Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ÂPRETÉ

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 443).
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ÂPRETÉ. s. f. Qualité de ce qui est âpre. ☞ Asperitas. Il se dit, comme l’adjectif, de plusieurs choses différentes. 1o Des fruits, quand faute de maturité, ou pour quelque autre raison, ils ont une certaine saveur rude, âcre & désagréable. L’âpreté qui se trouve dans les fruits, diminue à mesure qu’ils murissent, ou que les arbres vieillissent. 2o. Du feu & du froid ; quand l’un & l’autre sont violens & âpres. L’âpreté du feu se fait sentir à proportion du froid. La rigueur & l’âpreté des hivers ne l’arrête point. Patr. ☞ 3o. Des corps dont les surfaces sont rudes & inégales. 4o. Des pays & des chemins, quand ils sont rudes, inégaux, raboteux. L’âpreté de certains pays en empêche le commerce. Vous rétablirez un chemin que sa hauteur & son âpreté rendent difficile. Boss. Voyez Âpre.

Âpreté, se dit figurément pour marquer la sévérité, l’austérité du caractère. Acerbitas. Les Anciens ont blâmé l’âpreté des mœurs de Caton, & sa trop grande sévérité. Cette âpreté naturelle, qui ne se rendoit jamais aux difficultés, établit mieux la puissance de Rome, qu’une humeur douce & raisonnable. S. Evr. Il faut avoir une sagesse gaie & civile, & fuir l’âpreté des mœurs. Mont. On dit aussi, cet homme entreprend les choses avec trop d’âpreté ; pour dire, trop d’ardeur. Apreté à l’argent, au gain.

On le dit aussi du goût & de la manière d’un ouvrier dans les ouvrages mécaniques. Michel Ange auroit été plus estimable, s’il eût retenu ce qu’il y a de bon dans le gothique, je veux dire, le dégagement & l’âpreté des entrecolonnemens qui nous plaisent si fort. De Cordem. Traité d’Arch. P. 175.