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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABHORRER

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 26-27).

ABHORRER. v. a. Avoir un sentiment d’aversion qui est l’effet du goût naturel, ou du penchant du cœur ; Abhorrere. On le dit également des personnes & des choses. Suivant la remarque de M. l’Abbé Girard, ce mot n’est guère d’usage qu’au présent. On ne doit pas le confondre avec détester, qui marque également un sentiment d’aversion ; mais ce dernier est l’effet de la raison ou du jugement. On abhorre ce qu’on ne peut souffrir, tout ce qui est l’objet de l’antipathie. Le malade abhorre les remèdes ; une ame bien placée abhorre tout ce qui est bassesse & lâcheté. On déteste ce qu’on désapprouve, & tout ce que l’on condamne. Une personne vertueuse déteste tout ce qui est crime & injustice. On dit aussi, s’abhorrer soi-même dans l’agitation & dans les remords d’un crime.

 Objet infortuné des veangeances célestes,

Je m’abhorre encor plus que tu ne me détestes.
Racine.

ABHORRÉ, ÉE. part. Odiosus. Une chose, une personne abhorrée de tous les honnêtes gens.