Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Théosophie

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Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 4 – de « Persécutions » à « Zoroastre »p. 835-840).

THÉOSOPHIE. — I. Histoire. — II. Doctrine.

— Dans une audience plénière tenue le mercredi iG juillet 191 9, la Sacrée-Congrégation du Saint-Oflice, à un doute ainsi proposé : « Les doctrines dites actuellement théosophiques sont-elles conciliables avec la foi catholique ? Est-il permis en conséquence de donner son nom aux Sociétés tuéosophiques, d’assister à leurs réunions, de lire les ouvrages, revues, journaux ou écrits théosophiques ? » a répondu après mùr examen : t A’on, aux deux questions. »

Cette décision, approuvée par Sa Sainteté Bbnoit XV, le 17, a été promulguée le icj, et publiée dans les Acta Apostolieat Sedis (I er août 1 919, p. 317).

Il ressort des termes mêmes de cette déclaration que les catholiques doivent s’interdire toute participation aux Sociétés théosophiques, « ’en retirer s’ils en faisaient partie, et considérer les doctrines qui s’y enseignent, les initiations qui se pratiquent dans les Loges et les ouvrages qui s’y débitent, comme incompatibles avec la profession loyale du christianisme catholique.

Pour expliquer cette décision, il ne sera pas inutile de présenter brièvement l’histoire des Sociétés théosophiques et d’en rappeler succinctement les enseignements majeurs.

I. Histoire.

« Les » Sociétés théosophiques. — Ce pluriel est

d’usage relativement récent : c’est en 1913, en effet, que les sections allemande et suisse de la première Société théosophique, d’accord avec un groupe de théosophes français dirigé par Mme Alice Bellecroix, ?4M. Edouard Schuré et Eugène Lévy, ont fait sécession, à la suite d’incidents qui seront résumés plus bas.

Jusqu’alors, en dépit des tendances de l’école théosophique de l’Europe centrale, dirigée par le Styrien Rudolph Steiner, l’entente s’était maintenue entre ces nouveaux venus, cherchant île préférence leurs ancêtres dans la tradition hellénique, et l’ancienne école, anglo-américaine, prenant ses inspirations principales dans l’Inde.

C’est à cette dernière école qu’est due la fondation en 18/5 de la première — et, jusqu’en 1 9 1 3, unique

— Société théosophique. L’histoire de la Société se confond pendant ces quarante années avec celle des deux femmes qui en ont été l’âme.

Mme Blavalsky. — Russe d’origine, mariée au général Nicéphore Blavatsky, Hélène Petrovna de Hahn resta veuve de bonne heure et voyaga en Orient, puis aux Indes, où elle se fit initier aux sciences occultes par des maîtres indigènes. Après un premier essai infructueux pour fonder en Egypte une société de spiritisme, Mme Blavatsky passa en Amérique et réussit, avec l’aide d’un journaliste américain, le « colonel » H. S. Olcott, à établir un groupement autonome qui prit le nom de Société théosophique (New- York, 17 novembre 1870). Energique, intrigante, douée de remarquables facultés de médium, la fondatrice commença dès lors une propagande qui donna de nombreux adeptes à la jeune Société. La nouvelle organisation rallia peu à peu tout ce qui, dans le mouvement occultiste, est plutôt philanthropique, exotique, artistique et mondain. Avec un art consommé, Mme Blavatsky recueillit et fondit en un seul corps les principales traditions de l’occultisme : des éléments empruntés aux mythes de l’antiquité classique, à la magie, au gnosticisme voisinent, dans VIsis dévoilée, avec les notions prises aux religions et aux philosophies de l’Inde. Toutefois, dans cet évangile de la théosophie, comme dans les ouvrages successifs qui le commen tèrent ou le résumèrent (Isis unveiled, 2 vol., 187.5 ; /’hc secret Doctrine, 6 vol. ; The Key to Theosophy, 1889), c’est l’élément hindou qui l’emporte de beaucoup : à peu près toute la terminologie, les classifications et notions principales viennent de l’Inde. C’est dans l’Inde également, à Adyar (près de Bénarès ), que fut établi et est encore le sanctuaire central et le centre de la Société. C’est là que s’opérèrent les « merveilles » dont Hélène Blavatsky se prévalut jusqu’au jour où une enquête scientifique, dirigée sur place par la Société des Recherches psychiques de Londres, fit justice de ces jongleries. (On trouvera ce rapport, accablant pour la Société théosophique, dans les Proceedings ofthe Society for Psychical Research, déc. 1884 : Report on Phenomen.i cunnected with Theosophy, p. 209-401. On connaît par ailleurs l’autorité hors pair de la Société des Recherches psychiques de Londres, dirigée par les Professeurs H. Sigdwick, F. W. Myers, F. Gurney, R. Hodgson, MM. Arthur et Gerald Balfour, etc.).

Fort atteinte par ce coup, la Société le fut davantage quand plusieurs des dirigeants, M. Olcott et Mme A. Besant, entre autres, crurent avoir la preuve qu’un des vice-présidents, l’Américain W. Q. Judge, fabriquait de toutes pièces les messages que des théosophes conûants attribuaient aux Mahâtmas tibétains, dépositaires prétendus de la Sagesse antique. Vieillie, Hélène Blavatsky avait fermé les yeux sur cette déloyale pratique ; à sa mort, elle laissait la Société en fermentation : une femme allait sauver son œuvre.

Mme Annie Besant. — Sur cette femme, nous sommes abondamment renseignés par une suite de conûdences autobiographiques, dont la première raconte l’histoire jusqu’en 1895. Elevée dans levangélisme le plus austère, allant jusqu’à l’exaltation inclusivement, Annie Wood fut mariée à un ministre anglican très positif, le Rev. Frank Besant. Bientôt mère de deux enfants, la future théosophe fut vite lasse des exigences de la vie de ménage. Sa foi anglicane, sa foi chrétienne vacillèrent ; finalement, elle s’enfuit, brisa avec son Eglise, déserta son foyer, et s’engagea comme cuisinière pour gagner sa vie.

Peu à peu, cette femme intelligente émerge : elle a partie liée avec le fougueux athée Bradlaugh, prêche le matérialisme et le malthusianisme le plus crus, se mesure dans de tapageuses conférences avec des pasteurs dissidents, publie un Manuel du librepenseur en deux volumes. Dix ans de cette fiévreuse campagne n’ont pas raison de son besoin d’action : dégoûtée du matérialisme par la vue des matérialistes, Annie Besant rencontre alors Hélène Blavatsky, qui la conquiert, la magnétise, l’initie. Elle est désormais, et sera de plus en plus, l’âme et la voix de la Société théosophique : avant même de succéder à Mme Blavatsky, comme présidente, Mme Besant — qui s’est fait initier entre temps à la Franc-Maçonnerie proprement dite 1, — se fixe à Adyar et, de là, par ses écrits, par des campagnes triomphales qui la ramènent périodiquement en Europe, raj’onne sur le petit monde théosophique. En 1903, Pierre Loti paye d’une page enthousiaste le bon accueil qu’il reçoit à la maison des Sages (l’Inde sans les Anglais, 1903, ch. vi). Le Congrès de Paris, en 1906, marque l’apogée du prestige d’Annie Besant. Désormais, les dif 1. Une loge maçonnique, le Droit humain, fonctionne dans le sanctuaire théosophique d’Adyar. La revue la Lumière Maçonnique (septembre-octobre 1912, p. 473) insère une photographie avec cette légende : « La S.’. Annie qui est placée au premier rang, au milieu, est la S.*. Annie Basant, 33e ; à sa droite est la S.’, I’runcesca Arundale, 33e, etc. ». 1659

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licnltés vont se multiplier, amenées par l’influence rivale et en partie contraire du maître styrien Rudolph Steiner (Né en 1861, à Kraljévic, en Hongrie. C’est à Munich qu’est le centre et le temple de la théosophie « rosicrucienne » de R. Steiner), qui sera pour Mme Resant moins un disciple qu’un émule. Les Loges bavaroises, prussiennes, rhénanes, sxiisses, autrichiennes, et un nombre croissant de Loges françaises, surtout en Provence (quelques-uns des initiés les plus influents, en France, sont des olliciers de marine ou des médecins de la marine), acceptent de plus en plus l’influence de Steiner et de son parèdre féminin, Russe comme jadis H. Blavatsky, Mlle Marie de Sivers. Le plus éloquent des tliéosophes français, Edouard Schuré, et l’un des plus convaincus, M. Jules Sauerwein, sont nettement

« anthroposophes », c’est-à-dire steinéristes.

Les taches au soleil. — Les fautes d’Annie Besant vont toutefois lui nuire plus encore que la concurrence de son rival. Un des plus habiles occultistes de la secte, M. C. W. Leadbeater, après avoir reçu en grande pompe le pansil (baptême bouddhique) à Ceylan, des mains du grand prêtre Sumangala, se livrait à l’initiation des enfants et employait dans ce dessein des procédés et des méthodes qui, une fois connus, « provoquèrent une réprobation unanime au sein de la Société théosophique et bien au delà de ses frontières. » (Voir le très instructif opuscule du docteur Eugène Lévy, Mme Annie Besant et la crise de la Société théosophique, Paris, iç)13). Le scandale fut tel que le Congrès de Paris, en 1906, par une commission que présidait le doyen de la théosophie, le vieil Olcott, cita Leadbeater, et le força à démissionner. Mme Besant adhéra à ce jugement d’exclusion dans des termes qui ne laissent aucun doute, soit sur la gravité des pratiques reprochées à l’inculpé soit sur la vérité des faits. ( « Ce Conseil, qui a été réellement donné [à des enfants, par leur instructeur Leadbeater], ne pourrait l’avoir été dans une intention pure, que par un être atteint sur ce point d’aliénation mentale. » Annie Besant, lettre de juillet 1906, publiée dans la Theosoohical Voice, de Chicago, may 1908).

Cependant deux ans ne s’étaient pas écoulés que la même Annie Besant, qui avait besoin, pour la campagne messianique qu’elle projetait, de la virtuosité occultiste de Leadbeater, demanda la réintégration de celui-ci dans la Société. Leadbeater s’engagea formellement, dans une lettre rendue publique, à ne pas répéter le conseil donné jadis par lui à ses jeunes disciples, conseil qu’il estime « dangereux ». (Lettre publiée en février 1908 par l’organe cfntral de la Société, The Theosophisl, édité à Adyar). Forte de ce désaveu, Mme Besant obtint un vole de confiance des secrétaires de section. Seuls les secrétaires des sections allemande (R. Steiner), et Scandinave, se récusèrent.

Le Messie théosophique. — On passa outre. Annie Besant s’attacha, comme collaborateur intime, et indispensable, le théosophe compromis et, d’accord avec lui, initia un jeune Hindou, du nom de Krislinamurti, âgé de treize ans en 1908. On le baptisa, d’un nom plus coulant, Alcyone, et il fut présenté comme Maître et Messie à l’adoration des théosoplies. Leadlieatcr rédigea des écrits qui lui furent attribués (Trad. française en 1912, sous le titre Aux pieds du Maître, par Alcyone) et s’accompagnèrent d’une biographie où sont racontées au long les trente-deux incarnations successives de Krishnamurti. Un ordre, V Etoile d’Orient, fut fondé en son honneur. Comme si tout cela ne suflisait pas, Mme Besant s’avisa de décrire la préhistoire lunaire du jeune Messie. Elle nous montre dans une hutte un homme (lunaire), sa

femme et ses enfants. Autour d’eux, et parmi ce singes « aussi fidèles que de bons chiens », — il faut ici traduire textuellement et nous ne leur faisons pas dire, — « parmi ces singes, nous reconnaissons ceux qui seront plus tard M. Leadbeater, Mrs Besant,./. Krishnamurti et son frère Mizar. Nous pouvons donner leurs noms futurs afin de mieux les reconnaître, quoiqu’ils ne soient pas encore humains ». (A. Besant et C. W. Leadbeater, Man ; Where-Now-Wither, 1913, p. 34). — On peut voir dans l’opuscule de M. E. Lévy d’autres détails aussi affligeants.

L’histoire sublunaire d’Alcyone n’est pas moins curieuse. Au cours de ses avatars, le futur Instructeur du monde est présenté comme le fils de M. Fabrizio Ruspoli (théosophe italien), alors femme. Rassurez-vous : ceci se passait dans le désert de Gobi, 72.000 ans avant notre ère.

La scission finale. — Trop est trop. Un certain nombre de théosophes européens, de l’observance de R. Steiner — encore qu’ils n’aient pas le droit de se montrer difficiles en matière d’histoire ou de préhistoire — refusèrent leur encens au jeune Alcyone et discutèrent leur obédience à ses patrons. Le delirium messianique de Mme Besant contribua ainsi à rendre inévitable une scission que tout annonçait, dans la Société.

Sentant son prestige sapé par l’influence croissante de Steiner, la grande-maitresse, en effet, multipliait les brimades à l’endroit de la section allemande et de son tout-puissant secrétaire. Provoquée par ce dernier et sachant qu’elle serait obligée de s’expliquer sur Alcyone-Krishnamurti au congrès de Gênes, en 1911, Annie Besant réussit à faire décommander ledit congrès. Prenant l’offensive, elle accusa alors Steiner d’avoir été l’élève des jésuites et de collaborer avec eux pour faire de la théosophie une secte chrétienne ! D’abord un peu étourdi par ce coup inattendu, Steiner se justifia en racontant sa vie, au congrès de la section allemande, mais il se garda de faire sécession. Steiner raconte lui-même l’incident dans ses Mitteilungen de mars 1913, p. 6. Il va sans direqu’il n’eut pas de peine à se justifier, n’ayant jamais été en rapport avec les jésuites sinon pour attaquer, au congrès théosophique de Carlsruhe en 191 1, leurs méthodes et leurs personnes.

Poussée à bout, Mme Besant prit alors une décision extrême et exclut en bloc de la Société théosophique toute la section allemande (2.400 membres), parune lcttreoflicielle datée d’Adyar, 14 janvier 191 3. Steiner protesta pour la forme : sa liberté d’action lui était rendue, son œuvre avait recruté désormais dans les Loges assez d’adhérents pour vivre seule, et tout l’odieux dans les procédés était du côté de ses adversaires. En fait, l’unanimité morale des théosophes allemands, neuf dixièmes des Suisses, quelques Loges belges, alsaciennes, françaises, voire anglaises et hindoues, prirent parti pour son « Anthroposophie ». Il y eut donc, depuis igi 3. deux Sociétés théosophiques.

Le sort de l’œuvre steinérienne pendant la guerre n’est pas actuellement possible à retracer, de ce côté-ci du Rhin’. Pour la vieille Société, où Mme Annie Besant règne encore, elle aura désormais à compter avec le nouvel avatar de sa grande-maltresse qui a fait, au cours de la guerre, une violente campagne pour V Inde aux Hindous. Campagne antichrétienne au premier chef, mais aussi anti-anglaise, et qui a provoqué de la part des autorités britanniques, pourtant très libérales jusqu’alors à l’endroit d’Annie Besant, des mesures assez sévères.

Telle est, brièvement mais fidèlement résumée

1. Ceci fut écrit en 1919. 1601

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dans ses acteurs et épisodes les plus notables, l’histoire des Sociétés théosophiques auxquelles fait allusion le décret du Saint-Oilice. Dès à présent, les lecteurs sont à même d’apprécier a vec quelle justice, quel sens de l’histoire, de la raison et des convenances, les membres des Sociétés théosophiques peuvent se vanter de posséder en elles « la pierre angulaire des futures religions de l’humanité, … le chaînon pur et béni entre ceux d’en haut el ceux d’eu bas » (Annie Besant, Une introduction à Li théosophie, p. ia). Tout homme sage peut juger également de quel droit les théosophes en prennent à l’aise avec l’histoire et les doctrines du christianisme. La courte histoire de la Société ihéosophique montre à l'évidence ce qu’il advient des œuvres fondées sur le sable des opinions humaines et défendues par les moyens qu’inspire la passion de procurer à tout prix le succès à ces opinions.

II. Les enseignements théosophiques. — Sur la nature de leurs enseignements, les plus notables théosophes ne sont pas d’accord. La théosophie estelle une religion ? — Non, répond carrément Mme Blavatsky (The Kej to Theosophy, London, 1893, p. 1 et /|0.) — Oui, affirme non moins clairement Mme Besant (Une introduction à la Théosophie, trad. fr. J. S., Paris, 1903, pp. Il et 12). Mettons que c’est là une question de mots. L’accord se rétablit dès là qu’il s’agit du but à atteindre : religion ou science, connaissance ou gnose, la théosophie est aux yeux de ses adeptes, la doctrine destinée à remplacer toute religion. Elle doit offrir en conséquence un enseignement complet sur Dieu et sur l’homme.

Pas de Dieu personnel. — Sur Dieu, les théosophes font profession de rejeter absolument la doctrine chrétienne, ou même simplement spiritualiste.

« Croyez-vous en Dieu ? » se fait demander la grandemaîtresse par son futur prosélyte. A cette question, 

voici la réponse : « Gela dépend du sens que vous donnez à ce terme. — l’entends par là le Dieu des chrétiens, le Père de Jésus, le Créateur. — A ce Dieu-là nous ne croyons pas. Nous rejetons l’idée d’un Dieu personnel… Le Dieu de la théologie est un tissu de contradictions et une impossibilité logique (sic). Aussi ne voulons-nous avoir rien à faire avec ui (The Key to Theosophy, p. /, a-4a). » On ne peut être plus clair.

« Alors, insiste le néophyte, vous êtes athées ?

— N >n, que nous sachions, à moins qu’on applique l'épithète d’athées à ceux qui ne croient pas en un Dieu anthropomorphique [on notera ici l'équivoque, constamment suggérée du reste par Mme Bla.vatsky. Du fait que les chrétiens (et tout homme qui S’entend)conçoivent Dieu sous les analogies humaines, donc anlhropomorphiquement, l’auteur veut insinuerqu’ils le conçoivent à la façon d’un homme, affecté de défauts et imperfections humaines, bref comme un Dieu anthropomorphe. Mme Blavatsky fait porter sur la notion même de Dieu le défaut dont est nécessairement affectée notre faconde le concevoir]. Nous croyons en un Principe divin universel, dont tout procède et dansjequel tout sera résorbé à la un du grand cycle de l'Être… Notre Déité est It is, au neutre] le mystérieux Pouvoir d'évolution et d’involution, l’omniprésente, omnipotente et même omnisciente Potentialité créatrice 1. »

En deux mots : « La théosophie, en matière religieuse, est panthéiste : Dieu est tout el tout est Dieu »

1. Thr Key to Theosophy, p. 44. On æ demande comment une Divinité non personnelle peut être conçue comme « omnisciente » ; et comment toute cette description ne constitue pns une suite d’anthropomorphismes. Mais il ne faut pas être trop difficile !

(Annie Besant, Why I oecame a theosopkist, London, 1891, p. 18), Ce panthéisme — il y en n plusieurs, comme chacun sait, — est cmanatiste comme ce lui de ses sources indiennes : * L’univers est crée par l'émanation du grand souille de l’unité » (A. Besant, Une introduction à la Théosophie, p. ai).

I.e rôle de l’homme. — Entre le principe ineffable de tout, S A T, et la matière, les théosophes intercalent (sans d’ailleurs leur assigner un rôle constant et délini) un grand nombre d'émanations (Logos, dieux, archanges, éons, Elémentaires supérieurs et inférieurs, etc.) d’une spiritualité de plus en plus mélangée d’impureté. L’homme actuel est le point de réunion entre le divin, l’esprit d’une part, et la matière, d’autre part. A ce titre, il est le résumé et l’image de l’univers, un univers en miniature.

L’homme est un composé instable de sept degrés d'être différents, de sept plans : quatre pour l’homme physique (animal, matériel), trois pour l’homme spirituel (supérieur, divin). Le nœud du composé humain esteonstilué par le cinquième principe (dans l’ordre ascendant), le premier des trois principes spirituels, le Manas : unique dans son essence, le Manas se dédouble pour un temps en s’unissant à la matière. Sous sa formalité inférieure, il régit, anime le corps(composé des quatre principes inférieurs : corps physique ; — principe vital ; — corps astral, c’est-àdire double, corps pbantomatique ; — siègedes passions, de l’attrait sensible). Sous sa formalité supérieure, il tend à dominer le Kâma, l’attrait sensible '.

La mort libère le Manas, et l’homme entre alors, après un stade de dissolution plus ou moins lent, dans un état nommé Dévachan, où il s’assimile les expériences de la vie terrestre qu’il vient de terminer. C’est dans le Dévachan que l’homme recueille ce qu’il a semé : une loi inexorable et absolue dejustice distributive, aveugle, inconsciente, le Karma, régit en effet toute l’activité dévachaniqne. D’après cette loi, mystérieuse et inconnaissable dans son essence, mais certaine dans son jeu, tout homme subit après sa mort les conséquences, physiques el inévitables, de ses actes bons ou mauvais. Ces conséquences, conçues par certains théosophes comme des entités distinctes, par d’autres comme une sorte d’atmosphère, agissent automatiquement et provoquent une réincarnation nouvelle, dans un état meilleur ou pire que la vie précédente, mesuré exactement par la valeur du Karma. En certains cas, le Karma est si chargé qu’il peut faire rétrograder jusqu'à une réincarnation dans une espèce animale. Inversement, le Karma peut, de progrès en progrès, s’alléger tellement qu’il disparaisse, laissant place à la croissance du germe spirituel et divin que l’homme porte en soi. A la limite, ce germe, le Boddhi, étant pleinement évolué, s’absorbera, se perdra dans l’essence universelle. Ce sera le Nirvana (H. P. Blavatsky, The Key to Theosophy, p. 78).

La morale : origines et prescriptions. — La mo 1. Cet exposé se réfère à la doctrine, essentiellement hindouiste (et partiellement bouddhique) de l’ancienne Société théosophique, celle de Mines H. Blavatsky et Annie Besant. La nouvelle Société, issue du schisme de 1913, et à laquelle son maitre Itudolph Steiner a donné le nom d’Anihroposophie, distingue dans le composé humain deux groupes ternaires, l’un matériel : le corps physique, le corps éthérique, le erps astral ; l’autre spirituel : le Moi-ipirilæl, l’Esprit de vie et l’Homme-Esprit. Ces deux organismes sont réunis entre eux pur le Moi, principe individuel, virtuellement triple, qui est le nœud vital et comme le gond du composé humain. Steiner prend soin d’ailleurs de faire coïncider sa terminologie avec celle de la théosophie hindouiste. Là-dessus. R. Steiner, la Science occulte, trad. J. Saueiwein. Paris 1914. 1663

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raie théologique, en tant qu’elle se fonde sur cette doctrine, n’est guère qu’une transcription modernisée de la morale bouddhique. Ce fait explique à la fois, et son caractère essentiellement altruiste, et la noblesse d’un bon nombre de ses préceptes, et l’ascèse bizarre, largement ésotérique, qui en est une partie intégrante. Cette ascèse est complétée par des initiatives qui rappellent, surtout dans l’anthroposopbie steinérienne, les cérémonies maçonniques. (Sur la double initiation steinérienne, voir L. de Grandmaison, la Nouvelle Théosophie, Etudes du 5 mai igi 5, p. 171-179).

Dans l’exposé de cette morale, les théosophes dirigeants s’inspirent avant tout des sources et méthodes bouddhistes, mais sans négliger de prendre leur bien dans les philosophies anciennes ou modernes qui leur semblent répondre à leurs aspirations, notamment dans le stoïcisme ancien et le kantisme. H. P. Blavatsky formule par exemple (The Key to Theosophy, p. 154) cette règle toute kantienne : Le théosophe « doit agir droitement parce que c’est le droit, et non parce que cette action peut lui rapporter du bonheur ».

Cette morale coïncide sur plusieurs points, notamment la garde des sens et la charité, avec la morale chrétienne. Elle s’oppose à celle-ci de la façon de la plus abrupte en tant que, au nom de la loi universelle, aveugle et automatique du Karma, elle rejette comme immorale et impossible toute notion de prière, de grâce, de rédemption et de pardon. Pour les théosophes, le « salut » de chaque homme est exclusivement en lui-même. Tout appel à un Dieu personnel est une flèche tirée aux étoiles, toute prière une faiblesse fondée sur une erreur (ld., Ibid., p. 47 et suiv.).

Théosophie et christianisme. — L’exposé qui précède, tout sommaire et incomplet qu’il soit, montre à l'évidence qu’il y a une opposition, non de détail et relative, mais de fond et absolue, entre le christianisme et la théosophie.

Et en fait, là où ils sont pleinement libres, aux Indes notamment, les dirigeants de la Société ne se font pas faute d’affirmer cette opposition. C. W. Leadbeater s’est fait administrer en grande cérémonie, à Ceylan, des mains du grand prêtre Sumangala, le pansil (baptême bouddhique). Mme Annie Besant, dans une conférence donnée à Calcutta le 25 mars 191 1, mettait ouvertement en question l’existence de Jésus-Christ, et concluait à la négative (voir la conférence publiée in extenso dans The Ilindu (de Madras), 30 mars 191 1, p. 1 1). Deux ansplus tard, dans l’organe officiel de la Société, publié à Adyar, elle proclamait hautement qu’elle n'était plus chrétienne (The Theosophist, Adyar, mars 1913, p. 809).

Déclarations qui pourraient paraître superflues aux esprits réfléchis.

Le christianisme est en effet, et avant tout, la religion d’un Dieu personnel, Père, Fils et Saint-Esprit. La théosophie enseigne que ce Dieu n’existe pas.

« Des critiques peu bienveillants, écrit le vieil

Olcott, m’ont accusé de croire à un Dieu personnel. Il sera impossible à quiconque d’apporter, à l’appui de cette accusation, un seul mot écrit ou dit par moi » (H. S. Olcott, Theosophy, Religion and occult Science, p. 38, note). « La première chose qu’enseignent les théosophes, déclare de son côté Annie Besant, est que toute idée d’un surnaturel existant doit être rejetée… La seconde est la négation d’un Dieu personnel, et de là vient (comme Mme Blavastky l’a remarqué) que les agnostiques et les athées s’assimilent plus aisément les enseignements de la théosophie que les cro3'ants » (A. Besant, Why 1 became a Theosophist, p. 17, 18).

Quant à la Trinité, un certain nombre de théosophes, et Mme Besant elle-même, ont prétendu parfois, pour les besoins de leur cause, en admettrl’existence. C’est là un pur trompe-Foeil. Quand on vient à l’explication, il ne s’agit jamais de Persone nés divines, mais de forces ou d'énergies impersonnelles, groupées en triades et symbolisées par des noms. Ainsi Mme Besant assimile-t-elle la Trinité chrétienne à la Trimurti hindoue, à une lerna de dieux helléniques arbitrairement choisis : Zeus, Minerve, Apollon, aux trois notions fondamentales des matérialistes : cause, énergie et matière, etc. (Theosophy and ils évidences, p. 19).

Le christianisme se donne pour une religion rév< lée par Jésus-Christ, Fils de Dieu, médiateur unique entre son Père et les hommes, et rédempteur. Ces dogmes, qui forment la substance de notre foi, sont tous niés, comme inexistants, impossibles ou immoraux, par les théosophes.

Ce que devient le Christ. — Sur la personne du Christ d’abord, les théosophes commencent invariablement — ici R. Steiner fait écho à ses confrères hindouistes, avec plus de prétentions érudites, mais un égal manque de sens critique — par rejeter absolument le témoignage des évangiles. Voici, entre mille autres, deux déclarations faites la même année par les chefs des deux Sociétés. Annie Besant disait à Calcutta, le 25 mars 191 1 :

« Le matérialiste, le sceptique et le savun vous disent que les témoignages historiques touchant l’existence physique elle-même du grand Maître chrétien, 
!e Christ, sont pratiquement sans valeur. » (The

Hindu, du 30 mars 1911, p. 11, col. 4 « C’est moi qui souligne).

Steiner faisait écho, le 3 octobre 191 1, à Carlsruhe, en ces termes :

« La Science exacte, la Critique exacte nous montrent que, eu égard à la façon dont les faits historiques doivent être désormais établis, on ne peut absolumentrien tirer des sources sur la personne de Jésus

de Nazareth. (Von Jésus zu Christus, ôffentlicher Vortrag gehalten zu Karlsruhe, am 4 Oktober 19 11, von D r R. Steiner, p. 3. C’est moi qui souligne).

S'étant ainsi mis à l’aise avec l’histoire, et désireux de sauvegarder, auprès des naïfs chrétiens qui répugneraient à l’apostasie toute crue, une ombre de christianisme, les théosophes dirigeants daignent accorder, à un Christ plus ou moins mythique, une existence et une autorité que chacun explique et dose à sa façon. Dans ce but, ils ont été emprunter au Talmud « la légende burlesque et obscène » (ce sont les propres termes de Renan) où les Juifs des premiers siècles ont ramassé leur haine contre le Maître de Nazareth. Fable grossière, honte durable du Talmud, rejetée avec mépris par tout ce qui compte dans le judaïsme actuel'. Puisant à cette source empoisonnée, chaque théosophe peut se faire une Vie de Jésus, ou plusieurs et fort différentes, comme Mme Besant par exemple. Dans son ouvrage sur le christianisme ésolérique, elle fait naître « le Christ historique » (qu’elle distingue du a Christ mythique », dieu solaire, et du « Christ mystique », symbole du développement de l’initié) en io"> avant notre I ère ! Suit un petit roman qui nous montre Jésus s’ini-l tiant à l’occultisme dans la riche bibliothèque dul Mont Serbal, où beaucoup de livres « venaient del l’Inde transhimalayenne ». Il parcourt ensuitel l’Egypte, s’y fait agréger à la Loge ésotérique « del laquelle toutes les grandes religions reçurent leur !

1, On peut voir lù-Jessus l’article consacré à Jésus <ians| Ajewish Encyclopedia, vol. Vil (New-York, 1904), p. NT et suiv., par les savant* israélites Jacobs, Kohlcr et) Krauss. 1665

THEOSOPHIE

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fondateur ». A vingt-neuf ans, le jeune initié est investi et possédé par un Seigneur (Bouddha) de compassion, qui l’utilise connue organe, et provoque une opposition violente, finalement meurtrière. Durant cinquante ans, les disciples restent dans l’influence du Maître qui continue de les visiter au moyen de son corps astral, etc. Ceci est présenté sérieusement à ceux qui seraient « arrêtés par les contradictions des évangiles » 1 (Esoteric Christianity, or the lesser Atysteries, l>y Annie Besant, London, 1901, p. 126 et suiv. — La version steinerienne (ou l’une des versions) de la vie du Christ est donnée dans l’opuscule Die geistige Fiihrung des Menschen und der Mensckheit, Berlin, 1911, p- 54-65).

Ce qui importe encore plus que ces détails, c’est la place attribuée au Christ par ceux des théosophes qui maintiennent Jésus de Nazareth au nombre des

« grands initiés ». Cette place, inférieure à celle du

Bouddha Gautama, est sensiblement celle des autres Maîtres ou Instructeurs auxquels les écrivains des Loges prêtent généreusement une existence historique : Osiris, Orphée, etc. : c Qu’il s’agisse de Mithra, Krishna, Bacclïus, Osiris, le Christ, le nom seul varie ». (Annie Besant, Theosophy and Us évidences, p. 19). « Pourquoiaccepterions-nous, demande le vieil Olcolt, comme Société, plutôt Jésus que Vasistha, Gautama ou Zoroastre ? » (H. S. Olcott, Theosaphy, Religion and Occult Science, p. 5g). Plus agressive encore, Hélène Blavatsky n’accorde aucune place à Jésus dans le glossaire théosophique otliciel. K. Steiner propose de voir dans le Christ une réincarnation et une synthèse de Mithra (divinité indo-iranienne) et de Dionysos (Bacchus) (Von Jésus zu Christ us, p. 12).

Ce que devient la Rédemption. — Si de la personne de Jésus-Christ nous passons à son œuvre et notamment à la rédemption, ce ne sont plus des dénégations et des divagations que nous trouverons chez les maîtres de la théosophie, mais des anathèmes.

« Dogme cruel et idiot. » « Ce dogme cruel conduit

ceux qui continuent d’y croire au seuil de tous les crimes imaginables, plus aisément qu’aucune autre doctrine que je connaisse. Ce n’est pas seulement un rêve d’égoïsme, c’est un cauchemar de l’intelligence humaine * (The Key to Theosopliy, pp. 1 45. 150, 151. C’est l’auteur qui souligne les mots : tous les crimes imaginables). Et l’on n’entend pas ici les fureurs d’une femme emportée : c’est bien la doctrine officielle des Loges théosophiques, doctrine seule cohérente avec les principes du salut par l’homme seul, de la self-made destiny et du Karma. « Naturellement, observe H. Snowden Ward, le sacrifice expiatoire de Jésus… ne peut être admis par aucun de ceux qui croient au Karma. » (Karma, p. 5).

Plus habile, devant un de ses auditoires européens (car aux Indes, personne ne la surpasse en violence anticlirétienne), Annie Besant s’avise d’une interprétation théosophique du dogme delà rédemption. La voici : « Qu’est-ce que la doctrine de la rédemption au point de vue théosophique ? C’est la déclaration que la rédemption accomplie par le Christ ne consiste pas dans la substitution d’un individu à un autre, mais dans l’identité de nature entre l’homme divin et les hommes qui s’élèvent vers la divinité ; que la divinité même de Christ lui permet, grâce à cette identité, de répandre sa force et ses secours dans ses frères, divins comme lui, mais qui n’ont pas encore atteint sa stature. » (La Théosophie est-elle antichrétienne ? Conférence en français, Paris iqo4, p. 18).

Le seul sens plausible de cette phraséologie captieuse et délibérément équivoque, c’est que la rédemption consiste dans l’évolution — sur le modèle

Tome IV.

et avec l’aide du Christ divinisé, arrivé au Nirvana

— du germe divin qui est, par identité, le même en chacun de nous qu’il était dans le Christ. Si l’on veut qualilier de « chrétienne » une explication de ce genre, ouvertement panthéiste et ravalant à la mesure humaine la divinité de Jésus-Christ, c’est qu’on n’entend pas ce qui est dit, ou qu’on ne s’entend pas soi-même.

Il nous semble inutile de pousser plus loin cette enquête. La théosophie, dans son principe, qui est le panthéisme émanatiste ; dans ce qu’elle affirme : Karma automatique, réincarnations animales ou humaines, Dévachan, Nirvana, cosmogonie et histoire également fantastiques ; dans ce qu’elle nie et condamne : prière, sacriiiee, grâce, surnaturel, rédemption, divinité personnelle du Christ, incapacité de l’homme seul à se sauver ; dans son terme enfin, qui est la dissolution de toute foi positive, est manifestement incompatible avec le christianisme.

Conclusion. — En terminant la lecture de ces notes, plus d’un lecteur se demandera sans doute comment un pareil ensemble de doctrines, propagé par de tels apôtres, réussit à faire des prosélytes, à troubler dans leur foi des chrétiens en nombre respectable, à motiver les graves avis de Rome.

Il faut, croyons-nous, reporter la première et principale responsabilité de ces aberrations sur l’ignorance religieuse de trop de nos contemporains. Chrétiens par le baptême et par un attachement instinctif, mais vague et mal éclairé, aux croyances traditionnelles, beaucoup d’hommes et de femmes sont à la merci des empiriques de l’ordre religieux, un peu comme les campagnards peu avertis sont à la merci des empiriques prometteurs de santé. L’absence de critique en particulier, si extraordinaire chez les maîtres théosophes, ne choque point ceux de leurs auditeurs qui, esprits positifs dans tout le reste, ont accoutumé de reléguer la religion dans un domaine nébuleux, où règne le pur sentiment D’autre part, la spiritualité de certains enseignements des Loges, la noblesse des préceptes moraux et la minutie laborieuse des méthodes ascétiques empruntées à la vieille Sagesse de l’Inde, fournissent à plusieurs — notamment des médecins et des marins — un aliment et une atmosphère qui les tire du matérialisme épais sans leur imposer ni dogmes révélés à croire, ni pratiques indispensables. La théosophie est ainsi, pour nombre de gens, une facilité et, relativement, un progrès. Doctrine d’initiés, elle bénéficie en outre de l’attrait du mystère. La mode s’en mêle : la perspective de moissonner, dans le grand jardin défendu, un bouquet de fleurs éclatantes ou capiteuses — convictions toujours provisoires, opinions flatteuses qui n’engagent à rien, — séduit bien des esprits.

La médiocrité de la plupart des Instructeurs de la théosophie ne réussit pas toujours à rendre inolTensifs les charmes dont elle prétend détenir le secret. Les pitoyables inventions messianiques de Mme Annie Besan », le jargon scientifleo-spirituel du docteur Rudolph Steiner peuvent paraître souvent bien ridicules aux gens de sang-froid. Mais tout le monde n’est pas de sang froid ; et derrière cette façade prétentieuse déjà lézardée, les Loges ouvrent toujours, aux yeux las des trop pures lumières chrétiennes, leur clair-obscur prometteur. C’est pourquoi il n’a pas paru inutile à l’autorité romaine de dénoncer avec quelque solennité les doctrines de la nouvelle théosophie.

Dans les notes qui précèdent, nous nous sommes elforcé d’exposer brièvement ces doctrines en laissant parler les maîtres eux-mêmes. C’est peut-être le moyen le plus sûr de les réfuter. Comme l’Eglise

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THOMISME

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catholique, les adversaires de la théosopbie n’ont besoin que de la vérité.

Bibliographie. — Dans cette note, publiée en substance par les Xuuvelles Religieuses, Septembre 19 19, Le Père Léonce de Grandmaison avait largement utilisé ses travaux antérieurs : Le Lotus bleu, Paris, B ! oud, 1910 ; La Nouvelle Théosophie, Etudes du 5 décembre 1914 et du 5 mai 19 15.

Léonce de Grandmaison, S. J.