Dictionnaire de Trévoux/1re édition, 1704/Abysmer

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Jésuites de Trévoux
Trévoux (1-1p. 12).

ABYsMER. v. act. Jetter dans un abîme, y tomber, se perdre, se noyer, In gurgitem demergere. Les Ouragans abîment les vaisseaux. Ce terrein s’est abimé, il y avoit dessous une carrière. Il est quelquefois neutre : Cette ville abimera un jour à cause des abominations qui s’y commettent. Alors il signifie, Périr, tomber dans un abime.

Abimer, se dit figurément en Morale, pour dire, Perdre, ruiner entièrement. Evertere, pessumdare. Les gros intérêts ont abîmé ce marchand. Ce chicaneur a abîmé sa partie, il l’a ruinée de fond en comble. Il a abîmé cet homme-là. Il se dit plus ordinairement avec le pronom personnel, & plus au figuré qu’au propre. En ce cas il marque un grand excès. C’est un voluptueux qui s’abîme dans les plaisirs. Acad. Fr. C’est-à-dire, qui y est entiérement occupé, & qui s’y abandonne sans aucune réserve. On dit, il est abîmé dans la douleur. Port-R. parce qu’il en est tout rempli & tout pénétré. C’est un contemplatif qui s’abîme, parce qu’il s’y applique profondément. Il signifie encore se jetter dans quelque embarras fâcheux, s’engager dans une affaire malheureuse. On dit aussi s’abîmer devant Dieu ; pour dire, s’humilier profondément, reconnoître son néant devant lui, Deprimere se, minuere. On dit en matière de dispute & de raisonnement, Ce Docteur a été abîmé par son adversaire, qui l’a réduit à ne rien répondre. On dit encore, C’est un homme abîmé, pour dire, C’est un homme perdu de crédit, de réputation.

Abîme’, e’e, part. Demersus. Il y a eu plusieurs villes abîmées par les tremblements de terre. Un joüeur abîmé, est celui qui a perdu tout son fonds, qui est sans ressource. Bonis eversus.