Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique/Agraffe

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AGRAFFE, ſ. f. Nom qu’on donne à tout ornement de Sculpture, qui ſemble unir pluſieurs membres d’Architecture les uns avec les autres, comme le haut de la bordure d’une glace avec celle du tableau au-deſſus, ou cette derniere avec la corniche qui régne à l’extrémité d’un ſalon, d’une galerie, &c. Ceci eſt la définition particulière du mot Agraffe ; car en général on entend par ce terme la décoration qu’on peut affecter ſur le parement extérieur de la clef d’une croiſée ou d’une arcade en plein ceintre, bombée, ou en anſe de panier. C’eſt une attention qu’on ne ſçauroit trop recommander, parce qu’elle eſt trop négligée, que celle de bien prononcer les Agraffes, je veux dire de les former de façon qu’elles uniſſent, lient, agraffent en un mot, l’archivolte, le chambranle ou bandeau avec le claveau, ſommier, plinthe ou corniche de deſſus. De toutes les Agraffes, celles qui ſont en conſoles ſont les plus propres à remplir cette condition importante. Ce n’eſt pas qu’on doive toujours s’y aſſujettir. Mais auſſi ne doit-on pas beaucoup s’en écarter, comme il arrive quelquefois lorſqu’on place des ornemens chimériques de travers & de formes variées, qui n’entrent point dans la décoration de la clef d’une arcade, par exemple, dont le caractère propre eſt la ſolidité qu’elle donne à tous les vouſſoirs qui par elle ſeule ſont maintenus dans un parfait équilibre. Pour propoſer quelques modèles à imiter, nous croyons devoir citer les ſix belles Agraffes de l’invention de M. Jacques Blondel, dans ſon Traité de la Diſtribution des Maiſons de plaiſance, & de la Décoration des Edifices en général, tome II. Planches 37, 38 & 39. Les deux premières Agraffes ſont formées par un cartel orné d’une tête, qui tient lieu de clef. Elles ſont poſées ſur deux arcades où régne un archivolte, & qu’accompagne une partie de plinthe, qui leur ſert de couronnement. Deux deſſeins de têtes avec des attributs, l’un de chaſſe l’autre de guerre, forment les troiſiéme & quatriéme Agraffes, poſées ſur des clefs en demi-conſoles, qui font l’effet de claveau & conviennent à des façades de Bâtimens très-ornés. Enfin les deux dernières Agraffes ſont en cartel compoſées d’ornemens. Elles peuvent être placées alternativement entre des croiſées décorées de têtes, où un grand nombre d’ornemens uniformes ne produiroient pas autant d’agrément que la variété. Ces Agraffes ſont encore très-propres à des Bâtimens particuliers, qui en général ne comportent point une allégorie déterminée.

L’inventeur de ces beaux Deſſeins, M. Blondel, obſerve quatre attentions à avoir dans les Agraffes : C’eſt, 1°. de ne les point faire incliner : 2°. d’éviter de les faire trop matérielles : 3°. de leur donner une ſaillie convenable, qui ne péche ni par excès, ni par défaut, deux inconvéniens ſoumis à l’examen & au jugement du goût : 4°. de les faire ſimples ou riches, relativement à la magnificence des façades où elles ſont employées.

Agraffe. Terme de Maçonnerie. Voyez Crampon.

Agraffe. C’eſt dans la Serrurerie d’un Bâtiment, le nom du morceau de fer évuidé, & large, qui s’applique ſur l’un des guichets des croiſées, & dans lequel paſſe le panneton de l’eſpagnolette, qui va ſe refermer ſur le guichet oppoſé.

Agraffe. C’eſt en Jardinage un ornement qui ſert à lier deux figures dans un parterre, & dans ce cas c’eſt un nœud, ou que l’on colle à la plate-bande d’un parterre, pour n’en faire paroître que la moitié, qui ſe lie & forme un tout avec le reſte de la broderie.