Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ÆON

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 130-131).
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ÆON. s. m. Ce mot qui est Grec, αἰών, siècle, signifie, la durée d’une chose, éternité ; mais les hérétiques des premiers siècles y ont attaché une autre idée. Abusant de la philosophie de Platon, ils donnoient de la réalité aux idées que ce Philosophe avoit admises en Dieu ; bien plus, ils les personnifioient, & feignoient que c’étoient des êtres distincts de Dieu, & qu’il avoit produits les uns mâles & les autres femelles ; c’est-là ce qu’ils appeloient Æons, de l’assemblage desquels ils composoient la Divinité toute entière, qu’ils appeloient πλήρωμα, nom Grec, qui signifie Complément, comme si c’eût été là le complément de la Divinité. Au reste, quoique tous les Æons fussent différens de Dieu en grandeur, ils étoient de la même nature, & de la substance même de Dieu. Simon le magicien est le premier inventeur des Æons ; Valentin les perfectionna, & en reconnut jusqu’à 30. S. Irénée, L. I. des Hérés. & L. II. C. 4. Tertullien, dans son Traité contre les Valentiniens, & S. Epiphane, dans l’Hérésie 31, sont parmi les Anciens, ceux qui ont le plus expliqué la doctrine des Æons. Théodoret & Philastrius en ont aussi parlé. Et parmi les Modernes, Baronius à l’an de Jesus-Christ 145 & 175. le P. Alexandre, M. de Tillemont & M. Fleury, Hist. Eccl. & M. Du Pin, Biblioth. des Auteurs Eccl. II. Part. Des 3. premiers siècles. Les Centuriateurs en ont aussi dit quelque chose. Cent. II. C. 5.

Æon. C’est la première femme du monde, dans le système des Phéniciens. Elle apprit à ses enfans à faire usage du fruit des arbres pour leur nourriture, dit Sanchoniathon. Voyez Éon.