Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/481-490

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Fascicules du tome 1
pages 471 à 480

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 481 à 490

pages 491 à 500



l’Eglise grecque, celui qui garde le livre des évangiles, pour s’en servir aux saints mystères. Codin.

Archonte des contaces est toujours de l’ordre & du nombre des lecteurs. L’archonte des contaces étoit destiné à garder les contaces, ou livres d’églises, & à en avoir soin. Voyez Arcudius, l’Eucologe, &c.

Archonte des murs, c’étoit l’Officier qui avoit soin des murs de la ville. Cantacuzéne, Siméon Logothête, le continuateur de Théophane en parlent.

Archonte du tulde, c’étoit un Officier de guerre qui avoit soin des bagages de l’Armée. L’Empereur Léon en parle dans ses Tactiques.

Archonte des lumières, ou des hommes, (τῶν φωίων) Officier ecclésiastique qui étoit chargé du soin de ceux qui devoient bientôt recevoir le baptême, Voy. Codin, ch. 1. n. 26.

Archonte de l’orfévrerie, (τοῦ χρυσοχοείου) le nom seul de cet Officier fait connoître en quoi consistoit l’exercice de sa charge. Voyez Léon le Grammairien.

ARCHONTIQUE. s. m. & f. Archonticus. Nom de secte hérétique qui s’éleva vers la fin du second siècle. Les Archontiques furent ainsi nommés du mot grec Ἄρχοντες, dont on se sert pour exprimer la hiérarchie des Anges, que nous appelons Principautés ; parce qu’ils enseignoient que c’étoient ces Principautés qui avoient créé le monde. Les Archontiques rejetoient tous les sacremens ; ils nioient la résurrection des morts, &c. Godeau. C’étoit une branche des Valentiniens. Ils s’abandonnoient à toutes sortes d’impuretés. Voyez S. Epiph. hér. 40. S. Aug. hér. 20. Théodoret & Baronius à l’an 175. Les Archontiques avoient des livres particuliers, qu’ils nommoient les Révélations des Prophètes. Fleury.

ARCHURE. s. f. Terme de Menuisier, qui se dit des pièces de menuiserie qui sont au-devant des meules d’un moulin, & qui, quand il les faut rebattre, se démontent. Ces archures sont aussi garnies de leurs couverseaux.

ARCIS. Ville de France. Arciaca. Elle est en Champagne, sur la rivière d’Aube, au nord de Troyes.

ARCIUT. s. m. Terme de Coutume. C’est une redevance ou un droit que les Abbés laïques en Béarn, les Chapitres & les autres Ecclésiastiques qui ont acquis des dixmes, ou par achat, ou par donation, payent aux Evêques. De Lauriére sur Ragueau.

ARCKEG. Lac d’Ecosse. Arcus. Il est dans la province de Loquebar, près de celle de Murray, & un peu à l’occident d’un autre lac nommé Cogh.

ARCKLO, ARECKLO, ou ARCKLOW. Ville de la Lagénie, en Irlande. Arkeloa. Elle est sur la côte du comté de Vicklo, au midi de la ville de ce nom, & à l’embouchure du Doro.

☞ ARCO (l’). s. m. Terme de Fonderie. Parties de cuivre répandues dans les cendres d’une fonderie, & qu’on retire, en criblant ces cendres, & en les faisant passer successivement dans différens tamis.

ARCO. Petite ville de l’Evêché de Trente, en Allemagne. Arcus. Elle est sur la rivière de Sarca, quelques lieues au-dessus de l’endroit où elle entre dans le lac de Garde.

ARCOB. Nom d’une ville de la Terre-Sainte, & d’une contrée à laquelle cette ville donnoit son nom. Arcob. Elle étoit autrefois dans le royaume de Basan, au-delà du Jourdain. Elle fut donnée à la demi-tribu de Manassé, qui resta à l’orient du Jourdain. Elle avoit à l’occident le petit lac de Mérom, à l’orient la terre de Hus, & au nord la Trachonitide.

ARCOIR. Vieux mot qui se disoit des choses qui fléchissoient. Borel. In arcum flecti, ou curvari. Ce mot vient d’arc.

ARÇON, s. m. Terme de Sellier. Sellæ equestris arcus. C’est une espèce d’arc composé de deux pièces de bois qui soutiennent une selle de cheval, & qui lui donnent sa forme. Il y a un arçon de devant, & un arçon de derrière. Les parties de l’arçon sont, le pommeau ou la petite poignée de cuivre qui est élevée au-devant de la selle. Le garrot est la petite arcade qui est un peu élevée au-dessus du garrot du cheval. Les mamelles sont l’endroit où aboutit le garrot, & les pointes sont au bas de l’arçon. Il y a des arçons mobiles pour les selles à tous chevaux, qui changent l’ouverture de la selle. L’arçon de derrière porte le troussequin. Les arçons doivent être nervés & ferrés, ☞ c’est-à dire, couverts de nerfs de bœufs battus & réduits en filasse, puis collés tout autour des arçons pour les rendre plus forts. Le chef-d’œuvre des Selliers est un arçon à corps, qu’on faisoit autrefois pour les Gendarmes, dont le troussequin alloit jusqu’au milieu du dos.

On appelle Pistolets d’arçon, ceux qu’on porte ordinairement à l’arçon de la selle.

On dit encore, il portoit toujours un tel livre à l’arçon de la selle ; pour dire, il l’avoit toujours avec lui. Dans les Tournois & combats de lance, on dit qu’un Cavalier a fait perdre à un autre les arçons, qu’il lui fait vuider les arçons, ☞ pour dire qu’il l’a désarçonné, ou renversé de cheval. Excutere ex equo, è sellâ.

☞ Dans un sens figuré, être ferme dans ses arçons, sur ses arçons, c’est être ferme dans son opinion, dans ses principes. Et perdre les arçons, être embarrassé, déconcerté. Faire perdre les arçons à quelqu’un, l’embarrasser, le déconcerter.

Arçon. Terme de Chapelier. Instrument fait en archet de violon qui est long de cinq ou six pieds, qui n’a qu’une corde & dont on se sert pour arçonner la laine.

Arçon, se disoit encore autrefois pour archet.

Si porte l’arçon & la lyre.

ARÇONNER. v. a. Terme de Chapelier. Faire voler la laine avec l’arçon, la diviser, la séparer pour la mettre en état d’être employée.

☞ ARÇONNÉ, ÉE. part. Poil arçonné. Laine arçonnée.

ARÇONNEUR. s. m. Ouvrier qui arçonne la laine, le poil, & autres matières, après avoir été cardées, pour être employées à divers usages, & particulièrement dans la Chapellerie. Les Cardeurs de Paris sont aussi appelés par leurs Statuts, Maîtres Arçonneurs.

ARCOS. Ville d’Andalousie, en Espagne. Arcus, Arcensium Colonia. Elle est sur la rivière de Guadalette, au-dessus de Xérès de la Frontera.

Arcos, est encore une autre ville d’Espagne, située dans la vieille Castille, vers les confins de la nouvelle, & de l’Arragon, sur la rivière de Xalon, au-dessus de Médina-Cœli. Arcus.

Il y a aussi en Portugal, Arcos de l’Estramadure, ou du Val de Vez. Arcus.

ARCOT. s. m. Excrément de cuivre jaune dont on fait le potin en le mêlant avec du plomb.

ARCOUS. s. m. Nom d’homme. Arcontius. Saint Arcous n’a point été connu de Bollandus, ni par du Saussai. Il se trouve dans le Martyrologe de Viviers. Il y a un Prieuré du nom de S. Arcous sur la rivière d’Allier. Chast.

ARCTIQUE. adj. m. Terme d’Astronomie, arcticus, boreus, septentrionalis. C’est l’épithète que l’on donne au pole qui est élevé sur notre horizon ; ainsi nommé, à cause des étoiles de la petite Ourse, nommée ἄρϰτος en grec, parce que la dernière étoile de sa queue marque le pole septentrional, lequel n’en est éloigné que de deux degrés. Le pole arctique, polus arcticus.

On appelle aussi arctique tout ce qui est du côté du pole arctique, tout ce qui est septentrional. L’hémisphère arctique est la moitié de la sphère, qui a pour pole ou pour centre le pole arctique. Le cercle arctique est le cercle polaire septentrional, éloigné de 23 degrés, 29 minutes du pole arctique, & selon M. Harris, 23 degrés, 30 minutes. Les terres arctiques, terræ arcticæ, ou septentrionales, sont des terres inconnues, situées au septentrion de l’Europe & de l’Amérique vers le pole arctique. Elles comprennent la nouvelle Zemble, la nouvelle Irlande, le Spitsberg au nord de l’Europe ; le vieux & le nouveau Groenland, les îles de Cumberland & Ralegh, le nouveau Nort-Wales, le nouveau Danemarck, & la terre de Jesso au nord de l’Amérique.

ARCTITUDE. s. f. Terme dont se sert M. d’Héricourt dans son Analyse des Décrétales, pour signifier étrécissement des parties génitales de la femme, qui la rend inhabile à la consommation du mariage. Arctatio. Ce terme vient du verbe arctare, qui signifie presser, étrécir ; mais les Canonistes & les Médecins y donnent une explication plus étendue. Ils appellent aussi-bien arctitude de la femme, lorsque les deux lèvres de la matrice se trouvent attachées, que lorsqu’il se trouve une membrane trop épaisse qui empêche l’introduction dans le vagin. L’arctitude est un moyen pour faire dissoudre un mariage ; mais cet empêchement ne devient diriment, que lorsqu’il ne peut être corrigé par les Médecins & Chirurgiens. C’est ainsi que s’en explique le Pape Alexandre III. Cap. de Frig.& Males. Voyez Fevret, t. II p. 99. M. d’Héricourt se sert du mot arctitude pour marquer l’étrécissement des parties d’une fille ou d’une femme. Si une femme, ayant été séparée de son mari à cause de l’arctitude qui la rendoit inhabile à consommer le mariage, en épouse un autre qui consomme le mariage avec elle, doit-elle retourner avec son premier mari ? Innocent III, qui examine cette question, reconnoit qu’elle est très-difficile à décider, & il croit qu’elle est obligée d’y retourner, parce qu’une femme qui a pu consommer le mariage avec un homme, a pu naturellement le consommer avec un autre. Cap. Fraterniteris extrà desfrigidis & maleficiatis. Cependant il y a des arctitudes respectives, & telle fille peut perdre sa virginité avec un homme, qui ne la perdroit point avec un autre, sans employer des moyens trop dangereux. Dans un cas pareil, qui est très-rare, suivant les Anatomistes, le premier mariage seroit nul, & il faudroit déclarer le second valable. Analyse des Décrétales, p. 137, col. 2, à la suite des Loix Eccles. de France de la troisième édition.

ARCTIUM. s. m. Plante dont la tige est longue & molle. Sa graine est de la grosseur du cumin. Ses feuilles sont comme celles du bouillon, un peu plus rondes & plus velues. La décoction de la racine avec du vin est bonne pour les rétentions d’urine ; pour apaiser le mal de dents, &c.

☞ ARCTOPHILAX. Terme d’Astronomie, synonyme de Bouvier.

☞ ARCTURUS. s. m. Terme d’Astronomie, emprunté du grec. Ce mot signifie la queue de l’ourse, & est composé d’ἄρϰτος, ourse, & de οὐρὰ, queue. Arcture est le nom d’une étoile de la constellation nommée Arctophylax ; c’est-à dire, garde de l’ourse. Elle se leve le premier jour de Septembre, & se retire le 15 de Mai. Elle est de la première grandeur. Sa longitude est 199d. 39’. sa latitude 31d. 2’. son ascension droite 210d. 13’. sa déclinaison 20d. 58’. Harris.

☞ ARCUATION. s. f. Terme d’Anatomie dont quelques Chirurgiens se servent pour exprimer la courbure des os, comme il arrive aux enfans qui se nouent, arcuatio.

ARCUDIA. Ville de Barbarie, en Afrique. Arcudia. Elle est dans le royaume de Tripoli, vers la frontière de celui de Parca, sur le golfe de la Sidre. Arcudia est un des lieux où l’on met l’ancienne ville nommée Phileni vicus, ou Philenorum Ara, que l’on place aussi à Naima ou Taimi, bourg sur le même golfe, un peu à l’occident d’Arcudia. On conjecture aussi qu’Arcudia pourroit être l’ancienne Antomala, que quelques Géographes aiment mieux placer à Zanagra, bourg du voisinage d’Arcudia.

ARCUEIL. Bourg de l’île de France. Arcus Juliani. Il est à une lieue à peu près au midi de Paris. On voit en plusieurs endroits, entre Arcueil & Paris, les restes d’un aqueduc de cailloutage, que l’on prétend avoir été fait par Julien l’Apostat, pour conduire les eaux dans son palais près de Paris qui est aujourd’hui l’Hôtel de Clugni, dans les derrières duquel, qui donnent sur la rue de la Harpe, on voit encore un morceau de bâtiment assez entier, que l’on prétend avoir été les bains de ce Prince. On croit fort vraissemblablement que c’est de-là qu’Arcueil a pris son nom. Le superbe aqueduc qui s’y voit aujourd’hui, a été construit par Marie de Médicis, & on voit encore auprès les ruines de l’ancien.

ARCUER. v. a. & ARCUÉ. part. On dit qu’une chose est arcuée, lorsqu’elle est courbée en arc. ☞ arcuare, in arcum inflectere. Arcuation se dit quelquefois. Le Verbe & le participe ne sont pas en usage. On diroit courber, plier en arc.

☞ ARCULÆ AVES. Nom que les Romains donnoient à certains oiseaux qui étoient de mauvais présage par leur vol, ou par la manière de prendre leur nourriture. Ils empêchoient qu’on ne format aucune entreprise : ce qui les fit nommer Arculæ, quia accerbant ne quid fieret. Mot. antiq. Rom. Scaliger prétend qu’il faut dire arciva aves ; arcivus, qui repousse, qui empêche.

☞ ARCULE. s. m. Arculus. Dieu qui présidoit aux coffres ou aux cassettes, ainsi nomme d’arca ou arcula, coffre, ou cassette. On imploroit le secours de cette divinité contre les voleurs. Mais son autorité étoit balancée par une autre divinité nommée Laverne, favorable aux voleurs. Ainsi il y avoit combat entre ces deux divinités. Si Arcule étoit le plus fort, le coffre n’étoit pas volé. Si Laverne avoit le dessus, le coffre étoit pris. Idée ridicule que l’on s’étoit formée des Dieux.

ARD.

ARDACHER. Ville autrefois, aujourd’hui village de la basse Autriche, en Allemagne. Aredate. Il est sur le Danube, environ à deux lieues du confluent de l’Ens.

☞ ARDAGH. Petite ville d’Irlande, dans la province de Leinster, au Comté de Longfort.

ARDAING. Nom d’homme. Ardagnus. On compte S. Ardaing pour 13e Abbé de S. Philbert de Tournus. Ce fut à S. Ardaing que S. Henri, l’an 1015, fit présent de la couronne impériale, dont le Pape Benoit VIII l’avoit couronné. Chast. 11 Fév.

ARDALIDES. s. f. pl. ou plutôt adj. pris substantivement. Ardalides. Surnom des Muses, pris d’Ardalus, fils de Vulcain, qui honoroit fort ces Déesses.

☞ ARDANAT. Ville des Indes, aux environs de l’île de Diu, dans la terre ferme, au-delà du fleuve Indus.

ARDART, ou ARDFÉART. s. m. Ville la Momonie, en Irlande. Ardatum, Ardforta. Elle est dans le comté de Kerry, sur une petite baie qui est entre celle de Dingle & l’embouchure du Shannon.

ARDASSES. s f. pl. ou adj. Pris subst. Terme de commerce. Ce sont les plus grossières de toutes les soies de Perse, & comme le rebut de chaque espèce. On dit en ce sens des Legis, des Houssets, des Choufs & des Poyas ardasses, pour marquer les moindres de ces quatre sortes de soies persiennes.

ARDASSINES. adj. f. pl. Pris subst. Terme de commerce. Les ardassines qu’on nomme en France ablaques, sont de très-belles soies de Perse, qui ne cèdent guère pour la finesse aux sourbastis.

ARDBRY. Port du royaume de Barca, en Afrique. Il est près de la ville de Bernicho. C’est l’ancien Bryorum portus.

ARDEBIL. Ville de Perse. Ardebila, Ardevila. Elle est dans l’Adirbeitzan. On y voit les tombeaux de plusieurs Rois de Perse.

ARDÉE ou ARDRES. Petite rivière de Normandie, en France. Ardurus, Ardea. Elle coule dans l’Avranchin, & se décharge dans le petit golfe de Cambelaine, à deux lieues au midi d’Avranches.

ARDÉE. Ville capitale des Rutules, & plus ancienne que Rome. Ardea. C’est aujourd’hui un bourg de la Campagne de Rome, près de la rivière de Numico, à cinq lieues à l’orient d’Ostie.

☞ ARDELION. s. m. Ardelio. Homme qui fait le bon valet, & qui a plus de paroles que d’effet. Il est familier. Acad. Fr.

ARDEMMENT. adv. Avec ardeur, avec passion, d’une manière chaude & vive. Il ne se dit que figurément. Ardenter, vehementer, acriter. Aimer ardemment. Combattre ardemment. On ne souhaite jamais ardemment ce qu’on ne souhaite que par raison. Rochef.

☞ ARDEN. Ce mot a été employé par les anciens Gaulois & par les Brétons, pour signifier une forêt. M. Huet dit que de l’ancien mot gaulois arden, qui signifioit forêt s’est fait le nom d’ardeine au ardeyne, Abbaye voisine de Caen. Car c’est l’opinion commune que Caen étoit autrefois environné de forêts, & si l’on examine bien l’ancien état des lieux de l’Europe Celtique, on trouvera qu’ils sont ou ont été des forêts.

ARDEN. Contrée de Syrie. Ardena regio, autrefois Palmyrene, Palmyrenæ solitudines. Elle est dans le Béglierbeglic de Tripoli, aux confins de l’Arabie déserte & de la pétrée. La ville de Fayd ou Tornoz en est la capitale.

Arden, est aussi le nom d’une forêt du comté de Barwick, en Angleterre. Arduenna sylva. Elle est à quatre milles au couchant de la ville de Barwick.

ARDENBOURG, RODENBOURG. Ville de Flandre. Ardenburgum, Rodenburgum. Elle est à une lieue de l’Ecluse, du côté de Gand.

ARDENNE. La forêt d’Ardenne, ou les Ardennes. Arduena sylva, ou Ardenna. C’est le nom d’une grande forêt, qui occupe tout le duché de Luxembourg, la partie méridionale de l’évêché de Liège, & du comté de Hainaut, & la septentrionale de la Champagne. César dit que la forêt d’Ardenne étoit la plus grande des Gaules ; que commençant vers le Rhin elle passoit au milieu du pays de Trêves, & pénétroit jusqu’aux quartier de Reims & des Nerviens ; & qu’elle occupoit plus de 500 milles en longueur. Voyez César au Liv. V, & au Liv. VI de ses Comment.

☞ ARDENT, ENTE. adj. Qui est en feu, pénétré par le feu. Ardens. Fournaise ardente. Brasier ardent. Fer ardent. La torche ardente à la main.

Ardent, signifie aussi, qui brûle. On dit en ce sens que le soleil est ardent, qu’il fait une chaleur ardente. Miroir ardent.

☞ Ce mot vient de l’ancien verbe arder qui n’est plus en usage.

Chaud, Brûlant, Ardent, Enflammé, Embrasé dans une signification synonyme. Un objet est dit chaud, tant qu’on en peut supporter le toucher sans douleur : brûlant, quand on ne peut plus le toucher sans ressentir de la douleur : ardent, lorsqu’il est en feu, & que les parties ignées dont il est pénétré se font sentir au-dehors : enflammé, lorsque le feu dont il est pénétré s’est rendu sensible aux yeux au-delà de sa surface : embrasé, lorsque le feu a cessé de s’élancer au-delà de sa surface, & qu’il en paroît seulement pénétré dans toute sa substance.

Chapelle ardente. On appelle ainsi certaines chapelles où l’on brûle de l’huile ou de la cire. Plus communément, c’est le luminaire nombreux qui brûle autour du cercueil ou de la représentation d’un corps mort.

Fièvre ardente, en Médecine, febris ardens. Fièvre très-vive & brûlante.

Miroir Ardent, c’est un miroir concave, sphérique, ou parabolique, qui ramasse tous les rayons du soleil en un point, qu’on appelle sujet, où la chaleur devient si grande, qu’elle brûle. Speculum quod adversum soliis radiis accenditur. On a vu de si bons miroirs ardens, qu’ils fondoient & calcinoient les métaux en deux minutes. Voyez Miroir.

Ardent, se dit figurément en Morale, de tout ce qui se fait avec chaleur, avec passion, avec véhémence. Ardens, fervens, acer. Une dévotion ardente. Un zèle ardent. L’amour des gens qui font profession de la sagesse, est d’autant plus ardent, qu’il ne se dissipe par aucunes marques extérieures. Vill. Dispute ardente. Soif ardente.

Combien de fois, sensible à tes ardens désirs,
M’est-il en ta présence échappé de soupirs ?

Ardent, appliqué aux personnes, désigne celui qui se porte avec chaleur & véhémence à quelque chose. On dit qu’un homme est ardent à la chasse, à l’étude, au combat, à la dispute. C’est un homme ardent & âpre au gain. Lucri cupidine fervens.

☞ On le dit aussi des hommes & des animaux pour désigner une très-grande activité. On dit qu’un homme est extrêmement ardent. Valentinien étoit naturellement ardent, & alloit à ses fins sans beaucoup de ménagement Fléch. Un cheval trop ardent. Un chien trop ardent.

☞ En fait de littérature, il annonce une très-grande vivacité. Le style de l’Historien doit être moins ardent, & plus tempéré que celui de l’Orateur. Vall.

Ardent, en parlant des couleurs, signifie la couleur rousse. Rusus, poil ardent. Ce cheval a le poil ardent, c’est-à-dire roux, tirant sur la couleur de feu. En termes de Marine, on dit qu’un vaisseau est ardent, lorsqu’il approche aisément du vent, lorsqu’il se range au vent malgré les voiles d’avant & son gouvernail, & qu’il a beaucoup de disposition à venir au vent. Navis quæ naturâ fuâ vento fit proxima.

Ardent, en termes de Blason, se dit d’un charbon, d’un flambeau allumé. Candens, accensus.

Chambre ardente. Voyez Chambre.

☞ En termes de Chimie, on appelle esprits ardens, ceux qui étant tirés, par la distillation d’un végétal fermenté, peuvent prendre feu & brûler. Tels sont l’esprit de vin, l’eau-de-vie.

ARDENT, s. m. Est un certain météore, ou feu-follet, formé de quelques exhalaisons grasses, qui s’élèvent & s’enflamment dans les lieux marécageux. Ignes nocte errantes. Les paysans disent que ce sont des enfans mort-nés, ou de faux boumoyeurs, & en conçoivent des terreurs paniques & ridicules. On les appelle en divers lieux, Fuyrolles, Flammerolles, Flambarts ou Follets. Les Anciens, quand ils en voyoient deux ensemble, les appeloient Castor & Pollux, & ils les tenoient pour un heureux présage. Quand il n’en paroissoit qu’un, ils le nommoient Hélène, & le présage en étoit funeste, selon le témoignage de Pline.

On appelle aussi ardens, certains malades d’une fièvre ardente, qu’on nomme aussi Feu-sacré. C’étoit une espèce d’érésipèle, ☞ accompagné d’une fièvre qui les brûloit. C’est de-là qu’est venu le titre de Sainte Geneviève des ardens, parce que ce fut, dit-on, par l’intercession de cette Sainte, que cessa cette maladie qui avoit fait de si grands ravages vers l’an 1130. La même maladie épidémique, ou une toute semblable, courut encore en France l’an 1374, & fut nommé le mal des Ardens.

ARDENS. s. m. pl. Ardentes. C’est le nom des Académiciens de Naples. Ce nom leur vient de leur devise, qui est un autel sur lequel est un bûcher, & sur le bûcher un taureau en pièces pour être brûlé en holocauste ; & le feu du ciel descend pour l’embraser ; le mot est ΟΥΚ ΑΛΛΟΘΕΝ, Ce n’est que de-là ; c’est-à-dire, ce n’est que du ciel que vient le feu qui nous embrase.

☞ ARDER. v. a. Vieux mot, synonyme de brûler, en usage seulement dans cette phrase populaire d’imprécation. Le feu Saint Antoine vous arde. Voyez Ardre. Autre mot hors d’usage.

☞ ARDER. Ville & royaume. Voyez Ardra.

ARDES. Presqu’ile de l’Ulronie, en Irlande. Ardesia. Elle est dans le comté de Downes, entre le petit golfe de Carikfergus, celui de Strangfort, le lac de même nom, & la mer d’Irlande.

Ardes. Petite ville de France, dans la basse Auvergne, aux confins de la haute, dans la montagne, chef-lieu du duché de Mercœur, élection de Clermont.

ARDESCHE. s. f. Rivière de France. Ardesca. Elle a sa source près de celles du Lot, du Tarn & de l’Allier, dans les montagnes des Cévènes. De-là par les confins du Languedoc & du Vivarais, elle va à Aubenas ; après quoi elle court se jeter dans le Rhône, au-dessus du Pont-Saint-Esprit.

☞ ARDESTON. Ville de Perse, que les Géographes du Pays mettent à 77d. 10’ de long. & à 33d. 7’ de lat. Elle est connue par les belles toiles qui s’y fabriquent.

☞ ARDEUR. s. f. Ce mot au propre signifie une chaleur extrême, véhémente. Ardor. On le dit du feu, du soleil. Les ardeurs du soleil sous la ligne sont tempérées par les vents frais de la nuit. Voyager pendant les ardeurs de la canicule.

☞ On le dit par extension de la chaleur âcre & piquante qu’on éprouve dans certaines maladies. La chaleur de la fièvre diminue. Ardeur d’entrailles. Ardeur d’urine. Voyez Dysurie.

☞ Au figuré ce mot exprime la chaleur, la vivacité avec laquelle on se porte à quelque chose. Ardor, fervor animi. Il a beaucoup d’ardeur pour les belles connoissances. Il faut aimer ses amis avec ardeur. Mon ardeur me tient lieu de mérite. Sar. L’ardeur de sa dévotion, de son zèle le tient continuellement en action. Il a fait cela dans l’ardeur du combat, de la jeunesse & de la dispute.

☞ On le dit aussi pour fougue, emportement. Brébeuf, pour égaler l’ardeur de Lucain, s’est trop enflammé lui-même, & il a surpassé la fougue de ce Poëte. S. Evr.

☞ On le dit de même de la grande activité de quelques animaux. Ce cheval a trop d’ardeur, il s’emporte trop, & il est inquiet sous le Cavalier. Ce chien chasse avec ardeur le sanglier.

Ardeur, signifie aussi un attachement, une passion amoureuse.

Une première ardeur est toujours la plus forte ;
Le temps ne l’éteint point, la mort seule l’emporte.

Corn.

Rien ne peut modérer mes ardeurs insensées.

Racin.

ARDEY, ou ARDTULI. Ville d’Irlande. Ardea. Elle est du comté de Kerri en Mommonie, à la source de la petite rivière de Maire. & plus au nord que Bautry.

☞ M. Mary, de qui cet article est tiré, s’est trompé. Ardey & Ardtulli sont deux lieux différens. Le premier au midi de Donekine, la rivière de Mare entre deux, dans le Comté de Delmond, & non pas dans celui de Kerri. Ardtulli est au nord-ouest, à cinq lieues d’Ardey. Ils ne sont ni l’un ni l’autre à la source de la Mare ou Mayre, qui n’est rien moins que petite. Voyez la carte d’Irlande par Allart.

ARDEYNE, ou ARDENNES. Abbaye de Normandie, en France. Ardenna. Elle est dans la campagne de Caen, partie du pays Bessin, à une grande lieue de Caen, du côté du nord-ouest.

☞ ARDFEART. Voyez Ardart.

☞ ARDIERE. Rivière de France, qui a sa source dans le Beaujolois, & se jette dans la Saône, par deux branches vis-à-vis de la principauté de Dombes.

ARDILA. s. f. Rivière de l’Estramadure d’Espagne. Ardila. Sa source est près de Xérès de Badajox, & va par l’Alentéjo, province de Portugal, décharger ses eaux dans la Guadiane, vers le bourg de Mouro.

ARDILLON. s. m. Pointe de fer ou d’autre métal, attachée à une boucle, & qui sert à arrêter les sangles, ou courroies qu’on passe dedans. Fibulo, fibulæ claviculus. On dit proverbialement. On lui a donné son équipage complet, il n’y manque pas un ardillon.

Je crois que ce mot est dit comme arguillon, qui viendroit d’argutus, qui en latin signifie pointu.

ARDMAGH. Voyez Armack.

ARDMÉANACH. Contrée du nord de l’Ecosse. Armanochia. Elle fait partie du comté de Rolf, & s’étend entre le golfe de Cromarti & le comté de Murrey. Ce ne sont que de très-hautes montagnes.

ARDMORE. s. m. Port du comté de Waterford, en Irlande. Ardmora. Il est entre la baie d’Yougal & celle de Dungarvan.

ARDOINNA, ou ARDUINNA. s. f. Nom que les Gaulois & les Sabins donnoient à Diane, comme à la protectrice des chasseurs. On la réprésentoit couverte d’une espèce de cuirasse, tenant d’une main un arc débandé, & ayant un chien auprès d’elle.

☞ ARDOISE. s. f. Espèce de pierre tendre, de couleur bleuâtre, & qu’on divise en feuilles minces propres à couvrir les maisons. Ardosia. Cærulei lapidis sectiles laminæ. Maison couverte d’ardoise. On écrit, on dessine sur l’ardoise.

☞ On prétend que les ardoises & les pierres talqueuses sont posées perpendiculairement dans les carrières, à la différence des autres pierres qui le sont horizontalement.

☞ Un Physicien de la Province de Berry, a remarqué que le banc d’ardoise dans les carrières vient presque toujours incliné, tantôt vers le nord, tantôt vers le couchant ; ensorte que sur neuf pieds de haut, il se trouve ordinairement deux ou trois pieds d’inclinaison ; ce qui n’empêche pas que les couches d’ardoises ne soient posées les unes sur les autres, parallèles entre elles. Ces situations varient selon les différentes carrières, où les positions des bancs sont plus ou moins inclinées vers l’horizon ; ainsi il est évident que ces bancs ne sont jamais régulièrement horizontaux, ni perpendiculaires, comme quelques auteurs l’ont avancé.

☞ Ces couches se trouvent souvent séparées par différentes matières étrangères, qui arrêtent le travail des carrières, telles que le feuilletis, ou franc-quartier, qui est si peu solide, qu’il se brise facilement en petites parties. Ce qu’on appelle chats, est de la nature du silex, formant des espèces de couches de deux eu trois pieds d’épaisseur, qui empêchent de séparer l’ardoise. Les torcins sont plus rares, & composés de toutes les différentes matières de l’ardoise. On y trouve encore de l’argile mêlée avec du gravier & des marcassites ; une terre sulfureuse & noire, qui ressemble au charbon de terre, & qui est remplie de pyrites. On y voit aussi une espèce de lait de lune, formant de petites cavités dans les ardoises, & des nodus. Outre tous ces embarras, il y a encore des moucles qui sont des amas de matières convexes & concaves, qui se séparent par feuillets, comme le talc.

☞ L’ardoise contient une matière grasse & huileuse, souvent mêlée de bitume, & formée d’un limon marécageux : sa couleur est bleuâtre, tirant sur le noir, & pénétrée de parties de soufre & de fer. Pour la diviser par lames fines propres à couvrir les maisons ; on emploie dans la carrière même de grands ciseaux, qu’on fait entrer de haut en bas, dans les intestins, à coups de marteau. On la taille en tous sens par feuillets, hors de la carrière. On en fait encore des tables sur lesquels on peint facilement. Ces ouvriers s’appellent Fendeurs.

Les ardoises d’Angers font les meilleures : celles de Mezière sont plus tendres & s’écaillent. La rousse-noire est la plus estimée. La latte d’ardoise est beaucoup plus large que celle de la tuile. L’ardoise cartelette est la plus petite. On la taille quelquefois en écaille pour les dômes. L’ardoise dure se tire des côtes de Gènes : on en fait du carreau & des tables. Les beaux bâtimens sont toujours couverts d’ardoise. Les anciens n’ont point eu l’usage des ardoises ; ils couvroient leurs maisons de bardeau, ou d’aissi, comme on voit dans Pline. Philander dit que l’ardoise se coupe avec une scie dentée, & que ce mot vient ab ardendo. Du Cange. Mais il y a plus d’apparence de dire qu’il est dérivé du latin Later artesius, du nom du pays d’où il est venu d’abord.

L’ordonnance de la ville de Paris sur la moison des ardoises, porte, qu’on n’en fera que de deux qualités ; savoir, de carrée forte, qui aura onze pouces de longueur, sur six ou sept pouces de largeur, & deux lignes d’épaisseur ; & de la carrée fine, qui aura douze ou treize pouces de largeur, & une ligne d’épaisseur, dont le millier fait quatre toises de couverture, en lui donnant trois pouces & demi de pureau. Elle porte aussi, que la pierre dont ces ardoises seront faites, doit être retirée de la troisième foncière de chacune mine, ou perrière, & doit être de quartier fort & sonnant.

L’Ardoise est fort commune en Angleterre, surtout dans la province de Northampton.

Ardoise d’Irlande. Pierre Fossile de couleur noire bleuâtre & d’un goût terreux, qu’on trouve dans certaines mines d’Angleterre & d’Irlande. Tegula Hibernica. Elle est d’un usage admirable dans les hémorragies, dans le flux de l’utérus, & dans le crachement de sang. Dale. ☞ Il y a une espèce d’ardoise qu’on nomme alumineuse. Elle est d’une nature grasse & se durcit à l’air. Souvent elle s’enflamme, étant très-chargée d’alun en grain. On en trouve de différentes couleurs.

☞ ARDOISÉ, ÉE. adj. Qui se dit des choses qui tirent sur la couleur d’ardoise. Pierre ardoisée.

ARDOISIÈRE, s. f. Lieu d’où l’on tire l’ardoise. Lapidicina ardosiarum. Les plus fameuses ardoisières sont celles d’Angers.

ARDONA, Village de la Capitanate, au Royaume de Naples. Ardonia, Erdonia, Herdonia. Il est entre les villes de Troïa & de S. Marco. C’étoit autrefois une ville épiscopale.

ARDONES. Selon Borel ce sont des eaux qui s’écoulent ès prez sans qu’on le voie. Ce mot vient d’ἄρδϖ. Id.

ARDRA. Ville de Guinée, en Afrique. On la nomme aussi Andra, ou Arda. Ardra, Andro, Arda. Elle est capitale d’un royaume qui porte son nom. Regnum Ardranum. On la trouve entre la rivière de Volta & le lac de Curamo.

ARDRAGH. s. m. Petite Ville de la Lagénie, en Irlande. Ardaca, Ardacum. Elle est au sud-ouest de Longfort, ville capitale du comté de même nom. Il y a un évêché à Ardragh : il est suffragant d’Armach, & uni à celui de Kilmorc.

Ardragh, est aussi un bourg du comté d’East Meath, dans la même île. Ardracum. Il est à l’Occident de la ville d’Atherde.

ARDRE. v. a. Vieux mot françois & hors d’usage, qui signifioit autrefois, brûler. Ardere. Il y a long-temps qu’on fait ardre les hérétiques & les sorciers. Les Anglois condamnèrent la Pucelle d’Orléans à être arse & brûlée.

Ardre. Rivière de France, en Bretagne. Voyez Erdre.

ARDRES. Petite ville de France. Ardra, Arda, Ardea. Elle est dans le comté de Guines , en Picardie. Ardres est forte , & par ses fortifications, & par sa situation sur une colline environnée de marais.

Ardres. Rivière. Voyez Ardée.

ARDROSSEN, ou ARDROSEN. Bourg de l’Ecosse septentrionale. Ardrosa. Il est fur la côte du comté de Cuningham , vis-à-vis l’île d’Arren.

ARDSTIN. s. m. Rivière nommée autrement Stinchar. Ardistinus. Elle coule dans le comté de Carrick, en Ecosse, & se décharge dans le golfe de Cluy, au bourg d’Ardstinschar, vis-à-vis la pointe de la presqu’île de Cantyr.

ARDSTINCHAR ou ARDSTINSELL. Bourg dont on vient de parler. Il a un château.

☞ ARDTULLY. Voyez au mot Ardey.

ARDU, UE. adj. Pénible, difficile. Vieux mot. Arduus, a, um. Question fort ardue.

Tes dits tous d’or, tes termes azurés,
Voire si hauts, si ardus à tout prendre,
Que mon esprit travaille à les comprendre. Marot.

ARDURE. s. f. Vieux mot, qui veut dire colère. Borel.

Tant es Juno pleine d’ardure.

Borel ajoute qu’il signifie aussi amour, & il cite ces vers de Gautier d’Espinois sur l’Echo.

Ne la daigna Narcissus regarder,
Dont secha toute de ardure.

On pourroit dire que dans ces vers, ardure veut dire colère, indignation, dépit, amour. Enfin Borel ajoute que dans un troisième sens, ardure signifie quelquefois désir ; il cite ces vers du roman de la rose.

Et preste par la grande ardure
D’avoir conquerre & arrabler.

☞ ARDUSSON. (l’) Rivière de France, qui a sa source à S. Flavi, en Champagne, passe au Paraclet, & va se jeter dans la seine, entre Pont-sur-Seine, & Nogent-le-Roi.

ARE.

ARE. Conjonct. & adv. dont on se sert en Dauphiné pour signifier enfin, & maintenant ; d’ἀρα, qui signifie la même chose, & qui souvent ne signifie rien, & n’est qu’un ornement. Nos paysans s’en servent aussi comme faisoient les Grecs, en des récits où il ne signifioit rien. Chorier, Hist. de Dauph. Tom. I, liv. II, p. 100. C’est ce qu’on appelle une particule explétive. C’est aussi une interjection fort en usage dans la haute Normandie, & sur-tout à Rouen, où les Juifs l’ont portée : elle signifie vois, vois tu, voilà ; de l’hébreu rabbinique רה׳, ecce. Huet.

Are. Petite rivière du comté d’Yorck, en Angleterre. Arus. Elle sort des confins du comté de Lancastre, & se décharge dans l’Humbre, au-dessous de la ville d’Yorck.

ARÉA. s. f. Terme de Médecine. C’est une sorte de maladie qui fait tomber les cheveux. Area est une dépilation générale, qui renferme deux espèces, l’alopécie & l’ophiasis. Degori.

AREB. s. m. Monnoie de compte, dont on se sert dans les états du grand Mogol, particulièrement à Amadabath. Quatre arebs font un crou ; un crou vaut cent laes ; & un laes 100000 roupies.

AREBBA. Ville de la tribu de Juda, dans la Terre-Sainte. Arebba. Elle étoit dans la partie occidentale de cette tribu.

☞ AREBICO. Autrefois ville, présentement village de l’Amérique septentrionale , dans l’ile de Portoricco.

☞ AREC, ou ARECQ. Ville des Indes, au royaume de Decon, selon Mandeslo ; au royaume de Visapour, selon Delisle, sur la route de Dabul à Visapour.

AREC, ARÉCA, ou FAUFEL. s. m. Palma arecifera. C’est une espèce de palmier commun dans les Indes Orientales. Il ressemble au palmier cocotier, & s’élève de même fort haut. Ses feuilles font néanmoins plus étroites ; d’entre ses feuilles sort une masse longue & qui termine sa tige. Les gaines qui renferment les fleurs & les fruits sont faites en forme de nacelle, & naissent des aisselles des feuilles. Lorsque ces gaines sont parvenues à un certain degré de maturiré, elles s’ouvrent, & laissent appercevoir dans leur intérieur un balai dont la plupart des brins, sur-tout ceux du milieu, sont chargés de jeunes fruits : ceux d’à-côté qui sont les plus grêles, sont garnis de deux rangs de fleurs qui ressemblent à des épis. Chaque fleur est composée de trois petits pétales blanchâtres, anguleux, pointus, & de dix étamines jaunes. Trois filets d’un jaune plus pâle forment le pistil. Le fruit jeune est oblong, anguleux blanchâtre & luisant ; il devient ensuite jaunâtre ; & lorsqu’il a acquis une certaine maturité, il n’est plus si anguleux, ni si pointu à son extrémité. Son écorce devient ferme, ferrée & épaisse ; sa pulpe est d’un roux tirant fur le rouge, tendre & astringente au goût ; son amande est blanche. C’est dans cet état qu’on la mange avec des feuilles de bétel ; car pour lors il est plus plein de jus, & il teint en rouge la bouche & la salive. Rien n’est plus ordinaire dans les Indes, que de mâcher de l’aréca & du bétel. Les Indiens croient que cette feuille & ce fruit mêlés ensemble empêchent la puanteur de la bouche : quelquefois ils frottent les feuilles de bétel avec la chaux des coquilles. Ils composent aussi des pastilles avec la noix d’aréca, le suc de cate, le camphre, le bois d’aloès & l’ambre. Il y a beaucoup d’apparence que ce que nous nommons cachou, catechu, terra Japonica, est une préparation ou un mélange de noix d’aréca, du suc de cate, ou lycium Indicum, avec quelque chaux de coquille. Ce mélange cuit en morceaux de différente figure & grosseur, nous est apporté des Indes Orientales. On s’en sert en Europe pour arrêter les diarrhées, les vomissemens, pour empêcher les progrès des fluxions commençantes. Voyez Acosta. Il y a dans l’Hortus Malabaricus, vol. I, une bonne figure de l’aréca sous le nom de Caunga.

ARECIUM. s. m. Plante propre contre la rétention d’urine & le mal de dents. Cela ne nous apprend rien.

ARECON. Ville de la Tribu de Dan. Arecon. Elle étoit dans la partie septentrionale de cette tribu, & voisine des tribus de Benjamin & d’Ephraïm.

☞ ARÉE. Petite rivière de France. Elle tombe dans la brêche, au sortir de Liancourt, qu’elle arrose. M. Delisle, dans sa carte du diocèse de Beauvais, la nomme Are.

☞ ARÉFACTION. s. f. Terme Didactique, formé du latin arefacere, sécher, dessécher. On le dit en Chimie de la manière de dessécher les drogues qu’on veut pulvériser.

ARÉGER. (s’) Vieux mot qui veut dire s’arranger.

Et s’arrégerent li couroy
Moult bellement l’un de les l’autre.

ARÉGLE. s. m. Nom d’homme. Agræculus. Ce fut l’an 532, qu’Agricole, ou Agrécule, comme l’appelle Grégoire de Tours, ou S. Arégle, fut élevé sur le siège épiscopal de Châlons sur Saône. Baill.

ARELATIN, INE. s. m. & f. L’Histoire de Provence par Nostradamus appelle Arelatins ceux du royaume d’Arles, ou du pays d’Arles. Arelas, atis.

AREMBERG. Ville du cercle de Westphalie. Aremberga, Areburium. Elle est dans l’Eissel sur la rivière d’Ahr. Elle est capitale d’un compté qui a titre de principauté.

Le comté d’Aremberg est enclavé entre celui de Mandersheit, les terres de Juliers & celles de Trèves.

☞ AREMOGAN. Ville des Indes, sur le golfe de Bengale, appartenant au Roi de Bisnagar. Ce lieu est nommé Armegon par d’autres, & marqué comme une ancienne loge Angloise sur la côte de Coromandel.

AREMUZZE. Village du patrimoine de S. Pierre, dans l’Etat de l’Eglise. Aremuzza, anciennement Aræ Mutiæ, ville d’Etrurie.

ARÉNA. s. f. Terme de Philosophie Hermétique. Arena. C’est la terre noire, du noir très-noir, qu’il faut blanchir, autrement dite laiton. C’est encore le corps pur & net.

ARÉNA, ou ARÈNE. Rivière de Sicile. Selinus. Elle a son cours dans la vallée de Mazara ; & se décharge dans un petit golfe sur lequel est situé la ville de Mazara.

ARENAGE. s. m. Ancien droit que payoient les Bretons à leurs Ducs & Seigneurs. Voyez le P. Lobineau, Histoire de Bretagne, T. I, p. 200.

ARÈNE. s. f. Sable menu & mouvant. Arena. Il se dit particulièrement des sables de la mer, des rivières, & des grands chemins. ☞ Arène, gravier & sable ne diffèrent que par la grosseur des grains. Les plus petites parties dans lesquelles se réduisent les pierres forment le sable ; les plus grosses le gravier ; & l’on donne le nom d’arène à celles qui tiennent le milieu, plus petites que le gravier, plus grosses que le sable. Ecrire sur l’arène, se dit de ce qu’on écrit, & qui ne sera pas de durée. Bâtir sur l’arène, c’est bâtir imprudemment sur un fond mal assuré, sur le sable mouvant. Cela se dit aussi au figuré des desseins & des entreprises qui n’ont pas un fondement solide.

Ce mot est plus propre pour la poësie que pour la prose.

J’aime mieux un ruisseau, qui sur la molle arène
Dans un pré plein de fleurs lentement se promene ;
Qu’un torrent débordé, qui d’un cours orageux
Roule plein de gravier fur un terrain fangeux. Boil.

On appelle aussi arène, la partie de l’amphithéâtre des Anciens où se faisoient les combats des gladiateurs & des bêtes farouches. En particulier, l’arène étoit le champ du milieu. Végéce, Liv. I. ch. II, distingue l’arène & le champ, campus. L’arène étoit pour les gladiateurs, ce qu’on appeloit campus, par rapport aux soldats & aux armées, c’est-à-dire, le lieu où ils se battoient ; & celui qui se battoit dans l’arène s’appeloit Arenarius. ☞ Dans ce sens arène est de la prose aussi bien que des vers. Néron obligea les Chevaliers Romains à descendre dans l’arène. Ablanc. C’est de-là qu’est venu le proverbe latin, Consilium in arena ; c’est-à-dire, un conseil pris sur le champ, & sur le lieu du combat, ☞ & l’expression latine, in arenam descendere, descendre dans l’arène, sur l’arène, pour dire, se présenter au combat.

☞ On appelle encore l’amphithéâtre de Nîmes, les arènes.

Ce nom vient du latin arena, sable ; & fut donné au lieu où combattoient les gladiateurs, parce qu’il étoit sablé, ou couvert de sable.

Arènes. On appelle de ce nom, un amphithéâtre que les Romains bâtirent à Nîmes, & qui est un de ceux qui se sont le mieux conservés. Il est encore presque tout entier. On y voit un château que les Goths y construisirent l’an 420, & qu’on appelle le Château des Arènes. Antiq. de Nîmes. Il est encore fait mention dans les anciennes Histoires des arènes de Reims, des arènes de Périgueux, des arènes de Paris, qui étoient devant saint Victor. Ce nom subsiste de même dans quelques autres villes de France, comme à Bourges, où l’on appelle encore la rue des arènes, celles qui conduisoit aux arènes, qui subsistoient il n’y a pas encore bien du temps, & que l’on a comblées pour faire la place que l’on nomme Ducale, ou Bourbon, & où se tient le marché.

Arène, se dit métaphoriquement des exercices de l’esprit, sur-tout en vers.

Mais je n ai pu souffrir qu’une indiscréte veine
Le forçat, vieux athléte, à rentrer dans l’arène.

☞ ARÉNÉ, ÉE adj. Terme d’Architecture, désigne ce qui est baissé ou affaissé par une charge trop forte, ou par ce que le fond n’est pas folide. Devressus, subsidens. Ce mur est aréné.

☞ ARÉNEUX, EUSE. adj. Rempli de sable. Arenosus. Les plages areneuses de la Lybie. Pays aréneux. Ce mot a vieilli, & n’est plus de l’usage ordinaire ; mais il est très-propre pour la poësie, où il paroît faire un plus bel effet que sablonneux.

ARENSBERG. Ville d’Allemagne. Arensberga. Elle est dans le duché de Westphalie, sur la rivière de Roër, au midi de Lippe.

Le comté d’Arensberg a la ville d’Arensberg pour capitale. Arensbergensis comitatus. Il est dans le duché de Westphalie.

☞ ARENSWALDE, ou AKNSWALDE, ville d’Allemagne, dans la nouvelle Marche de Brandebourg, sur le Lac de Slavin, aux frontières de la Pomeranie.

☞ ARENTSHAUSEN. Petite ville d’Allemagne, au Palatinat du Rhin, dans le comté de Lutzelstein.

☞ ARÉOLE. s. f. diminutif. Petite aire, petite surface. Areola. On ne le dit guère qu’en Anatomie pour désigner le cercle coloré qui environne le mamelon. Il change de couleur suivant les différens âges. Les filles l’ont d’un rouge vermeil ; il devient brun dans les femmes, & livide dans les vieilles.

☞ ARÉOMÈTRE. s. m. Aræometrum. Ce mot est formé du grec avalas , tenuis, subtilis, & μετρον, mensura. Instrument propre à peser des esprits, des liqueurs spiritueuses : instrument dont on se sert pour connoître le degré de pesanteur des fluides , autrement pese-liqueur. On s’en sert en Physique & en Chimie. Celui dont on se sert dans l’Académie des Sciences est presque le même que celui qui est décrit dans les Essais de l’Académie de Florence. C’est une ampoule de verre lestée de vif-argent, ayant un cou fort étroit, divisé en parties égales selon toute sa longueur. On abandonne cet instrument en le plongeant dans les liqueurs qu’on veut comparer, & on juge de leur pesanteur par le degré jusqu’auquel cet instrument s’y enfonce.

☞ C’est une loi constante qu’un corps s’enfonce dans un fluide, jusqu’à ce qu’il occupe dans ce fluide la place d’un volume qui lui soit égal en pesanteur. On estimera donc la pesanteur de la liqueur où l’on plonge l’aréomètre, par le plus ou moins de profondeur à laquelle il descendra, laquelle est indiquée par les degrés marqués sur le cou de l’instrument. La liqueur où il descendra plus bas, sera la plus légère, & celle où il s’enfoncera moins, sera la plus pesante.

Dans les Mémoires de l’Académie des Sciences 1699, M. Homberg donne un nouvel aréomètre, préférable en plusieurs choses à l’ancien. La construction de ce nouvel aréomètre consiste en un vaisseau de verre semblable à un petit matras, dont le cou est si menu qu’une goutte d’eau y occupe l’espace de cinq à six lignes. A côté de ce cou, il sort de la panse du vaisseau un petit tuyau de la même capacité que le cou, & de la longueur d’environ six lignes, parallèle au cou. Ce petit tuyau sert pour donner une sortie à l’air qui est dans le vaisseau, à mesure qu’on le remplit d’une liqueur. La raison pour laquelle le cou est si menu, est que par-là on peut plus aisément connoitre le vrai volume de la liqueur qui est entrée dans le vaisseau. L’on fait une marque sur son cou pour connoitre jusqu’où il doit être rempli. Il est bon de faire un peu évaser en entonnoir l’extrémité du cou, pour y verser plus facilement la liqueur.

L’usage de cet aréomètre est de le remplir d’un esprit acide jusqu’à la marque de son cou, de le peser ensuite avec un bon trébuchet, & de comparer le poids de cet esprit au poids d’un autre esprit. L’on y connoitra très-exactement de combien l’un pèsera plus que l’autre, parce qu’une goutte occupant l’espace de cinq ou six lignes dans le cou de cet aréomètre, si on y avoit versé la hauteur d’une ligne de trop ou trop peu, l’erreur ne seroit que d’un cinquième ou sixième de goutte sur toute la quantité qu’on auroit mesurée, ce qui est très-peu de chose, & cependant cela sera très sensible dans l’aréomètre, & très facile à corriger, en y ajoutant un peu de liqueur, s’il y en a trop peu, ou en frappant avec le doigt sur l’entonnoir du cou, s’il y en trop, ce qui fera sortir un peu de la liqueur par le petit bout du tuyau.

On peut avec cet instrument examiner non-seulement les esprits acides, mais aussi les sulfureux, & toutes sortes d’autres liqueurs; & comme les liqueurs sont sujètes à se dilater dans le chaud, & à se resserrer dans le froid, il entrera en hiver plus de liqueur dans l’aréomètre, qu’il n’en entrera en été. Pour remédier à cet inconvénient, M. Homberg a donné une table des liqueurs les plus considérables dont on se sert en Chimie, & il y marque combien ces liqueurs ont pesé dans la plus grande chaleur de l’été, & combien dans un temps où il geloit, afin que par-là on puisse savoir la différence de ces deux extrémités au temps dans lequel on veut se servir de l’aréomètre. Voici cette table.

L’aréomètre plein de mercure a pesé en été onze onces & sept grains, en hiver onze onces & trente-deux grains.

Plein d’huile de tartre, en été, 1 once, 3 drachmes, 8 gr.
En hiver, 1 once, 3. dr. 32 gr.
Plein d’esprit d’urine, en été, 1 once, 32 gr.
En hiver, 1 once, 43 gr.
Plein d’huile de vitriol, en été, 1 once, 3 dr. 58 gr.
En hiver, 1 once, 4 dr. 3 gr.
Plein d’esprit de nitre, en été, 1 once, 1 dr. 40 gr.
En hiver, 1 once, 1 dr. 70 gr.
Plein d’esprit de sel, en été, 1 once, 39 gr.
En hiver, 1 once, 47 gr.
Plein d’eau-forte, en été, 1 once, 1 dr. 38 gr.
En hiver, 1 once, 1 dr. 55 gr.
Plein de vinaigre distillé, en été, 7 dr. 55 gr.
En hiver, 7 dr. 60 gr.
Plein d’esprit de vin, en été, 6 dr. 47 gr.
En hiver, 6 dr. 61 gr.
Plein d’eau de rivière, en été, 7 dr. 53 gr.
En hiver, 7 dr. 57 gr.
Plein d’eau distillée, en été, 7 dr. 50 gr.
En hiver, 7 dr. 59 gr.

L’aréomètre vide pesoit une drachme vingt-huit grains.

Cette table marque le poids exact de ces liqueurs, en hiver & en été, & la vraie différence des unes aux autres ; mais elle ne marque pas la quantité de sel volatil acide, & la quantité de flegme dont ces esprits sont composés. Voyez la table que nous avons mise au mot Esprit, elle vous l’enseignera.

ARÉOPAGE. s. m. Tribunal ou Sénat des Athéniens. Aréopagus. Quelques-uns disent que c’étoit une espèce de palais, situé sur une colline dans la ville d’Athènes, & que c’étoit dans ce palais que le Sénat de cette fameuse ville s’assembloit. C’est l’idée qu’Hésychius en donne. D’autres appellent Aréopage, non-seulement le palais où s’assembloient les Aréopagites, mais un fauxbourg tout entier d’Athènes, ou la colline sur laquelle étoit placé ce palais. Le nom Aréopage semble favoriser cette opinion. Car il signifie proprement la colline de Mars, ou le rocher de Mars, πάγος colline, rocher, & Ἄρειος, qui appartient à Mars. On dit qu’il fut ainsi nommé, soit parce que l’Aréopage étoit situé dans un petit bourg où il y avoit un temple de Mars ; soit parce que la première cause qui y fut plaidée, fut celle de ce Dieu, accusé d’avoir tué le fils de Neptune, & renvoyé absous par douze autres Dieux ; ou bien parce qu’il y condamna Mars d’adultère. L’Auteur des Etymologies dit, parce que les Amazones filles de Mars campèrent là ; Æschyle, dans les Euménides, v. 690, parce que les Amazones portées sur cette colline, immolèrent à Mars un grand nombre de victimes. Ce Poëte paroit ignorer, ou ne pas croire tout ce que Pausanias, Liv. I. Libanius, Orat. 22 & 23. Servius, in Virg. Georg. Lib. I, v. 18, rapportent du procès de Mars & de Neptune. Il conte qu’après la guerre de Troye l’Aréopage prononça son premier arrêt contre Oreste. Mais Apollodore, Liv. III, remonte plus haut,& veut que cet illustre Sénat ait banni à perpétuité Céphale, pour avoir tue malheureusement sa femme d’un coup de flèche. Tourr. Cette Justice étoit en grande réputation chez les Grecs. Les Romains eux-mêmes en avoient une si haute opinion, qu’ils renvoyoient beaucoup de causes ambiguës à sa décision. L’Histoire vante en mille endroits l’intégrité de ceux qui composoient cet auguste & fameux tribunal.

Les Auteurs ne conviennent pas du nombre des Juges. Les uns en comptent 31, les autres 51, & d’autres jusqu’à 500. Il paroît que le nombre n’en étoit pas fixé, & qu’il étoit plus ou moins grand chaque année. Une inscription grecque rapportée par Volaterran, marque qu’ils étoient 500, ce qui doit s’entendre de l’année que cette inscription fut faite. D’abord cet auguste tribunal ne fut composé que de neuf Archontes sortis de charge. Leur salaire étoit égal, & payé des deniers de la république. On donnoit à chacun d’eux, trois oboles pour une cause. La Guill. Les Aréopagites étoient Juges perpétuels. Ils ne jugeoient que la nuit, afin d’avoir l’esprit plus recueilli, & plus attentif, & qu’aucun objet de haine, ou de pitié, ne pût surprendre leur religion. ☞ Par la même raison les Avocats étoient obligés d’y exposer leurs causes avec beaucoup de simplicité, sans employer ni exorde ni péroraison. Ils ne jugeoient d’abord que des causes criminelles. Ils eurent ensuite une juridiction plus étendue, cependant ils ne faisoient proprement que de débrouiller les affaires d’Etat.

M. Spon, qui étoit à Athènes en 1676, & qui examina les restes de cette fameuse ville, & en particulier de l’Aréopage, dit dans le second tome de ses voyages, que l’on voit encore les restes de l’Aréopage au midi du temple de Thésée, qui étoit autrefois au milieu de la ville, & qui est aujourd’hui hors des murs. On voit les fondemens de l’Aréopage en demi-cercle, & une esplanade de 140 pas environ, qui étoit proprement la talle de l’Aréopage. Il y a un tribunal taillé au milieu du roc, & des siéges aux deux côtés, sur lesquels les Aréopagites prenoient séance, exposés à l’air. Assez près font des grottes dans le roc, que l’on conjecture avoir servi de prison peur enfermer les criminels. Voyez les voyages de M. Spon, Tom. II, & Meursius, de Senatu Areopag. Tacite, Annal. Liv. II, ch. 55, l’appelle Areum Judicium. Jugement de Mars, & Juvénal, Sat. IX, v. 101, Martis Curia, la Cour de Mars. Voyez sur l’Aréopage & les Aréopagites le P. Salien dans ses Annales à l’année 2538, S. Aug. De Civ. Lib. XVIII. cap. 10, & les Notes de Vivez, Pollux, Liv. VIII. Isid. Pelus, Lib. II, ep. 91. Sam. Petit, Leges Attic, sur tout Liv. III, Tit. 2. Meursius déjà cité, & Vosius, Areopag.

☞ Comme l’Aréopage étoit célèbre par sa réputation de sagesse & d’intégrité, on dit figurément d’une compagnie respectable, que c’est un Aréopage : & généralement on applique ce mot à une assemblée de Juges, de Magistrats, d’Hommes d’état.

ARÉOPAGITE. s. m. Sénateur, Juge de l’Aréopage. Areopagita, Aréopagites. Solon établit le premier les Aréopagites. D’autres prétendent que les Aréopagites furent établis du vivant de Cécrops, l’année que mourut Aaron , qui fut l’an du monde 2553 ; que Solon ne fit que mettre des règlemens dans l’Aréopage, & lui donner de la considération ; ou plutôt, que Draco l’ayant aboli, Solon le rétablit.

Au reste, Démosthène lui-même, dans sa harangue contre Aristocrate, déclare qu’il ne voit pas clair dans l’origine de l’Aréopage, & dit, Les Instituteurs de ce Tribunal, quels qu’ils soient, ou Dieux, ou Héros. Ainsi ce que l’on en dit, ne doit point passer pour certain.

☞ Quelques-uns ont cru que saint Denis, premier Evêque d’Athènes, étoit Aréopagite. Les Moines de saint Denis ont cherché à confondre ce Denis avec saint Denis premier Evêque de Paris.

ARÉOPAGITIQUE. Areopagitica Hilduini. On appelle les Aréopagitiques d’Hilduin, une Histoire de saint Denis qu’Hilduin Abbé de saint Denis, composa au IXe siècle par ordre de Louis le Débonnaire, dans laquelle il soutient que le premier Evêque de Paris, est le même que saint Denis l’Aréopagite, & où il le fait aussi Auteur des écrits attribués à saint Denis l’Aréopagite. Les Aréopagitiques d’Hilduin ont été imprimés à Cologne en 1563. Voyez au mot Denys.

ARÉOSTYLE. s. m. Terme de l’ancienne Architecture, signifie un édifice dont les colonnes sont éloignées les unes des autres de huit ou dix modules, c’est-à-dire, extraordinairement éloignées. Arcostylos. Ce mot vient du grec ἀραιὁς, rare, & στυλἡ, colonne. Selon Vitruve, la plus grande distance qui peut être entre les colonnes de cette sorte d’édifice, est de huit modules ou quatre diamètres. ☞ Il est opposé au pycnostyle, dont les colonnes sont si pressées, que les entrecolonnemens n’ont qu’un diamètre & demi de chaque colonne.

ARÉOTECTONIQUE. s. f. ou adj. pris substantivement. Terme de Fortification. Partie de l’Architecture militaire qui regarde l’attaque, & le combat.

ARÉOTIQUE. s. m. Areoticus. Médicament qui ouvre les pores, & les rend plus larges, pour faciliter la transpiration.

AREQUE. s. m. Voyez Areca

ARÉQUIPA. Ville du Pérou. Arequipa. Elle est dans la Vallée de Quilca, à cent lieues de Lima. ☞ C’est le siège d’un Evêque suffragant de cette dernière ville. Le séjour en est très-agréable. L’air y est fort tempéré, le plus pur de tout le Pérou.

ARER. v. n. Arare. Terme de Marine. C’est chasser sur les ancres. Ce qui se dit d’un vaisseau quand il traîne l’ancre.

ARESCUEL. s. m. Vieux mot, qui signifie manche, manubrium. Borel.

Une lance rude à merveille,
Lui ont eus en poing d’estre mise,
Et il l’a par l’arescuel prise. Perceval.

ARESGNER. v. a. Vieux mot, qui veut dire, arrêter un cheval par les rênes. Borel.

Si a son cheval aresgné. Perceval

ARESGOL. Voyez Haresgol.

ARESTINGA. Cap de Perse. Arestinga promontorium, autrefois Alambatera extrema. Il est dans le Kherman, au midi de la ville de Guadel.

Arestinga, est aussi une île de Perse, Arestinga. Elle est sur la côte du Kerman, près du cap dont on vient de parler. On croit que c’est la Liba des Anciens.

ARETE, s. f. La partie dure & solide des poissons, qui soutient leur chair comme les os soutiennent celle des autres animaux. Spina. La vive a une arête dont la piqûre est fort dangereuse. Poisson qui a beaucoup d’arêtes. Poisson sans arêtes. Ménage dérive ce mot de arista, à cause de la ressemblance qu’il y a entre les épis & les arêtes des poissons. Aussi l’arête s’appelle en latin arista.

En termes de Charpenterie, on appelle du bois scié à vive arête, lorsqu’on en ôte tout l’aubier, ou le bois blanc qui est auprès de l’écorce, & que les angles de la pièce ouvragée sont de bois dur & solide, & bien marqués. On appelle aussi vives arêtes, les angles vifs des pierres, & des autres corps taillés en angle. On appelle aussi des voûtes en arête, les voûtes à ogives. Camera fectis ac politis lapidibus decussata. Les voûtes d’arête n’ont pas une si grande poussée. Arête de lunette, c’est l’angle où une lunette se croise avec un berceau. L’arête d’une enclume, est le bord d’une enclume. L’arête d’une épée, est l’élévation qui regne le long de quelques lames d’épée.

Arête de glacis, est la jonction du talus formé à tous les angles.

Arête. Terme de Chapelier. C’est l’extrémité par où l’on arrondit un chapeau, & où l’on coud ce que l’on appelle un bord de chapeau.

Arête, est aussi un terme d’Orfévre, & c’est la partie de la cuiller élevée sur le cuilleron.

Arête, se dit encore des plats & des assiettes ; & c’est l’extrêmité du bord du plat, & de l’assiette du côté du fond.

Arête. Terme de Botanique employé pour exprimer cette partie animée & pointue qui termine le fruit de quelques espèces de chiendent, ou qui termine leurs balles, qu’on doit regarder comme le calice des fleurs des plantes fromentacées. On dit glumæ aristatæ, des balles terminées par des arêtes, aristæ recurvæ, arêtes coudées. L’aristoloche longue d’Amérique a un fruit divisé en six angles arrondis, dont le dos est surchargé d’une arête ronde & élevée. P. Plum.

Arêtes, en termes de Manège, ce sont des galles & tumeurs qui viennent sur les nerfs des jambes de derrière d’un cheval, entre le jaret, & le paturon. On appelle aussi des Arêtes, les queues des chevaux dégarnies de poil, qu’on appelle Queues de rat.

ARÉTHUSE. Ville de Sicile. Voyez Fornacuse, ou Fornacusa.

Aréthuse. Terme de Mythologie. Arethusa. Fontaine de Sicile, proche de Syracuse. Les Anciens ont cru que l’Alphée, fleuve du Péloponèse, passant sous la mer par des conduits souterrains, venoit reparoître en Sicile & former la fontaine Aréthuse, ou du moins mêler ses eaux avec elle ; & Pline, Liv. II. ch. 103, dit que ce qu’on jette dans l’Alphée se retrouve dans la fontaine Aréthuse. C’est sur cela que les Poëtes ont fondé la fable de l’amour d’Alphée pour la Nymphe Aréthuse, & de la métamophorse de la Nymphe en fontaine. ☞ Alphée, disent-ils, ayant apperçu Aréthuse dans le bain, en devint éperdument amoureux. Pour se soustraire à ses poursuites, Aréthuse pria Diane, dont elle étoit compagne, de la changer en fontaine. Diane écouta favorablement sa prière : la Nymphe fut métamorphosée en fontaine, & placée auprès de Syracuse : mais l’amoureux Alphée la reconnut sous ce déguisement, & traversa la mer pour mêler ses eaux avec celles de sa chère Aréthuse, avec laquelle il sort de terre se trouvant dans un même lit. Bochart, Phaleg. Liv. I. ch. 28, croit que ce nom est Phénicien ; qu’il vient d’ארית, arith, qui signifie un ruisseau, un étang ; que cette fontaine s’est aussi appelée ען אלפיא. En Alphia, la Fontaine des navires, parce que les vaisseaux y alloient faire de l’eau, ou ען הלפיא, En Alphia, la Fontaine des saules, parce qu’elle en étoit peut-être entourée, & que la resemblance du nom Alphia, ou Halphia, avec Alphée, avoit donné lieu à l’opinion que nous avons rapportée. Voyez Pline, Mela, Solin, Cluvier, De Sic. Ant. pag. 156. Bochart cité.

Il y a encore du même nom une fontaine proche de Smyrne, une dans l’Eubée, une dans Itaque, dont parle Homère, & une dans la Béotie, proche de Thèbes ; un lac en Arménie ; & deux villes, l’une en Syrie, & l’autre dans la Macédoine.

ARETIER. s. m. Terme de Charpentier. C’est une pièce de bois qui forme l’arête ou l’angle des couvertures qui sont en croupe ou en pavillon. On appelle Arêtiéres, les enduits de plâtre, ou de mortier, qu’ils mettent sur la couverture d’un pavillon aux endroits où sont les arêtiers.

☞ ARÉTOLOGIE. s. f. Partie de la Philosophie morale qui traite de la vertu & des moyens d’y parvenir. Ce mot, qui est peu usité, est formé du grec ἀρετή, vertu, & λόγος, discours, traité. Traité de la vertu.

ARÉVALO, AREVALOS, ou AREBALO. Petite ville de la vieille Castille, province d’Espagne. Arevalum. Elle est au voisinage du royaume de Léon, plus au midi que Valladolid, à six lieues de Medina del Campo.

AREUNA. Voyez le mont Aman.

AREXIL. Voyez Arraïola.

AREY. s. m. Nom d’homme. Aregius, Arigius, Aredius, Aridius. S. Arige, ou Arey, Evêque de Gap. Il y a un S. Arey, Evêque de Nevers, mais que nous n’appelons point Arige.

ARÉZIBO. Nom d’une ville, Arrezibum & d’une rivière qui la baigne, Arrezibus fluvius. Elles sont dans l’île de Porto-Rico, l’une des Antilles.

AREZZO. Ville très-ancienne de Toscane. Aretium. Elle est dans le Florentin, sur le penchant d’une colline, près du confluent de la Chiane & de l’Arno, entre Citta di Castelli & Florence. Elle a un Evêché suffragant de l’Archevêché de Florence.

☞ ARFEART. Voyez Ardart.
ARG.

ARG. Nom de deux rivières de Souabe, en Allemagne. Argus. Ces deux rivières se joignent à Achberg, passent à Wangen, & se déchargent dans le lac de Constance.

ARGA. s. m. Fruit d’un arbre qui croît en Afrique, & qui est plein d’épines. Ce fruit est gros comme les olives. Les Africains en font une huile, dont l’odeur est fort mauvaise, & dont ils se servent néanmoins, non-seulement pour brûler, mais pour manger. Jean Léon l’Africain, Descript. de l’Afr. P. II.

Arga. Rivière d’Espagne. Aragus, Argus. Elle a sa source dans les Monts Pyrénées, vers les confins de la basse Navarre, traverse la haute, baigne Pampelune, & se joint à l’Arragon, vis-à-vis de Villa-Franca, ou Ville-Franche.

ARGAN. Bourg de la Castille nouvelle, en Espagne. Argona. Il est dans le diocèse de Tolède.

ARGANEAU, ou ORGANNEAU. s. m. Terme de Marine. C’est un gros anneau de fer où l’on attache des manœuvres & des cordages. Annulus crassior. Il y a des arganeaux aux platbords, aux batteries, aux ancres, &c. C’est un anneau placé à l’extrémité de l’ancre, où l’on attache le cable.

Arganeau, est aussi une petite chaîne que l’on met aux galériens, seulement pour la forme, & qu’on appelle autrement Alganon. Catenula.

ARGATA. Les chevaliers de l’Argata, c’est-à-dire, du Devidoir. Bernardo Giustiniani, Hist. di tutti gl Ord. Milit. ch. 62, les compte parmi les Ordres militaires ; mais ce ne fut qu’une compagnie de quelques Gentilshommes du quartier de la porte neuve à Naples, qui en 1388 se joignirent ensemble pour défendre le port de cette ville en faveur de Louis d’Anjou, contre les vaisseaux & les galères de la Reine Marguerite. Ils s’appelèrent Chevaliers de l’Argata, c’est à-dire, en langage Napolitain, du Devidoir, parce qu’ils prirent pour marque de leur union la figure d’un devidoir, qu’ils portoient d’or en champ de gueules sur le bras, ou sur le côté gauche. Cette compagnie ne dura qu’autant que le règne de Louis d’Anjou. Quelques-uns disent que par ce devidoir ils vouloient marquer que la conquête d’un royaume se fait peu à peu, comme le fil se devide. D’autres croient plus vraisemblablement, à ce qu’il paroit à B. Giustiniani, que ce fut pour marquer le mépris qu’ils faisoient de la Reine, & du gouvernement d’une femme.

ARGÉE. s. m. Fils de Licimnius, fut emmené par Hercule, qui promit à son père de le ramener. Mais le jeune homme étant mort dans le voyage, Hercule fit brûler son corps pour en recueillir les cendres & les apporter à son père, satisfaisant autant qu’il étoit en lui, à son engagement. On dit que c’est le premier exemple de corps brûlés après la mort.

Argée. s. f. Nimphe de la chasse que les Poëtes ont feint avoir été métamorphosée en biche par le soleil, parce que courant après un cerf, elle se vanta de le prendre, quand même il iroit aussi vite que le soleil. Ce qui offensa ce Dieu.

Argée, ou bien Argées. s. f. pl. ou adj. pris substantivement. Argæus ou Argeus ; Argei, ou Argea. Figures de jonc que les Vestales jetoient tous les ans dans le Tibre le jour des ides de Mai, c’est-à-dire, le 15 de ce mois. C’est Festus & Varron qui nous apprennent cette cérémonie. Varron néanmoins dit, que c’étoient les Prêtres qui les jetoient, à moins qu’on ne veuille prendre le mot Sacerdotibus, dont il se sert au féminin, pour les Prêtresses. Il ajoute qu’on jetoit trente de ces Argées, ou figures d’homme. Plutarque, dans ses Questions Romaines, demande pourquoi on appeloit ces figures Argées ? On en rapporte deux raisons ; la première, que c’est peut-être parce que les Barbares qui habitèrent ces lieux les premiers, jetoient dans le Tibre tous les Grecs qu’ils pouvoient trouver. Car on appeloit Argées indifféremment tous les Grecs. Mais Hercule leur persuada de quitter une coutume si barbare ; & pour expier leur crime, d’instituer des sacrifices, & de jeter des figures d’hommes dans le Tibre au lieu d’hommes. La seconde est, qu’Evandre, Arcadien, & par conséquent ennemi des Argiens, pour perpétuer cette haine dans sa postérité, institua que l’on jeteroit des figures d’Argiens dans le fleuve. Voyez Plutarque au Liv. cité. Ovide, Fast. L. V. v. 625, & Rosin. Antiq. Rom. L. IV. C. 9. Il y avoit aussi à Rome des lieux appelés Arges, & des Pontifes Argées, Pontifices Argei.

ARGEIPHONTÈS. Voyez Argiphonte.

☞ ARGEMON. s. m. Terme de Chirurgie. Argema, atis ou Argemon, onis. Maladie de l’œil, espèce de taie ; tâche qui vient dans l’œil, rouge aux extrémités, & blanche au milieu.

ARGEMONE. s. f. Espèce de pavot sauvage, ainsi appelée, parce qu’elle est bonne pour guérir de petits ulcères des yeux, qu’on nomme Argemon. Argemone, Argemonia. Elle a les feuilles comme l’anémone, légèrement découpées. Ses fleurs sont rouges, & semblables à celles du pavot sauvage. Ses têtes ressemblent aussi à celles du pavot rouge ; mais elles sont plus longues & plus larges au-dessus. Sa racine est ronde & jette un suc jaune, qui est âcre, & mordicant au goût. C’est l’Argemon de Dioscoride. Il y a d’autres espèces de pavot qu’on appelle de ce même nom. Quelques-unes ont les fleurs jaunes. Elle fleurit en Juin.

☞ ARGENCES. Bourg de France, dans la basse Normandie, Diocèse de Bayeux, à trois ou quatre heures de Caën.

ARGENDAL. Petite ville du Palatinat du Rhin, en Allemagne. Argendalia. Elle est entre Simmeren & Baccarach.

ARGENS. Rivière de Provence, en France. Argenteus fluvius ; ainsi nommée à cause de la pureté de ses eaux. Elle a trois sources aux environs de Saint-Maximin & de Barjols. Elle va par Arcs & le Muy porter ses eaux dans la Méditerranée, entre le petit golfe de Grimaud & celui de Napoule.

ARGENT. s. m. Métal qui tient le second rang entre les métaux, qui est fort blanc, le plus dur & le plus précieux après l’or. Argentum. L’argent au sortir des mines s’affine avec le mercure, ou le vif-argent. M. Homberg, dans l’Hist. de l’Acad. des Sciences, an. 1709, dit, que le métal parfait n’est que du mercure très-pur, dont les petites boules ont été percées peu à peu de toutes parts par la matière de la lumière ; que les trous qu’elle y a faits, sont entièrement pleins de cette matière ; que ces pertuis sont si menus, que la matière de la lumière qui s’y est introduite, y est restée attachée par son gluten naturel ; que les extrémités des pertuis d’une petite boule de mercure, touchant les extrémités de plusieurs autres boules de mercure, les attachent ensemble par la partie de la lumière qui se trouve aux extrémités des pertuis, qui se touchent immédiatement. Il conclut de-là, que l’or & l’argent ne différent que par le plus ou le moins des parties de la matière de la lumière, qui a pénétré plus ou moins profondément, & en plus grande ou plus petite quantité, les parties du mercure ; d’où il s’ensuit que l’argent peut, avec le temps, devenir or. Ce qu’il confirme par des expériences sur l’argent, dont il a tiré de l’or ; & parce que dans les mines il se trouve quelquefois un or pâle, qui par quelques fontes se perfectionne & vient en couleur. Ce systeme n’a pas fait fortune. On a remarqué qu’on a tiré de l’argent des terres qui avoient été jetées à quartier, lorsqu’on avoit fait les ouvertures, & les puits des mines, & qu’il s’y en étoit formé de nouveau depuis ce temps-là. ☞ Les plus fameux Chimistes assurent que l’argent est composé de mercure, de soufre & de sel. Ils assurent encore qu’il y a beaucoup moins de particules salines, & beaucoup plus de pores dans l’argent que dans l’or ; aussi ces deux métaux différent-ils spécifiquement entr’eux. Il y a de l’argent monnoyé, & non monnoyé. L’argent fin est au titre de 12 deniers, chacun de 24 grains ; chaque grain se divise en demi, en quarts, & en huitièmes, &c.

Les Orfévres, par l’Ordonnance, ne peuvent travailler d’argent qu’au titre d’onze deniers, douze grains ; & en ouvrages moulés, ils ont quatre grains de remède pour marc. Cet argent ainsi travaillé s’appelle Argent le Roi, qui est de 12 grains, ou d’une maille, ou obole moindre que l’argent fin, qui est à 12 deniers. Argent le Roi ou du Roi, parce que nos Rois n’ayant aucune mine d’or ni d’argent en France, ont accordé quelque profit aux étrangers qui en apporteroient, en leur payant l’argent qui étoit à onze deniers 12 grains, comme s’il eût été à 12 deniers ; ce qui se voit par un extrait du registre de la Chambre des Comptes coté, Noster, fol. 20 s. Argent le Roi, est & doit être à une maille d’argent fin. Car argent fin est à 12 den. d’aloy, & l’argent le Roi, à 11 den. obole. Et si l’en dit telle monnoie est à 8 den. d’argent le Roi, si prend l’en l’argent le Roi à 12 den. & le fin à 12 den. obole, & vaut chacun denier 24 grains & 12 grains obole ou maille ; ainsi ont porté chacun denier d’aloy d’argent fin, un grain en argent le Roi. Si comme qui diroit, cette monnoie est à 4 den. d’argent fin, c’est-à dire, qu’il est à 4 den. 4 grains d’argent le Roi, & ainsi des autres. Boizard. Les gros tournois de Saint Louis étoient à 12 deniers d’argent le Roi.

Argent trait, est de l’argent passé par la filière, dont on fait des cordons d’argent. Argentum ductile. Argent mat, est celui qui n’est pas poli, ou bruni. Argentum rasile, impolitum. Il y a aussi argent filé. Argentum ductum in stamina. Argent tissu, textile, textum. Argent en feuille. In tenues ductum laminas, Bracteas, Bracteolas. Argent battu. Malleatum. Argent en masse ou en billon. Infectum. Argent en coquille pour peindre ou argenter. Mollitum, dilutum, liquatum. Argent mis en pâte, par l’eau de départ, pour argenter, &c. Maceratum. Argent bas, c’est celui qui n’est pas au titre requis. Justo defectum pondere.

Argent de coupelle, c’est l’argent le plus fin qui a passé par la coupelle, ou l’examen du feu, & qui est ordinairement en grenaille. Argentum purgatum, ustulatum. On éprouve l’argent à la languette, avant que de le contremarquer du poinçon de la ville. Cette épreuve se fait par le feu sur un morceau de l’ouvrage qu’on y laisse exprès, qui est hors d’œuvre.

Argent en bain, c’est en termes de Monnoie de l’argent entièrement fondu dans le creuset. Et de l’argent en pâte, c’est quand il est prêt à fondre dans le creuset.

Argent faux, c’est du cuivre rouge argenté & tiré à la filière. Boizard, Traité des Monnoies, P. I. 28, décrit la manière dont on le tire.

l’Argent en coquille, est fait des rognures des feuilles, ou des feuilles mêmes d’argent battu. On s’en sert à peindre & à argenter quelques ouvrages.

Argent fin fumé, c’est de l’argent fin, soit trait, soit filé, soit battu & escaché, que l’on met long temps prendre couleur à la fumée, afin de le vendre pour de l’argent fin doré.

Argent tenant or. Quand l’or est au-dessous de dix-sept karats, & qu’il est allié sur le blanc, il perd son nom & sa qualité d’or, & n’est plus qu’argent tenant or.

Argent de cendrée. C’est cette poudre d’argent qui se trouve attachée aux plaques de cuivre qu’on a mises dans l’eau forte, qui a servi à l’affinage de l’or, après qu’elle a été mêlée d’une certaine portion d’eau de fontaine. L’argent de cendrée est estimé à douze deniers, qui est le titre de l’argent le plus fin.

Argent de permission. On nomme ainsi dans la plûpart des villes des Pays-Bas François ou Autrichiens, ce qu’on nomme ailleurs Argent de change. Cet argent est différent de l’argent courant ; & les cent florins de permission, y valent cent huit florins & un tiers courans.

Argent, se dit de toute sorte de monnoie d’or, d’argent, ou de quelque métal que ce soit, servant au trafic & à faire des payemens. Acad. Fr. Pecunia, nummi. On a payé cette terre argent comptant. Les Banquiers ont tout leur bien en argent, & à intérêt. On est comptable quand on a manié l’argent du Roi ; pour dire, les revenus de l’Etat. Cette dot a été payée argent bas, ou argent sec, c’est-à-dire, argent comptant, & en bonne monnoie. On dit aussi de tous les meubles & effets qui ne portent point de profit ni de revenu, que c’est de l’argent mort. On appelle Argent mignon, un argent de réserve, & que l’on peut employer comme l’on veut, en dépenses superflues, sans toucher à son argent ordinaire. Acad. Fr. Autrefois chacun gardoit son argent en masse, & ne le faisoit convertir en monnoie que selon le besoin : c’est pourquoi jusqu’au règne de Philippe le Bel, rien n’est plus fréquent que les amendes de livres ou de marcs d’or ou d’argent.

On appelle plus particulièrement argent, ou argent blanc, la monnoie qui est faite effectivement d’argent. Il a fait ce payement tout en argent, il n’y avoit que des écus blancs. La monnoie d’argent a été en usage dès les premiers temps parmi les Hébreux, comme il paroît par la Genèse, XXIII, 15, 16, &c. Elle l’étoit dans le même temps en Egypte & dans la terre de Chanaan. C’est Lysandre qui l’introduisit à Sparte vers la 9e Olympiade, & l’an de Rome 330. On n’en frappa à Rome que 5 ans avant la première guerre Punique, l’an 585 de Rome.

Argent, s’emploie aussi quelquefois pour signifier l’intérêt & le bien des particuliers, & en général tout ce en quoi consistent les biens & les richesses des hommes. Il y a des gens à qui l’argent tient lieu de tout : c’est leur idole. La plûpart des femmes aiment encore plus l’argent que leurs amans. L’argent est un bon serviteur, & un méchant maître. Pensées ingénieuses des Anciens & Modernes, in-12, 1707. p. 143. Ce mot de Bacon, Grand Chancelier d’Angleterre, & un des plus grands génies de son siècle, si tant est qu’il soit de lui, est excellent. M. De la Monnoie, tom. 4 de son édition du Ménagiana, p. 151.

Horace a dit, Liv. I. Ep. 10. v. 47 & 48.

Imperat aut servit collecta pecunia cuique ;
Tortum digna sequi potiùs quàm ducere funem.

N’est-ce point ce qui a donné lieu à cette belle Sentence ? ou n’a-t-on point appliqué à l’argent ce qui a été dit de Caligula, Nec servum meliorem ullum, nec