Dictionnaire de Trévoux/1re édition, 1704/YVROYE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
Trévoux (3-1p. 323).
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YVROYE. s. f. Quelques-uns disent yvraye. L’Acad. Espece de chien-dent qui pousse des tuyaux à la hauteur de deux ou trois pieds, gros comme ceux du froment, ou un peu plus petits, ayant quatre ou cinq nœuds, de chacun desquels sort une feuille étroite ; verte, grasse, canelée, embrassant le tuyau par sa base. Ces tuyaux portent en leurs sommitez des épis longs d’un pied, & d’une figure particulière ; car ils sont divisez en plusieurs parties rangées alternativement, de manière que chacune paroît un petit épi ou paquet composé de fleurs à étamines qui sortent du fond d’un calice écailleux. Lorsque ces fleurs sont passées, il leur succède des graines plus menues que celles du blé, peu farineuses, de couleur rougeâtre. Ses racines sont fibrées. Cette plante croît parmi le froment & l’orge. On l’appelle autrement en François zizanie, & en Latin lolium, ou gramen loliaceum spicâ longiore. C. Bauh. Le nom d’yvroye lui a été donné à cause que le pain & la bière, où il en est entré beaucoup, enivrent & causent des maux de tête. Quelques Botanistes croyent que l’yvroye s’engendre des grains de froment & d’orge corrompus, & qu’elle se change aussi en froment. Il y a une espèce d’yvroye que Dioscoride appelle phœnix, parce que sa graine est rouge ; on la nomme en François yvroye sauvage, ou yvroye de rat ; en Latin gramen loliaceum angustiore folio & spicâ. C. Bauh.

On dit figurément, & par un proverbe tiré de la Sainte Ecriture, Séparer l’yvroye d’avec le bon grain ; pour dire, séparer les bons d’avec les méchans. Segregare triticum à zizania. Expliquez-nous la parabole de l’yvroye semée dans le champ. Port-R.