Dictionnaire de Trévoux/3e édition, 1738/A s. m.

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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A s. m. C’est le nom de cette lettre, ou du caractère que nous appellons a. Un grand a, un petit a, un a bien formé. Ce nom est du genre masculin, comme celui de toutes les voyelles Françoises. Cette lettre sert de corps à un Rebus en cette manière : On range plusieurs A de suite jusqu’à un tombeau, & ces paroles font l’ame du Rebus, Amis jusqu’au tombeau.

Cette lettre A étoit aussi chez les Anciens une lettre numérale qui signifioit 500. comme on le voit dans Valerius Probus. Voyez sur ces prétendues lettres numérales ce qu’on en a remarqué sur la lettre e. Il y a des vers anciens rapportés par Baronius, qui marquent les lettres significatives des nombres, dont le premier est :

Possidet A numeros quingentos ordine recto

Quand on mettoit un titre ou une ligne droite au-dessus de l’A, il signifioit cinq mille. Les Romains l’appelloient lettre salutaire, parce qu’on s’en servoit pour déclarer innocent celui qui étoit accusé. A vouloit dire absolvo, je l’absous.

Cette lettre a diverses significations. Cependant il en faut éviter la rencontre trop fréquente dans une même période. Quelquefois cette répétition rend le discours rude & moins agréable.

C’est quelquefois un substantif masculin. Cet A est mal formé. On dit par une façon de parler proverbiale : il n’a pas fait une panse d’a, pour dire, il n’a pas formé une seule lettre, & figurément, il n’a fait quoi que ce soit. On dit aussi dans la conversation familière : Il ne sait ni A ni B, pour exprimer un ignorant.

Ci-dessous gît Mr l’Abbé,
Qui ne savoit ni A ni B. Ménage.