Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AËRIENS

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 131).
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AËRIENS. Nom de Sectaires, qui tirent leur origine d’un certain Aërius, lequel vivoit encore au temps de S. Epiphane, & qui avoit sur le mystère de la Trinité les mêmes sentimens que les Ariens. Il avoit outre cela plusieurs opinions particulières qui sont rapportées fort au long par ce S. Evêque, hœrs. 75. & entr’autres celle-ci : qu’il n’y avoit aucune différence entre les Evêques & les Prêtres ; que la prêtrise & l’épiscopat étoient absolument le même Ordre & la même dignité. L’Evêque, disoit-il, impose les mains, le Prêtre les impose aussi : l’Evêque est assis dans le trône, le Prêtre y est aussi assis : S. Epiphane se déclare en ce lieu-là fortement pour la supériorité des Evêques, & il répond en particulier à toutes les raisons d’Aërius, qui s’appuyoit principalement sur quelques passages de S. Paul, & entr’autres sur celui de l’Ep. I à Tim. C. 4. v. 14. où ce S. Apôtre lui recommande de ne point négliger le don qu’il a reçu, lorsque l’assemblée des Prêtres lui a imposé les mains. Il n’est parlé en cet endroit, disoit Aërius, que des Prêtres seulement, & nullement des Evêques. Mais il est aisé de voir que le mot de Prêtres dans S. Paul, signifie également les Evêques ; ensorte que Presbyterium, qui est dans le grec & dans le latin de la vulgate, se prend pour le sénat ou l’assemblée de ceux qui présidoient aux églises. S. Paul avoit ordonné Thimothée, étant accompagné des Prêtres ou Evêques, qui se trouvoient présens à l’ordination. Voy. le mot Anciens. Il faut prononcer dans le mot Aëriens le premier ë séparé de l’a, Aëriens en quatre syllabes, & non pas Æriens, ainsi qu’écrivent quelques auteurs, comme si ce n’étoient que trois syllabes. La raison qu’Aërius eut de se séparer de l’Eglise, fut le chagrin qu’il eut de ce qu’en 349 ou 355, selon un autre sentiment, Eustathe lui fut préféré pour l’Évêché de Sébaste en Arménie. Voyez S. Epiph. her. 75. S. Aug. hér. 53. Onuphrius Chron. A.C. 349. Sander. hér. 69. Tillemont, Histoire Ecclésiastique, T. IX.