Dictionnaire de Trévoux/2e édition, 1721/Acephale

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1-1p. 47).
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ACEPHALE. s. m. Acephalus. Proprement, qui n’a point de chef, de l’α privatif, & de ϰεφαλή tête, chef. On a donné ce nom, 1° à ceux qui, dans l’affaire du Concile d’Ephèse ne voulurent suivre ni S. Cyrille, ni S. Jean d’Antioche : 2° à des hérétiques du Ve siècle, qui suivirent d’abord Pierre Mongus, ou Moggus : puis l’abandonnèrent, parce qu’il souscrivit au Concile de Chalcédoine. Ils suivoient les erreurs d’Eutichès. Et sous l’empire de Justin, les Sectateurs de Sévère d’Antioche, & généralement tous ceux qui ne voulurent pas recevoir le Concile de Chalcédoine, furent appelles Acéphales. Quelques-uns prétendent que ce nom signifie hésitans ; & que parce qu’ils tenoient la neutralité pour les décrets du Concile de Chalcédoine, qu’ils ne se déterminoient à rien, qu’ils hésitoient quand on les pressoit, ils furent appelés Acéphales ; C’est-à-dire, hésitans. Mais l’autre opinion est plus vraie, & Acéphale n’a point ce sens. Voyez Bolland, T. I. Anastase le Bibliothécaire appelle l’exemption de la juridiction du Patriarche, Autocéphalie, Autocephalia. 5° On a appelé Acéphales, les clercs qui ne vivoient pas sous la discipline ecclésiastique d’un Evêque. Isidore, de Eccles. off. Lib. III. Les Conciles de Mayence, Can. 22 de Paris, Can. lO de Pavie en 850, Can. 18, &c. ont fait différens réglemens contre ces clercs Acéphales. On en trouve encore dans les Capitulaires de Charles le Chauve, I. VI, C. 57, dans Burchard, L.II, C. 226, dans Réginon à l’an de J. C. 865. Baronius à l’année 1090. Hucbert, frère de Thièrbèrge concubine de Lothaire, fut appelé Acéphale, parce que, comme disent les Annales de Metz à l’an


864. de J. C. il étoit Clerc marié, & par là non soumis aux règles de la cléricature ; ou comme d’autres écrivent, parce que son Monastère étoit exempt de la juridiction de l’Evêque. Cependant les Moines exempts de la juridiction de l’Evêque, ne sont point Acéphales ; car Godefroy, Abbé de Vendôme, dit dans sa 27e Lettre du livre second ; Nous ne sommes point Acéphales, puisque nous avons pour chef Jésus-Christ, & après lui le souverain Pontife. 4° Dans les Loix de Henri I, Roi d’Angleterre, on appelle Acéphales les pauvres qui n’ayant rien, ne tiennent point de biens en fief, ni du Roi, ni des Evêques, ni des Barons, ou Seigneurs féodaux ; & ainsi sont en quelque forte sans chef. Voyez le Gloff. de Du Fresne. Voyez Nicéphore, L. XVIII. 54. Evagr. L. III. C. 31. Baron. aux années 432, 482, 492, 513, 536, 538, 546, 553. Hornius, Hist. Eccles. Nov. Test. Per. I, Art. 3, §. 48 & 49. Les Acéphales sont appelés Acéphalites dans Isidore, L. VIII, C. XV, & dans la Chronique d’Adon de Vienne. Voyez encore les Notes du P. Sirmond sur Facundus Hermianensis.