Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique/Autel

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AUTEL, ſ. m. Ce mot dérivé du latin Altare, qui vient d’Altus haut, ſignifie une table d’une ſeule pierre quarrée longue, ſur laquelle on ſacrifie à une Divinité. Chez les Payens c’étoit une eſpece de piédeſtal quarré, rond ou triangulaire, orné de Sculpture de bas-reliefs & d’inſcriptions, ſur lequel on brûloir des victimes qu’on ſacrifioit aux Idoles. Les Romains avoient deux ſortes d’Autels. Les uns deſtinés à l’honneur des Dieux céleſtes & ſupérieurs, étoient exhauſſés & poſés ſur quelque édifice relevé. Les autres, ſur leſquels on ſacrifioit aux Dieux terreſtres, étoient poſés immédiatement ſur la ſuperficie de la terre. A l’égard des Dieux infernaux, que les Romains reconnoiſſoient encore, on faiſoit un trou, en terre où l’on égorgeoit les victimes.

Dans le Chriſtianiſme on a auſſi des Autels. Ce ſont des tables quarrées conſacrées à Dieu, élevées & ornées pour célébrer la Meſſe. Dans la primitive Egliſe les Autels, ſans parure & ſans pompe, n’étoient que de bois, parce qu’à cauſe des perſécutions que les Chrétiens eurent à ſouffrir alors, ils étoient obligés de les tranſporter ſouvent d’un lieu à un autre, & de changer les lieux des aſſemblées & des ſacrifices. Aujourd’hui l’Autel eſt fixe. La table qui le forme eſt quelquefois ſoutenue par une ſeule colonne, comme on le voit aux Chapelles ſoûterraines de Sainte-Cecile à Rome. Quelquefois auſſi elle eſt ſoutenue par quatre colonnes, comme l’Autel de Saint-Sebaſtien in Crypta Arenaria. Mais la forme la plus ordinaire des Autels eſt un corps de Maçonnerie orné de Sculpture, & figuré en conſole : ce qui les rend ſemblables à des tombeaux. Ils ſont ou appuyés contre un mur, ou iſolés. Ceux-ci ont ou un contre-retable, comme à la plupart des Egliſes cathédrales, ou un double parement, comme à Saint-Germain des Prez à Paris.

On appelle auſſi Autel iſolé, un Autel qui eſt ſous un baldaquin, comme l’Autel de Saint-Pierre à Rome.