iil., 111^ vol., p. 361 ; voir GriinisoN « ).

§ 2).Uo/e/i’ccs. —Beaucoup plus habituels à l’occultisme sont les nialélices. Ils ne sont pas rares, même de nos jours. La suggestion et la crédulité pourraient expliquer l’émotion universelle que déterminent dans les campagnes ces seuls mots : jeter un sort (Gilhrrt, op. cit., p. 171) ; mais les occultistes eux-mêmes revendiquent ce pouvoir : <, autant vaut ne pas frayer avec un sorcier », écrit Lanciîun (op. cit., p. 347) et il continue : u il peut sembler étrange qu’en notre temps de scepticisme je donne un pareil conseil… mes études m’autorisent quelque peu à parler en connaissance de cause ». Bosc (glossaire, sub verho) parle aussi de certains maléûces (ligatures ) propres à détourner le mariage de sa (in. Dans tel cas particulier, il n’est pas toujours facile, en pareille matière, de discerner l’inhibition pathologique de l’effet préternalurel. Mais il existe au Rituel de l’Eglise une formule ad hoc. qui abolit l’effet de ces malélices mieux que toute suggestion médicale dans les cas qui en déterminent l’emploi. Lors même que le maléûce agirait comme une suggestion par l’intermédiaire du système nerveux, ce serait encore un maléfice ; et l’occultisme n’en aurait pas moins été inspiré par l’enfer, en découvrant une pareille trouvaille bien avant que la science ail pu la concevoir.

§ i) Envoûtement. — Parmi les maléfices les mieux déiinis, les plus universellement connus, pratiqués, ou essayés, il faut faire une place spéciale à l’envoûtement. L’envoûtement consiste en un essai magique de substitution d’une chose à une personne, pour nuire à la personne éloignée en s’acharnant sur la chose (toit ou vultus, visage, forme, figurine, statuette ou poupée à l’image de la personne : cf. Decrkspe, On peut envoûter, p. 10, et Kerdaniel, Recherches sur l’Envoût., p. 1) — Que cet essai soit universel, voilà ce qu’on ne peut nier : « Que [les figures] proviennent de l’ancienne Italie, ou du Mexique, ou de l’Allemagne moderne, elles ne dilTèrent point sensiblement » (Hubert, col. iSi’j-iSiS, article Magie). Dans tous les temps et dans tous les pays, les hommes ont cru qu’en frappant ou en piquant une

figurine (moyennant certaines incantations pour que le coup subi par la figure fût éprouvé par la personne), ils pouvaient nuire à leurs ennemis. Hkho-UOTR a noté les pénalités dont les Scythes punissaient cette pratique ; les XII Tables prévoyaient également le cas (ICrhoanikl, p. 16), et à bon droit (cf. les inscriptions commentées par U. Gagnât, loc. cit.. p. 164, etc. : (1 Je voue aux démons Rufa… »). Le moderne /etlature ou jeteur de sorts trouve un ancêtre dans l’aain des Arabes (Kbrdakiel, p. ja) ; et les sortilèges auxquels Ovide ou Horace font allusion (La.ncklin, Ternaire, p. 43) se recommencent de nos jours en Ecosse (immersion de la poupée à envoûter ou corp cher), en Malaisie, au centre de l’Afrique, et même en France, s’il faut en croire Fhazrr (Le Rameau d’or, pp. 13-15 et ^3). Ces pratiques ne sont pas incompatibles avec la foi, qui les rend seule valides, autant qu’illicites, dans l’esprit de ceux qui les accomplissent : celui-ci va jusqu’à faire dire une messe noire (cf. Bladk, Çhutorze s uperstit ions, ci, cyaiTFRzKR, p. ^3) ; celui-là conseille une prièreà saint Jean-Baptiste (BoL’RGEAT, luile d’Isis, igi’i, pp. 242-2^3). Le même ose invoquer un texte pViiPfél’q"" (" Vous ramasserez sur la tête de vos ennemis un charbon ardent », id., : Vagie, p. 13a) ; telautre joint le remêi’.e au mal, une lam[>e alimentée de « l’huile du saint autel », ou aratty (Bosc, Petite £ncrclop., p. y4-9t>) Mais que cette force soit occulte et efficace, c’est autre chose. La cérémonie n’est pas toujours maléfique. Hknry croit que, dès l’antiquité hindoue, l’amant qui décochait une flèche au cœur figuré de l’amante accomplissait un simple symbole (.Magie dans l’Inde antique, p. lai). — L’envoûtement d’amour n’est introuvable ni dans l’antiquité romaine (Fahz, De poetarum Romanorumdoctrina seZec< « , thèse 1904, ch ii)ni dans les temps modernes (DRkgkault. Les Env. rf’amoHr, Chacornac, 1909 ; Gallais, Mystères de la magie, p. 338-339). Mais ces pratiques sont faites en présence de l’objet qu’on désire fléchir et tiennent de la fascination magnétique ou de la suggestion hypnotique Efficaces peut-être dans des conditions qui n’ont rien d’occulte, et qui blessent la morale ou la raison, mais sans déconcerter aucunement la foi, ces envoûtements ne sont pas intéressants pour nous.

Autrement suspect et dangereux pour celui qui le manie, mais d’une eflicacllé contestable pour son ennemi, l’envoûtement de haine est occulte, au moins d’intention, parce qu’aujourd’hui (C.banès et Nass, Poisons et sortilège^, W vol., p. 351-353). et à plus forte raison autrefois, les lois naturelles n’ont rien à vor avec les règles empiriques de la sorcellerie. Nombreux sont les récits d’envoûtement ; et, à lire certains historiens, on croirait que les plus grands personnages ont été victimes ou complices du maléfice. Mais il convient, pour mettre au point les ressources lie l’occultisme, de remarquer que les astrologues et envoûteurs de la cour royale (Defrancè, Caih. de Médicis, ses astrologues et.ses magiciens envoûteurs) n’arrivaient qu’à des résultats insignifiants : si l’on trouve les marques de l’envoûtement sur un cadavre, on ne leur attribue pas la mort (p. 107) ; les effets sont" très lents » (|). 1 55) ; tout au plus l’envoûtement, criminel d’intention seulement, a-t-il 1 hâté la fin » d’une victime peut-être timorée, et complice par crainte (p. 17O) ; d’autres envoûteurs (Cahanks et Nass, p. 250) se flattent de donner la mort per venena et verha : c’est l’aveu de l’impuissance des maléfices nus. U convient aussi de mettre au point les responsabilités, et de justifier ceux qui, paraissant détourner le maléfice par la superstition (Cabanes, p. aSG-aS^) comme le pape Jean XXII, n’agissaient 1141

OCCULTISME

1142

qu’avec prudence et conformément aux rôgles de la nature en s’entouranl d’objets propres à éprouver les poisons et de chimistes aptes à en discerner les priipriétés.

Dans des expériences modernes et retentissantes, le colonel dk Rochas a rajeuni la queslion de r.rivoùtemenl (^.c^e/ i"r. de la sensibilité, cli. ni-iv). Mais il y a loin des résultats de ces expériences (cC. I’ai’US, Peut-on envoûter, p. 8) praticiiiées sur un sujet averti et voisin, à un enoiilenient lointain : de ce dernier phénomène, Rochas (Exléi. sensib, , p. y-i-gS) déclare ne connailre qu’un seul cas, non constaté par lui ! La question reste en suspens (cf. alihé GoNDK, Jteiue de PInl., igi^, p. 617).

^ /() Prétendue création d’homu/icules. — Une des (iiftcntions les plus osées de l’occultisme est la créalion des hoinuncules, hien à leur place dans le roman déjà cité d’Anatole France, mais que beaucoup s’imaginent avoir existé réellement. Paracelse enseignait que l’homnie peut à son g^ré créer en son laboratoire ces hommes ou femmes artiliciels… par la concentration d’une quantité déterminée de semence humaine ». Cette immonde et monstrvieuse lêverie

» apparaît aujourd’hui ce qu’elle est : une impossibilité ;

' la découverte des spermatozoïdes aurait appris à Paracelse, si l’occultisme l’avait laissé croire qu’il gnorail quelque chose, l’inaptitude radicale de la si’inence humaine » à devenir tin homme. Il n’y a |i ; is, dans la nature, de parthénogenèse, même virile ; t le tissu génital de l’homme n’est pas plus de la ^(Miience humaine que l’ovule seul. Il est regrettable [uedcs « vulgarisateurs « comme ¥iGViEn{/.'. 41 chimie, p. 3^-35 et 78) et des publicistes (comme Finot, /es Uumuncules d’hier et d’après-demain, p. bo6 sq. delà Revue des Jleviies, iSyj) aient cru devoir parler de

; elte chimère, — le premier il est vrai pour mettre

en lumière le fiasco retentissant de Bossi, i|ue son homunculus « avait quitté » quand le nonce du pape lemanda à le voir, et l'échec piteux de I’aracc ; Ise lui-même, réduit à donner le nom d’homvncules aux Doupées des envoùteurs, — le second pour troubler

; ertains lecteurs naifs par des équivoques |ierlideset

des insinuations absolument anliscientifiques. Quel

I charme étrange » pourraient avoir ces a créatures « , lont la description aurait « égaré la raison » de nos lieux (p.50' ;)? Comment peut on dire que leur exis ; ence est hors de doute, sur la foi de Kiesewetter, et iflirmer en même temps que ce sont des elfes (p. ôi 1)? Comment sont-ce des elfes, s’ils mordent ? Et comment niordenl-ils, s’ils sont des automates (p. 511>12)? Cet article « tendancieux » veut seulement aous faire croire que les savants sont à la veille de

créer la vie ». Mais il est un peu tôt pour se

II mander ce « que vaudront ces organismes vivants le es par l’homme en dehors de la femme » 1 L’occulisme, en pareille matière, ne saurait réussir que les frau’les grotesques (cf. Figuikr, o/}. cit., p. 82). Vlême au temps de Paracel< ! e, oii pouvait s’en douter, ar WiKR (op. cit., pp. 415-^l7, vol. 1) a repoussé

; omme des u menteries 3 la prétendue parthénogéticse (le certains hommes ou animaux fabuleux Même

m temps de Paracelse, on a surpris en flagrant délit l’imposlure de prétendus créateurs non pas même i liommes, mais d’yeux humains (Gilbert, AutreI / « et aujourd’hui, p. 64).

S : 5) Zoanthropie. — Les occultistes ont cru trouler une justification de la théorie du corps astral Jans une série de phénomènes plus ou moins conslalés, plus ou moins fabuleux, auxquels on a donné le nom générique de faits de zoanthropie. Certains Ibommes auraient, spontanément ou par sorcellerie, e i)ouvoir d’apparailie à distance sous les traits l’un animal, d’un loup par exemple (lycanlbropie) :

de là la croyance aux loups-garous. Le roman d’Apulée, V Ane d’or, viserait une apparition du même genre. Les occiillrsles expliquent le fait par une extériorisation du corps fluidiqueou astral, ou aérosome, qui change de forme en s'évadant du corps physique. Ils allégueraient même qu’on a photographié ceeorps astral (Paplis, H(nons invisibles, p. -i-j). Maison ne l’ajamaispliotographié à grande distance, ni sous les traits inhumains d’un àne ou d’un loup. Et ces « sorties en astral » (Uocrgbat, p. 84-85) s’expliquent beaucoup plus simplement par un délire de dépersonnalisation provoqué par des poisons doués de cet effet habituel (bellador.e, haschisch ; Rochas, p. 80 sq.). Une fois ce délire obtenu ou provoqué parle sorciersur lui-même, celui-ci le fait partager à d’autres, grisés du même principe, et chacun le voit àne ou loup. Les faits cités par BouRGUAT(p.107) et qui lui sont personnels semblent donner a croire que des jiersoniiages ont été frappés à distance du lieu où ils se trouvaient, ou sous une forme méconnaissable au lieu où ils se trou aient réellement. Mais nous ne savons laquelle de ces deux alternatives l’auteur entend soutenir, ce qui jette une certaine indécision sur sa thèse. Les a faits » cités par Gi ; lin (Légendes de sorcellerie, Ligugé, 18g8) sont aussi peu éloquents que des légendes. L’auteur dit lui-même. « On aura rcurarqué dans la trame de ces récits légendaires une certaine incohérence. C’est d’ailleurs le propre du merveilleux d'échapper à toute logique. » Nous ne savons pas, dans ces conditions, ce qu’on a voulu nous prouver. Car ce n’estpas le propre d’une preuve d'êlre illogique.

D) Prétendue commdnication avec lks morts. — La question sera étudiée à l’article Spiuitisme.

III. Coûclusicn. — De cette longue étude on peut dégager, croyons-nous, que la science n’a rien à gagner à l’occultisme. Sans doute la vraie doctrine contient une « manne cachée » (/mit., l, i), mais dans l’ordre surnaturel. Dans l’ordre naturel, la vérité est faite pour le grand jour, l’Evangile ne l’a pasdémei ; li (Malth., V, l5). L’occultisme favorise le mensonge, l'équivoque et le trouble. Lancelin lui-même l’a avoué : le sorcier, dit-il, n’a qu’un but, augmenter son ascendant. Il Delà l’obscurité voulue de ses formules, qui lui permet de s’enorgueillir de toute réussite, et de rejeter tout échec sur la façon défectueuse dont on les a mises en pratique..> (O. c, p. 81) Un autre méfait de l’occultisme est de faire douter du librearbitre : fée vient de fatu (MmeGoYAU FiiLix-F’AURS, /.(/ vie et la mort des fées, p. b-j). Mais le grand danger de l’occultisme, son forfait, est de dénaturer le transcendant, de le voiler sous des énergies expérimentales, maniables, séduisantes, et de faire ainsi le jeu (lu démon. Tout se passe, dans l’occultisme, comme si une intelligence surhumaine, mall’aisanle, analogue à elle-même dans tous les temps et lieux, utilisait notre curiosité en vue d’obtenir de n(ms, à la faveur de satisfactions précaires, un hommage et un culte. Assemblées mystérieuses, doctrines invariables, rits secrètement transmis, tout dans l’occultisme a ras|)ect d’une religion à rebours, excepté ce qu’on en voit du dehors, appât subtil et en apparence inofl’ensif ou aimable d’une curiosité tant>'>t cupide, tantôt impure, toujours orgtieilleuse et troublante. Il n’en faut pas plus pour expliquer l’attitude de l’Eglise vis-à-vis de l’occultisme, et il est téméraire et injuste d’alléguer qu’elle le rappelle ou l’imite en quoi que ce soit. Infécond pour la science, l’occultisme est dangereux pour la foi comme pour la raison. Son espoir désespérant des réincarnations ruine la dignité comme la charité. « L’Eglise catholique promet moius et donne plus. » (Roohe) 1143

ORDINATION

114^

Bibliographie. — Nousn’njouterons pas grand’cbose aux références que nous avons insérées dans le texte uiéine de cette étude. Il y a toutefois un certain nombre de Répertoires, etc. où l’on puisera avec fruit. Nous les signalons ci-après : Article Occultisme de la Grande Encyclopédie ; de Gauïons, /Jist. de la tnas ; ie et de la Sorcellerie en Inance, Dorbon, 1910 ; Vve-Plessis, Essai d’une flibliograpliie franiaisc, méthodî'/ue et raisannée de la Sorcellerie et de la Possession démoninqne, préface par de Rochas, 1900 ; Heinemann, volumineuse Bihliograpliie en III volumes, Berne, 1901), sous le titre : Aberglaube, etc. ; King, Occull Hevtarc/i, 1897 ; Gore, l.ist of ivorUs relalmg to ttitcltcraft in Europe, New-York, igii ; /l’ei’nt (/ « Monde Invisible, passiiu ; Heine d' Apologétique, V' février 19 10 (Mgr Farges) ; Itevue de Fiulosuphie, 1902, 11, 39'i(M. 1 abbé Pacheu) et ig14, pp. 50Il et 626 (M. l’abbé Gondé) ; J. de Tonquéilec, Introd. ù l’Etude du Merveilleux et du Miracle, (ûi&z Beiiiicbesne, 1917 ; L. Roure, Le merveilleux spirite, cbez Beauchesne, 1917.

Robert Van dkr Elst,

Docteur es lettres, Docleup en médecine,

Churgé deconfârences à l’Institut catholique de Paii-..