Dictionnaire de Trévoux/2e édition, 1721/Accroire

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1-1p. 45).

AcCROIRE. v. n. Il n’est en usage qu’à l’infinitif, & se met toujours avec le verbe faire. Faire croire à quelqu’un, ce qui n’est pas. Imponere, verba dare, ludificari. Le peuple est si sot, qu’on lui fait accroire tout ce qu’on veut. Vous faites accroire à une infinité de gens que ces points ne sont pas essentiels à la foi. Pasc. D’autres prétendent que faire accroire n’emporte pas que la chose qu’on veut persuader soit fausse ; mais seulement que celui qui l’a dit, a dessein de tromper. Vaug. Ce mot vient de Accredere, qui a été dit en basse Latinité, pour signifier prêter.

Accroire, signifie aussi, Tromper. La plupart des valets en font bien accroire aux maîtres qui se confient en eux.

Il signifie encore, Concevoir de la vanité, s’enorgueillir ; prendre de la fierté d’un mérite qu’on n’a pas, présumer trop de soi-même. Multum sibi arrogare. Les favoris des Princes sont sujets à s’en faire accroire. Cette femme est belle, mais elle s’en fait trop accroire ; elle est trop vaine de sa beauté. Je ne hais rien tant que certains esprits qui s’en font extrêmement accroire.